Archive pour la catégorie 'Le plus mysterieux des oiseaux'

Bec-en-sabot: l’oiseau fait un émule de plus

15 mai, 2010

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Alors que ma journée d’hier était riche, très fréquentée et s’est prolongée tard, j’ai eu une surprise en fin de soirée, en retrouvant l’un de mes amis belge par le biais d’MSN.
Il est allé dans la journée au Parc Paradisio,devenu récemment Pairi Daizia, en Belgique.
Et qu’y a-t-il là-bas? Mmmmm?
Le Bec-en-sabot, cet oiseau africain qui me fascine depuis des années, le plus étrange et le plus discret des hôtes des marais.
Ce matin, il m’a raconté sa visite au parc.
Son récit était à peu près le suivant:

« Tu passes dans les volières et les oiseaux sont en liberté. C’est une drôle de situation, tu as l’impression que ce sont eux qui t’observent
Quelles que soient les espèces, on sent ces animaux bien dans leurs ailes.
Maintenant il commence à y avoir des petits parcs à thèmes où on remet l’animal dans son contexte mais toujours dans un immense espace de liberté.
D’ailleurs il n’y a jamais eu de plaintes à ce sujet que du contraire.
En te promenant tu peux les toucher car ils sont très malins pour la nourriture qu’il est défendu de leur donner. Mais les enfants ….
Alors ton oiseau…
Il se trouve au fond du parc près d’un bateau en au bord d’un étang immense.
Ses compagnons de jeux : hippo, giraphe, éléphant d’Asie.
Ils sont voisins et vivent ensemble dans les cales du bateau séparés par des murs.
L’enclos fait environ 15 x10 et est traversé par une petite rivière reconstruite et qui se jette dans le lac (il est en bordure du lac).
Des filets sont tendus autour et au-dessus (environ 5 hauteurs d’homme)
voilà pour la géographie.
La première chose qui intrigue c’est que tu ne le vois pas, il faut chercher
Quand tu le trouves tu crois voir une statue. Il ne bouge pas, reste immobile
Il est grand et t’impressionne par son bec plat et sa tête qui paraissent disproportionnés par rapport au corps.
Il dégage une force incroyable à te faire peur de le rencontrer à l’orée d’un bois le soir.
Il est énigmatique.
Tu as l’impression que c’est lui qui te visite et qu’il t’observe toi dans une autre grande cage
Seuls les yeux sont en mouvement.
Et que dire quand tu croises son regard.
Glacial.
Tu as l’impression qu’il se moque de toi mais aussi qu’il te capture. Un vieux sage quoi
Il t’hypnotise, ce mec à plumes!
Voilà »
Oui, voilà…
Pour compléter sa description, il m’a envoyé quelques photos dont une que je publie aujourd’hui.
Un immense merci à lui.
Très envie de faire un petit tour en Belgique, moi…

Martine Bernier

Ce soir, c’est la nuit des musées. Je rêverais d’être à Paris… Manque de chance, ma santé fait un nouveau caprice. Que j’oublie en regardant une interview de Woody Allen, toujours aussi délicieusement décalé…

Nicolas Hulot et le Bec-en-Sabot

9 mai, 2009

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J’aime bien Nicolas Hulot. Mais là, j’avoue qu’il m’a déçue.
Une publicité pour son magazine Ushuaïa indiquait dernièrement un reportage de plusieurs pages sur le Bec-en-Sabot.
Lorsque j’ai vu cela, j’ai réagi au quart de tour, lançant un branle-bas de combat dont Alain a été la victime principale.
Ciel, diantre, ô joie: un article sur le Bec-en-Sabot!!!
C’est tellement rare que cela méritait le déplacement!
Alain s’est mis en quatre pour me trouver le magazine en question, malgré le fait qu’il était à Paris, n’avait que peu de temps avant de prendre son train etc…
Lorsqu’il l’a trouvé, il m’a appelée en me disant: « J’ai peur que tu ne sois déçue… »
Déçue, moi? Alors que quelqu’un parle de MON oiseau mythique? Impossible.
Hum.
Il faut toujours croire les plus grands que soit.
Il avait raison…
Le reportage en question montrait le chemin parcouru pour atteindre l’oiseau, les rencontres effectuées.
Puis une ou deux photos, trois lignes et fin du bal.
Cruelle déception! Rien de neuf, rien de différent, rien d’original. Rien tout court, en fait…
L’impression que l’équipe s’est fait plaisir en allant voir cet oiseau rare dans son habitat.
Et une photo pour montrer la chance qu’ils ont eue.
Juste de quoi frustrer ceux qui, comme moi, voit en cet oiseau l’une des dernières créatures de rêve de la planète.
Pas bien, ça, Monsieur Hulot. Pour vous faire pardonner, il va falloir y retourner… et m’emmener, tiens!
Parole de passionnée, moi, j’en trouverais des choses à écrire…

Martine Bernier

Manchots empereurs: risque de disparition d’ici 2100

29 janvier, 2009

Le Bec-en-Sabot n’est pas le seul à risquer de disparaître. Dans ce sujet, j’aimerais lister les autres animaux eux aussi en danger. Si vous avez envie de vous joindre à moi, n’hésitez pas.

Tous ceux qui ont vu « La Marche de l’Empereur », seront touchés d’apprendre que le Manchot Empereur, comme l’Ours blan,c est menacé par la fonte de la banquise.
Les chercheurs français du Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS), associés à deux équipes américaines, ont annoncé en ligne, dans la revue de l’Académie des sciences américaines, le 26 janvier 2009, que la probabilité d’extinction de la race est d’au moins 36% d’ici la fin du siècle.

Ces conclusions ont été tirées en combinant les prévisions de réduction de l’étendue des glaces et le suivi démographique d’une colonie de manchots empereurs de Terre Adélie, entre 1962 et 2005. Les chercheurs ont calculé que les effectifs de cette population pourraient chuter de 6000 couples au début des années 1860 à 400 en 2100.

Pourquoi? Parce que le cycle de vie et la nourriture de ces oiseaux marins est lié à la banquise antarctique. Seul espoir de les voir survivre: qu’ils s’adaptent rapidement en modifiant la période d’accouplement et de ponte et en migrant. Semble que l’espèce ne semble pas capable de faire pour le moment.

Le Bec-en-Sabot: un rescapé de la préhistoire

22 janvier, 2009

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Depuis plusieurs jours, j’essayais d’entrer en contact avec Steffen Patzwahl, directeur zoologique du Parc Paradisio, en Belgique.
Unique parc, pour mémoire, à avoir réussi à faire naître des oisillons Becs-en-Sabot en captivité, l’an dernier.
Ce mercredi, ô joie, ce monsieur charmant, de retour de voyage, a eu la gentillesse de me rappeler et de me raconter l’histoire des protégés du jardin zoologique…

L’oiseau étant en voie d’extinction, le rôle des zoos va s’avérer primordial pour aider à sa survie, dans les années à venir.

Seulement voilà… les rares spécimens vivant dans les différents parcs à travers le monde (à Berlin, à Prague, à Zürich, en Belgique et à Tokyo notamment) sont aujourd’hui adultes. Et tellement imprégnés par la présence de l’homme qu’ils n’acceptent plus de partenaires de leur espèce.
Impossible donc d’espérer les voir se reproduire.

En 2003, l’équipe du zoo belge a demandé une autorisation d’importation de Becs-en-Sabot auprès des autorités africaines.
Son but: adopter plusieurs jeunes adultes, et tenter de favoriser la reproduction, en leur permettant d’évoluer dans le parc dans des conditions proches de celles de leur milieu naturel. images9.jpeg
Sur les quatre oiseaux adoptés, un couple s’est formé. En 2006, ils ont construit un nid. Un oeuf est apparu, mais, non fécondé, il n’a abouti à aucune naissance.

En 2007, calme plat: ni nid, ni oeuf à l’horizon… Vague de désespoir sur l’équipe du zoo…

Les responsables se sont alors interrogés. Comme ces volatiles sont solitaires, ils se quittent après la naissance des oisillons et reprennent leur chemin. Pour poursuivre cette logique naturelle, le couple a donc été visuellement séparé. L’idée était bonne…

L’année suivante, au mois de mai, lorsque les beaux jours sont arrivés, tous deux ont été remis en présence, au bord d’un étang aménagé.
Apparemment, les conditions étaient idéales: une parade nuptiale a aussitôt eu lieu, suivie par la construction d’un grand nid… et par l’arrivée de deux oeufs. Ceux-ci ont été mis en couveuse, dans l’espoir qu’une deuxième ponte ait lieu.

Ce voeu n’a pas été exaucé, mais les deux oeufs ont éclos en juillet 2008, après 42 jours d’incubation (et non 32 comme l’indiquaient les livres jusqu’ici).

Les deux oisillons ont survécu, beaucoup grandi, et mangent aujourd’hui seuls. Ils partiront bientôt pour le zoo de Zürich (Suisse) pour poursuivre le programme de reproduction.

Parallèlement à cette grande première mondiale, le zoo Paradisio a malheureusement vécu une véritable tragédie en perdant le mâle reproducteur dans un accident, et cherche aujourd’hui un oiseau pour le remplacer.

A la question: « Les zoos peuvent-il unir leurs efforts pour mettre sur pied un programme de réintroduction et de protection du Bec-en-Sabot dans son milieu naturel? », SteffenPatzwahl répond que l’idée est en cours. Mais il faudra pour cela délimiter une réserve en Afrique Centrale pour que l’oiseau et son habitat soient protégés. Ce qui implique évidemment pas mal de formalités administratives, et un lent processus d’acceptation du côté des habitants de ces régions.

Dans sa vie quotidienne, le Bec-en-Sabot est un grand solitaire. Les vidéos que vous pouvez voir (dans la section vidéo de ce sujet), tournées au zoo de Tokyo ne peuvent donc que choquer. Il y est cerné par le public, dans une promiscuité bruyante très peu respectueuse de l’animal. En souffre-t-il? « Dans ce zoo, les oiseaux ont été nourri à la main par leurs soigneurs, explique le directeur du zoo Paradisio. Ce qui explique qu’ils n’ont pas peur de l’homme. Ils ne souffrent pas vraiment de leurs conditions de vie, mais, comme nous l’avons dit plus haut, sont en revanche incapables de se reproduire car ils sont trop proches de l’homme. Plus ils sont farouches, plus ils se sentent à l’aise avec leur partenaire. »

Le Bec-en-Sabot peut vivre entre 20 et 30 ans.
Viendra forcément un moment où, dans les zoos, les problèmes de consanguinité vont être cruciaux. Grave? Pas vraiment estime M.Patzwahl qui précise: « Saviez-vous que tous les hamsters que l’on trouve aujourd’hui proviennent de la même femelle? Et il n’y a pas de réels problèmes dus à cette consanguinité… »

Les oiseaux nés en Belgique arriveront à Zürich le mois prochain. Ils seront placés en quarantaine avant d’être présentés à la presse et au public.

Quant au mâle reproducteur qui vit actuellement dans le zoo suisse, même s’il commence à prendre de l’âge, il partira bientôt pour le parc Paradisio, où tout le monde espère qu’il séduira la femelle qui y vit.

Tous les espoirs des deux directeurs de zoos se portent dans un premier temps sur ce mâle, les jeunes oiseaux étant trop jeunes pour procréer.

Lorsque l’on sait qu’il n’y a qu’une dizaine de Becs-en-Sabot en Europe, dont cinq à Prague, on comprend l’enjeu…images12.jpeg