Archive pour la catégorie 'Intimite'

L’attente… et le Petit Prince

18 mai, 2009

Il y a des jours plus importants que d’autres, dans la vie. Alain et moi nous apprêtons à en vivre cette semaine. Je vais attendre mercredi matin pour en parler.

Durant les presque trois ans d’amour que nous venons de vivre, tous les deux, l’attente a été notre compagne un peu trop souvent. Une attente interminable entre deux retrouvailles, entre deux appels… L’attente sur msn, de voir s’allumer la petite lumière indiquant qu’il est là. Une attente qui pouvait durer des heures, parce que je savais que, sujet à l’insomnie, il pouvait se connecter à 3 ou 4 heures du matin… et que je ne supportais pas le savoir seul dans la nuit.

L’attente aurait pu nous décourager, nous séparer. Elle et sa copine, la distance, nous ont souvent fait très mal, nous ont mis en péril. Mais personne ne peut rien contre un attachement tel que celui qui nous unit. Et je crois que ce qui ne nous brise pas nous rend plus forts.

Très souvent, j’ai repensé à un livre que j’ai lu au moins cinquante fois entre mon enfance et mon adolescence: Le Petit Prince. J’ai toujours été fascinée par la profondeur de certaines phrases de cet ouvrage. Des phrases que je connais par coeur, mais dont je n’ai perçu la finesse du sens que depuis que j’aime Alain.

Tout le passage parlant du Renard, ce renard qui attend patiemment le Petit Prince et se laisse apprivoiser peu à peu , me touche.

Mais surtout, quand je le regarde, quand je l’écoute, je pense à une phrase, la plus belle du livre: « C’est le temps que tu as perdu pour ta Rose qui fait ta Rose si importante. »

Ma Rose m’est infiniment précieuse…

 

Martine

 

Canard, langage des signes et chemin des souvenirs

13 mai, 2009

Alain et moi vivons une étape essentielle de notre histoire. Encore une semaine de patience… C’est difficile, les échéances, ce genre d’étape. Il faut s’aimer très fort pour  ne pas faire subir à l’autre la tension, la pression que chacun ressent en attendant la délivrance. Durant cette semaine, nous nous voyons peu. Mais les moments que nous passons ensemble sont magiques car, enfin, nous nous projetons dans un avenir qui est à notre porte.

Hier matin, dès l’instant où il est arrivé, il a fait de notre journée une perle de bonheur. Il est des jours, comme ça, où chaque seconde est magnifique. Il faut en prendre conscience, ne pas passer à côté. Savoir que, lorsque nous y repenserons, ces instants feront partie de ceux qui rendent la vie belle.

Au moment des traditionnelles courses, il m’a dit: « Aujourd’hui, je vais cuisiner pour toi. Tu aimes le canard? »

Oui, j’aime le canard. Dommage pour le canard. De retour chez nous, mon Grand Homme s’est mis aux fourneaux. Il cuisine en épicurien qu’il est, tranquillement, sans stress, en écoutant avec délice frémir la viande, en piquant délicatement les minuscules pommes de terre cuites dans de la graisse de canard (qui n’augmente pas le cholestérol!). Je me suis assise à côté de lui et je l’ai regardé préparer le repas. Il y a quelque chose de très attendrissant à voir son homme se donner un mal fou pour vous offrir un plat à sa façon. Quand il a posé ses assiettes sur la table, j’étais émue. C’était succulent. Le canard était fondant, les pommes de terre délicieuses.  Et lui avait cette petite lueur joyeuse au fond des yeux, qu’il a lorsqu’il voit qu’il me fait plaisir…

Puis la journée a continué. Nous sommes tous les deux intéressés par la politique. Et je suis assez interpellée par l’attitude des députés à l’Assemblée Nationale. Nous avons regardé la diffusion en direct de leurs débats. Au début, Alain a commenté les images en me donnant les noms des députés, parmi lesquels il en connaissait plusieurs personnellement. Et tout à coup, virage à 180 degrés. Les débats sont traduits en langage des signes par trois femmes qui se relayent, dans un coin de l’écran. A un moment donné, l’une d’elles faisait tellement de grimaces qu’Alain est parti dans un de ces délires dont il a le secret. Il a traduit les gestes de la traductrice. Et cela ne donnait pas du tout la même chose que le discours initial. C’est avec mon Grand Homme que j’ai appris le sens de l’expression pleurer de rire.

En fin d’après-midi, peu avant son départ, il s’est connecté sur Google Map. Et là, il m’a entraînée sur les traces de nos souvenirs, de nos bientôt trois ans d’amour. Nous avons marché sur les traces de son Paris, de ce Paris qu’il m’a appris à aimer, qu’il m’a fait découvrir comme personne n’aurait pu le faire. Lorsqu’il est parti, un peu plus tard, nous étions plus proches encore. Nous savons aujourd’hui que nous sommes à quelques jours du bonheur absolu.

Martine

Papillons noirs…

5 mai, 2009

Tout à l’heure, je prends l’avion pour un saut de puce en Suisse. Je vais y régler des points importants. Et je sais que ce sera l’un des moments les plus difficiles de ma vie. J’ai le coeur gros.

Je rentrerai demain. En attendant, c’est Alain qui prendra le relais… et qui s’occupera de Scotty et de l’arrivée du remplaçant de Max II, la rolls des ordinateurs qui doit venir remplacer Max Ier.

Avez-vous déjà senti votre coeur trembler? C’est une sensation étrange. Je vis dans la double appréhension de la page que je vais tourner aujourd’hui et de mon avenir que je confie à des éléments que je ne maîtrise pas. Car la décision n’est plus entre mes mains.

Cette semaine, sur Facebook, j’avais laissé une phrase en passant, expliquant que mon Mac avait rendu l’âme et que si un génie de l’informatique passait par là, je ne serais pas contre un petit miracle. Quelqu’un que j’aime bien a laissé un mot en me disant: « Pour les situations désespérées, c’est Sainte Rita ». J’ai rétorqué que je doutais qu’elle soit une experte en informatique…

Vu les papillons noirs qui m’envahissent de plus en plus intensément à chaque départ de celui que j’aime, je crois que j’aurais bien besoin d’un coup de pouce de la dame en question.  J’aime les animaux.  Mes ces papillons noirs qui m’imposent leur présence et qui pèsent dix tonnes sur ma vie, je voudrais qu’ils disparaissent pour toujours.

M.B.

Les différences entre les hommes et les femmes: l’Art et la Manière. Chapitre 13

29 avril, 2009

Ce matin, avant que je ne diffuse le sujet « Différences entre Hommes et Femmes : les choses de la vie », je l’ai fait lire à Alain. Il aurait pu mettre son veto, je l’aurais accepté. Mais non : stoïque, il a souri et a accepté la diffusion du texte sur le blog.
Ce matin, lui et moi nous sommes rendus dans la grande surface qui a la chance de recevoir nos écus en échange de ses denrées. C’est là que mon Grand Homme m’a fait comprendre à sa façon qu’il avait bel et bien lu le texte: 
- Moi Homme. Moi pas chasseur. Toi Femme, prendre sagaïe et partir chasser le steak.
- Ah bon ? Donc, toi Homme, toi juste pousser char (ou caddie pour les non initiés) ?
- Voilà!
Arrivés devant le rayon fleurs, arrêt. Mon Grand Homme sait que je les adore et que j’aime en avoir à la maison. Il regarde donc l’ensemble, et demande :
- Lesquelles voudrais-tu ?
- Mon cœur, dis-moi plutôt lesquelles tu m’offrirais si tu voulais me faire plaisir.
Re –regard circulaire. Et le voilà qui pointe un bouquet franchement innommable, très, très laid, aux fleurs incolores. Mon air déconfit lui suffit pour comprendre qu’il n’est pas tombé dans le mille.
- Ah ? Tu n’aimes pas ?
- Mais… non ! Tu aimes, toi ?
- Oui.. . ça change, tu ne trouves pas ?
- Pour changer, ça change ! Dis… tu connais un peu le langage des fleurs ? Si tu voulais me dire, avec des fleurs, que tu m’aimes, lesquelles m’offrirais-tu ?
A nouveau, regard inquiet vers l’étalage, immersion dans les bouquets et retour triomphant avec des roses rouges et des arômes. Bon, d’accord, le bouquet est un peu maigrichon, mais nous sommes en net progrès !
Alors que nous cheminons parmi les rayons, mon Grand Homme tombe en arrêt devant une escalope.
- Tiens, ce midi, je vais te faire une escalope au camembert. Bon, j’espère que tu aimes le camembert, parce que c’est un peu violent…
De retour chez nous après que mon sac ait rendu l’âme en plein milieu du magasin, nous travaillons un peu côte à côte et Alain part en cuisine. Tadaaaam !!!! Grand moment. Il œuvre, très concentré et apporte son plat sur la table. Verdict : l’escalope au camembert est une merveille. Oui, bien sûr, elle nous fait surfer sur les crêtes cholestéroliennes, mais… quel délice…
Après le repas, Homme décide de faire plaisir à Femme en l’emmenant là où elle pourra remplacer son défunt sac. Premier arrêt sans résultat. Il décide alors de m’emmener plus loin, et nous revoilà sur la trace du sac de mes rêve. Dans un magasin pourtant généraliste, je tombe en arrêt devant deux sacs très, mais alors vraiment très très séduisants. J’hésite lorsque la voix grave et parfaitement craquante de mon Homme résonne délicieusement à mon zoreille.
- Ecoute, tu en prends un et je t’offre l’autre.
Ciel… un message divin !!!! Bonheur !!!!
Retour par Guérande où il m’offre une glace qui va me valoir le fou rire de la semaine. Alain est un homme sérieux, imposant , qui a des responsabilités. Mais quand il part dans ses délires, c’est un pur régal … J’ai eu droit à un One Man Show parodiant un petit garçon enviant « la-dame-qui-a-droit-à-une-glace-alors-que-moi-je-ne-peux-pas-mais-non-c’est-pas-vrai-qu’il-fait-trop-froid-puisque-la-dame-elle-en-mange-une ».
Moralité : Femme est souvent en attente de certaines choses (non, pas comme des bouquets d’escalopes au camembert ; enfin !). Mais Homme est toujours là où on ne l’attend pas… Et cela… c’est le bonheur.

Les différences entre l’Homme et la Femme. Chapitre 11: les cadeaux.

20 avril, 2009

Il est bien clair que tous les hommes ne sont pas pareils, et que toutes les femmes ne se ressemblent pas. Mais en ce qui concerne les cadeaux, il faut bien avouer que nous ne fonctionnons pas exactement de la même façon.

Prenons un exemple au hasard: lui et moi. A la moindre occasion, j’aime, que dis-je: j’adore lui faire des cadeaux. Et s’il n’y a pas d’occasion, aucune importance: j’en invente. Tout est bon pour lui offrir un bouquin sur Napoléon, une pierre de lune, un porte-clé à l’effigie de son signe chinois  (pensez: un Dragon!) etc. J’adore le voir ouvrir ce que je lui destine d’un air réservé, voire un peu distant, et avoir ce petit sourire, ce petit regard à la fois un peu étonné, content, ravi quand j’ai bien choisi… Le cadeau, à mon avis, il s’en contre-moque. Mais le geste qui lui dit que je l’aime et que j’adore lui faire passer ce message, c’est autre chose, il y est sensible. Et je le sais.

Lorsque c’est à lui, l’Homme, de me faire un présent, c’est une toute autre histoire. Il existe deux cas de figure. Sans qu’il y ait la moindre raison de me gâter, si je lui dis que j’ai envie d’un recueil de poèmes de Neruda, d’un livre d’Art, d’une mini reproduction d’un tableau de Monet ou de la reproduction d’une carte géographique de Paris datant de 1600, il me fait la surprise de me les offrir. Comme cela, juste pour me mettre des étoiles dans les yeux. C’est tout lui… et la mine dignement réjouie qu’il affiche lorsqu’il voit qu’il m’a touchée me chavire à chaque fois. Une montagne de tendresse…

En revanche, l’une des pires choses que je puisse lui demander est de me choisir lui-même un cadeau. Là, l’Homme entre dans une spirale d’angoisse frisant le désespoir. J’en ai eu deux fois la démonstration.

La première a eu lieu à Paris. Me choisir un pendentif tout simple au milieu d’un interminable rayon dégoulinant de bijoux en tous genres a été un moment de grande solitude pour mon malheureux Grand Homme. Visualisez-vous le regard du lapin se trouvant au bout du canon du fusil du chasseur? C’était le sien. Il avait l’air tellement perdu dans cette antre de la frivolité féminine que j’ai fini par me porter à son secours. Pourtant, je serais si heureuse de porter quelque chose qu’il aurait choisi pour moi… Il en est conscient, mais comment voulez-vous que ce géant un peu maladroit se glisse dans la tête d’une femme un peu bizarre attendant un bijou vaguement ethnique?

Il y a trois jours, connaissant mon amour pour les fleurs, il a décidé de m’en offrir pour mon anniversaire pour lequel il n’était pas présent. Nous nous sommes retrouvés dans une jardinerie et est venue la question traditionnelle après qu’il ait jeté un regard circulaire sur les rayons:

- Bon. Qu’est-ce qui te ferait plaisir?

- Que tu m’offres quelque chose que tu auras choisi, qui me vienne de toi.

Regard épouvanté et vaguement agacé, doublé d’un profond soupir:

- Pfff…. Tu sais que j’ai horreur de ça…

- Oui, mais cela me ferait tellement plaisir…

Nous arpentons les rayons, main dans la main. Il survole les étalages, pose un regard un peu désespéré sur les choses… De temps en temps, il me glisse: « Allez, dis-moi… je ne sais pas, moi… » Mais, implacable, je tiens ma position: « Choisis! Je t’assure, c’est ce qui me touchera le plus. » Il ne voit pas que certaines femmes le regardent et me sourient d’un air complice. Un grognement plus tard, il me souffle:

- Tu veux une orchidée ? (Il triche, il sait que je les adore.)

Comme j’opine du bonnet, il se dirige vers une petite orchidée installée dans un cylindre  en verre transparent, parfaitement rond. Un peu perplexe, je regarde la fleur, mauve pâle. Pourquoi elle, au-milieu de ces lignes d’autres plus grandes et plus radieuses?

Ce n’est qu’à la caisse que j’ai réalisé un détail… Toutes les orchidées de ce type se trouvaient dans des tubes identiques. Toutes sauf une: celle qu’il avait choisie.

Celle-ci se trouvait dans un  récipient presque pareil…

A ceci près que le tube était en forme de coeur.

 

Martine Bernier

 

 

 

 

Mon chien ne sait pas qu’il est un chien…

24 mars, 2009

Je ne suis pas partie seule de Suisse.
J’ai emmené dans mes bagages Scotty Bernier Ière du Nom, ma chienne Scottish Terrier de neuf ou dix ans.
Pas sûre de l’âge, non: les « éleveurs » (qui n’en méritaient d’ailleurs pas le nom!!) me l’ont vendue pour plus jeune qu’elle n’était, m’a appris un jour le vétérinaire.

Bref.
Entre autres qualités, Scotty semble ignorer qu’elle est un chien.
Je le pressentais déjà par le passé, j’en ai eu la preuve depuis que je suis en Bretagne.
Cette bestiole aux poils noirs parsemés de blanc et à la bouille de dessin animé, a des attitudes de jeune demoiselle enamourée dès qu’Alain rentre.

Elle a toujours adoré les hommes.
Je sais que son maître lui manque et que, quand elle va le revoir en avril, elle n’aura qu’un désir: repartir avec lui.
Les femmes, dont je fais partie, représentent pour elle un deuxième choix, à ne fréquenter qu’en cas d’absolue nécessité.

Donc, dès son premier contact avec Alain, elle a compris que s’il y avait quelqu’un à séduire dans la maison, c’était lui.
Pour de multiples raisons.
La première étant que, craquant devant cette demi-portion qui lui fait des papouilles dès qu’il apparaît, il est prêt à la récompenser en la laissant ingurgiter n’importe quelle denrée plus ou moins alimentaire lui tombant sous la main.
Or, Scotty, en chien bien élevé, n’a droit qu’à la nourriture qui lui est destinée. Chacun sachant que les restes de table fragilisent la santé des chiens.

Dès le premier soir, à l’hôtel, j’ai installé le panier de Madame dans un coin, en lui expliquant que rien n’a changé: elle dort dans son panier, et pas dans les lits.
Elle n’a d’ailleurs pas le droit de mettre le bout des moustaches dans la chambre, mais bon… cas de force majeure oblige..

Au petit matin, (mais alors vraiment très petit matin), j’ouvre un oeil, réveillée par un petit remue-ménage à ma droite, où se trouvait Alain.
Alors que je me redresse dans la pénombre, j’entends un bruit très caractéristique.
Du genre métronome devenu fou, tapant une cadence insensée sur le duvet du lit.
Qu’est-ce, me direz-vous?
La queue de Scotty, au bout de laquelle je découvre mon chien parfaitement ravi et honteux à la fois, très consciente qu’elle se trouve dans une position qui va lui valoir une monstrueuse réprimande.
Elle adresse un sourire complice à Alain (Si!!! mon chien sourit!!!) et avance vers lui en rampant, oreilles en bas, très conquérante sous ses airs faussement soumis.
Et bien entendu… il craque.

La vie s’installe petit à petit.
Mon mini chien à l’allure de colonel à la retraite, moustache au vent, découvre son nouveau domaine.
Elle me fait comprendre qu’elle a horreur du chauffage au sol en s’étalant de tout son long, pattes écartées, et en haletant vigoureusement.
Message reçu: le chauffage est arrêté.
Une fois les meubles installés, elle visite, restant au rez-de-chaussée par crainte de l’escalier en bois, un peu glissant pour ses mini pattes.

Petit à petit, elle prend ses aises, sait où se trouve son sac de nourriture, repère où sont les os et les friandises.
Devant les supplications d’Alain qui manque de s’évanouir à chaque fois qu’il respire l’haleine de la bête, j’achète des os destinés à améliorer cette situation.
D’un air dégoûté, elle les mâchouille à contre-coeur, venant se planter devant nous dès qu’elle nous voit passer à table.
Alain résiste, moi aussi.

Dès que mon grand homme rentre à la maison, elle se précipite pour lui exprimer son euphorie, ce que lui, homme à chats, reçoit avec la bonhomie tendre d’un rajah bien éduqué.
Un soir de la semaine dernière, heureuse de le retrouver, je savourais les instants de paix que nous partagions enfin, dans le canapé du salon.
Blottie contre lui, je sentais son bras autour de moi… quand soudain, j’ai vu une tête à vingt centimètres de la mienne.
Une tête poilue, une truffe noire, surmontée d’un regard béat.
Scotty!!!
Elle avait fait exactement la même chose que moi, se vautrant dans le canapé de l’autre côté de MON homme, posant sa tête sur sa poitrine.
Et lui, hilare, l’enlaçait comme il le faisait pour moi.
Non, n’imaginez pas la scène, c’est parfaitement ridicule!
Mais rigolo…

Mon chien ne sait donc pas qu’il est un chien.

En revanche, elle a un sens certain de la propriété.
Et pas seulement avec Alain.
Hier matin, alors que le jour n’était pas encore levé, je travaillais dans mon bureau donnant sur le jardin lorsque Scott a aboyé.
Le fait est suffisamment rare pour qu’il m’alerte.
J’ai regardé ce qui l’agaçait.
Une ombre se déplaçait souplement dans le jardin.
Je me suis approchée, toujours aussi myope, et j’ai vu un labrador chocolat qui arpentait ce que j’appelle pompeusement ma pelouse (mais qui est en fait un grand espace herbeux…).
Profitant de l’absence momentanée du portail, le cornichon reniflait voluptueusement et ne s’est pas gêné pour baptiser le jardin.
Or, personne d’autre que Scotty n’a le droit de faire là ce qu’il venait de faire. D’autant que je passe systématiquement derrière elle pour recueillir ses offrandes.

Outrée, Scott a été furieuse toute la matinée.
Les copains chiens, elle aime bien.
Mais de là à les voir arriver sans carton d’invitation, quand même!!!

Martine Bernier

La nouvelle vie…

19 mars, 2009

Très exactement deux semaines après avoir emménagé dans mon nouveau pays, dans ma nouvelle maison, dans ma nouvelle vie, les questions que l’on me pose continuent à fuser.
Toutes portent sur ce que je ressens (« es-tu heureuse? »), sur mon choix (« regrettes-tu ou pas? »), sur mon présent (« comment vis-tu? »), sur mon avenir (« va-t-il enfin te rejoindre pour de bon? »).
Comment répondre avec précision? Pas simple…

Non, je ne regrette pas. Pour mille raisons.
Je vois désormais l’homme que j’aime beaucoup plus régulièrement.
Il est auprès de moi plusieurs fois par semaine.
Et quand il est là… je suis infiniment heureuse, je respire enfin…
Nous apprenons à nous connaître dans le quotidien.
Dès qu’il est là, tout est simple, limpide…

De plus, je n’ai pas le coeur déchiré comme beaucoup pourraient l’avoir à ma place.
Pourquoi? Pour une raison toute simple.
Une relation très belle s’est mise en place avec celui dont j’ai partagé la vie pendant 16 ans.
Nous nous parlons chaque jour, nous inquiétons l’un de l’autre, nous soutenons.
Et, me sachant seule pour mon anniversaire, à Pâques, il fera le voyage pour être là ce jour-là.
C’est une chance inouïe de réussir à terminer un mariage dans ces conditions, et de démarrer une relation aussi forte et aussi belle.
Je lui suis infiniment reconnaissante…

Ma vie ici est douce.
Je travaille beaucoup, pour terminer un livre que j’ai promis de livrer, et pour boucler le journal et les articles que j’ai à faire.
Parce que je n’ai pas à penser à 300 000 choses à la fois et que je ne suis pas dérangée sans cesse pour des détails, j’écris mieux, plus efficacement.
Et la première relecture des deux premiers tiers de mon livre par d’autres que moi me vaut des échos très positifs…
Lorsque ce livre sera terminé, je me mettrai enfin à écrire celui que j’ai envie de rédiger depuis longtemps, mais que j’ai toujours repoussé par manque de temps.

Mes enfants et mes amis de Suisse m’appellent, me font savoir qu’ils sont là, qu’ils vont venir me voir.
C’est précieux…

Le plus souvent, je suis apaisée, heureuse.

Et puis, parce que la vie n’est pas toujours aussi simple qu’on le souhaiterait, il y a les moments plus durs.
Parce que l’homme que j’aime n’a pas encore fait le pas de me rejoindre définitivement.
Pourquoi mentir? C’est évidemment une souffrance.
Pour lui comme pour moi.
Il arrive que je sois plus fragile, terriblement angoissée, par exemple, à l’idée que, bientôt, je ne le verrai pas pendant 10 jours.
Il m’arrive d’avoir très peur, d’avoir très mal.
Je le voudrais là, toujours…
Je ne serai vraiment bien que lorsque ce sera le cas.

Certains, moins fins que d’autres, m’expriment leurs craintes à ce sujet.
Ils ne le connaissent pas. L’inconnu fait peur. On prête plus facilement de mauvaises intentions à un homme que l’on n’a jamais rencontré.

Personne ne peut rien dire ou faire pour retirer ce poids que j’ai sur le coeur, hormis lui.
Je viens de passer par où il faudra qu’il passe.
Je sais combien c’est dur.
Il dit souvent que je suis plus solide que lui.
C’est faux.
Je savais simplement que je respirerais mieux en vivant dans la transparence.
Et c’est le cas.
A ceci près que lui ne l’est pas encore…

Voilà pourquoi j’ai tellement de mal à parler de tout cela.
Parce que je ne supporte pas que l’on juge, que l’on donne son avis sur une situation que personne d’autre que nous ne connaît vraiment.
Oui, je voudrais arriver très vite au jour où il viendra me dire qu’il est là pour ne plus repartir.
Mais cela ne dépend de personne d’autre que lui… et l’avis de chacun n’y changera rien.

En attendant, quand cela ne va pas, je me réfugie à l’Hôpital des Oiseaux Blessés, qui se cache au fond de moi.
Et j’attends…

M.B.

L’amitié sur le net

17 mars, 2009

On entend souvent pis que pendre d’Internet et des mauvaises rencontres que l’on risque d’y faire.
Pour avoir travaillé longtemps sur un sujet concernant la sécurité des enfants et des adolescents sur la Toile, je ne minimise pas le danger..

Simplement, Internet réserve aussi parfois de belles surprises.
C’est lui qui m’a fait connaître l’homme que j’aime.

C’est lui qui me permet de rester en contact quotidien avec ceux que j’ai laissés en Suisse.

C’est aussi lui qui a fait se poser sur ma vie un papillon rare.
Depuis peu s’entrouvre pour moi le chemin d’une nouvelle amitié.
Elle s’appelle Doris, a mon âge, et vit quelque part en Suisse alémanique.
C’est Facebook et un attachement commun aux chats qui nous a rapprochées.
Je l’ai entraînée sur les traces de ce fameux Bec-en-Sabot, oiseau mythique que j’aime tant.
Elle m’a appris la Corse où elle se sent chez elle…

Doucement, sur la pointe des pieds, je découvre peu à peu une femme pétrie de délicatesse, d’intelligence et de sensibilité.
Nous savons peu de choses l’une de l’autre, mais nous avons l’impression de nous connaître depuis toujours.
Nous nous racontons au fil des jours.
Moi à travers écriplume, elle dans les messages qu’elle m’adresse, et qu’elle a la gentillesse d’écrire en français alors qu’il ne s’agit pas de sa langue maternelle.
Doris est un cadeau…
Je guette ses messages, je me réjouis de la lire.
Une amitié de femme, très belle que j’espère voir s’épanouir…

Hier, suite à l’article écrit sur les frères siamois, elle m’a adressé un petit mot, me parlant de Macha et Dacha, deux soeurs, siamoises, elles aussi.
Elle m’a recopié un extrait d’un article qui leur a été consacré:

« Macha et Dacha Krivoshliapova ont cinquante ans. Elles n’ont jamais vécu l’une sans l’autre. Elles n’ont connu que les murs sombres des hôpitaux soviétiques, les cloisons de « chambres cellules » d’internats pour handicapés ou cette petite chambre d’un hospice pour personnes âgées au sud de Moscou où elles survivent aujourd’hui tant bien que mal.
C’est dans cette « Maison des Seniors n° 6″, anciennement dévolue aux vieux cadres de l’Armée rouge, que nous avons retrouvé Macha et Dacha, en septembre 2000, et que nous leur avons proposé de faire ce film, en évoquant la possibilité d’un voyage en France, pays auquel, comme beaucoup de Russes, elles ont souvent rêvé. »

Etre siamoises en Russie…

Martine Bernier

La cuisine

15 mars, 2009

Depuis seize ans, je n’avais plus approché une casserole, si n’est pour y humer un fumet.
Et avant lesdits 16 ans, il faut bien reconnaître que mes expériences culinaires n’avaient pas été follement concluantes.
Même si je n’avais empoisonné personne, certaines casseroles n’avaient pas survécu à mes élans inventifs.
Nourris à mes plats, les estomacs de mes garçons étaient en revanche formés à supporter la plus pitoyable des tambouilles.

C’est dire si ce jeudi soir était un grand moment pour moi… et pour Alain qui allait goûter à ce qu’il est convenu d’appeler « ma cuisine ».

Il devait arriver tard, après avoir passé deux jours en réunion à Paris.
Je guettais donc son arrivée dans la soirée…
Lorsque j’ai vu les phares briller dans la nuit, et la voiture se garer devant la garage, j’ai eu le coeur en joie.
Je suis sortie l’accueillir, heureuse. Mais, avouons-le, un peu inquiète.
Lucide, je savais que mon exercice gastronomique n’était pas franchement convaincant.
Je me demandais comment il allait juger mes efforts un peu désespérés.
Pour me faire pardonner, j’avais dressé une table sympathique. Mais cela allait-il suffire à atténuer le choc?

Il fallait bien y aller…
Un peu mal à l’aise, je lui ai présenté mon « oeuvre ».
A la base: gésiers de volailles avec pommes de terre rissolées et sauce au roquefort.
L’enfance de l’art, allez-vous dire.
Et bien non.
J’utilisais pour la première fois la cuisinière avec ces plaques très pratiques qui chauffent à toute vitesse mais qu’il faut apprivoiser.

Bref: mes pommes de terre n’avaient de rissolées que le nom, l’ensemble ressemblant à une semi-bouillie, certes goûteuse, mais parfaitement imprésentable!
Il a mangé sans ciller, me faisant juste remarquer que j’aurais éventuellement pu mettre un peu de sel et que je pourrais nourrir un régiment avec ce que j’avais préparé.

Je l’ai regardé, prête à assumer la sentence.
- Ce n’est pas terrible, n’est-ce pas…?
- Si, c’est bon! Tu dois juste penser à saler un peu.
- Tu te moques de moi?
- Non, pourquoi?
- Mais… ça ne ressemble à rien!
- Peut-être, mais c’est bon.
- A la base, les pommes de terre devaient être rissolées…
- Oui, mais nous avons peut-être acheté des pommes de terre qui n’étaient pas faites pour cela.

Le lendemain midi, je réchauffe le reste du plat, déjà un peu plus rissolé. Deux jours pour obtenir une pomme de terre dorée, il fallait oser!!!
Après le repas, il me rassure:
- Tu n’es pas une mauvaise cuisinière. C’était bon!
- Bizarre mais bon!
- Ca viendra, tu verras…

Moralité? Si ce n’est pas de l’amour, ça…

Martine

Les magasins…

14 mars, 2009

Je pense être une femme dénaturée: je n’aime pas les grands magasins.
L’an dernier, j’avais calculé: je n’y avais mis le nez que quatre fois en un an.
J’avais la chance de partager ma vie avec un homme qui, lui, ne voyait pas d’inconvénients à parcourir les rayons.
Je l’avoue honteusement: j’en ai largement profité…

Pour moi, il y a deux types de grands magasins: ceux qui ne m’intéressent pas, et… les librairies…
Aaah, les librairies… mais ce n’est pas mon sujet, je m’égare.
Alain travaille pour une entreprise qui implante des magasins de bricolage.
C’est dire s’il connaît les lieux. Cela pouvait nous être utile…

Lorsque l’on déménage, il est bien connu qu’il faut s’équiper pour rendre la maison habitable.
Je suis donc arrivée très vite à la constatation que nous allions devoir affronter l’épreuve un jour ou l’autre.
Le plus tôt serait le mieux, avons-nous convenu…
Armés d’une liste longue comme le bras, Alain et moi sommes entrés dans l’antre de la débauche pécuniaire la veille de notre installation.
Il m’avait prévenu: les grandes surfaces, qu’il connaît pourtant nettement mieux que moi, lui font le même effet qu’à moi.
Elles l’ennuient. Ce n’était pas gagné…
Sachant que nous devions dénicher des articles d’électro ménager, des meubles, de l’alimentation etc… je me présentais un brin déprimée au départ de notre expédition.

D’entrée, il m’a dit: « J’aime ce qui est est fonctionnel, pratique. Pour les courses, c’est la même chose. Si tu es d’accord, nous prenons des choses simples, de bonne qualité et pas trop chères. Et nous faisons vite. »
O merveille… nous nous étions compris.

Nous entrons donc dans le premier haut lieu de la consommation de notre liste.
Le simple fait de me trouver à l’intérieur a le chic pour déchiqueter mon beau moral.
Dans cet amas de marchandises, comment trouver la perle? Et, surtout, comment comprendre le charabia des vendeurs?
A peine la quête commencée, les questions fusent:
« Vous voulez un lave-linge? Qui ouvre par le haut ou par un hublot dans la paroi? Combien de kilos de linge voulez-vous y mettre? Quelle marque? Et pour le sèche-linge, vous avez un trou dans le mur de la buanderie pour la condensation? Parce qu’autrement il faut prendre celui-ci qui… etc etc… La télévision, vous la voulez comment? »

Comment je la veux?! Saignante, tiens!! Et flûte!
Voyant mon désarroi, Alain a pris les choses en main.
Nous devons faire partie des rares clients à avoir acquis autant d’articles en aussi peu de temps.
Une efficacité rare, redoutable!
Tandis que je tentais de réprimer le fou rire qui me vient souvent dans les situations que je ressens comme loufoques, il écoutait d’une oreille qui semblait distraite, mais qui en fait ne l’était pas.
Quelques secondes d’explications plus tard, il arrêtait les vendeurs partis dans leur grand délire explicatif, pointait un doigt ferme vers un article, m’interrogeait au passage:
« Celui-ci te va? »
Trop contente d’être débarrassée de la corvée, j’opinais du bonnet, et hop, l’affaire était conclue.
Avec promesse que le Graal serait livré deux jours plus tard.

Est venu ensuite le passage obligé dans une grande surface vouée à l’alimentation, que je ne nommerai pas, mais dont le nom commence par L et finit par C.
A l’entrée, un immense panneau sur lequel étaient accrochés de curieux petits appareils a attiré notre attention.
Mon Grand Homme, décidément très cultivé, m’a expliqué que ces petits scanners permettaient aux client de scanner leurs emplettes eux-mêmes et de passer à la caisse en présentant simplement l’appareil et leur carte. Ils paient et, hop, l’affaire est réglée.
Simple formalité: ils doivent accepter le fait qu’ils peuvent être contrôlés de manière aléatoire. « Mais c’est rare », précise la préposée à l’accueil qui nous remplit les formalités.
Merveille!
Commissionner sans passer par la case « je-vide-le-caddy-je-pose-sur-le-tapis-roulant-et-je-stresse-à-mort-en-essayant-de-re-remplir-le-chariot-avant-que-ne-s’accumule-un-énorme-tas- de-marchandises-bloquant-la-file-sous-l’oeil-désapprobateur-des-clients-suivants. »

Nous recommençons donc l’épreuve… et pas des moindres…
Il faut penser à tout, ce qui n’est pas possible…
Alors que la liste n’est pas tout à fait complétée, nous posons les armes, fatigués.
Nous reviendrons…
Et c’est d’un pas confiant que nous nous dirigeons vers la caisse spéciale scann, nantis d’un caddy débordant, et heureux de savoir qu’il ne faudra que deux minutes pour passer ce cap et payer.

C’était compter sans la « vérification aléatoire ».
Comme par hasard, elle est tombée sur nous.
Il faut dire que c’était la première fois que nous faisions joujou avec la petite machine, et que la facture était salée…
il fallait donc – aléatoirement, bien sûr-, vérifier si ces clients n’étaient pas de vilains pas beaux, de la famille des Paboulés.
Et nous voilà à vider le chariot, déconfits, et à le re remplir un mètre plus loin.
Miracle pour les deux distraits que nous sommes: le total annoncé par nos soins correspond exactement à celui trouvé par la caissière.
Nous n’avons oublié de scanner aucun article!
Examen de passage réussi, certificat d’honnêteté et de concentration décroché haut la main!!

Pour me récompenser, voyant mon état de décrépitude avancée, mon Tendre m’emmène à l’autre bout du parking.
Il me montre là un grand bâtiment blanc sur lequel est écrit: Espace Culturel.
Je le contemple d’un oeil torve.
Fatiguée… pas trop le coeur d’aller écouter une conférence sur la vie sexuelle des fourmis en Alaska…
Je le suis pourtant… et là, miracle absolu: l’Espace en question est une sorte de FNAC!
Des livres… des livres partout!!!!
Alleluia!!!

Vous imaginez que je me suis laissée aller à une débauche de dépenses livresques?
Et bien non.
Il faut dire que, les jours suivants, j’allais devoir ranger les quelques 4000 ou 4500 livres que j’avais emmenés avec moi.
Cela calme.

Martine Bernier

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