Archive pour la catégorie 'Differences entre hommes et femmes'

Les différences entre les hommes et les femmes: l’Art et la Manière. Chapitre 13

29 avril, 2009

Ce matin, avant que je ne diffuse le sujet « Différences entre Hommes et Femmes : les choses de la vie », je l’ai fait lire à Alain. Il aurait pu mettre son veto, je l’aurais accepté. Mais non : stoïque, il a souri et a accepté la diffusion du texte sur le blog.
Ce matin, lui et moi nous sommes rendus dans la grande surface qui a la chance de recevoir nos écus en échange de ses denrées. C’est là que mon Grand Homme m’a fait comprendre à sa façon qu’il avait bel et bien lu le texte: 
- Moi Homme. Moi pas chasseur. Toi Femme, prendre sagaïe et partir chasser le steak.
- Ah bon ? Donc, toi Homme, toi juste pousser char (ou caddie pour les non initiés) ?
- Voilà!
Arrivés devant le rayon fleurs, arrêt. Mon Grand Homme sait que je les adore et que j’aime en avoir à la maison. Il regarde donc l’ensemble, et demande :
- Lesquelles voudrais-tu ?
- Mon cœur, dis-moi plutôt lesquelles tu m’offrirais si tu voulais me faire plaisir.
Re –regard circulaire. Et le voilà qui pointe un bouquet franchement innommable, très, très laid, aux fleurs incolores. Mon air déconfit lui suffit pour comprendre qu’il n’est pas tombé dans le mille.
- Ah ? Tu n’aimes pas ?
- Mais… non ! Tu aimes, toi ?
- Oui.. . ça change, tu ne trouves pas ?
- Pour changer, ça change ! Dis… tu connais un peu le langage des fleurs ? Si tu voulais me dire, avec des fleurs, que tu m’aimes, lesquelles m’offrirais-tu ?
A nouveau, regard inquiet vers l’étalage, immersion dans les bouquets et retour triomphant avec des roses rouges et des arômes. Bon, d’accord, le bouquet est un peu maigrichon, mais nous sommes en net progrès !
Alors que nous cheminons parmi les rayons, mon Grand Homme tombe en arrêt devant une escalope.
- Tiens, ce midi, je vais te faire une escalope au camembert. Bon, j’espère que tu aimes le camembert, parce que c’est un peu violent…
De retour chez nous après que mon sac ait rendu l’âme en plein milieu du magasin, nous travaillons un peu côte à côte et Alain part en cuisine. Tadaaaam !!!! Grand moment. Il œuvre, très concentré et apporte son plat sur la table. Verdict : l’escalope au camembert est une merveille. Oui, bien sûr, elle nous fait surfer sur les crêtes cholestéroliennes, mais… quel délice…
Après le repas, Homme décide de faire plaisir à Femme en l’emmenant là où elle pourra remplacer son défunt sac. Premier arrêt sans résultat. Il décide alors de m’emmener plus loin, et nous revoilà sur la trace du sac de mes rêve. Dans un magasin pourtant généraliste, je tombe en arrêt devant deux sacs très, mais alors vraiment très très séduisants. J’hésite lorsque la voix grave et parfaitement craquante de mon Homme résonne délicieusement à mon zoreille.
- Ecoute, tu en prends un et je t’offre l’autre.
Ciel… un message divin !!!! Bonheur !!!!
Retour par Guérande où il m’offre une glace qui va me valoir le fou rire de la semaine. Alain est un homme sérieux, imposant , qui a des responsabilités. Mais quand il part dans ses délires, c’est un pur régal … J’ai eu droit à un One Man Show parodiant un petit garçon enviant « la-dame-qui-a-droit-à-une-glace-alors-que-moi-je-ne-peux-pas-mais-non-c’est-pas-vrai-qu’il-fait-trop-froid-puisque-la-dame-elle-en-mange-une ».
Moralité : Femme est souvent en attente de certaines choses (non, pas comme des bouquets d’escalopes au camembert ; enfin !). Mais Homme est toujours là où on ne l’attend pas… Et cela… c’est le bonheur.

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 12. Les « choses » de la maison

28 avril, 2009

Emménager ensemble est une aventure merveilleuse.

Lorsque l’un des deux membres du couple doit encore attendre quelques semaines pour pouvoir s’installer avec l’autre, avouons-le, c’est très dur. Mais c’est le seul bémol…
Aménager une maison ensemble est joyeux. Surtout si les deux éléments du couple se ressemblent, ce qui est notre cas.
Il y a pourtant quelques détails, avouons-le, où l’Homme et la Femme ne fonctionnent pas exactement de la même façon. En tout cas chez nous…

Comme tout Homme qui se respecte, le mien aime que sa grotte soit confortable, bien chauffée, si possible et de préférence suffisamment soignée pour ne pas ressembler à un capharnaüm. 
Homme apprécie également que les éléments essentiels à sa survie s’y trouvent: un tout bon pastis, ses capsules de café et quelques petites choses sans lesquelles l’existence paraît nettement plus morne.

L’instinct ancestral de chasseur nourricier qui l’anime depuis des millénaires lui a donné un sens aigu du devoir. Chaque semaine il pose son arc sur son épaule, prend sa sagaïe, et nous nous rendons dans un magasin de victuailles pour que Femme ne dépérisse pas durant son absence.
Femme dépérit quand même en raison de son absence, mais c’est une autre histoire.

De mon côté, en Femme digne de ce nom, j’ai le goût du détail. J’aime que la maison soit parfumée (si possible aux huiles essentielles. Quoi qu’il en dise, cela sent délicieusement bon), que les fenêtres soient habillées de rideaux assortis, que des plantes en bonne santé diffusent leurs bienfaits, que des fleurs égayent les pièces, que les lampes ressemblent à des lampes, que les murs accueillent des oeuvres ou des photos choisies avec soin… Bref que tout soit conçu pour que chacun se sente bien, heureux.

Seulement voilà. Mon Grand Homme n’étant pas encore tout à fait installé et partageant encore sa vie entre deux lieux (mais plus pour longtemps, me promet-il), il ne souffre pas des détails non réglés qui, moi, me minent un peu.
Vu notre situation actuelle, nous n’avons que très peu de temps pour nous pencher sur ces soucis d’ordre bassement matérialiste.
Donc… Les fenêtres, dont les dimensions ne sont pas standard, n’ont toujours pas de rideaux, les deux plantes que j’ai ramenées de Suisse ont attrapé une bronco pneumonie pendant le voyage, et cinq ampoules pendouillent encore lamentablement dans l’attente d’une applique ou d’une lampe salvatrice. La salle de bain a encore besoin d’un meuble de rangement et une quelques petits détails du genre se rappellent chaque jour à mon bon souvenir, perfidement.

J’ai confié mes tracas à mon Grand Homme. Je lui en ai parlé deux ou trois fois, et il a fait semblant de m’écouter avec la plus grande attention.
Il est poli et a horreur de me faire de la peine.
Donc, il prend un air faussement concentré, opine du chef à mes explications, avance des embryons de solutions et va jusqu’à m’emmener dans des grandes surfaces. Où nous ne trouvons évidemment pas ce que nous cherchons. Car il faudrait du temps et une concertation mutuelle pour se pencher sur la question en profondeur.
Mais allez convaincre Homme de l’importance de la chose, d’autant qu’il n’en pâtit pas encore, ne vivant pas à 100 % dans la maison.

Je laisse donc passer le temps en me torturant les trois neurones qui me restent pour trouver comment revenir sur le sujet sans susciter d’énormes soupirs ennuyés.
Ma solution? Heu… ce que je suis en train de faire en ce moment.
Avec un peu de chance, il lira ces lignes, sera sensible à mes messages subliminaux et aura pitié de sa pauvre Moitié.

Martine Bernier

Les différences entre l’Homme et la Femme. Chapitre 11: les cadeaux.

20 avril, 2009

Il est bien clair que tous les hommes ne sont pas pareils, et que toutes les femmes ne se ressemblent pas. Mais en ce qui concerne les cadeaux, il faut bien avouer que nous ne fonctionnons pas exactement de la même façon.

Prenons un exemple au hasard: lui et moi. A la moindre occasion, j’aime, que dis-je: j’adore lui faire des cadeaux. Et s’il n’y a pas d’occasion, aucune importance: j’en invente. Tout est bon pour lui offrir un bouquin sur Napoléon, une pierre de lune, un porte-clé à l’effigie de son signe chinois  (pensez: un Dragon!) etc. J’adore le voir ouvrir ce que je lui destine d’un air réservé, voire un peu distant, et avoir ce petit sourire, ce petit regard à la fois un peu étonné, content, ravi quand j’ai bien choisi… Le cadeau, à mon avis, il s’en contre-moque. Mais le geste qui lui dit que je l’aime et que j’adore lui faire passer ce message, c’est autre chose, il y est sensible. Et je le sais.

Lorsque c’est à lui, l’Homme, de me faire un présent, c’est une toute autre histoire. Il existe deux cas de figure. Sans qu’il y ait la moindre raison de me gâter, si je lui dis que j’ai envie d’un recueil de poèmes de Neruda, d’un livre d’Art, d’une mini reproduction d’un tableau de Monet ou de la reproduction d’une carte géographique de Paris datant de 1600, il me fait la surprise de me les offrir. Comme cela, juste pour me mettre des étoiles dans les yeux. C’est tout lui… et la mine dignement réjouie qu’il affiche lorsqu’il voit qu’il m’a touchée me chavire à chaque fois. Une montagne de tendresse…

En revanche, l’une des pires choses que je puisse lui demander est de me choisir lui-même un cadeau. Là, l’Homme entre dans une spirale d’angoisse frisant le désespoir. J’en ai eu deux fois la démonstration.

La première a eu lieu à Paris. Me choisir un pendentif tout simple au milieu d’un interminable rayon dégoulinant de bijoux en tous genres a été un moment de grande solitude pour mon malheureux Grand Homme. Visualisez-vous le regard du lapin se trouvant au bout du canon du fusil du chasseur? C’était le sien. Il avait l’air tellement perdu dans cette antre de la frivolité féminine que j’ai fini par me porter à son secours. Pourtant, je serais si heureuse de porter quelque chose qu’il aurait choisi pour moi… Il en est conscient, mais comment voulez-vous que ce géant un peu maladroit se glisse dans la tête d’une femme un peu bizarre attendant un bijou vaguement ethnique?

Il y a trois jours, connaissant mon amour pour les fleurs, il a décidé de m’en offrir pour mon anniversaire pour lequel il n’était pas présent. Nous nous sommes retrouvés dans une jardinerie et est venue la question traditionnelle après qu’il ait jeté un regard circulaire sur les rayons:

- Bon. Qu’est-ce qui te ferait plaisir?

- Que tu m’offres quelque chose que tu auras choisi, qui me vienne de toi.

Regard épouvanté et vaguement agacé, doublé d’un profond soupir:

- Pfff…. Tu sais que j’ai horreur de ça…

- Oui, mais cela me ferait tellement plaisir…

Nous arpentons les rayons, main dans la main. Il survole les étalages, pose un regard un peu désespéré sur les choses… De temps en temps, il me glisse: « Allez, dis-moi… je ne sais pas, moi… » Mais, implacable, je tiens ma position: « Choisis! Je t’assure, c’est ce qui me touchera le plus. » Il ne voit pas que certaines femmes le regardent et me sourient d’un air complice. Un grognement plus tard, il me souffle:

- Tu veux une orchidée ? (Il triche, il sait que je les adore.)

Comme j’opine du bonnet, il se dirige vers une petite orchidée installée dans un cylindre  en verre transparent, parfaitement rond. Un peu perplexe, je regarde la fleur, mauve pâle. Pourquoi elle, au-milieu de ces lignes d’autres plus grandes et plus radieuses?

Ce n’est qu’à la caisse que j’ai réalisé un détail… Toutes les orchidées de ce type se trouvaient dans des tubes identiques. Toutes sauf une: celle qu’il avait choisie.

Celle-ci se trouvait dans un  récipient presque pareil…

A ceci près que le tube était en forme de coeur.

 

Martine Bernier

 

 

 

 

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 10. Le fromage

21 mars, 2009

L’homme que j’aime est un épicurien doublé d’un fin gourmet.
Il aime les bons produits, les recettes simples mais savoureuses, la convivialité de l’instant… et voue une tendresse particulière à Jean-Pierre Coffe dont il adhère totalement aux idées.

Hier, alors que nous en étions à la page « corvée emplettes », il m’a entraînée vers le rayon des fromages à la coupe.

D’un côté, vous avez la réaction (interne, je n’en ai pas pipé mot) de la femme, devant cet amas de merveilles… et la montagne de cholestérol qu’il représente.
Tenaillée entre le désir et la raison, j’ai opté pour le désir, misant sur le fait que nous serions raisonnables.
La « ligne » étant une notion qui nous est sortie de l’esprit depuis pas mal d’années déjà (du moins dans mon cas), il faut cependant songer à certains soucis de santé qui font partie de son quotidien et qui m’inquiètent un peu.
Donc, un minimum de sagesse s’imposait.

Lui, largement au-dessus de mon épaule (oui, il est toujours aussi grand…), me décrivait les pâtes dures alléchantes qui minaudaient devant nous, et m’en vantaient les mérites.
Nous avons donc opté pour un choix de cantals, mimolette trrrrrrèèèès vieille et un ou deux autres dont je n’ai pas retenu le nom.
Parachevant l’oeuvre avec des fleurs de Tête de Moine, histoire de rendre hommage à la Suisse qui m’a accueillie et nourrie si longtemps, et avec de la mozzarella de buflonne, afin de nous donner bonne conscience.

De retour chez nous, après avoir vidé la voiture pleine à craquer (oui, installer une maison demande du temps et des investissements…), nous nous sommes partagé les tâches, religieusement.
En clair, j’ai coupé les tomates (ah, je bénis l’inventeur du coupe-tomates-en-tranches !!!) tandis qu’il les disposait artistiquement sur un plat, intercalant entre elles les tranches de mozzarelle.

Nous avons pique-niqué, activité que nous adorons partager.
Avouons-le, l’entrée a déjà recueilli nos suffrages.
Mais est enfin venu le moment tant attendu de goûter la panoplie fromagère…
Aaaah…

L’Homme, lorsqu’il vit un grand moment de gastronomie (oui, manger un morceau de fromage de haute qualité est AUSSI un grand moment de gastronomie! Les connaisseurs me comprendront!), ne s’embarrasse pas de savoir si sa tension est trop haute, si les battements de son coeur sont trop rapides ou si son taux de cholestérol est alarmant.
Il savoure, un point c’est tout.
On ne gâche pas un tel moment avec des broutilles.

La Femme, comme je l’ai expliqué plus haut, est tenaillée entre l’envie et la culpabilité.
Lui pas.
Lorsqu’il m’a préparé un minuscule morceau de pain frais et croustillant avec une « lichette » (comme il dit) de beurre salé surmontée d’une autre « lichette » de cantal, j’ai su que j’allais vivre un grand moment.
Et ce fut le cas.

Quand ‘il s’apprête à me faire goûter quelque chose qu’il sait être excellent, il a au fond des yeux une petite lueur ravie que j’adore.
Une lueur qui, à elle toute seule, me dit: « Tu vas voir ce que tu vas voir… »
Pendant que je goûte, il me couve d’un regard tout à fait spécial, fier de voir que ma réaction est à la hauteur de ses espérances, et que j’ai compris son choix.
Là, ce fut le cas.
Nom d’un chat, que les fromages français sont bons!!!
Heu: sont « aussi » bons! Parce que cela ne remet évidemment pas en cause la qualité du fromage suisse!
D’ailleurs, ceux qui n’ont pas encore goûté l’Etivaz ou le gruyère salé feraient bien de réparer cette lacune presto s’ils ne veulent pas mourir en passant à côté de chef-d’oeuvres…

Nous avons été d’une sagesse exemplaire.
Nous n’avons pris que des doses homéopathiques de ces merveilles.
Histoire de pouvoir recommencer!

Ca a l’air tout bête: partager un repas pain-fromage, à deux, avec des fous rires et des mines gourmandes…
Mais cela fait aussi partie du bonheur, tout bêtement…

Martine Bernier

LES DIFFERENCES ENTRES LES HOMMES ET LES FEMMES: Le premier soir… Chapitre 9

12 mars, 2009

Ce moment-là, j’en rêvais depuis presque trois ans…
Le moment où nous passerions notre première soirée dans notre maison.
Notre maison… Oui, bon, locataires peut-être, mais notre maison quand même.
J’ai déménagé il y a une semaine aujourd’hui.
J’ai tout quitté il y a exactement une semaine et demi.
Ca a été un moment très dur.
L’homme qui a vécu avec moi au cours de ces seize dernières années a été d’une élégance rare, me menant jusqu’à Bourges où m’attendait Alain. Nous nous sommes dit au-revoir sur le parking de l’hôtel.
Je suis restée trois minutes seule, avec mon chien perplexe et surexcité, regardant s’éloigner la voiture.
Vous comprendrez que je ne m’étende pas sur ce que j’ai ressenti…

Puis il est arrivé…
Différence entre homme et femme? Là, en l’occurrence, aucune.
Chacun essaie de faire au mieux.
Il a été parfait, comme l’a été Eric dans ces moments difficiles.
J’ai essayé de me maîtriser du mieux que j’ai pu. Dans ces moments-là, l’homme comme la femme essaient de faire bonne figure, de diffuser de la force à sa ou son partenaire…
Une force que, bien souvent, on ne ressent pas vraiment.
Mais on sait que si l’un des deux craque, c’est le binôme qui va sombrer.
Donc on se tient la main un peu plus fort…
J’étais un peu sonnée, je crois. Comme anesthésiée.
Il m’a fallu plusieurs jours pour réaliser que je ne reprendrais pas le train quelques jours plus tard… Je ne le comprends qu’aujourd’hui, alors que la maison ressemble de plus en plus au nid que je souhaitais lui offrir.

Pendant trois jours, nous avons rempli toutes les formalités nécessaires à l’emménagement d’une suissesse en France. Et il y en a.
Une suissesse, pensez donc! De véritables OVNI, ces spécimens là!
J’ai entendu plusieurs fois la remarque: « d’habitude c’est l’inverse, ce sont les Français qui s’installent en Suisse! ».
Voui. Et bien pas moi!

Il a été d’une patience d’ange et d’une efficacité redoutable. Très masculin dans le sens le plus noble du terme. Protecteur sans être étouffant. Totalement à la hauteur, partout à la fois, répondant à la fois au téléphone pour une connexion Internet et à la banquière alors que nous étions dans le bureau de celle-ci. Il était équilibriste, bicéphale, avait autant de bras que Shiva! Et il le fallait…
Car, même lorsque l’on arrive en pays francophone et théoriquement frère, je peux vous assurer qu’il existe une foule de détails différents autant dans le langage que dans le fonctionnement administratif d’un pays à l’autre.
C’était hilarant de le voir effectuer la traduction simultanée pour que je ne me sente pas complètement à l’Ouest et que mes interlocuteurs me comprennent. Tout cela s’est déroulé dans une ambiance complice, bon enfant. Moi au bord du rire, constamment, car toujours à réaliser que je suis parfois en grand décalage avec la réalité, et lui, à la fois très impliqué, très efficace, et amusé de voir mes réactions.

Le grand jour, jeudi dernier, est enfin arrivé. Etat des lieux, rencontre avec nos propriétaires, très sympathiques, et déménagement officiel. Pendant toute la journée, nous avons abattu un travail monstrueux. Comme il le dit, c’est fou ce que je peux avoir comme cartons. Environ 4000 livres, cela prend de la place…

Différence entre l’homme et la femme? Bis repetita: dans le cas présent, aucune. Au fur et à mesure que nous avançons dans notre connaissance de l’Autre, nous réalisons que nous fonctionnons de manière identique dans les gestes du quotidien. A ceci près que je suis souvent un peu lunaire et qu’il est dans le quotidien pratique comme il peut l’être dans sa profession: patient, mais convaincant, sachant exactement ce qu’il veut et capable de l’obtenir très vite.

Enfin est arrivée notre première soirée…
Plateau-repas au milieu des cartons… et douceur du premier moment de solitude à deux, dans notre maison. Un film un peu débile qui nous a détendus, puis l’intimité de notre chambre sentant encore les odeurs de colle et de peinture fraîche.
Malgré tout cela, cette nuit-là, pour la première fois depuis longtemps, il a dormi, vraiment dormi. Moi, j’étais en proie à tellement d’émotions que j’ai eu droit à un sommeil haché, mais heureux.
C’est sans doute un bonheur tout bête, de se réveiller à côté de l’homme que l’on aime, le matin. Pour moi, ce petit matin là a été très doux. Teinté de tristesse en pensant à l’homme et à la vie que j’ai quittés, oui. Mais profondément heureux.
Je ne peux pas lutter contre un sentiment aussi fort que celui qui m’unit à Alain. Quoi qu’il m’en a coûté, je sais que ma décision était la bonne.
Tout est simple, tout coule de source lorsque nous sommes ensemble. Un peu comme lorsque nous avons réalisé que nos pas s’accordaient parfaitement lorsque nous marchons ensemble dans Paris ou ailleurs.

Oui, de ce premier soir et de ce premier matin, j’avais rêvé… et je n’ai été déçue à aucun moment.
Reste à accomplir mon deuxième rêve, plus important encore. Il sait de quoi il s’agit…
Dans le cas présent, il n’y a strictement aucune différence entre l’homme et la femme, dans ces moments -là. Il y a juste deux êtres humains un peu émerveillés, simplement apaisés…
Je crois que nous étions aussi heureux l’un que l’autre de découvrir une fois de plus combien tout est simple et beau lorsque nous sommes ensemble…

Martine Bernier

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 8. Le coiffeur.

26 février, 2009

Depuis que je suis haute comme trois pommes, je voue une méfiance sans borne aux coiffeurs.
Allez savoir pourquoi…
Dès mon plus jeune âge, j’ai estimé que le mieux, pour moi, était d’éviter les gens armés. De ciseaux, surtout. Et de laisser pousser mes cheveux.
Ce qui, au passage, cache un peu les détails qui me contrarient.
Lorsque ma mère tentait de m’entraîner chez les maniaques du ciseau, alors que j’avais à peine 4 ou 5 ans, j’exprimais déjà copieusement ma désapprobation.
Plus tard, dans mon école catholique où se côtoyaient environ 700 demoiselles, les cheveux courts, les nattes et les couettes étaient de rigueur.
Tout le monde se pliait à la règle, sauf moi.
Pas question de nouer ma crinière.
Cela m’a valu des heures et des heures de colle, que j’occupais agréablement en recopiant des textes de philo.
Un régal là où mes professeurs voyaient une punition sévère destinée à mater cette chevelue récalcitrante…

Durant une bonne dizaine d’années, dès mon arrivée en Suisse, j’ai laissé flotter mes cheveux au gré de leur envie.
Et ils étaient longs. Très longs, même.
J’avais très exactement la même coiffure que ma chienne Bearded Collie, ce qui nous convenait parfaitement à toutes les deux. images24.jpeg

Lorsque je me suis remariée, en 1994, sous la pression de mon entourage féminin j’ai estimé que je devais faire un effort.
J’avais eu quelques soucis de santé qui avaient mis mes cheveux à mal. Il fallait agir, mais délicatement!
Je me suis donc rendue courageusement mais la mort dans l’âme chez un coiffeur local portant le pompeux prénom d’Alexandre, et je lui ai expliqué mon cas.
Je lui ai dit que je serais très mal s’il devait couper, et que je n’autorisais qu’une « égalisation » de deux centimètres.
Ce voyou a opiné du bonnet, a empoigné ses ciseaux et… j’ai vu tomber autour de moi des mèches d’au moins trente centimètres.
Choquée, déprimée, j’ai risqué un regard au miroir..
Et j’ai ressemblé à un croisement entre un caniche et un poireau pendant des mois.

Dès que j’ai atteint l’âge de 35 ans, certaines de mes amies m’ont dit: « Bon, maintenant, tu dois les couper. Ce n’est plus la mode. A nos âges, on ne porte plus les cheveux longs.  »

Ah bon?! Moi si.
Quant à la mode, je m’en soucie comme d’une guigne!
Ma tête, c’est moi qui l’assume, et ce n’est pas toujours facile, vu la lourde hérédité qui est la mienne, notamment au niveau de la charpente nasale, héritage de famille exclusivement féminin dont je me serais bien passée!

Plus question pour moi de remettre les pieds dans un salon: il fallait d’abord me remettre moralement de l’agression commise par le fameux Alexandre!
Plusieurs années après, j’ai repris un peu confiance en compagnie de Hadi, un adorable coiffeur iranien, qui respectait mon désir de laisser ma chevelure en paix.
L’âge aidant, il fallait cependant couvrir les fils blancs de plus en plus nombreux et qui, chez moi ont commencé à poindre dès que j’ai eu 22 ans.

Hadi a bien tenté de me convertir à la couleur « fashion ».
Il a essayé des nuances, des éclaircissements…
Mais peine perdue: je suis née avec les cheveux sombres, et je me sens mal en dehors de ma couleur d’origine.

A trois jours de mon changement de vie, il m’a fallu prendre un rendez-vous chez un coiffeur de ma région, histoire de me gommer dix ans à grands renforts de teinture.
Par manque de temps, je ne pouvais plus me rendre chez mon sauveteur habituel.
Je suis donc entrée dans un salon inconnu.
En me voyant arriver, la dame préposée à l’accueil a quitté sa cliente pour s’approcher de moi.
Je lui ai expliqué ce que je voulais (un nuage de noir dans la blancheur naissante, c’est pourtant simple!) et ai demandé un rendez-vous.
Mais la malédiction semble continuer à s’acharner sur moi.
D’un air gourmand, elle m’a regardée en me disant: « Une teinture…. oui…. Et on coupe? »

Non, on ne coupe pas!
Pour quoi faire?
Pour me faire entrer dans le moule actuel des femmes aux cheveux courts et me garantir des mois, voire des années de mal être?
Je crains, hélas, que ce n’est pas demain que les coiffeurs et moi nous comprendrons…

La différence entre les hommes et nous sur ce sujet?
Elle tient en une phrase entendue 1000 fois dans l’antre du délit, et prononcée exclusivement par des hommes:
« Vous coupez court, et vous dégagez bien derrière les oreilles! »

Horreur!!!!!

Je dois me rendre samedi à mon terrifiant rendez-vous.
Mais j’ai bien évolué depuis l’époque d’Alexandre.
La première paire de ciseaux qui m’approchera à moins de cinq mètres risque de terminer sa vie dans le plus formidable vol plané de l’histoire de la coiffure.

Martine Bernier

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 7 . Le café.

25 février, 2009

Hier matin, une nouvelle épouvantable m’attendait aux aurores, lorsque, réunis dans une même insomnie, j’ai retrouvé celui que j’aime, dont je suis encore séparée pour quelques jours par près de 1000 km.
Dans un premier temps, rien n’a filtré.
Embrumé de sommeil mais déjà suffisamment réveillé pour être drôle et tendre, il reprenait doucement contact avec la réalité.
Alors que je lui posais l’une de mes éternelles questions destinées à sonder l’immensité de son amour matinal, il n’a pas répondu dans le centième de seconde.
Prise d’un doute soudain (oui, je sais, je sais… les femmes…) , j’ai osé un petit point d’interrogation solitaire et anxieux…
La réponse, douce, est arrivée aussitôt, accompagnée de la petite phrase suivante:
- « Deux secondes! Hé! Je ne suis pas réveillé et… je n’ai plus de café!!! »

Mon Dieu!
Plus de café!?
Au hit-parade des catastrophes quotidiennes possibles, celle-ci arrive dans le quarté gagnant avec la panne de téléphone, de voiture ou de PC.
A l’annonce de ce drame, j’ai ressenti comme un frisson me parcourir l’échine.
Comment? Il n’était pas 6 heures du matin, et je parlais avec un homme, mon homme, non imbibé de sa première dose de caféine!?
L’heure était grave…
Jusqu’ici, j’ignorais l’effet du manque sur lui.

Il faut savoir que, chaque matin, lorsque nous fréquentons les buffets de petits-déjeuners d’une chaîne d’hôtel bien connue pour son nom d’oiseau, le rituel est identique.
Il se dirige vers la machine à café, harponnant au passage la plus énorme tasse qu’il puisse trouver.
Il revient ensuite paisiblement à table, emportant son précieux trésor fumant et parfumé.
Son visage se détend au fur et à mesure qu’il déguste le breuvage salvateur.
L’observer discrètement permet de constater les bienfaits du café noir sur son organisme: il revit!
Une fois la première tasse avalée, il jette un coup d’oeil à mon verre – vide – de jus d’orange, me propose galamment d’aller m’en chercher un second, et revient avec ledit verre et… une deuxième tasse odorante et chaude, à nouveau bien remplie.
Même scénario: le café disparaît, apportant au passage un réconfort de plus en plus visible.

Je le regarde.
Il me sourit.
Cette fois, il est prêt.
Son téléphone peut recommencer à sonner, il pourra aborder n’importe quel dossier pointu: ses neurones sont tous reconnectés.
Prêt également à reprendre le volant pour une route interminable…
Prêt enfin à me prendre la main et à ne plus la lâcher….
Et à attendre les autres tasses de potion magique qui jalonneront sa journée.

La différence entre lui et moi, dans tout cela?
Le matin, je bois de l’eau… ou du jus d’orange, dans le meilleur des cas, lorsque je pense à boire!
Le café, j’en aime le parfum, mais lui ne m’aime pas.
Donc, nous nous ignorons et je me contente de profiter des senteurs.

Il ne me manque pas, d’ailleurs.
Ma caféine personnelle… c’est lui!

Martine Bernier

les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 6. Le courage.

21 février, 2009

Depuis que le monde est monde semble-t-il, une phrase circule, qui ressort régulièrement:
« Les femmes sont fortes et les hommes manquent de courage ».
Pour moi, c’est la maxime qui fâche. Celle qui doit rejoindre les phrases et les mots interdits, dans le placard.
Elle est prononcée de plusieurs façons différentes, selon l’humeur de celle (plus souvent celle que celui, hé oui!) qui l’utilise.
- En soupirant ou en gémissant, comme sous le poids d’une fatalité écrasante.
- Sur un ton furieux, comme si tous ceux qui entraient dans ce schéma méritaient d’être occis.
- En souriant d’un air condescendant… « hé oui, que voulez-vous, ils sont comme cela, mais on les aime quand même… »

D’une façon comme d’une autre, la phrase m’énerve.
Quand je le dis, j’ai droit à: « Mais c’est vrai! Cela se vérifie! »

Evidemment que cela se vérifie forcément une fois ou l’autre! Tout homme et toute femme, tout sexe confondu, a l’occasion au moins une fois dans son existence de vivre une situation face à laquelle il ou elle réagira avec plus ou moins de force.
Cela ne veut pas dire que tous les hommes sont… et toutes les femmes sont… et gnagnagna, comme il dirait.

Ou alors, le monde entier a raison dans ce cas, et j’ai tort.
Mais je suis convaincue que chaque personnalité est différente, que certaines sont plus solides que d’autres auxquelles il faut plus de temps pour réagir, pour affronter les événements.
Quand une personne réagit vite et une autre plus lentement, la première risque en effet, par impatience, de trouver que l’autre manque de courage.
C’est une conclusion si facile à atteindre…

Je le regarde, et j’apprends.
Nous fonctionnons de façon différente, c’est certain, même si nous nous ressemblons énormément.
Je ne pense pas que ce soit lié à nos sexes respectifs, mais à nos caractères, à nos vécus, à mille détails qui font qu’il est lui et que je suis moi.
Il est l’eau, je suis le feu… et il ne m’éteint pas.
Il me faut moins de temps que lui pour assumer certaines choses.
Mais devant de nombreuses situations, c’est lui qui trouve les solutions, qui prend les problèmes à bras le corps.
Il dompte le côté concret de la vie, trouve des solutions pratiques à tout, est toujours là où je l’attends, fidèle, quel que soit son état.
Je maîtrise l’invisible, je brise les murs, je réinvente la vie, je crée des ponts, il les construit.
Il est comme un athlète: il a besoin de se reposer et de reprendre des forces entre deux épreuves.
Je suis comme un oiseau migrateur: je ne m’arrête de voler que lorsque je suis épuisée.
Mais… nous arrivons au même endroit. Simplement pas toujours au même moment…

Son courage se révèle à travers des dizaines de décisions, d’interventions et de gestes quotidiens.
Un courage tranquille, empreint d’amour.
Le courage se mesure à l’aulne de la difficulté et de la douleur qu’implique une décision.
Les gestes de courage ne se comparent pas.

J’apprends…
Je regarde son combat, ses combats. Sa façon de se battre contre lui-même, de tenir compte de moi dans ses décisions, de rassembler ses forces à chaque étape pour avancer encore et encore, pour s’engager…
Son courage, je l’admire.

Le mien est plus spectaculaire… mais pas plus important. J’ai trop besoin d’harmonie pour supporter les situations peu claires.
Donc je réagis en conséquences.
Pourtant, la fameuse phrase gnagnagnante ne me concerne pas non plus.
Je ne suis pas forte: je me tais simplement quand j’ai mal. Et je pleure souvent quand je suis seule.
Ma chienne, peut en témoigner, elle qui me regarde exprimer mon chagrin l’air compatissant, les oreilles en arrière, me prenant visiblement pour un animal attardé qui aurait bien besoin d’un vétérinaire.

Parfois, lorsque nous parlons des décisions que nous devrons encore prendre pour assurer notre avenir, il arrive que nous nous fassions mal sans le vouloir.
Chacun de notre côté, même si nous ne nous quittons jamais sans tendresse, nous en souffrons.
Des messages partent alors dans la nuit:
« je ne dors pas, notre conversation me tourmente… je t’aime… »
« je ne dors pas non plus, mal aussi. Je vais trop vite… pardonne-moi… je t’aime… »

Puis nous en reparlons, nous nous posons et nous repartons, mieux armés pour la suite.
C’est ainsi que nous fonctionnons.
En principe, ce genre de micro crise fait office de prise de conscience, des deux côtés, et nous permet d’avancer mieux, en tenant davantage encore compte de l’autre.

« La femme est forte, l’homme manque de courage… »
Envie de lui tordre le cou, à cette petite phrase-là.
On ne peut pas tordre le cou aux mots.
En revanche – sourire béat – on peut envisager de scalper celles ou ceux qui les prononcent!

Martine Bernier

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 5. Le Taiseux

19 février, 2009

L’homme que j’aime dit souvent de lui « Je suis un taiseux… ».
Il m’a fallu deux ans pour comprendre son fonctionnement sur ce point.
Deux ans pour réaliser que son manque de mots n’intervenait qu’à certains moments bien précis, et non dans chaque domaine de sa vie.
Deux ans pour assimiler et accepter le fait que l’Homme et la Femme ne réagissent pas de la même manière sur ce point.

Lorsque je l’entends, au téléphone, ou le voit parler avec ses collègues, ses partenaires de travail ou ses amis, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il n’a rien d’un taciturne.
Au contraire, c’est un véritable orateur. Il a de la contrepartie, un vocabulaire riche, un humour qui vient saupoudrer ses phrases, le tout servi par une voix magnifique. (non, non, je le répète: je ne suis pas partiale!)
Avec le temps, j’ai réalisé le rôle qu’il tient auprès de ses collègues dont beaucoup l’appellent simplement pour prendre conseil ou partager leurs états d’âme.

En l’écoutant dans ces moments-là, je me dis qu’il est l’inverse d’un taiseux…
Et je dégouline de fierté face à son aisance.

Pourtant, il ne ment pas.
Tout au long de notre histoire, nous avons eu à affronter des moments très difficiles.
La situation semblait sans issue, il nous fallait une force colossale pour tenir bon et, surtout, pour apprendre à nous connaître et comprendre les réactions de l’Autre.
Grâce à cet amour profond qui nous pousse depuis le début l’un vers l’autre, je crois que jamais, ni lui ni moi n’avons autant évolué et avancé dans notre connaissance de l’autre sexe.

J’ai découvert très vite que 40 ans de vie d’homme l’avaient poussé à se réfugier dans sa grotte dès qu’il se sentait blessé, mal compris, mal écouté, mal aimé.
J’ai compris qu’il n’avait pas l’habitude d’échanger, de se confier, de « dire »…
Il a fallu longtemps…
Il a fallu d’abord qu’il se laisse apprivoiser, comme il a dû le faire pour moi sur d’autres plans.
Il a fallu qu’il me laisse pénétrer dans cette triste grotte de silence et de solitude.
J’y suis d’abord restée sans rien dire, juste en étant là, près de lui.
Je comprends qu’il en sortait toujours déprimé. Il voyait là se poser sur lui ce que j’appelle les grands papillons noirs.
Il a progressivement accepté ma présence dans les pires moments, n’est plus parti en claquant la porte pour fuir les mots…
Puis je lui ai demandé, doucement, d’exprimer ses douleurs plutôt que de les laisser sortir de lui à travers des gestes de souffrance ou de désespoir aussi intenses que ceux d’un enfant.
Ensemble, nous avons laissé entrer le soleil dans sa grotte, nous en avons refait la déco!
Il n’y retourne plus que très rarement…

Jamais je n’ai vu personne effectuer sur lui un travail tel que celui qu’il a accompli.
Il a lutté contre lui-même, a appris au jour le jour à réagir différemment, à utiliser d’autres moyens de communication que ceux qui étaient les siens jusque-là.
Il a aussi et surtout appris à avoir confiance, à me considérer comme une partenaire à part entière…

Pourquoi la société apprend elle à nos garçons qu’ils doivent devenir des hommes solides, endurcis, ne pas pleurer, assumer toutes les difficultés de leur vie sans se plaindre, seuls?
Et pourquoi trop de femmes pensent-elles encore qu’elles doivent leur attribuer le rôle unique de protecteur, de pilier responsable du quotidien?
Il a fallu défaire avec lui ce tissage de préjugés, lui faire comprendre que toute cette douceur, cette tendresse, ces qualités subtiles qu’il a en lui ne sont pas une fragilité mais une force.

Un long chemin, parfois douloureux, au cours duquel il a parfois eu des soubresauts qui nous faisaient mal à tous les deux.
Soubresauts auxquels je ne réagissais sûrement pas toujours bien non plus… étant plutôt sauvage de nature, moi aussi.
Mais un chemin passionnant, que, peut-être, nous n’aurions jamais pu effectuer si nous avions eu 20 ou 30 ans…
Qu’on le veuille ou non, l’être humain homme ou femme n’arrive pas complet à l’âge adulte.
Ce ne sont que nos expériences et nos rencontres qui font de nous ce que nous sommes et nous permettent de recevoir les cadeaux de la vie.

Cet amour qui nous a été donné, nous l’avons reçu comme un service en cristal extrêmement fragile, à préserver à tout prix.
A vingt ans, jeunes, turbulents et plus axés sur nos propres personnes, nous l’aurions sans doute cassé…
Ou, pire, nous l’aurions laissé prendre la poussière…
Et la poussière du temps… c’est l’un de nos ennemis majeurs.

Il a fallu beaucoup d’amour et de patience, à lui comme à moi, pour accepter l’Autre dans toute sa sensibilité, dans ses faiblesses et ses craintes.
Pour comprendre que le dialogue et l’amour sont la clé de tout.
Mais quel bonheur fabuleux de nous retrouver à chaque fois, de savoir que nous avions encore avancé ensemble…
Chaque erreur que nous commettions, nous savions que nous ne la répéterions pas.
Une seule règle d’or: apprendre à se parler et faire en sorte qu’aucun de nos mots ou de nos gestes ne blesse l’autre.
Avec 900 km de distance et des vies compliquées, c’était loin d’être gagné…

Aujourd’hui, ni lui ni moi ne sommes semblables à ceux que nous étions il y a près de trois ans, au moment de notre rencontre.
Nous avons grandi….
Et cette multitude de petits riens que nous avons partagés ont tissé une nuée de liens de plus en plus solides entre nous.. la trame de notre histoire.

Par-dessus tout, lui, mon « taiseux », a appris à utiliser les mots qu’il n’avait jamais prononcés.
Ces mots d’amour qui lui semblaient vains ou désuets…
Aujourd’hui, c’est à peine s’il a gardé une certaine pudeur.
Il y a encore quelques mois, il les murmurait plus facilement qu’il ne les disait.
Aujourd’hui, il n’en est plus avare…
Il a compris qu’en m’exprimant ce qu’il ressent lui aussi au fin fond de son être, il me pose des étoiles dans les yeux.
Pas simple pour lui: en femme digne de son nom, j’ai un besoin infini de lui entendre dire des milliers de fois dans la journée les mots qui boostent, qui rendent heureux.
Alors que lui, en homme digne de son nom itou, ne comprend pas toujours ce besoin insolite. Mais l’accepte…

Sur la façon de nous exprimer, nous, Hommes et Femmes, sommes très, très différents.
Même avec énormément d’amour partagé, il ne faut pas croire que tout viendra tout seul, sans effort.
Il faut de l’attention, des compromis, de l’écoute, de la compréhension.
Mais c’est tellement passionnant, tellement enrichissant lorsque les deux partenaires ont la même envie de trouver l’harmonie, que cela renforce encore le lien….

Notez que… bien au-delà de ce que je peux écrire, il a du mérite, et ne se laisse pas faire.
Exemple, ce dialogue.

- Mon coeur, tu me trouves horriblement pénible?
- Houlààààà…. oui!
- Tu le penses?
- Non
- Je t’aime…
- Je t’aime aussi… Plus!
- Dis, que suis-je pour toi?
- heu…
- ?
- Mon emmerdouilleuse adorée!

Moralité?
Hum.
Lui Tarzan, moi Jane.

Martine Bernier

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 4. Le jeune homme au chapeau melon.

17 février, 2009

Un soir, une série de photos est apparue sur son profil Facebook.
Une fête, dans une cave décorée.
L’une d’elles a attiré mon attention.
Une énorme roue de charrette ornée d’une guirlande, fixée sur le mur du fond.
A un grand bar en bois recouvert de bouteilles de sangria et de verres, est accoudé un jeune homme habillé de vêtements clairs.
Jusque-là: normal.
Derrière le bar, un autre jeune homme, beaucoup plus étonnant.
Il porte une combinaison verte sortie d’un autre âge, un noeud papillon noué autour de son cou nu, et un chapeau melon.
Il a surtout un visage énigmatique assez fascinant.

Il m’a fallu quelques instants avant de réaliser que ce jeune homme, c’est celui que j’aime.
Moralité, a 21 ou 22 ans, il m’aurait autant plu qu’aujourd’hui.
En regardant la photo, je suis attendrie, touchée de voir l’homme en formation qui fixe l’objectif.
Emue, je le lui dis.
L’air de ne pas y toucher, il me glisse: « hum… beau peut-être, mais aucun succès féminin à l’horizon à cette époque! »

C’est idiot.
En l’écoutant, j’ai eu un pincement au coeur.
Et je me dis que ce pincement, sous sa carapace de solide gaillard, il a dû le ressentir aussi, ces années-là…

Qu’elles sont difficiles, ces années de jeunesse où la plupart des garçons comme des filles, incertains de ce qu’ils sont, ne savent pas trop comment se comporter, ignorent s’ils plairont, attendent de l’Autre ou des Autres qu’il ou elle les rassure, les révèle à eux-mêmes, leur fasse découvrir ce qui leur était jusqu’alors inaccessible.
« L’impression d »être un moine qui découvre le monde », me dit-il ce matin…

A 20 ans, souvent, les filles vont vers les papillons. Ceux qui brillent le plus, qui dansent dans la lumière, qui rient très fort pour cacher leurs angoisses, qui parlent vite pour ne pas laisser à l’Autre le temps de penser…
Et, au-milieu de ces hordes de papillons dorés, il y en a d’autres.
Vous savez, ces papillons dont on ne remarque la beauté des ailes, des dessins, des couleurs, qu’en les retournant, en les approchant de tout près.
Il faut s’attarder pour les voir vraiment…

Le jeune homme au chapeau boule était déjà comme cela.
Je pense qu’il devait déjà être très drôle, comme il l’est aujourd’hui, très fin et intelligent, mais aussi capable de bons gros délires entre garçons.
Avec les filles, je l’imagine désarmé, moins sûr de lui, intrigué sans doute… ne sachant pas trop comment se donner contenance et répondre aux attentes…
Ayant beaucoup à donner, mais ne sachant comment l’offrir.
Je le sais… il m’a un jour offert les textes qu’il a écrit à cette époque, en secret.
Des merveilles…

Si ce n’est pas toujours facile d’être une femme, je crois qu’être un homme, à cette période précise de la vie, est encore plus ardu.
Une fois qu’ils ont trouvé une conquête possible, ils doivent plaire, séduire, correspondre à l’image souvent naïve et idéalisée que la demoiselle a encore de l’Homme, en face d’eux.
Hier ils étaient ados, et les voilà catapultés Princes Charmants.

Mon Grand Homme au chapeau melon avait déjà vécu des choses difficiles, à 22 ans.
Il avait déjà été blessé, déçu.
Il est sensible, profond… un peu solitaire et pourtant tellement sociable.
Tout un mélange de qualités qui ne saute pas aux yeux des jeunes femmes de cet âge au premier abord.

J’ai un pincement au coeur lorsque je l’entends me dire qu’à cette époque, il avait peu de conquêtes féminines.
Une femme se ferait hâcher menu plutôt que d’avouer ce genre de détails.
Lui le fait sans fausse pudeur.

Finalement, ce fameux soir de la fête, je suis plutôt contente qu’il n’ait pas rencontré la femme de sa vie.
Heureuse qu’il n’ait pas connu les codes de séduction, à ce moment-là.
Il ne les connaît toujours pas: ce genre de langage lui est parfaitement étranger…
Il n’en a pas besoin.
C’est un homme, simplement…

Martine Bernier

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