Archive pour la catégorie 'Billets d’humeur'

Kaamelott, James Moody et les Ombres

13 décembre, 2010

Tandis que les Ombres se fendent d’un pamphlet collectif sur « Les Bidochons à Marrakech », tout en continuant à se moquer copieusement, en groupe, de leurs « chers vieux copains », je repense à une émission que j’ai visionnée ces derniers jours.

Alexandre Astier, le bon roi Arthur et créateur de la série Kaamelott, faisait partie des invités de Morandini.
J’ai pris l’émission juste à son arrivée, ce qui m’a donné envie de la suivre.
Sur le plateau se trouvaient deux femmes bizarres, dont l’une assez insupportable.
J’ai vaguement compris de qui il s’agissait lorsque, répondant à une question posée sur l’émission à laquelle elles avaient participé, le comédien a expliqué qu’il trouvait grave ce genre de programme de téléréalité, et qu’il aspirait à des émissions plus riches.
Une petite altercation parfaitement ridicule est intervenue entre la dame en question et lui.
Visiblement, il était exaspéré par le personnage, et faisait de louables efforts pour se contenir.
Face à son intelligence et son humour, elle n’avait aucune consistance.
J’aime bien cet artiste très complet.
Acteur, réalisateur, monteur, scénariste, compositeur: il sait tout faire et le fait bien.
Le contraste entre lui, rigoureux, attentif et s’exprimant en termes choisis, et cette femme très… différente, était frappant.
Il paraît que l’émission à laquelle elle a participé, mettait en scène des mères cherchant à caser sentimentalement leurs fils.

Etrangement, si ce genre de programme fait grand bruit, la mort du saxophoniste et flûtiste américain James Moody, l’un des créateurs du bebop, a été, elle, très peu commentée.
Plutôt que de faire un long discours qui ne sera pas lu, je préfère laisser deux liens permettant à ceux qui le souhaitent d’aller réécouter sa délicieuse musique…

Alexandre Astier a raison, on donne de l’importance à ceux qui n’en mérite pas.

Martine Bernier

Carrefour Planet ou l’hypermarché de demain

27 août, 2010

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Une enquête de « Que Choisir » à paraître en septembre l’a démontré : les Français en ont assez des grandes surfaces.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque « Carrefour », qui devait le savoir depuis longtemps, vient de lancer une véritable révolution dans l’hypermarché.

Vous en aviez assez des rayons interminables et bien alignés?
Vous allez être contents.
Avec son concept « Carrefour Planet », la chaîne affirme que la corvée course va devenir un véritable bonheur.

O Joie.

Pour s’y retrouver, il suffit de mémoriser le fait que ce nouveau type de magasin s’organisera autour de huit axes: marché, bio, surgelés, beauté, bébé, mode, maison, loisirs et multimédia.
Chacun est conçu pour éviter les embouteillages de caddies en délire.
Deux entrées permettront, pour les plus pressés, d’accéder directement à l’alimentaire, tandis que les autres pourront flâner dans les autres domaines.

Ce magasin de demain a pensé à tout: une garderie sera proposée aux parents (Ah? Cela signerait-il la fin des fameuses annonces « Le petit Kevin attend sa maman à la caisse »?), un espace snack, des cours de cuisine et un service de coiffure rapide seront disponibles au sein même du magasin.
Les femmes seront ravies: dans l’espace beauté, le « make-up bar » leur permettra de tester les produits cosmétiques grâce à un miroir virtuel.
Ne cherchez plus l’électroménager ou le bricolage, en revanche: il a été remplacé par la décoration et le rayon bio.
Il faut vivre avec son temps…

En France, deux magasins lancent le concept Planet.
L’un près de Vénissieux et l’autre en banlieue lyonnaise.
Il est également testé en Espagne et en Belgique.
Si la clientèle s’avoue vaincue… pardon: satisfaite, ce nouveau type d’hypermarché sera installé progressivement dès 2011.
Le tout pour, paraît-il, la bagatelle de deux milliards d’euros de travaux.
Il va falloir en vendre des denrées, pour amortir les frais…

Martine Bernier

Patrice Leconte soufflette Zemmour

17 février, 2010

Je suis persuadée que, dans l’intimité, Eric Zemmour doit être un homme agréable.
Mais dans son rôle de chroniqueur de l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », comme je l’ai déjà dit, il va trop loin.
Les invités me donnent la désagréable sensation d’être livrés aux lions, dans une arène placée sous l’oeil d’un large public.
Les plus fragiles en sortent brisés.
Et les lions, dans le cas présent, n’ont pas la sympathie des spectateurs.
Lorsque l’un des sacrifiés se rebiffe, je pense que très nombreux doivent être ceux qui jubilent devant leur écran.
Le 6 février dernier, ça a été le cas pour le réalisateur Patrice Leconte, souffletant son interlocuteur par les mots, avec une classe, mais une fermeté séduisantes.

Il était invité pour la pièce qu’il a adaptée au théâtre, tirée du livre d’Anna Gavalda: « Je l’aimais ».
Eric Zemmour s’est donc rendu au Théâtre de l’Atelier, à Paris, sachant qu’il n’aimerait pas puisqu’il a les livres d’Anna Gavalda en horreur.
Sans surprise, il n’a pas eu de mots assez durs pour massacrer le travail de Patrice Leconte qu’il avait pourtant adoré dans des films comme « Ridicule », a-t-il précisé.
Patrice Leconte semble être un homme doux, sensible, plein d’humour.
Il a écouté Zemmour jusqu’au bout, puis lui a raconté une fable, assurant qu’elle allait le faire sourire, celle du corbeau, du rossignol et du cochon.

Un corbeau et un rossignol sont tout deux convaincus de chanter mieux que l’autre.
Ils abordent un cochon qui passait par là, lui demandant de jouer le rôle de l’arbitre.
Le cochon les écoute à tour de rôle, et son verdict tombe: le meilleur chanteur est le corbeau.
Alors que le rossignol fond en larmes, il lui dit: « Je comprends, tu es triste d’avoir perdu ».
Et le rossignol lui répond: « Ne crois pas cela. Je suis triste d’avoir été jugé par un porc. »

Les quelques secondes qui ont suivi la chute de l’histoire ont dû paraître très, très longues à Zemmour.
Son visage est passé par une gamme d’expressions très intéressantes.
Puis il a réagi en s’offusquant de voir que Patrice Leconte ne supportait pas la critique et l’insultait.
Ce dernier a souri en faisant remarquer qu’il n’avait fait que raconter une fable…

Ce qui me surprend le plus, c’est que le chroniqueur semble s’émouvoir des réactions qu’il déclenche.
S’il est clair que ses « critiques » ne sont en fait qu’un spectacle destiné à booster l’audimat, il doit bien s’attendre à des réactions de la part de ses victimes voyant leur travail ainsi massacré.
C’est bien connu… Qui sème le vent…

Martine Bernier

Mince… demain, j’ai 50 ans!

10 avril, 2009

Demain 11 avril, il y a peu de chances pour que j’écrive sur Ecriplume. Pourquoi? Parce que demain, j’aurai 50 ans. Mince… Lorsque j’étais enfant, les gens de cet âge me semblaient survivants du paléolithique. De très, trrrrrèèès vieilles personnes…

Allez savoir pourquoi, j’ai revu mon jugement depuis. Bien que je sache que je suis proche de la date de péremption, je n’arrive pas à me considérer comme mûre, voire blette. Evidemment, je n’ai plus la souplesse et la ligne de mes 20 ans. Mais j’ai toujours des rêves et des projets plein la tête, l’envie de dévorer la vie avec celui que j’aime.

Il sait d’ailleurs quel cadeau d’anniversaire j’aimerais qu’il me fasse…

En ce moment, je passe quelques jours avec mon amie Janick. Et demain, très tôt, Eric, l’homme avec lequel j’ai partagé ma vie durant 16 ans, sera là. Il effectue le voyage juste pour passer ma journée d’anniversaire avec moi, sachant qu’Alain ne sera pas là et que cela me rend triste. Un homme de coeur et de bien…

Pour le recevoir dignement, j’ai mis un point d’honneur à briquer le navire. La maison reluit et sent bon… Mais, alors que, vers 22 heures, Janick et moi regagnions nos quartiers pour la nuit, j’ai vu, ô horreur, que de la poussière perfide s’était nichée tout le long de l’escalier en bois. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux assises sur les marches, à frotter le bois avec un enthousiasme frénétique. Jusqu’au moment où, prenant conscience de ce que nous faisions, j’ai éclaté de rire. Elle m’a emboîté le pas et le fou rire a duré un moment.

Bon, d’accord, j’ai 50 ans… mais pourquoi diable ai-je l’impression d’être aussi disjonctée qu’à 20 ou 30 ans?? J’ai comme l’impression que mon cas est désespéré…

 

Martine Bernier

Mes voisins, mon jardin et Eusèbe la tondeuse

5 avril, 2009

J’ai une chance incroyable.
Les gens sont d’une gentillesse ahurissante avec moi.
En arrivant en Bretagne, j’étais pourtant un peu inquiète.
Et si c’était différent?
Allaient-ils accepter ce spécimen de nana plus proche de l’OVNI que du schéma classique de la ménagère idéale?

Trois jours après mon arrivée, j’ai fait la connaissance de mon voisin d’en face, Frédéric, jeune père de famille. Puis j’ai rencontré son épouse, Béatrice, et leur fille, Aurore, et, plus tard, les autres voisins qui m’entourent.
Les contacts que nous entretenons sont très chaleureux.
Je pense qu’ils ont compris que, pour le moment, je ne connais pas encore grand monde, et que le fait qu’ils soient là m’était très précieux.

Cette semaine, en allant chercher le courrier, je croise Frédéric, qui accomplissait la même démarche que moi.
Je lui ai demandé s’il pouvait me dire où nous devions nous débarrasser de l’herbe une fois que nous la couperions dans le jardin. Il m’a répondu, puis nous avons fait un brin de causette.
Et j’ai reçu un joli cadeau matinal…
Il m’a demandé si nous aimions les palourdes. J’ai eu une moue significative: Alain et moi adorons les fruits de mer!
Il m’a dit: « Je suis désolé, mon père est allé en pêcher, et j’en avais tellement que j’ai dû en jeter. Mais la semaine prochaine, je vous en donnerai. Et je vous ramènerai des huîtres, aussi. »

J’étais estomaquée. D’abord parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il me propose quelque chose d’aussi adorable. Ensuite parce que j’ignorais qu’il était permis de pêcher ce genre de précieux coquillages sans autorisation. Il m’a expliqué qu’ici, tout le monde le faisait et que c’était permis du moment que l’on ne dépassait pas un certain quota de pêche.

Au passage, mon précieux voisin m’a également dit que si je n’arrivais pas à mettre la tondeuse en route quand Alain n’est pas là, il le ferait volontiers pour moi dès qu’il sera remis d’une opération du canal carpien qui l’handicape ces jours-ci.

Quand nous nous sommes dit au revoir et que je suis rentrée, j’ai repensé à une phrase que quelqu’un de ma famille m’a souvent dite lorsque j’étais jeune.
« Toi, à t’entendre, les gens sont merveilleux, le monde est merveilleux, tout est merveilleux! »

C’était un peu exagéré.
Mais je crois ne pas avoir tellement changé, finalement.
Je ne suis pas naïve. Mais j’ai toujours été émerveillée par la gentillesse spontanée, c’est vrai.

Bref. Vendredi, il faisait beau. Alain m’avait quittée le matin, j’avais le cœur gros. Et quand je dis gros… c’est très en dessous de la réalité.
Connaissant la fragilité de son dos, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de m’attaquer au jardin, afin qu’il ne soit pas tenté de le faire en revenant.

Je me suis glissée dans le garage où la tondeuse siestait innocemment, à l’abri des regards indiscrets.
Notre tête-à-tête a ressemblé à « Règlement de comptes à OK Corral ».
Je me suis avancée vers, elle, ai sauté sur la bête, et j’ai essayé de la mettre en marche.
Après plusieurs essais infructueux… j’ai réussi!
J’en ai donc conclu que je pouvais me lancer dans l’opération Eusèbe.
L’opération Eusèbe étant le nom de code donné par mes soins à la tonte du jardin.
C’est idiot, mais les voyages en Absurdie me motivent.

J’ai traîné ma victime dans le jardin (le petit malin qui a placé une marche à la porte arrière du garage mériterait la bastonnade publique!), et je me suis dirigée vers le bout du bout. Dehors, Johann et son copain Léo ont couru à ma rencontre dès qu’ils m’ont vue.
J’ai fièrement lancé le moteur (bon, il a fallu quatre tentatives, mais j’y suis arrivée!) et j’ai commencé à œuvrer.

N’imaginez pas un aller-retour gracieux et très classe. Tondre la savane, ce n’est pas simple. Je me demande si je n’aurais pas dû la laisser ainsi, d’ailleurs. Il aurait suffi d’y rajouter un marais pour donner envie à un Bec-en-Sabot (voir rubrique « Le plus mystérieux des Oiseaux) de s’y installer…
Au bout de 10 minutes, Eusèbe avait déjà l’estomac plein.
J’arrête le moteur, me perd dans une réflexion intense.
Grand conciliabule avec mes deux apprentis: que faire de l’herbe rasée?
Ils m’expliquent que les précédents locataires la mettaient au bout du jardin, dans le « pré aux moutons ».
- Ah bon? Le pré aux moutons? Mais… où sont les moutons?
- Ils viennent parfois…
- Et ils aiment l’herbe coupée?
- Non, pas vraiment…

De toute façon, en l’occurrence, je n’ai pas le choix. Si je veux pouvoir continuer mon Œuvre, il faut que je me débarrasse de la verdure. Je n’allais quand même pas me la préparer en salade… Suivie de mes deux acolytes, je m’exécute donc, reviens vers la tondeuse, lui replace son estomac, m’empare du cordon pour lancer le moteur, tire fermement et… rien.
Sans me démonter, je réessaie, une fois, deux fois… dix fois.
Toujours rien.
Je ne suis pas violente pour un sou.
Mais là, si j’avais pu, j’aurais pendu la bestiole par les pieds à mon pommier et j’aurais attendu qu’elle sèche.

Juste au moment où je me disais que j’allais devoir lamentablement abandonner, Frédéric est venu à la rescousse. Malgré sa main convalescente, il a relancé le moteur (en une fois, comme Alain!!! Agaçant, ça!), et m’a dit que, par la suite, nous tondrions nos pelouses en osmose pour qu’il prenne mon herbe avec la sienne dans une remorque qu’il mènerait à la déchetterie.
Et je suis repartie pour un tour sous l’œil de Johann et Léo.
Ils s’amusaient beaucoup, mais discrètement, mes petits compagnons. N’ayant pas l’esprit géométrique, je ne tondais apparemment pas dans les règles de l’art, en belles et longues lignes régulières.
Ma tonte était plutôt du genre: je vais où je peux, ou plutôt je suis la tondeuse!

Ils ont été chercher un râteau pour m’aider, passant derrière moi et ramassant l’herbe laissée là par ma machine. Comme je n’avais une fois de plus pas mis mes lunettes et que ma ressemblance avec les taupes se confirme au fil du temps (je parle de la myopie, ignares!), ils me guidaient, me disant où je devais repasser, quels coins j’avais oubliés…
Deux véritables GPS sur pattes!

Une heure plus tard, le jardin ressemblait plus ou moins à un jardin.
Et si l’herbe a le malheur de repousser d’ici le retour d’Alain, lundi, je la tond au napalm la prochaine fois!

J’ai offert une tournée de jus d’orange, ai récompensé mes petits apprentis, et j’ai rangé la tondeuse. Vaincue et épuisée, elle n’en menait pas large.
Veni, vidi, vici, comme dirait Jules!

Plus tard, j’ai fait un brin de causette avec Béatrice, la maman de Johann et d’Aurore, dans mon jardin qui sent la menthe fraîche. (Heu… Eusèbe a dû en couper par inadvertance…)
Son mari nous a rejointes, m’invitant chez eux pour un verre de sirop salvateur après l’effort. Nous sommes ensuite revenus chez Alain et moi, en procession, pour nous pencher sur mon problème de rideaux. Trois têtes remplies d’idées valent mieux qu’une!
Puis nous nous sommes quittés.
Une heure plus tard, Scotty m’avertissait que quelqu’un frappait à la porte.
J’ai ouvert et je me suis retrouvée face à Aurore.
Celle-ci m’apportait deux crêpes toutes fraîches, de la part de ses parents.

Qu’est-ce que je disais au début, déjà?
J’ai une chance incroyable.
Et je n’ai jamais été aussi émue par deux crêpes…

Martine Bernier

Le jardin et moi: rencontre du troisième type…

1 avril, 2009

Pour la première fois de ma vie, depuis que j’ai emménagé dans ma nouvelle demeure, me voici co-responsable d’un jardin, avec Alain. Je dirais même un grand, un très grand jardin.
Pour une gamine née en pleine ville, qui, durant son enfance, n’a connu qu’une bande de terre d’un mètre sur quatre parsemée de tulipes rachitiques, et qui allait se cacher sous le lierre grimpant de son oncle, pour y attendre Tarzan, convaincue de se trouver en pleine jungle, le contraste est saisissant.
Dans notre jardin, donc, se trouvent huit arbres fruitiers, une haie plus grande que moi, une interminable ligne de rosiers, des arbustes en fleurs, des massifs de… heu… de je ne sais pas trop quoi, en fait, et des fleurs un peu partout, parmi lesquelles des jonquilles et de la lavande. Détail amusant: Alain est allergique à la lavande. Enfin quand je dis amusant…

Pour lier artistiquement le tableau, une pelouse. Enfin… de l’herbe. Une vaste, très vaste étendue verdoyante.
Quinze jours après mon arrivée, il a fallu faire face à la terrible réalité: l’herbe, ça pousse. Ca pousse même très vite. Si je ne veux pas que Scotty prenne des allures d’antilope bondissant dans la savane, il faut agir, et agir vite.
Alain et moi avons donc étudié les solutions qui s’offraient à nous.

1. Nous lancer dans des incantations pour que le ciel consente à raccourcir la pelouse de lui-même.
2. Mettre un âne dans le jardin et le nommer régisseur.
3. Trouver une bonne âme pour prendre en charge la destinée de notre domaine.
4. Acheter une tondeuse et me laisser crapahuter joyeusement parmi les touffes d’herbe.

Nous avons attaqué notre programme avec le plus grand sérieux.
Pour les incantations, n’essayez pas: cela ne fonctionne pas. Le ciel a même été jusqu’à nous narguer. Deux jours après notre intervention, la pelouse ressemblait à la tignasse d’Antoine, au temps de ses élucubrations.

La deuxième solution, soufflée par moi, n’a pas immensément enthousiasmé Alain. Sortir Scotty, d’accord. S’occuper d’un âne… je lui suffis.

Nous avons donc fait appel à un professionnel dont nous avions trouvé une publicité alléchante, et l’avons convié à nous rendre visite pour nous proposer un devis.
Aimable et sûr de lui, l’homme, béret planté sur le sommet du crâne, a fait le tour du jardin au pas de charge, faisant des commentaires sur le travail à effectuer . Rien que l’écouter nous a mis la puce à l’oreille. Inquiétant…
Il est ensuite passé à la partie délicate de l’opération: nous annoncer ses tarifs. L’œil innocent et la bouche en cœur, il nous a appris que, pour dix visites de 4 heures (mais la 11e est offerte!) il nous en coûterait 1200 euros… au lieu de 1400, va, il est bon prince. Et puis « si vous recevez du monde le samedi et que vous réalisez que votre pelouse n’est pas nickel, je peux vite passer. Mais bien sûr, en tarifs de week-end… »

Oui, bien sûr… Et il est parfaitement clair que nous sommes du genre à faire tondre la pelouse une heure avant de recevoir des amis, pour faire chic, tiens…
Je n’ai pas envie de mettre Alain mal à l’aise. J’ai donc retenu les deux réflexions que je mourrais d’envie d’exprimer: « Heu… je peux avoir le vague espoir que vous parlez en francs suisses? » et « Excusez-moi, nous avons besoin d’un jardinier, pas d’un avocat… Si vous me le permettez, je m’évanouis et je reviens. »

Je n’ai rien dit. Je suis extrêmement sage depuis que je suis ici.
Quand le monsieur est parti, non sans nous avoir averti qu’il fallait le rappeler rapidement car son planning se remplissait à vue d’œil, l’homme que j’aime et moi avons échangé un regard entendu. Visiblement, nous pensions la même chose… La longue visite que j’ai dû faire à un médecin depuis mon arrivée m’a coûtée très exactement 22 euros, avec consultation complète. Quel est donc ce pays où le tarif horaire d’un jardinier est plus cher que celui d’un médecin?!

Alain m’a dit:
- Bon, on demande un autre devis?
- Oui!

J’attends le deuxième homme pour la semaine prochaine. Mais cette fois, je sais à quoi m’attendre…

Nous reste éventuellement la dernière solution: acheter une tondeuse à gazon.
Si je n’ai jamais tondu une pelouse de ma vie, Alain, lui, connaît l’exercice.
Il m’a donc dit: « Je crois que tu ne te rends pas très bien compte que c’est assez physique. Je la tondrai moi-même, la pelouse. »
Hum. Connaissant l’importance de ses problèmes de dos, c’est exclu.
Seulement voilà, je sais que, bien souvent, lorsqu’il me met en garde, il a raison.
C’est parfaitement horripilant, mais c’est ainsi.
Nous attendons donc le devis du Messie avec anxiété.
Et si Messie a lui aussi des velléités de paie de ministre, nous complèterons son intervention par la mienne, nettement plus artisanale, mais moins onéreuse. Je mettrai peut-être deux jours complets là où il mettra une heure, mais bon, nous ne sommes pas pressés.
A moins que… ôtez-moi un doute…
Quelle est exactement la vitesse de croissance d’un brin d’herbe, déjà?

(à suivre…)

Martine Bernier

Les us et coutumes: les poubelles

25 mars, 2009

Lorsque l’on arrive dans un endroit nouveau, il faut en décoder les us et coutumes.
Dans mon petit village breton, j’ai rapidement remarqué que l’un des rites hebdomadaires était la sortie des « grandes poubelles ».

Chaque mardi matin, les « grandes poubelles », donc, doivent se trouver très tôt au centre de la petite place qui se trouve devant ma maison.
Elles doivent être alignées en rang d’oignons, côte à côte, le couvercle tourné vers la route.
Or, il n’y a pas de route clairement dessinée.
Donc, le premier jour, j’ai emmené dignement ma poubelle à 5 heures du matin rejoindre ses copines, et je l’ai laissée dans une position similaire aux autres.
En clair: je me suis fondue dans la foule.
Comme elles sont toutes identiques ou presque, j’ai sagement noté les numéros qui figuraient sur la mienne, histoire de ne pas la confondre au retour avec les autres octuplées.
A huit heures, coup d’oeil dehors: un camion fantôme et silencieux avait dû passer dans la plus grande discrétion car les containers étaient tous vides.
J’ai donc été récupérer l’objet… à ceci près que, après vérification, MA poubelle avait disparu.
J’ai donc pris une autre chose à roulettes en contrepartie et l’ai ramenée à sa place, devant la maison.

La semaine suivante, même scénario.
Départ aux aurores, retour à 8 heures avec une poubelle inconnue, la mienne ayant à nouveau disparu.

Ce mardi matin, pourtant, j’ai commis sans le savoir un crime de lèse-majesté.
Vers 11 heures, alors que j’avais ramené une poubelle au hasard, Johann, est venu frapper à ma porte.

Johann est le fils de mes voisins, un petit garçon d’une dizaine d’années, beau comme un ange, adorable et bien élevé.
Il fait partie de la petite bande de joyeux drilles qui joue autour de chez moi et que j’aime beaucoup.

Johann, donc, m’a dit très timidement: « Je crois que vous vous êtes trompée de poubelle… »
O horreur!!! J’avais ramené celle de sa famille par erreur!!!
Me répandant en excuses, je ne savais plus comment me faire pardonner lorsqu’il m’a tendu une perche:
« Si vous voulez, je la ramène chez moi et je vais chercher votre poubelle! »
Comment! Ce petit bonhomme sait donc qui est MA poubelle à moâ alors que je n’ai pas été capable de le découvrir moi même?!
Curieuse, je le regarde réaliser la délicate opération et déposer l’engin devant chez moi.

Je n’ai pas pu m’empêcher de l’interroger:
« Mais… comment fais-tu pour savoir que celle-ci est la mienne?! »
Il m’a montré une grande étiquette posée sur le couvercle, avec une inscription comportant le nom de notre commune:
« Vous voyez cette étiquette? C’est à cela que vous pouvez la reconnaître. »

Ah bon?! Mais.. lorsque j’ai fait connaissance avec ladite poubelle, le premier jour, je suis certaine qu’il ne s’agissait pas de celle-ci!
Le dilemme est kafkaïen…
Je l’ai abondamment remercié, et je suis rentrée.

Suite de l’épisode mardi prochain.
Ma poubelle va-t-elle une fois encore disparaître au profit d’une autre???
L’heure est grave.
Ciel, que la vie est compliquée…

Martine Bernier

Mon chien ne sait pas qu’il est un chien…

24 mars, 2009

Je ne suis pas partie seule de Suisse.
J’ai emmené dans mes bagages Scotty Bernier Ière du Nom, ma chienne Scottish Terrier de neuf ou dix ans.
Pas sûre de l’âge, non: les « éleveurs » (qui n’en méritaient d’ailleurs pas le nom!!) me l’ont vendue pour plus jeune qu’elle n’était, m’a appris un jour le vétérinaire.

Bref.
Entre autres qualités, Scotty semble ignorer qu’elle est un chien.
Je le pressentais déjà par le passé, j’en ai eu la preuve depuis que je suis en Bretagne.
Cette bestiole aux poils noirs parsemés de blanc et à la bouille de dessin animé, a des attitudes de jeune demoiselle enamourée dès qu’Alain rentre.

Elle a toujours adoré les hommes.
Je sais que son maître lui manque et que, quand elle va le revoir en avril, elle n’aura qu’un désir: repartir avec lui.
Les femmes, dont je fais partie, représentent pour elle un deuxième choix, à ne fréquenter qu’en cas d’absolue nécessité.

Donc, dès son premier contact avec Alain, elle a compris que s’il y avait quelqu’un à séduire dans la maison, c’était lui.
Pour de multiples raisons.
La première étant que, craquant devant cette demi-portion qui lui fait des papouilles dès qu’il apparaît, il est prêt à la récompenser en la laissant ingurgiter n’importe quelle denrée plus ou moins alimentaire lui tombant sous la main.
Or, Scotty, en chien bien élevé, n’a droit qu’à la nourriture qui lui est destinée. Chacun sachant que les restes de table fragilisent la santé des chiens.

Dès le premier soir, à l’hôtel, j’ai installé le panier de Madame dans un coin, en lui expliquant que rien n’a changé: elle dort dans son panier, et pas dans les lits.
Elle n’a d’ailleurs pas le droit de mettre le bout des moustaches dans la chambre, mais bon… cas de force majeure oblige..

Au petit matin, (mais alors vraiment très petit matin), j’ouvre un oeil, réveillée par un petit remue-ménage à ma droite, où se trouvait Alain.
Alors que je me redresse dans la pénombre, j’entends un bruit très caractéristique.
Du genre métronome devenu fou, tapant une cadence insensée sur le duvet du lit.
Qu’est-ce, me direz-vous?
La queue de Scotty, au bout de laquelle je découvre mon chien parfaitement ravi et honteux à la fois, très consciente qu’elle se trouve dans une position qui va lui valoir une monstrueuse réprimande.
Elle adresse un sourire complice à Alain (Si!!! mon chien sourit!!!) et avance vers lui en rampant, oreilles en bas, très conquérante sous ses airs faussement soumis.
Et bien entendu… il craque.

La vie s’installe petit à petit.
Mon mini chien à l’allure de colonel à la retraite, moustache au vent, découvre son nouveau domaine.
Elle me fait comprendre qu’elle a horreur du chauffage au sol en s’étalant de tout son long, pattes écartées, et en haletant vigoureusement.
Message reçu: le chauffage est arrêté.
Une fois les meubles installés, elle visite, restant au rez-de-chaussée par crainte de l’escalier en bois, un peu glissant pour ses mini pattes.

Petit à petit, elle prend ses aises, sait où se trouve son sac de nourriture, repère où sont les os et les friandises.
Devant les supplications d’Alain qui manque de s’évanouir à chaque fois qu’il respire l’haleine de la bête, j’achète des os destinés à améliorer cette situation.
D’un air dégoûté, elle les mâchouille à contre-coeur, venant se planter devant nous dès qu’elle nous voit passer à table.
Alain résiste, moi aussi.

Dès que mon grand homme rentre à la maison, elle se précipite pour lui exprimer son euphorie, ce que lui, homme à chats, reçoit avec la bonhomie tendre d’un rajah bien éduqué.
Un soir de la semaine dernière, heureuse de le retrouver, je savourais les instants de paix que nous partagions enfin, dans le canapé du salon.
Blottie contre lui, je sentais son bras autour de moi… quand soudain, j’ai vu une tête à vingt centimètres de la mienne.
Une tête poilue, une truffe noire, surmontée d’un regard béat.
Scotty!!!
Elle avait fait exactement la même chose que moi, se vautrant dans le canapé de l’autre côté de MON homme, posant sa tête sur sa poitrine.
Et lui, hilare, l’enlaçait comme il le faisait pour moi.
Non, n’imaginez pas la scène, c’est parfaitement ridicule!
Mais rigolo…

Mon chien ne sait donc pas qu’il est un chien.

En revanche, elle a un sens certain de la propriété.
Et pas seulement avec Alain.
Hier matin, alors que le jour n’était pas encore levé, je travaillais dans mon bureau donnant sur le jardin lorsque Scott a aboyé.
Le fait est suffisamment rare pour qu’il m’alerte.
J’ai regardé ce qui l’agaçait.
Une ombre se déplaçait souplement dans le jardin.
Je me suis approchée, toujours aussi myope, et j’ai vu un labrador chocolat qui arpentait ce que j’appelle pompeusement ma pelouse (mais qui est en fait un grand espace herbeux…).
Profitant de l’absence momentanée du portail, le cornichon reniflait voluptueusement et ne s’est pas gêné pour baptiser le jardin.
Or, personne d’autre que Scotty n’a le droit de faire là ce qu’il venait de faire. D’autant que je passe systématiquement derrière elle pour recueillir ses offrandes.

Outrée, Scott a été furieuse toute la matinée.
Les copains chiens, elle aime bien.
Mais de là à les voir arriver sans carton d’invitation, quand même!!!

Martine Bernier

Le tourisme dans l’Espace

23 mars, 2009

D’un côté, les Etats-Unis prévoient d’envoyer par-delà les nuages leurs premiers « voyageurs de l’espace » dans deux ans.
De l’autre, les premiers touristes galactiques européens pourront accomplir le voyage en 2012.

Que devront faire les nantis désireux d’aller admirer un clair de Terre?
Ils devront s’adresser à l’une des cinq agences de voyage partenaires de Virgin Galactic, firme de tourisme spatial.
Puis ils débourseront 200 000 dollars pour pouvoir s’élever à 110 kilomètres d’altitude pendant environ une heure et demie.
D’autres agences, dont une filiale japonaise, proposent un voyage de 6 jours et 4 nuits en apesanteur, à 100 km d’altitude.
Le prix du billet n’est pas précisé. Dommage, ça fait un joli petit Noël.

Et comme, lorsqu’il s’agit de réaliser de juteuses affaires, l’imagination de certains est débordante, la société Celesis s’est, elle, spécialisée dans les funérailles spatiales.
Les cendres de 150 défunts ont déjà été déversées dans l’univers.

Alors que, sur notre bonne vieille Terre, les discours sont de plus en plus alarmants, nous pressant de lutter contre la pollution qui abîme notre planète, alors que l’on nous conseille de préférer le train à l’avion, de laisser les voitures au garage dès que possible, d’autres humains développent donc une manière de dépenser un argent fou et une énergie colossale uniquement pour qu’une poignée de riches capricieux puissent s’offrir des sensations fortes.

Je n’ose même pas penser au discours de ceux qui en reviennent.
Jusqu’ici, nous avions droit à ceux qui ont « fait » l’Australie, la Thaïlande, l’Egypte etc… et qui le racontent à qui veut l’entendre sans réaliser que, dans leur public choisi, certains ne pourront peut-être jamais dépasser les frontières de leur région, faute de moyens.
Maintenant, il faudra donc endurer les récits des richissimes voyageurs de l’Espace.

J’avais rencontré et écouté Claude Nicollier, merveilleux astronaute suisse, qui a navigué dans l’espace dans le cadre, lui, de son travail,
Cet homme modeste, érudit et passionnant, avait un discours à la fois scientifique et humain.
Son aventure, il en parlait avec des mots qui la rendaient exceptionnelle.
Elle avait un sens, était utilisée pour la recherche, l’avancement de la sciences.

Ces touristes, eux, qu’apporteront-ils, si ce n’est une pollution indécente et un gaspillage d’argent destiné uniquement à leur permettre de voir la Terre depuis en haut?

Outre le côté indécent de la chose, je crois profondément que certains domaines doivent restés inaccessibles.
Claude Nicollier et ses collègues ont étudié, travaillé des années pour se préparer à la conquête spatiale.
Ce sont tous des gens bardés de diplômes, pointus dans leurs domaines.
Ces « touristes » nouveau genre, eux, se contentent d’être riches et d’en profiter.
Ceux qui sont déjà partis (parce que cela se fait déjà depuis 2002!) expliquent qu’ils ont voulu réaliser un rêve.
Un rêve…
Certains n’ont d’autres rêves que de pouvoir manger tous les jours et d’avoir un toit pour la nuit.

Alors le rêve d’aller dans l’espace… oui, à mes yeux, c’est une obscénité.

Ah tiens, j’oubliais.
Comme les vols vont se multiplier, mathématiquement parlant, les accidents augmenteront eux-aussi.
Ce qui sera du pain béni pour les journaux télévisés et autres, qui détailleront longuement ce type de « catastrophes ».
Pardon d’avance: à la première navette touristique qui ne reviendra pas, je n’aurai pas le coeur brisé.
Même si les explosions de Challenger ou de Columbia m’avaient peinée, elles…
Parce que, encore une fois, celles et ceux qui étaient à bord ne s’y trouvaient pas par caprice.

Martine Bernier

Les magasins…

14 mars, 2009

Je pense être une femme dénaturée: je n’aime pas les grands magasins.
L’an dernier, j’avais calculé: je n’y avais mis le nez que quatre fois en un an.
J’avais la chance de partager ma vie avec un homme qui, lui, ne voyait pas d’inconvénients à parcourir les rayons.
Je l’avoue honteusement: j’en ai largement profité…

Pour moi, il y a deux types de grands magasins: ceux qui ne m’intéressent pas, et… les librairies…
Aaah, les librairies… mais ce n’est pas mon sujet, je m’égare.
Alain travaille pour une entreprise qui implante des magasins de bricolage.
C’est dire s’il connaît les lieux. Cela pouvait nous être utile…

Lorsque l’on déménage, il est bien connu qu’il faut s’équiper pour rendre la maison habitable.
Je suis donc arrivée très vite à la constatation que nous allions devoir affronter l’épreuve un jour ou l’autre.
Le plus tôt serait le mieux, avons-nous convenu…
Armés d’une liste longue comme le bras, Alain et moi sommes entrés dans l’antre de la débauche pécuniaire la veille de notre installation.
Il m’avait prévenu: les grandes surfaces, qu’il connaît pourtant nettement mieux que moi, lui font le même effet qu’à moi.
Elles l’ennuient. Ce n’était pas gagné…
Sachant que nous devions dénicher des articles d’électro ménager, des meubles, de l’alimentation etc… je me présentais un brin déprimée au départ de notre expédition.

D’entrée, il m’a dit: « J’aime ce qui est est fonctionnel, pratique. Pour les courses, c’est la même chose. Si tu es d’accord, nous prenons des choses simples, de bonne qualité et pas trop chères. Et nous faisons vite. »
O merveille… nous nous étions compris.

Nous entrons donc dans le premier haut lieu de la consommation de notre liste.
Le simple fait de me trouver à l’intérieur a le chic pour déchiqueter mon beau moral.
Dans cet amas de marchandises, comment trouver la perle? Et, surtout, comment comprendre le charabia des vendeurs?
A peine la quête commencée, les questions fusent:
« Vous voulez un lave-linge? Qui ouvre par le haut ou par un hublot dans la paroi? Combien de kilos de linge voulez-vous y mettre? Quelle marque? Et pour le sèche-linge, vous avez un trou dans le mur de la buanderie pour la condensation? Parce qu’autrement il faut prendre celui-ci qui… etc etc… La télévision, vous la voulez comment? »

Comment je la veux?! Saignante, tiens!! Et flûte!
Voyant mon désarroi, Alain a pris les choses en main.
Nous devons faire partie des rares clients à avoir acquis autant d’articles en aussi peu de temps.
Une efficacité rare, redoutable!
Tandis que je tentais de réprimer le fou rire qui me vient souvent dans les situations que je ressens comme loufoques, il écoutait d’une oreille qui semblait distraite, mais qui en fait ne l’était pas.
Quelques secondes d’explications plus tard, il arrêtait les vendeurs partis dans leur grand délire explicatif, pointait un doigt ferme vers un article, m’interrogeait au passage:
« Celui-ci te va? »
Trop contente d’être débarrassée de la corvée, j’opinais du bonnet, et hop, l’affaire était conclue.
Avec promesse que le Graal serait livré deux jours plus tard.

Est venu ensuite le passage obligé dans une grande surface vouée à l’alimentation, que je ne nommerai pas, mais dont le nom commence par L et finit par C.
A l’entrée, un immense panneau sur lequel étaient accrochés de curieux petits appareils a attiré notre attention.
Mon Grand Homme, décidément très cultivé, m’a expliqué que ces petits scanners permettaient aux client de scanner leurs emplettes eux-mêmes et de passer à la caisse en présentant simplement l’appareil et leur carte. Ils paient et, hop, l’affaire est réglée.
Simple formalité: ils doivent accepter le fait qu’ils peuvent être contrôlés de manière aléatoire. « Mais c’est rare », précise la préposée à l’accueil qui nous remplit les formalités.
Merveille!
Commissionner sans passer par la case « je-vide-le-caddy-je-pose-sur-le-tapis-roulant-et-je-stresse-à-mort-en-essayant-de-re-remplir-le-chariot-avant-que-ne-s’accumule-un-énorme-tas- de-marchandises-bloquant-la-file-sous-l’oeil-désapprobateur-des-clients-suivants. »

Nous recommençons donc l’épreuve… et pas des moindres…
Il faut penser à tout, ce qui n’est pas possible…
Alors que la liste n’est pas tout à fait complétée, nous posons les armes, fatigués.
Nous reviendrons…
Et c’est d’un pas confiant que nous nous dirigeons vers la caisse spéciale scann, nantis d’un caddy débordant, et heureux de savoir qu’il ne faudra que deux minutes pour passer ce cap et payer.

C’était compter sans la « vérification aléatoire ».
Comme par hasard, elle est tombée sur nous.
Il faut dire que c’était la première fois que nous faisions joujou avec la petite machine, et que la facture était salée…
il fallait donc – aléatoirement, bien sûr-, vérifier si ces clients n’étaient pas de vilains pas beaux, de la famille des Paboulés.
Et nous voilà à vider le chariot, déconfits, et à le re remplir un mètre plus loin.
Miracle pour les deux distraits que nous sommes: le total annoncé par nos soins correspond exactement à celui trouvé par la caissière.
Nous n’avons oublié de scanner aucun article!
Examen de passage réussi, certificat d’honnêteté et de concentration décroché haut la main!!

Pour me récompenser, voyant mon état de décrépitude avancée, mon Tendre m’emmène à l’autre bout du parking.
Il me montre là un grand bâtiment blanc sur lequel est écrit: Espace Culturel.
Je le contemple d’un oeil torve.
Fatiguée… pas trop le coeur d’aller écouter une conférence sur la vie sexuelle des fourmis en Alaska…
Je le suis pourtant… et là, miracle absolu: l’Espace en question est une sorte de FNAC!
Des livres… des livres partout!!!!
Alleluia!!!

Vous imaginez que je me suis laissée aller à une débauche de dépenses livresques?
Et bien non.
Il faut dire que, les jours suivants, j’allais devoir ranger les quelques 4000 ou 4500 livres que j’avais emmenés avec moi.
Cela calme.

Martine Bernier

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