J’ai toujours adoré l’histoire de la papesse Jeanne.
Mais si, voyons, vous ne connaissez qu’elle: elle est même représentée sur l’une des cartes du Tarot de Marseille!
Non? Vraiment? Cela ne vous dit rien?
Bon, je vous raconte…
L’histoire nous donne plusieurs versions possédant toutes une trame commune.
Aux alentours de 855, nous dit-on, une femme aurait réussi à être élue pape en cachant sa véritable identité sexuelle.
Vers 850, cette jeune fille habillée en homme et appelée Jean l’Anglais, suit des études dans une université, en Angleterre avant de partir étudier la sciences et la philosophie à Athènes.
Rien que pour cette partie de son parcours, l’histoire est belle… mais elle ne s’arrête pas là.
Sa route la mène à Rome où elle s’intègre à la Curie.
Personne ne sait qu’elle est une femme, mais sa piété et son érudition la rendent populaire.
A tel point qu’elle est élue pape par le peuple romain, par acclamation.
Jeanne se montre très rarement en public.
Mais un jour, pendant la célébration d’une messe, ou de la procession de la Fête Dieu, selon les versions, elle est prise de douleurs violentes et accouche d’un enfant.
Scandale!
Certains chroniqueurs disent ensuite qu’elle est morte en couches, d’autres qu’elle est lapidée par la foule, d’autres enfin qu’elle est simplement défroquée.
Depuis, nous dit-on encore, l’Eglise a été obligée de vérifier le sexe du nouvel élu en le faisant s’asseoir sur une chaise percée pour procéder à l’examen intime.
La dite Eglise a été jusqu’à accréditer cette légende jusqu’au IXe siècle.
Mais les historiens se sont penchés sur le cas de Jeanne et ont découvert de nombreuses inexactitudes et anachronismes.
Par exemple, la Fête-Dieu n’a été instaurée qu’au XIIIe siècle…
Dans la liste des papes, à aucun moment, le pontificat de la Dame aurait pu trouver place.
Mais alors, d’où vient l’origine du mythe?
Il semblerait qu’il prendrait sa source dans le surnom donné de son vivant au pape Jean VIII pour son comportement jugé trop faible face à l’Eglise de Constantinople.
Pas de Jeanne, donc…
Mais quelle histoire…
Pour moi, tout a commencé par une chanson.
Une chanson de Frédérik Mey, « Gaspard ».
Je la chantais aux scouts et, un jour, je me suis demandé quelle était cette histoire dont il parlait.
J’ai cherché… et voici ce que j’ai trouvé.
Depuis ce temps, ce récit me poursuit…
Le 26 mai 1828, un adolescent à bout de forces, titubant et gesticulant, poussant des grognements incompréhensibles, est recueilli dans une rue de Nuremberg.
A la main, il tient une enveloppe destinée au capitaine de cavalerie Wessnich, commandant le 4e escadron du 6e régiment de chevau-légers.
On le conduit à la caserne où, épuisé, il s’endort sur une litière.
Le soir même, le commandant prend connaissance de la lettre dont le contenu était le suivant:
« Honoré capitaine, je vous envoie un garçon qui désire servir le roi dans l’armée. Il fut laissé chez moi le 7 octobre 1812. Je ne suis qu’un journalier, j’ai dix enfants à moi, j’ai assez à faire pour les élever… »
Un billet rédigé sur le même papier et avec la même encore était joint à la missive.
« Le petit a été baptisé sous le nom de Gaspard. Quand il aura 17 ans, envoyez-le à Nuremberg au 6e régiment de cavalerie: son père y était soldat. Il est né le 30 avril 1812. Je suis une malheureuse fille et je ne peux le garder. Son père est mort. »
A la lecture de ce billet le commandant réalise immédiatement que c’est un faux.
Il tente d’interroger le garçon mais n’obtient de lui que des grognements.
Visiblement, il ne comprend rien.
Exaspéré, l’officier le conduit à la police.
Là, Gaspard est examiné par un médecin, observé par le bourgmestre, le commissaire.
Il semble fasciné par le feu, effrayé par la musique.
Lorsqu’on lui tend une feuille de papier, il y écrit maladroitement le nom de Gaspard Hauser.
Personne ne sait que faire de lui.
Il est donc logé dans la prison municipale.
Et tout le monde s’interroge: est-ce un simulateur, ou son manque total de connaissance du monde est-il réel?
Au fil des jours et grâce à ses nombreux visiteurs, il finit par apprendre quelques mots.
Et arrive à acquérir un vocabulaire suffisant pour raconter son histoire…
D’aussi loin que remonte sa mémoire, Gaspard a toujours vécu dans un réduit sombre.
Il dormait sur de la paille ou à même le sol en terre battue, sans jamais voir personne.
De l’eau et du pain lui étaient apportés chaque nuit sans qu’il ne put jamais voir quiconque.
Les derniers temps, il recevait une fois par semaine la visite d’un homme masqué, habillé de noir.
C’est lui qui lui apprit à marcher et à écrire son nom.
Un jour, il le sortit de sa cellule, le mena à Nuremberg, lui glissa l’enveloppe dans la main et… disparut.
L’histoire de Gaspard est tellement ahurissante que la presse internationale s’en empare et surnomme Gaspard « L’orphelin de l’Europe ».
Hébergé chez un professeur, il apprend à lire et à écrire avec une facilité déconcertante.
Il est visiblement intelligent.
Ses traits et sa peau sont fins, son visage d’une certaine noblesse.
Et les imaginations se mettent en marche: qui est-il? A-t-il été le fils d’une famille illustre, enlevé?
Rapidement, une hypothèse se dégage.
Fille adoptive de Napoléon, la française Stéphanie de Beauharnais est mariée au Grand-Duc Charles de Bade, en 1806
L’union a été imposée par l’Empereur à un Etat allemand dont il s’est proclamé protecteur.
Mais cet Etat accepte mal le mariage.
Stéphanie a une ennemie jurée: la comtesse Hochberg, épouse en secondes noces du père de Charles, qui aimerait mettre son propre fils sur le trône.
Elle ne pourra le faire que si Stéphanie et Charles n’ont pas d’héritier mâle.
Le 29 septembre 1812, Stéphanie met au monde un petit garçon, solide et plein de vie.
Pourtant, il meurt d’une maladie soudaine 15 jours plus tard, dans des circonstances inexpliquées.
La jeune mère n’est même pas autorisée à voir le petit cadavre.
Le second fils de Stéphanie et Charles subira le même sort, un an plus tard.
Les chroniqueurs se demandent aussitôt si Gaspard n’est pas l’enfant du couple.
Emue par la lecture des journaux, Stéphanie s’interroge.
Elle se souvient que la nuit où l’enfant fut donné pour mort, sa nourrice se trouvait plongée dans un sommeil anormalement profond, comme droguée.
Aujourd’hui veuve, Stéphanie est très troublée.
Elle s’entretient longuement avec Lord Stanhope, qui est alors en charge de Gaspard.
Elle effectue même un voyage dans le plus grand secret, pour observer sans se faire connaître ce jeune homme qui pourrait être son fils.
Tout en lui lui rappelle son défunt mari… pour elle il n’y a plus de doute, Gaspard est son enfant.
Mais en cette année 1833, c’est Léopold, le fils de la comtesse de Hochberg qui est grand-duc de Bade.
Stéphanie est dans une situation difficile depuis la chute de Napoléon.
Elle se prépare cependant à tenter quelque chose pour son fils mais…. elle n’aura jamais le temps d’agir.
Gaspard est poignardé par un inconnu dans un jardin public.
Personne ne connaîtra jamais la vérité sur ce meurtre.
La seule ombre sur le pouvoir des Hochberg a disparu définitivement avec lui…
Vous êtes-vous demandé qui étaient les vedettes qui faisaient la Une il y a 200 ans, dans le Paris de Napoléon?
Si, si il y en avait…
Thérésa Tallien était une belle espagnole, devenue à l’époque l’égérie du Tout Paris.
Elle était née Cabarrus (1773-1835) et avait rencontre Tallien en prison.
Qui était ce Monsieur, me direz-vous?
Celui qui, par la suite, a fait tomber Robespierre.
Lorsque la Terreur est passée, Thérésa a donné le ton d’une époque légère.
Fini la rigueur: on se dénudait, on se montrait et on perdait beaucoup d’argent au jeu, dans les salons à la mode.
Sensiblement à la même époque, le marquis de Sade (1740-1814) a eu lui aussi son petit succès.
Le « divin marquis » n’était pas fréquentable, avec ses idées politiquement et moralement incorrectes.
Il a donc fini par être arrêté en 1801 sur ordre de Bonaparte.
Conduit en prison, il y est resté jusqu’à sa mort.
On a pourtant continué à parler de lui.
Pourquoi?
Parce qu’à l’asile d’aliénés de Charenton où il était interné avec sa maîtresse, il a fait jouer des pièces devant un public trié sur le volet.
Monsieur le Marquis ne se morfondait pas…
Avez-vous déjà entendu parler de Monsieur Benji?
Homme politique et auteur (1767-1830), il a été longtemps l’amant de Mme de Staël, femme de lettres raffinées et très populaire.
Comme la fidélité n’était pas la principale qualité de Benji, il a multiplié les liaisons avec des célébrités, parmi lesquelles Mme de Récamier.
Heureux en amour, malheureux dans sa profession puisque l’Académie française a rejeté sa candidature par deux fois.
Pauvre Bonaparte…
Il en avait du mal à gérer cette société ardente où même un acteur, François-Joseph Talma, star adulée (1763-1826) se faisait remarquer en frappant un critique le 9 décembre 1812 après la représentation des « Fureurs d’Oreste ».
Comme si Napoléon n’avait pas autre chose à faire que de se fatiguer à écouter ces frasques mondaines…
Il n’a pourtant pas été épargné, au sein même de sa propre famille.
Pauline Bonaparte, sa belle petite soeur (1780-1825) avait elle aussi une répétition de légèreté qui ravissait les chroniqueurs de l’époque… et les membres de la Cour de l’Empereur.
Elle aussi collectionnait les conquêtes…
Résolument femme de coeur, elle a été l’une de celles qui, fidèle, ont rendu visite à Napoléon lorsqu’il a été exilé sur l’île d’Elbe.
La presse a toujours pu puiser dans le vivier mondain pour remplir ses colonnes de nouvelles croustillantes…
Charles-Maurice Talleyrand-Périgord s’est taillé une réputation d’opportuniste qui le poursuit encore, des siècles après sa mort.
Il faut reconnaître qu’il a fait fort…
Né en 1754, il est évêque d’Autun en 1788, élu député de son ordre aux états généraux l’année suivante, puis abandonne son évêché pour assumer la fonction de chef du clergé constitutionnel.
Condamné par le pape comme schismatique, l’homme devient ministre des Relations extérieures du Directoire le 16 juillet 1797, poursuit ensuite sa carrière de diplomate successivement avec Napoléon, Louis XVIII puis Louis-Philippe…
Et c’est aux Affaires étrangères qu’il fait fortune grâce à un système de commissions qu’astucieusement, il n’encaisse pas lui-même, dans toutes ses négociations.
Trois exemples sont significatifs de sa façon de procéder.
Trois mois après sa prise de fonction comme diplomate, à la fin de 1797, Talleyrand dévoile sa vénalité lors du traité de paix de Campoformio avec l’Autriche.
Il reçoit de celle-ci un million-or contre son accord de clauses secrètes… clauses qu’il s’empresse de revendre au représentant de la Prusse à Paris contre un autre million.
Bouh, le laid!
Le 3 mai 1803, ministre de Bonaparte, alors que le Premier Consul a un grand besoin d’argent pour forger son armée, il propose à l’envoyé américain venu négocier la Nouvelle Orléans que les Etats-Unis rachètent la Louisiane toute entière.
Sur cette vente de 15 millions de dollars, il touche une commission estimée au moins à 10% qu’il place à Londres.
Seul léger souci: l’argent est mis sous séquestre par les Anglais en 1804.
Qu’à cela ne tienne: il en retrouve la jouissance, pense-t-on, en 1830, quand Louis-Philippe le nomme ambassadeur à Londres.
Entre-temps, le 28 janvier 1809, Napoléon, qui ne mâchait pas ses mots, traite Talleyrand de « merde dans un bas de soie » parce qu’il a dissuadé le tsar de s’allier avec l’Empereur afin de préserver ‘équilibre des forces en Europe.
Dès le lendemain, l’Autriche, plus satisfaite de la manoeuvre que rancunière, inscrit Talleyrand sur sa liste des fonds secrets.
Talleyrand est mort le 17 mai 1838.
Il aurait encore négocié avec l’abbé Dupanloup, « ambassadeur du Christ », le reniement de son passé révolutionnaire et sa soumission à l’Eglise.
A se demander si, ensuite, il a encore trouvé le moyen de discuter avec St Pierre pour une place au paradis!
La Justice a parfois à faire face à des affaires insolites.
Celle de l’Escroquerie à la Louisiane en fait partie.
En 1976, les tribunaux de la Nouvelle-Orléans enregistrent une plainte émanant de Cecilia M. Pizzo.
Cette dernière a l’intention de faire annuler l’achat de la Louisiane, en 1803, qui avait à l’époque doublé la superficie des Etats-Unis.
Selon elle, ni Napoléon ni Thomas Jefferson n’avaient autorité pour conclure un tel marché.
Donc, ces quelque trois millions d’hectares appartiennent toujours à… l’Espagne.
Voilà.
C’était tout simple.
Vu que la Justice était informée, il lui suffisait de rendre à César…. et d’expliquer aux habitants qu’ils venaient de changer de nationalité au passage.
On imagine que le juge Jack M. Gordon a dû être très contrarié.
Après avoir bien réfléchi, il a statué: s’il était sans doute exact que seuls le Parlement français et le Congrès américain avaient légalement le droit d’entreprendre ces négociations, Mme Pizzo avait engagé son action en justice avec…. 167 ans de retard.
La plaignante avait dû passer beaucoup de temps à étudier l’affaire, mais avait omis de se renseigner… le délai de prescription était de six ans.
Flûte.
Nous sommes rentrés juste pour… le 1er août!
Comment, et alors?
Bon, soit.
Si les Suisses savent de quoi je parle, il se peut que les non Helvètes ne sachent pas qu’il s’agit du jour de la Fête Nationale Suisse.
Je leur pardonne, va.
Et que commémore cette date, mmmm?
Attention, cours d’histoire, tous à vos ardoises!
La première fête nationale suisse, le premier 1er août a été instauré en 1891, pour fêter les six cents ans ans du pacte de 1291.
Et que s’est-il passé en 1291, mmm?
C’est de cette année que date le document fondateur du pays, l’alliance juridique et défensive entre les trois cantons dits primitifs: Uri, Schwytz et Unterwald.
Voilà, vous savez tout ou presque.
Je ne fête pas la Fête Nationale, ni celle de la Suisse, ni celle de la France qui est pourtant ma deuxième nationalité, ni celle de la Belgique où je suis née.
Mais j’aime ce pays paisible qui m’a ouvert ses portes par deux fois.
La première fois, il m’a permis de me construire, en travaillant dur, et d’être reconnue.
La deuxième fois, il m’a permis de me reconstruire, alors que j’étais détruite par un être fort laid.
La Suisse est un cocon, il y fait bon vivre…
En rentrant de Franche-Comté, notre premier réflexe après avoir vidé la voiture, a été de partir rechercher Pomme.
Elle m’a manqué: durant une semaine, j’ai vécu sans mon ombre…
En allant la chercher chez les amis où elle se sent dans son deuxième foyer, j’ai retrouvé le torrent, la maison de mon retour, les clarines des vachettes.
Pour Pomme, un séjour chez eux est non seulement un moment de tendresse, mais aussi un séjour linguistique et utile: elle y apprend l’allemand et l’art et la manière de répondre à l’ordre: « assis »!
Elle se perfectionne
Ce soir, les feux d’artifices, les feux de bois dans la montagne, les pétards et les lampions sont de la fête.
Et Pomme ne bronche pas, elle qui regarde l’aspirateur d’un oeil méfiant, mais qui supporte l’orage sans broncher.
Le Prix Nobel, tout le monde connaît.
Mais connaissez-vous l’histoire d’Alfred Nobel (1833 – 1896) dont le nom est utilisé sans que le public connaisse vraiment sa vie?
Papa Nobel bricolait dans la nitroglycérine.
C’est bien connu, s’il faut empêcher les enfants de jouer avec les allumettes, il est encore plus intelligent de ne pas laisser traîner de la nitroglycérine.
Alfred, pourtant, suivit les traces de son père.
En 1862, tous deux inventent un détonateur permettant de faire exploser la nitro sans danger.
Seulement voilà.
Deux ans plus tard, l’usine explose et, avec elle, Emile, le jeune frère d’Alfred, ainsi que cinq ouvriers.
Le drame est terrible… mais Alfred ne se décourage pas.
Il continue à fabriquer le produit dans le monde entier.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la nitroglycérine est très demandée.
Pas par mode, non, mais parce que les mines, les canaux, le chemin de fer, notamment, en sont de grands consommateurs.
Et partout, dans tous les coins du monde, les explosions se succèdent, volontaires… ou pas.
Une usine saute à Hambourg, New York déplore 25 blessés en 1865, 28 morts sont recensés à Brême, un cargo saute en plein port de Panama, faisant cinquante victimes en 1866…
Une hécatombe qui pousse la France à interdire la nitroglycérine, aussitôt imitée par d’autres pays.
Alfred s’inquiète pour sa subsistance.
Il réfléchit, cherche, fait des expériences, et invente la dynamite, explosif solide et sûr.
Pour cela, il mélange trois parties de nitro liquide avec une partie de « kieselguhr », sorte d’argile.
Ensuite?
Comment vous dire…
Nobel devint dans le domaine de l’explosif ce que Rockfeller fut pour le pétrole.
Richissime.
Il ouvre une douzaine d’usines dans une dizaine de pays.
A la fin de sa vie, il est à la tête d’une fortune de plus de 40 millions de francs or.
Le 10 décembre 1896, Alfred meurt.
Les héritiers, nombreux et fort contents, se retrouvent donc chez le notaire avec des mines de circonstances.
Et là, stupeur: le testament est explosif.
Il dit ceci:
« Toute la fortune réalisable que je laisserai en mourant sera employée de la manière suivante:
le capitale placé en valeurs immobilières sûres par mes exécuteurs testamentaires, constituera un fonds dont les revenus seront distribués chaque année sous forme de prix, aux personnes qui, au courant de l’année écoulée, auront rendu à l’humanité les plus grands services. »
Cinq prix sont institués dans les domaines de la physique, de la chimie, de la médecine, de la littérature et de la paix.
Un peu déçus, les héritiers… mais le prestige du prix, lui, a rendu immortel le nom d’Alfred.
Il y a ce que l’on sait des personnages célèbres, et ce que l’on sait moins.
De Franz Liszt, personne n’ignore qu’il a été le pianiste le plus important du XIXe siècle.
Il a appris le piano avec son père avant de poursuivre ses études à Vienne, puis est parti à Paris de 1823 à 1835, où il a rencontré Hector Berlioz, Victor Hugo, Frédéric Chopin, Alphonse de Lamartine…
De sa liaison avec la comtesse Marie d’Agoult (aussi connue sous son nom de plume, Daniel Stern), naitront trois enfants.
Leur fille Cosima épousera plus tard Richard Wagner.
Compositeur, pianiste, chef d’orchestre: Franz Liszt a marqué le monde artistique.
Cette partie là, tout le monde la connaît.
Et puis il y a l’autre, parsemée d’anecdotes.
Comme celle-ci:
Liszt a formé des centaines d’élèves.
Un jour, une jeune fille lui rend visite.
Honteuse, elle avoue qu’elle a prétendu être son élève dans le but de voir des portes s’ouvrir devant elle, alors qu’elle ne l’a jamais été.
Le pianiste, qu’elle admire, lui demande d’interpréter pour lui quelques partitions qu’il a écrites.
Il secoue la tête de temps en temps, grimace légèrement.
Lorsqu’elle a terminé, il l’embrasse sur la joue et lui dit:
« Désormais, vous pourrez dire que vous avez été l’élève de Franz Liszt. »
La mythologie grecque est remplie de personnages inattendus.
Si vous avez un jour rempli une grille de mots croisés, vous connaissez l’un des plus célèbres d’entre eux, Io, la petite nymphette au destin un rien incrédible.
Mais qui était donc cette demoiselle?
Io était une très belle et très jeune prêtresse lorsque Zeus, auguste roi des dieux de l’Olympe, la remarqua.
Pas de chance pour la demoiselle en question…
Car pour Zeus se posait la question: comment courtiser en paix sans encourir les foudres d’Hera, sa divine moitié?
Le dieu en chef eut une idée qu’il trouva excellente: transformer Io en génisse.
Excellent pour lui, pas pour elle.
Passer de l’état de superbe femme à vachette… on peut imaginer le soupçon de frustration que cela a dû engendrer!
Quand à Zeus, s’il s’était imaginé que sa liaison passerait inaperçu, le cher dieu se trompait.
Aujourd’hui, tous les cruciverbistes donc, se régalent de ses turpitudes.
A ce propos, les plus grands spécialistes du genre se sont creusés les méninges pour trouver de belles définitions à Io.
En voici quelques exemple:
- « Eut une destinée inverse de celle grands hommes d’affaires qui sont venus à Paris en sabots » (Tristan Bernard)
- « On pouvait l’entendre venir avec ses gros sabots « , « Fut sans doute victime de la traite » (Max Favalelli)
- « A été de mâle en pis », « A dû ruminer sa vengeance » (Robert Scipion. Oui, il a osé…)
- Son père aurait eu de bonnes raisons de ne pas la reconnaître. ( Roger La Ferté)
- « Devenue génisse à la suite d’une vacherie. » (Pierre Dewever)
- « Dame de trèfle » (Michel Laclos)
- « Fut tour à tour la Belle et la Bête »(G. Brouty)
Il avait un charme fou, de l’esprit, du raffinement…
Les cheveux long, élégant, un chrysanthème à la boutonnière, il sortait de l’ordinaire par son apparence comme par son intelligence.
C’était un écrivain original, au look de dandy, mais capable de se battre physiquement lorsqu’il le fallait.
Né en Irlande, pays qu’il a quitté suite à un chagrin d’amour, il s’est installé en Angleterre où sa personnalité rayonnante n’a pas tardé à séduire.
Marié à Constance Lloyd dont il a eu deux fils, il a cependant affiché au grand jour son homosexualité, pivot de sa réputation sulfureuse.
Sa vie qualifiée de dissolue lui vaudra des procès et des déboires traumatisants.
Le fameux scandale Queensberry, baptisé du patronyme du Marquis du même nom qui l’avait sommé de ne plus fréquenter son fils, valu à l’artiste un procès retentissant qui se soldera par un séjour en prison.
Pourtant, en brillant orateur, Oscar Wilde avait réussi à mettre les rieurs de son côté.
Rien n’y a fait: il a écopé de deux ans de travaux forcés, la peine maximale à une époque où l’homosexualité était interdite.
L’expérience fut une souffrance pour l’écrivain qui n’arriva plus à écrire autre chose que de la correspondance pendant des mois.
A 46 ans, il mourut d’une méningite, à Paris.
Enterré à Bagneux, son corps a été finalement transporté au Père Lachaise où sa tombe reste l’une des plus fleuries et des plus visitées.
Mais pourquoi, me direz-vous?
Son esprit, son courage, sa fantaisie, son charisme…
Lorsqu’il fut rédacteur en chef du magazine « The Woman’s World », il prit la défense de la cause féministe.
Personnage haut en couleur, il ne pouvait s’empêcher de faire des traits d’esprit qui sont relatés aujourd’hui encore.
L’histoire veut, par exemple, que, lors d’un voyage aux Etats-unis, il aurait lancé au douanier: « Rien d’autre à déclarer que mon génie! »
Même si beaucoup de ses pièces de théâtre ont été interdites, il est devenu un écrivain a succès grâce à son fameux « Portrait de Dorian Gray ».
Je relis souvent les citations qui lui sont attribuées, pour le plaisir de retrouver son humour, son ironie, sa profondeur.
Parmi elles:
«Vivre est ce qu’il y a de plus beau au monde, la plupart de gens existent, c’est tout.»
«Il est deux choses des plus émouvantes dans la vie: la laideur qui se sait, et la beauté qui s’ignore.»
«Chaque fois que les cannibales sont sur le point de mourir de faim, Dieu, dans son infinie bonté, leur envoie un missionnaire bien grassouillet.»
L’humour et l’intelligence d’Oscar Wilde étaient et sont toujours reconnus.
Pourtant, après le procès qui valu une peine de prison à son mari, son épouse changea le nom de ses enfants en « Holland ».
Seul petit-fils d’Oscar Wilde, Merlin Holland explique que son grand-père était un personnage dont il ne fallait pas parler, lors des réunions familiales.
Ce qui ne l’a pas empêché de consacrer des livres à son illustre aïeul…