Archive pour la catégorie 'Arts'

De Chirico en cadeau

11 juillet, 2011

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Des cadeaux comme celui-ci, on aimerait en recevoir souvent!
Le Musée d’art moderne de la ville de Paris va hériter de 61 œuvres du peintre et sculpteur Giorgio de Chirico (1888-1978).
Comment cela, vous ne connaissez pas?
Mais si, voyons…
Cet artiste italien à l’univers si personnel, si énigmatique, dont une grande rétrospective au Musée d’Art Moderne avait fait couler beaucoup d’encre en 2008.
C’est le peintre de cette nationalité le plus connu du Xe siècle, novateur dans sa manière de peindre.
Tout ou presque est « anormal » dans ses oeuvres, depuis la couleur de ses ciels verts ou jaunes, à la disproportion des sujets en passant par les ombres interminables.
De Chirico ne se comprend pas, il se reçoit, se ressent.

Et bien figurez-vous que la Fondation Giorgio-et-Isa-de-Chirico a accepté de remettre à la ville 30 peintures, 20 dessins et 11 sculptures du peintre, conformément au testament de la veuve de l’artiste.
Il a fallu longtemps pour trouver un terrain d’entendre, mais un accord a été trouvé entre la municipalité et la Fondation.
Mais pourquoi les oeuvres d’un peintre italien sont-elles offertes à Paris, me direz-vous?
Parce qu’il y a vécu entre 1911 et 1915, et y a créé ses toiles « métaphysiques » pour lesquelles le Tout-Paris d’avant-garde avait eu un grand coup de coeur.
Apollinaire et Picasso avait aimé son travail, mais il avait ensuite été très décrié par ces surréalistes qui l’avaient adoré.

Qu’importe: il a suivi son chemin, a peint comme il l’entendait.
Et c’est tant mieux.

Martine Bernier

Fondation Gianadda: Monet en son royaume

26 juin, 2011

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J’en rêvais…
Une semaine après son accrochage à la Fondation Gianadda de Martigny (Suisse), nous allions visiter l’exposition consacrée à Monet: « Monet au Musée Marmottan et dans les collections suisses ».

Des expositions consacrées au peintre de Giverny, j’en ai vu beaucoup, toutes plus belles les unes que les autres.
Je possède un nombre insensé de livres qui lui sont consacrés, de documents, de reproductions.
Après avoir visité la splendide rétrospective au Grand Palais, l’année passée, à Paris, je me demandais comment Léonard Gianadda allait bien pouvoir faire pour ne pas décevoir, pour ne pas être un cran en dessous.
Il m’avait dit, au téléphone, voici quelques mois: « Vous verrez, il y aura beaucoup de toiles de Giverny ».

Il n’a pas menti.
Ce matin, en pénétrant dans sa fondation, j’ai ressenti une émotion immense.
Nous avons passé plusieurs heures, Celui qui m’accompagne et moi, dans les lieux.
L’exposition est admirable à plus d’un titre.
Les toiles exposées sont remarquables et couvrent toutes les facettes de l’inspiration de Monet.
Beaucoup de nymphéas, parmi les plus beaux, la gare St Lazarre, Vétheuil, Etretaz, la cathédrale de Rouens qu’il a peinte à plusieurs heures du jour pour en saisir les différentes couleurs liées à la lumière changeante, les saules pleureurs, les jardins, Pourville, les coquelicots, les iris, les paysages d’eau, la Tour de Londres…
Parmi les tableaux que je n’avais jamais vu de visu, j’ai découvert un magnifique portrait de femme à la craie rouge, la superbe « Barque », le très abouti « Jardin de Vétheuil » ou les « Tuileries »…
Une merveille à chaque pas: la visite est d’une richesse exceptionnelle.

Le tour de force consistant à réunir autant de chef-d’oeuvres est remarquable.
Cerise sur le gâteau, l’exposition est complétée par une autre, consacrée à la collection d’estampes japonaises collectionnées par Monet, grand amateur de talents d’autrui.
Il partageait cette passion pour les estampes avec Clémenceau, lui-même grand connaisseur.

Nous avons poursuivi la visite en allant revoir le pavillon consacré aux machines et Léonard de Vinci et en flânant dans le jardin des sculptures.
En allant vers le pavillon, nous avons croisé Léonard Gianadda et son épouse.
J’ai simplement été le remercier et le féliciter pour l’honneur qui lui a été fait.
Lors du vernissage de l’exposition, il a été nommé Commandeur de la Légion d’Honneur par le président de l’Assemblée nationale française, Bernard Accoyer.
Il le mérite largement…
Déplacez-vous à Martigny: vous serez immergés dans l’univers lumineux de l’un des plus grands peintres.
Un festin de beauté…

Le reste de la journée a été au diapason de la matinée.
Une journée parfaite…

Martine Bernier

L’exposition est ouverte jusqu’au 20 novembre 2011

Le Douanier Rousseau: le petit devenu grand.

22 juin, 2011

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Pauvre Douanier Rousseau…
J’ai toujours de la peine lorsque je pense à lui.
Il n’aura pas vu le jour où 65 de ses oeuvres ont enfin été accrochées au Grand Palais, le 7 janvier 1985.
65 sur les 250 dispersées à travers le monde.
Quelle belle revanche pour le petit « douanier (1844 – 1910) qui est sans doute l’un des artistes dont on s’est le plus moqué durant sa vie.
Lui, en revanche, a toujours opposé un calme olympien aux railleries, aux grossièretés dont on l’abreuvait, disait de lui son ami Guillaume Apollinaire.
Il a eu du courage car certains passages de sa vie ont été terribles.
Le peintre Vlaminck a un jour écrit ceci, parlant du 23e Salon des Indépendants, en 1907:
« Dans aucune comédie, dans aucun cirque, je n’ai entendu rire comme devant ces tableaux de Rousseau. Et lui, à côté, serein, drapé dans un vieux pardessus, nageait dans la béatitude. Il ne pouvait se douter un seul instant que ces rires lui fussent destinés. »

Orgueil ou inconscience?
Certains disent qu’il était surtout naïf et que la croyance imperturbable qu’il avait en son génie l’a protégé.
Sans cela, Henri Rousseau n’aurait sans doute pas pu supporter la vie misérable qui fut la sienne.

Il est né à Laval, le 20 mai 1844, d’un père ferblantier et d’une mère petite-fille d’un héros des guerres de la Révolution et de l’Empire.
Elle rêvait pour son fils d’un grand avenir.
Mais hélas, Henri était un cancre, un vrai de vrai.
En désespoir de cause, ses parents le place chez un avoué auquel il vole la somme de 10 francs qu’il lui a confiée, et 5 francs en timbres-postes.
L’avoué porte plainte.
Pour prouver ses bonnes intentions à la justice, Henri s’engage pour sept ans dans l’armée.
Il n’en fera que quatre: sa mère devient veuve et le voilà démobilisé.
Il file à Paris, épouse Clémence, la fille de sa logeuse, avec laquelle il aura 7 enfants dont 6 mourront en bas-âge.
Comme il faut faire vivre sa famille, il entre dans l’Administration, comme commis de 2e classe à l’Octroi.
Un emploi modeste qui lui laisse beaucoup de loisirs.
Il commence donc à peindre… et n’arrêtera plus.

En 1893, Henri se retrouve seul.
Sa femme et tous ses enfants sont morts.
On lui accorde de prendre une retraite prématurée à l’âge de 49 ans pour qu’il puisse se consacrer à la peinture.
Mais vivre avec 1019 francs par an, c’est difficile.
Il donne donc des cours de solfège et de dessin, et se remarie avec une veuve… qui meurt quatre ans plus tard.
Son art n’est pas reconnu, mais il vend quelques tableaux.
Seulement… Henri est bon.
Dès qu’il a un peu d’argent, il le distribue aux pauvres.
Incroyablement naïf, il est entraîné par un ami escroc dans une sombre histoire de chantage à la Banque de France.
Et il se retrouve enfermé à la prison de la Santé…
Heureusement, le Tribunal juge qu’il a été abusé dans sa candeur, et le condamne à deux ans de prison avec sursis.
Rousseau, pareil à lui-même, le remercie par ces mots: « Et pour votre gentillesse, je ferai le portrait de votre dame! »

Autour de lui, un cercle d’amis se forme et on lui témoigne de l’admiration.
Parmi eux: Pissaro, Toulouse-Lautrec, Redon, Signac, Braque, Jules Romain…
Mais il ne peut profiter de cette notoriété tardive: en 1910, il meurt d’une blessure mal soignée à la jambe où la gangrène s’est installée.
Le 4 septembre, sept personnes accompagnent sa dépouille au cimetière de Bagneux où elle sera abandonnée dans la fosse commune.

Henri Rousseau n’a jamais été douanier.
C’est Alfred Jarry, le père d’Ubu, qui lui a donné ce surnom qu’il a gardé.
Plusieurs légendes circulent sur lui.
On le dit aventurier, il prétend avoir passé sept ans au Mexique comme musicien dans la fanfare du corps expéditionnaire.
Mexique où, disait-il « il a eu la révélation de la jungle ».
Plus prosaïquement, Rousseau n’a jamais quitté la France et a fait son service à Angers.
Ses lions et ses tigres, il les a peints d’après un album pour enfants « Bêtes Sauvages ».
Son chef-d’oeuvre « La Guerre » a été copié sur une lithographie du journal l’Ymagier.
Il copiait partout, décalquait…
Et chaque année, on se moquait de lui au Salon…
On se souvient, en 1908, du banquet organisé par Picasso au Bateau Lavoir en l’honneur de Rousseau.
C’était en fait un canular auquel ont participé plusieurs personnalités.
Le peintre y avait été ridiculisé.

Et pourtant…
Après sa mort, les surréalistes ont été fascinés par son oeuvre.
C’était un peintre du dimanche, dit-on?
Qu’importe: il apportait une innocence rafraîchissante dans l’art graphique…

Martine Bernier

Evian:Splendeurs des collections princières du Liechtenstein… le petit violoniste

19 juin, 2011

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Lorsque nous avons su que le Palais Lumière d’Evian accueillait pour la première fois en France les chefs d’oeuvre issus du Liechtenstein museum de Vienne, nous n’avons pas tardé à y aller.

Peinture flamande et italienne: de très grands artistes étaient exposés.
Vand Dyck, Rembrandt, Rubens, un très beau Brueghel toujours passionnant à découvrir: les grands noms étaient au rendez-vous.

Pourtant, ce ne sont pas eux qui m’ont marquée le plus.

Juste en haut de l’escalier qui descendait vers la partie inférieure de l’exposition, je suis tombée en arrêt devant un petit tableau peint sur bois, signé Gerard Dou (1613 – 1675): « Le violoniste ».
Une merveille à voir absolument, de ce peintre néerlandais qui avait la particularité de peindre des tableaux de petits formats, très proches du style de Rembrandt.
Ses motifs sont souvent peints sur des panneaux de bois surmontés d’un encadrement en forme d’arc.
Ici, le violoniste semble sortir du tableau.
Un petit chef-d’oeuvre…
Tout est superbe, depuis le personnage principal en passant par les pages de son livre de partitions, le drapé du tapis sur lequel il est appuyé, la scène du fond mettant en présence deux personnages.
J’ai eu un coup de coeur immense pour ce peintre que je vais m’empresser d’étudier de plus près.

Autre curiosité de l’exposition: les petits tableaux sur cuivre du viennois Franz Christoph Janneck (1703 – 1761).
Il peignait de petites scènes pittoresques, délicates et raffinées, minutieuses, remplies de détails.

Un autre temps d’arrêt devant les toiles de Friedrich von Amerling (1803 – 1887), et particulièrement devant son « Portrait d’Elise Kreuzberger » à la beauté sublimée…

Une exposition remplie de surprises à découvrir jusqu’au 2 octobre 2011 tous les jours de 10h30 à 19 heures (lundi de 14h à 19h)

Martine Bernier

Vie miniature dans notre nourriture

13 juin, 2011

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Christopher Boffoli est photographe.
Un photographe qui ne manque pas d’idées puisqu’il a créé un monde à lui tout seul.
Dans sa série de photos « Disparity Miniatures », il a mis en scène de petites personnages dans des décors dont les principales composants sont des aliments.
Dans ce monde miniatures, ils vivent tous les gestes de la vie quotidienne dans des lieux insolites et très drôles.

Vous pouvez y voir des hommes d’affaires sur des kiwis, des retraités sur une salade, un homme chipant la crème d’un biscuit à la pelle, des gamins s’adonnant à une partie de boules de neige sur un biscuit en coco, des hommes grenouilles s’apprêtant en plonger dans une tasse de thé, un homme ratissant la moutarde d’un hot dog, des cyclistes faisant du vélo sur une banane, des ouvriers parmi des grains de café,des bûcherons de crayollas, des brancardiers sur du poisson pâné, un couple s’enlaçant dans un coquillage, un homme à cheval sur un frite, un guitariste lançant la chansonnette assis sur le bord d’une tasse de café, des ouvrier travaillant sur des fraises ou des brocolis et bien d’autres.

Je ne sais pas si c’est vraiment de l’art, mais c’est léger et amusant!

Martine Bernier

La Grande Odalisque et ses imperfections

9 juin, 2011

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Saviez-vous que certains tableaux très connus ne sont pas parfaits pour autant?

Nous sommes au début du XIXe siècle.
La campagne d’Egypte de Bonaparte, suivie de la guerre d’indépendance menée par les Grecs, représentent une stimulation énorme pour les poètes et les artistes en quête d’un Orient rêvé.
Aujourd’hui, la célébrité du tableau d’Ingres « La Grande Odalisque », admiré de toutes parts est établie.
Mais à sa présentation, au Salon de 1819, elle déclencha une hostilité inimaginable.

L’oeuvre était audacieuse, et… plutôt étrange sur le plan de l’anatomie.
Ce qui a déclenché une vague de commentaires acerbes:
« Les bras sont d’une maigreur choquante »
« Cette cuisse gauche s’égare imprudemment vers les côtes »
« Son odalisque a trois vertèbres de trop! »

Or, Ingres a voulu ces déformations.
Les croquis qu’il a pris au départ étaient parfaits.
C’est au moment de peindre qu’il a introduit les déformations qu’il introduira ensuite dans plusieurs de ses tableaux.
Ce qui l’a fait huer à ses débuts a signé sa gloire…

Martine Bernier

Renoir: le peintre intime

2 juin, 2011

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Pierre Auguste Renoir (1841 – 1919) était le fils d’un modeste artisan.
Extrêmement doué, il débuta dans la peinture dès l’âge de 13 ans.
Plus tard, il peignit des paysages en compagnie de son ami impressionniste, Claude Monet.
Mais il aimait aussi et surtout peindre des portraits, des scènes familières de ses proches.

Cet incroyable travailleur a réalisé plus de 6000 tableaux.
6000… vous rendez-vous compte?
Et savez-vous pourquoi ils interpellent toujours ceux qui les regardent, outre la remarquable technique de celui qui les a créés?
Parce que Renoir avait un thème principal sur lequel il a consacré son oeuvre: la vie privée du XIXe siècle.
Il a tout peint: la vie à la maison, en famille, le quotidien, l’amour, les plaisirs populaires, comme dans « Le Bal du Moulin de la Galette ».
Il a laissé une image gaie et heureuse, joyeuse et légère, de cette buvette de Montmartre que prolonge une piste de danse prise d’assaut par des ouvriers et des employés.
De ces années lointaines, le peintre a laissé une sensation d’optimisme et de douce insouciance qu’il nous arrive d’envier lorsque l’on contemple ses tableaux.
Ce peintre sensible a été un merveilleux témoin de son siècle.
Martine Bernier

Jean-Marc Lattion: Le Maître de l’acier

31 mai, 2011

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Jean-Marc Lattion a créé un monde fantastique, peuplé d’œuvres en métal façonnées au feu de sa forge ou de son chalumeau. Et a transformé en art un métier délaissé.

Lorsque vous demandez à Jean-Marc Lattion s’il est ferronnier ou artiste, il répond qu’il est sculpteur. À première vue, son atelier de Colombey (VS) ressemble à un lieu de travail classique, parsemé de machines et d’outils. Mais à y regarder mieux, le local est rempli de merveilles. Des chats élégants, des statuettes, du mobilier tout droit sorti d’un film fantastique: le tout, inclassable, ressemble à celui qui les a créés.
Jean-Marc Lattion est un personnage. Jeune homme, il entame des études d’ingénierie en mécanique qu’il délaisse au bout de quelques trimestres, déçu par l’atmosphère estudiantine. Il devient programmeur informaticien, mais étouffe dans son métier. « Je voulais une liberté totale, explique-t-il. Mai 68 était passé par là, et je ne voulais plus recevoir d’ordre de qui que ce soit. En regardant mon oncle, ferronnier, forgeron et maréchal-ferrant, j’avais appris les bases de son métier dès l’enfance. J’ai décidé peu à peu de me mettre à mon compte comme ferronnier d’art. »
Il fallait oser… L’homme est marié, père de trois enfants, et le métier est en voie de disparition. Rares sont les personnes qui apportent encore des outils à réparer. En 1976, il débute en réalisant quelques décorations pour les maisons et… une sculpture de chauve-souris commandée par un particulier. Le défi lui plaît. Il réalise un croquis et signe sa première œuvre.

Un monde imaginaire

Le travail du métal, pourtant pénible et long, le passionne. Il met au point une méthode novatrice qui lui permet de chauffer et de travailler le métal au chalumeau et non plus à la forge qu’il utilise de moins en moins.
Réalisées avec du matériel de récupération, ses œuvres sont impressionnantes, sorties en droite ligne de son imagination débordante. Sa dextérité à travailler le fer, l’acier ou l’aluminium est telle qu’il arrive à donner l’illusion qu’il recouvre ses tables d’un tissu noir, alors qu’il s’agit d’un effet de drapés en métal aux plis étrangement fluide. Ses chaises sont conçues autour de sièges de vieux tracteurs, qu’il recherche toujours dans le but de leur offrir une nouvelle vie. Un objet qui passe dans ses mains est doté d’une deuxième vie, marqué de sa griffe. Cet homme calme, indépendant et cultivé transcende le métal qu’il façonne pendant des jours entiers avec une patience infinie. Pour le clocher de l’église de Trois Torrents, il vient d’achever une croix surmontée d’un coq en trois dimensions, qu’il dévoilera dans le courant du printemps lors d’une exposition qui sera organisée sur son lieu de travail.

Inspiration d’Art brut

À l’extérieur de son atelier, le Jardin des Sculptures qu’il a commencé à installer est un enchantement. Des chats monumentaux de plus de trois mètres, racés et stylisés, voisinent avec une « Grande Femme » qui rappelle l’œuvre du même nom signée Giacometti. Qui la rappelle seulement: il ne s’agit pas de copies. Se contenter de comparer les sculptures de Jean-Marc Lattion avec celles des artistes qu’il admire serait réducteur. Très proches de l’art brut, toutes sont dotées d’une personnalité propre, aussi forte que celle de leur créateur. Belles, malicieuses, émouvantes, fantaisistes ou sobres, elles arborent fièrement leurs formes et cette patine de rouille qui, de loin, leur donne l’apparence du bois.
Ferronnier d’art… Sous le couvert de ce métier perdu, Jean-Marc Lattion transforme la matière, crée des bougeoirs, des luminaires, des décorations, du mobilier. Même s’il ne roule pas sur l’or, le sculpteur est heureux et déclare que si c’était à refaire, il exercerait le même métier, mais sans doute plus tôt. En n’oubliant jamais la définition qu’un prêtre lui a un jour donnée de sa profession: « ferronnier, c’est celui qui travaille le fer avec amour. » Amour et talent.

Pourquoi ai-je à ce point été touchée par le travail de cet homme?
Parce qu’il fait partie de ces milliers d’artistes méconnus ou inconnus, qui créent des merveilles un peu partout dans le monde, discrètement, sans que les médias ne leur accordent la place qu’ils mériteraient.

Martine Bernier

Du 6 au 11 juin 2011; de 14 à 21 heures, vous pouvez rendre visite à Jean-Marc Lattion route de Collombey-le-Grand- 5, 1868 Collombey (Suisse)
Il vient de terminer la croix et le coq-girouette qui orneront le clocher de l’Eglise de Troistorrents, en Valais.
Il présentera le fruit de ce travail délicat qui a demandé des mois de travail au cours d’une exposition à découvrir chez lui!

Délicat Raphaël

9 mai, 2011

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Comme pour tous ceux qui disent n’avoir jamais écouté de musique classique mais qui, pourtant, reconnaissent des morceaux incontournables entendus jusque dans un parking, même les personnes avouant ne rien connaître à la peinture ont vu certaines d’entre elles.
Parmi ces oeuvres , ces anges de Raphaël, qui sont un détail de la Madone Sixtine.

Tous les écrits retrouvés sur ce peintre (1483-1520) parlent de sa belle apparence, de sa courtoisie et de sa bonne conduite.
Raphaël était ainsi: gracieux, aimable et délicat, comme l’était sa peinture.
Il devint ainsi le peintre préféré du pape Jule II qui l’envoya à Rome pour décorer ses appartements.
Il y a réalisé des oeuvres de génie.
Les commandes pontificales sont, dès ce moment, devenues le coeur de son activité.
Parmi elles, la « Madone Sixtine », commandée pour en faire don au couvent de la ville de Plaisance, qui avait prêté allégeance à la papauté.
Avec son art consommé à maîtriser les lignes du dessin, Raphaël a peint ces angelots aujourd’hui célébrissime.
Ils semblent s’être échappés des nuages…
Leur présence apporte à l’oeuvre une touche de douce légèreté.
Mais cette oeuvre, au fond… l’avez-vous déjà vue au complet?
Les anges sont si célèbres qu’ils ornent aujourd’hui des éléments de décorations, des objets usuels, des cartes postales.
La Madone, elle, est moins connue.
Rendons à Raphaël ce qui lui appartient: voici les anges dans leur contexte…
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Martine Bernier

L’énigmatique « Ménines » de Velazquez

4 mai, 2011

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Ne passez pas devant un tableau sans le regarder vraiment.
Il arrive que certains d’entre eux soient de véritables énigmes.
Comme « Les Ménines », que Diego Velazquez (1599-1660) a peint quelques années avant sa mort, et que vous pouvez voir au musée du Prado, à Madrid.
Il est considéré comme le plus complexe et le plus mystérieux de ses portraits.
Lui qui fut le peintre officiel de la cour de Philippe IV d’Espagne a représenté la fille du roi, l’infante Marguerite, âgée de cinq ans.
Elle se trouve au milieu de la scène, entourée de ses demoiselles d’honneur appelées les ménines.
Simple?
Non.
Le peintre s’est livré à un jeu trompeur avec la perception que nous pouvons avoir de son tableau et des relations entre les personnages.
Lui même s’est représenté à gauche, peignant une grande toile.
Mas il n’y peint pas l’infante puisqu’il se trouve derrière elle.
Qui peint-il, dans ce cas?
La réponse se trouve dans le miroir placé au fond de la pièce: il reflète le roi et la reine, posant pour lui… et occupant la place des spectateurs que nous sommes.
Leur fille n’est entrée dans la pièce que pour les regarder.
Ce tableau est d’une intelligence et d’une complexité sidérantes.
Et est pour moi l’une des démonstrations de la richesse des toiles de ce siècle…

Martine Bernier

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