Archive pour octobre, 2011

Quand Caspar David Friedrich voit double

31 octobre, 2011

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Certains artistes représentent de vrais soucis pour le chercheurs.
Oubliés, morts dans l’indifférence la plus absolue, leurs collections sont dispersée, mal répertoriées.

Caspar David Friedrich est l’un d’eux.
Lorsqu’il est mort, à Dresde, en 1840, sa disparition n’a intéressé personne et la plupart de ses peintures ont disparu.
De temps en temps, l’une d’elle réapparaît, à la plus grande joie des collectionneurs et des musées.
Enfin… presque.
Car il arrive aussi que ceux-ci s’arrachent les cheveux lorsqu’elles réapparaissent… en plusieurs exemplaires.
C’est le cas pour le tableau ci-dessus, intitulé « Paysage en hiver ».

Il a été redécouvert dans une collection privée, à Paris, en 1982, et acheté cinq ans après par le National Gallery, ravi d’acquérir une oeuvre de ce peintre oublié.
On peut imaginer la stupéfaction et la consternation générales lorsque le musée de Dortmund a annoncé, vexé, qu’il possédait déjà un tableau quasi identique du même artiste, retrouvé pendant la Seconde Guerre mondiale à Dresde.
Il en a pu en peindre plusieurs, direz-vous?
Et bien non: des documents du XIXe siècles recensant les toiles du romantique allemand indiquent qu’il n’existe qu’un exemplaire de ce tableau.

Lequel des deux musées avait l’original?
Leurs laboratoires se sont mis au travail pour analyser les toiles et ont fini par conclure que c’est le National Gallery qui avait la toile authentique.
L’analyse réflectrograme du dessin préparatoire montrait un trait précis dans la première version alors que la seconde ne comportait pas de dessin, ce qui était du jamais vu dans l’oeuvre du peintre.

L’autre toile est donc soit une copie d’élève, soit une réplique réalisée par l’artiste lui-même, soit un faux.
Caspar peut être content: il a refait parler de lui…

Martine Bernier

Aurore, Monet et la douce semaine

30 octobre, 2011

Ce n’est un secret pour personne: les jours de bonheur passent plus vite que les autres.
Nous arrivons déjà au terme de cette semaine passée avec Aurore, ma fillotte de Bretagne.
Durant une semaine, j’ai une fois pu constater combien, du haut de ses 16 ans tout frais, elle cumule un nombre de qualités assez impressionnantes.
Sa maturité, sa tolérance, son intelligence, son humour font d’elle un être humain extrêmement attachant.
Nous l’avons intégrée dans un quotidien encore un peu compliqué, puisque, même si Celui qui m’accompagne avait une semaine de vacances, il fallait, de mon côté, que j’assume certains mandats.
Mais nous avons quand même pu lui faire passer quelques heures à la découverte de certaines entités…
Parmi lesquelles la Fondation Gianadda.
Oui, je sais, c »était la troisième fois que je retournais voir l’exposition consacrée aux oeuvres de Monet.
Et j’y retournerai encore avant le décrochage, en novembre!

Immersion aussi dans mon travail, en m’accompagnant à une interview, découverte d’une région qu’elle ne connaissait pas, de la forêt de montagne revêtue de ses couleurs rouges d’automne avancé, conversations intimes, complicité retrouvée…
Découverte de spécialités culinaires, de ces petites choses qui font le quotidien d’un pays.

Puis l’aéroport, le moment des au-revoir et son retour vers sa famille.
Et l’assurance, pour elle, qu’elle a un pied-à-terre en Suisse.
Cette nuit, ce sera au tour de Celui qui m’accompagne de reprendre la route.
Pomme et moi allons retrouver notre fonctionnement en binôme et notre quotidien actif.
Avec, à l’esprit, les images d’une douce semaine.

Martine Bernier

Le peu de poids des mauvaises critiques

29 octobre, 2011

Un jour, quelqu’un a dit à Jacques Brel qu’il ne serait jamais chanteur.
Il avait du nez, tiens…
D’autres en ont eu, dans le même genre, dans le milieu de l’édition.
J’ai noté les critiques faites à certains livres ou pièces devenus célèbres.
En voici quelques exemples.

En 1857, à propos des « Fleurs du Mal de Baudelaire, Emile Zola écrivait ceci:
« D’ici un siècle, l’histoire de la littérature française ne mentionnera cette oeuvre que comme une simple curiosité. »

Concernant la pièce « Le Soulier de Satin » de Paul Claudel, publiée en 1924 et présentée pour la première fois en 1943, Paul Léautaud écrivait: « Heureusement qu’il n’y avait pas de paire! »

Lorsque Francis Scott Fitzgerald a sorit « Gatsby le Magnifique », en 1925, le New Yord Herald Tribune n’a pas aimé si l’on en croit ces lignes qu’ils ont publiées: « Ce qui n’a jamais été vivant a évidemment du mal à continuer à vivre. Ce sera donc le livre d’une seule saison… »

Fitzgerald s’est peut-être consolé en se rappelant que, après avoir lu « Madame Bovary, en 1827, un journaliste du Figaro avait écrit: « Monsieur Flaubert n’est pas un écrivain. »

Même William Shakespeare y a eu droit avec la pièce « Le Songe d’une nuit d’été », probablement écrite en 1595. Samuel Pepys l’avait critiquée par ces mots: « La pièce la plus stupide et la plus grotesque que j’aie vue de ma vie. ». Voltaire lui-même avait détesté Hamlet, du même auteur. Trempant sa plume dans le vitriol, il avait fait savoir, en 1768 que: « On pourrait croire que cette pièce est l’oeuvre d’un sauvage enivré. »

Avec son livre « Les Voyages de Gulliver », Jonathan Swift, en 1726, n’a pas fait l’unanimité non plus. Dans « The History of Fiction », John Dunlop, presque cent ans plus tard, disait de son livre qu’il  » témoigne d’un esprit malade et d’un coeur déchiré.

La critique la plus dure vient, pour moi, du Courrier d’Odessa, qui, à propos de « Anna Karénine », de Léon Tolstoï paru en 1877, écrivait: « De la camelote sentimentale. Montrez-moi une seule page qui contienne une idée! ».

Avec le recul, on le voit, certaines critiques deviennent ridicules…

Martine Bernier

La nouvelle

28 octobre, 2011

Cela faisait si longtemps que je l’attendais que j’avais fini par ne plus oser l’espérer.

Mercredi, Celui qui m’accompagne a passé la journée en formation pour le travail qu’il débutera bientôt.
Nous savions que l’échéance se rapprochait, mais nous n’avions toujours aucune certitude.
L’installation définitive de mon baroudeur dans notre nid dépendait du permis de travail qu’il devait obtenir.
Ce mercredi, au terme d’une journée passée en tête-à-tête avec ma fillotte de Bretagne, Celui qui m’accompagne est revenu.
Il m’a expliqué comment s’était déroulé cette journée très dense.
Et, dans la conversation, a glissé, l’air innocent: « pour le permis, le Département de Police a déjà accepté. Il arrivera dans quelques jours. »

J’ai failli ne pas relever tellement il avait prononcé ces mots sans sembler leur prêter d’importance particulière.
- Mais? Cela veut dire que tu seras bientôt là pour de bon?
- Pour Noël!

Devant ma mine déconfite, il a souri et a corrigé:
- Non, pour le 15 novembre.

Le 15 novembre??
Mais??
C’est dans 15 jours!
Je l’ai regardé.
Quand j’ai vu son sourire, j’ai compris qu’il ne plaisantait pas et qu’il était lui aussi visiblement heureux.
Depuis qu’il bivouaque dans ma vie, nous avons pris nos marques, avons appris à vivre ensemble, à mélanger nos univers.
Cette nouvelle, nous l’attendions, nous l’espérions.

Bientôt, il ne prendra plus la route en pleine nuit pour retourner en Franche-Comté.
Désormais, lorsque nous réemprunterons ces chemins, ce sera ensemble et par plaisir.
Pomme ne sera plus triste en le voyant partir.
L’appartement ne semblera plus vide durant la semaine, nous n’aurons plus deux quotidiens séparés.

Hier, comme cela lui a été demandé, nous sommes allés annoncer son arrivée à la Maison de Commune de notre lieu de résidence.
Lorsque nous sommes sortis, il s’est passé quelque chose d’étrange.
J’ai eu le sentiment que les couleurs de l’automne étaient plus belles encore, que l’air était plus doux, que l’atmosphère était plus légère…

Martine Bernier

Les aventures de Tintin

27 octobre, 2011

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Tintin en 3D, remis au goût du jour par Spielberg, il fallait le voir, au moins pour se faire une idée.
D’autant que le « Secret de la Licorne » et » Le Trésor de Rackham le Rouge », illustres BD de nos enfances, sont toujours bien présents dans nos mémoires.

Dans les éléments positifs du film, il faut évidement noter le talent de Spielberg qui a refaçonné le scénario et les personnages à sa sauce.
La morphologie des acteurs s’efface pour se mettre au service de leurs personnages, à mi-chemin entre des êtres vivants et des personnages d’animation.
La première image du film se focalise sur un peintre de rues qui a le visage d’Hergé.
L’histoire a été remodelée mais plaît aux enfants qui, dans la salle, ont souvent ri.

C’est donc un film bien conçu, bien réalisé, avec de gros moyens puisque 135 millions de dollars été nécessaires.
Mais alors, pourquoi ce petit arrière-goût de « pas tout à fait cela » qui me picotait en quittant la salle?
Parce que, si le film est réussi, le charme de la BD a disparu.
Ce petit je ne sais quoi qui rend Tintin si particulier est oublié.
Il est désormais un super héros qui a mis de côté cette facette juvénile et discrète qui le caractérisait.
Haddock, mon cher Haddock, perd de sa superbe, devenant plus vulnérable que dans les albums, lui aussi, moins grand que ce que l’on pouvait imaginer.
Or, dans la bande dessinée, Haddock a du caractère.
Et même un sacré caractère.
Ma plus grande déception a été les Dupont moins bonhommes.
Seul personnage à mon sens très réussi, Nestor à qui cette seconde existence profite bien.
Il prend de l’étoffe, une existence nouvelle.

Spielberg est un immense réalisateur, et il le prouve une nouvelle fois.
Mais il n’a pas la sensibilité belge ou française.
Les subtilités indescriptibles des personnages et des décors tintinesques restent entre les pages des albums.
Ceci dit, allez voir le film: il est étonnant.

Martine Bernier

Les Aventures de Tintin, Spielberg.

Biquette épinglée

26 octobre, 2011

Notre monde est étrange, nous pouvons le constater chaque jour.
Cette fois, l’histoire se passe en Bulgarie où s’est déroulé le weekend dernier le premier tour des élections présidentielles et municipales.

Tous les candidats à la présidentielle se sont retrouvés en ballotage.

Tandis que la population bulgare se déplaçait pour aller voter, la police, elle a été avertie pour résoudre un crime de lèse-majesté.
Une chèvre, qui n’avait rien demandé à personne, avait été découverte à Misarija, se baladant avec, sur l’un de ses flancs, une inscription représentant le sigle d’un parti, et, sur l’autre, le nom d’un candidat à la présidentielle.
Les partisans de l’autre candidat, très fâchés, ont aussitôt dénoncé l’incident à la commission électorale.
Alors que les médias soupçonnaient déjà des achats de voix électorales et autres incidents, l’anecdote a fait grand bruit.
Une telle provocation ne pouvait pas rester impunie.
La chèvre a donc été arrêtée par la police.
Voilà!
Sous quel prétexte?
« Fraude électorale ».
J’aimerais bien savoir ce qui va lui arriver.
Une chevrette arrêtée pour fraude électorale…. franchement…

Martine Bernier

Brassens est dans notre ADN

25 octobre, 2011

Hier soir, au cours d’une émission consacrée à Georges Brassens, qui aurait eu 90 ans cette année, le jeune présentateur demandait à un invité comment il expliquait que l’artiste faisait à ce point partie de l’ADN des Français.
Jolie et juste phrase…
Je ne vais pas vous raconter sa vie: d’excellents livres et de magnifiques émissions s’en sont chargés.
Je suis comme la plupart d’entre nous: une inconditionnelle de l’homme comme de l’artiste.
Comme je lui suis toujours de Jacques Brel.

Brassens, je ne sais même plus comment je l’ai découvert.
Je crois qu’il a toujours été là, je l’ai toujours entendu, écouté.
J’ai dû être nourrie à ses chansons.

J’ai deux anecdotes à son sujet, dont une qui m’amuse encore aujourd’hui.

J’avais 8 ans quand mon père, qui rêvait de savoir jouer de la guitare et qui avait détecté en moi une bonne oreille musicale, m’a inscrite à un cours.
Je crois y avoir été trois fois.
Ma petite guitare avec ses cordes en acier me déchiquetait les doigts.
J’ai appris une gamme et les premières notes de « L’Eau Vive ».
Puis j’ai montré mes mains à mon père et je lui ai expliqué, avec mes mots, que je n’avais plus envie d’aller à ces cours, car la guitare faisait trop mal.
L’année suivante, mon père était mort, et je me retrouvais avec un sentiment de culpabilité.
Je ne lui avais pas fait ce plaisir…

Un an plus tard encore, j’avais un accident et je me cassais un poignet et quelques doigts de la main gauche.
La rééducation ne me rendait pas ma force.
Un jour, en écoutant « L’Auvergnat », j’ai eu envie d’accompagner Georges Brassens, pour le plaisir et pour me prouver que je pouvais « récupérer » ma main.
Au fils des semaines, j’ai hérité d’une vieille guitare dont des amis se débarrassaient, j’y ai mis des cordes en nylon, ayant retenu que les cordes étaient respectivement des mi -la-ré-sol-si-mi, je l’ai accordée sur celle de Brassens en écoutant en boucle ses chansons, et j’ai cherché pendant des heures la position des doigts, avec comme seule aide une feuille où j’avais recopié les accords basiques.
Bien plus tard, quand on me posait la question, j’expliquais que j’avais appris à jouer avec Brassens, ce que je dis toujours aujourd’hui.
Je ne pouvais pas rêver meilleur professeur!

Des années plus tard, alors que j’abordais la trentaine, j’ai fait la rencontre du chanteur Bruno Brel, neveu du Grand Jacques.
J’avais été le voir en concert, avais été bouleversée par sa voix, son talent et sa ressemblance avec son oncle, et j’avais fait sa connaissance.
Nous sommes devenus amis, et il est venu plusieurs fois, avec ses musiciens ou non, passer quelques jours chez moi.
Nous parlions, je l’écoutais chanter des nuits entières.
Je me suis occupée de la sono de deux de ses concerts, bref, nous passions de bons moments.
un soir, il m’a raconté son amitié avec Brassens et m’a tendu sa guitare en me disant: « C’est son luthier qui me l’a faite. Il l’a essayée, et l’a trouvée excellente. »
Il m’a confié la guitare que Brassen avait tenue entre les mains.
J’ai joué quelques notes.
Elle était douce et moelleuse, donnait des notes pures, solides.
Un moment d’émotion intense pour moi.

Quand Brassens est parti, en 1981, à l’âge de 60 ans, j’ai pleuré, comme des milliers de gens.
Et puis j’ai réalisé qu’il ne partirait jamais complètement.
Il nous a laissé un bel héritage et le souvenir d’un être lumineux.

Martine Bernier

Le double anniversaire

24 octobre, 2011

Nous avions décidé de préparer une surprise à Aurore, ma fillotte de Bretagne, et à mon fiston cadet.
Tous deux avaient eu leurs anniversaire au cours de ces quelques derniers jours, et nous voulions les fêter comme il se doit.
Ce dimanche donc, la tribu s’est réunie pour une de ces rencontres dont j’aime tellement l’ambiance.
Un repas gargantuesque, au menu duquel la Thaïlande, la France et la Suisse ont mélangé leurs talents culinaires, un flot de cadeaux et une fin d’après-midi placée sous le signe d’un jeu particulier.
Comment trouver un jeu réunissant et intéressant plusieurs générations?
Simple: prendre une série de questions non pas de culture générale, mais personnelles, concernant chacun de nous.
J’expliquais le sens des questions à Kim, notre Petit Prince de 5 ans perché sur l’accoudoir de mon fauteuil, et lui aussi répondait.

Je crois que chacun de nous a passé un beau moment…
Chacun a joué le jeu avec sincérité.
Et a été touché par la fraîcheur et la poésie des réponses de Kim.
Comme par exemple:

- Kim aventurier:
Kim , si un magicien te disait que tu peux choisir de vivre dans une autre époque, n’importe laquelle. Que choisirais-tu?
Le temps des dinosaures…

- Qu’est-ce qui t’a fait le plus peur?
Une publicité. (suit l’explication de la scène en question, puis un instant de réflexion.) Et puis l’autre publicité (autre explication de ce qui l’a terrifié, ponctué par un petit air sérieux et soulagé à la fois). Ca, c’était vraiment terrible.

- Kim généreux:
Si tu avais un super pouvoir, que tu pouvais faire quelque chose d’extraordinaire, que ferais-tu?
Je sauverais la ville.

- Kim poète:
Et si on te demandait: y a-t-il quelque chose que tu voudrais changer dans ton corps pour te sentir mieux encore?
Oui. Je voudrais des ailes…

Ce fut une douce journée.
J’ai adoré voir une fois encore la générosité de chacun, leur humour, l’ambiance joyeuse et remplie de tendresse.
Ce qui m’a le plus touchée?
Les larmes d’émotion d’Aurore, qui ne s’attendait pas du tout à être aussi importante pour nous tous.

Autour de la table, hier, ne se trouvaient que de beaux êtres humains.

Martine Bernier

Bloody Mary… c’est quelqu’un!

23 octobre, 2011

Vous faites peut-être partie de ceux qui commandent de temps à autre un Bloody Mary.
Mais connaissez-vous l’histoire de cette boisson?

En 1920, Ferdinand L. Petitot, barman du « Harry’s New York Bar » de Paris, eut l’idée de mélanger jus de tomate et vodka.
L’artiste de variété américain Roy Barton baptisa ce simple cocktail « bucket of blood » d’après le club de Chicago.
Lorsque Petiot y ajouta du sel, du poivre, du citron et de la sauce Worcester, il fut rebaptisé « red snapper » (claque rouge).
Bien que l’on prétende parfois que la « reine des boissons » doive son nom définitif à Mary, reine d’Ecosse, la véritable « Bloody Mary » (Marie la sanglante)était Marie I, reine d’Angleterre…

Martine Bernier

Le travail à domicile: un bonheur à gérer.

22 octobre, 2011

L’une de mes amies me disait hier matin qu’elle était intriguée par mon organisation de travail, m’encourageant à en parler car, disait-elle « le travail à domicile attire beaucoup de monde, sans que nous sachions vraiment à quoi il faut s’attendre ».
Si mon expérience peut permettre à d’autres de trouver des pistes de réflexion dans leur envie de s’installer dans ce mode de vie particulier, pourquoi pas…
Il existe une multitude de possibilités en matière de travail à domicile.
Je ne peux parler que de celle que connais bien: la mienne…
Ma profession fait partie de celles qui permettent de faire ce choix… à condition d’en accepter les conséquences.
Il faut pour cela se préparer à l’idée qu’il faudra travailler en free lance, ce que je fais partiellement, ne jamais se reposer sur ses lauriers, comme tous les indépendants, dans tous les secteurs d’activité.

Si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure, il faut être conscient de quelques éléments importants.
Pour ma part, je fonctionne de cette manière depuis environ 25 ans.
A chaque fois que j’ai dû travailler dans un bureau qui n’était pas le mien, pour des périodes finalement assez courtes, j’ai été frustrée.
Depuis toujours, j’ai préféré avoir un bureau chez moi, pour des raisons d’organisation et de personnalité.
Un goût prononcé pour l’indépendance et une allergie prononcée pour les lieux de travail trop fréquentés m’ont toujours fait apprécier le travail solitaire.
Je devrais dire partiellement solitaire.
J’ai la chance d’avoir plusieurs employeurs, avec lesquels se met en place la première partie du travail: la commande des articles et des dossiers.
Le téléphone et le courrier électronique sont aujourd’hui les moyens de communication privilégiés, qui évitent bien des déplacements, même si certaines réunions de travail sont absolument nécessaires lorsqu’il s’agit d’élaborer un plan pour une tâche plus importante.
Pour les articles, une fois que la ligne de travail a été établie, il faut prendre les rendez-vous et rencontrer les interlocuteurs.
Ce n’est qu’ensuite, pour la partie rédactionnelle, que le travail à domicile commence réellement.

Dans les premières années de ma vie professionnelle, il a fallu gérer mon travail et la présence de mes enfants.
Si c’est votre cas, vous allez découvrir un phénomène particulier: pour un enfant, il est difficile de réaliser que sa maman travaille puisqu’elle est « à la maison ».
Il faut très tôt leur faire comprendre que lorsqu’elle se trouve dans son bureau, elle n’est pas aussi disponible qu’en temps normal.

Même si vous n’avez pas d’enfants, il y a une condition sine qua non pour pouvoir travailler chez soi: l’autodiscipline.
Ne pas se laisser distraire, ne pas transformer les avantages de l’indépendance en risques est un équilibre à trouver.
Bien sûr, vous pouvez travailler quand vous le voulez, selon les horaires que vous souhaitez.
Mais si vous cédez à l’envie de faire une pause trop souvent, ou de remettre au lendemain, vous risquez de ne pas arriver au bout de vos tâches.
La discipline doit aussi être présente par rapport à votre entourage.
Il m’a fallu très souvent et il me faut toujours expliquer clairement aux personnes qui ont envie de me voir que je ne suis pas femme au foyer même si je travaille chez moi.
Mon bureau est un vrai bureau, et les heures que j’y passe pour travailler dépassent très largement les horaires traditionnels.
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû expliquer que, non, je ne pouvais pas aller me balader ou faire du lèche-vitrines en compagnie d’une amie, m’interrompre pour aller prendre « un petit café » ou recevoir quelqu’un pour une après-midi de détente.
La rigueur est essentielle, tout comme l’est la nécessité de faire comprendre à ceux qui ne l’ignorent, que la journée de travail de quelqu’un qui oeuvre depuis son bureau personnel est à respecter autant que celle d’un employé classique.
Etre éloignés du centre stratégique de votre employeur peut être un point négatif.
A vous de conserver le contact.

Autre piège, celui dans lequel j’ai tendance à tomber depuis toujours: laisser le travail déborder sur la vie privée.
Quand, comme c’est le cas depuis quelques mois, le travail est très dense, j’ai tendance à me retrouver devant mon écran avant six heures du matin, à ne pas quitter mon clavier avant la nuit, et à me relever parfois après minuit pour noter une idée ou m’avancer dans mes écrits.
Si vous vivez seuls, aucun problème, si ce n’est celui de voir s’accumuler une fatigue insidieuse.
Lorsque vous êtes en couple, il faut être plus stricts sous peine de voir le travail prendre un rôle trop important.
Pas facile, car la tentation est forte « d’aller s’avancer un peu, juste quelques minutes ».
Ici, le fait de rentrer chez soi ne permet pas de laisser les préoccupations professionnelles à la porte.
D’autant que, dans mon cas, mon bureau est toujours, pour moi, la pièce majeure de l’appartement.

Ces mises en garde faites, je ne peux qu’encourager ceux qui ont envie de travailler depuis chez eux.
Vous bénéficierez d’atouts plus qu’appréciables: un confort de travail irremplaçable, un environnement choisi, la liberté de vous organiser comme vous l’entendez, le calme, l’absence d’éventuels conflits ou tensions entre collègues.
Pour moi, il est nettement plus simple de gérer un stress uniquement dû aux délais de remise de textes et à la somme de travail à assumer, que de supporter la nervosité régnant dans un endroit que je n’ai pas choisi.

Martine Bernier

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