Belphégor
Celui qui m’accompagne était parti depuis cinq minutes avec Pomme lorsque mon téléphone portable a sonné.
Son nom s’est affiché.
J’ai décroché et j’ai entendu sa voix, plus lente et plus grave que d’habitude:
- Allo… Ici Belphégor. Nous avons enlevé votre chien. Il vous sera rendu contre rançon. Elle devra nous être remise ce soir, au cinéma Cosmopolis, à 20h45.
J’ai éclaté de rire.
Une façon bien à lui de me rappeler que, le soir, j’avais accepté d’aller voir « Millenium ».
(Un film au scénario horrible mais solide, bien joué, mais qui, comme tous les films de ce genre, m’a mise mal à l’aise.)
Belphégor…
Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler du « Fantôme du Louvre », cela n’évoque pas grand-chose.
Pour les autres, l’inquiétante silhouette noire au masque indéchiffrable est inoubliable.
Je parle du feuilleton que diffusait l’ORTF en 1965, pas du film qui en a été fait ensuite.
Sans doute a-t-on tendance à embellir ou mystifier certains éléments de notre passé.
Belphégor fait partie de ce mythe.
J’ai récupéré Pomme un peu plus tard, joyeuse et bondissante.
Et le soir, en regardant « Millenium », je me suis surprise à penser qu’en 1965, il n’était pas nécessaire de torturer des femmes sur l’écran pour instaurer un suspense qui a tenu en haleine tous ceux qui possédaient une télévision.
Oui, je sais, les deux époques ne sont pas comparables.
Mais quand même!
Martine Bernier
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