Archive pour la catégorie 'BD'

Albert Weinber, le « papa » de Dan Cooper, s’est envolé…

14 octobre, 2011

Je l’avais rencontré voici quelques années, lors d’un meeting d’aviation.
Il m’avait dédicacé l’un des albums de son héros, Dan Cooper, et y avait fait un dessin splendide.
J’avais découvert un homme charmant, extrêmement gentil.
Albert Weinberg, auteur-dessinateur des mythiques aventures de l’aviateur Dan Cooper est décédé, le 29 septembre 2011.
La nouvelle a été rendue publique hier.

Voici le communiqué publié par les éditions Dargaud et Le Lombard:

« Il comptait parmi les derniers piliers de la première génération de créateurs du journal « Tintin ». La direction, le personnel et l’ensemble des auteurs des Éditions du Lombard s’associent à la douleur de son épouse, de sa famille et de ses proches.

Né à Liège le 9 avril 1922, Albert Weinberg se destinait au très sérieux métier de comptable. Pendant son service militaire, impressionnés par ses talents de dessinateur, ses copains de régiment l’avaient persuadé d’en faire son métier. Démobilisé en 1947, il commença par assister Victor Hubinon et collabora aux séries «Buck Danny» et «Blondin & Cirage» publiées dans le journal «Spirou». De 1949 à 1954, comme auteur-dessinateur à part entière, il anima la série «Luc Condor» dans la revue «Héroïc-Albums». À partir de 1950, il réalisa parallèlement des illustrations et mit en images de courtes histoires «authentiques» pour le journal «Tintin». Lancées dans le numéro du 17 novembre 1954 du même fameux hebdomadaire des 7 à 77 ans, les aventures aériennes et spatiales de son fameux aviateur Dan Cooper deviendront rapidement une série best-seller. Traduits en 15 langues, les albums de cet attachant pilote de l’armée de l’air canadienne connaissent toujours un immense succès international. Les 41 titres de la série composent aujourd’hui une superbe «Intégrale» en 12 tomes éditée par Le Lombard.
En 2004, à l’occasion des 50 ans de carrière de son héros, Albert Weinberg s’était vu remettre le premier diplôme d’honneur décerné par la Royal Canadian Air Force à un auteur-dessinateur de BD. »

Martine Bernier

André-Paul Duchâteau: Le gentleman du polar

17 juin, 2011

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Dans les mondes de la bande dessinée et de la littérature policière, l’écrivain belge André-Paul Duchateau est une star.
Scénariste du célèbre « Ric Hochet » créé avec le dessinateur Tibet, il a vécu avec ce dernier une histoire d’amitié qui a duré 56 ans. Roi du suspens, prince de l’énigme… rencontre avec un être humain délicieux.

- Quel genre de petit garçon étiez-vous?
Je suis né à Tournai, en Belgique, et dès le départ, j’ai été passionné par les aventures de Tintin. Je me suis très vite promis d’écrire. Mon père, général dans l’aviation, adorait lire les histoires policières pour se détendre. Grâce à lui, à 6 ou 7 ans, je dévorais déjà Agatha Christie. J’ai toujours été un grand amateur d’énigmes, de problèmes policiers. Puis je suis devenu un immense lecteur… de tout! Et le plaisir du lecteur est devenu le plaisir de l’écrivain. Je suis avant tout un grand amateur d’énigmes. J’adore mettre les lecteurs sur de fausses pistes!

- Le grand public vous connait avant tout comme étant le scénariste du célèbre héros de BD « Ric Hochet ». Comment avez-vous rencontré Tibet, son dessinateur?
J’étais directeur commercial dans une grande imprimerie qui imprimait beaucoup de journaux. Tibet avait été engagé comme « petite main » par les deux dessinateurs de la maison. Nous avons sympathisé et sommes devenus très amis avant d’être collaborateurs. Le soir, après 17 heures, je le rejoignais dans son bureau et nous jouions. Nous discutions pendant des heures en jouant au ping-pong. D’abord debout, puis, comme nous devenions plus fatigués au fil de la partie, nous la continuions plutôt mollement, depuis une banquette! C’est comme cela que tout est né…

- Naissance d’une amitié… et de Ric Hochet! Lequel de vous deux en a eu l’idée?
Lui. Il aimait beaucoup un personnage de BD, Valhardi, détective assureur, et m’a proposé de créer un détective dans le même genre. Je n’ai accepté le nom de Ric Hochet qu’avec réticence. Je trouvais que cela ne faisait pas très sérieux. Ric ne vieillissait pas. Il y a eu beaucoup d’anecdotes, au fil du temps. Je disais à Tibet que je ne comprenais pas comment le personnage pouvait conserver ce fameux veston à mouchetures alors qu’il passait son temps, en se battant, à le salir, le déchirer. Un jour, dans un album, Tibet a glissé un gag. Après s’être bagarré et avoir encore abîmé sa veste, Ric rentre chez lui, ouvre son placard et… on y voit une quinzaine de vestons identiques! Tibet s’amusait beaucoup de ce genre de détails. Quand il me téléphonait, je grognais souvent. Pour un scénariste, parler au téléphone équivaut à ne pas travailler. Pour lui, c’était différent. Pendant qu’il parlait, je l’entendais crayonner! Il faisait les mouchetures des vestons de Ric, dessinait, alors que je ne pouvais rien faire d’autres que de parler.

- Comment naît une histoire de Ric Hochet? Vous savez dès le départ qui sera le coupable?
J’ai souvent dit que, dans un roman, je ne sais pas ou je vais, je change de coupable en cours de route. Mais c’est parfois dangereux dans les scénarios! Autant dans un roman, vous faites ce que vous voulez, autant, en bande dessinée, le synopsis doit être très précis. Et cela nous a apporté des ennuis. Dans la série « Les aventures des trois A », que nous avions créée ensemble, j’ai changé de coupable, mais je ne l’ai pas dit à Tibet suffisamment tôt. Dans un premier temps, le personnage en question était long et grand. Au fil de l’histoire, qui paraissait chaque semaine dans Tintin, j’ai changé d’avis et j’ai choisi un autre homme, gros et large. Or, les pages devaient partir à l’imprimerie et Tibet avait déjà dessiné… Nous nous en sommes sortis, mais ça a été complexe!
En principe, je pars souvent d’une idée de base et les personnages viennent par la suite. Pour Ric Hochet, je suis peu à peu parti dans des histoires complètement fantastiques.

- J’ai le souvenir d’un album au cours duquel l’un des personnages voyait ses cheveux blanchir totalement en une seule nuit. C’était une création ou un fait réel?
C’était un cas exact. Je suis parti sur un fait réel qui m’a été raconté. Celui d’un homme vivant en Arabie, qui a assisté a tellement d’horreurs que ses cheveux sont devenus blancs en quelques heures…

- Le temps a passé. Tibet nous a quitté voici un peu plus d’un an…
Oui. Après 56 ans de travail commun et d’amitié. Ca a été une immense douleur pour sa femme et pour moi. Mais il est mort de manière miséricordieuse. Il regardait un spectacle comique à la télévision, s’est levé pour ouvrir une fenêtre, et s’est affaissé. Sans douleur… Il était mon cadet de six ans. Ca a été tragique… Il me manque terriblement, à tous les niveaux…

- Peu après sa mort est sorti le fameux album numéro 78, ultime aventure de Ric Hochet dessinée par Tibet, mais qu’il n’a pu terminer.

Nous avons beaucoup réfléchi, avec son épouse, et nous avons décidé de le sortir, pour lui, même si la plupart des dessins n’en étaient encore qu’à l’état d’ébauche.

- A la fin de la préface que vous lui consacrez, vous dites que Tibet aurait souhaité que Ric ne meurt pas et qu’il y aura d’autres albums.
Nous essayons, nous testons… mais la décision est prise: nous serons d’une exigence énorme. Si un album 79 doit sortir, il devra être parfait. L’épouse de Tibet et moi-même aurions voulu arrêter. C’est lui qui ne le voulait pas. Nous craignons une désillusion. Nous verrons. En attendant, les albums de l’intégral sortent et marchent très bien.

- Vous êtes non seulement scénariste, mais également un écrivain reconnu, sous plusieurs pseudonymes.
Après Ric Hochet, nous avons créé la BD « Les Trois A ». L’éditeur a estimé qu’il était plus judicieux de prendre un pseudonyme. J’ai énormément écrit: c’est une démangeaison extraordinaire, un immense plaisir. J’ai notamment signé beaucoup de romans pour l’illustré belge « Bonne Soirée ». En core aujourd’hui, j’écris toujours à la plume et je fais retaper mes textes. J’aime ce contact avec le papier, le bruit de la plume… Pour le moment, j’ai un livre historique prêt à sortir si je trouve un éditeur.

- Une biographie?
Oui, l’histoire d’un homme qui a défrayé la chronique en Belgique, en son temps. Il était à la fois commissaire et chef de bande!

- Vous avez aussi notamment consacré un ouvrage à Stanislas André Steeman, maître du suspens. L’avez-vous rencontré?
J’ai eu la chance de le connaître, oui. Tout le monde se souvient de « L’assassin habite au 21″, porté à l’écran. Il m’a toujours encouragé, m’a poussé en me donnant de bons conseils. Je lui dois beaucoup. Il ne me corrigeait pas mais relisait avec moi. Dans l’un de mes livres, le personnage rentrait dans une chambre, respirait un parfum et trouvait quelques vers. En lisant ce passage, S.-A. Steeman m’a dit: « Tu dois aller au fond des choses. Il faut que l’on puisse lire ces vers. »
Le problème c’est que je ne suis absolument pas doué pour la poésie. J’ai composé une multitude de vers que je lui ai envoyés. Il ne les trouvait pas bons.Il me disait: « Vos vers, mon ami, sont des vers de mirlitons. Et encore, de mirliton qui jouerait faux! ».
En désespoir de cause, j’en ai écrit un énorme paquet et je les lui ai envoyé. Trois lignes ont trouvé grâce à ses yeux, que j’ai pu publier: « L’éclat de tes bas noirs
Dans l’ombre de ta jupe
Je n’espère plus d’autres soirs… »

- Ecrivez-vous toujours, aujourd’hui?
Je suis toujours aussi passionné par les mystères. Mes énigmes paraissent une fois par semaine dans le magazine « Télé 7 Jeux ».
Tibet me manque, je vous l’ai dit… Nous avions peur de lasser nos lecteurs, mais nous avions faim de continuer. Pendant qu’il dessinait, j’inventais l’histoire suivante, et ainsi de suite. En dehors de son absence cruelle, rien n’a changé depuis mes 15 ans. J’en ai 86 et j’écris toujours! Il y a chez moi un désir d’écrire qui ne s’éteindra pas, je crois!

Martine Bernier
- « L’écrivain habite au 21″, P.-A Duchâteau et Stéphane Steeman, Ed. Quorum.
- L’intégrale de Ric Hochet ressort aux Editions du Lombard

Achille Talon n’arrête pas le progrès

5 avril, 2009

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Depuis que je suis haute comme trois pommes, j’aime Achille Talon.
J’ai toujours trouvé que ce personnage, né de l’imagination du délicieux Greg, était l’être le plus séduisant de la planète juste derrière Robert Redford.
Ses envolées lyriques, ses colères, sa mauvaise foi et son foie douteux, ton voisin, son papa, sa bière, sa voiture: tout me plaît en lui.

La sortie d’un nouvel album est donc à chaque fois un événement.
J’ai dégusté « Achille Talon n’arrête pas le progrès » avec délectation, bien tassée au fond de mon canapé.
Bien sûr, Greg n’est plus là, se prélassant dans les nuages avec Frankin, Peyot et les autres…

Mais il a laissé son bébé et ses crayons à Veys et Moski.
Fidèles à l’esprit du Maître, ceux-ci nous ont concocté un album comme on les aime, délicatement disjoncté.
Lefuneste y est toujours aussi véreux, les indignations taloniennes aussi dithyrambiques, et son amour pour la belle Virgule aussi démonstratif.
il arrive que le dessin soit parfois un chouillat moins sûr qu’il ne l’était autrefois, mais là, franchement, je chipote…

Talon reste un être à part dans le monde de la BD, une valeur sûr en compagnie duquel il est impossible de s’ennuyer…

Martine Bernier

« Achille Talon n’arrête pas le progrès », Vey et Moski, Ed. Dargaud.

Pico Bogue: le retour attendu!

18 mars, 2009

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Vous avez aimé le premier tome des aventures de Pico Bogue?
Vous allez adorer le deuxième.
Pas besoin d’avoir lu le premier pour comprendre le suivant.
Composé de petites scènes hilarantes tirées du quotidien, l’ouvrage est plus que jamais renversant de drôlerie et de finesse.

Pour mémoire, Pico est un petit garçon vif d’esprit et tendre.
Il vit heureux entre ses parents et sa petite soeur, Ana Ana, aussi piquante que lui.
Tous deux ont des réflexions à désarmer le plus féru des orateurs, des raisonnements parfaitement imparables, et une façon bien à eux de saupoudrer la vie de petites phrases de tendresse et d’humour.

Avec ce deuxième album, la scénariste Dominique Roques et son fils le dessinateur Alexis Dormal confirment leur talent et cette étincelle de génie née de leur complicité.
L’une écrit des perles que l’autre met en aquarelle, tous deux avec une dextérité efficace.

Inconditionnelle, je suis! Et j’attends le troisième avec une impatience croissante…

M.B.

Pico Bogue, tome 2: « Situations critiques »
Roques et Dormal, Edition Dargaud.

BD: Dominique Roques et Alexis Dormal – « Pico Bogues »

16 février, 2009

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HUMOUR ET TENDRESSE D’UN COUPLE MERE-FILS

La BD redécouvre la tendresse avec la naissance d’un petit personnage attachant: Pico Bogue. Sa particulatité? Il est né de l’imagination d’une mère, Dominique Roques, 60 ans, et de son fils, Alexis Dormal, 31 ans. L’une écrit, l’autre dessine, racontant leur vie de famille. C’est bourré d’humour, attendrissant, tonique… Chaque parent et chaque enfant peut se retrouver dans cet album réconfortant qui fleure bon, à chaque page, la formidable complicité existant entre ce couple mère-fils. Une BD délicieuse, destinée autant aux enfants qu’aux adultes, qui, une fois lue, laisse derrière elle un sillage de bien-être.
Rencontre avec deux Belges pour lesquels la douceur a encore un sens.

- Les mésaventures de Pico sont-elles autobiographiques?
D.R: Il s’agit de nous dans la mesure où nous avons tous les personnages en chacun de nous. Tous les événements décrits ne nous sont pas arrivés, mais, oui… “nous sommes cela”!

- Et Pico, ce petit bonhomme drôle, à l’esprit de répartie saisissant et à la chevelure en bataille, c’était donc Alexis?
D.R: Oui! Quand il était petit, il était ainsi, mais la société a modifié son caractère. Pour les cheveux, c’est moi qui les lui coupait, ce qui explique le résultat! Et puis, ce petit renflement que vous voyez au-dessus de la bouche de Pico, il l’avait lui aussi…

- Comment est né Pico?
A.D: Maman m’a un jour montré ce qu’elle écrivait. J’ai découvert les personnages et j’ai pris les histoires de plein fouet. Ma mère a toujours eu un style d’écriture qui n’appartient qu’à elle. J’ai donc essayé de construire des personnages qui répondaient à l’humanité et à l’humour de ses textes. Pour cela, je me suis éloigné du réalisme, j’ai introduit la folie des cheveux, le petit côté sage du visage, la douceur du geste, mais aussi la vivacité du mouvement. Nous avons mis deux ans pour finaliser l’album.

- Alexis, comment voyez-vous votre mère?
J’ai eu, avec mon frère, une enfance très heureuse. Maman a toujours été très proche de nous, nous parlions beaucoup. J’ai toujours considéré son esprit comme une oasis dans un monde où même les enfants jouent aux adultes. Un monde qui me donne l’impression qu’il faut se déshumaniser le plus possible pour pouvoir exister. Notre mère nous apportait tout le contraire…

- Et vous, Dominique, quel regard portez-vous sur votre fils?
D.R: Il est diplômé d’une école de cinéma, mais a bifurqué. Dans cet univers où l’on brasse beaucoup d’argent, il faut être doté d’un brin de méchanceté pour se faire sa place… et il est incapable de l’avoir. Il a ensuite suivi une école de dessin. A cette époque, je me faisais du souci pour lui: percer dans la bande dessinée n’est pas simple. Mais il a du talent, et une belle sensibilité…

- La famille de Pico se compose également de son papa et de sa petite soeur, “Ana Ana”. Alors que, dans la vie, vous avez un frère. Pourquoi avoir introduit ce personnage?
A.D: Cette petite soeur est née de l’envie qu’en avait Dominique! Elle est le symbole d’un certain féminisme. Elle est plus fonceuse que Pico, plus vive, mais elle a aussi un côté très touchant, très tendre.

- D’ailleurs, la relation entre le frère et la soeur est très belle, à la fois complice mais réaliste! Pico ressent parfois une pointe d’agacement pour cette petite tornade blonde… La relation ressemble à celle que vous aviez avec votre frère?
A-.D: Oui ! Maman a travaillé pour que Jérôme et moi ne nous chamaillions pas. Cela nous a permis de développer une belle relation. Il est d’ailleurs aujourd’hui notre premier critique!

- Ce premier album est un bijou de fraîcheur, d’humour et de poésie. Quel a été votre objectif en le réalisant?
D.R: Nous ne voulions surtout pas donner de leçons ni tomber dans la mièvrerie. Mais raconter la vie de famille sur un mode à la fois amusant et proche de la réalité.
A.D: On ne se souvient pas exactement comment cela se passait, dans l’enfance… Mais on se rappelle de certaines souvenirs, de l’atmosphère. Je crois que, ce petit garçon, je le suis toujours. Et j’aime savoir que ce livre peut être lu autant par les ados que par leurs parents, et créer une complicité.

Martine Bernier

Pico Bogue: “La Vie et Moi”, Dominique Roques et Alexis Dormal, Ed. Dargaud.
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« Je voudrais me suicider, mais j’ai pas le temps »

22 janvier, 2009

Florence Cestac, j’adore.
Ses dessins, son humour, son irrespect d’à peu près tout ce qui est bien pensant.
Associée à Jean Teulé, elle vient de s’atteler à raconter la vie, en bande dessinée, d’un monument de la BD: Jean-Charles Ninduab dit « Charlie Schlingo ».

L’album s’appelle « Je voudrais me suicider, mais j’ai pas le temps » et est… un régal pour tous ceux qui ont aimé Schlingo.

Pour le situer à ceux qui ne le connaîtraient pas, disons que, né en 1957, il a assez mal commencé dans la vie.
Atteint de polio trois mois avant la découverte du vaccin, il est surnommé « Vilain » par ses parents qui le cachent sous la table quand ils reçoivent.
On a beau dire, ce genre de chose, ça marque…
Seul coin de ciel bleu dans cet univers à la Dickens: son adorable grand-mère, tendre et aimante, qui l’initie à Popeye, Pépito et Tartine Mariole.

Il deviendra ensuite un auteur étincelant…
Optimiste et désespéré, il est drôle, délicat, charmant, ingérable, élégant et mal élevé.
Sa vie est parsemée de hauts et de bas, de réactions inattendues ou démesurées. Il ira jusqu’à accrocher le fameux professeur Choron à un portemanteau pour se faire payer les six mois de salaire qu’il lui doit. Mieux encore: pour arrêter la drogue, il choisira l’option de… jeter son dealer par la fenêtre! Expéditif, mais efficace.
Agressif lorsqu’il était ivre, il faisait peur aux gens qui ne le connaissaient pas, mais avait un côté tellement émouvant que ceux qui l’approchaient de plus près fondaient pour sa personnalité.
Un exemple? Il a déclenché un jour une bagarre générale après avoir quasi massacré un homme qui avait giflé une femme.
Ayant horreur de la « brutalitude », il a tout cassé.
Mais, poli, il a ensuite écrit un désarmant petit mot d’excuse: « Je sais que ce n’est pas bien de taper sur la tête des copains ou de les étrangler. »

Son mal de vivre caché sous une drôlerie irrésistible, il le noyait dans l’alcool.
Sa commande en arrivant dans un bistrot? « Patron, une cuite, s’il vous plaît! »
Ce qui devait arriver arriva: brisé par ses excès, Schlingo est parti trop tôt, 49 ans, en 2005.
Il laisse 18 albums, et un passage remarqué dans des revues et journaux comme « Hara-Kiri », « Charlie Hebdo » ou « Fluide Glacial ».

La BD qui lui est consacrée est hilarante, touchante, dérangeante… tout lui!

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, c’est le moment où jamais de le découvrir.
Et pour vous faire une idée de son humour un brin décalé, voici l’une de ses célèbres tirades…

LE PANTALON
Poème de Charlie Schlingo

Un pauvre pantalon s’ennuyait tous les jours
Oh, mon Dieu!
Que les jours étaient longs.
Mieux vaut l’amour sans pantalon
Qu’un pantalon sans amour.

« Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps », Florence Cestac et Jean Teulé, Dargaud.

Du grand Lucky Luke

21 janvier, 2009

Oserais-je vous l’avouer? J’ai craqué pour le dernier album de Lucky Luke “L’homme de Washington”. Le cow-boy solitaire doit, pour l’occasion, servir de nounou à un candidat à l’élection présidentielle à travers sa tournée pré-électorale. Et la rencontre avec les électeurs n’est pas dépourvue de péripéties…
Avec l’humoriste Laurent Gerra aux commandes, le scénario renoue avec une vraie tradition de western à rebondissements, bourré d’humour. Quant au dessinateur Achdé, il reste parfaitement fidèle au graphisme du héros et des décors qui l’entourent. Bref: l’album est une réussite, drôle à souhait, à placer entre toutes les mains, sans restrictions.

« L’homme de Washington”, Gerra et Achdé, d’après Morris, Ed. Lucky Comics.