Archive pour la catégorie 'Bretagne'

Jean-Michel Caradec et Nolwenn Leroy

5 avril, 2011

J’ai craqué: j’ai acheté le dernier disque de Nolwenn Leroy.
Parce que j’aime sa voix, sa musicalité, sa grâce.
Parce que je trouve émouvant de la voir partir sur les traces de ses racines, de son enfance… même si on peut imaginer que l’aspect mercantile de la démarche n’a pas dû échapper à ses producteurs.
La musique celte se vend bien, paraît-t-il.

J’aime bien son album, sa griffe.
Je vais même vous confier quelque chose.
Je l’ai acheté pour une chanson en particulier.
Celle de Jean-Michel Caradec, dont j’ai déjà parlé ici: « Ma Bretagne quand il pleut ».
Je voulais la réentendre, revisitée par la talentueuse Nolwenn.
C’est une réussite.
Le timbre velouté de la voix fait merveille sur les paroles douces et tendres du compositeur qui, décidément, manque à notre ciel.
Peut-être la version de Nolwenn donnera-t-elle envie à ceux qui ne le connaissent pas de découvrir celui qui fut l’un des plus touchants troubadours de la Terre de Sel.

La Bretagne a donné naissance à bien des talents.
Mon ami Breton me parlait de sa maison, ce matin, au fil d’un message.
Les Bretons, les vrais Bretons, ressemblent à leur musique.
Riche et mystérieuse.

Martine Bernier

Ile de Batz: le jardin tropical de l’étonnant Monsieur Delaselle

25 juillet, 2010

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Georges Delaselle était assureur à Paris lorsque, en 1896, il a été pris d’un véritable coup de foudre pour l’île de Batz, en Bretagne.
Amoureux des jardins, il réalise que l’île profite du Gulf Steam, ce courant océanique venu des tropiques.
Le climat local s’en trouve adouci, ce qui provoque une idée inattendue dans le cerveau créatif du nouveau venu: créer ici un jardin colonial.
En plein Finistère, au large de Roscoff, il fallait oser…
Il l’a fait.
Pendant dix ans, de 1898 à 1918, il sera partout à la fois, dirigeant les travaux et les plantations, modelant un cordon de dunes artificielles plantées de végétaux de protection, creusant une cuvette profonde de cinq mètres dont les bords seront travaillés en terrasses.
Il creuse tant et si bien qu’il met à jour une nécropole datant de l’Age de Bronze, dont il reste encore dix tombes visibles aujourd’hui.
Le jardin, lui, prend forme petit à petit.
En mai 1918, Georges Delaselle apprend une nouvelle qui va changer sa vie: il est atteint de tuberculose.
Pour lui, il n’y a plus de temps à perdre.
Il quitte Paris, démissionne et s’installe définitivement dans son Jardin de l’Ile de Batz.
C’est à partir de là qu’une véritable légende va prendre forme.
Georges Delaselle aimait la solitude.
Son jardin, si singulier, s’y prête.
Dans cet univers de plantes mystérieuses, encore inconnues sous nos latitudes, il crée un havre de tranquillité, magique et insolite.
Un véritable Facteur-Cheval du jardin…
Mais la maladie ronge le maître des lieux.
Il cède son paradis qui va subir trente années d’abandon, puis deux hivers glacés, en 1953 et 1965, qui feront périr de nombreuses plantes.
En 1989, il ne reste plus que 49 espèces végétales sur les 102 estimées par son créateur.
Dans les années 1990, le Conservatoire du littoral reprend le jardin et lui donne un nouveau souffle.

Aujourd’hui, entre figuiers de Barbarie, camphriers importés de Chine, dattiers venus des Canaries, 2000 essences tropicales s’épanouissent sous le ciel breton.
Monsieur Delaselle peut reposer en paix…
Et les amateurs de botanique s’en donnent à coeur joie.

Martine Bernier

Les Monts d’Arrée en feu

24 mai, 2010

Lorsque j’ai vu les images des Monts d’Arrée en feu, j’ai eu une boule dans la gorge.
500 hectares de lande brûlés… c’est un crève-coeur terrible.
Le coeur de la Bretagne bat dans ces lieux.
Là rôde l’ombre de l’Ankou, des Lavandières de la Nuit, de l’Homme Noir et de son chien…
Et c’est bien normal: nous sommes à la porte entre le monde des vivants et celui de l’Au-Delà celtique.
La lande, c’est le refuge des Korrigans et de tous ces personnages qui nourrissent les légendes de Bretagne.
Quand elle est recouverte du mauve de la bruyère et de l’or des ajoncs, elle offre un paysage d’une beauté douce et mystérieuse.
Quand le brouillard se lève, ne laissant plus percevoir que la silhouette des buissons enrobés de nuages de brume, elle est magique, mélancolique.
La lande est grouillante de vie, elle qui cache une faune très particulière avec ses oiseaux, ses hermines, ses castors et ses visons européens.

Je suis très attachée à cet endroit, comme à beaucoup d’autres en Bretagne.
Je suis profondément attachée à cette terre.

Les Monts d’Arrées sont en feu.
Que les ondes de la lande lui donne la force de se régénérer.

Martine Bernier.

Je ne pensais pas encore me retrouver à l’hôpital. C’est pourtant depuis là que j’écris ce soir. J’ai un rendez-vous important qui m’attend. Il va falloir que je retrouve la liberté vite. Très vite…

Tempête sur la Bretagne

27 février, 2010

Tous les bulletins météo annoncent des vents violents sur la France, cette nuit et demain, et notamment sur la Bretagne.
Comme souvent, les vents sont annoncés d’une puissance de 130 à 150 km/h sur les côtes.
Aurore m’en parle…
Et je ne suis pas là-bas pour le voir…

Il ne reste qu’à espérer que personne ne se fera emporter par les vagues, distrait par le spectacle de la mer ravagée.
Elle est si belle, la mer, quand elle devient folle…
Je l’ai souvent vue dans cet état.
Impossible pour moi de me détacher de sa vue lorsqu’elle vient s’écraser sur les rochers.

Mais à chaque fois, je me suis demandé: comment les oiseaux supportent-ils ces épisodes violents?
Même cachés dans les aspérités des falaises, ils doivent être bien secoués…
Combien d’entre eux sont broyés à chaque tempête?

La France attend sa tempête, un tsunami secoue le Pacifique, épargnant miraculeusement les statues de l’île de Pâque, mais touchant l’île de Robinson,  la Terre de Feu subit l’un de ses pires séismes… la terre semble partir en petits morceaux…

Tandis que l’océan prépare sa colère, le lac Léman, lui, vit ses premières journées de pré-printemps.
Pas une vague, pas une ride.
Mais la rivière qui coule derrière chez moi, elle, a changé de visage.
La première fonte des neiges et les pluies de ces derniers jours ont transformé le paisible cours d’eau en un torrent rugissant, qui effraye les chiens du quartier.
Le niveau a beaucoup monté, et le débit de l’eau n’a plus rien à voir avec celui de ces derniers mois.

En sortant Pomme, je vais le voir, plusieurs fois par jour.
Je le regarde…
Je le trouve magnifique…. mais je rêve de l’Atlantique.

Martine Bernier

Guérande…

29 juin, 2009

Le vieille ville de Guérande est un endroit attachant, que j’aime.
Lui et moi y avons semé une foule de souvenirs.

Ce lundi, nous en avons créé d’autres, qui n’appartiennent qu’à nous.

Il faisait chaud, très chaud cet après-midi là. La ville était éclaboussée de soleil. Et, étrangement, malgré ce temps estival, il y avait relativement peu de monde dans les rues. 

Ce qui s’est passé aujourd’hui nous appartient,oui .

Guérande complice, belle dans sa lumière…

Escal’ Atlantique

9 avril, 2009

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Depuis avant-hier soir, j’ai la visite de l’une de mes amies très chère, venue passer quelques jours avec moi.

Pour la première fois, j’ai donc pu présenter Alain à quelqu’un de mon cercle intime, et le voir évoluer en sa présence. J’ai été séduite de le voir aussi à l’aise, aussi naturel, disponible et intéressé par nos conversations… Hier matin, alors que la pluie avait pris possession du ciel de Bretagne, il nous a proposé d’aller visiter des sites, au sec.

Et il nous a entraînées à St Nazaire, à la découverte d’Escal’Atlantique, qu’il connaissait déjà.

La surprise… 

Imaginez un paquebot amaré dans l’ancienne base de sous-marins. C’est Escal’ Atlantique. Vous embarquez, êtes reçus par un équipage stylé, et partez pour une croisière à travers le temps, découvrant ces paquebots prestigieux qui effectuaient les traversées transatlantiques. La reconstitution est saisissante, la visite jalonnée de surprises. Et Alain était le véritable capitaine de ce vaisseau magique qu’il a pris un plaisir visible à nous faire explorer…

Nous avons adoré…

Si vous passez par St Nazaire, n’hésitez pas et emmenez vos enfants: ils seront, comme vous, enchantés!

M.B.

http://www.saint-nazaire-tourisme.com/index.php?Ids=kWwUSAvbzoNAcgXhROAp&Menu=Mcpid&Action=777&DIdn1=&DIdn2=&DIdn3=&OIdn1=&OIdn2=&Idn3=&N=&idn3=71&ide=1&dr1=2&dr2=16

L’Atlantique

4 avril, 2009

Il avait dû partir aux aurores, ce matin-là, pour un rendez-vous à l’autre bout de la Bretagne.
Mais il m’a fait la surprise de revenir tôt, au milieu de l’après-midi. Fatigué, mais heureux d’être là.
La première chose qu’il m’a demandée a été: « Veux-tu que nous allions prendre l’air, au bord de l’eau? »
J’ai dit oui… évidemment…
Le bord de l’eau, ici, ce n’est pas un ruisseau: c’est l’océan!
On ne dit jamais non à l’océan…

Nous avons à peine 5 ou 6 kilomètres à parcourir pour y être, depuis la maison.
Il a garé la voiture en bord de route, et nous avons marché dans le sable.
L’Atlantique est un océan doté d’une personnalité forte.
Il se fait entendre bien avant que l’on puisse le voir.

Je ne suis pas marin.
Je suis plutôt du style à admirer les navigateurs comme Olivier de Kersauson et bien d’autres, et à me taire en regardant les vagues.
Nous sommes restés là, à écouter la mer, les oiseaux, et à respirer le vent.
Il n’y avait pas une âme.
Des millions de couples ont dû avoir les mêmes gestes que nous en regardant la mer.
Blottis l’un contre l’autre, conscients de vivre un moment privilégié.

Autant il faisait chaud sur la route, autant le vent venu du large était frais.
Nous avons retraversé la plage avec, dans notre dos, le bruit de l’eau qui semblait nous appeler.
Autrefois, lorsque je devais m’éloigner de la mer, j’avais le cœur brisé, consciente qu’il me faudrait des mois avant de la retrouver.
Aujourd’hui, je sais que nous y retournons quand nous en aurons envie, qu’il ne faut pas patienter longtemps…

Habiter en Bretagne n’est pas anodin.
Comme habiter en Corse, sans doute, ou dans tous les autres lieux « forts ».
On n’y vient pas par hasard.
On y vient parce que quelque chose de puissant et d’attirant nous y appelle.
C’est un lieu de choix, de désir.

Mince, qu’est-ce qu’on s’y sent bien…

M.B.

L’or de Bretagne… les genêts et les ajoncs

3 avril, 2009

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Lorsque vous arrivez en Bretagne en cette saison, vous êtes frappés par une apparition qui me fascine depuis que je suis enfant: les ajoncs.
A ne pas confondre avec les genêts qui sont eux aussi présents dans la région, mais qui ne possèdent pas de piquants, et sont toxiques.

Ces ajoncs qu’aimait Gauguin lorsqu’il a vécu à Pont-Aven, ils sont partout, vagues d’or le long des routes, sur les landes, au bord des champs.
Ils poussent comme de la mauvaise herbe, mais contribuent à signer la carte de visite de la région.
De l’or en fleurs qui tamponnent de leur sceau chaque chemin breton.
J’en ai même au bout de mon jardin, derrière le muret.
Ce qui m’a donné l’occasion d’aller les examiner de plus près.
Bien rustiques, bien piquants, ils sont d’ici, sans chichis.

Pourquoi dis-je cela?
Parce que j’ai découvert que les genêts, eux, qui vivent en bon compagnonnage avec les ajoncs, doivent être plus aristocrates: ils ont droit à leur légende, comme nous l’explique Wikipédia!

Elle raconte qu’en 1128, Geoffroy V, dit « le Bel », comte d’Anjou et du Maine, caracolait dans une lande près de la ville du Mans, lorsque, ô surprise, ‘il aperçut une licorne à tête de femme, vêtue d’un manteau d’or au milieu d’un champ de genêts. Bouleversé par cette apparition, il choisit de faire de cette plante son emblème et d’en planter sur ses terres, d’où l’origine du surnom « Plantagenêt ». Les nom de famille Gineste, Genest proviennent de l’appellation de cette plante.

Elles sont belles, les légendes bretonnes, vous ne trouvez pas?

Ce matin, je ne les vois pas, mes arbustes d’or.
Il y a du brouillard sur tout l’Ouest de la France.
Ce fameux brouillard qui rend la région si mystérieuse…
Je dois être indécrottable: même lui ne me déplaît pas!

Martine Bernier

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Le malodorant chemin des huîtres de Carnac

27 mars, 2009

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Ce devait être un grand moment… Enfin, lui et moi allions découvrir ensemble le fameux « Géant », cette pierre levée exceptionnellement grande, perdue dans les bois de Carnac…

En arrivant sur le chemin qui longe la forêt, en sortant de la voiture, nous avons eu la surprise du siècle. Je précise: la mauvaise surprise du siècle! Une odeur pestilentielle nous a pris à la gorge… Comment décrire la chose sans vous donner le mal de mer aux aurores? Une odeur de marée pourrie me semble être l’expression à la fois la plus précise et la plus sobre.

Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre d’où venait ce délicat parfum…  Le chemin qui bordait la forêt était recouvert de coquilles d’huîtres dont visiblement les occupantes n’avaient pas été délogées avant leur importation. De vieilles huîtres malades (« pourquoi dis-tu qu’elles étaient malades, me souffle Alain? Elles étaient peut-être en très bonne santé à la base! Il faut faire une autopsie de l’huître! »).

Non. Vu l’odeur, je vous garantis qu’il s’agissait de vieilles huîtres malades. Voilà. Et mon adorable compagnon a beau protester à côté de moi, je n’en démordrai pas.

Pendant de longues minutes, tout le long du chemin, nous avons subi l’enfer olfactif, croisant d’autres courageux à demi asphyxiés eux aussi, rampant  presque vers le site sacré.

Le Géant, désormais, il se mérite… Les survivants ont le bonheur de découvrir la plus belle pierre du site de Carnac, le teint légèrement blême, l’oeil un peu éteint.

Voyons… Carnac reçoit-il trop de visiteurs? Fallait-il trouver un moyen  pour décourager les touristes? Ou, comme le sous-entend Alain hilare, est-ce une vengeance des producteurs de bulots destinée à dégoûter les gens à consommer des huîtres?

La vengeance du Bulot Masqué a marché. Pour ma part, il me faudra quelque temps avant de convaincre mon estomac a réapprocher une huître à moins de 100 mètres.

J’aime toujours autant le Géant. Mais par égard pour vos touristes, ô vénérables responsables de l’Office du Tourisme local, prévenez-les AVANT la visite qu’ils doivent s’équiper d’un masque à gaz…

 

Martine Bernier 

 

 

Clins d’oeil de Bretagne 1.

13 mars, 2009

Une semaine et demi que je vis en Bretagne…
J’aime…
Je n’y peux rien, c’est ainsi, j’aime.
Surtout lorsqu’il est avec moi…

Comme je l’écrivais à  ma tribu d’amis, il y a cependant deux ombres au tableau.

1. Ici les araignées sont bodybuildées. Arf. Je croyais qu’elles avaient horreur du bois de châtaignier. J’ai beau habiter un lieu qui porte le nom de ces arbres, elles n’ont pas l’air d’en être contrariées. Zut. Nous avons donc fait l’acquisition d’un produit adapté. Oh, peu de choses… je lui demandais juste d’avoir la puissance d’une bombe atomique. Condition sine qua non pour que j’accepte de remettre le bout du nez dans le garage.

2. Ma chienne Scotty Bernier, schottish terrier et Irlandaise de pure souche, a vu l’océan hier pour la première fois. Et.. l’ingrate n’a pas aimé du tout. Les odeurs, les goélands alignés en rangs d’oignons sur les arrêtes des toits en attendant le retour des pêcheurs, les mouettes rieuses qui se paient sa truffe, les coquillages, les oiseaux mazoutés, ce n’est pas sa tasse de thé. Elle va jusqu’à  grogner sur les vagues et filer comme un lapin lorsqu’elle les voit s’approcher. En prenant un air dégoûté devant cette amas d’eau même pas buvable!
Fichtre, quel pays a-t-elle l’air de dire.

Martine Bernier

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