Archive pour la catégorie 'Insolite'

Yul Brynner à Luzé

16 août, 2011

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Yul Brynner a fait rêver des générations de cinéphiles et se pâmer pas mal de femmes.
Son regard pénétrant, sa plastique irréprochable, son charisme, sa personnalité: il avait tout pour plaire.
Un voile de mystère entourait le personnage, notamment en ce qui concerne ses origines.
Il aimait brouiller les cartes, parlait plusieurs langues parmi lesquelles le français, s’est marié quatre fois.
Né Juli Borisovitch Bryner le 11 juillet 1920 à Vladivostok selon certains, ou le 7 juillet 1915 à l’île Sakhaline selon d’autres, en Russie, il était le fils d’un ingénieur suisse, et de la fille d’un médecin russe de confession juive, ayant également des origines bouriates.

Pur joyau hollywoodien, il aurait été normal qu’il termine sa vie en Amérique.
Mais non.
Très attaché à la France où il possédait notamment une propriété dans le Calvados, il y est décédé en 1985, et repose dans la terre du monastère de Bois-Aubry, non loin de Luzé, en Indre-et-Loire, un lieu qu’il n’a sans doute jamais fréquenté, pense-t-on.
Seul lien entre lui et ce monastère: ce dernier appartenait à l’époque à une communauté de confession orthodoxe, religion qu’a pratiqué Yul Brynner durant toute son existence.
Personne ne sait pourquoi ce lieu est devenu sa dernière demeure alors qu’il aurait dû être enterré dans la nécropole russe de Sainte-Feneviève-des-Bois, en région parisienne.
Il semblerait qu’une erreur administrative soit responsable de cette situation.

Rachetée par un Belge, la propriété ou ce qu’il en reste se visite sur rendez-vous et, paraît-il, vaut le détour.
L’Abbaye a 900 ans et vieillit mal.
Le nouveau propriétaire prévoit d’y réaliser des travaux importants, raison pour laquelle en a créé l’Association abbaye royale Saint-Michel- de Bois-Aubry.
Parmi les signataires dont le nom est célèbres, se trouve un certains Rock Brynner, l’un des cinq enfants de l’illustre comédien…

Martine Bernier

http://www.abbayedeboisaubry.fr/

L’OVNI n’est plus non identifié

5 août, 2011

Sans doute aviez-vous lu ou vu dans l’actualité qu’un OVNI avait été observé dans le ciel de Toulouse ce mardi vers 3h30 du matin.
Alors que l’on nous explique qu’il y aurait de l’eau sur Mars, l’espoir renaissait chez les amateurs de phénomènes extra-terrestres.
Chic!
Et cette fois, ne venez pas nous parler de météore, comme ce fut le cas en Bretagne!

Hum.
Déception cruelle…
Le Geipan, groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés s’est penché sur la question.
Il a constaté que le phénomène observé par une cinquantaine de personnes et décrit comme étant bleuté ou verdâtre était un « bolide ».
Un bolide, nous explique-t-on, n’est pas une soucoupe pilotée par Michaël Schumacher, mais « un phénomène produit par la rentrée en atmosphère d’une grosse météorite de plus de 100 grammes.
Les explosions entendues par les témoins seraient liées et parfaitement normales.

Pas de soucoupe volante, donc.
David Vincent, l’inoubliable chasseur d’Envahisseurs vous le dirait: les OVNI ne sont plus ce qu’ils étaient!

Martine Bernier

Spiderman: le retour

30 juillet, 2011

Vous aimez Spiderman?
Allez en Pologne, à Varsovie plus précisément, et vous le rencontrerez.
C’est là qu’un comédien, SA Wardega comme il se fait appeler sur sa page Facebook, déambule  déguisé en l’Homme-araignée pour faire rire les badauds.
Ici Spiderman ne défend pas: il attaque.
Armé d’une bombe  de fil serpentin, il part à l’assaut de tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin, quel que soit leur âge, leur fonction ou leur sexe. 
Grand coquinou, va.
Il  va jusqu’à  escalader les poteaux, histoire de mieux coller au personnage, sous l’oeil parfaitement indifférent des passants.
A son tableau de chasse, sa victime la plus marquante, reste la présentatrice qui réalisait un reportage quand Spiderman s’est attaqué à elle.
Bon, il n’a pas la grâce féline du Spiderman Hollywoodien, mais il est attendrissant, ce petit bonhomme bleu et rouge trottinant dans les rues, se hissant maladroitement là où il peut (sans effets spéciaux ni doublure!) et gambadant autour des promeneurs, souvent placides.
Et le public, justement?
Il a l’air de le trouver modérément drôle.
Soupir.
Ingrats, va.
Notez que, tant qu’à faire, il ferait mieux de sauver le monde.
Après tout, il est là pour cela et il y a du pain sur la planche.

Martine Bernier

http://www.gentside.com/spider-man/decouvrez-le-spider-man-de-varsovie_art25749.html

Les mots les plus utilisés

25 juillet, 2011

D’après vous, quels sont les 30 mots les plus utilisés de la langue française, mmm?
L’Internaute a cherché pour nous, et voici sa réponse:

- Etre, avoir, faire, dire, pouvoir sont en tête, en bonne logique
- Tout
- Aller, voir
- Homme
- Mari
- Vouloir
- Femme
- Venir
- Grand
- Devoir
- Jour
- Prendre
- Petit
- Mer
- Trouver
- Donner
- Temps
- Même
- Falloir
- Parler
- Main
-Chose
- Mettre
- Vie
- Savoir

Comment en est-on arrivé à cette conclusion?
Grâce au lexicologue Etienne Brunet, qui a établi cette liste en 2002, à la demande du groupe d’experts chargé de rédiger les programmes scolaires.
Il a analysé les mots qui revenaient le plus fréquemment à partir d’un corpus de différentes œuvres littéraires des 18e, 19e et 20e siècles.
Parmi eux les oeuvres analysées, il s’est penchés sur les écrits de Marivaux, Rousseau, Voltaire, Chateaubriand, Sand, Zola et encore l’intégralité de la Comédie Humaine de Balzac.
Le courageux lexicologue a travaillé sur les 20 millions de mots que comportaient ces documents.
Parmi eux, 1500 ont été extraits, considérés comme étant les plus fréquents de la langue française.
Pour cette sélection, seuls les noms, les adjectifs et les adverbes et les verbes ont été conservés.

Un travail de titan…

Et maintenant, soyons sérieux.
Dans ce palmarès, ne figurent ni le mot amour, ni aimer, tendresse, partager, rire, pleurer et tant d’autres essentiels.
Sas doute s’accommodent-ils d’un langage sans paroles… 

 

Martine Bernier

Nessie retrouvé?!

22 juillet, 2011

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La semaine dernière, un couple de quinquagénaires se promenait paisiblement sur une plage de Bridge of Don, près d’Aberdeen, en Grande-Bretagne lorsqu’il est tombé nez à nez avec un squelette étonnant.
En se rapprochant, Margaret et Nick Filippence réalisèrent que les nonosses en question que leur chien devait convoiter avec gourmandise, semblaient être ceux d’un monstre.

Oh my God!
Nessie!!
Convaincu d’avoir trouvé la dépouille du monstre du Loch Ness, le couple a averti les autorités.
Bon, bien sûr, Nessie folâtre d’habitude à 130 kilomètres de là.
Mais foin de ce léger détail: Rob Deville, expert au zoo de Londres, s’est penché sur la monstrueuse bestiole.

Et là, grosse déception pour nos promeneurs: ce n’est pas Nessie, mais vraisemblablement le squelette d’une baleine ou d’un orque.
L’expert en baleines Mark Simmons a précisé, dans une interview donnée au Sun, que l’animal mort depuis bien longtemps a dû être amené là par les marées.

Soulagement, donc pour les marchands de rêve du Loch Ness: leur monstre est donc toujours dans le lac.
Enfin… le monstre et son éventuelle descendance.
Parce que depuis le temps que l’on en parle, ce bon Nessie commence à se faire très, très vieux….

Martine Bernier

Explosion bretonne

19 juillet, 2011

Tadaaaam!

Le titre m’a étonnée.
L’article de Ouest France plus encore.
Il disait ceci:

Mystérieuse explosion dans le ciel breton : pas un orage, pas un avion de chasse…

Quelle est l’origine de la mystérieuse explosion qui a secoué le ciel breton ce mardi matin vers 5 h 15?
Une explosion accompagnée d’une boule de feu qui a été vue et entendue par des personnes résidant aussi bien en Ille-et-Vilaine, dans le Finistère qu’en Loire-Atlantique.
Selon les services de Méteo France, il ne s’agit pas d’un phénomène atmosphérique ni d’un orage.
L’hypothèse d’un avion de chasse a également été écartée.
« On sait que ce que ce n’est pas mais on ne connaît pas la cause de cet événement », précise-t-on à la préfecture d’Ille-et-Vilaine.
Autre hypothèse : la chute dans l’atmosphère d’un météore qui se serait dissous avant de toucher terre.

Ah non, alors!
Pas un météore!
Un bon vieux OVNI comme on n’en fait plus depuis l’époque des Envahisseurs!
Ou à la limite le retour d’Alf de sa planète Melmac.
Mais pas un banal météore!
Tant qu’à faire…

Martine Bernier

Morts insolites

18 juillet, 2011

Lire, creuser, chercher, découvrir, mettre bout à bout chaque trouvaille: je fais partie de ceux qui adorent cela.
Au chapitre des décès inattendus, il y aurait des pages entières à écrire.
Mourir est sans doute la chose la plus universelle et banale qui soit, mais certains ont réussi à le faire de telle façon que, des années, voire des siècles plus tard, on en parle encore.

Eschyle, vous connaissez?
Peu d’entre nous sont capables de réciter une ligne écrite par ce grand tragédien grec (525 – 456 avant Jésus-Christ).
Mais son décès accidentel, lui, est connu: il est mort en recevant sur le crâne… une tortue qu’un aigle, qui l’emportait dans ses serres, venait de lâcher.

Le merveilleux compositeur que fut Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687) avait un caractère épouvantable.
Au cours des répétitions de l’une de ses oeuvres, il entra dans une rage épouvantable contre ses musiciens.
En pleine crise de colère, il frappa violemment le sol avec la longue canne qui lui servait à battre la mesure et… heurta son gros orteil.
Amusant?
Pas vraiment, non.
En tout cas pas pour lui puisque la gangrène s’installa dans l’orteil.
Le compositeur mourut quelques jours plus tard.

Le président de la République française Félix Faure (1841 – 1899) se serait bien passé d’une telle publicité autour de sa mort.
Il mourut d’apoplexie dans les bras de la belle Marguerite Steinheil, ce qui a beaucoup contrarié son entourage.
Appelé en urgence à l’Elysée, un prêtre a demandé:
- Le président a-t-il encore sa connaissance?
Réponse de l’huissier:
- Non, nous venons de la faire sortir par l’escalier de service.

Tout était rose dans la vie de l’actrice Jayne Mansfield, plus connue pour son impressionnant tour de poitrine que par son talent.
Ce qui était injuste puisque la dame en question avait également un QI de 164.
Dans sa villa de Los Angelès, tout était rose et en forme de coeur, y compris la piscine.
Le 29 juin 1967, sur la route de la Nouvelle Orléans, la comédienne heurta, avec sa décapotable rose, un camion chargé de plaques de tôles.
L’une d’elles se détacha et vint proprement décapiter la pauvre femme.
Un comble pour celle qui, dix ans auparavant, avait été couronnée Miss Autoroute.

Martine Bernier

Nobel et son testament explosif

17 juillet, 2011

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Le Prix Nobel, tout le monde connaît.
Mais connaissez-vous l’histoire d’Alfred Nobel (1833 – 1896) dont le nom est utilisé sans que le public connaisse vraiment sa vie?

Papa Nobel bricolait dans la nitroglycérine.
C’est bien connu, s’il faut empêcher les enfants de jouer avec les allumettes, il est encore plus intelligent de ne pas laisser traîner de la nitroglycérine.
Alfred, pourtant, suivit les traces de son père.
En 1862, tous deux inventent un détonateur permettant de faire exploser la nitro sans danger.
Seulement voilà.
Deux ans plus tard, l’usine explose et, avec elle, Emile, le jeune frère d’Alfred, ainsi que cinq ouvriers.
Le drame est terrible… mais Alfred ne se décourage pas.
Il continue à fabriquer le produit dans le monde entier.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la nitroglycérine est très demandée.
Pas par mode, non, mais parce que les mines, les canaux, le chemin de fer, notamment, en sont de grands consommateurs.
Et partout, dans tous les coins du monde, les explosions se succèdent, volontaires… ou pas.
Une usine saute à Hambourg, New York déplore 25 blessés en 1865, 28 morts sont recensés à Brême, un cargo saute en plein port de Panama, faisant cinquante victimes en 1866…
Une hécatombe qui pousse la France à interdire la nitroglycérine, aussitôt imitée par d’autres pays.

Alfred s’inquiète pour sa subsistance.
Il réfléchit, cherche, fait des expériences, et invente la dynamite, explosif solide et sûr.
Pour cela, il mélange trois parties de nitro liquide avec une partie de « kieselguhr », sorte d’argile.

Ensuite?
Comment vous dire…
Nobel devint dans le domaine de l’explosif ce que Rockfeller fut pour le pétrole.
Richissime.
Il ouvre une douzaine d’usines dans une dizaine de pays.
A la fin de sa vie, il est à la tête d’une fortune de plus de 40 millions de francs or.

Le 10 décembre 1896, Alfred meurt.
Les héritiers, nombreux et fort contents, se retrouvent donc chez le notaire avec des mines de circonstances.
Et là, stupeur: le testament est explosif.
Il dit ceci:
« Toute la fortune réalisable que je laisserai en mourant sera employée de la manière suivante:
le capitale placé en valeurs immobilières sûres par mes exécuteurs testamentaires, constituera un fonds dont les revenus seront distribués chaque année sous forme de prix, aux personnes qui, au courant de l’année écoulée, auront rendu à l’humanité les plus grands services. »
Cinq prix sont institués dans les domaines de la physique, de la chimie, de la médecine, de la littérature et de la paix.

Un peu déçus, les héritiers… mais le prestige du prix, lui, a rendu immortel le nom d’Alfred.

Martine Bernier

Le cognac : une star universelle

12 juillet, 2011

Je ne bois pas d’alcool, c’est ainsi.
Mais je suis intéressée par les dessous de certaines boissons, par le vocabulaire utilisé pour en parler.
Dernièrement, je me suis penchée sur le cognac, et ce que j’en ai appris m’a intriguée.

Dans tous les grands hôtels du monde, à la fin du repas, dans toutes les nations aisées de la planète, son nom revient sans cesse.
Cognac…
La ville du même nom où il est produit est devenue, par la même occasion, l’une des villes françaises les plus célèbres au monde.

Ce qui me touche?
La poésie que l’on trouve dans sa préparation.
Trois cépages sont utilisés pour le créer: l’ugni blanc, la folle blanche et le colombard, qui produisent un vin de qualité plutôt médiocre.
La fermentation dure 15 jours, puis le futur cognac est distillé dans des alambics en cuivre rouge martelé.
Après la première chauffe, on recueille un liquide trouble: le brouillis, qui sera l’objet d’une deuxième chauffe: « la bonne chauffe ».
Elle aura pour effet de sélectionner la meilleure partie de l’alcool, le « coeur ».

A cet moment-là, le cognac n’est encore qu’une eau-de-vie sans couleur.
Il va être mis à vieillir dans des barriques de chêne.
Pendant les premières années, le cognac perdra un degré d’alcool par an, et 2 ou 3% de son volume.
Cette évaporation s’appelle…. la part des anges.
Avouez que c’est joli!
Lorsqu’ils survolent la région, les anges en question doivent rentrer chez eux régulièrement pompettes puisque l’équivalent d’environ 20 millions de bouteilles s’envole ainsi chaque année dans l’atmosphère.
Ce sont ces vapeurs de cognac qui favorisent, sur les tuiles et les pierres, le développement d’un champignon (le torula cognacensis), qui donne aux maisons des distillateurs une couleur noire très caractéristique.

Juste encore un mot.
Le cognac est bu dans le monde entier, mais de manière différente.
En France, en digestif, tiédi, dans un verre tulipe.
En Angletterre, il devient « brandy » et se boit souvent en long drink, allongé de ginger ale.
Aux Etats-Unis, on le trouve comme alcool dans de nombreux cocktails.
Au Canada, on l’additionne d’eau de Vichy glacé.
En Extrême-Orient, il se boit nature au cours d’un repas.

Bref, il est aimé.
Un auteur conquis a d’ailleurs écrit un jour à son sujet:
« L’eau-de-vie de Cognac est un hasard de la nature, un accident heureux et une exception. »

Martine Bernier

Le mystérieux quatuor Loffler

6 juillet, 2011

Parmi les sujets que j’ai traités pour les besoins de mon travail au cours de ces 25 dernières années, il en est un que je n’oublierai jamais.
Celui de la très mystérieuse famille Loffler dont l’histoire a aujourd’hui rejoint la légende à Cergnat, non loin de Leysin, station des Alpes vaudoises (Suisse).
Le récit m’avait été raconté à l’époque par un ami syndic (traduisez « maire » si vous n’êtes pas Suisse!).

En 2002, pour les besoins de l’article que j’ai eu envie de consacrer à ce père et à ses trois filles, il m’avait permis d’entrer dans la maison de la famille, une maison encore très imprégnée par la personnalité des locataires décédés.
Une demeure refermée sur leurs secrets…

Les araignées avaient tissé leurs toiles sur la boîte aux lettres de la maison qu’habitait autrefois le Quatuor Löffler.
Depuis le décès de Maria, la dernière survivante de la famille, elles étaient les seules locataires du bâtiment abandonné.
Rares sont ceux qui se souviennent du destin de cette famille, composée d’un père compositeur-interprète et de ses trois filles musiciennes, arrivés de Leipzig, en Allemagne, pendant la dernière guerre.
Dans la Vallée des Ormonts, beaucoup les croyaient réfugiés, d’origine juive.
Vérification faite auprès de l’administration communale, Max, Johanna, Susanna et Maria, ont dès le début été enregistrés sous le statut d’artistes et non de réfugiés.
Le brigadier de police, qui connaissait la famille depuis plus de vingt ans, a été nommé liquidateur testamentaire.
C’est lui qui m’a appris que les Löffler, contrairement à ce qui a été dit, n’avaient pas fui l’Allemagne parce qu’ils étaient en danger.
Dès qu’ils ont perçu la montée du nazisme, ils sont partis pour retrouver ailleurs la quiétude qui leur était nécessaire pour travailler.

Avant la guerre, le quatuor s’embarque donc pour les Etats-Unis.
N’y trouvant pas la sérénité recherchée, il rentre en Allemagne au bout de quelques mois.
Puis il repart pour la Suisse, définitivement, cette fois.
Les autorités communales de l’époque leur proposent de s’installer dans l’ancien collège de Cergnat.
Une bâtisse froide, mais tranquille, dans laquelle la famille retrouve la paix.
Lorsque j’ai visité la maison, construite sur la faille de la Frasse, une faille naturelle qui rend le terrain instable, elle était très abîmée.
De guingois, les murs étaient lézardés, endommagés par des infiltrations d’eau.
Le bâtiment, irrécupérable, était condamné à la destruction.
Partout, dans la maison vide de ses habitants, les pianos, clavecins, et autres partitions témoignaient du passé glorieux de cette famille de brillants musiciens.

Parmi les nombreuses photos, aucune trace de la femme de Max Löffler, semble-t-il décédée très jeune.
Rien… pas un signe.
Comme si elle n’avait jamais existé.
Aucune des trois demoiselles ne s’est mariée.
Vouées à la musique, elles chantaient et jouaient de nombreux instruments: violon, violoncelle, guitare, cithare, cuivres.
Du temps de leur splendeur, elles ont joué aux côtés de leur père dans le monde entier, dans les lieux les plus prestigieux, jusqu’à la Cour de la Reine Mère d’Angleterre.
Mais jamais, leur musique n’a été enregistrée ou gravée sur disque.

Dans les Ormonts, la mystérieuse famille vivait retirée, alimentant sans le vouloir les fantasmes les plus farfelus.
Certains affirmaient qu’à leur arrivée en Suisse, les Löffler auraient coulé de l’or dans un de leurs instruments, un cor de chasse.

En fait, ils vivaient chichement.
Ils menaient une vie spirituelle intense, collectionnaient les timbres dans de vieilles enveloppes, stockaient d’énormes sacs de graines pour nourrir les oiseaux, offraient des bouquets aux familles des communiants, et donnaient des leçons de musique à l’école.
Seule Maria parlait français et possédait un permis de conduire.
En 1961, le patriarche décède.
Aucune de ses filles ne l’avait jamais quitté.

Les trois soeurs, amies de Yehudi Menuhin, poursuivent alors une existence retirée et cultivée.
Susanna meurt à son tour en 1976, puis Johanna en 1994, dans une clinique de Leysin où sa soeur, Maria, est elle même décédée en 2000.
Tous ont été enterrés dans le paisible cimetière de Cergnat.
Quand je me suis rendue dans leur maison, ne restaient dans la demeure endormie que des instruments désormais muets, et des cascades de souvenirs accrochés à des photos jaunies.

De leur vivant, Max, Johanna, Susanna et Maria Löffler avaient rêvé de se voir un jour consacrer un musée.
Sans doute est-ce pour cela qu’ils ont fait de la commune d’Ormont-Dessous leur légataire, tandis que celle-ci promettait en contrepartie de continuer à s’occuper de leurs tombes.
Avant de se débarrasser des partitions moisies par l’humidité, la Commune vérifiera que les compositions de Max Löffler ont bien été enregistrées auprès d’une Société d’Auteurs et Compositeurs.

J’ai cru que l’histoire s’arrêterait là et que je resterais simplement avec la très étrange impression ressentie dans la maison.

En 2002, mon article a donc été publié.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu une lettre à laquelle était jointe une photo noir-blanc, jaunie.
Celle d’une petite fille d’environ deux ans et d’une dame.
La personne qui m’écrivait m’expliquait qu’elle avait la preuve que l’une des filles Löffler a eu une fille.
Pas de père à l’horizon, mais elle savait que l’enfant avait vécu car elle s’en était occupée.
Un pasteur de la région m’a confirmé l’information.
Mais personne dans la région ne se souvient d’avoir jamais vu cette petite fille.
Parmi les très rares personnes qui m’ont confirmé son existence, tout le monde était assez mal à l’aise.
Les demoiselles Löffler ne fréquentaient pas de messieurs, et personne ne savait ce qu’était devenu l’enfant.
Mon enquête m’a menée jusqu’en Allemagne, chez une lointaine cousine, où j’ai perdu la trace de l’enfant.

Dans le petit cimetière paisible de Cergnat, les quatre musiciens dorment en paix, sans avoir rien révélé de leurs secrets.

Martine Bernier

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