Archive pour la catégorie 'Actualite'

Victor Hugo, la peine de mort et… nous.

21 septembre, 2011

Je n’admire pas Victor Hugo uniquement pour ses talents d’écrivain.
J’aime aussi et surtout chez lui la ferveur avec laquelle il s’est engagé dans son combat contre la peine de mort.
Il l’a mené avec un courage et une constance admirables.
Enfant, il avait été bouleversé après avoir vu un condamné conduit à l’échafaud, sur une place de Burgos.
Adolescent, il avait tout aussi mal supporté la vue des préparatifs du bourreau dressant la guillotine en place de Grève.
Hanté par ce qu’il appelait un « meurtre judiciaire », il a tenté toute son existence de sensibiliser et d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice (les vrais coupables sont la misère et l’ignorance) et l’inefficacité du châtiment.
Il a tout fait pour se faire entendre, utilisant sa notoriété d’écrivain, sa parole d’homme politique.
Il a également écrit, à 27 ans, un roman-manifeste: « Le Dernier Jour d’un condamné » dans lequel il parle à la première personne.
Ses descriptions d’exécutions particulièrement cruelles, il les justifiait par ces mots:
« Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme, c’est quelquefois une conscience ».

Oui…
Pas toujours.

Aujourd’hui, s’il revenait, Victor Hugo serait heureux de constater que, en France comme dans bien d’autres pays, l’abolition de la peine de mort a été acceptée.
Ce soir, il tournerait les yeux vers la Géorgie, et serait sans doute bouleversé de voir que l’un des pays soi-disant les plus civilisés du monde, va ôter la vie d’une personne qui semble innocente.
Ou en tout cas, contre laquelle il n’existe pas de preuves tangibles.
Il serait bouleversé, j’imagine.
Comme je le suis.

Je ne parle pour ainsi dire jamais deux jours de suite du même sujet dans Ecriplume.
Mais ce soir…
A l’heure où j’écris ces lignes, la soirée a commencé et il ne semble plus y avoir le moindre d’espoir que soit épargné Troy Davis.
Partout dans le monde, la colère et l’indignation grondent.

Mais, semble-t-il, rien n’y fait.
La femme et les enfants du policier tué il y a 20 ans seront présents pour l’exécution, et se disent ravis de voir enfin la justice rendue.
La Justice à laquelle nous assistons ces derniers jours aux Etats-Unis…
N’est-ce pas un vulgaire simulacre?
Il fallait un coupable, celui-ci était bien pratique.

Vingt ans de combat pour rien.
Bien sûr, on dira: au moins il est resté en vie 20 ans de plus.
Oui… mais quelle vie?
Si cet homme est bien innocent comme on peut le penser, à quoi rime ce qu’il a vécu, ce qu’il s’apprête à vivre cette nuit?
Sa vie a été un cauchemar, une horreur absolue.
Peut-on imaginer son désespoir, sa rage, ce sentiment d’impuissance épouvantable, cette solitude imposée, cette privation de tout, tout au long de ces années interminables et pourtant trop courtes?
S’il est bien innocent, on lui a volé sa vie, on a sali son nom.
Et cette nuit, on va lui imposer la mort.
Une mort indigne.

Elle est belle, la justice américaine…

Comme je l’écrivais ce matin, je sais que je ne suis pas responsable de la misère du monde.
La honte que je ressens ce soir face au geste qui va être commis, je ne la ressens que parce que je fais moi aussi partie de cette race humaine… plus inhumaine que n’importe quelle autre créature sur Terre.
Et je sais que si je n’essayais pas de changer les choses, d’améliorer ce qui peut l’être, avec mes très petits moyens, je me sentirais aussi infâme que ceux que je méprise.
Il n’en reste pas moins que, ce soir, c’est à un terrible échec auquel nous assistons.
Il ne faudra pas oublier Troy Davis.

Le combat pour les Droits de l’Homme ne s’arrête malheureusement pas à lui.
Des situations lamentables de ce genre, il y en a beaucoup.
Je voudrais rappeler le cas de Asia Bibi, qui est condamnée à mort au Pakistan pour blasphème.
Celle dont on dit qu’elle va mourir pour un verre d’eau.
Elle a simplement refusé de renier sa foi chrétienne en faveur de l’Islam.
Ses collègues de travail ont réagi avec violence.
Sous la pression de la foule, la police n’a pas osé protéger cette mère de famille de 45 ans et l’a arrêtée pour blasphème.
Elle est en détention depuis un an, condamnée, donc à la pendaison. Sa famille a dû quitter son village et vit dans un lieu tenu secret.
Deux personnalités (un gouverneur musulman et un ministre chrétien) qui ont voulu prendre sa défense ont été assassinés.
Elle a lancé un appel au secours dans un livre appelé « Blasphème » paru à Oh Editions.

Et que l’on ne vienne pas me dire: nous n’y pouvons rien, c’est leur culture!
Trop facile…
Vraiment trop facile.

Martine Bernier

Troy Davis… mercredi, c’est demain

20 septembre, 2011

La nouvelle est tombée dans l’après-midi: la grâce de Troy Davis lui a été refusée.
Or, demain, c’est mercredi.
Le jour choisi pour que cet Américain Noir de 42 ans soit exécuté, en Georgie, pour le meurtre d’un policier blanc, en 1989.

Souvenez-vous… cela fait 20 ans que l’on en parle.
A l’époque, neuf témoins ont désigné Troy Davis comme étant l’auteur des coups de feu.
Mais depuis, sept d’entre eux se sont rétractés, désignant un autre coupable.
De plus, l’arme du crime n’a jamais été retrouvée et l’ADN n’a pas été relevé.
Il n’y a donc aucune preuve formelle de la culpabilité de cet homme.

Pour tous ceux qui sont contre la peine de mort, Troy est devenu le symbole de la lutte.
Parce que nous sommes devant un cas typique de possible erreur judiciaire.
Malgré cela, la commission de cinq personnes du Bureau des grâces de Georgie, à Atlanta, n’a ni gracié le condamné, ni suspendu son exécution.

Cela fait des années que des personnalités multiples se mobilisent, que des anonymes, dont je fais partie, écrivent…
L’actrice Susan Sarandon, Jimmy Carter, Benoît XVI, le gouvernement français…
Tous le clament haut et fort: il y a trop de doutes, il faut le libérer.
En 2009, un nouveau procès a été demandé pour examiner de nouveaux éléments.
C’est là que la majorité des témoins avaient expliqué comment la police les avaient persuadés de désigner Troy Davis comme étant le coupable.
Et malgré cela, le juge fédéral a confirmé sa culpabilité un an plus tard.
Le Comité des grâces s’était engagé à ne confirmer l’exécution que si la culpabilité ne faisait aucun doute.
Il a failli à sa parole.

Comme des milliers d’autres à travers le monde, je suis écoeurée.
Ecoeurée de voir que la justice n’a pas voulu écouter.
Ecoeurée de voir le peu de prix accordé à une vie humaine.
Exécuter un possible innocent ne rendra pas justice à la famille du policier assassiné.
Cette décision ne fera qu’une victime de plus.
Mais dans son cas, personne ne punira les coupables.

L’exécution aura bien lieu demain, mercredi.

Martine Bernier

L’Histoire abandonnée: une hérésie

17 septembre, 2011

En journalisme, on appelle ce genre de sujet un « marronnier ».
De ceux qui reviennent régulièrement, qui sont sans fin.
On parle depuis des années de modifier l’enseignement de l’Histoire.
Mais là….

J’écoutais, aux informations, le reportage expliquant que les manuels d’Histoire, en France, n’allaient plus désormais enseigner l’Histoire aux enfants, mais certains concepts comme l’émergence d’un roi absolu, l’esclavage en France, le féminisme etc.
J’ai suivi avec stupéfaction l’interview de l’un des ‘hommes qui sont à la base des nouveaux manuels.
Il a expliqué la nécessité d’ouvrir l’Histoire aux concepts, au monde, d’abandonner son enseignement « figé ».
Mais?? Par la force des choses, le passé est figé dans un intervalle de temps survolant la vie d’un homme, d’une guerre, d’un profond changement!
Cela ne le rend pas moins passionnant pour autant… Alain Decaux ne me contredirait pas.
Et c’est le talent de l’enseignant qui la rend vivante ou non.

C’est vrai, je suis choquée.
L’Histoire, la vie des êtres marquants me passionnent.
C’est une source inaltérable de connaissance, de réflexions, d’exemples dont il faut s’inspirer ou non.
Une simple source de culture.
Et je suis loin d’être la seule à adorer cela: les éditeurs clament que les ventes des biographies historiques explosent, et les émissions historiques, modernes et bien conçues, comme « Secrets d’Histoire » ou les documentaires fiction, collectionnent les records d’audience.

N’est-il pas primordial, pour un être humain destiné à s’ouvrir au monde, d’en connaître le passé, de savoir comment nos sociétés ont été construites et par qui, d’en connaître l’évolution, de savoir qui nous a précédé?
Se situer dans le Temps et dans l’Espace, sont pour moi les deux fonctions majeures de l’Histoire et de la géographie, branches essentielles.

Ces nouveaux manuels dont on nous parle, mais que je n’ai pas eu l’occasion d’avoir entre les mains me paraissent intéressants.
Mais leur contenu ne devrait-il pas être intégré à un programme traditionnel et complet?
Bien sûr, retenir les dates historiques est laborieux, et je comprends que l’on puisse vouloir zapper cette partie ardue.
Mais… ne plus offrir aux jeunes la connaissance complète de leurs racines est pour moi une hérésie.
L’Histoire est la base de notre culture.

Dans un article consacré au sujet, le Figaro écrivait ceci, le 30 août dernier:
« Un adolescent à la veille de sa majorité ne se verra plus enseigner l’Histoire de France de 1962 jusqu’à nos jours. Lorsqu’il aura à glisser son premier bulletin de vote dans l’urne, il n’aura ainsi plus entendu parler du fonctionnement de la République dans laquelle il vit, de mai 68, de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, de l’abolition de la peine de mort, etc. »

Je ne comprends pas pourquoi cette nouvelle suscite aussi peu de réactions?
Les hommes qui ont décidé que cet enseignement devait être aussi radicalement modifié ne vivront que le temps d’une vie d’homme.
Quelques décennies à peine.
Une paille.
L’Histoire, elle continue, écrivant chaque jour la vie du monde à travers ses événements, à travers les personnalités marquantes.
J’espère que d’autres viendront bientôt pour rétablir cette situation, que cet enseignement sera rétabli, pour ne pas faire des générations futures des êtres sans mémoire.

Martine Bernier

Souris contre oiseau de fer

8 septembre, 2011

C’est une petite nouvelle de rien du tout, de celles qui font sourire… ceux qui ne sont pas directement concernés.
Depuis mardi soir, un avion est contraint à rester au sol, à Hong Kong.
Pour quoi ne peut-il pas décoller?
Parce qu’une souris a pris ses quartiers dans le cockpit du pilote.
Le personnel essaie de l’attraper, mais rien à faire: la souris est finaude.
Pour les 84 passagers qui ont dû dormir à l’hôtel, la plaisanterie n’est pas drôle.
Ils devaient s’envoler le 6 septembre pour Katmandou et risquent bien de devoir embarquer sur une autre compagnie que Nepal Airlines.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le problème se pose à cette dernière: une autre souris avait bloqué ce même Boeing 757 durant 11 heures, paraît-il avant d’être capturée.

Pas bien, ça, Nepal Airlines…
Mais restons positifs et saluons leur travail de lutte contre les passagers clandestins.

Martine Bernier

L’indécence

24 août, 2011

On me demande souvent pourquoi je ne commente pas davantage l’actualité.
Ma réponse est toujours la même: parce que je ne vois pas ce que cela apporterait.
Je ne suis pas spécialiste des dossiers, notamment internationaux, et je ne pense pas que ce que je pourrais écrire ferait avancer le schmilblick.

Cela dit…

Après le tohu-bohu de ces derniers mois autour de « l’affaire Strauss Kahn », je suis mal à l’aise devant la nouvelle de l’abandon des poursuites, tombée hier.

Dans ma conception de la justice, j’ai toujours pensé que le droit des personnes les autorisait à espérer un procès lorsqu’elles étaient victimes.
Ne fut-ce que pour établir la vérité sur les faits, voire même, lorsque c’est le cas, pour blanchir une personne accusée à tort.
Ici, la manière dont a été menée l’affaire depuis le début, l’hyper médiatisation me gênent profondément.
Je ne vois pas où est la justice.
Je ne retiens que l’indécence.
A tous les niveaux.

Martine Bernier

Nouvelles d »Ecriplume

18 août, 2011

Depuis le début de l’été, la fréquentation d’Ecriplume a explosé.
Alors que j’étais ravie de noter 200 à 250 visiteurs quotidiens, j’ai vu les chiffres monter en flèche depuis quelques semaines pour se stabiliser, depuis une semaine environ entre 500 et plus de 1100 visites par jour.
Je ne m’explique pas ce phénomène.
Toujours est-il que, à ce rythme, le cap des 150 000 visiteurs sera franchi ce soir ou demain.

Ecriplume reste ce qu’il est depuis le début: ma caverne d’Ali Baba.
Je continue à y déposer mes humeurs, mes découvertes, et une partie de ce que je moissonne au cours de mes journées ou de mes nuits.
Je suis émerveillée de voir que d’autres que moi aiment se balader dans ce grenier!

Pour répondre aux questions qui me sont régulièrement posées, voici à nouveau quelques chiffres:
- Ecriplume, ouvert en mars 2009, arrive à ce jour à 1045 articles répartis dans 57 catégories et à 833 commentaires.

Chaque visiteur, dont moi-même, peut cliquer autant de fois qu’il le veut sur le site, mais une seule visite n’est prise en compte que toutes les deux heures.
Ce qui répond à ceux qui pourraient se demander si le nombre de visiteurs quotidiens n’est pas éventuellement dopé par mes soins!

Aujourd’hui, je m’interroge: devrais-je adopter une nouvelle présentation pour Ecriplume ou le laisser dans son écrin actuel?
Si vous souhaitez me donner votre avis, il sera le bienvenue!
En attendant, merci pour votre fidélité !

Martine Bernier

Dans les coulisses du blog, je reçois toujours très régulièrement du courrier, parmi lequel, encore et toujours, les lettres des Ombres.
Petit mot à leur intention: il serait préférable que vos descriptions des faits et gestes de celui et celle dont vous parlez dans vos courriers et le dégoût que vous leur portez restent dans votre cercle d’intimes.

Anti solitude

17 août, 2011

funktionide.jpg
Cela ressemble à un grand oreiller polochon ou a un bébé phoque tout mou, mais ce n’est ni l’un ni l’autre.
« Funktionide » est un robot émotionnel à la vocation de doudou, destiné à « réconforter les personnes isolées ».
C’est un designer allemand, Stefan Ulrich, qui en a eu l’idée et qui l’a conçu.
Ce distributeur de tendresse se laisse caresser, se déplace en douceur pour tenir compagnie à son propriétaire, dit-on.
D’ailleurs tout est douceur chez lui.
Il ne manquerait plus qu’il soit violent, tiens.
Cette énorme masse pseudo tendre et pseudo vivante est une présence pour les personnes seules.
Et le designer précise quand même que  » son but n’a jamais été de proposer ces robots comme solution immédiate au sentiment d’isolement dont sont victimes beaucoup de personnes, mais de s’interroger sur les moyens de lutter contre la solitude. »

L’air de rien, ce boudin remuant va-t-il nous apprendre à nous passer des autres humains?
Y a-t-il plus pathétique que de chercher des solutions robotiques pour consoler de la solitude?

Martine Bernier

FX ou les errances de notre société

13 août, 2011

La nouvelle n’a pas franchement bouleversé le monde qui a bien d’autres chats à fouetter.
Et pourtant.
En début de semaine, un ancien candidat d’un jeu de télé-réalité s’est jeté sous les roues d’une voiture et a été tué dans l’accident.
Il s’appelait François-Xavier, dit FX.
Je ne regarde pas ces jeux, mais il m’est arrivé de visionner ou de lire certaines interviews des candidats dont les motivations m’échappent..
C’est ainsi que j’ai découvert ce jeune homme androgyne, d’à peine plus de vingt, black et fils de millionnaire.
J’avais été frappée par ce côté superficiel qu’il mettait en avant.
Puis, un peu plus tard, par la violence des questions qui lui étaient posées et par sa réaction.
Il était manifestement très déprimé, dépassé par ce qui lui arrivait, par les attaques dont il était l’objet, à tort ou à raison.
Les uns parlent de suicide, d’autres disent qu’il avait des projets et « voulait simplement avoir un accident pour attirer l’attention ».

Avoir un accident pour attirer l’attention…

Dans un cas comme dans l’autre, c’est incroyablement navrant.
Je suis très mal à l’aise face au discours de ceux qui désirent participer à ces émissions, et par l’analyse que font les spécialistes lorsqu’ils se penchent sur la question.
Il semblerait donc que le but de certains jeunes n’est plus de réussir et de se faire connaître en accomplissant quelque chose de créatif ou d’artistique dont ils peuvent être fiers et heureux, mais simplement de passer à la télévision pour être connu sans rien faire de probant.
Leurs interviews sont toutes quasi identiques.
Ils parlent d’argent, de notoriété, de jet set, de people, de Une de magasines torchons, de fans, de chirurgie esthétique, de mode, d’hypothétiques liaisons amoureuses, de publicité…
Puis ils disparaissent, engloutis dans les brumes de l’oubli.
Cela fait des années que ça dure.

Ceux qui s’interrogent sur la question expliquent qu’il faut revoir l’éducation des enfants, des adolescents, leur redonner le goût de l’effort.
C’est un fait.
Mais ne serait-il pas également logique de supprimer ces émissions où il n’est fait appel à aucun talent particulier?
Ne plus abreuver le jeune public avec des débilités quotidiennes, et ne plus lui proposer plus ce genre de miroir aux alouettes serait un grand pas.
Après tout, médias et télévisions ont une responsabilité au niveau de la qualité de ce qu’ils proposent.
Oui, je sais, je prêche dans le désert.

La même semaine, alors que FX perdait stupidement la vie quelque part près de Nantes, de jeunes soldats perdaient la leur en Afghanistan.
Des familles sont unies dans le même chagrin.
Et ces destins brisés, si différents, ce gâchis monumental, m’interpellent…

Martine Bernier

Suzanne et Anthony: La grande évasion

11 août, 2011

Les personnes qui ont regardé le journal de France 2 hier soir n’ont pas pu la manquer: dans le coin supérieur de leur écran, était marqué « Crise ».
Idem, ce soir.
Voilà.
Si vous ne le saviez pas encore, c’est fait: le monde est en crise.
Brrr…
On nous annonce que nous serons tous ruinés dans quelques semaines, que rien ne va plus.
Cela passe du rouge au vert, du vert au rouge, du plongeon à l’escalade.
L’actualité est maussade, sauvage, triste, navrante.

Et puis, il y a un titre, passé totalement inaperçu.
Jeudi dernier, un jeune homme de 20 ans a kidnappé son arrière grand-mère placée dans une maison de retraite.
Il l’a kidnappée… sur sa demande .

Anthony, 21 ans, a encore son arrière-grand-mère, Suzanne.
Et apparemment, ces deux-là doivent bien s’entendre.
La vaillante nonagénaire a été placée dans une maison de retraite, dans l’Essonne.
Elle n’avait pas visiblement envie d’y aller, n’a accepté qu’à contre coeur, sur l’insistance de sa famille.
Mais Suzanne ne s’y sentait pas bien.
Aussi a-t-elle décidé de s’enfuir.
Elle a fugué cinq fois.
Et cinq fois, les tentatives ont échoué.
Il fallait donc préparer une escapade plus efficace.
Ce qu’elle a fait jeudi dernier, après avoir demandé à son arrière-petit-fils d’organiser son enlèvement.
Il est venu la chercher, l’a ramenée chez elle, et elle a dormi en paix là où elle se sent bien: dans sa chambre.

Suzanne avait réussi à prendre la clé des champs.
Seulement voilà.
Cela ne pouvait pas s’arrêter là.
Constatant que sa pensionnaire manquait à l’appel, la directrice de la maison de retraite a prévenu la police dans la soirée.
Elle a expliqué par la suite avoir passé une nuit d’angoisse tandis que personne n’arrivait à retrouver la vieille dame.
Quand celle-ci a été récupérée, la découverte de sa fuite n’a pas mis la directrice de bonne humeur.
Suzanne a défendu son arrière-petit-fils, expliquant qu’il a été sensible a sa détresse, à son désir de rentrer chez elle, de retrouver la liberté.

Bonne nouvelle, Anthony ne sera pas poursuivi.
Autre bonne nouvelle: Suzanne n’est ni sous tutelle ni sous curatelle, elle n’est donc pas obligée de rester à la maison de retraite.
Reste à voir si une solution est possible pour qu’elle puisse retourner chez elle et y vivre.

Cet épisode me touche profondément.
Nous sommes tous des êtres libres.
Et un jour, parce que nous vieillissons, parce que notre état de santé se dégrade, nous perdons notre droit à l’autonomie.
Nous devons dire adieu à la liberté, à notre domicile, à nos amis, nos voisins, aux animaux qui, peut-être, nous accompagnaient, aux objets, aux livres que nous aimions.
Et nous nous retrouvons dans une chambre, avec repas à heures fixes, des visites de temps en temps dans le meilleur des cas, et, ô merveille, la possibilité de partager des activités de groupes avec d’autres personnes fort âgées avec lesquelles, bien souvent, nous n’avons pas grand-chose en commun.
Il faut vivre avec des personnes que nous n’avons pas choisies… comme elles doivent vivre avec nous, qu’elles n’ont pas choisi davantage.

Ce doit être une étape horrible dans la vie d’un être humain.
Le renoncement…
Je pense que certains ne peuvent s’y résoudre.
Et je crains de faire un jour partie de ceux là si je devais un jour arriver à un âge avancé.
Alors Suzanne, voyez-vous, je la comprends.

J’espère qu’elle retrouvera le goût et le droit de vivre à sa guise.
Et j’ai une grande pensée pour son arrière-petit-fils qui n’a peut-être pas pensé à l’angoisse que pourrait provoquer leur geste, mais qui m’est fort sympathique!

Martine Bernier

L’OVNI n’est plus non identifié

5 août, 2011

Sans doute aviez-vous lu ou vu dans l’actualité qu’un OVNI avait été observé dans le ciel de Toulouse ce mardi vers 3h30 du matin.
Alors que l’on nous explique qu’il y aurait de l’eau sur Mars, l’espoir renaissait chez les amateurs de phénomènes extra-terrestres.
Chic!
Et cette fois, ne venez pas nous parler de météore, comme ce fut le cas en Bretagne!

Hum.
Déception cruelle…
Le Geipan, groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés s’est penché sur la question.
Il a constaté que le phénomène observé par une cinquantaine de personnes et décrit comme étant bleuté ou verdâtre était un « bolide ».
Un bolide, nous explique-t-on, n’est pas une soucoupe pilotée par Michaël Schumacher, mais « un phénomène produit par la rentrée en atmosphère d’une grosse météorite de plus de 100 grammes.
Les explosions entendues par les témoins seraient liées et parfaitement normales.

Pas de soucoupe volante, donc.
David Vincent, l’inoubliable chasseur d’Envahisseurs vous le dirait: les OVNI ne sont plus ce qu’ils étaient!

Martine Bernier

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