Archive pour la catégorie 'Animaux'

Bichon havanais: Pomme et les valises

2 juin, 2011

Il n’était pas possible de manquer l’occasion: le grand week-end de l’Ascension est prétexte à un nouveau départ.
Et, par la même occasion, à la corvée valises…
Mon sac, mon ordi et mes dossiers, le matériel pour faire l’article que j’ai envie de réaliser sur place, le sac de Pomme…
Ne rien oublier.
Pomme, justement, a déjà compris.
Elle sait que nous partons, mais ignore si elle m’accompagne ou si elle part de son côté.
Elle me contemple, morose, l’oeil torve…

- Ne fais pas cette tête: tu viens avec nous!

Je parcours l’appartement, mon Mogwaï sur les talons, à la recherche de ses jouets préférés.
Impossible d’envisager l’emmener ailleurs quelques jours sans ses os, son mouton ou son Monsieur Poulet décapité.
A force de fouilles quasi archéologiques, je finis par les dénicher, l’un enfoui dans son panier, l’autre vautré sur la terrasse.
Je ramasse mon butin, le pose sur le sac de Pomme et vais réunir mes papiers pour mes écritures du week-end.
Dans le sac, ô combien précieux, se trouvent ses trésors: ses jouets favoris, son sac de croquette, sa brosse, ses friandises…
Quelques secondes plus tard, j’entends un bruit de frottement, suivi d’une galopade.
Pomme fait irruption dans mon bureau.
Elle pose ses pattes de devant sur moi et jappe fermement.
J’ai compris: il faut la suivre, elle veut me montrer quelque chose.
Dans le hall, elle fonce vers son sac d’où dépasse la patte de son mouton et me jette un regard indigné.

- Ah non, tu ne commences pas: si je te le donne, tu vas encore le perdre et nous ne serons pas prête quand Bruno arrivera.

Je veux faire demi-tour, mais Pomme ne l’entend pas de cette oreille.
Elle attrape la patte du jouet et tire de toutes ses forces, sans succès.
Je devrais compatir… mais la scène est si drôle que j’éclate de rire.
Cette fois, j’ai la conviction qu’elle fronce les sourcils: non seulement je lui confisque ses effets personnels, mais, en prime, je me moque??

- Viens, je te donne un os, tu veux? Et puis tu as tes autres jouets, regarde! Je te rends tout cela ce soir, une fois que nous serons arrivés.

Je retourne dans mon bureau.
Quelques instants plus tard, Pomme entre dans mon bureau, tenant entre ses dents quelque chose que je distingue mal.
Dans un premier temps, je n’y fais pas attention.
Mais sa position m’intrigue.
Elle se tient debout dans l’encadrement de la porte et ne bouge pas, comme si elle voulait attirer mon attention.
Je m’approche… et je réalise qu’elle est allée chercher dans MON sac, MON foulard.

- Pomme! donne-moi ça!

Elle file au salon avec son trophée, se retourne, me regarde bien dans les yeux et… lâche le foulard avant de courir vers moi, en riant.

Si elle avait pu parler, je suis sûre que, cette phrase, je l’aurais entendue:
- Ah, alors, tu a compris? Tu trouves ça drôle que l’on te chipe tes affaires? Mmmm?

Cinq minutes plus tard, je mets le point final à un article tout en écoutant mon Mogwaï galoper dans l’appartement.
Elle joue.
Brave chien…
Je vais poser un sac dans le hall et je la vois.
Comme à chaque fois qu’elle se sait prise en faute, elle effectue un arrêt sur image.
Patte de devant droite en l’air, oreilles en bataille, elle me regarde en tenant dans sa gueule…. le mouton qu’elle a réussi à extraire de sa cachette.

Veni vidi vici.
Je m’incline.

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme à l’école (2)

28 mai, 2011

Il a fallu se motiver, ce samedi matin, pour se rendre au deuxième « cours » de Pomme.
Quatre rendez-vous sont prévus au total pour pouvoir obtenir la fameuse attestation permettant d’avoir un chien.
Et encore, à condition que le chien en question ait acquis les bases de l’éducation.
Le premier cours s’était très bien passé, allait-elle être aussi performante au deuxième rendez-vous?

Neuf chiens au total, autant de maîtres et de maîtresses.
Parmi les quatre pattes, quelques cas un peu délicats: un aboyeur en continu, un dissipé peu enclin à l’obéissance…
Et puis des petites phrases touchantes de la part des propriétaires:
- Est-ce possible qu’un chien n’aime pas son maître?
La réponse arrive, et la dame conclut, piteusement: « je crois que mon chien ne m’aime pas… »
Une autre me confie que son chien de huit mois ne lui obéit absolument pas et qu’il lui a été expliqué que cela allait être pire en grandissant.

Au milieu de tout ce petit monde, Pomme m’étonne.
Pour la première fois depuis qu’elle a quitté sa famille biologique, elle est en présence d’un autre bichon havanais, aussi blanc qu’elle est noire.
Elle joue avec les autres, revient vers nous, semble comprendre quand je lui explique qu’il va falloir qu’elle fasse tout ce que je lui demande, histoire de faire bonne impression.

Premier exercice: le rappel.
Avant nous passent des maîtres qui réussissent parfaitement l’exercice, d’autres qui n’arrivent pas à faire revenir leurs protégés qui galopent joyeusement un peu partout.
Notre tour arrive.
Une personne prend mon chien, je m’éloigne d’elle, et la rappelle.
Pomme accourt vers moi, aussitôt récompensée.
Je ne sais pas si elle m’aime à la folie ou si elle adore le cervelas!

Deuxième exercice, c’est Celui qui m’accompagne qui l’accomplit, histoire de prouver qu’elle est aussi docile et serviable avec Lui.
Mission accomplie haut la main.

Le troisième exercice se fait en binôme face à un autre couple maître-chien.
Nous échangeons nos chiens, nous éloignons de 30 mètres et les rappelons chacun de notre côté.
Quelques équipes avant nous ont essuyé de beaux ratages.
Nous nous retrouvons avec un adorable yorkshire de 5 mois, très vif et intelligent.
Au rappel, nos deux chiens foncent chacun vers son maître… tellement concentrés sur nous qu’ils se percutent tête la première, de plein fouet!

A peine sonnée, Pomme accourt et reçoit sa récompense.
L’exercice est reconduit, histoire de voir si elles y arrivent une deuxième fois.
Sans problème… et sans Big Bang.

Le dernier exercice est d’un ridicule absolu pour le maître.
Moâ, donc.
L’un après l’autre, nous nous faisons emballer, couchés dans une bâche, et devons arriver à faire revenir notre chien qui ne nous voit pas.
Formalité pour Pomme, toujours guidée par l’amour aveugle qu’elle nous porte, aux cervelas et à moi.

A la fin du cours, je vais récupérer le carnet de vaccination de mon Mogwaï et la monitrice me dit:
- C’est un chien super équilibré, bien élevé, bien dans sa peau, tout va bien. La prochaine fois, je te donnerai l’attestation, vous n’aurez pas besoin du quatrième cours, il est nickel.

Comment dire…
Lorsque nous sommes retournés à la voiture, Bruno et moi n’étions pas peu fiers.
Pomme diplômée!!
Je l’imaginais déjà en toge avec la petite coiffe carrée!

Nous avons anticipé notre succès en fin d’après-midi, en dégustant une glace au bord du lac.
La magie se pose sur un rien.

Martine Bernier

Le vent et la corneille

27 mai, 2011

Lorsque je suis arrivée dans les nouveaux quartiers, voici un mois, l’un de mes voisins m’a dit que, ici « les orages claquent ».
J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte à trois reprises déjà.
Et comme j’aime toujours autant tempêtes et orages, je me suis régalée.
Ce matin, Pomme et moi avons très vite constaté, en nous levant, que la journée signerait le retour de la pluie.
Visiblement, cela l’a mise en joie.
Tandis qu’elle courait comme une gazelle sur la pelouse autour de la maison, j’ai regardé le ciel.
Gris et noir, lourd, découpé par les basses montagnes sombres, avec des nuages si bas qu’il nous empêche de voir les Dents du Midi et les grands sommets.
Je me suis mise à mon clavier tôt pour avancer dans mon travail.
Porte-fenêtre ouverte sur le balcon, ce sont des conditions rêvées pour travailler, au-milieu des chants d’oiseaux.
C’est à ce moment que le vent s’est levé.
Un souffle continu, fort, qui remue depuis plus d’une heure les branches des arbres autour de la maison, qui fait claquer les drapeaux dont mon voisin est si fier.
Des bruits que j’aime…
Je tapais mon article en écoutant le vent, quand, tout à coup, j’ai entendu un coassement et j’ai vu Pomme filer vers le balcon et s’asseoir juste à la sortie de mon bureau.

Elle était revenue…

Elle, c’est une corneille qui, depuis deux jours, visite notre terrasse.
La première fois, elle s’est posée sur la rambarde.
Pomme a aussitôt essayé d’aller la voir de plus près, prudemment.
Elle s’est envolée lorsqu’elle m’a vue.
Hier soir, même scénario.
Elle s’est perchée à l’extrémité du balcon, regardant Pomme qui s’est assise et l’a observée un long moment.
Ce matin, son cri a été comme un appel.
Pomme y a répondu aussitôt en filant sur les lieux.
Pas d’agressivité, chez elle, une simple curiosité appuyée.
Je me suis approchée doucement, et suis restée à l’intérieur du bureau, de manière à pouvoir voir l’oiseau sans l’effrayer.
Est-ce toujours le même?
Je n’en sais rien: rien ne ressemble plus à une corneille qu’une autre corneille.
Elle penchait la tête, examinait le contenu du balcon avec de petits geste saccadés.
Elle semblait ne pas perdre Pomme de vue, la guettant de ses petits yeux noirs, ronds comme des têtes d’épingle.
Pomme s’est levée et a fait deux pas vers elle.
Elle n’a pas cherché à partir.
La scène a duré deux ou trois minutes, puis elle s’est envolée.
Pomme s’est retournée vers moi, comme pour me prendre à témoin.
La veille, je l’avais emmenée sur un article où elle m’attendait une jeune femme vivant avec un molosse, un deuxième chien croisé beauceron et… un pigeon qui la prenait pour sa mère.
Parfaitement apprivoisé et habitué aux chiens qui ont plutôt tendance à le craindre, il s’est approché de Pomme ahurie, et lui a picoré la truffe.
Mon Mogwaï a fait un saut en arrière.
Depuis, elle regarde les oiseaux avec curiosité et… prudence.

Ce qui ne l’empêche pas désormais, dès qu’elle entend le cri caractéristique d’une corneille, de filer sur la terrasse et d’attendre, le nez en l’air…

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme à l’école

22 mai, 2011

En Suisse, depuis 2010 tout propriétaire d’un chien doit, dans la première année du chiot, suivre un cours pratique et théorique afin de recevoir une attestation lui permettant de conserver son chien.
Si vous avez déjà eu des chiens par le passé, alleluia, vous êtes dispensés de théorie.
C’est mon cas, mais, comme tout le monde, Pomme et moi devions suivre le cours pratique, repoussé en raison de mes soucis de santé.
Ce samedi matin, donc, nous nous sommes rendus avec Celui qui m’accompagne sur le terrain de jeux de l’école des chiens.
La pratique dure quatre heures.
Cette première partie était importante: ne pas avoir l’attestation signifie être hors-la-loi.
Or, je ne suis pas Ma’ Dalton, et Pomme n’a rien de Rantanplan.

Au moment de partir, durant le dernier coup de brosse donné à mon bichon, je lui ai parlé sérieusement:

- Ecoute, je ne sais absolument pas ce que nous allons devoir faire, toi et moi, mais j’espère que tu feras de ton mieux… Je peux compter sur toi?

Elle m’a jeté un regard intéressé, m’a léché la main, et nous sommes partis, tous les trois.

Nous sommes arrivés bien en avance sur les lieux, pour qu’elle puisse s’habituer à l’endroit.
Je la connais bien: elle allait avoir mille raisons d’être distraite.
Autant lui offrir la possibilité de renifler à son aise avant l’arrivée des autres chiens.

Ils étaient sept.
Un bébé labrador de huit mois, trois yorkshires, un jeune border-collie, une « darling » de race indéfinissable, et un carlin hyperactif.
Pomme a fait connaissance avec tout ce petit monde, puis s’est assise à mes pieds en écoutant sagement les consignes.

La première partie du cours a porté sur la marche en laisse, dans le pré et entre des piquets.
En nous éloignant, j’ai murmuré à Pomme:
- Bon. Là, tu ne tires pas, tu fais celle qui adore te balader en laisse et tu fais semblant de ne t’intéresser qu’à moi, d’accord?

Apparemment elle a compris: nous avons décroché les félicitations du jury pour notre modeste prestation.
Pour la deuxième partie, j’étais un peu moins à l’aise.
Il s’agissait pour les chiens de s’engager dans un tunnel de toile plastifiée de dix bons mètres, puis dans un parcours parsemé d’embûches bruyantes, et, enfin, de monter sur une planche dressée presque à la verticale, et de redescendre de l’autre côté.

Pomme n’avait jamais pratiqué ce genre d’exercice.
Elle m’a lancé un regard ahuri que j’ai aussitôt traduit par: « Tu ne veux quand même pas que j’aille m’enfiler dans cette chose?! Et pour quoi faire, d’abord?? Je t’aime bien, mais quand même!! »

Je l’ai encouragée, me sentant l’âme d’une traîtresse…
Tandis que quelqu’un la lâchait dans le tunnel, je me suis postée à l’autre bout en l’appelant, à grands renforts d’encouragements et de récompenses.
Après une hésitation, elle a accepté l’exercice, qu’elle a exécuté deux fois.
Je sais, c’est bête: mais j’étais aussi fière ou presque que lorsque mes rejetons accomplissaient une prouesse que, bien sûr, personne n’avait faite avant eux.
Comme les premiers pas, par exemple.

Même réussite dans le parcours bruyant.
Je craignais un peu la dernière épreuve et avais demandé à Celui qui m’accompagne de se poster  avec moi le long du parcours de la planche pour ne pas risquer qu’elle tombe.
Et là encore: aucun problème.

J’ai pris ma chienne, l’ai cajolée, félicitée, gâtée, et je lui ai soufflé:

- Bravo! Tu es absolument géniale!!

Nous sommes repartis en promettant de revenir la semaine suivante.
Ce que j’ai appris?
Je savais déjà que mon Mogwaï est équilibré et sociable.
J’ai découvert que, pour me faire plaisir et pour avoir droit à un morceau de cervelas, elle est prête, en plus, à intégrer un bataillon de paras!

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et le soupir

6 mai, 2011

J’étais plongée dans un travail non pas difficile mais ardu.
Et, comme à mon habitude, quand je suis sur un sujet prenant, je soupire à chaque complication.
Certains vont prendre un café, d’autres grognent, d’autres abandonnent…
Pour ma part, je m’accroche, mais je m’autorise ces soupirs dont je n’ai d’ailleurs pas conscience, la plupart du temps.

Je soupirais donc discrètement lorsque quelqu’un m’a répondu.
Venu de dessous mon bureau, un long et énorme soupir a répondu au mien.
Je me suis baissée, pour tomber nez à truffe avec Pomme, mon Mogwaï, que j’empêchais visiblement de dormir.
J’ai souri et je me suis remise au travail.
Dix minutes plus tard, stressée par ce travail compliqué pour lequel j’avais un délai court, j’ai re soupiré.
Aussi ré imitée par Pomme.

- Mais… tu te moques de moi où tu étudies de b.a-BA de l’empathie?

Ravie de pouvoir entamer la conversation, elle émerge des profondeurs se dresse sur ses pattes arrières, pose les pattes de devant sur moi et s’étire en m’adressant un large sourire.

-J’ai compris. Tu veux sortir? Viens, nous allons chercher le courrier. Tu pourras courir sur la pelouse, cela te dégourdira les pattes.

Trois minutes plus tard, je relève le courrier lorsque je vois Pomme filer comme une bombe à travers le jardin, traverser la place de parking et filer après un chat de l’autre côté de la route où heureusement, il ne passait aucune voiture.
Un premier rappel de ma part reste sans résultat.
A la troisième tentative, elle revient, penaude, et me suit dans la maison.
Je la tance d’importance en essayant de ne pas rire.
Son air piteux ferait fondre une banquise.

De retour dans l’appartement, je me remets au travail.
Quelques instants plus tard, un immense soupir m’arrive, de dessous mon bureau…

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et son larron

28 avril, 2011

Cette installation dans un nouvel appartement était l’occasion rêvée, pour Celui qui m’accompagne et moi, de proposer à ses parents de venir passer quelques jours chez nous.
Nous sommes donc partis en convoi depuis la France-Comté pour arriver sous le soleil valaisan.
Pour Pomme, l’aventure était d’autant plus excitante que, dans leurs bagages, nos invités amenaient avec eux Dandy, leur yorshire de bientôt trois ans.
Depuis qu’ils sont ensemble, le scénario est invariable.
Pomme suit Dandy où qu’il aille, et Dandy suit Pomme dès qu’elle fait mine de s’en désintéresser quelques secondes.
Nous assistons donc, en témoins privilégiés, à la complicité naissante entre une boule de mohair noir et une boule de soie beige et argent.
Inutile de préciser que, vus les moeurs canins de Dandy, nettement mieux élevé que les vachettes qu’elle avait l’habitude de fréquenter, Pomme apprend, à son contact, une foule de petites choses.
Elle contemple, par exemple avec admiration son compagnon se ruant sur son assiette pour en dévorer le contenu d’une traite, elle qui a pour habitude de prendre une croquette et de l’emmener dans son panier pour la mâchouiller à sa guise en rêvassant.
Alors que nous avions décidé de sortir, laissant nos deux chiens à l’appartement, ils nous ont forcés à changer d’avis lorsque nous avons entendu un concert d’aboiements, à peine étions-nous arrivés à la voiture.
Ils nous ont donc accompagnés…

Tout ce que fait Dandy passionne Pomme.
Tout ce que fait Pomme intéresse Dandy.
Dans le classement des intérêts de ma chienne, je passe désormais largement en deuxième position.

Martine Bernier

Le chien et nous

19 avril, 2011

La place du chien dans la vie de l’Homme n’est plus à démontrer.
Fidèle compagnon depuis des siècles, il a tout vécu, tout fait.
Il est devenu vedette là où certains ne sont que cabots (Rintintin, Lassie, Mabrouk, les 101 dalmatiens, la Belle et le Clochard, Belle et Sébastien…), suscite des déclarations d’amour de la part de leurs maîtres.
Saviez-vous que le premier texte consacré à un chien se trouve dans l’Avesta, l’ensemble des textes sacrés de la religion mazdéenne?
On y lit cet hommage frappant: « Le monde ne subsiste que par l’intelligence du chien. »

Bien plus tard, Maxime Ducamp affirmait « Ce qu’il y a de meilleur en l’homme, c’est son chien. »

Oui…
Les chiens sont une bénédiction.
A condition que leur nombre ne dépasse pas le seuil de tolérance et qu’ils reçoivent tous de leurs maîtres la base d’une éducation correcte.

De la longue cohabitation entre l’homme et le chien, notre langue a gardé des traces importantes.
Il existe une infinité d’expressions, de mots et de proverbes dont il est la référence.
La constellation du Chien, le chiendent, la chenille (petite chienne), la chiennerie, le chien-assis, le chien du fusil, le chien couchant, le temps de chien, entre chien et loup, malade comme chien, dormir en chien de fusil en sont quelques exemples…

Et puis il y a les phrases laissées avec tendresse ou cynisme par ceux qui les ont aimés.
Mais cela… c’est une autre histoire…
N’est-ce pas, Pomme?

Martine Bernier
De ce patrimoine de pensées, j’ai extirpé quelques trésors:

- Je m’appelle Folette. Beaumarchais m’appartient. Nous habitons rue Vieille-du-Temple au 28. (Folette étant bien sûr le chien de Beaumarchais…)
- Les chiens n’ont qu’un défaut: ils croient en l’homme. (Elian Finbert)
- Les femmes c’est charmant. Mais les chiens, c’est tellement plus fidèle… (Sacha Guitry)

Martine Bernier

Le retour

13 avril, 2011

La fermeture du pré, depuis deux jours, présageait la nouvelle.
Pourtant, c’est Pomme qui m’a avertie de leur retour.
Ce n’est que lorsqu’elle est venue me chercher, galopant de la porte-fenêtre de la cuisine jusqu’à moi et vice-versa que j’ai pris conscience du son des cloches.
Des clarines, plus exactement.
J’ai suivi mon Mogwaï à la fenêtre et je les ai vues: les vachettes étaient de retour!
J’ai laissé Pomme prendre possession du balcon.
Elle s’est aussitôt assise face aux nouvelles venues et a passé deux bonnes heures à les observer.
De temps en temps elles lui jetaient une regard intéressé avant de recommencer à brouter paisiblement.
En début de soirée, après le brossage quotidien, lorsqu’est venu le moment de la dernière promenade de la journée, Pomme a couru se soulager, puis m’a regardée.
Une patte en l’air, la mine canaille, elle m’interrogeait.
Elle me fait craquer…
J’ai souri:
- C’est bon, viens. Tu vas aller voir tes copines.

L’automne dernier, au moment du départ des vaches, elle n’avait pas une année.
J’ai pensé que, six mois plus tard, elle aurait peut-être une réaction différente face à ces bovidés cent fois plus lourds qu’elle.
Mais non….
Elle a couru en haut du talus, s’est trouvée truffe à muffle avec un mastodonte mâchouillant une touffe d’herbe.
Elles se sont regardées, l’une remuant la queue de bonheur, l’autre se demandant ce qu’était ce gros moustique poilu.
Attirée par l’événement cinq autres ruminantes sont venues renifler mon Mogwaï.
Ravie d’être l’objet de tant d’attention, Pomme sautillait, faisait quelques pas en arrière pour mieux revenir, se couchait sur les pattes de devant, postérieur en l’air, remuait la queue, jappait joyeusement, revenait me faire son rapport et repartait en courant.
La scène aurait pu durer des heures.
Dix minutes plus tard, j’ai rappelé mon noir bichon.
- Viens, on rentre, tu les reverras demain…

Elle est revenue en retirant les brins d’herbe accrochés à son pelage.
En sautillant, elle m’a accompagnée vers le nid, se retournant deux ou trois fois vers le troupeau qui la suivait des yeux.

Aïe.
Comment lui annoncer que, dès la fin du week-end, notre déménagement signera la fin de cette belle amitié?

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme, les médicaments et la boule de curling

8 avril, 2011

Depuis quelques jours, Pomme doit subir un traitement qu’elle n’apprécie pas.
L’opération consister à lui injecter un produit dans les oreilles.
Or, pour Pomme, les oreilles, qu’elle a de fort jolies d’ailleurs, c’est sacré.
Et ce qui est sacré est intouchable!
Elle a donc mis au point une stratégie destinée à reculer le moment fatidique, comme a pu le découvrir Janick dimanche matin.

- Pomme? Viens, ma puce!

Mon Mogwaï pointe son minois et me regarde.
Promenade?
Déjeuner?
Câlin?
Récompense?
Elle s’attend au mieux, c’est le pire qui arrive lorsqu’elle me voit sortir le flacon redouté.
Le temps que je me retourne et elle a disparu.

- Pomme? Ce n’est pas le moment! Viens!

C’est à ce moment précis que je vois les longs rideaux de la cuisine bouger légèrement.
Comme un enfant, elle s’est cachée…
Ce qu’elle ne réalise pas, c’est qu’un bout de sa queue dépasse du rideau.
Le traître!
Je montre la scène à Janick qui éclate de rire.
Faisant celle qui n’a rien vu, je continue à appeler:

- Pomme?

Sa queue remue légèrement, mais elle ne bouge pas.
Je soulève doucement le rideau.
Deux billes noires me regardent, l’air de dire: ‘Mais!? Comment as-tu fait pour me retrouver??? »

Chaque matin, le même rituel se répète, et est devenu prétexte à un jeu.
Elle en a bien besoin: vivre dans un appartement transformé en dépôt où elle doit se frayer un passage entre des ruelles de cartons semble la déprimer.
Encore une semaine à vivre dans cet univers et nous changerons de lieu de vie.
Histoire de lui remettre le moral, je l’ai emmenée visiter notre futur nid.
Comme tout bon chien qui se respecte, elle a minutieusement inspecté chaque pièce, reniflé chaque recoin.
En découvrant l’immense salon disposant d’un superbe parquet marqueté et vitrifié elle m’a jeté un coup d’oeil alléché.
Je me suis dit: « Non… elle ne va pas faire ça?! »

Si.
Elle l’a fait.
Reprenant une habitude qu’elle a développée dès son plus jeune âge, elle a pris son élan, a couru et s’est laissé glisser sur le dos sur toute la longueur de la pièce.
Pomme est la réincarnation d’une boule de curling.
Quand sa cascade a été terminée, elle a gambadé vers moi, un large sourire aux lèvres.
- Alors, ça va mieux? Tu penses que tu seras bien, ici?
Elle a foncé sur la terrasse, s’est dressée sur ses pattes arrières, a regardé les passants et a jappé sur un oiseau posé sur l’arbre d’à côté.

Mission accomplie: elle a adopté les lieux.

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et le bain

22 mars, 2011

Scotty, ma petite chienne scottish terrier, avait horreur du bain, détestait se faire brosser et ne voulait absolument pas entendre parler de sèche-cheveux.
Sa réaction était d’exercer un repli stratégique et de se faire oublier pendant quelques heures, squattant les dessous de table en silence.

Pomme, en petit bichon havanais qui se respecte, a un poil très fin et long.
Les quelques jours que nous venons de passer en Franche-Comté, elle et moi, sous l’aile protectrice de Celui qui m’accompagne, lui ont octroyé un statut de quasi liberté.
Là où nous allions, elle n’était pas en laisse, et répondait à la voix du Maître, accourant comme un lapin, la mine déconfite, lorsque ce dernier haussait le ton.

Joie, bonheur, liberté…
Seulement voilà.
De retour au bercail, j’ai rapidement réalisé que mon aventurière dégageait un fumet contrariant.
Entre la masse d’articles à écrire, les cartons de déménagement à gérer et trois anniversaires à fêter en fin de semaine, j’ai pris le temps d’avoir une conversation avec elle.

- Bon. Je suis ravie que tu te sois bien amusée, mais là, fini de rire. Très chère, parlons franc: je ne sais pas où tu as été rôder, mais tu sèmes derrière toi un parfum de fleur de fumier qui ne me plaît pas du tout. Donc, un bain s’impose.

Elle m’a regardée, outrée, mais s’est laissée prendre et déposer dans la baignoire sans protester.
Cinq minutes plus tard, elle ressemblait à une barbe-à-papa noire passée sous l’averse… et sentait délicieusement bon.
Je l’ai essuyée et ai sorti le sèche-cheveux, m’attendant au pire.
Comme je ne suis pas suffisamment en forme pour galoper à travers l’appartement derrière un chien dégoulinant, je lui ai laissé le choix:

- A toi de voir. Si tu veux attraper une broncho-pneumonie, je n’insiste pas. Mais si tu me laisses faire, tu auras un biscuit. Viens, Pomme.

A ma stupéfaction totale, elle est venue, s’est assise devant moi et m’a laissée la sécher.
Mieux encore, elle s’est couchée sur le sol, levant les pattes avec complaisance, s’étirant de tout son long, ouvrant la gueule pour avaler l’air chaud, souriant de contentement, se roulant sur le dos, appréciant visiblement l’exercice.
Mon chien aime les SPA!
Non pas les Sociétés Protectrices des Animaux, mais Sanitas per Aqua!
En quelques instants, j’avais devant moi une petite boule de poils soyeuse et pimpante, dégageant un parfum d’abricot.

En lui donnant son biscuit, j’ai souri:
- Tu es incroyable, toi… La prochaine fois, nous essayerons le hamam.
Elle a plongé son regard noir dans le mien.
Et elle n’a pas dit non.

Martine Bernier

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