Archive pour la catégorie 'Intimite'

Clins d’oeil de Bretagne 1.

13 mars, 2009

Une semaine et demi que je vis en Bretagne…
J’aime…
Je n’y peux rien, c’est ainsi, j’aime.
Surtout lorsqu’il est avec moi…

Comme je l’écrivais à  ma tribu d’amis, il y a cependant deux ombres au tableau.

1. Ici les araignées sont bodybuildées. Arf. Je croyais qu’elles avaient horreur du bois de châtaignier. J’ai beau habiter un lieu qui porte le nom de ces arbres, elles n’ont pas l’air d’en être contrariées. Zut. Nous avons donc fait l’acquisition d’un produit adapté. Oh, peu de choses… je lui demandais juste d’avoir la puissance d’une bombe atomique. Condition sine qua non pour que j’accepte de remettre le bout du nez dans le garage.

2. Ma chienne Scotty Bernier, schottish terrier et Irlandaise de pure souche, a vu l’océan hier pour la première fois. Et.. l’ingrate n’a pas aimé du tout. Les odeurs, les goélands alignés en rangs d’oignons sur les arrêtes des toits en attendant le retour des pêcheurs, les mouettes rieuses qui se paient sa truffe, les coquillages, les oiseaux mazoutés, ce n’est pas sa tasse de thé. Elle va jusqu’à  grogner sur les vagues et filer comme un lapin lorsqu’elle les voit s’approcher. En prenant un air dégoûté devant cette amas d’eau même pas buvable!
Fichtre, quel pays a-t-elle l’air de dire.

Martine Bernier

Nouvelles de Bretagne

5 mars, 2009

Difficile de décrire les centaines de sentiments qui m’assaillent depuis lundi, jour où j’ai quitté la Suisse pour la Bretagne… J’écris ce matin depuis la chambre d’hôtel, à Vannes, sur un clavier azerti dont je confonds les lettres à chaque seconde.

Mais je voulais laisser un mot… pour dire combien changer de vie est une chose à la fois dure, belle et exaltante…

J’embrasse la Suisse… Il pleut un peu sur cette Bretagne que j’aime tant… et où je ne suis pas seule…

 

Martine 

Jour J-1…

1 mars, 2009

Comme on se sent bizarre, à un jour d’une vie nouvelle, d’un grand départ…
Hier, les témoignages d’affection et d’amitié ont continué à arriver.
A tel point que, à un moment, je me suis demandé si j’étais bien encore en vie!

Pour l’instant, le plus dur est l’idée de la séparation avec Eric, bien sûr.
Par moments, nous nous arrêtons dans nos mises en cartons, simplement pour parler un peu, échanger une étreinte.
Depuis des semaines s’esquisse déjà le canevas de ce que sera notre nouvelle relation.
Pleine de tendresse, d’amitié, d’affection, de respect de l’Autre…

Il faut être très solide en soi-même pour ne pas craquer, au cours de ces jours difficiles.
A aucun moment, même si j’ai souvent peur, je n’oublie pourquoi je pars. Ou plutôt… pour qui.
C’est ce qui me sauve. L’idée qu’Alain m’attend.
Lorsque ce sera son tour de partir me rejoindre, je sais désormais par quel genre de sentiments et de douleur il passera.
Je serai là…

Cet après-midi, nous allons débrancher mes précieux ordinateurs et les préparer pour le voyage.
En principe, je ne pourrai pas me reconnecter avant vendredi ou samedi prochains.
Sauf peut-être par l’intermédiaire d’Alain et de son PC professionnel.
Avec un peu de chance pourrais-je écrire un petit texte sur ce blog depuis l’hôtel… je l’ignore encore.

Dans ce grand chambardement, ma chienne, Scotty, exprime son angoisse à sa façon.
Elle voit s’amonceler les cartons, se vider les meubles, et elle ne sait plus où se poser, elle qui aime tant sa tranquillité.
Hier, pour la deuxième fois cette semaine, je l’ai retrouvée dans la chambre à coucher, alors qu’elle sait que l’accès lui en est formellement interdit.
Roulée en boule sur le lit, douillettement blottie sur la couette (sacrilège!), elle faisait semblant de dormir, me guettant sous ses épais sourcils, en imaginant peut-être que je ne voyais pas son regard.
Elle m’a attendrie.
Elle aussi perçoit nos sentiments, elle sent qu’il va se passer quelque chose d’important.
Elle a toujours choisi Eric comme étant son maître. Et là, elle va devoir passer le reste de sa vie avec moi.
Cette vie va changer du tout au tout…
Autre décor, autre rythme…
Lorsque Alain sera en déplacement, nous avons prévu que je serais le plus souvent possible avec lui.
Je travaillerai pendant ses rendez-vous professionnels avec mon ordinateur portable.
Scotty sera avec nous. La voiture deviendra sa deuxième maison: nous y installerons un panier confortable.
Mais elle n’y restera jamais seule, je serai avec elle, ou elle avec nous.
En compensation, elle aura, à la maison, un grand jardin où elle pourra s’adonner à ses activités hyper intellectuelles de Scottish terrier: dormir, chasser les souris, manger…

La question continue à fuser lorsque l’on m’appelle en ce moment: « comment te sens-tu au moment de partir? »
Forcément pas très bien. Le stress et l’angoisse de la séparation provoquent des réactions physiques plus ou moins troublantes et brutales.
Il va falloir que l’équilibre, l’harmonie reviennent, autant pour moi que pour Eric, chacun de notre côté.
Et pour Alain, qui lui aussi vit un immense changement en me voyant arriver.
Et qui a vécu les trois dernières années avec autant de bonheur, mais aussi de douleurs que moi.
Nous allons devoir physiquement et moralement nous reconstruire, tous.

En me lisant, on pourrait penser que je ressens plus de douleur et de peur que de bonheur.
Ce n’est pas le cas, et c’est ce qui me sauve.
Je sais que je vais retrouver celui que j’aime depuis près de trois ans.
Je sais aussi, comme me le rappelait Eric, que je n’arrive plus à vivre sans lui, que son absence me brise.
Que, à chaque fois que nous nous quittons sur un quai de gare ou un hall d’aéroport, j’ai le coeur en miettes.
La dernière fois, c’était à l’aéroport de Nantes.
Au moment de me quitter, il m’a dit: « Courage… c’est la dernière fois… »
Comme tout homme qui se respecte, il a horreur des adieux.
Il m’a embrassée, s’est éloigné, s’est retourné… et est revenu m’embrasser en voyant mon regard de cocker triste.

J’ai toujours su, dès le début, que nous vivrions un jour ensemble.
Et j’ai toujours su que le chemin qui nous mènerait à ce résultat sera long et difficile.
Il m’a un jour dit qu’il le savait aussi…
Demain soir, j’aurai accompli ma part du chemin.
Il ne lui restera « plus qu’à » effectuer la sienne… dès qu’il en aura la force.

Martine Bernier

Amitié homme-femme? C’est possible.

28 février, 2009

Je pense que je vivrais difficilement sans amitié. Comme tout le monde, sans doute.
J’ai eu la chance d’en vivre à chaque période de ma vie.
Elles me sont précieuses…

L’un de mes amis très chers s’appelle Claude.
Nous sommes aussi différents l’un de l’autre qu’il est possible de l’être.
Financier, pratiquant les sports extrêmes, adorant les fêtes bien arrosées… j’en passe et des meilleures.
Nous sommes toujours prêts à nous embarquer dans de nouvelles aventures.
Simplement, pas les mêmes.
Oui, nous sommes très différents.
Pourtant, c’est ainsi. J’aime le savoir dans ma vie.
Nous nous confions nos jardins secrets, ceux dont nous ne parlons pas volontiers avec d’autres.

Ces derniers temps, j’ai cru le perdre.
Nous n’étions pas d’accord sur un point important, et, comme nous sommes aussi têtus l’un que l’autre, ni lui ni moi ne revenions sur nos positions.
Au cours de ces derniers mois, nous ne nous sommes pas vus.
J’avais envie de l’appeler… mais je ne l’ai pas fait.
Fierté mal placée ou peur d’être mal reçue.
Ne pas le voir me faisait mal.
Je n’arrivais pas à me dire qu’il allait quitter ma vie ainsi.

Et puis, il y a quelques jours, c’est lui qui m’a appelée.
Il savait que j’allais partir et m’a demandé s’il pouvait passer me voir.
Je l’ai reçu au milieu des cartons de déménagement,
Je pense qu’il est l’un des seuls à qui j’acceptais de montrer mon visage toujours très marqué par ce que j’appelle les « brûlures de stress ».
Nous avons parlé. Il m’a annoncé sa visite dans mon antre bretonne. Cela m’a fait un bien fou…

Ceux qui disent en prenant un air convaincu que l’amitié entre homme et femme est impossible se trompent.

Encore heureux qu’il existe des forfaits téléphoniques permettant les conversations internationales illimitées.
J’ai comme l’impression que je pourrais bien en avoir besoin…

A deux jours du départ…

28 février, 2009

Je ne pensais pas, lorsque nous avons créé ce blog, qu’il me servirait à communiquer ainsi, sur des éléments aussi personnels.
En regard des événements qui se déroulent sur nos vies en ce moment, il est le moyen idéal pour répondre à tout le monde en même temps sans passer des heures à écrire de longues lettres individuelles.

La question qui revient le plus souvent depuis quelques temps est: que va-t-il se passer pour toi ces prochains jours?

Voici donc la réponse matinale…

Je vis mes deux derniers jours en Suisse.
Ce samedi, différentes choses sont encore à régler et je passerai un moment avec un ami très cher.
J’espère aussi désespérément recevoir le dernier article me permettant de boucler et d’envoyer mon petit journal à l’imprimerie.
Enfin, il faut finir les cartons… et, demain, éteindre mon ordinateur jusqu’à son arrivée dans mon nouveau nid.

Lundi, après que les déménageurs soient venus embarquer mes trésors, je prendrai la route pour un voyage très symbolique.
Eric, l’homme avec lequel j’ai partagé ma vie au cours de ces 16 dernières années, et qui me reste très proche, va me conduire jusqu’à Bourges. Nous nous dirons au-revoir sur le parking d’un hôtel où viendra me chercher celui que j’aime.
Ce geste, cette façon de ne pas me laisser partir seule, de me faire comprendre qu’il est toujours là, est dans la lignée de ce qu’il est, de ce que nous avons toujours été l’un pour l’autre… J’ai beaucoup de chance…

Ensuite?
Je retrouverai Alain…
Je vais enfin m’apaiser.
J’ai perdu le sommeil depuis des mois, il est temps de retrouver l’harmonie.
Je sais qu’auprès de lui, elle reviendra.
C’est son absence qui m’a déchirée.
Il existe en moi, en ce moment, un monde d’émotions, de sentiments.
J’essaie de ne pas trop penser, de me concentrer sur ce que je dois faire.
Je reprendrai contact avec moi-même plus tard, lorsque je serai posée.

J’ai un peu le sentiment de m’être mise en mode veille, en mode survie, depuis quelques semaines.
A bout de souffle, épuisée, j’ai l’impression de ne plus avoir de sensations, d’avoir construit une coquille de noix autour de moi.
Tout sera plus simple lorsqu’il sera là.
Ces derniers temps, sa voix a été l’élément qui m’a rassurée le plus.
Il sait que, lorsque je ne vais pas bien, j’ai besoin de l’entendre.
Nous avons établi un nouveau mode de communication.
Je l’appelle souvent, pour des conversations courtes, mais qui me remplissent de force.
Il a une voix magnifique.
Ce souffle de vie, d’amour émanant de lui me redonne le courage de refaire quelques pas à chaque fois.

Deux de ses plus belles qualités sont la tolérance et la patience.
Elles sont infinies pour moi… surtout en ce moment.
Et il a du mérite!

Au moment de partir, je suis dans le brouillard.
Je ne sais pas ce qui m’attend.
Mais je sais une chose: on ne peut pas vivre deux existences parallèles.
Lorsque les sentiments sont authentiques et profonds, ils ne s’accommodent pas de la clandestinité.
Un jour, il faut assumer, il faut rendre à celui ou celle que l’on aime la place qui lui revient.
Il ne faut plus parler, il faut agir.
Même si c’est très dur, même si l’on se sent coupable, même si… même si….
C’est une question d’honnêteté par rapport à tout le monde, y compris à soi-même.

Au moment de partir, j’ai peur qu’il ait un choc en me retrouvant!
Tout ce que j’essaie de garder en moi, de maîtriser au mieux, a marqué mon visage de manière effrayante si j’en crois les réactions autour de moi.
On ne traverse pas ces zones de turbulences sans dégâts…
Voyons.. j’ai deux jours pour étudier et apprendre à maîtriser l’art du maquillage.
Avouez qu’il serait dommage qu’il ait un tel choc en me voyant qu’il me reconduise à la frontière!

Martine Bernier

Capharnaüm d’émotions… et Monique

27 février, 2009

Mon téléphone se met à vibrer alors que je mets la dernière main à l’édition de l’un des journaux dont je m’occupe, et que je dois livrer aujourd’hui, avant le grand départ.
C’est un sms.
Il provient de celle qui, dans mon coeur, est un peu ma mère.
Elle n’habite pas dans le même pays que moi.
Je suis en Suisse, bientôt en France. Elle est en Belgique, auprès de celui qui est mon deuxième père, frère du premier, trop tôt parti.

Elle m’envoie quelques mots pour me remercier pour ce blog, pour me dire qu’il m’a rapprochée d’elle et que c’est un sentiment merveilleux.
Elle me dit d’être heureuse et termine en mettant « je t’aime ».

J’étais dans article ardu, pour lequel j’avais momentanément abandonné mes cartons de déménagement.
Me voilà toute émue, à regarder mon téléphone avec le coeur tout imprégné de chaleur.

Elle s’appelle Monique.
Elle est la douceur et la gentillesse incarnées.
Elle est aussi blonde que ma mère était brune.
Leurs caractères ne se ressemblent pas.
J’ai toujours adoré son rire, son regard, cette façon qu’elle a de me serrer dans ses bras, de s’émouvoir facilement.
Elle a toujours été très belle, en dehors comme en dedans.
J’ai toujours admiré son goût, sa féminité, sa classe naturelle.
Je crois que nous avons tous dans le coeur un être à part, qui a une place, un rôle proche de celui de nos parents.
Pour moi, ce sont eux. C’est elle.
Ils arrivent à composer avec ma drôle de personnalité, mon indécrottable indépendance, mes coups de griffes, rares, mais bien là lorsque je me sens blessée.
Et ils m’acceptent, tout simplement… Je sais qu’ils sont là.

Je lui réponds, en me disant que je voudrais avoir le temps de lui écrire plus, plus longuement…
Je n’y arrive pas en ce moment, trop de choses à faire, à penser, trop d’émotions à gérer.
Mes derniers jours en Suisse, les derniers instants que j’arrive à piquer au temps, je les consacre à celui qui m’a accompagnée durant 16 ans.
Il y a tant de choses à dire, tant de sentiments à exprimer encore…

Une vie nouvelle m’attend, mais dans laquelle tous ceux que j’aime auront leur place… lui aussi. Lui surtout.

Dans trois jours, je serai sur la route qui me mènera vers l’homme que j’aime aujourd’hui.
Je suis si fatiguée que des rides ressemblant à des brûlures sont apparues sous mes yeux en une nuit.
J’ai du mal à penser, à me concentrer. Je m’efforce de mettre la dernière main à mon travail au mieux, de répondre à toutes les sollicitations, et elles sont nombreuses. De répondre à mes amis qui me demandent comment « je tiens le coup ».

Je tiens par ces petits sms qui me réchauffent le coeur, par ces témoignages d’amitié.
Je tiens par la tendresse, l’affection qu’il y a toujours entre celui qui reste en Suisse et moi… et qui me rassurent sur le fait qu’il ne quittera pas ma vie… je le supporterais très mal.

Je tiens grâce à mon Grand Homme qui est là, attentif, à 1000 km de moi, mais qui m’attend.
Il ne me le dit pas avec de grandes phrases. Il se contente de me le montrer par mille attentions douces, par des mots tendres.
Il sait que, lundi soir, lorsque je serai sur le parking de cet hôtel, à Bourges, je vivrai l’un des moments les plus durs de mon existence, mais aussi l’un des plus beaux.

Je ne savais pas que le bonheur était ainsi fait de chagrin et de joie.
J’ignorais que l’on pouvait avoir si mal et être aussi heureuse à la fois.

Je crois que je n’ai jamais autant appris que ces derniers mois.
Et c’est ce petit sms venu de Belgique qui me le fait comprendre encore un peu plus…
C’est bon de savoir qu’elle pense à moi…

Martine Bernier

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 8. Le coiffeur.

26 février, 2009

Depuis que je suis haute comme trois pommes, je voue une méfiance sans borne aux coiffeurs.
Allez savoir pourquoi…
Dès mon plus jeune âge, j’ai estimé que le mieux, pour moi, était d’éviter les gens armés. De ciseaux, surtout. Et de laisser pousser mes cheveux.
Ce qui, au passage, cache un peu les détails qui me contrarient.
Lorsque ma mère tentait de m’entraîner chez les maniaques du ciseau, alors que j’avais à peine 4 ou 5 ans, j’exprimais déjà copieusement ma désapprobation.
Plus tard, dans mon école catholique où se côtoyaient environ 700 demoiselles, les cheveux courts, les nattes et les couettes étaient de rigueur.
Tout le monde se pliait à la règle, sauf moi.
Pas question de nouer ma crinière.
Cela m’a valu des heures et des heures de colle, que j’occupais agréablement en recopiant des textes de philo.
Un régal là où mes professeurs voyaient une punition sévère destinée à mater cette chevelue récalcitrante…

Durant une bonne dizaine d’années, dès mon arrivée en Suisse, j’ai laissé flotter mes cheveux au gré de leur envie.
Et ils étaient longs. Très longs, même.
J’avais très exactement la même coiffure que ma chienne Bearded Collie, ce qui nous convenait parfaitement à toutes les deux. images24.jpeg

Lorsque je me suis remariée, en 1994, sous la pression de mon entourage féminin j’ai estimé que je devais faire un effort.
J’avais eu quelques soucis de santé qui avaient mis mes cheveux à mal. Il fallait agir, mais délicatement!
Je me suis donc rendue courageusement mais la mort dans l’âme chez un coiffeur local portant le pompeux prénom d’Alexandre, et je lui ai expliqué mon cas.
Je lui ai dit que je serais très mal s’il devait couper, et que je n’autorisais qu’une « égalisation » de deux centimètres.
Ce voyou a opiné du bonnet, a empoigné ses ciseaux et… j’ai vu tomber autour de moi des mèches d’au moins trente centimètres.
Choquée, déprimée, j’ai risqué un regard au miroir..
Et j’ai ressemblé à un croisement entre un caniche et un poireau pendant des mois.

Dès que j’ai atteint l’âge de 35 ans, certaines de mes amies m’ont dit: « Bon, maintenant, tu dois les couper. Ce n’est plus la mode. A nos âges, on ne porte plus les cheveux longs.  »

Ah bon?! Moi si.
Quant à la mode, je m’en soucie comme d’une guigne!
Ma tête, c’est moi qui l’assume, et ce n’est pas toujours facile, vu la lourde hérédité qui est la mienne, notamment au niveau de la charpente nasale, héritage de famille exclusivement féminin dont je me serais bien passée!

Plus question pour moi de remettre les pieds dans un salon: il fallait d’abord me remettre moralement de l’agression commise par le fameux Alexandre!
Plusieurs années après, j’ai repris un peu confiance en compagnie de Hadi, un adorable coiffeur iranien, qui respectait mon désir de laisser ma chevelure en paix.
L’âge aidant, il fallait cependant couvrir les fils blancs de plus en plus nombreux et qui, chez moi ont commencé à poindre dès que j’ai eu 22 ans.

Hadi a bien tenté de me convertir à la couleur « fashion ».
Il a essayé des nuances, des éclaircissements…
Mais peine perdue: je suis née avec les cheveux sombres, et je me sens mal en dehors de ma couleur d’origine.

A trois jours de mon changement de vie, il m’a fallu prendre un rendez-vous chez un coiffeur de ma région, histoire de me gommer dix ans à grands renforts de teinture.
Par manque de temps, je ne pouvais plus me rendre chez mon sauveteur habituel.
Je suis donc entrée dans un salon inconnu.
En me voyant arriver, la dame préposée à l’accueil a quitté sa cliente pour s’approcher de moi.
Je lui ai expliqué ce que je voulais (un nuage de noir dans la blancheur naissante, c’est pourtant simple!) et ai demandé un rendez-vous.
Mais la malédiction semble continuer à s’acharner sur moi.
D’un air gourmand, elle m’a regardée en me disant: « Une teinture…. oui…. Et on coupe? »

Non, on ne coupe pas!
Pour quoi faire?
Pour me faire entrer dans le moule actuel des femmes aux cheveux courts et me garantir des mois, voire des années de mal être?
Je crains, hélas, que ce n’est pas demain que les coiffeurs et moi nous comprendrons…

La différence entre les hommes et nous sur ce sujet?
Elle tient en une phrase entendue 1000 fois dans l’antre du délit, et prononcée exclusivement par des hommes:
« Vous coupez court, et vous dégagez bien derrière les oreilles! »

Horreur!!!!!

Je dois me rendre samedi à mon terrifiant rendez-vous.
Mais j’ai bien évolué depuis l’époque d’Alexandre.
La première paire de ciseaux qui m’approchera à moins de cinq mètres risque de terminer sa vie dans le plus formidable vol plané de l’histoire de la coiffure.

Martine Bernier

Son anniversaire…

26 février, 2009

Aujourd’hui, Alain a son anniversaire.
Je ne serai auprès de lui que lundi soir.. c’est encore un anniversaire que nous vivons séparés.
Il m’a dit qu’il serait sur la route toute la journée et, ce soir, seul à l’hôtel.
MSN sera une fois de plus notre allié pour nous permettre de passer ce moment ensemble, aussi bien que nous le pourrons.

Pour moi, ces fêtes sont importantes.
J’aime marquer l’événement, en profiter pour dire et redire encore mon amour, mon attachement.
Promis.. je me rattraperai la semaine prochaine….

Heureux anniversaire, mon coeur!

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 7 . Le café.

25 février, 2009

Hier matin, une nouvelle épouvantable m’attendait aux aurores, lorsque, réunis dans une même insomnie, j’ai retrouvé celui que j’aime, dont je suis encore séparée pour quelques jours par près de 1000 km.
Dans un premier temps, rien n’a filtré.
Embrumé de sommeil mais déjà suffisamment réveillé pour être drôle et tendre, il reprenait doucement contact avec la réalité.
Alors que je lui posais l’une de mes éternelles questions destinées à sonder l’immensité de son amour matinal, il n’a pas répondu dans le centième de seconde.
Prise d’un doute soudain (oui, je sais, je sais… les femmes…) , j’ai osé un petit point d’interrogation solitaire et anxieux…
La réponse, douce, est arrivée aussitôt, accompagnée de la petite phrase suivante:
- « Deux secondes! Hé! Je ne suis pas réveillé et… je n’ai plus de café!!! »

Mon Dieu!
Plus de café!?
Au hit-parade des catastrophes quotidiennes possibles, celle-ci arrive dans le quarté gagnant avec la panne de téléphone, de voiture ou de PC.
A l’annonce de ce drame, j’ai ressenti comme un frisson me parcourir l’échine.
Comment? Il n’était pas 6 heures du matin, et je parlais avec un homme, mon homme, non imbibé de sa première dose de caféine!?
L’heure était grave…
Jusqu’ici, j’ignorais l’effet du manque sur lui.

Il faut savoir que, chaque matin, lorsque nous fréquentons les buffets de petits-déjeuners d’une chaîne d’hôtel bien connue pour son nom d’oiseau, le rituel est identique.
Il se dirige vers la machine à café, harponnant au passage la plus énorme tasse qu’il puisse trouver.
Il revient ensuite paisiblement à table, emportant son précieux trésor fumant et parfumé.
Son visage se détend au fur et à mesure qu’il déguste le breuvage salvateur.
L’observer discrètement permet de constater les bienfaits du café noir sur son organisme: il revit!
Une fois la première tasse avalée, il jette un coup d’oeil à mon verre – vide – de jus d’orange, me propose galamment d’aller m’en chercher un second, et revient avec ledit verre et… une deuxième tasse odorante et chaude, à nouveau bien remplie.
Même scénario: le café disparaît, apportant au passage un réconfort de plus en plus visible.

Je le regarde.
Il me sourit.
Cette fois, il est prêt.
Son téléphone peut recommencer à sonner, il pourra aborder n’importe quel dossier pointu: ses neurones sont tous reconnectés.
Prêt également à reprendre le volant pour une route interminable…
Prêt enfin à me prendre la main et à ne plus la lâcher….
Et à attendre les autres tasses de potion magique qui jalonneront sa journée.

La différence entre lui et moi, dans tout cela?
Le matin, je bois de l’eau… ou du jus d’orange, dans le meilleur des cas, lorsque je pense à boire!
Le café, j’en aime le parfum, mais lui ne m’aime pas.
Donc, nous nous ignorons et je me contente de profiter des senteurs.

Il ne me manque pas, d’ailleurs.
Ma caféine personnelle… c’est lui!

Martine Bernier

Les « ex » et les « nouveaux »

23 février, 2009

Dans la série « les mots que je déteste », il en est deux qui tiennent la palme: les « ex » et les « nouveaux ».

Quand vous arrivez au terme d’une histoire et que vous en entamez une autre, le vocabulaire de certaines personnes qui vous entourent évolue.
En quelques jours, celui qui a partagé votre vie pendant des années et auquel vous tenez toujours devient votre « ex ».
Et l’homme que vous aimez devient « le nouveau ».
Deux blessures.

Par bonheur, tout le monde ne manque pas de délicatesse, et n’utilise pas ce genre de termes au détour de chaque phrase.
Face à ceux qui ont le malheur de le faire, je réagis.

Je n’ai pas « d’ex » dans ma vie, et je n’en aurai jamais.
Il y a des êtres que j’ai aimés, dont certains que j’aime encore, avec lesquels j’ai partagé de belles histoires, et qui ont toujours une place plus ou moins importante dans mon coeur.
Ce petit mot de deux lettres qui les catalogue dans un passé poussiéreux ne franchit pas la barrière de mes lèvres.

« Mais alors comment les appelles-tu?! », me demande-t-on?
Question un peu bête… ils ont un prénom et ne l’ont pas perdu en cours de route.

Ce cas réglé, l’autre mot honni est lié à la place la plus difficile à tenir pour celui ou celle qui s’en voit affublé: « Le nouveau ». Ou « la nouvelle »…
Dans mon cas, c’est celui qui, dans l’esprit de certains, « prend la place de », « nous enlève notre amie », l’intrus dont on ne sait pas si l’on peut lui faire confiance.

C’est le souci actuel auquel je suis confrontée dans mon quotidien, à présent que la nouvelle de mon prochain départ a été annoncée.
Un souci qui me tourmente… parce que, si je peux le comprendre, je n’aime pas le regard que ceux qui me sont chers peuvent poser sur cet inconnu (pour eux!) que j’aime.
D’autant que, même s’il est très digne et ne veut pas me faire de peine, je sais qu’il en souffre.

Une petite mise au point s’impose donc.

Le « nouveau » ne s’appelle pas « nouveau ».
Il s’appelle Alain. Ce qui permet, du même coup, d’aller ranger le mot banni au placard avec les « ex », pour ne plus jamais l’en sortir.

J’ai toujours été plutôt réfléchie, du genre à passer des heures à méditer sur un sujet sérieux, sur une décision à prendre.
Je n’ai pas brutalement changé il y a bientôt trois ans, lorsque je l’ai rencontré, perdant en trois minutes jusqu’au dernier de mes neurones.
Je n’ai pas tout à coup troqué ma personnalité contre celle d’une adolescente, ni ma faculté de réflexion contre une tête de linotte soldée.
Non, l’amour ne rend pas forcément idiot.

Durant ces années, lui comme moi nous sommes posé des milliers de questions, avons été plus d’une fois sur le point de nous séparer, avons profondément souffert, parfois à nous en rendre malade, de vivre un amour interdit.
Ni lui ni moi ne l’attendions. Ni lui ni moi ne sommes doués pour cela.
Nous ne sommes ni roués, ni malhonnêtes, ni infidèles de nature.

Mais il a fallu se rendre à l’évidence. Il ne s’agissait ni d’une passade, ni d’un caprice.
Plutôt un cadeau somptueux que la vie ne fait qu’une fois, et encore, pas à tout le monde.

A ceux qui m’aiment et qui sont inquiets de ne pas savoir s’il est fiable, j’ai envie de répondre.
Pensez-vous que je quitterais tout ce qui fait ma vie depuis plus de 30 ans si je n’étais pas absolument sûre de lui comme de moi?
Pensez-vous que je ferais un tel saut dans l’inconnu à bientôt 50 ans, si ce que je vivais avec lui n’était pas exceptionnel, si le lien qui nous unit n’était très particulier?

Je comprends les peurs, les appréhensions. Même si je les combats avec véhémence, car je sais qu’elles n’apportent rien de bon.
La peur est souvent liée à l’inconnu… le concret rassure.

Alors, je vais mettre des mots sur celui qui m’attend.
Pour ceux qui ignorent encore que c’est un homme de bien et qui s’y intéressent.

« Le nouveau » mesure 1,86 mètres et a la carrure d’un rugbyman… qu’il a été d’ailleurs.
Il aime ce que j’aime: l’Histoire, la peinture, la musique sous toutes ses formes, les destins fascinants, les beautés de la nature et de l’architecture.
Il aime me faire découvrir son pays en me racontant l’histoire des lieux, les traditions, les légendes…
Epicurien, il aime la bonne cuisine, simple et chaleureuse, le bon vin, l’humour sous toutes ses formes, du moment qu’il n’est pas vulgaire.
Il a un penchant pour Napoléon et les hommes qui ont fait avancer le monde.
Il a en lui un univers de qualités qu’il ne livre pas en vrac au premier venu.
Discret et pudique sous des dehors accueillants et agréables, il séduit par sa gentillesse, sa serviabilité, sa tolérance.
Il n’aime pas les gens grossiers, a horreur que quelqu’un lui dicte sa conduite, a l’esprit vif et acéré.
C’est un organisateur né, il a le sens de la répartie…
Il n’est pas né, celui qui lui fera prendre des vessies pour des lanternes
Il me rend heureuse…

Il met du temps à prendre certaines décisions, oui.
Car il n’a rien de futile en lui.
Cela veut-il dire qu’il ne s’engage pas? Non.
Son nom figure à côté du mien sur les papiers nécessaires à mon installation.
Il est déjà à moitié avec moi. Il est monté au créneau pour que mon arrivée se passe au mieux.
C’est lui qui assume la grande majorité des démarches administratives à effectuer sur place.
Cette énorme étape faite, il faut maintenant qu’il se remplisse de force pour assumer la suite.

Je ne rentrerai pas dans les détails.
Il n’y a ni « ex » ni « nouveau » dans ma vie.
Il y a deux hommes bien.

Martine Bernier

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