Archive pour la catégorie 'Actualite'

Degas volé, journalistes enlevés…. et pas de voeux, ou alors « différents »

31 décembre, 2009

Courage…
Dans quelques heures, nous en aurons fini avec ces fêtes qui brisent un peu plus ceux qui sont déjà cassés.
Il va falloir, maintenant, supporter la période des voeux.
Bien aussi, ça, tiens…
L’an dernier, comme tout le monde, j’en ai reçu, beaucoup.
Quand je vois ce qu’est devenu ma vie, je préférerais, cette fois, que l’on s’abstienne.

Pas de voeux, pas de paroles, des actes, des prises de conscience, je préfère…

Pour ma part, j’ai quatre souhaits, trois désirs.

Le premier est pour Alexandre, pour qu’il reprenne la vie insouciante d’un adolescent de son âge.
Le deuxième est pour tous ces hommes et ces femmes qui risquent leur vie, en Iran et ailleurs, pour faire entendre leur voix.
Mon troisième voeu enfin… Je souhaite que ceux qui ont verrouillé leur conscience lorsqu’ils ont brisé des vies les voient se rouvrir, même contre leur gré. Que leur cocon d’orgueil ne les protègent plus et qu’ils réalisent la gravité de leurs actes au point de vouloir réparer.

Le dernier… je l’emprunte à quelqu’un que j’aime bien qui écrivait ce matin: « Je vous souhaite l’IMPOSSIBLE. Pour le reste, vous vous débrouillerez très bien tout seuls »

Je ne peux m’empêcher, pour terminer ce dernier texte de l’année, de relater une nouvelle tombée aujourd’hui, qui me met dans l’état que l’on peut imaginer.
Voici quelques semaines, sur Ecriplume, je parlais d’une toile de Degas que j’aime beaucoup: L’Orchestre de l’Opéra.
Une autre toile, les « Choristes » un pastel propriété du Musée d’Orsay, a été volée ce 31 décembre au musée Cantini, à Marseille.
Dans un premier temps, les journaux avaient annoncé par erreur la disparitions de « L’Orchestre de l’Opéra ».

Le tableau, de petit format, était vissé au mur et non simplement accroché Aucune trace d’effraction n’a été constatée.
Une fois encore un acte complètement révoltant…
J’espère que le musée était équipé de caméras de de surveillance, et que le tableau réapparaîtra.
La Brigade du banditisme de police judiciaire s’est vue confier l’affaire, selon le Nouvel Observateur.
Mais il faut vraiment que l’on m’explique comment quelqu’un a pu avoir le loisir de commettre son larcin sans être dérangé, connaissant l’importance de ce tableau.. Un Degas…
Les éternelles questions vont être posées: quelles étaient les mesures de surveillance?
Et les musées ne possédant pas un système de sécurité performant ne pourraient-ils pas renoncer à emprunter des toiles aux grands musées, mettant ainsi les oeuvres en danger?
Aujourd’hui, cette merveille enlevée… c’est une blessure pour tous les amoureux de la peinture.

Enfin, cette nouvelle tombée en fin d’après-midi: deux journalistes français, semble-t-il une équipe de France 3, ont été enlevés avec leur chauffeur et leur interprète à Kaboul, en Afghanistan, ce jeudi. Les journalistes qui partent dans les zones dangereuses de la planète n’y vont pas pour se faire remarquer ou pour faire du tourisme. Ils font leur métier, comme c’est le cas pour le personnel des associations humanitaires.
En principe, leurs professions les rendent intouchables.
Visiblement, certains ne comprennent toujours pas ce principe.
Comme j’imagine tous les journalistes du monde, en ce moment, je pense à nos deux confrères, et j’espère que la machine politique s’est déjà déclenchée pour accélérer leur libération…

Martine Bernier

Iran… tant de courage et d’horreur…

28 décembre, 2009

Depuis des mois l’Iran se révolte, la population manifeste se bat… et subit une répression terrifiante. Depuis des mois on nous en parle, nous voyons les images filmées par téléphones portables, la violence, une protestation désespérée qui ne cesse de s’amplifier. Pour la première fois, nous dit-on, l’opposition est partie de tout le pays. Ce ne sont plus quelques étudiants isolés qui manifestent, mais bel et bien le peuple, la rue. Le régime commence à réaliser que la répression ne suffira pas à mater la foule. Mais il ne se laissera pas abattre pour autant. Il trouvera probablement d’autres solutions à offrir à la population pour la calmer. Rien n’est simple, rien n’est facile, en Iran…

En attendant, ces hommes et ces femmes se battent comme des lions, sont blessés, meurent dans les rues. Ces images sont déchirantes, inacceptables, tragiques.

De tous temps, les peuples en colère, désespérés, ont été grandioses, admirables dans leur révolte, dans leur sacrifice. Celui-ci a bien besoin du soutien international pour tenir debout.

Martine Bernier

Grève au musée

3 décembre, 2009

Cela m’a fait un choc lorsque je l’ai appris. Trois des plus importants musées France, le Louvre, le Centre Pompidou et le Musée d’Orsay, sont fermés pour cause de grève. Raison du mouvement: une protestation contre les suppressions de postes et les réductions budgétaires.

D’un côté, il y a donc des hommes et des femmes qui craignent pour leur avenir, et de l’autre, une punition que subissent tous ceux qui aiment l’art. Le non accès aux collections. Certains ont sans doute parcouru des centaines, voire des milliers de kilomètres pour les voir. Seulement voilà…

Six des trente-quatre musées nationaux sont fermés. Parmi eux, le centre Pompidou est clos depuis onze jours. Même le château de Versailles a rejoint le mouvement.

Je comprends l’angoisse des employés face à ces annonces de réduction de personnel. Et je ne voudrais pas être à la place de Frédéric Mitterand qui, face à un mouvement social aussi ample, doit se sentir bien mal à l’aise malgré ses déclarations fermes.

Mais…

Le mois prochain, lors du cours séjour que je vais passer à Paris, il est prévu que nous allions au Musée d’Orsay. Je ne peux même pas imaginer la déception qui serait la mienne si les portes restaient closes. Parce que, habitant très loin de Paris, je ne pourrais pas revenir quelques jours plus tard. Ce serait pire qu’une déception de ne pouvoir revoir ces chef-d’oeuvres qui ont sur moi un pouvoir d’apaisement exceptionnel. Ce serait un réel chagrin. Et le sentiment d’être prise en otage.

J’espère qu’une solution va être trouvée rapidement. Lorsque je Lui ai dit que j’avais très envie de revoir le Musée d’Orsay, il m’a dit qu’il ne l’avait jamais encore visité, mais qu’il serait heureux de le faire. Je lui ai précisé que l’actuelle exposition consacrée à James Ensor, un artiste très particulier, n’était peut-être pas la façon la plus simple d’aborder la peinture, mais il m’a assuré que non, cela ne l’effrayait pas. Il est même plutôt curieux de vivre l’expérience que j’attends avec un certain amusement.

Alors non… il ne faut pas que la porte soit close… D’autant que, derrière cette porte, il n’y a pas QUE James Ensor…

Martine Bernier

Zemmour et l’intelligence de Christophe Willem

29 novembre, 2009

J’ai de plus en plus de mal à comprendre Eric Zemmour.
Oui, bien sûr, il est payé pour polémiquer sur tout et sur rien, pour casser, pour dénigrer.
Il a accepté de le faire, avec beaucoup de cynisme, c’est son problème.
Sa façon d’agir est aux antipodes de la mienne.
Je ne vois pas du tout en quoi ses interventions et celles de son acolyte sont constructives, en dehors du fait qu’elles font monter les audiences dès qu’une altercation a lieu sur le plateau.

Il lui arrive de plus en plus souvent de se ridiculiser en critiquant tout et tout le monde systématiquement, en s’empêtrant dans des arguments souvent douteux.
Le côté réconfortant de l’histoire étant que les invités commencent à se défendre, à former même de petites coalitions.
Et quand ses interlocuteurs ont la dent dure, Monsieur Zemmour perd de sa superbe, secouant la tête d’un air navré, comme s’il était désolé du manque d’intelligence flagrant de ceux qui lui font face.
Il y a une part de jeu, on l’imagine bien, évidemment.
Encore une fois, il est payé pour cela.

La nuit dernière, dans « On n’est pas couché », l’émission dans laquelle il sévit, j’ai vu que Christophe Willen faisait partie des invités, aux côtés du merveilleux et trop rare Jacques Weber, invité pour présenter son livre « Des petits coins de paradis ». Bruno Solo, Delphine Rollin et Dominique Voynet étaient également sur le plateau.

Je ne m’en cache pas, je l’ai déjà dit: j’aime énormément Christophe Willem, pour son talent et sa personnalité.
J’ai eu une crainte pour lui: qu’allait-il faire dans cette galère, est-il assez armé pour se défendre face à un trublion comme Zeymour qui manie la mauvaise foi avec dextérité?
Verdict final: oui.
Il n’a pas été pris à parti comme d’autres l’ont été avant lui.
Attentif, il a non seulement fait preuve de beaucoup d’esprit dans ses réparties, mais il a encore défendu son amie Zazie, qui, paraît-il, avait été agressée dans une précédente émission, et a volé avec Bruno Solo au secours de Dominique Voynet avec une intelligence et un sens de l’à-propos rare, surtout chez quelqu’un de son âge.
Ce garçon a la force des calmes, de ceux qui restent toujours courtois, et qui ont la faculté d’avoir les idées suffisamment claires et posées pour aller au bout de leurs arguments sans se laisser impressionner par les coups de dents de celui d’en face.
Il a créé la surprise en attaquant Zemmour et en livrant le fond de sa pensée, en ne se laissant pas intimider, comme l’avait fait Frédéric Lopez avant lui.

Le débat a fini par une ovation du public pour le chanteur et par quelques piques aussi écoeurantes que maladroites de la part des deux sbires de Laurent Ruquier. Qui lui, visiblement, ne s’attendait pas à la réaction de son jeune invité.
Comme quoi, on peut être très doux et avoir du caractère.

Il devait être une heure du matin lorsque je suis sortie me balader près de la rivière.
L’endroit est très mal éclairé, le ciel était couvert, il faisait froid.
J’ai écouté le bruit de l’eau.
C’est là que je promenais Scotty.
C’est fou ce que neuf kilos de poils et de malice peuvent me manquer.

En marchant, j’ai pensé à mille choses. A cette déferlante de commentaires venus soutenir Alex sur le blog. Les gens ont du coeur…

J’ai pensé à Lui, à ce prochain voyage à Paris que je prépare avec joie et anxiété. Joie parce que je suis heureuse de retrouver ceux que je vais interviewer et les lieux auxquels je vais consacrer un reportage, de partager tout cela avec un compagnon comme Lui que je vais découvrir sous d’autres facettes. Sachant qu’avec son humour, cela ne risque pas d’être triste! Et anxiété parce que Paris a confisqué mon coeur.

Sait-il, Lui, que sa présence amicale est un cadeau précieux, et que, sans son aide, je ne repartirais pas dans cette ville que j’aime? Le grand oiseau qui se pose parfois près de moi accepte juste que je vole un peu auprès de lui. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il me prend sous son aile…  Mais vu qu’il sera mon guide, mon chauffeur et, m’a-t-il dit en riant, mon garde du corps,  on peut finalement dire que, si, tiens, il me réserve un bout de ses plumes!

En rentrant, je prends mon agenda et je griffonne: ne pas oublier de Lui dire merci. Environ 5689521 fois.

Martine Bernier

http://www.purepeople.com/article/eric-zemmour-christophe-willem-regardez-le-clash-que-personne-n-attendait-dans-on-n-est-pas-couche_a45037/1

Un couple s’invite à  la Maison-Blanche et autres actualités insolites

27 novembre, 2009

Découvert dans l’actualité:

Un couple de parfaits inconnus s’est invité à la Maison-Blanche à  l’occasion d’un dîner donné en l’honneur du Premier Ministre Indien.
Les deux invités surprises, qui n’avaient bien sûr pas été conviés, ne disposaient donc pas de cartons d’invitation.
Et malgré cela, ils ont franchi les points de contrôle et ont fait bombance à la table d’Obama.
Les petits malins, qui n’en sont pas à  leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà  réalisé ce genre d’exploits avec d’autres célébrités, en rentrant chez eux, se sont précipités sur facebook pour raconter leur incroyable aventure avec photos à l’appui.
Ils ont toutes les raisons d’être contents: c’était très rigolo.
Par contre, ils risquent la prison.
Le responsable de la sécurité du Président, lui, est un peu tendu.
On imagine bien qu’il ne passe pas les heures les plus agréables de sa carrière…

Encore plus bête:

Selon le Dauphiné Libere, à  Evian, c’est-à -dire à  15 minutes de l’endroit où j’ai posé mes valises pour le moment, un joggeur un peu particulier vient de faire parler de lui.
Au cours de son footing, il distribuait des claques aux badauds, en passant.
Et comme ce super-héros est trrrrèèèès courageux, il ne s’attaquait qu’aux femmes et aux enfants.
Ne souriez pas: l’une de ses victimes s’est retrouvée en incapacité de travail pendant trois jours suite à  l’agression.
Comme le personnage en question sévissait dans les galeries marchandes, une vidéo de surveillance a filmé ses méfaits et un portrait robot a été dressé.
Arrêté par la police, il a été ausculté par un psychiatre qui lui a trouvé une « personnalité troublée (ah bon? On ne s’en serait pas douté, tiens…) mais suffisamment de conscience de ses actes pour pouvoir être poursuivi pénalement.
Le joggeur-baffeur a donc été convoqué devant le juge, pour violences volontaires et aura à  faire face à  quatre plaintes déposées… ainsi qu’à  une main courante, précise le journal.
Comme quoi, la justice a de l’humour.

Enfin, cela ne vous a sans doute pas échappé: Barrack Obama a prononcé sa première grâce présidentielle cette semaine, comme le veut une tradition instaurée en 1947, en accordant la vie sauve à  une dinde « Courage », qui n’a donc pas terminé en plat principal de Thanksgiving.
Deux réflexions suite à  cet acte bon enfant:
- Des grâces, j’espère que le président en accordera d’autres, et pas seulement pour des dindes…
- « Courage » a eu droit à  une peine de substitution: elle a été envoyée finir le reste de ses jours à  Disneyland.
Outch… A sa place, je me demande si je n’aurais pas préféré le billot…

Martine Bernier

Nicolas Sarkozy et Dany Boon

23 novembre, 2009

Parmi les séquences qui font actuellement un tabac sur Internet, savez-vous laquelle est une des plus visionnées? L’enregistrement de la remise de la Légion d’Honneur à Dany Boon par Nicolas Sarkozy, le 10 novembre dernier.  Le one man show, cette fois, c’est le président de la République qui l’a assumé, pas l’humoriste.

Un peu partout, les journaux l’ont relaté: Sarkozy s’est lâché. Et c’est fascinant à plus d’un titre. Voir cet homme être visiblement intéressé et séduit par celui qu’il décore est plutôt sympathique. Sa façon de s’exprimer, de se comporter reste pour moi un mystère. Il oscille constamment entre la franchise, la spontanéité et la retenue exigée par sa charge. Ce qui aboutit à un spectacle insolite où il ne peut simplement jamais être naturel.

L’autre côté fascinant vient de ceux qui réagissent à la scène, un peu partout. Il y ceux qui n’aiment pas, mais alors pas du tout, parce que de toute façon, c’est ainsi. Ils ne pourront jamais supporter le personnage, quoi qu’il fasse. Il y a ceux qui ne l’aiment pas, mais qui, là, apprécient de le voir dans un rôle différent. Ceux qui n’aiment plus Dany Boon « parce qu’il est proche de Sarkozy ». Ceux qui aiment le Grand Chef Français et qui se répandent en compliments. Etc, etc.

Je n’ai jamais très bien compris le principe de la Légion d’Honneur. Je sais, bien sûr, que Bonaparte en a été le créateur. Mais lorsque l’on creuse un peu on découvre certains détails qui font un peu sourire. Certains disent qu’elle est souvent remise, par complaisance, à des personnes qui ne remplissent pas toutes les conditions pour l’obtenir. D’autres parlent des médailles accordées de tout temps aux « amis du pouvoir » ou à ceux qui ont eu la bonne idée de se taire ou d’obéir quand il le fallait.
Tsss… les jaloux, va. Bien entendu, il est im-po-ssi-ble que de telles choses se passent.

Je me suis quand même renseignée pour savoir qui pouvait la recevoir, et j’ai trouvé ceci: « Pour être admis, il faut justifier de services publics ou d’activités professionnelles d’au moins vingt ans, assortis de mérites « éminents ». Les services exceptionnels pouvant dispenser de ces conditions, mais en suivant l’ordre des échelons. »
Et puis ne rêvons pas: la médaille est uniquement honorifique, on ne touche pas d’argent en la recevant.
Si c’était le cas, notez, peut-être serait-elle distribuée avec plus de parcimonie.

Parce que si les médailles distribuées aux artistes font parfois grincer des dents, j’ai personnellement beaucoup plus de mal à avaler la pilule lorsque je sais que, de temps en temps, les Grandes-Croix ont été remises à des dirigeants de régimes autoritaires au nom des bonnes relations diplomatiques.

Sincèrement, je préfère Dany Boon.

http://sarkozyblog.free.fr/index.php?2009/11/13/435-dany-boon-decore-par-nicolas-sarkozy

Martine Bernier

Claude Levi-Strauss: le départ d’un Immortel

4 novembre, 2009

Il aurait eu  101 ans à la fin du mois. Il s’est éteint dans la nuit de samedi à dimanche, lui, l’Immortel qui était entré à l’Académie française en  1973 pour remplacer Henri de Montherlant.

Tout le monde rend hommage au scientifique, au penseur, à l’ethnologue humaniste, au brillant anthropologue qu’il a été.

J’ai un souvenir assez précis de l’anecdote qui m’a attirée à lui. J’étais adolescente, je ne devais pas avoir plus de 14 ans lorsque, en me baladant parmi les rayons de la Bibliothèque communale, j’ai entendu quelqu’un rendre un livre à la responsable des lieux en lui disant qu’il avait été profondément marqué par sa lecture. Je me suis approchée après son départ. Le livre était sur le comptoir. Et je suis tombée en arrêt devant cet exemplaire de « Tristes Tropiques ». Comme la plupart des ados, j’adorais les livres qui me tiraient vers le haut, qui m’obligeaient à produire un effort de compréhension.

Ce livre, je voulais le lire. Mais la bibliothécaire n’était pas du même avis. Elle estimait que j’étais trop jeune pour cela. J’ai insisté. Elle a fini par accepter lorsque je lui ai dit que je le voulais pour un cours bien précis. Ce qui était parfaitement faux. Je suis rentrée avec mon précieux trésor et je l’ai lu durant des nuits entières, un dictionnaire à l’appui. C’est la première fois que je découvrais quelque chose sur le Brésil, écrit dans langue aussi belle, avec une pensée aussi fouillée.

Ce livre, je l’ai pris en plein visage. Je ne me souviens plus de tout, et je pense ne pas avoir tout compris à l’époque. Il était écrit par un intellectuel, et je n’étais qu’une enfant. Mais j’ai réalisé à travers lui les différences entre les peuples, le manque de respect que les pays industrialisés témoignaient face à ceux qui vivaient encore de manière « primitive », la complexité de l’identité. L’auteur n’a pas écrit un livre d’aventure, d’exploration. D’ailleurs il n’aimait pas cela et le disait à travers ses pages.  La plupart du temps, il se lisait facilement, car il s’impliquait dans son écriture à la première personne du singulier, avec une finesse pleine d’humanité. Son écriture, sa pensée étaient d’une puissance et d’une acuité qui m’ont marquée. Adulte, j’ai acheté trois de ses ouvrages, et j’ai à chaque fois été touchée par la force et l’intelligence de cet homme.

Claude Levi-Strauss, en raison de son âge, a toujours fait partie de l’environnement de la plupart d’entre nous. Sa rigueur et sa clairvoyance ont permis de faire avancer des générations de scientifiques dans la voie du respect et de la connaissance, des gens comme vous et moi dans la réflexion.
Je pense que le plus bel hommage que nous pouvons lui rendre aujourd’hui est de relire ses livres…

M.B.

La civilisation perdue…

25 octobre, 2009

 Teotihuacan veut dire « lieu où naissent les dieux ». Personne ne connaît le nom réel de cette cité, si ce n’est celui-ci, que lui donnèrent les Aztèques, six siècles plus tard, quand ils ont pénétré dans les lieux. Lorsqu’ils découvrirent les édifices présents, ils pensèrent que seuls des dieux avaient pu les construire. J’imagine ce qu’ils ont vu… Une ville d’autrefois, impressionnante, aux murs recouverts de peintures, et marquée des souvenirs d’un passé chargé. Une ville avec de vrais quartiers, sans doute réservés aux différentes ethnies.

L’expression artistique de Teotihuacan était puissante, comme en témoignent les sculptures colossales, les peintures murales, masques rituels, statuettes-offrandes, poignards en forme d’éclairs, bijoux et autres céramiques, soit 450 pièces exposées au Quai Branly, à Paris. Des objets provenant presque totalement des collections mexicaines, dont une grande partie n’a jamais été présentée en Europe.

Pendant sept siècles, elle a été la capitale  culturelle et artistique de la Mésoamérique. Aujourd’hui, les pyramides de la Lune et du Soleil et le Temple du Serpent à plumes de Teotihuacan se dressent toujours à près de 2300 mètres d’altitude.

Mais pour quelles raisons la cité a-t-elle connu un tel déclin? La ville a probablement été victime de sa violence. Certains avancent l’hypothèse de l’arrivée d’envahisseurs voisins.

Les sculptures sont là pour en témoigner: la mort est très présente dans la culture de Teotihuacan. Le dieu de la Mort à tête de squelette, nommé Huehueteotl est le symbole mêlé de la mort et celui du soleil. C’est à lui que furent sacrifiés de nombreux hommes. Leur culture était violente, les sacrifices humains ont été prouvés. Sous leur gouvernement militaire, les habitants de la cité donnaient des prisonniers en offrande. Et ces derniers étaient parfois des personnes de haut rang, comme en témoignent les statuettes et les riches parures qui ont été retrouvées dans leurs tombes, accompagnées d’ossements d’animaux.

Quel dieu adoraient ces hommes pour justifier d’une religion aussi cruelle? Ils étaient plusieurs, mais parmi eux se trouvait le fameux Serpent à plumes, Quetzalcoatl, qui trouve son origine dans la religion de Teotihuacan.

Cette civilisation, la plus grande de l’Amérique précolombienne, reste un mystère, comme le sont toujours les mégalithes de Carnac. Les artistes de la cité ont réalisé de nombreux masques en pierre recouverts de céramiques, trop lourds pour être portés. Les bibelots incrustés de coquillages et de pierres de couleurs témoignent d’un mordernisme ahurissant.

L’exposition durera jusqu’au 24 janvier 2010. Qu’est-ce que j’aimerais la voir et en connaître plus sur cette civilisation perdue…

Martine Bernier

www.quaibranly.fr

La maison aux coccinelles

24 octobre, 2009

Tandis que le monde se mobilise pour attirer l’attention des dirigeants sur l’avenir de la planète, je cohabite, dans l’appartement où j’ai posé mes livres et mes guitares, avec des co-locataires aussi gracieuses qu’inattendues: des coccinelles. A Saint-Molf, j’observais le quotidien ralenti d’une colonnie d’escargots qui m’amusaient par leur sans-gêne et leur ténacité à revenir chaque jour à l’assaut de l’appui de fenêtre. Je riais nettement moins face aux araignées monstreuses qui apparaissaient régulièrement, provoquant chez moi des réactions qui devaient en revanche beaucoup distraire ces hôtes indésirables.

Depuis plusieurs jours, je vois apparaître dans différentes pièces de l’appartement, des bêtes à Bon Dieu qui, elles, me sont plutôt sympathiques. C’est d’ailleurs le seul insecte que je tolère dans ma sphère… Oui, je sais, c’est injuste pour les autres qui n’ont pas choisi leur physique. Et comme, évidemment, il m’est impossible de vivre avec quelqu’un que je ne connais pas, il a fallu que je me renseigne sur leurs us et coutumes. Et.. c’est fou le nombre de bêtises auxquelles nous avons pu croire à leur propos… Vous êtes de ceux qui imaginiez  que le nombre de  points qu’elles ont sur leurs élytres correspond à leur âge? Et bien non! Juste à leur espèce. Oui, je sais, c’est déçevant, mais c’est ainsi. Elles ne meurent pas en hiver: elles dorment. Et dans le cas présent, elles prennent mon domicile pour leur dortoir.

Les jardiniers les aiment. Normal: elles adorent les pucerons. et, pour certaines, les acariens J’aurais préféré qu’elles apprécient les araignées en apéritif, mais bon… Elles se rachètent à leur manière puisque, depuis le Moyen-Age, elles ont la réputation de porter bonheur.

Là, j’avoue que cela m’arrangerait. Parce que le bonheur, je ne sais plus vraiment ce que c’est.

Mais ce soir, en regardant ma coccinelle se poser sur ma main, je pense à un enfant. Un jeune adolescent qui ne va pas bien en ce moment, et qui va devoir subir de nouveaux examens médicaux la semaine prochaine. Je ne l’ai jamais rencontré. Mais si vraiment ces petites bestioles rouges me garantissent le même résultat que le passage d’une étoile filante, c’est à lui que je dédie mon voeu.

Martine Bernier

 

Ecoles fermées pour cause de…

21 octobre, 2009

Sous nos latitudes, lorqu’une école ferme ses portes, c’est en principe pour cause d’épidémie ou de problème technique majeur.

Au Pakistan, toutes les écoles et les universités du pays sont fermées durant toute la semaine, pour cause… d’attentats -suicides perpétrés par les talibans. Et ce suite aux deux événements de ce genre qui ont eu lieu au cours de ces 15 derniers jours, et qui ont fait 185 morts.

Tous les établissements scolaires fermés pour une raison pareille… Et des hommes qui se font exploser dans des endroits où ils seront sûrs de tuer un maximum d’enfants ou d’étudiants. Je sais que nous ne pouvons ni comprendre ni juger ce qui se passe dans des pays dont la culture est aussi éloignée de la nôtre. Mais tuer un enfant est impardonnable. Un excellent article est paru dans l’Express à ce sujet,  expliquant qui sont ces hommes qui sont prêts à  sacrifier les vies les plus précieuses.

Il fut des époques, au cours de l’Histoire du monde, où la vie d’un enfant ne valait rien. Pour certains hommes, c’est toujours le cas. Et ne pensez pas que seuls les talibans sont impliqués. Non. Dans notre société, il existe des hommes soi-disant bien sous tout rapport, cantonnés dans de petites vies bien rangées qui  affichent eux aussi des attitudes méprisables. Les cas qui me touchent de près me mettent dans des états de dégoût profond qui ne risquent pas de me passer. Je ne supporte pas qu’un enfant pâtisse de la lâcheté, de l’indifférence ou de la violence de son père ou de qui que soit d’autre.

Cet après-midi, j’ai été touchée indirectement par une situation révoltante qui, cette fois, ne mettait pas en cause un adulte. Un petit bonhomme qui m’est cher est parti s’amuser dans une rampe de skate tandis que son père garait sa voiture. Le temps que ce dernier revienne et son fils s’était fait tabasser et racketter. Pour une veste… Manque de chance pour les  courageux agresseurs, le père en question est policier et a mis la main sur eux avec une rapidité ahurissante. Ils étaient trois à s’être attaqués à plus petit qu’eux. Trois gamins de 12 à 14 ou 15 ans, dont un vit en foyer d’accueil. J’espère que leurs parents arriveront à leur faire prendre conscience de la gravité de leur geste, du traumatisme ressenti par un petit garçon un peu lunaire, pas préparé à vivre des événements aussi violents…

Aux Antipodes de cette scène, je revois les yeux de ce père dont le fils est atteint dans sa santé. En attente du résultat d’analyses, il avait le regard sombre, embrumé d’angoisse. Et tentait de paraître maître de lui en me répétant: « Dans cet hôpital se trouvent les meilleurs spécialistes de ce genre de maladie. Il faut faire confiance. De toute façon, je n’ai pas le choix… » Le lendemain, les nouvelles étaient meilleures. Son regard s’était allégé. Mais il portait sur le visage les stigmates de sa crainte.

Il y a ceux qui savent que ces petites vies qu’ils protègent de toutes leurs forces, ils en sont responsables.

Il y a ceux qui ne veulent même pas savoir qu’ils sont pères. Ceux qui veulent bien être responsables de leurs enfants légitimes, mais pas de ceux qu’ils ont semés aux quatre vents.

Et puis il y a ceux qui se font exploser dans les universités ou les écoles avec le sentiment d’accomplir un devoir sacré permettant de déstabiliser un pays un peu trop docile à leur goût vis-à-vis de l’Oncle Sam.

Et en face d’eux, il y a des gamins qui ne comprennent pas.

Comment voulez-vous comprendre?

 

Martine Bernier

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