Archive pour la catégorie 'Arts'

Pompéi en danger

29 janvier, 2011

C’était en novembre dernier, souvenez-vous.
L’un des bâtiments mythiques du site de Pompéi, la maison des gladiateurs, s’était effondré, plongeant le monde dans la consternation.

Manque de fonds pour entretenir les lieux, coupes budgétaires dragstiques, bureaucratie italienne très compliquée, tout avait été mis en cause.
Quand un budget attribué à la culture passe, dans un pays, de 7 milliards d’euros en 2008 à 5 milliards d’euros en 2010 (soit 0,21% du budget national italien), il est clair que les musées en souffrent.
Les spécialistes redoutent que d’autres sotes soient mis en péril par manque de moyens.
Mais, à Pompéi, on s’étonne.
Aucun investissement n’a été effectué pour prévenir les effondrements, souligne Jean-Michel Tobelem, directeur de l’Insitut d’étude et de conseil Option Culture, dans une interview accordée à l’excellent Arts Magazine.
Mais, en revanche, le même Pompéi pour lequel tremblent les experts s’est doté d’animations audiovisuelles flambant neuves.
Cherchez l’erreur…

Martine Bernier

 

Les fleurs humaines

22 janvier, 2011

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Cela s’appelle la « Danse du Bouddha aux Mille-Mains Guanyin ».
L’une de mes amies m’a dernièrement envoyé ce lien en me conseillant de le regarder jusqu’au bout et en me donnant quelques précisions.
La coordination serrée exigée par cette danse étonnante rend l’accomplissement des danseuses stupéfiant.
D’autant plus stupéfiant que les 21 danseuses de ce groupe sont complètement sourdes et muettes.
Pour réaliser cette chorégraphique d’une précision extrême, elles se basent uniquement sur les signaux de leurs entraîneurs dissimulés aux yeux du public.
J’ai été fascinée par la complexité visuelle de ce spectacle qu’elles ont proposé pour la première fois sur la scène internationale lors de la cérémonie de fermeture des Jeux Para-Olympiques de 2004.
La vidéo proposée ci-dessous a été enregistrée à Pékin pendant le Festival du Printemps.
Regardez…

Martine Bernier

http://www.youtube.com/watch?v=xgHmSdpjEIkhttp://www.youtube.com/watch?v=8LLEKhB7n0k

Gianadda: De Renoir à Szafran, une exposition lumineuse

27 décembre, 2010

Somptueuse…
L’exposition actuellement proposée à la Fondation Gianadda est tout simplement somptueuse.
Provenant d’une collection privée dont le propriétaire souhaite conserver l’anonymat, les tableaux exposés correspondent aux goûts personnels de Léonard Gianadda, et, semble-t-il, à ceux du public.
« De Renoir à Sam Szafran » recèle des trésors.

Découvrir la fondation le jour de Noël est privilégié.
Peu de monde, le jardin des sculptures figé par le gel hivernal, et le loisir de découvrir sans cohue les merveilles accrochées dans ce lieu que, décidément, j’aime toujours davantage.

Fidèle à mon éternel coup de coeur, je ne peux nier que le « Nymphéa » de Monet exposé dans la partie centrale méritait pour moi à lui seul le déplacement.
Mais retrouver Sisley, Boudin, Renoir, Berhe Morisod, les tableaux lumineux de Paul Signac et de Maximilien Luce, de superbes Pissaro, Maurice Denis, Sérusier, Vuillard, Dufy, Chagall, Modigliani et bien d’autres est un enchantement.
Présentés à l’arrière de l’exposition, quatre pastels de Sam Szafran complètent magistralement l’ensemble.

Une exposition magnifique, solaire, pour terminer l’année en beauté en attendant la suivante annoncée par la Fondation, consacrée à… Monet.

Martine Bernier

Xavier Veilhan: un magnifique artiste

18 décembre, 2010

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Il suffit que l’on prononce les mots « art contemporain » pour que certains se braquent immédiatement.
C’est compréhensible: sous ce vocable se cache souvent tout et n’importe quoi.
Xavier Veilhan fait partie de ces artistes contemporains.
Ceux qui ont eu la chance de passer par Versailles entre septembre et décembre 2009, ont compris que cet art d’aujourd’hui peut pousser au rêve…
Autant vous l’avouer: son oeuvre me fascine.
Il est l’un des rois incontestés de l’art actuel, que ce soit au niveau de la France ou sur le plan international.
Il travaille avec des supports multiples, s’intéresse à la modernité, les mécanismes, a un regard profondément original.
A travers ses créations, la symétrie et la perspective prennent un aspect magique, d’une beauté douce, jamais agressive, s’intégrant dans les espaces.

Je n’ai pu voir l’exposition de Versailles qu’à travers une vidéo.
Et j’ai été totalement séduite par le Gisant, la Lune, la Fonderie d’Aluminium, le Carrosse violet de 15 mètres de long.
De loin, il ressemble à un logo, sans relief.
De près, il révèle sa complexité géométrique.
De partout, en plein mouvement, il semble sorti d’un livre de conte de fée moderne,
Les chevaux galopent, le carrosse ressemble à celui du Roi Soleil.
C’est monumental et pourtant léger, aérien.

« La Lune », composée de 400 sphères fixées sur des tiges souples, ondoyante.
L’image recomposée est un formidable trompe-l’oeil…

Ces oeuvres exposées l’an dernier à Versailles ne sont qu’un petit aperçu du talent de l’artiste.
Il étonne, interpelle, séduit, émeut (il suffit de voir celle appelée « Sébastien » pour s’en convaincre).

Si l’art contemporain vous rebute, découvrez son travail.
Vous comprendrez que notre époque ne manque pas d’artistes.

Martine Bernier

La belle histoire de Iorgos

16 décembre, 2010

Vous connaissez peut-être cette histoire.
Elle fait partie de celles qui me plaisent beaucoup.

C’était en 1820.
Iorgos, paysan grec, travaillait dans son champ, sur l’île de Milo.
On imagine que c’était une journée comme une autre.
A un détail près…
Sa charrue a heurté plusieurs blocs de pierre.
En s’approchant, Iorgos a vu qu’il s’agissait de pierres taillées.
Il a donc creusé plus profondément et a découvert quatre statues: trois Hermès et une Aphrodite, déesse de l’amour.
Trois semaines plus tard, ayant eu vent de la découverte, plusieurs membres de l’expédition archéologique du duc de Choiseul ont débarqué sur l’île.
Ils ont rencontré Iorgos et lui ont acheté la statue d’Aphrodite qu’ils ont ramenée en France.
C’est Louis XVIII qui lui a donné un nom et qui l’a offerte au musée du Louvre où elle se trouve toujours.

En labourant son champs, Iorgos avait découvert la Vénus de Milo, devenue l’une des plus célèbres oeuvres d’art du monde.

Martine Bernier

Le mystère des Picasso inconnus

1 décembre, 2010

Le monde de l’art en est tout retourné, et pour cause: l’événement qui se déroule en ce moment est extraordinaire, dans le sens le plus pur du terme.
Des dizaines d’oeuvres non répertoriées de Pablo Picasso viennent d’être authentifiées.
Et ce n’est pas fini: 271 toiles signées du Maître seraient encore à examiner.
C’est ce qu’a révélé le quotidien Libération le 29 novembre dernier….
Depuis, la nouvelle fait le tour du monde.

Mais d’où sortent ces tableaux?
De nulle part ou presque, nous dit-on.
Ou plutôt d’un endroit où personne n’aurait imaginé qu’ils se trouveraient…
Tout a commencé par un courrier adressé en janvier 2010 à Claude Picasso, le fils du peintre, responsable de la Picasso Administration.
Il provenait d’un inconnu et demandait l’authentification de 26 oeuvres, photographies à l’appui, nous explique-t-on.
Personne n’en avait jamais entendu parler.
D’autres photos ont suivi, de qualité médiocre.
Finalement, un rendez-vous a été fixé en septembre avec l’auteur des lettres.
Et Claude Picasso a découvert… un couple de septuagénaires.
Lui est électricien à la retraite et a exécuté plusieurs chantiers dans les résidences du peintre, sur la Côte-d’Azur.
Avec son épouse, il a présenté 175 oeuvres, dont des collages cubistes très rares, des carnets de dessins, des esquisses….
Un véritable fond artistique, majeur pour l’histoire de l’art, estiment les spécialistes.

Le propriétaire de ce trésor a d’abord expliqué tant bien que mal le fait que ces oeuvres soient en sa possession, et pourquoi il n’a jamais révélé avoir connu le peintre qui, selon lui, lui aurait fait don de ce qu’il présente aujourd’hui.
Dans un deuxième temps, le couple est revenu sur son témoignage et a affirmé que c’est Jacqueline, la deuxième épouse du peintre qui leur en aurait fait cadeau.
Mais cette version, pas plus que la précédente, n’arrive à convaincre l’entourage de Picasso, qui souligne que ce dernier répertoriait la moindre de ses oeuvres.
Or, de celles-ci, aucune trace…

Une plainte a donc été déposée contre X pour recel.
Depuis le 5 octobre, le trésor repose dans une chambre forte de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels en attendant de rejoindre les oeuvres existantes et conservées du peintre.

Le couple, lui, garde désormais le silence.
L’histoire fascine…
Et le monde attend: quand ces oeuvres seront-elles révélées au public?

Martine Bernier

Art moins cher et un Degas retrouvé

28 novembre, 2010

Les spécialistes et la presse spécialisés le soulignent: suite à la crise qui a frappé le marché de l’art en 2009, celui-ci est devenu plus « mature ».
Le dernier rapport annuel d’Artprice, qui s’appuie sur les chiffres des ventes aux enchères, nous explique que l’art se vend toujours bien, mais moins cher.

Les oeuvres à moins de 10000 euros font ainsi un tabac.
Par la même occasion, les enchères millionnaires ont baissé, notamment chez les artistes dits « symboliques de l’ère bling-bling », comme Jeff Koose, Richard Prince ou Damien Hirst.
Les acheteurs les ont délaissés pour revenir à des valeurs plus anciennes de l’art contemporain.
Et ce pour moins cher, donc.

Chic, vont se dire les amoureux de l’art…
Ce dernier deviendrait-il plus accessible?
Oui oui…
Ainsi, à New York, en ce mois de novembre, « Le Nu assis sur un divan (La Belle Romain ») de Modigliani, a été venu pour… 69 millions de dollars, ce qui représente un chiffre record pour l’artiste italien.

Ah oui, c’est nettement plus abordable…

Tiens, je finis sur une bonne nouvelle, ce soir: une petite toile de Degas « Blanchisseuses souffrant des dents », a été retrouvée!
Elle avait été volée au musée du Havre en 1973.
Et retrouvée par hasard chez Sotheby’s, à New York, alors qu’elle allait être mise en vente.
Il serait facile de partir dans des « si » et des « comment? ».
Je dirai juste que je suis heureuse que ce petit tableau ait quitté le Musée de l’Invisible pour retrouver la lumière et les yeux du public.

Martine Bernier

Florence (2) Une journée idéale

16 octobre, 2010

Mon expérience des musées parisiens me l’a appris au cours de ces derniers mois: il faut se rendre tôt dans les grands musées pour éviter les foules.
Ce samedi, donc, nous étions à pied d’oeuvre à 8 heures, pour hanter l’entrée de la Galerie des Offices.
Sur le chemin, devant la Galerie Palatine, nous découvrons la réplique du David de Michel Ange.
Aux anges, je le suis… mais nous gardons David pour plus tard.
Ce dont nous rêvons ce matin, c’est de peinture.
Si tout va bien, nous avons rendez-vous avec Botticelli.
Mon intuition était bonne, il y a peu de monde devant l’entrée.
Nous avons parcouru les salles aux plafonds superbes et aux murs couverts de merveilles, jusqu’à arriver devant mon Graal: les deux plus beaux tableaux du Maître.
J’en rêvais…
Et là presque seules, nous avons pu admirer pendant un très, très long moment, « Le Printemps » et « La naissance de Vénus », deux merveilles de la Renaissance.
Un moment de grâce…
Dans la pièce d’à côté, « L’Annonciation » de de Vinci…
Et partout, des tableaux superbes, parmi lesquels la magnifique Pieta de Sanseverino, sur lesquels je reviendrai au fil des semaines à venir.
Cerise sur le gâteau: nous découvrons une très belle exposition de Memling, ce peintre flamand que j’aime depuis mon adolescence.
Memling à Florence…
Autre coup de foudre radical pour moi: la découverte d’un buste splendide de Laurent de Médicis.
Je connaissais la biographie de Laurent le Magnifique, et là, je découvrais un visage charismatique en diable…
Un visage de pierre revenu du passé et toujours capable de fasciner…
Lorsque nous sommes repassées dans la salle des Botticelli pour voir une dernière fois les tableaux avant de partir, il n’était plus possible de les approcher tant la foule des touristes était dense.
Nous avons quitté la Galerie des Offices que j’ai adorée, ravies de l’avoir découverte de grand matin.

La journée a été rythmée par des visites inoubliables.
La somptueuse cathédrale Santa Maria del Fiore où Julien de Médicis, frère de Laurent, a été assassiné, l’inattendu Ponte Vecchio enjambant l’Arno, Santa Croce où les touristes se pressent devant les décevants tombeaux de Michel Ange, Galilée ou Rossini, mais aussi la beauté de ses cloîtres, sa chapelle, la galerie des artisans du cuir, et, plus loin, le coup de coeur de l’après-midi: la Maison Bionarrotti où a vécu Michel Ange.
Un délicieux musée où nous avons pu constater que même s’ils ne parlent pas la même langue que nous, certains guides sont très réceptifs à l’humour disjoncté d’une franco-suissesse déchaînée.

Dernière surprise de la journée: ma complice découvre dans un guide que non loin de là se trouve le glacier le plus réputé au monde dit-on!
Il était urgent de vérifier si sa réputation n’était pas usurpée.
Verdict: elle ne l’est pas.
Conséquence: Janick, grande connaisseuse en la matière, estime nécessaire de programmer une visite quotidienne pour goûter chaque parfum proposé.

Belle, belle journée…
Et pour parachever le tout, des incursions sur Skype pour partager nos découvertes avec Celui qui m’attend.

Je tombe sous le charme de Florence qui, à chaque pas, réserve une découverte, de vieilles pierres, un musée, une demeure…
Le tout, je l’avoue, englué dans un amas de magasins et une mer de touristes.
Mais Dieu que c’est beau, que c’est culturellement riche et passionnant…

Martine Bernier

Giverny: au coeur des tableaux… Les jardins (Deuxième partie)

8 octobre, 2010

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(Toutes les photos de cette page sont signées Thierry Leroy)

Des jardins de Monet, ceux qui les visitent connaissent la beauté luxuriante ou discrète selon l’endroit où ils se trouvent.
L’envers du décor est nettement moins connu.
Pour le découvrir, une seule solution: s’adresser à ceux qui y travaillent toute l’année, dans l’ombre.
Parmi eux, le maître d’oeuvre des jardins s’appelle Gilbert Vahé, chef jardinier.
Depuis 35 ans, avec son équipe, il consacre son temps, son énergie et sa créativité à rendre ses lettres de noblesse aux jardins de l’artiste.
Lorsque les fils de ce dernier, Michel Monet, est décédé en 1966, sans descendance, la maison et les biens qu’il tenait de son père ont été légués à L’Académie des Beaux-Arts.
La maison et les jardins étaient à l’abandon, en piteux état.
Il a fallu l’intervention d’un homme, Gérald Van der Kemp, Conservateur en Chef du Château de Versailles et Membre de l’Académie des Beaux-Arts, pour que le site reprenne vie.
Lorsque lui a été confiée la mission de restaurer les lieux, cet homme énergique, fin et cultivé a fait appel à Gilbert Vahé, en 1976.
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« Claude Monet était mort depuis à peine 50 ans lorsque nous avons débuté la restauration du jardin, explique-t-il. Nous avons obtenu des informations par ses enfants et par la famille Hoschedé-Monet sur la composition du jardin, sa structure etc. Et nous avons recherché les plantes qui y poussaient alors. Monet adorait la lumière. Dans son Clos Normand, qui est le nom du jardin en face de la maison, il a voulu un environnement très naturel. Nous avons retrouvé la « Belle Vichisoise », une rose d’autrefois qu’il aimait beaucoup et qui grimpait jusque dans les arbres. Je l’ai retrouvée complètement par hasard, chez un ami. Depuis, elle est replantée et fleurit à nouveau dans le jardin. Nous avons respecté la structure initiale du jardin comme Monet l’avait souhaité, avec une multitude de massifs séparés par de petites allées, et trois pelouses plantées de milliers de bulbes, de vivaces, d’arbres à fleurs. »
annivalexdiverssept2010482.jpgCette véritable palette de peinture qui change de couleurs et d’ambiance au fil des saisons est la première partie du domaine de Monet.
Plus loin, lorsque l’on franchit le passage souterrain, le jardin d’eau réserve une atmosphère toute différente, et a demandé un énorme travail de rénovation.
En 1976, il a fallu relever la glycine, reconstruire l’étang et redessiner les berges que les rat avaient beaucoup abîmées.
Les promeneurs qui découvrent le pont japonais, star de plusieurs tableaux phares du peintre, ignorent souvent qu’il ne s’agit pas de l’original, effondré depuis longtemps, mais bien de la troisième version du pont.
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Les nymphéas qui ont été rendus mythiques à travers les tableaux ont eux aussi une histoire que raconte Gilbert Vahé:

« A l’époque, le nymphéa rustique n’existait qu’en blanc. Et puis un jour, en Suède, est arrivé un spore de nymphéa rouge. Ca a été un événement international.
Un Français de la région a crée un hybride de cette fleur et l’a présenté à l’Exposition Universelle.
Ca a été un scoop repris dans tous les médias. Et Monet se l’est procuré…
Depuis, nous l’avons racheté chez le même fournisseur, chez Latour Marliac, et les nymphéas roses fleurissent à nouveau sur l’étang. »

Le jardinier a eu moins de chance avec l’Etoile de Digoin, qui existait dans le Clos Normand à l’époque de Monet.
Il recherche ce dahlia depuis 35 ans sans succès et craint que cette variété soit éteinte…

La fin de l’automne signe la fermeture de Giverny au public.
Celui-ci l’ignore, mais commence alors une période de travail intense au cours de laquelle le Clos Normand est entièrement refait pour l’hiver, puis replanté pour que le printemps le redécouvre dans son exubérante floraison.
Et c’est ainsi, grâce à ces artistes jardiniers, que durant les trois quarts de l’année, Giverny reste un enchantement.
Monet aurait aimé…

Martine Bernier

Giverny: au coeur des tableaux… (Première partie)

4 octobre, 2010

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(Toutes les photos de cette pages sont signées Thierry Leroy, que je remercie au passage.)

Claude Monet est mort en 1926.
Même en remuant ciel et terre, je ne pourrai donc jamais le rencontrer.
En revanche, je caressais depuis longtemps l’envie de visiter sa demeure, ces jardins qui lui ont inspiré certains de ses plus beaux tableaux.
Envie de consacrer un ou plusieurs articles à ce lieu totalement magique à mes yeux.
C’est aujourd’hui chose faite…

Vu l’ampleur de mon attente, je risquais d’être déçue.
Je ne l’ai pas été, pour de multiples raisons.

A mes yeux, la visite de Giverny commence avant même de pénétrer dans le sanctuaire.
Juste en face, le restaurant « Les Nymphéas », installé dans une ferme qui existait déjà du temps de Monet, est un passage obligé.
La délicieuse décoration de campagne normande de la terrasse, le cadre fleuri, la gentillesse de Jean-Pierre, qui y travaille depuis 25 ans, et, paraît-il, des gérants que je n’ai pas croisés ce jour-là, font le charme de l’endroit.

On ne dira jamais assez que pour visiter le repaire de Monet, mieux vaut se présenter dès l’ouverture à l’entrée, pour éviter les cars de touristes.
Le blanc-seing que représente ma carte de presse nous a permis d’aborder les lieux de manière totalement privilégiée.
Et d’apprécier la disponibilité d’un personnel qui garde le sourire alors qu’il voit défiler plus de 400’000 visiteurs par année…

Pour les visiteurs, le périple commence par la maison.
Une chaleureuse maison rose aux volets vert, « Le Pressoir », que Monet a louée le 3 mai 1883.
Vous y entrez dans l’intimité du couple Monet.
En tendant l’oreille, vous entendriez presque les galopades des huit enfants de la famille dévalant l’escalier.
La première émotion intervient dans le salon-atelier.
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Jusqu’en 1899, c’est là que Monet a travaillé avant d’aménager son deuxième atelier, plus grand, dans un bâtiment extérieur.
La pièce est alors devenue un salon aujourd’hui décoré de copies des toiles du Maître et de photos.
A l’étage, dans les appartements privés, les murs des chambres étaient à l’époque couverts de tableaux.
Cézanne, Manet, Degas, Corot, Renoir et tant d’autres…
Et partout, au rez-de-chaussée comme à l’étage, de magnifiques estampes japonaises dont Monet était collectionneur averti, comme le fut son ami Clémenceau.
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L’artiste était un peintre de génie, ce n’est un secret pour personne.
Son apport à la peinture a été révolutionnaire.
L’autre oeuvre de cet homme fascinant était… son jardin.
Au fil des années, il en a aménagé deux dans le prolongement de sa maison.
Le premier, « Le Clos Normand », est un jardin « naturel », où une abondance de fleurs de toutes les couleurs et de toutes espèces foisonnent.
Il est exubérant, changeant de visage et de teintes en fonction des saisons.
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Au fond du Clos, il faut suivre un petit parcours fléchés et emprunter un passage souterrain pour arriver dans un autre monde: le jardin d’eau.
Le paradis…
Ici sont nés les tableaux consacrés aux nymphéas, au pont japonais qui trône par-dessus la rivière.
Ce jardin, Monet l’a rêvé, l’a voulu dès son arrivée.
Il lui a fallu dix ans pour le réaliser.
Monet était attiré, obsédé par la présence de l’eau.
A l’époque, certains habitants du village ont refusé le projet d’extension du jardin, le bloquant aussi longtemps qu’ils l’ont pu.
Mais Monet a fini par venir à bout des tracasseries administratives.
Aujourd’hui, le site est féerique.
Le bassin et ses barques, la forêt de bambou, la glycine, la végétation abondante, les trois ponts, les nymphéas posés sur des miroirs d’eau…
Et l’ombre de Monet qui plane sur chaque chemin…

L’émotion prise en plein coeur lors de cette visite s’est prolongée par une rencontre très particulière.
Avant que les portes de la demeure de l’artiste ne se referment sur nous, nous ont été livrés certains des secrets des jardins, détenus par un homme: Gilbert Vahé, jardinier responsable des jardins de la maison de Giverny, où il travaille depuis 35 ans.
Cet entretien fera l’objet d’un deuxième article.
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Martine Bernier

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