Archive pour décembre, 2011

Blanc!

20 décembre, 2011

Il faut être très distrait ou vivre sous les tropiques pour ne pas avoir remarqué qu’il neige sans discontinuer depuis plusieurs jours.
Une fois de plus, la Suisse prend ses quartiers d’hiver dans une carte postale à la Fifi Brindacier.
Si si, souvenez-vous: dans les histoires pour enfants mettant en scène cette petite héroïne aux tresses aussi raides que rousses, les hivers étaient idylliques, dans un petit village de rêve, décoré comme dans un conte de Noël.

A l’intention de ceux qui habiteraient dans un endroit où il ne neige pas, filez sur le moteur de recherche Google et tapez simplement « let it snow ».

La neige tombera sur votre ordinateur.
Et lorsque le gel aura envahi votre écran, cliquez sur le bouton « defrost » qui apparaîtra: il vous permettra de dégivrer tout cela.
La neige comme si vous y étiez, avec le froid, les touristes et… le charme en moins.

Martine Bernier

La saga de la famille Perrochon continue!

19 décembre, 2011

 La semaine dernière, un article me menait à la télévision romande, où Eric et moi sommes restés plusieurs heures en compagnie du journaliste Jean-Philippe Rapp et d’un couple dont la famille joue depuis longtemps un rôle particulier dans la vie des spectateurs Romands: Jean-Claude et Doris Perrochon. Leur histoire est émouvante… Voici l’article tel que je leur ai consacré dans l’hebdomadaire  » Terre et Nature ».

Le 28 décembre prochain, la TSR proposera un film revenant sur la vie d’une famille d’agriculteurs vaudois partie s’établir au Canada en 1976. Suivie depuis 35 ans par Jean-Philippe Rapp et Jean-Claude Chanel, la famille est devenue proche des téléspectateurs Romands qui vont découvrir ce qu’elle est devenue…

Souvenez-vous… En 1976, pour la première fois, les téléspectateurs de la TSR découvraient le quotidien d’une famille d’agriculteurs de Cheseaux-sur-Lausanne (VD), la famille Perrochon. Après avoir longuement pesé le pour et le contre, le père, Claude, en était venu à la conclusion que le domaine familial n’était pas assez grand pour assurer l’avenir de son fils. Il avait donc pris la décision de vendre tous ses biens et d’aller s’installer au Canada avec son épouse Hidly et leurs quatre enfants, Jean-Claude, Elisabeth, Ruth et Mireille.

A la même époque, à la Télévision Suisse Romande, le journaliste Jean-Philippe Rapp et le réalisateur Jean-Claude Chanel décident de suivre l’une des nombreuses familles émigrant vers le Canada. La rencontre a lieu, le courant passe bien. Quelques mois plus tard, dans un premier film émouvant, les spectateurs découvrent cet homme de 45 ans et sa famille, assistent à la vente aux enchères de son domaine, au départ pour le Québec, à l’arrivée à Farhnam et à la découverte des nouvelles terres. Ce qui ne devait être qu’une émission  ponctuelle se mue en saga. Une histoire d’amitié naît entre les journalistes et la famille que le public a appris à aimer. A plusieurs reprises, le duo Rapp-Chanel revoit les Perrochon et deux autres films sont tournés.

Rencontre avec Jean-Claude

Trente-cinq ans après sa rencontre avec la famille vaudoise Jean-Philippe Rapp s’apprête à présenter le dernier volet de la saga, dans un documentaire tourné avec son compère Jean-Claude Chanel, malheureusement décédé en 2010. Pour l’occasion, Jean-Claude Perrochon a fait le voyage depuis le Québec avec son épouse Doris, pour être présents sur le plateau de la TSR le 28 décembre prochain.

Moustache imposante et accent chantant, il a hérité de l’humour et de la sagesse de son père. Il revient aujourd’hui avec émotion sur l’aventure vécue par sa famille: « Nos ancêtres étaient établis depuis 500 ans à Cheseaux. Partir a été très dur pour mes parents. Lorsque nous sommes arrivés à Farnham, le choc a été grand. Nous avons fait le tour de la propriété à pied, mon père et moi, et… nous n’en voyions pas le bout! »

De vrais Canadiens

Alors que son père a fortement ressenti la nostalgie de son pays natal, et la mélancolie des émigrés, Jean-Claude, lui, comme ses sœurs, a tout de suite aimé le Canada. « Mon père était très attaché à la Suisse. Il est resté très longtemps abonné à ce qui s’appelait à l’époque « Le Sillon Romand », ex Terre et Nature. Il a beaucoup souffert de ce déracinement. Mais, dans les dernières années de sa vie, alors qu’il était treize fois grand-père et qu’il a su que mon fils Joël reprendrait le flambeau du domaine, il a été heureux. Il a pu se dire qu’il avait réussi, que les nouvelles générations ont répondu à l’appel. Il a été celui qui a permis à la famille de partir, mais quand l’épreuve est arrivée, ça a été très dur pour lui. Et moi, je me suis raccroché à ses rêves pour qu’ils deviennent les miens. »

 

TROIS QUESTIONS A JEAN-PHILIPPE RAPP

-       En 1976, vous avez rencontré plusieurs familles paysannes en partance pour le Canada avant de choisir de suivre les Perrochon. Qu’avaient-ils de différent des autres?

-       Nous avions été très sensibles à l’humour de la famille. Et Claude, le père, exprimait ses sentiments, ce qu’il ressentait, de manière magnifique. Comme le fait son fils, aujourd’hui. Tous avaient une véritable philosophie familiale, doublée d’une grande foi en Dieu.

-       Comment expliquez-vous que, d’un reportage initial d’un peu moins de deux heures, vous vous soyez engagé, Jean-Claude Chanel et vous, dans une aventure de 35 ans?

C’est venu au fil du temps.  Une histoire d’amitié est née entre la famille Perrochon et nous, faite de respect et de confiance mutuels. Quand on tourne un film, il faut qu’il y ait une identification pour que cela fonctionne. Grâce à la personnalité des Perrochon, le public se reconnaissait en eux. Et, comme eux, à l’époque, nous avions rêvé le Québec. Il représentait une Terre Promise. Un reportage de 35 ans, c’est, je crois, une expérience unique. C’est leur histoire, mais aussi un peu la nôtre…

-       Y aura-t-il un jour une suite à la saga Perrochon?

Je ne pense pas, non. Vous avez vu la dernière image du film, où Hildi a enfin trouvé la force de rentrer dans ce qui fut sa maison, à Cheseaux, transformée depuis des années en hôtel. La boucle est bouclée, aujourd’hui, la famille a besoin que nous les laissions en paix…

 

 

Petit domaine devenu grand…

A Cheseaux, la famille possédait 7 hectares, mais en cultivait 13 en blé, pommes de terre, colza et fourrage, tout en s’occupant de huit vaches, une douzaine de génisses et deux ou trois cochons. Aujourd’hui, Jean-Claude est à la tête d’une ferme de 115 hectares, d’un troupeau de 130 bêtes  dont une soixantaine de vaches laitières, et cultive du maïs, du foin et des céréales. Le tout uniquement avec l’aide de son fils et d’un employé ami de la famille.

Martine Bernier

La Saga des Perrochon 28 décembre à 20h15 sur la TSR (Télévision Suisse Romande)

Le paquet

18 décembre, 2011

Pour moi, Noël est une chose sérieuse!
Quand on a la chance de pouvoir passer cette fête en famille, avec ceux que l’on aime, sans y être contraints, autant faire en sorte qu’elle soit belle.
J’aime soigner les détails et tout mettre en oeuvre pour que l’ambiance soit chaleureuse…

Ce samedi, tandis que Celui qui m’accompagne réalisait l’un des Douze travaux d’Hercule, sous la neige,  j’ai décidé d’emballer mon dernier paquet-cadeau avant de m’atteler à la décoration du sapin et du salon.
Comme l’objet à emballer est fragile, j’avais décidé de le glisser dans un coffret en carton, puis de l’emballer sans trop le bouger.
Entre deux, il a fallu répondre au téléphone, faire un câlin à Pomme, et hop.

Le papier choisi était aussi délicat que l’objet en question.
Cramoisi, légèrement métallisé, fragile, il glissait et ne se laissait pas dompter.
Il m’a fallu un bon quart d’heure pour arriver à venir à bout de mon paquet, en lui donnant un aspect sympathique.
En le prenant pour aller le poser dans un endroit sûr, j’ai été étonné par son poids.
Il était léger.
Très léger.
Voire… trop léger pour être honnête.

Une inspection de la pièce m’a mise en face de la réalité : j’avais oublié de glisser l’objet dans le coffret… et  j’avais passé un temps fou à emballer une boîte vide.
Quand je me suis rendue compte de mon erreur, j’ai poussé une exclamation.
Pomme, en m’entendant, est arrivé au pas de course, s’est immobilisée dans l’encadrement de la porte, une patte en l’air, en fixant sur moi un regard interrogateur.
Je n’ai pas répondu à sa question muette, me contentant de recommencer ma tâche.

Distraite, moi?
Pensez-vous!

Martine Bernier

Le chien prodige

17 décembre, 2011

C’est une histoire plutôt mignonne, de celles qui  font plaisir, particulièrement aux alentours de Noël, racontée par le journal « Le Matin », dans la semaine.
Elle commence à Lucerne (Suisse) où Luzian,un écolier de 15 ans, a eu le chagrin de sa vie lorsque, il y a six mois, il a découvert la disparition de sa chienne husky, Nuska.
Celle-ci venait d’être stérilisée.
Sortant de la narcose, elle a paniqué et, dès que son box a été ouvert par le vétérinaire, elle a filé vers la forêt.

Le vétérinaire était un vétérinaire militaire.
Un groupe de soldats a donc effectué une battue en pleine nuit, mais sans succès.
Quand l’adolescent et sa maman sont rentrés chez eux, Luzian était inconsolable.
Il rentrait sans  sa chienne avec laquelle il formait un duo inséparable.
Toute la famille a tenté de retrouver la fugitive: petites annonces, appels sur Internet, etc.
Sans résultat.

Et puis, un matin, Luzian a reçu un mot de la SPA, sur sa messagerie.
Grâce à la puce électronique qu’elle portait, la chienne avait pu être identifiée, dans le canton de Bienne.
Un paysan l’avait découverte dans un hameau où Nuska a été prise pour un loup.
L’histoire aurait pu très mal finir: c’est son collier rouge qui l’a sauvé d’un coup de fusil.
Comme Nuska est craintive, l’agriculteur n’a pas pu l’approcher.
Il s’est contenté de la nourrir avant d’arriver à la piéger dans son chenil
De sa mésaventure qui a duré six mois, la chienne n’a pas d’autres séquelles qu’une tique sur la nuque, un peu de poix dans le pelage et… quelques kilos en plus!!!
Oui, en plus, pas en moins.
Rendue à son jeune maître, elle ne le quitte plus d’une semelle.
Tous deux ont retrouvé  la joie de vivre.

Quand je vous disais que c’est une belle histoire!

Martine Bernier

A chacun sa place

16 décembre, 2011

Les bulletins météo annonçaient la tempête un peu partout sur la France comme sur la Suisse.
Depuis ce matin, elle est là… et bien là.
Après le retour de la pluie, depuis quelques jours, j’avais lu que le niveau des cours d’eau remontait enfin, que la nappe phréatique reprenait du poil de la bête.
Dans la journée, la pluie a redoublé d’efforts, et le vent a commencé dès les petites heures à souffler en rafales.
Pomme, qui n’apprécie que très modérément le mauvais temps, se fait prier pour sortir.
Ce vent qui la bouscule, ce froid qui lui mord la truffe, cette pluie qui la mouille de partout , n’aime pas.
Ce soir, à l’heure de la dernière sortie, Celui qui m’accompagne est remonté avec une boule de poils noirs complètement hirsute, et a lâché une seule phrase:

- C’est de la neige…

L’hiver est donc là.
La veille au soir, au cours d’une soirée entre amis au cours de laquelle les fous rires étaient au rendez-vous, il a été rappelé que les spécialistes de la nature ont annoncé un hiver extrêmement rigoureux.
Un froid polaire, nous dit-on.
L’été a ressemblé à l’été, a même empiété sur le printemps et l’automne.
L’hiver, lui a du caractère.
Pas question de s’adoucir.
Il est revenu en force aujourd’hui.
A chacun sa place.

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et la nuit

15 décembre, 2011

Lorsqu’Il part le soir pour travailler de nuit, je retrouve mes anciens réflexes, avec Pomme.
Cette intimité que nous avons depuis qu’elle est grande comme… un quart de Pomme.
Mon Mogwaï sait qu’Il ne part que pour quelques heures.
Elle a arrêté de pleurer et de gémir dès qu’il a franchi la porte.
Elle sait qu’Il va revenir vite.
Il faut dire que Pomme, en bon bichon havanais qu’elle est, est intelligente.
Très intelligente.
Ces temps-ci, comme je me suis lancé dans plusieurs projets assez prenants, je mets à profit les heures de la nuit pour travailler.
Elle se blottit dans un de ses paniers, celui du bureau, et s’endort…
Quand je me décide à regagner la chambre, elle me suit.
Dans la nuit, Il m’appelle.
Il sait que j’aime entendre sa voix, savoir qu’Il va bien.
Lorsque je raccroche, Pomme me regarde.
Toujours.
Elle attend que je lui dise que tout va bien, qu’elle peut dormir.
Moi, je commence à lire.
Lorsqu’enfin j’éteins, son panier est contre mon lit.
Dans le noir, je glisse ma main vers elle, et elle y dépose sa patte.
C’est notre geste, notre lien, depuis qu’elle vit avec moi…

Il revient aux petites heures du jour.
A chaque fois, je suis éveillée.
Et Pomme aussi.
La nuit est loin d’être terminée, mais je n’aime pas manquer ce moment où Il rentre, ce sourire, ce regard qu’Il a, qui me réchauffent le coeur.
Qui nous réchauffent le coeur, visiblement.
Car lorsque nous retournons tous les trois dans la chambre et que nous éteignons, Pomme s’endort… sans glisser sa patte dans ma main.
Elle n’en a pas besoin: tout le monde est là.

Martine Bernier

Et les commentaires????

14 décembre, 2011

Hum.
Comme de nombreux clients de Unblog, la plate-forme qui héberge Ecriplume, je suis frustrée.

Depuis plus d’une semaine, comme Unblog connait de gros problèmes après avoir muté son contenu vers une interface que l’on nous annonçait plus agréable pour les utilisateurs.
Soit.
Peu à peu, les choses reprennent un cours à peu près normal, mais beaucoup d’entre nous ont perdu quelques plumes dans l’aventure.
Ainsi, pour ma part, les commentaires reçus depuis plusieurs jours sont lus et approuvés par mes soins, apparaissent comme existants mais… disparaissent lorsque vous cliquez sur les liens.

Frustrée, dis-je.
Ceci dit, cela ne va pas durer, quoi que fasse Unblog.

Si, si, croyez-moi, il y a des surprises dans l’air…

 

Martine Bernier

Faussaire… en musique

13 décembre, 2011

Lorsque l’on prononce le mot « faussaire », la première pensée qui nous vient est celle d’un personnage copiant des tableaux célèbres.
Et bien non… les faussaires copient tout et n’importe quoi.
C’est même un fléau en ce qui concerne l’industrie et le commerce.

Et puis, il y a des faussaires hors du commun, comme le fut Fritz Kreisler (1875 – 1962).
Ce célèbre violoniste viennois était un interprète de génie, dit-on.
Mais il était aussi un faussaire de grand talent.Il estimait que le répertoire de pièces pour violon était insuffisant pour lui permettre de pouvoir exprimer tout son talent.
Don, il décida de l’étoffer à sa manière…
Dès les années 1890, il écrivit des pièces de musique qu’il attribua à des compositeurs peu connus à l’époque, comme Couperin, Pugnani, Francoeur, Porpora… et même Vivaldi!

Il prétendait avoir découvert les manuscrits dans divers monastères ou bibliothèques de Rome, Florence, Venise et Paris.
Les critiques n’y ont vu que du feu, qualifiant ces musiques de petits chefs-d’oeuvre.

Et puis, en 1935, Fritz Kreisler reconnut sans se troubler, la paternité de ces brillantes contrefaçons au cours d’une interview, accordé au New York Times.
Si elle souleva une tempête d’indignation, il n’y eu aucune sanction…

Martine Bernier

« Aujourd’hui, on chasse les loups! »

12 décembre, 2011

Partir au camp, lorsque j’étais aux scouts (ou plutôt aux guides) me donnait l’occasion, comme c’était le cas pour tous les enfants des villes inscrits, de devenir pour une quinzaine de jours une enfant des champs.
Ou plutôt une enfant de la forêt.
Je n’y suis pas allée souvent, mais à chaque fois, chaque jour était ahurissant pour moi.
J’adorais l’odeur des sous-bois, de l’herbe mouillée ou réchauffée par le soleil.

Comme je l’ai déjà raconté dans l’épisode sur la protection anti-ours, nos cheffes faisaient régulièrement appel à un chef scout masculin qui adorait venir nous proposer des activités « ciblées ».
Activités qui avaient l’art de me plonger dans des abîmes de perplexité et de me faire partir dans des fous rires très déplacés.

Un soir, à la lueur du feu de camp autour duquel nous étions toutes réunies, le chef invité a pris son air grave de circonstances pour nous annoncer:
« Dès demain, nous allons partir à la chasse aux loups…. »
J’avais 13 ou 14 ans, il devenait de plus en plus difficile de me faire prendre des vessies pour des lanternes.
Des loups en pleine campagne ardennaise…
J’avais comme un léger doute.

Echaudé par la réaction que j’avais eue lorsqu’il était venu nous donner un cours sur la façon de se défendre en cas d’attaque d’un ours, le jeune conférencier invité me surveillait du coin de l’oeil.
Mon large sourire n’a pas eu l’air de lui plaire puisqu’il a commencé par un soupir exaspéré:
- Bon, Won-Tolla, tu ne recommences pas!
- Je n’ai rien dit!
- Mais tu penses et ça se sent! Alors si tu as quelque chose à dire, dis-le maintenant!
- D’accord… A quoi sert d’apprendre la chasse aux loups dans une région où il n’y en a pas?
- Personne n’en est sûr! Les loups peuvent remonter depuis l’Italie!
- Oui enfin bon… le temps qu’ils arrivent en Belgique, ils doivent déjà traverser la Suisse et la France… A moins qu’ils ne passent par l’Allemagne? J’espère qu’ils ont une bonne boussole et qu’ils savent s’en servir.

Les rires fusaient autour du feu.
Et notre cheftaine, déchirée entre sa loyauté envers son ami et l’honnêteté qu’elle nous devait, a bredouillé:
- Il faut admettre que…
Notre hôte ne s’est pas démonté pour autant et à continué, en me regardant:
- Je sais bien que tu portes un totem de loup solitaire. Mais ne t’en fais pas, va, tu n’as pas à protéger tes congénères. Nous les relâcherons! Ce sont des pièges conçus pour ne pas les blesser.

Très fière de sa spirituelle répartie, il a poursuivi son exposé tandis que je me demandais si je rêvais.
Il a sorti d’un sac de vieux pièges à renards, tout rouillés, nous expliquant que « non non, ça ne leur fait pas mal », et qu’il allait nous montrer comment les installer.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Il a appuyé de toutes ses forces sur l’un des engins pour en ouvrir les dents qui devaient en principe se refermer sur la patte du pauvre loup qui passerait par là.
La simple vue de l’objet me mettait de fort mauvaise humeur.
Tout en nous abreuvant d’une abondance de détails, notre chasseur « trifouillait » son piège.
Quand soudain, au beau milieu d’une phrase, il a poussé un hurlement qui a dû réveiller toutes les meutes des alentours.
Le piège s’était refermé sur son poignet et, apparemment, cela faisait très mal.
Et il faut avouer qu’il était moins digne qu’un loup dans la douleur.

La soirée s’est terminée dans un branle-bas de combat général.
Deux de nos cheffes ont emmené le blessé en voiture à l’hôpital le plus proche.
Le lendemain matin, au petit-déjeuner, notre cheftaine nous a expliqué sobrement que notre ami Serge allait bien, qu’il avait dû être recousu et plâtré, mais « qu’il se remettrait très vite ».
J’ai mordu sur mes lèvres pour ne faire aucune réflexion.
N’empêche… la chasse a été bonne, nous avions attrapé un âne!

Martine Bernier

Greame Allwright – Jérémie Bossone: L’Esprit Frappeur a frappé fort!

11 décembre, 2011

Greame Allwright - Jérémie Bossone: L'Esprit Frappeur a frappé fort! dans Musique allwright-197x300

 

Lorsque, en octobre, l’un de mes amis m’a annoncé que Greame Allwright passait à l’Esprit Frappeur de Lutry (Suisse) à la mi-décembre, j’ai acheté deux places sans attendre.
Ses chansons, autant Celui qui m’accompagne que moi en connaissons la quasi totalité par coeur.
Nous en aimions les textes, les musiques, les accompagnements,  la voix, l’accent anglophone de son interprète, sa personnalité, sa trajectoire de vie…
Bref, samedi soir,  nous étions heureux de faire partie des privilégiés qui avaient pu obtenir des places.

C’était la première fois que nous nous rendions à l’Esprit Frappeur .
J’ai aimé dès l’entrée…
Une belle maison et, dessous, un salle minuscule, toute noire, dans laquelle il est possible d’entasser, en les serrant un peu, une petite centaine de personnes.
Le tout dans le pur style du cabaret où l’artiste chante tout près du public, attablé à de petites tables rondes…
Un accueil chaleureux, des placeurs et des serveurs sympathiques, souriants, un public ravi d’être là…
Nous sommes arrivés tôt.
Une demi-heure plus tard, la salle était pleine à craquer.

 

104110_jeremie-bossonne-paris-10 dans Musique

Depuis peu, nous annonçait le programme, l’Esprit Frappeur, association ouvrant sa scène aux artistes méconnus, a décidé d’essayer le concept de la « Première partie ».
Des premières parties, j’en ai vues beaucoup.
Il arrive que l’on y voit le pire, parfois le meilleur.
Ce soir, c’était le meilleur.
Jérémie Bossone, jeune chanteur parisien, est un talent à l’état pur.
Musicalement, il se situe dans la lignée des vrais artistes compositeurs – interprètes qui ont une présence forte, une voix très belle et ce je ne sais quoi qui vous retourne complètement.
La sincérité, sans doute…
Accompagné de son musicien, il est entré en scène avec sa guitare, a entamé sa première chanson et a créé une magie qui ne s’est achevée que lorsqu’il a terminé sa prestation.
Dans ses paroles, cet écorché vif  rassemble des histoires qui n’ont rien de lisses.
Rimbaud et Baudelaire doivent le couver du coin de l’oeil…
Allez écouter ses chansons: vous comprendrez.
Toutes sont superbes…

En quittant la scène, ce jeune chanteur a confié que cette soirée était très symbolique pour lui: Greame Allwright fait partie de ceux qui lui donné ont envie de faire ce métier.

Greame Allrwright…
Sa biographie nous dit qu’il est né en 1926.
Oui… 85 ans…
Le temps a ralenti ses gestes, poudré ses cheveux…
Mais dès qu’il est « entré » dans son concert, c’est un jeune homme que nous avons suivi sur les chemins buissonniers où il nous a conviés.
Sa guitare ne le quitte pas, et deux excellents musiciens malgaches (Erick Manana à la guitare et Dina Rakotomanga à la contrebasse) joignent leur talent au sien.
Pieds nus et en chemise, l’éternel globe-trotter  néo-zélandais a réhabité les textes de ses compagnons de toujours: Bob Dylan, Léonard Cohen…
Les années ont passé,  mais la chanson engagée reste son royaume, sans pour autant qu’il ne  se prive de se promener sur les chemins de la musique plus légère, traitant des sujets lourds de manière si joyeuse qu’il donne envie de danser.
Aah, sa chanson perle sur sa future mort!!

Greame Allwright, généreux de lui-même, qui a offert à son public un florilège de ses plus grandes chansons après le rappel, pour clore le spectacle…
« Suzanne », « La ligne Holworth », « Jusqu’à la ceinture », Petites boîtes », « Jolie bouteille », « Petit garçon », « Emmène-moi », et tant d’autres, pour finir avec « Il faut que je m’en aille ».
Dans la salle, tout le monde chantait…
Derrière nous, adossés au mur, Jérémie Bossone et son musicien ont suivi tout le concert debout, chantant avec le public et applaudissant à tout rompre.
Si le tour de chant, qui a duré largement plus de deux heures, ne s’est pas terminé par une ovation debout, c’est simplement parce que, serrés comme des sardines, les spectateurs ne pouvaient physiquement pas se lever tous en même temps!

Martine Bernier

La dernière chanson du spectacle pour la route: http://www.youtube.com/watch?v=0rp9uxZZW6s

Sites de Jérémie Bossone:

http://www.myspace.com/jeremiebossone

http://www.jeremiebossone.com/ (attention: ce site est encore en construction)

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