Archive pour la catégorie 'cuisine'

La monstrueuse taillaule

16 septembre, 2011

Depuis plus d’un an, le vendredi est devenu un jour que j’aime.
Celui qui signe le retour de Celui qui m’accompagne.
Bien décidée à lui faire une surprise, la veille au soir, je me suis lancée dans la confection d’une taillaule.
Qu’est-ce qu’une taillaule, me direz-vous?
Une brioche neuchâteloise absolument délicieuse.
J’ai donc oeuvré, très concentrée, et ai laissé la pâte reposer toute la nuit.
Ce vendredi n’était pas comme les autres.
Il clôturait une nouvelle série d’examens médicaux par une prise de sang matinale.
Levée dès potron minet, j’ai entrepris de rendre l’appartement accueillant tout en jetant un oeil sur ma taillaule que j’allais passer au four.
Et là… ô surprise: la pâte avait doublé de volume.
Je n’allais pas me laisser impressionner par une brioche!
J’ai installé le monstre dans un moule bien beurré, et l’ai glissé au four où il était censé cuire en une heure.
Hum.
Une heure et quart plus tard, je devais absolument partir pour le laboratoire… et la bête n’était toujours pas cuite.

Angoisse et réflexion intense.
J’ai choisi de baisser le four et de filer, laissant mon oeuvre sous la surveillance passive de Pomme.
Je vous passe les mésaventures intervenues entre deux, et dues uniquement à ma légendaire distraction.
Toujours est-il qu’au retour, lorsque j’ai enfin pu réintégrer le nid, j’avais une légère appréhension.
Si les pompiers m’avaient reçue sur le pas de la porte, promis juré, je n’aurais plus approché un four de ma vie!
Ce n’est pas une fumée épaisse qui m’a accueillie, mais un délicieux parfum de pâte cuite.
J’ai dit cuite, pas brûlée!

Vérification faite, la taillaule était à point… mais avait encore monté, dépassant le moule de cinq bons centimètres.
Restait l’opération la plus délicate: le démoulage.
Là encore, aucun problème, elle s’est complaisamment dégagée de son corset pour aller s’installer sur un plat.
Là, j’ai pu l’admirer en paix.
Dorée, bien droite, elle était belle…
Reste à savoir si elle est bonne, ce que mon Capitaine aura l’honneur de constater lorsqu’il arrivera, me suis-je dis.

En recouvrant ma brioche d’un linge propre, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’il y a un dieu pour les cuisinières approximatives…
Le problème… c’est que ce soir, lorsque nous avons goûté la Chose, elle était un peu moins bonne que belle.
Pas catastrophique, non.
Juste un peu originale.
Tssss…

Martine Bernier

Le cognac : une star universelle

12 juillet, 2011

Je ne bois pas d’alcool, c’est ainsi.
Mais je suis intéressée par les dessous de certaines boissons, par le vocabulaire utilisé pour en parler.
Dernièrement, je me suis penchée sur le cognac, et ce que j’en ai appris m’a intriguée.

Dans tous les grands hôtels du monde, à la fin du repas, dans toutes les nations aisées de la planète, son nom revient sans cesse.
Cognac…
La ville du même nom où il est produit est devenue, par la même occasion, l’une des villes françaises les plus célèbres au monde.

Ce qui me touche?
La poésie que l’on trouve dans sa préparation.
Trois cépages sont utilisés pour le créer: l’ugni blanc, la folle blanche et le colombard, qui produisent un vin de qualité plutôt médiocre.
La fermentation dure 15 jours, puis le futur cognac est distillé dans des alambics en cuivre rouge martelé.
Après la première chauffe, on recueille un liquide trouble: le brouillis, qui sera l’objet d’une deuxième chauffe: « la bonne chauffe ».
Elle aura pour effet de sélectionner la meilleure partie de l’alcool, le « coeur ».

A cet moment-là, le cognac n’est encore qu’une eau-de-vie sans couleur.
Il va être mis à vieillir dans des barriques de chêne.
Pendant les premières années, le cognac perdra un degré d’alcool par an, et 2 ou 3% de son volume.
Cette évaporation s’appelle…. la part des anges.
Avouez que c’est joli!
Lorsqu’ils survolent la région, les anges en question doivent rentrer chez eux régulièrement pompettes puisque l’équivalent d’environ 20 millions de bouteilles s’envole ainsi chaque année dans l’atmosphère.
Ce sont ces vapeurs de cognac qui favorisent, sur les tuiles et les pierres, le développement d’un champignon (le torula cognacensis), qui donne aux maisons des distillateurs une couleur noire très caractéristique.

Juste encore un mot.
Le cognac est bu dans le monde entier, mais de manière différente.
En France, en digestif, tiédi, dans un verre tulipe.
En Angletterre, il devient « brandy » et se boit souvent en long drink, allongé de ginger ale.
Aux Etats-Unis, on le trouve comme alcool dans de nombreux cocktails.
Au Canada, on l’additionne d’eau de Vichy glacé.
En Extrême-Orient, il se boit nature au cours d’un repas.

Bref, il est aimé.
Un auteur conquis a d’ailleurs écrit un jour à son sujet:
« L’eau-de-vie de Cognac est un hasard de la nature, un accident heureux et une exception. »

Martine Bernier

La Cancoillotte: un OVNI dans le fromage

1 septembre, 2010

Quand Il m’a « Je vais te faire goûter quelque chose: la Cancoillotte », j’ai eu un petit moment de flottement.
Cancoillotte… keseksa?
J’ignorais qu’Il allait me faire pénétrer dans le monde étrange de l’un des fromages les plus surprenants que j’ai jamais goûté.
Un OVNI.
Affichant une mine grave de circonstance, il a pris une cuillère, l’a plongée dans la curieuse pâte et me l’a tendue.
Je ne dirai pas que le temps s’est arrêté, qu’un soleil radieux a brusquement écarté les nuages et qu’un chant céleste a résonné, n’exagérons rien.
Mais presque.

Ce met au nom bizarre ne ressemble à rien de ce que j’avais mangé jusqu’ici.
Spécialité de Franche-Comté, il est là-bas, tellement populaire que tout le monde en pose sur sa table.
Normal: la Cancoillotte fait partie d’une tradition millénaire.
Comme l’est la fondue, en Suisse.
A ceci près que celui de Franche-Comté, nous dit-on, aurait des origines gallo-romaines.
Certains pensent que son nom viendrait de l’expression latine « concoctum lactem ».
Ce qui fait sourire quelques historiens qui, eux, situent l’apparition du produit au XVIe siècle, estimant qu’il serait né d’une erreur de fabrication, comme la Tarte Tatin.

Tout cela est bien beau, me direz-vous, mais à quoi ressemble donc cette fameuse Cancoillotte??

Il a sorti une boîte ronde contenant une pâte ressemblant à du fromage fondu.
Déclinée nature ou en plusieurs parfums, notamment au vin jaune, l’onctueuse mixture se présentait cette fois habillée d’ail rose.
Elle se mange à la cuillère, étalée sur du pain ou nappant des pommes de terre.
Elle est difficile à décrire: un goût salé, un peu acide, rappelant le goût du beurre, une consistance lisse, onctueuse, une couleur crème.
C’est bon.
Très bon, même.
Tous ceux d’ici qui l’ont testées en sont devenus fans en quelques secondes.

Franchement…
Vous en connaissez beaucoup, vous, des fromages qui disposent d’une légende et… d’une chanson?
J’ai bien dit d’une chanson, à découvrir sur le lien ci-dessous.

Quant à la légende, la voici: elle vient des plateaux du Haut-Doubs:
« Dans une ferme comtoise, il y avait deux géants surnommés Cancoille et Yotus. Une bagarre éclate entre les deux hommes, et au cours de la bataille, le géant Yotus tombe sur le coin de la cheminée et renverse un pot de lait caillé, le récipient se vide alors dans le chaudron suspendu au-dessus du feu. Et, tout naturellement, le lait caillé a fondu, Cancoille étant vainqueur de la rixe, le fromage fondu se serait appelé cancoillotte. »

Je ne suis pas prête de l’oublier, ce drôle de fromage dont je n’arrive pas, une fois sur deux, à prononcer le nom correctement.
Et qui Le fait sourire de fierté lorsque l’on avoue l’apprécier…

Martine Bernier

Ce soir, un message m’annonce qu’Annabelle, la jeune fille atteinte dernièrement dans sa santé, a été opérée avec succès et est sur le chemin de la guérison.
Un message d’amitié s’envole vers elle: que ton chemin soit beau, petite Annabelle!

Le Balzac: le royaume en chocolat

5 juin, 2010

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Ce jeudi, avant les jours bouleversants  qui m’attendaient en cette fin de semaine, j’avais un rendez-vous professionnel intriguant.
Un rendez-vous avec Cay Nielsen, le créateur du « Balzac », à Morges (Suisse).

Le Balzac, à Morges (Suisse) est une adresse à ne pas perdre.
Première particularité de l’endroit: il se trouve dans les anciennes prisons de la ville.
La deuxième originalité est liée à la personnalité du maître des lieux, mi-Suisse mi-Danois, sociologue, psychologue, grand voyageur et passionné de saveurs du monde.
Au début des années 2000, soutenu par son épouse Anne, il a décidé de radicalement changer de vie.
L’idée qui germait en lui, il a décidé de la tester en réalisant un tour de Suisse un peu particulier.
Dans chaque endroit testé, il a commandé un chocolat, un café et un thé.
Son verdict est implacable: « Le café est rarement bon, le chocolat et le thé sont en sachet. »
Sa décision est alors prise: il va créer un salon de chocolats, cafés et thés où la clientèle pourra découvrir les meilleurs produits.
En 2001 c’est chose faite, le Balzac ouvre ses portes.
Partout, des livres du grand écrivain sont à la disposition des hôtes qui les feuillètent sur place.
L’endroit est étonnant, décoré avec les souvenirs ramenés de leurs voyages par Cay et Anne et… disponibles à la vente pour ceux qui auraient un coup de coeur.

Comme le dit si bien Cay: de ce lieu de détention, ils ont fait un lieu d’évasion.
Ici, les clients peuvent déguster les meilleurs chocolats chauds maison, onctueux à souhait et réalisés avec les fèves les plus fines.
Les cafés, les thés odorants: tous proviennent de producteurs avec lesquels Cay et Anne travaillent en commerce équitable.
Dans les assiettes, toutes marquées au sceau de Balzac, se retrouvent des salades aux noms envoûtants, issues de cultures maraîchères bio de la région, et du pain au levain, dont la préparation est terminée dans la cuisine.
Et si vous hésitez entre plusieurs glaces ou pâtisseries maison, sachez que le fin du fin, c’est la « Bouchée de Paradis », au coeur de chocolat chaud et fondant.
Une véritable merveille…

L’établissement ne désemplit pas, il est nécessaire de réserver pour avoir une chance de s’attabler dans ce palais des saveurs.
Si en prime vous avez la chance de pouvoir partager un moment avec le patron, vous pourrez vous vanter d’avoir passé une journée réussie.
Aussi chaleureux et généreux que ses chocolats, il partage ses passions et ses découvertes sans se faire prier.
Une excellente adresse où vous ne risquez qu’une chose: devenir accro aux saveurs qui vous sont proposées…

Martine Bernier

Le Balzac
rue Louis de Savoie 37
‪1110 Morges
Suisse
Tél: ‪021 811 02 32
E-mail: info@balzac.ch
Site: www.balzac.ch
Horaires:

Lundi: Fermé
Mardi: 08h00 à 18h30
Mercredi: 08h00 à 18h30
Jeudi: 08h00 à 22h00
Vendredi: 08h00 à 18h30
Samedi: 09h00 à 17h00
Dimanche: 11h00 à 17h00

La magicienne de la Ferme des Pralies

27 mai, 2010

La ferme des Pralies se trouve en Suisse romande, à un saut de puce de Nyon.
Pour les besoins d’un article, j’y suis allée pour rencontrer non pas Bernard Delessert, le maître des lieux bien connu des amateurs de produits cultivés de manière naturelle, mais son amie, Gabriella.
Gaby pour les intimes.

Lorsque je suis arrivée, après avoir quitté un homme passionnant auquel je consacrais un autre article, elle était dans le potager où elle arrosait des salades.
Je me suis retrouvée face à une jeune femme accueillante, mais un peu dans l’expectative face à cette visiteuse inconnue, journaliste qui plus est.
Et… la magie à opéré.
Avec certaines personnes, le contact passe merveilleusement.
Ce fut le cas ici.
Nous partageons le même sens de l’humour assez délirant, ce qui ne gâte rien.
L’interview s’est déroulée sur un mode léger et joyeux, parsemé d’éclats de rire.
Jusqu’au moment où elle a proposé de me faire déguster les produits qu’elle confectionne elle-même.
Ici sont notamment cultivés des légumes d’aujourd’hui et d’hier, des petites fruits, des herbes aromatiques rares et odorantes, une quinzaine de sortes de piments et poivrons et une cinquantaine de variétés de tomates.
Avec ces dernières, Gaby confectionne une confiture raffinée.
J’ai été sidérée de découvrir la douceur sucrée de cette préparation que je ne connaissais pas.

Cuisinière formée à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, Gaby est pétrie de talent dès qu’elle touche un plat.
Mais sa force est l’art consommé avec lequel elle arrive à doser les ingrédients.
Plusieurs de ses trente-cinq confitures présentent un fruit classique assorti d’une touche d’inattendu.
Comme sa gelée de groseilles au basilic thaï ou ses pêches basilic- cannelle.
Cette dégustation en plein air, entrecoupée de rires et de l’histoire de « Cyrano », le tamanoir fugueur de la maison, et, surtout, la personnalité fraîche et sensible de mon interlocutrice m’ont charmée.
Si vous habitez dans la région, passez découvrir ce petit coin de nature.
Ici, les légumes sont cultivés en pleine terre, et témoignent leur reconnaissance en offrant des parfums et des saveurs prononcées.
Quant aux animaux, à voir s’ébattre les poules élevées en liberté et les chats de la maison s’endormir au soleil, il semble évident qu’ils ont une vie de rêve…

Martine Bernier

http://lafermedespralies.webnode.fr/

Jean-Pierre Coffe: Une réalité conviviale

15 janvier, 2010

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Il est rare que je souhaite rencontrer deux fois la même personnalité.
Jean-Pierre Coffe a tant à dire, tant à partager, qu’il fait exception à la règle.
Son actualité est toujours aussi riche et trépidante, mais il prend le temps de se poser, de partager un repas, de partager une conversation intime et de reprendre le fil d’une interview en s’amusant des questions posées lorsqu’elles entrent dans sa sphère privée, sans esquiver celles qui le dérangent. L’image que le public connaît de lui ne correspond qu’à une infime partie de sa personnalité. Généreux et fin, c’est un homme sensible, cultivé, pour lequel la convivialité n’est pas un vain mot… Rencontre à Paris, au Café Le Nôtre, autour d’un repas, pour un moment très particulier.

- La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, vous m’aviez notamment parlé de ce que vous aviez fait, à l’époque, pour les personnes âgées isolées et dépourvues de moyens financiers suffisants pour pouvoir partir en vacances. Vous aviez, il y a des années de cela, créé une association qui permettait de les envoyer en vacances à travers la France et, parfois, à l’étranger, chez des personnes qui les accueillaient chez elles. Privé de subventions, vous aviez fini par financer le tout de vos propres deniers avant de devoir abandonner, la mort dans l’âme…
Oui… c’est très amusant que vous reveniez sur ce sujet, parce qu’il est question que ce soit repris. C’est en projet. On m’a demandé de réorganiser la même chose en France. Et cette fois, l’initiative serait supportée par un Groupe d’assurance. J’ai rencontré les responsables par hasard, et ils m’ont demandé comment l’on pourrait parler d’eux. Je leur ai dit que j’avais une idée, que ce serait formidable si l’on remettait ce projet en route. Comme il faut un assureur, ce pourrait être eux. Il n’y a pas grand-chose à payer puisque ce sont les gens qui invitent qui paient les frais.
Le problème en France, et je pense que c’est pareil un peu partout dans le monde… le Français est égoïste. C’est très lié à la façon de manipuler la générosité. On sort son portefeuille, on pose 20 euros ou 20 francs sur la table et l’on est libéré de sa culpabilité. C’est la même chose si vous voulez parrainer quelqu’un. Vous payez et vous ne vous en occupez plus. Cela ne viendrait pas à l’idée de se dire: « Je paie tous les ans pour le même petit Ghanéen, et je ne le verrai jamais, je ne vais pas le recevoir chez moi, il n’y aura pas d’échange… »
Je suis contre cette façon de faire.
A l’origine, en France, on quêtait sur la voie publique pour les veuves de guerre, les personnes âgées, les paralytiques… On donnait un peu d’argent et l’on recevait une épingle avec un bout de papier que vous épingliez à votre poche. C’était valorisant.
Donc, quand on m’avait posé le problème des vacances pour les personnes esseulées, je ne voulais pas d’une opération pleine d’argent. L’idée était: arrêtons de quêter et de se donner bonne conscience parce que l’on donne de l’argent et rien d’autre. Donnons réellement de notre personne. Ouvrons notre maison, partageons. Partageons la table, les joies, les fêtes, le temps, et en échange de cela, rendons service. Que les deux donnent. L’un reçoit chez la personne, en échange de quoi l’invité va parler aux enfants, leur apprendre ce qu’est la communication, leur apprendre ce qu’est la cuisine, recoudre un bouton. Elle fera ce qu’une grand-mère ferait. Il ne s’agit pas de travailler, d’être transformée en femme de ménage, non. D’ailleurs, à l’époque, à la moindre plainte de ce genre, nous intervenions. Simplement, la personne ne sera pas à charge, elle sera utile, en étant intégrée à la famille.

- Vous soutenez également l’opération « Je Déj’, je donne ». De quoi s’agit-il?
Cela fait partie de mon combat pour la lutte contre la faim dans le monde. Le projet va évoluer, puisqu’il a eu lieu au moment de Noël. L’association contre la faim dans le monde cherchait une personnalité qui accepterait d’expliquer qu’ils avaient passé un accord avec l’organisation des chèques restaurant. Quand on payait avec un chèque restaurant, une partie de cette somme était redistribuée pour la faim dans le monde. Mon équipe de TV a accepté gratuitement de tourner, Drucker a accepté que l’on montre la bande. On a tourné chez moi à la campagne etc, pour diffuser une information.

- Depuis quelque temps, vous intervenez sur une nouvelle collection: « Ce que nous devons savoir sur… ». Pouvez-vous en dire quelques mots?
Je suis directeur de cette collection. Je fais la préface, et je choisis les sujets. Chaque livre est réalisé par un auteur différent, et conçu selon le même canevas, avec une partie historique, une partie de communication, une partie d’explications techniques, des recettes, etc. Nous en avons en préparation des volumes sur le fromage, le yaourt, le poisson, par exemple. Je travaille beaucoup sur les yaourts en ce moment car je voudrais que l’on puisse en faire sans épaississant, sans colorant et sans arômes.

- Etes-vous vous-même en préparation d’un nouvel ouvrage?
Oui. A la fin du printemps sortira « Recevoir ses amis à petits prix »… Avec des idées de repas, mais aussi de vins bons et peu chers

- Pourriez-vous avoir un jour l’envie d’écrire un livre sur les régimes?
Jamais! J’ai fait un régime quand j’étais jeune parce que je pesais 130 kilos. Et j’ai perdu tous mes cheveux en 48 heures! Alors les régimes… Il est nettement plus intelligent de parler de bonne hygiène de vie. Mais je n’ai pas le temps d’écrire sur ce sujet: j’ai signé pour des ouvrages jusqu’en 2014!

- Vous collaborez avec Leader Price. Pour eux, vous testez et validez des produits alimentaires, visitez des usines. Votre image apporte une crédibilité nouvelle à la marque. Pourtant, vous avez été attaqué plusieurs fois sur votre démarche, et particulièrement par Perico Leggas qui vous a mis en cause à propos de raviolis dont la viande n’est en fait que de la farce composée de cartilage etc. Comment réagissez-vous à ces attaques?
Je me défends en principe face à des interlocuteurs qui sont de bonne foi, qui ont des arguments sérieux. Ce qui n’est pas le cas ici. Cet homme, qui a été mon employé pendant trois ans, m’attaque sur un produit qui date de 2001 et qui a été retiré de la vente en 2002! S’il avait mon estime, je me défendrais, mais pas là. Ce sont des attaques personnelles, je ne m’abaisserai plus à lui répondre, j’ai déjà rectifié la vérité à la télévision, à la radio, dans la presse. Si vous saviez le travail que j’effectue pour cette campagne… J’effectue deux visites d’usine par semaine pour vérifier la qualité des produits. Je suis suffisamment orgueilleux et fier de ce que je fais pour Leader Price pour ne pas m’arrêter à cela.

- J’aimerais que nous imaginions ensemble un questionnaire de Proust de la gastronomie. Pour un repas idéal, quelle serait votre entrée préférée?
Des asperges avec une sauce hollandaise.

- Votre plat principal?
Une blanquette de veau.

- Trois fromages?
Tout dépendra de la saison. En été, un assortiment de chèvres. En automne, un camembert. Et en hiver, un munster, un très vieux roquefort et un vrai gruyère de Gruyère. Au printemps, les fromages ne sont pas faits. Il faut donc prendre des fromages d’hiver.

- Votre dessert?
Si je prends une entrée, un plat et des fromages, je n’en mange pas. Sinon, j’aime beaucoup les desserts dans la grande tradition de la pâtisserie française: les babas au rhum, les Paris-Brest, les mille-feuilles. Je fais aussi une charlotte aux pommes, uniquement avec des pommes, qui est le dessert que je sers lorsque j’ai du monde.

- Le produit dont vous ne pourriez pas vous passer?
L’œuf!

- Celui que vous ne supportez pas?
Le surimi

- Votre épice?
Le curcumin

- Le légume?
L’asperge, parce que c’est réellement un légume de saison, et la pomme de terre.

- Le fruit?
J’adore la pêche.

- La friandise?
Pour moi, le chocolat à la pistache est irrésistible. Surtout s’il vient d’un petit magasin de Lausanne, dans une rue qui descend, où ils vendent un chocolat extraordinaire. (NDLR: Blondel, rue de Bourg à Lausanne)

- Votre boisson?
J’aime beaucoup le vin blanc. Je choisirais un Chenin.

- Votre péché mignon?
Le petit-déjeuner, quand j’ai le temps. Je le prends vers 11 heures, et cela me tient jusqu’au soir. Cela peut être avec du saumon fumé, un œuf à la coque, du caviar, des confitures, des toasts, des salades de fruits frais…

- Qu’avez-vous toujours dans votre frigo?

De la graisse de canard et du saindoux

- Et dans vos placards?
Du thon, du maquereau en boîte et des sardines. J’adore ça!

- Quel aliment ne mangerez-vous jamais?
De la cervelle de singe décalloté vivant. C’était le repas des empereurs Manchus. J’ai mangé de la chauve-souris, du boa, des tas de choses. Mais ça, je n’ai pas pu…

- Quels convives, d’hier ou d’aujourd’hui, aimeriez-vous réunir autour d’une table idéale?
Voyons… Miou-miou et Jean Teulé, parce que ce sont des amis, Jussieux, Vincent de la Chapelle, créateur de la cuisine moderne sous Louis XV, Tayllerand et Jean de la Quintinie, jardinier de Louis XIV. Il faudra que j’aille voir si c’est possible, en arrivant au Paradis!

Martine Bernier

Le délice vietnamien

13 octobre, 2009

Ce soir, j’ai invité mon fils aîné, Sébastien, et sa compagne, Magaly au restaurant chinois pour fêter l’anniversaire de cette dernière.
J’avoue que j’ai un grand faible pour le couple plein de gentillesse et d’humour qui tient ce restaurant.
A chaque fois que je passe la soirée chez eux, je sais que quelque chose va se passer de drôle ou d’insolite.
Et il est rarissime que je n’attrape pas le fou rire lorsque je leur rends visite.
La soirée a tenu ses promesses…

En entrée, mon héroïque rejeton a décidé d’essayer ‘L’oeuf centenaire » que même la patronne n’a jamais osé s’aventurer à goûter, nous a-t-elle confié par la suite.
Le plat est arrivé sous l’oeil dubitatif de Magaly.
De mon côté, je l’ai goûté aussi…
L’oeuf centenaire est… noir.
Ou plutôt le jaune est noir, et le blanc est gélatineux et brun.
Tout vient du mode de cuisson, et le goût est très particulier, plutôt bon.

En fin de repas, alors que nous étions les derniers clients, la maîtresse des lieux a passé un moment avec nous. Elle nous a expliqué venir du Vietnam tandis que son époux est Malais, je crois.
Et a commencé une conversation ahurissante.
Il faut l’imaginer avec un accent vietnamien très prononcé.

- Ye qui est tlès bon, y’est l’oeuf de cane avec le caneton dedans.
- Pardon????
- Oui! Ca ye mange au Vietnam. Y’est vlaiment tlès bon. Comme je yais que mon mali aulait pu êtle choqué, y’ai attendu que ce yoit la nuit poul l’emmener en manger aussi. Là-bas on mange dehols, dans la lue.
- Et il a aimé?
- Oui, beaucoup! Mais il ne yavait pas ye que y’était!
Madame continue en nous expliquant qu’elle fait elle même son saké de riz.
Elle nous décrit sa recette en précisant:
- Y’est tlès tlès bon! Mais ya me fait toulner la tête!

Se retournant vers son mari qui débarrassait les tables, notre adorable patronne lui a demandé:
- Tu te youviens des oeufs de cane avec le caneton dedans?
- Oui! Y’est tlès bon.

Petit silence rêveur et Monsieur poursuit, hilare:
- Et y’est tlès aphlodiyiaque!!

Et on me demande pourquoi j’ai le fou rire lorsque je vais voir ces gens délicieux…

Martine Bernier

L’île aux grillades

9 avril, 2009

De passage à Redon (France) avec une amie, nous avons découvert par hasard un restaurant qui nous a complètement séduites: « L’Ile aux Grillades ».
Les propriétaires actuels l’ont racheté il y a une semaine à peine, et reçoivent leurs clients avec une gentillesse qui, à elle seule, vaut le détour.
La cuisine savoureuse, classique mais goûteuse et pas très chère, et le décor composé d’un mobilier moderne aux teintes chaudes dans une maison ancienne pleine de cachet, nous ont laissées une sensation de réussite parfaite.
En bref, si vous passez par là, n’hésitez pas à vous y arrêter, vous serez séduits par la cuisine et la cordialité de tous ceux qui y travaillent!

M.B.

Ile aux Grillades
15 rue de l’Enfer, 35 600 Redon
Tél/fax: 02 99 72 20 40

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 10. Le fromage

21 mars, 2009

L’homme que j’aime est un épicurien doublé d’un fin gourmet.
Il aime les bons produits, les recettes simples mais savoureuses, la convivialité de l’instant… et voue une tendresse particulière à Jean-Pierre Coffe dont il adhère totalement aux idées.

Hier, alors que nous en étions à la page « corvée emplettes », il m’a entraînée vers le rayon des fromages à la coupe.

D’un côté, vous avez la réaction (interne, je n’en ai pas pipé mot) de la femme, devant cet amas de merveilles… et la montagne de cholestérol qu’il représente.
Tenaillée entre le désir et la raison, j’ai opté pour le désir, misant sur le fait que nous serions raisonnables.
La « ligne » étant une notion qui nous est sortie de l’esprit depuis pas mal d’années déjà (du moins dans mon cas), il faut cependant songer à certains soucis de santé qui font partie de son quotidien et qui m’inquiètent un peu.
Donc, un minimum de sagesse s’imposait.

Lui, largement au-dessus de mon épaule (oui, il est toujours aussi grand…), me décrivait les pâtes dures alléchantes qui minaudaient devant nous, et m’en vantaient les mérites.
Nous avons donc opté pour un choix de cantals, mimolette trrrrrrèèèès vieille et un ou deux autres dont je n’ai pas retenu le nom.
Parachevant l’oeuvre avec des fleurs de Tête de Moine, histoire de rendre hommage à la Suisse qui m’a accueillie et nourrie si longtemps, et avec de la mozzarella de buflonne, afin de nous donner bonne conscience.

De retour chez nous, après avoir vidé la voiture pleine à craquer (oui, installer une maison demande du temps et des investissements…), nous nous sommes partagé les tâches, religieusement.
En clair, j’ai coupé les tomates (ah, je bénis l’inventeur du coupe-tomates-en-tranches !!!) tandis qu’il les disposait artistiquement sur un plat, intercalant entre elles les tranches de mozzarelle.

Nous avons pique-niqué, activité que nous adorons partager.
Avouons-le, l’entrée a déjà recueilli nos suffrages.
Mais est enfin venu le moment tant attendu de goûter la panoplie fromagère…
Aaaah…

L’Homme, lorsqu’il vit un grand moment de gastronomie (oui, manger un morceau de fromage de haute qualité est AUSSI un grand moment de gastronomie! Les connaisseurs me comprendront!), ne s’embarrasse pas de savoir si sa tension est trop haute, si les battements de son coeur sont trop rapides ou si son taux de cholestérol est alarmant.
Il savoure, un point c’est tout.
On ne gâche pas un tel moment avec des broutilles.

La Femme, comme je l’ai expliqué plus haut, est tenaillée entre l’envie et la culpabilité.
Lui pas.
Lorsqu’il m’a préparé un minuscule morceau de pain frais et croustillant avec une « lichette » (comme il dit) de beurre salé surmontée d’une autre « lichette » de cantal, j’ai su que j’allais vivre un grand moment.
Et ce fut le cas.

Quand ‘il s’apprête à me faire goûter quelque chose qu’il sait être excellent, il a au fond des yeux une petite lueur ravie que j’adore.
Une lueur qui, à elle toute seule, me dit: « Tu vas voir ce que tu vas voir… »
Pendant que je goûte, il me couve d’un regard tout à fait spécial, fier de voir que ma réaction est à la hauteur de ses espérances, et que j’ai compris son choix.
Là, ce fut le cas.
Nom d’un chat, que les fromages français sont bons!!!
Heu: sont « aussi » bons! Parce que cela ne remet évidemment pas en cause la qualité du fromage suisse!
D’ailleurs, ceux qui n’ont pas encore goûté l’Etivaz ou le gruyère salé feraient bien de réparer cette lacune presto s’ils ne veulent pas mourir en passant à côté de chef-d’oeuvres…

Nous avons été d’une sagesse exemplaire.
Nous n’avons pris que des doses homéopathiques de ces merveilles.
Histoire de pouvoir recommencer!

Ca a l’air tout bête: partager un repas pain-fromage, à deux, avec des fous rires et des mines gourmandes…
Mais cela fait aussi partie du bonheur, tout bêtement…

Martine Bernier

La cuisine

15 mars, 2009

Depuis seize ans, je n’avais plus approché une casserole, si n’est pour y humer un fumet.
Et avant lesdits 16 ans, il faut bien reconnaître que mes expériences culinaires n’avaient pas été follement concluantes.
Même si je n’avais empoisonné personne, certaines casseroles n’avaient pas survécu à mes élans inventifs.
Nourris à mes plats, les estomacs de mes garçons étaient en revanche formés à supporter la plus pitoyable des tambouilles.

C’est dire si ce jeudi soir était un grand moment pour moi… et pour Alain qui allait goûter à ce qu’il est convenu d’appeler « ma cuisine ».

Il devait arriver tard, après avoir passé deux jours en réunion à Paris.
Je guettais donc son arrivée dans la soirée…
Lorsque j’ai vu les phares briller dans la nuit, et la voiture se garer devant la garage, j’ai eu le coeur en joie.
Je suis sortie l’accueillir, heureuse. Mais, avouons-le, un peu inquiète.
Lucide, je savais que mon exercice gastronomique n’était pas franchement convaincant.
Je me demandais comment il allait juger mes efforts un peu désespérés.
Pour me faire pardonner, j’avais dressé une table sympathique. Mais cela allait-il suffire à atténuer le choc?

Il fallait bien y aller…
Un peu mal à l’aise, je lui ai présenté mon « oeuvre ».
A la base: gésiers de volailles avec pommes de terre rissolées et sauce au roquefort.
L’enfance de l’art, allez-vous dire.
Et bien non.
J’utilisais pour la première fois la cuisinière avec ces plaques très pratiques qui chauffent à toute vitesse mais qu’il faut apprivoiser.

Bref: mes pommes de terre n’avaient de rissolées que le nom, l’ensemble ressemblant à une semi-bouillie, certes goûteuse, mais parfaitement imprésentable!
Il a mangé sans ciller, me faisant juste remarquer que j’aurais éventuellement pu mettre un peu de sel et que je pourrais nourrir un régiment avec ce que j’avais préparé.

Je l’ai regardé, prête à assumer la sentence.
- Ce n’est pas terrible, n’est-ce pas…?
- Si, c’est bon! Tu dois juste penser à saler un peu.
- Tu te moques de moi?
- Non, pourquoi?
- Mais… ça ne ressemble à rien!
- Peut-être, mais c’est bon.
- A la base, les pommes de terre devaient être rissolées…
- Oui, mais nous avons peut-être acheté des pommes de terre qui n’étaient pas faites pour cela.

Le lendemain midi, je réchauffe le reste du plat, déjà un peu plus rissolé. Deux jours pour obtenir une pomme de terre dorée, il fallait oser!!!
Après le repas, il me rassure:
- Tu n’es pas une mauvaise cuisinière. C’était bon!
- Bizarre mais bon!
- Ca viendra, tu verras…

Moralité? Si ce n’est pas de l’amour, ça…

Martine

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