Archive pour la catégorie 'Intimite'

Le Jardin du Luxembourg

1 février, 2009

Dès le début de nous, Paris est devenu notre ville refuge.
La première fois que nous nous y sommes retrouvés, je lui avais demandé de m’emmener sur les chemins de son enfance.

Le Cinquième arrondissement.
Il m’a montré la Sorbonne, le Panthéon, les coins et les recoins de ces rues qu’il a arpentées pendant des années, la maison où il a grandi, la fenêtre depuis laquelle, petit garçon solitaire, il regardait la vie se dérouler dans la rue, sous ses yeux.
Et puis nos pas nous ont dirigés vers le Jardin du Luxembourg.
Moi qui ai toujours refusé les promenades dans les parcs, détestant les lieux trop fréquentés, j’ai tout de suite aimé cet endroit sur lequel s’ouvre le Sénat.
Il était là… tout prenait une couleur différente, rien ne ressemblait plus à rien…
Nous avons marché, main dans la main, dans les allées, sous un soleil de plomb.
C’était au mois d’août…
Nous nous sommes installés sur des chaises disposées à l’intention des promeneurs.
C’est là qu’a eu lieu notre première conversation, en face-à-face très tendre, sur notre présent, notre avenir, sur nos craintes et la conscience des difficultés qui nous attendaient.
Je garde de ce jour le souvenir lumineux de nos baisers dans ce jardin fleuri où je ne voyais que lui…
C’est là, je crois, que nous avons compris qu’il n’est pas possible que nous nous séparions un jour… car nous en serions tous les deux malheureux à jamais.

Depuis, nous sommes retournés au Jardin du Luxembourg.
Le monde qui s’y balade ne me fait ni chaud ni froid quand il est avec moi.
Je suis toujours aussi heureuse lorsque nous squattons les bancs publics, lorsque nous arrêtons le temps au-milieu d’un monde qui continue à courir autour de nous.
Je savoure toujours autant chaque seconde de ces instants où il transforme le monde en un immense jardin.
Où il pose des gouttes de bonheur partout où nous passons.
Où nous partageons des fous rires d’enfants turbulents lorsqu’il me commente l’anatomie des statues à la manière d’un guide touristique peu orthodoxe.
Le temps passe, sur le Jardin comme ailleurs.
Nous avons avancé sur notre chemin.
Nous avons moins peur, les fondations sont posées, la vie est en marche.
Il continue à remplir ma vie de soleil.
Et moi… je ne vois toujours que lui, dans les Jardins du Luxembourg comme ailleurs…

Le zen vu pas l’homme ou la femme

31 janvier, 2009

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Imaginez. Moi ici, devant mon ordinateur, lui là-bas, loin, devant le sien.
Entre nous, le fil magique: msn et skype, deux de nos anges gardiens salvateurs lorsque nous sommes séparés.

Embarquée dans mes sempiternels questionnements pseudo-fondamentaux, je lui pose une question absolument essentielle:
« Que penses-tu de ce bouquet, de ce genre de décoration? » en lui montrant la photo ci-dessus.

Son regard passe par toute la gamme de l’épouvante, sa voix se fait hésitante: « Heu… et bien… hum… Sincèrement, ça ressemble à des fleurs fanées. J’aurais honte de te les offrir! »

Je ne m’attendais pas à un bonheur béat et à un développement extatique sur les bienfaits de la décoration dites zen, mais quand même…
J’ai éclaté de rire. Et je lui ai demandé: « Ah… et si tu devais m’offrir un bouquet de fleurs parmi celles que je te montre dans ce petit programme, ce serait lequel? »
Réflexion intense de son côté… quelques secondes après, je reçois, sur mon écran, un bouquet de roses rouges en forme de coeur.

Visiblement, le bouquet zen classique ne le tente pas.
Cela tombe plutôt bien: j’adore aussi les roses.
Mais ce petit dialogue m’a appris quelque chose.

Le zen n’était peut-être pas dans mes misérables fleurs.
Mais il se nichait très certainement dans la complicité qui nous a unis à cet instant, dans le rire que nous avons partagé, et dans le petit coup au coeur heureux que j’ai ressenti en voyant arriver son bouquet de roses rouges. Même virtuel, qu’est-ce que j’ai aimé… et qu’est-ce que c’est bon de rire avec sa moitié d’orange.
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La pointe de la Torche. Avez-vous déjà pleuré de bonheur?

30 janvier, 2009

C’était l’an dernier, lors de notre premier voyage commun en Bretagne.
Il m’y emmenait pour mon anniversaire, sachant qu’il ne pourrait pas me faire plus plaisir.
Dans ce Finistère qui m’est si cher, il ne lui a pas fallu bien longtemps pour comprendre à quel point j’aime la côte.
Un jour, sans avoir l’air d’y toucher, alors que nous étions sur la route pour je ne sais plus quelle destination, il a pris une petite route secondaire.
Comme je m’étonnais que nous nous trouvions au milieu de nulle part, je lui ai demandé où nous allions.
Il m’a dit qu’il voulait visiter un site commercial, dans le cadre de son travail.
Plus nous avancions, moins j’arrivais à imaginer une grande surface dans un lieu aussi peu peuplé…
Mais cela ne me dérangeait absolument pas.

J’étais heureuse: il était là, l’ambiance était légère, et, dehors, s’étalaient presque à perte de vue, des champs de culture de jacinthes, de tulipes… des milliers de fleurs multicolores plantées en fonction des couleurs. C’était magnifique, sous le soleil du printemps…
Lorsqu’il a garé la voiture sur un parking que je sentais proche de la mer, et où il n’y avait pas la moindre trace de magasin, j’avais compris depuis un moment qu’il me faisait une surprise.
C’en était une de taille…
Il m’a entraînée vers le sable, nous avons marché un peu et… pour la première fois, j’ai vu la Pointe de la Torche.

C’était… comment dire? Saisissant de beauté.

La Torche est un haut lieu du surf, où les vagues peuvent atteindre trois mètres.
Il m’a expliqué les vagues, les courants, les baïnes…
J’étais comme une enfant sur le sable… le bruit de la mer, les goélands, le vent, cet endroit magnifique, les vagues en rouleaux énormes… et lui qui me souriait, si visiblement heureux de me rendre heureuse…
C’est idiot d’avoir envie de pleurer de reconnaissance, n’est-ce pas?
Verser des larmes de bonheur, cela ne m’était jamais arrivé avant de le connaître.
Depuis, ce n’est plus rare…

La dernière fois, c’était… hier!
Il m’a fait un double cadeau.
L’un des deux morceaux de ce cadeau étant que, dans à peine plus de huit jours, nous serons à nouveau ensemble à la Pointe de la Torche et à la Pointe du Raz.
Je n’ai jamais vu la Bretagne en hiver.
Ce sera l’une des innombrables « premières fois » que je vis avec lui avec, toujours ce bonheur d’être sur la même longueur d’onde, cette douceur de vivre, ce bien-être qui nous envahit tous les deux…
Il souriait en me disant, hier: « Et si, en plus, il y a la tempête… »
Il me connaît bien, sait mes fragilités, mes failles et mes passions.
Il sait donner du goût à la vie… la mienne a désormais un goût d’amour, de sel et d’embruns, grâce à lui…

http://www.bretagnepanoramique.com/lieu.php?num=41

Granville: La fenêtre sur le port

27 janvier, 2009

A chaque fois que j’ouvre les rideaux, lorsque je suis à l’hôtel, j’ai une seconde d’espoir.
L’espoir de retrouver, derrière la vitre, le spectacle que nous avions depuis la chambre d’un établissement de Granville, en Normandie.
Elle donnait sur le port.
On ne pouvait pas dire mieux… les bateaux, l’eau étaient là, à quelques mètres…
Nous entendions le bruit des coques qui s’entrechoquaient doucement, les grincements, le clapotis de l’eau, les cris des mouettes.

J’adore la mer, et il le sait. Pas la plage, pas le folklore qui entoure les vacances.
La mer, simplement. L’Atlantique sans âme qui vive, de préférence.
Les longs tête-à-tête avec elle, à la regarder.
Elle me permet de ne pas penser.
Sans doute la seule à réussir cet exploit!

Le choix de cette chambre sur le port n’était pas un hasard…
Il m’avait réservé la surprise…
Cette nuit-là, dans le noir je me suis levée pour regarder par la fenêtre.
Il y avait du vent..
Je m’étais levée doucement. Je le croyais endormi…
Mais quelques minutes après, il s’est glissé derrière moi, silencieux, m’a prise dans ses bras pour me réchauffer, et a regardé la mer avec moi.
Ca a été l’un des moments les plus doux, les plus harmonieux et les plus paisibles de ma vie.
Avec lui, il y en a beaucoup, souvent…

Mais c’est vrai que, à chaque fois que j’ouvre les rideaux lorsque je suis à l’hôtel, j’ai toujours la même seconde d’espoir…
Envie de le revivre encore et encore, ce moment avec lui…

M.

L’envers du décor de l’interview de JP COFFE

26 janvier, 2009

Avec l’autorisation de Martine, je vous livre l’envers du décor de l’interview de Coffe….

On a tous rêvé de ça, un peu voyeurs, pouvoir rencontrer des personnalités. Martine me donne ce privilège.

Donc, nous nous sommes retrouvés devant RTL, bien en avance à attendre Mr Coffe qui nous avait donné rendez vous dans une de ses cantines parisiennes.

Pour l’événement, Martine avait demandé à un photographe de venir immortaliser la chose. Nous allons apprendre à nos dépends, que le bougre était à la photographie ce que M. Ripolin était à l’Impressionnisme.

Le bougre arrive, et nous dit aller installer son matériel dans le restaurant. Nous attendons sagement la fin de l’enregistrement des « Grosses Têtes » pour accueillir M. Coffe.

L’homme arrive, élégant avec une prestance naturelle et ses lunettes en hublot. Salutations d’usage et nous entrons dans la salle et … Horreur !! L’affreux nous avait fait un mini studio avec projecteurs et tout et tout. Coffe pique une colère contrôlée… Martine panique. Je calme tout le monde et demande à notre Picasso numérique de tout démonter. A l’ère du numérique être ainsi au bout du rouleau….

Nous arrivons à calmer notre hôte. Une fois à table, nouveau drame, il demande qui veut partager avec lui un verre de vin blanc. Martine ne boit pas, notre picturiste refuse également. Et là, je vois se poser sur moi deux regards de cockers tristes… Martine d’abord qui m’appelle au secours, se disant que son interview commence à être titaniquesque et ….JP Coffe semblant me dire « s’il te plaît… accepte! »

Nous trinquons donc avec chacun notre verre de Chablis et quelques tartines de rillettes.

JP Coffe nous fixe les règles du jeu, on mange d’abord et on fait l’interview et les photos ensuite et d’un geste auguste, il fait signe au patron de remettre une tournée de Chablis.

Et il commence à nous parler. Quel homme délicieux, d’une sensibilité, d’une tendresse loin des jetés de jambons de Canal +. Il nous parle de la bouffe dans les prisons, l’orphelinat qu’il parraine à Madagascar, son combat pour le pain de qualité, ses vacances pour les grand mères.

Et nous n’avons plus de Chablis !! Hop, sitôt dit, les verres sont à nouveau pleins.

Voici le moment de la commande. Coffe lance adroitement les suggestions vers le menu « chasseur ». Martine mange très peu, elle prend une entrée, notre photomatronche une assiette de jambon. Nouveau regard en ma direction, il semble me dire « ne me fais pas honte… » Donc je commande le menu chasseur.

Avec une bouteille de Bandol, précise-t-il au serveur !

Nous continuons notre discussion. Je suis toujours aussi surpris de cet homme, quelle richesse de coeur et d’âme. Et notre photographe commet une nouvelle bévue, il met de côté soigneusement le gras de son jambon.

Je suis au régime, précise-t-il.

Coffe et moi en choeur: « Mais tu es fou !! C’est le meilleur, tout le goût est là !! »

Nous nous regardons l’oeil qui commence à rire un peu.

Martine arrive à glisser quelques questions, les plats arrivent mais nous n’avons plus de Bandol !

Hop, une nouvelle bouteille, il me remplit mon verre avec un coup d’oeil sur le triste hère qui est à ses côtés.

Nous passons un moment de complicité merveilleux tout en simplicité un vrai bonheur.

Arrive le moment du reportage proprement dit. Martine voulait faire une surprise et avait amené de son Helvétie deux flacons de vins et quelques fromages.

Notre maniaque de l’instamatique nous fait le grand jeu… Il dégage la table des assiettes et des verres et se met à shooter, un vrai Zidane du reflex !!

Bon le souci, c’était de déguster des fromages avec les doigts et du vin à la bouteille maintenant.

J’arrive à récupérer deux verres, deux assiettes et un couteau.
Et M. Coffe reprend son rôle de professionnel, humant longuement le fromage, goûtant le vin, commentant, complimentant avec délicatesse. J’essaie de le suivre. Je plonge mon nez dans le verre et je suis un peu déçu, le vin suisse n’a pas beaucoup d’arômes… Il me faudra quelques longues minutes pour me rendre compte que je humais un verre d’eau. Les effets secondaires du Bandol !

Nouveau trait de caractère de JP Coffe, la générosité ! Il me fait signe et me dit en désignant le personnel et le patron du restaurant :

Fais leur goûter! partage ! Donne-leur un  morceau !

Il doit nous quitter, l’enregistrement de « Vivement Dimanche » l’attend.

Il nous invite…décidement, merci Monsieur.

Il prend son grand manteau son chapeau, nous fait un signe de la main et disparait…

Pendant que Martine fait le point avec le photographe qui a visiblement du mal à le faire aussi, je partage quelques moments avec le patron du restaurant.

Le dimanche suivant, je regarde Vivement Dimanche. Mr Coffe est là, très pro, calé dans le canapé avec parfois l’oeil perdu dans le lointain… Peut-être pense-t-il à un voyage entre Chablis, Bandol et la Suisse ??

Merci M. Coffe pour ce moment, un peu court mais quel régal…

 

Alain.

 

Saturne et ses nuages noirs…

25 janvier, 2009

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Je devais avoir moins de 25 ans quand j’ai été envoyée par le journal régional pour lequel je travaillais, « couvrir » une conférence insolite.
Ma mission: écrire un papier sur cette rencontre-débat publique, mettant en présence un astrologue, une voyante, un magnétiseur et un radiesthésiste chercheur de sources.

Les personnes en présence n’avaient pas une envergure extraordinaire, n’étaient pas de fins orateurs.
J’étais déçue par la soirée, d’humeur morose…
Au moment où il a vu que j’allais sortir, l’astrologue est venu vers moi.
Il m’a demandé: « Vous allez nous faire un bon article? »
J’ai répondu: « Je ne crois pas. Je n’adhère pas à ce qui a été dit ce soir. »
Et il m’a dit: « S’il vous plaît… ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas, ne jugez pas sans savoir… »

Sa phrase m’a trotté dans la tête pendant tout le chemin du retour.
Je ne l’ai jamais oubliée. Depuis, je n’écris jamais sans connaître, sans savoir…

Ce jour-là, j’ai renoncé à écrire l’article et à « descendre » les protagonistes simplement parce que je n’avais pas apprécié leur discours.
En revanche, j’ai décidé d’étudier l’astrologie, histoire de vérifier par moi-même si ce que racontait cet homme était plausible.

Se pencher sur l’astrologie… on ne s’en vante pas!
Je l’ai étudiée durant sept ans, pendant mes heures de loisirs, entre mes enfants et mon travail, en me procurant des dizaines de livres, parmi les plus pointus.
Et je me suis rendue dans les librairies spécialisées sans raser les murs.
J’assume! Et je ne l’ai jamais regretté.
J’ai appris l’astrologie traditionnelle, mais aussi plusieurs autres, très pointues.
Je sais ce qui est possible et ce qui ne l’est pas dans le cadre de cette discipline.
Je sais où sont les limites, quelles sont les dérives…
Je pourrais donc aujourd’hui écrire sur le sujet: je sais exactement de quoi je parle.
Je ne le fais pas. Ma contribution n’apporterait pas grand-chose à l’édifice: tout ou presque a déjà été écrit.

Mais sur Saturne, ah, Saturne…
On dit d’elle qu’elle est « La Grande Maléfique ».
Les jours où tout semble bloqué, où vous avez un moral épouvantable, où vous vous sentez prêts à tout abandonner, où vous avez l’impression que rien ne va, que le monde entier vous en veut et que jamais vous n’arriverez à trouver une solution à vos problèmes, sachez que vous êtes fort probablement la victime d’un mauvais aspect Saturnien.
La bonne nouvelle: ça passe…
La mauvaise: il faut le supporter!

Bizarre? Non.
Depuis des millénaires, les hommes reconnaissent l’influence de la lune sur leur vie, la nature, les cultures, leur moral, les animaux etc.
Il en est exactement de même pour Saturne.

Elle comporte de bons côtés, bien sûr, mais le pire est aussi l’un des plus durs à supporter: la frustration dans tous ses états.
Si l’on en croit l’astrologie réincarnationiste, Saturne représente le karma, nos peurs, nos craintes.
Il faut du courage pour y faire face.

Pourquoi suis-je en train de consacrer un texte à cette trouble-fête notoire?

Simplement parce que la vicieuse a trouvé le moyen de me tourmenter tout en finesse.
Jusqu’ici, je m’accommodais assez bien de la bête, ayant suffisamment de forces pour lui faire face quand elle venait empoisonner mes journées.
Je l’ignorais, faisais le gros dos et puisais dans mes ressources de quoi attendre les jours meilleurs.
Mais, depuis quelques années, je partage la même orbite qu’un homme qui, lui, fait partie des êtres sans défense face à cette écorcheuse d’âme.
Dès qu’elle se positionne mal, il souffre, doute, est torturé, remet en cause jusqu’aux fondamentaux.
Et lance des mots un peu désespérés, qui blessent sans qu’il le veuille.
Cette impuissance qu’elle n’a jamais réussi à m’imposer, Saturne me force à la vivre par son intermédiaire.
La sadique!

Je me bats donc contre une planète.
C’est d’un bête!
Combat inégal….
Mais elle ne gagnera pas.
Les passages difficiles ne durent pas: Saturne n’est pas seule à squatter le ciel.
Nous y avons des alliés, tous autant que nous sommes.

Ah, Saturne, Saturne… veux-tu que je te dise?
Tu as le bonjour de Vénus!
Et crois-moi, en matière de puissance et de rayonnement, elle n’a rien à t’envier.

La pointe du Raz… bout du monde…

23 janvier, 2009

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Il y a un lieu qui compte plus que n’importe quel autre pour moi, depuis toujours: La Pointe du Raz…

Un jour, lorsque j’étais enfant et que nous étions en Bretagne, ma mère m’a dit: « Les racines de la famille sont ici. »
Je n’ai pratiquement rien retenu de positif d’elle… sauf cette phrase.

La première fois que je suis allée dans ce lieu sauvage où les vagues sont violentes, mon père vivait encore.
J’avais six ou sept ans, je crois.
Il m’a emmenée tout au bout, jusqu’au dernier rocher de la pointe, là où l’on dit que le Diable a sa porte.
Un vieux guide nous accompagnait.
C’était glissant et impressionnant.
Les vagues se fracassaient sur les rochers dans un bruit d’enfer qui me grisait déjà.
Il m’a tendu la main. J’ai préféré celle de mon père.
Je pressentais peut-être que je ne pourrais plus m’y accrocher encore bien longtemps.
J’ai signé ce jour-là un pacte d’amour avec ce lieu magique.
La Pointe du Raz, c’est le bout du monde, le bout de la terre.
L’endroit où tous les regards se dirigent vers le large, vers la ligne d’horizon.
Comme si nous recherchions inconsciemment un rivage qui n’existe pas…

La Pointe, c’est le lieu où les pêcheurs parmi les plus courageux du monde, vont pêcher le bar de ligne sur leurs petits bateaux, près des falaises.
C’est l’un des secteurs les plus exposés de la Bretagne.

La Pointe…
Beaucoup plus tard, j’y suis retournée, plusieurs fois.
Très tôt le matin pour fuir les touristes.
Toujours la même ivresse…
A chaque fois, je m’installe sur un rocher et je peux regarder la mer pendant des heures…
Les goélands viennent se poser près de moi en m’ignorant superbement.
Et je respire… cet air unique qui tonifie plus qu’aucun autre.

Et puis un jour mon bonheur a atteint des sommets.
Celui que j’aime m’a emmenée sur le site, et j’ai eu l’impression que quelque chose se remettait en place.
Comme si deux pièces importantes de ma vie s’étaient resoudées.
Tout était redevenu parfaitement juste, parfaitement normal, parfaitement bien.

Il a pris ma main et nous avons avancé sur le chemin de la côte sauvage, au milieu des oiseaux et de la végétation renaissante.
J’ai vécu un moment de pur, d’absolu bonheur.
La mer était bleue, les vagues toujours aussi violentes contre les rochers, les oiseaux toujours aussi présents.
Et il y avait lui…
Debout, immense, à regarder, amusé, trois lézards minuscules se dorer au soleil et courir sur les rochers.
Lui, le coeur de ma vie, au-milieu de ce lieu si particulier à mes yeux.
J’ai posé mon visage contre lui et nous sommes restés là, dans le vent, à regarder la mer.
Ce que je ressentais était indescriptible.

Quand je n’en peux plus de tout, je me branche sur ce site.
J’écoute la mer, les oiseaux, je regarde les images.
Je nous imagine, je revis ces instants gravés en moi pour toujours.
Je rêve d’y retourner.
Avec lui.

http://www.bretagnepanoramique.com/lieu.php?num=1

http://www.lapointeduraz.com/

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L’amitié entre femmes

23 janvier, 2009

Depuis toujours je partage de belles amitiés avec certains hommes.
Sans ambiguïté… et oui, c’est possible.

Il m’a fallu plus longtemps pour qu’il en soit de même avec les femmes.
Peut-être la promiscuité incontournable, dans mon enfance et mon adolescence, avec les 700 autres filles fréquentant l’école privée dans laquelle je me trouvais m’a-t-elle légèrement refroidie?
Peut-être aussi une ou deux déceptions, comme chacun en vit, m’ont-elles effarouchée?
Il m’a donc fallu du temps…

L’amitié entre femmes est une chose subtile.
Je fais bien la différence entre les « copines » (Dieu que je n’aime pas ce mot… mais quel autre utiliser?), qui me sont précieuses, elles aussi, mais à un niveau différent, et mes rares amies, avec lesquelles nous voyageons sur un tout autre plan.

L’une d’elles est un bout de femme ahurissant, totalement à l’écoute des autres et du monde.
Elle soigne leur coeur et leur corps, se consacre à leur bien-être, au point de s’oublier parfois elle-même.
Une boule d’amour, de joie et de générosité.
Je crois que je peux me retourner à n’importe quel moment, lorsque je suis mal, elle est là, quelque part, pas loin.
Elle navigue entre deux mondes, entre deux eaux, entre les couches subtiles que nous ne percevons pas toujours.
Je sais que, où que j’aille, elle viendra me retrouver avec son sac de couchage et une bouteille d’eau dans le coffre de sa voiture.
C’est ma force.

Et puis il y a les autres, la relation fine que nous partageons sans jamais y avoir posé de mots.
Juste des moments piqués au temps, une profondeur particulière lorsque nous quittons le registre des mots quotidiens.
L’une d’elles, muséologue, est férue d’histoire, de montagne.
Elle est sociable, dévouée, généreuse, mais aussi infiniment pudique.
Quand elle se livre, c’est un cadeau…

L’autre est un oiseau un peu timide et doux.
Elle aussi se donne sans compter aux causes qu’elle défend.
Elle possède de véritables racines, une justesse de vue pointue, une délicatesse qui n’appartiennent qu’à elle.

Hier soir, une petite route de montagne un peu glacée, dans la nuit.
Nous sommes deux dans une « Mini » rouge qui ressemble à une voiture de dessin animé.
La voiture de « Oui-Oui », dirait un être qui m’est cher.

Je lui parle de ce que je n’ai pas encore dit à grand monde.
Passé le premier choc, elle se branche sur ce que je ressens, sur ce que je vis.
La conversation est belle, profonde et douce.

J’aime que les mots endossent réellement leur rôle.
Qu’ils ne soient pas creux, mais vraiment porteurs d’un message.
Qu’ils transmettent les sentiments, le ressenti, l’essentiel.

Je garderai la douceur de l’instant, l’image de la petite route dans la nuit, des gros cadrans de la Mini et du regard bleu de cette femme émouvante et belle.

Oui, l’amitié entre femmes est une chose subtile.

Le bon plan pour aimer Paris

22 janvier, 2009

Lorsque j’avais 16 ans, j’ai un jour décidé de partir voir de plus près ce qu’était ce Paris dont tout le monde parlait.
Toute seule, comme une grande que je n’étais pas, j’ai empoigné ma guitare (oui, on n’a pas le sens pratique, à 16 ans) et mon sac, et je suis partie, au grand dam de ma mère et de mon entourage venu en délégation me supplier de ne pas mettre mon beau projet à exécution.

On a la tête dure, quand on a 16 ans.
J’ai pris le train à une époque où le TGV n’existait pas, me suis faite accoster par un monsieur trop bien habillé qui m’a laissé sa carte de visite en me disant qu’il recherchait de « jeunes talents », suis descendue dans je ne sais plus quelle gare.
Et j’ai marché, marché et marché encore dans les rues de la capitale, grisée de me savoir… ailleurs et presque libre.
Je me suis retrouvée à la place du Tertre où j’ai passé des heures à regarder les peintres.
Puis j’ai demandé à un taxi de m’emmener dans un hôtel pas trop cher.
Il m’a fallu quelques années pour comprendre que le va-et-vient que j’entendais durant cette nuit au cours de laquelle je n’ai pas fermé l’oeil venait simplement du fait que le vaurien m’avait déposée dans un hôtel de passe.
J’ai attendu que la nuit s’achève, en boule, lovée au creux de ma guitare.
A 16 ans, on n’est pas encore bien grand… et on a parfois qu’une guitare pour amie.

Le lendemain, un autre chauffeur de taxi, plutôt gentil, m’a proposé, pour un prix d’ami, de passer la journée à me montrer la ville et ses monuments.
J’ai tout avalé en quelques heures.
De cette visite éclair, j’ai gardé un arrière-goût de déplaisir.
Mais j’étais bien consciente d’avoir eu une bonne étoile capable de tenir à l’oeil et de protéger une gamine assoiffée de découverte.

Cinq ans plus tard, je retournais à Paris, accompagnée.
Mais là encore, je n’ai pas aimé.
Je me sentais dans la peau d’une touriste, je n’arrivais pas à capter l’âme des lieux.
Je percevais mais ne comprenais pas.
Je me sentais superficielle dans un monde que je n’arrivais pas à percer.
Encore une fois, mon rendez-vous était manqué…

Aujourd’hui, bien des années après, Paris est devenu mon havre de bonheur.
Depuis deux ans, je m’y rends pratiquement chaque mois.
J’y travaille, oui. J’y réalise des reportages, des rencontres ponctuelles.
Mais surtout, je découvre la ville avec l’homme que j’aime, qui y est né, et qui possède une culture rare de l’endroit.

Pas une rue, pas un site, pas un souffle d’Histoire ne lui est inconnu.
Il sait la mémoire des pierres, les secrets, les anecdotes, les lieux magiques…
Il ne me les fait pas visiter, non, il fait mieux: il les fait revivre pour moi.
Le quartier du 5e arrondissement où il est né, à deux pas du Panthéon, résonne encore de ses galopades de gamin solitaire, un peu sauvage et curieux.
Aujourd’hui, accrochée à la main de l’homme qu’il est devenu, je « vis » sa ville à travers lui.

Alors?
Ne dites pas que vous n’aimez pas Paris.
Dites simplement que vous ne le connaissez pas ou que vous ne le comprenez pas encore…
Un jour peut-être, un grand homme au regard tendre et malicieux vous prendra par la main et vous racontera de sa voix grave et chaude l’histoire de ces arcades sous lesquelles Napoléon allait rencontrer les Dames de mauvaise vie, l’histoire de ces ruelles où Danton a marché ou encore de la place où le pauvre roi a perdu la tête parce que le peuple n’était plus maître de la sienne…

L’air de rien, il mettra en place les éléments d’un décor au sein duquel il réveillera rien que pour vous les personnages d’hier et d’aujourd’hui.
Il fera revivre, avec ses mots, ces histoires que vous écoutiez en rêvant lorsque vous étiez sur les bancs de l’école.
Lorsqu’une averse vous surprendra non loin de la Seine, il ôtera sa veste et la tiendra au-dessus de vous pour que vous puissiez vous y réfugier tous les deux.
Quand il fera froid, il vous prendra contre lui, très doucement. Et en vous réchauffant, vous murmurera l’histoire de cette Gare devenue musée d’art que vous vous apprêtez à visiter…

Il n’y a pas de plus belle façon d’aimer Paris…

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