Archive pour la catégorie 'Education'

Kim (1): les dinosaures et les monstres de la nuit

23 juin, 2010

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Kim aura quatre ans dans quelques jours.
Grâce à la compagne de mon fils cadet, qui a amené avec elle dans nos vies son petit garçon, je me suis vue catapultée dans une relation nouvelle avec un petit bonhomme étonnant.
Dès la première rencontre, nous nous sommes très bien entendus.
Ca ne s’explique pas.

Pour la première fois ce mardi, Kim restait seul avec moi tandis que sa maman et mon fils se rendaient à une soirée.
Il avait pu choisir entre venir chez moi ou chez une amie de sa maman.
J’ai été plutôt touchée qu’il insiste pour me rejoindre.

Pour que tout se passe au mieux, j’ai fait un crochet par un magasin de jouets.
Deux trois jouets et une lampe de poche Winnie l’Ourson me semblaient vitaux pour que tout se passe bien.

Kim appréhendait d’aller dormir sans la présence de sa maman, il me l’a répété plusieurs fois pendant que je lui donnais son bain.
- Matine, tu ne pars pas, dis?
- Non, non, je reste avec toi.
- Touzours?
- Toujours aujourd’hui en tout cas! Et chaque fois que tu viendras, je resterai près de toi.
- Tu sais, moi, ze veux pas dormir. Z’ai pas sommeil.
- Je comprends. Mais tout à l’heure, il faudra pourtant aller au lit. Mais ne t’en fais pas, nous allons encore faire plein de choses avant, et tout ira bien.
- On va encore zouer?
- Non, nous allons faire des choses plus tranquilles pour que tu puisses bien dormir après.
- Quelles « sozes »?
- Si tu veux, tu pourras voir un petit bout de ton film, puis Pomme et moi, nous irons te mettre au lit, je te raconterai une histoire, je te  présenterai les doudous qui vont dormir avec toi…
- Et z’aurai un sirop vert?
- Et tu auras un sirop vert!
- Tu partiras pas?
- Non. Et je t’expliquerai pourquoi tu ne dois pas avoir peur. Mais d’abord, nous allons ranger: nous avons fait le souck dans le salon!
- C’est quoi, le zouck?
- C’est le désordre quand on a beaucoup joué ou beaucoup travaillé.
- C’est zoli ta maison. Moi z’aime bien.

Une fois dans son lit, nous discutons des avantages à tomber plutôt sur un brontosaure que sur un tyrannosaure au détour d’une promenade. Question essentielle, comme chacun peut l’imaginer. Kim a enchaîné:
- Dis, Matine?
- Oui?
- Ils sont où les dinosaures?
- Les vrais?
- Oui.
- Ils ont tous disparus. C’était il y a très très longtemps. Ils sont tous morts et de nouveaux animaux sont arrivés à leur place, qui font beaucoup moins peur. Comme Pomme!

Tandis que je médite intérieurement en me disant que j’ai menti: certains hommes me font en tout cas aussi peur si pas plus qu’un brontosaure herbivore de surcroît, la petite voix résonne:
- Dis, Matine?
- Oui?
- Pomme aussi elle va mourir?
- Mmm… oui. Mais dans très longtemps. Pomme est encore un bébé chien. Si elle n’a pas d’accident ou de maladie grave, elle vivra longtemps.
- Et après, elle ira où?
- Au paradis des petites Pommes!
- Et toi?
- Moi, je suis là. Et ta maman, et ton papa, et Yann et tous ceux que tu aimes. Nous ne partirons que quand tu n’auras plus besoin de nous. Tu ne seras jamais tout seul.

Petit silence.

- Dis, Matine?
- Oui?
- Les dinosaures ils sont aussi là-bas?
- Au paradis des Pommes? Heu.. je ne pense pas, non. Ils doivent avoir un paradis différent où ils se retrouvent entre eux.
Re silence.
Apparemment, il est satisfait de ma réponse.
Je respire…

- Matine?
- Oui?
- Et si il y a un « monste » dans la chambre?
- Ah oui, les monstres… je vais t’expliquer quelque chose. D’abord, il n’y a pas de monstres dans ma maison: ils ont beaucoup trop peur de moi et j’ai une porte magique anti-monstres. Et là, la petite veilleuse verte que j’ai mise sur la prise, tu vois? C’est une lumière anti-monstres aussi. Tu savais que les monstres ont très très peur de la lumière, surtout quand elle est verte? En plus, quand il y a un bruit, Pomme aboie et me prévient. Donc, si tu as un souci, je viendrai tout de suite. Enfin, tu as ta lampe de poche, pour toujours avoir de la lumière si le noir te fait peur. Et tes amis doudous vont t’expliquer qu’ils dorment ici depuis longtemps et qu’ils n’ont jamais eu de problème.
- Et le Monsieur au grand sac?
- Heu… le Monsieur au grand sac? Qui est-ce?
- Le Monsieur qui prend les zenfants quand ils ont été « méssants ».
- Ah, d’accord. Non, il ne vient pas ici, ce monsieur-là, je ne le laisserais pas entrer. Je n’aime pas ce genre de messieurs. De toute façon, il n’a rien à faire ici, il n’y a pas d’enfants méchants chez moi. Tu n’as plus peur?
- Non…
- Regarde, je laisse la porte ouverte et je suis juste là, dans mon bureau.
- Là où il y a le zouck?
- Comment ça, le zouck?? Non mais dis-donc, toi, petit cornichon!

Je sors en souriant tandis qu’il rit aux éclats.

Quelques instants plus tard, je viens silencieusement vérifier que tout va bien, qu’il n’est pas triste, qu’il n’a pas peur.
Ce que je vois me fait sourire. Il est caché sous son duvet, auréolé de l’intérieur par la lueur de la torche.
Je soulève délicatement le duvet et je vois deux grands yeux noirs qui me sourient:
- Tout va bien, mon bonhomme? Tu n’as pas trop chaud, là-dessous?
- Non… Tu t’en vas pas?
- Non, je suis là… dans mon zouck! Je suis juste venue te refaire un câlin…
- Matine?
- Oui?
- Ze t’aime, tu es zentille.

Trois minutes plus tard, il dormait comme un ange…

Martine Bernier

Stephan Valentin: votre bébé vous parle

11 novembre, 2009

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Écrivain et docteur en psychologie spécialiste de la petite enfance, Stephan Valentin, a consacré un livre à la façon dont s’expriment les bébés. Un livre passionnant et plein de surprises. Mais il faut reconnaître que l’homme en question est lui-même particulier. Il aborde ses patients et son métier avec un bon sens et une sensibilité dans lesquels chacun peut se retrouver. Je vous laisse apprécier…

- Votre parcours est très atypique…
C’es vrai. Je suis Allemand, mais j’ai suivi des cours de théâtre à Paris. Puis j’ai décidé de devenir psychologue et j’ai tellement aimé ces études que j’ai été jusqu’à la thèse. Le théâtre m’aide pour tout ce qui concerne le jeu avec les enfants et les adultes dans le cadre des traitements.

- Pourquoi vous être concentré sur la petite enfance?
Il existe une grande demande de la part des parents pour comprendre leurs enfants. Ils sont noyés dans une soupe de psychologie. Chacun propose le contraire de l’autre, y compris dans les journaux. Pour ma part, je n’ai pas un point de vue extrémiste, et je propose des solutions dans les livres. Les parents choisissent ce qui leur correspond le mieux. C’est très gratifiant.

- Votre livre se veut essentiellement pratique...
Oui, j’ai essayé de me mettre dans la peau du lecteur en imaginant ce qu’il voudrait recevoir et trouver dans mes livres. J’ai structuré celui-ci en fonction des âges de l’enfant pour que la recherche soit plus facile.

- Vous confirmez, dans votre ouvrage, que le fœtus est bel et bien un être sensible qui perçoit énormément de choses et qui y réagit.
Oui, il fait partie de notre monde à travers sa mère. Les berceuses ont sur lui un effet calmant. Il réagit à la douleur, aux émotions. J’ai été très touche d’apprendre qu’un fœtus pouvait pleurer dès le sixième mois de grossesse. Effectuer ce travail m’a fasciné car j’ai énormément appris moi-même.

- Vous expliquez dans votre ouvrage combien la communication avec le bébé est essentielle…
Il ne faut pas avoir peur de communiquer avec son bébé dès la naissance. Lui parler, le porter, lui sourire, le masser, lui faire des câlins: tout cela fait partie de la communication. Il faut lui dire ce que l’on va faire, accompagner chaque geste de paroles lui décrivant les actes. Le bébé peut comprendre énormément de choses.
À quelques semaines, il peut déjà compter et sait que 1+1=2. Il comprend probablement beaucoup de choses. Bien sûr, c’est subjectif. Mais une chose est certaine: parler avec un bébé permet de créer un lien fort avec lui.

- Que conseilleriez-vous aux jeunes parents pour que les choses se passent au mieux avec leur enfant?
De ne pas se laisser mettre la pression par les autres, par l’environnement. Un enfant doit évoluer à son rythme. Il ne faut pas s’inquiéter s’il a deux ou trois semaines de « retard » sur les autres pour certaines acquisitions comme la marche ou la parole. Chaque enfant a son rythme.

- Comment faut-il réagir aux pleurs d’un bébé?
Un enfant est plus autonome à un an si ses parents ne l’ont pas laissé pleurer dans sa première année. Un bébé ne pleure jamais par caprice. Il pleure parce qu’il a besoin de quelque chose ou qu’il ne se sent pas bien. Si ce sont des pleurs légers, il faut lui laisser la chance, par exemple, de se rendormir tout seul, sans se précipiter. Mais il ne faut pas le laisser pleurer trop longtemps. En Allemagne, un livre, devenu un best-seller, affirme qu’il faut le laisser pleurer même jusqu’à 45 minutes. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette théorie.

- Comment gérer les pleurs des bébés?
En fonction des besoins de l’enfant. Pour les pleurs du soir, par exemple: s’endormir est une tâche très difficile. Il faut une préparation au sommeil, des rituels qui permettent de se séparer des parents.
Autre exemple: si vous dites à un petit de ne pas toucher à la télécommande ou au téléphone de sa mère, il faut lui donner un autre objet à la place, et le faire tout doucement. Cela permettra de détourner son attention. Vers 18 mois, stade de l’opposition, il faudra lui faire comprendre qu’un non est un non, et un oui est un vrai oui, sans toutefois devenir rigide.
J’ai écrit ce livre pour déculpabiliser les parents. On ne peut pas être un parent parfait. Il faut juste être suffisamment bon pour son enfant, ne pas avoir peur de faire des erreurs.
Je suis un psy homéopathique. Je ne suis pas là pour donner des règles ou des lois. Je propose des solutions et les parents ont la possibilité de choisir. En ne perdant pas de vue qu’il ne faut pas écouter les solutions des copines, mais chercher aussi les siennes, qui correspondent à son enfant.

Propos recueillis par Martine Bernier
- « Quand mon bébé me parle. Comprendre ses messages et y répondre ». Stephan Valentin. Editions Jouvence.
- Site: http://www.stephan-valentin.com

Les enfants, ces curieux petits personnages

27 juillet, 2009

Parfois, les enfants font des bêtises dont ils ne mesurent pas les conséquences. Ce qui vaut automatiquement quelques cheveux blancs à leurs parents.

Les petits gavroches du Triangle d’Or ne sont pas des anges eux non plus. Dans le rayon bêtises, ils ont fait fort, aujourd’hui. Des bêtises d’enfants naïfs, simplement.

Ces petites bouilles malicieuses ne sont pas des bandits en puissance. Ils sont simplement normaux, essayent des expériences tentantes mais parfois risquées, peuvent se laisser influencer par des adolescents plus âgés qu’eux, qui ne donnent pas forcément le bon exemple.

Ce matin, j’ai eu la chance de passer du temps avec les deux frères, Clément et Théo. Lorsque Clément est parti, je suis restée seule avec Théo pour la première fois. Il a déjeuné chez moi et j’ai eu envie de prendre du temps pour lui, pour apprendre à le connaître mieux. Nous avons longuement parlé, tous les deux, tandis qu’il avalait sa purée-jambon. Je me suis amusée à inventer pour lui un mini questionnaire de Proust. Il a répondu aux questions avec application et sérieux, touchant et drôle à la fois. Dès qu’il se trouve avec d’autres enfants, Théo entre dans un rôle. Il devient une petite bombe humaine, galopante, débordante de vie et d’astuce. Monté sur ressorts, il saute, court, file à la vitesse de l’éclair, crâne. Mais dès qu’il est en tête-à-tête, il devient complètement différent. Et c’est ce petit bonhomme-là que j’ai découvert aujourd’hui.

Ce soir je pense à lui. Un ange à midi, un malicieux et inconscient petit cornichon dans l’après-midi. Ce soir, lui et son ami d’en face n’étaient pas franchement fiers d’eux. Et moi… je les adore, ces gamins. Et leurs parents m’épatent… Quand aux bêtises… elles s’oublient très vite.

Martine Bernier