Archive pour la catégorie 'Arts'

Les curieux titres d’Eric Satie

22 janvier, 2012

Jean Cocteau aimait beaucoup son ami compositeur Eric Satie.
Il disait de lui: « Satie, trop simple pour les oreilles accoutumées aux épices sonores ne vêt pas son génie, ne l’affuble d’aucun costume, d’aucun bijou. Son génie va nu, et sans la moindre impudeur. Aller nue pour la musique de Satie l’acte de pudeur par excellence. »

Avez-vous déjà remarqué que le compositeur n’était pas original uniquement dans sa musique?
Les titres de ses morceaux suivaient le diapason.
En voici quelques exemples…

- Trois Gymnopédies
- Trois Gnossiennes
- La Porte héroïque du ciel
- Deux pièces froides: Airs à faire fuir et Danses de travers
- Trois morceaux en forme de poire
- Trois Véritables Préludes flasques pour un chien
- Peccadilles importunes
- Trois valses distinguées du précieux dégoûté.
- Sonatine bureaucratique.
Plus je prends de l’âge, plus je me dis que Satie était à la musique ce que Magritte fut à la peinture!

Martine Bernier

La provocation de Diego Rivera

21 janvier, 2012

Diego Rivera, célèbre peintre mexicain et politicien engagé, a vécu durant sa vie des événements parfois… contrariants.
Comme celui-ci.
En 1948, il termine une fresque « Sunday in the Alameda », destinée à la salle à manger du nouvel hôtel Del Prado.
Elle présentait l’historien Ignacio Ramirez tenant un livre ouvert.
Jusque-là, tout allait bien.
Léger détail pourtant: sur le livre étaient écrits les mots « Dios no existe ».
Pour l’artiste, c’était une évidence qu’il répétait souvent: Dieu n’existait pas à ses yeux, et il tenait à le faire savoir, ajoutant volontiers: « Je ne crois pas en Dieu, mais je crois en Picasso ».
Ce qui, évidemment, n’était pas du goût de tout le monde….

Furieux, l’archevêque L. M. Martinez refusa de bénir le bâtiment, tandis qu’une bande de jeunes envahissait la salle pour gratter au couteau les mots provocateurs.
Rivera, qui avait du caractère décida de rétablir le texte à l’aide d’un stylo, ce qui provoqua l’ire des étudiants de Mexico qui menacèrent de l’effacer aussi souvent que le peintre le réécrirait.
Fort ennuyée, la direction de l’hôtel fit couvrir la fresque, le temps de réfléchir à son sort.
Rivera, devenu indésirable, se vit refuser l’entrée d’un cinéma, et eut à subir la mise à sac de sa maison par des vandales.

Finalement, un prêtre qui demanda à garder l’anonymat, vint bénir discrètement l’hôtel.
L’hôtel avait eu ce qu’il souhaitait: bénédiction et publicité.
Quand à Diego Rivera, il n’a pas reculé d’un pouce.

 

Martine Bernier

Les frères Le Nain, témoins de leur siècle

18 janvier, 2012

 

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Ils étaient trois frères, nés à Laon (France), les frères Le Nain: Louis, en 1593, Antoine, en 1588 et Mathieu en 1607.
Leur particularité?
Ils ont consacré toute leur vie à la peinture, habitant tous trois Paris en 1630.
A tel point que, restés célibataires, il sembleraient qu’ils ne se soient jamais quittés jusqu’en  1648, date de la mort de Louis et d’Antoine.

Tous trois étaient à ce point indissociables qu’ils ont signé certaines toiles uniquement de leur nom de famille.
Il était quasiment impossible de définir qui avait peint quoi.
Ce qui empêche l’identification précise de ces tableaux, mais donne à penser qu’ils collaboraient étroitement entre eux.
Des tableaux à six mains, toutes issues de la même fratrie!

C’est à Louis que l’on attribue leurs peintures les plus célèbres où il a représenté des scènes de la vie paysanne.
Antoine était spécialisé dans les miniatures, tandis que Mathieu brillait dans l’art des portraits.
C’est sans doute ce qui lui valut de devenir le peintre officiel de Paris en 1633.

Antoine, Louis et Mathieu avaient une autre particularité.
Ils refusaient  d’exploiter l’anecdotique, préférant exalter le quotidien.
C’est sans doute ce qui me touche le plus dans ce tableau, « Visite à la grand-mère », que Louis a peint entre 1645 et 1648 et qui se trouve au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (Russie).
Les  vêtements usés des personnages ne font pas d’ombre à la majestueuse grand-mère et aux merveilleux visages des enfants.
Une peinture subtile, respectueuse et belle qui ont fait des trois frères des témoins de leur époque qui me touchent encore aujourd’hui.
Je me demande souvent comment Mathieu, dernier survivant de la fratrie, a pu supporter la disparition de ses frères, la même année…
Il ne lui restait plus que son art…
Martine Bernier

 

 

Ernest Biéler: belle transition à la Fondation Gianadda

8 janvier, 2012

Ernest Biéler: belle transition à la Fondation Gianadda dans Arts Cat116_La_lecon_de_tricot-220x300(La leçon de Tricot, Ernest Biéler)

 

Je n’étais plus retournée à la Fondation Gianadda depuis le décrochage de l’exposition Monet.
Et je me demandais quelles toiles pourraient prendre le relais sans nous laisser sur notre faim.
Le choix et la cohérence des expositions est tout un art en soi…
Quand Celui qui m’accompagne m’a proposé de nous y rendre, en ce dimanche matin, pour aller découvrir les oeuvres d’Ernest Biéler, j’ai évidemment accepté.

Ernest Biéler… je connaissais quelques-uns des tableaux de ce peintre suisse, mais pas suffisamment pour pouvoir me faire une idée réelle de  son talent.
Connu pour avoir peint les « têtes » valaisannes de Savièse, il est devenu le chantre de ce coin de pays dont il a fixé les traditions et les costumes sur la toile avec simplicité, poésie, puis au fil du temps, avec un réalisme de plus en plus appuyé.
La rétrospective qui lui est consacrée révèle un excellent  portraitiste, bien sûr, mais ouvre aussi les portes de toutes les facettes de son travail artistique.
L’intérêt repose, justement, sur la variété des styles utilisés.

Ernest Biéler a vécu de son art.
Né à Rolle (Vaud) en 1863, dans une famille aisée qui lui a fait bénéficier d’une éducation le dotant d’une solide base culturelle, il a toujours fait preuve d’une attirance et d’un don pour le dessin.
C’est donc tout naturellement qu’il a pris le chemin de la peinture.
Ses toiles sont délicates, les femmes y ont des teints de porcelaine, leurs vêtements, les tissus sont peints avec un soin et un goût du détail remarquables.
J’aime ces tableaux raffinés…

L’installation du peintre à Savièse marque un tournant dans sa peinture.
Dans ce monde rural, il se sent bien… et il peint les scènes de la vie quotidienne villageoise, les visages, les ambiances…
Et une fois encore, les visages attirent le regard,avec leurs expressions fascinantes, leur force, leur vivacité.

Parmi tous les tableaux présentés, j’en ai aimé beaucoup.
Et tout particulièrement « La Leçon de Tricot ».
Regardez l’expression du regard de la mère contemplant sa fille, la minutie avec lequel ont été peints les motifs de son foulard, notamment.
Ce même souci du détail se retrouve dans chaque tableau, dans chaque coiffe, chaque pli, chaque frisure.
Comprenez-vous pourquoi il est difficile de rester insensible à de talent-là?

Martine Bernier

L’exposition Ernest Biéler  est à visiter à la Fondation Gianadda de Martigny jusqu’au 26 février 2012.

Des vitraux signés Hans Erni arrivent à Martigny, grâce à Léonard Gianadda

30 décembre, 2011

Des vitraux signés Hans Erni arrivent à Martigny, grâce à Léonard Gianadda dans Actualite phpThumb_generated_thumbnailjpg-223x300

En Suisse, la ville de Martigny (Valais) devient un joyau…
Elle abrite déjà  ses ruines romaines, son amphithéâtre antique, la Fondation Gianadda, ses expositions magnifiques, son Jardin des Sculptures, des sculptures installées sur les ronds-points…
Dès janvier 2012, son patrimoine culturel s’enrichira encore, avec la présence, au Temple réformé de la ville, de vitraux signés Hans Erni.
Cet artiste reconnu d’aujourd’hui 102 ans, homme délicieux, humaniste,  au talent à la fois  puissant et raffiné, a été approché par Léonard Gianadda qui finance le projet.
L’histoire est jolie…
Lorsque, il y  50 ans, Léonard Gianadda a épousé sa femme, Annette, de  confession protestante, ils avaient dû se rendre dans le canton de Vaud car le temple local ne pouvait pas recevoir une cérémonie digne de ce nom.

Depuis, l’édifice a été rénové.
Ne restait qu’à lui offrir des vitraux, ce qu’a décidé de faire cet amoureux des Arts, en contactant son ami Hans Erni.
Durant l’été, ce dernier a réalisé trois dessins, qui ont été agréés par le pasteur des lieux.
Le temple se verra donc offrir non pas un mais trois vitraux, réalisés à Reims, par l’atelier Marq.
Le premier vitrail, toujours à l’atelier, est déjà terminé.
Il représente une femme tenant son enfant dans ses bras.
La colombe, chère à l’artiste, est intégrée à l’oeuvre.
Les deux autres vitraux, toujours en cours d’élaboration, représenteront un taureau et un homme avec un cheval.

Les oeuvres d’Erni prendront place dans le temple à la mi-janvie 2012.
Elles attireront sûrement de nombreux visiteurs qui n’auraient sans doute jamais visité le temple sans cela.

Quel cadeau…

Léon Missile et l’art urbain

28 décembre, 2011

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Il se fait appeler « Léon Missile », et apparaît cagoulé sur les photos de lui.
Depuis un an, il s’adonne à son art au nez et à la barbe des autorités lausannoise, sans pour autant se livrer à des tags ou des déprédations sur les murs.
Ses supports à lui, ce sont les panneaux publicitaires.
Il y réalise de dessins à l’encre de Chine représentant des paysages urbains.
Le mystérieux personnage intrigue, ses oeuvres plaisent.
Il est en passe d’acquérir une petite notoriété basée autant sur son talent que sur sa démarche d’artiste « sauvage ».
Un livre de photographies de son travail a même été mis en vente à la Galerie d’(A).
Léon Missile dessines (plutôt bien, d’ailleurs!) les monuments et autres bâtiments de la ville.
Du  Street Art, comme je les aime…

Jugez vous-même!

 

Martine Bernier

 

 

Faussaire… en musique

13 décembre, 2011

Lorsque l’on prononce le mot « faussaire », la première pensée qui nous vient est celle d’un personnage copiant des tableaux célèbres.
Et bien non… les faussaires copient tout et n’importe quoi.
C’est même un fléau en ce qui concerne l’industrie et le commerce.

Et puis, il y a des faussaires hors du commun, comme le fut Fritz Kreisler (1875 – 1962).
Ce célèbre violoniste viennois était un interprète de génie, dit-on.
Mais il était aussi un faussaire de grand talent.Il estimait que le répertoire de pièces pour violon était insuffisant pour lui permettre de pouvoir exprimer tout son talent.
Don, il décida de l’étoffer à sa manière…
Dès les années 1890, il écrivit des pièces de musique qu’il attribua à des compositeurs peu connus à l’époque, comme Couperin, Pugnani, Francoeur, Porpora… et même Vivaldi!

Il prétendait avoir découvert les manuscrits dans divers monastères ou bibliothèques de Rome, Florence, Venise et Paris.
Les critiques n’y ont vu que du feu, qualifiant ces musiques de petits chefs-d’oeuvre.

Et puis, en 1935, Fritz Kreisler reconnut sans se troubler, la paternité de ces brillantes contrefaçons au cours d’une interview, accordé au New York Times.
Si elle souleva une tempête d’indignation, il n’y eu aucune sanction…

Martine Bernier

Dominique Rougier: Le blog d’un artiste!

9 décembre, 2011

Dominique Rougier: Le blog d'un artiste! dans Arts thumbs_29-10-2011-1731-55

Voici un bon moment maintenant que je vous parle de Dominique Rougier et des dessins qu’il réalise.
Au stylo bille, il croque les visages de ceux qu’il croise.
Pas forcément les beaux, les lisses, non.
Il dessine ceux que la vie a marqués, saisit une émotion, un sentiment, un regard, une pensée.
C’est souvent poignant, émouvant.
Les imperfections, tout ce qui fait que l’humain est humain, les regards lumineux ou tristes, les traits harmonieux ou pas, les visages cabossés par la vie: la galerie de portraits a un côté fascinant…

Grâce à Walter Vandenplas, un homme épatant qui a été sensible à son talent, Dominique a aujourd’hui un blog où il présente ses dessins.
Je ne pouvais laisser  passer ce petit événement sans le signaler: allez visiter l’atelier virtuel de mon ami de Giverny!
J’aime me balader entre les pages de ce blog où tout est émouvant, des dessins aux peintures en passant par les photos, le choix des musiques et les pensées égrenées…

 

Martine Bernier

http://dominique-rougier.com/

Liu Bolin ou l’art de l’invisibilité

30 novembre, 2011

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Photo: parisbeijingphotogallery

Connaissez-vous Liu Bolin?
Cet artiste chinois développe une technique surprenante: celle du caméléon.
Il arrive à se camoufler de telle façon que, lorsqu’est prise la photo le représentant devant un théâtre, un rayonnage de sodas ou de journaux, un drapeau ou n’importe quel autre lieu ou objet, il est littéralement fondu dans les éléments du décor.

Les Européens l’ont découvert lorsqu’il s’est rendu à Paris, puis en Italie pour donner une nouvelle dimension à son travail.

Mais qui est cet étonnant personnage?
Né en 1973 dans la province de Shandong, dans l’est de la Chine Liu Bolin a décroché un diplôme de l’académie des Beaux-Arts de sa province, puis une maîtrise de l’Académie Centrale des Beaux-Arts dans le département sculpture.

C’est d’ailleurs en sculpture qu’il a effectué ses premiers pas d’artiste, avant de travailler sur la série « Hide the city », en transformant son corps en sculpture vivante.
Depuis qu’il a choisi cette voie insolite, son prestige ne cesse de grandir.
Il parcourt le monde et les plus grandes villes pour relever de nouveaux défis: se fondre dans les façades les plus inattendues, et exposer ses oeuvres dans les galeries de Venise, Bruxelles, New York, Barcelone, Miami, Pékin…

Son travail, sa précision sont sidérants.

Martine Bernier

Pour découvrir d’autres photos:

http://www.parisbeijingphotogallery.com/main/fr/liubolinworks.asp

Winston Churchill et son tableau

18 novembre, 2011

Lorsque l’on regarde un tableau représentant un portrait, il nous arrive de nous demander si le modèle ressemblait à l’image reproduite.
Dans la réalité, il est arrivé que les personnes dont les traits ont été représentés détestent leur portrait.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que celui de Winston Churchill peint par Graham Sutherland n’a pas fait l’unanimité.

Lorsqu’il l’a vu, Lords Hailsham, qui était un excellent ami de l’homme politique, a laissé tomber un mot: « Répugnant ».
Nye Bevan, lui a trouvé « l’oeuvre superbe ».
Mais comme il était un ennemi acharné du grand homme, il n’est pas sûr que son avis était encourageant…

Quant au principal intéresse, Winston en personne, il qualifia la toile « d’exemple remarquable d’art moderne ».
Or… il avait horreur de l’art moderne.
Tout comme son épouse, Lady Churchill.
En 1955, dix ans avant la mort de son mari, elle est allée chercher le tableau estimé à 300 000 dollars.
Celui-ci avait été remise à la cave, derrière une chaudière.
Lady Churchill l’a pris, l’a fracassé par terre et l’a jeté dans l’incinérateur.
Et comme un autre portrait de son époux, dû à son professeur de peinture, sir Walter Sickert, ne lui plaisait pas davantage, elle l’a troué d’un coup de pied.
Non mais!

Martine Bernier

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