Archive pour la catégorie 'Les dessous du decor…'

Pierre Arditi ou les imprévus d’une interview

2 septembre, 2011

Il y a quatre ou cinq ans, j’étais partie à Grenoble pour rencontrer Pierre Arditi, qui était en tournée pour les besoins d’une pièce.
Certaines rencontres sont plus stressantes que d’autres.
J’avais donc décidé de faire une chose que je ne fais jamais: emporter un enregistreur  pour ne pas avoir à prendre de notes durant l’entretien, afin de ne pas en casser le rythme.
La veille au soir, j’équipe l’appareil de piles neuves, le dépose dans la voiture pour être sûre de ne pas l’oublier, et… je passe une nuit blanche.
Le lendemain, nous partons donc pour Grenoble.
Après plusieurs heures de route, nous nous présentons dans le grand hôtel où le rendez-vous a été donné et, après quelques minutes d’attente, je vois arriver l’acteur qui avait accepté plusieurs interviews à la suite.
Le premier contact pris, nous nous installons dans un coin salon, je branche mon appareil et nous commençons à parler.
Au bout de près d’une heure d’entretien, mon regard se pose sur l’appareil…. et je réalise qu’il s’est arrêté sans me demander ma permission.
Discrètement, je le remets en marche et poursuis le jeu des questions-réponses auquel Pierre Arditi se prête de bonne grâce.
Mon regard glisse une nouvelle fois vers l’appareil et là… je découvre qu’il est à nouveau en pause syndicale.
Je termine l’interview, un peu inquiète, écoutant mon interlocuteur me dire qu’il aime beaucoup le public suisse.
Pour la première fois de ma vie je n’ai pris aucune note…
Je suis une scribouillarde incorrigible.
Toutes mes interviews sont effectuées par écrit, y compris lorsque je rencontre des personnalités célèbres.
Mais là… non.
Je laisse Eric prendre ses photos tranquillement, nous prennons congé du comédien, et nous nous dirigeons vers la voiture.
Sur le chemin, n’y tenant plus, j’allume l’enregistreur, remet l’interview au départ et, avec horreur, j’entends ceci:
- « … et je me réjouis de retrouver le public suisse qui me reçoit toujours merveilleusement. »
Je remets le disque au début, réécoute… et réentends la même phrase.
Rien d’autre.
Il s’est avéré que la nuit avait été froide, et que l’appareil l’avait passée dans la voiture.
Les piles avaient dû se décharger…
Jamais, ni avant ni après, je n’ai ressenti ce que j’ai vécu à ce moment-là.
L’impression que j’allais vivre un très, très mauvais moment.
Il ne me restait qu’une solution.
Dans la voiture, de Grenoble à Yvorne, j’ai écrit, écrit…
J’ai retranscrit tout ce que m’avait dit Pierre Arditi, le plus fidèlement possible.
L’article est sorti (il est d’ailleurs sur Ecriplume), m’a valu quelques félicitations.
Personne n’a su que j’avais passé l’un des moments les plus stressants de ma vie professionnelle.
Et certainement pas Pierre Arditi, qui a eu la gentillesse de me suivre sur un terrain d’interview où il ne m’attendait pas.

Martine Bernier

 

André-Paul Duchâteau: les dessous d’une interview magique

15 juin, 2011

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Je n’oublierai jamais ce moment…

Comme je n’oublie jamais les beaux événements de ma vie.
J’ai tendance à redouter les interviews téléphoniques, parce qu’il n’est pas possible de s’appuyer sur le regard, sur ces mille détails qui enrichissent le tête-à-tête direct, et que seule la voix sert de vecteur relationnel.

L’interview est donc plus délicate, risque de devenir plus froide, plus métallique, raison pour laquelle je la prépare avec plus de soin encore.
Celle d’aujourd’hui, je l’espérais depuis très longtemps.

J’avais sollicité une interview d’André-Paul Duchâteau, scénariste surdoué, notamment de la BD Ric Hochet, écrivain, journaliste, homme cultivé, d’une élégance absolue. 

Je connais Ric Hochet depuis ma plus tendre enfance, en ai lu à peu près tous les albums et voue une tendresse particulière à ses auteurs, le très regretté Tibet et, donc, son complice Duchâteau.

Ric Hochet était mon compagnon de nuit d’insomnie et de journées de solitude, lorsque j’étais enfant, puis est devenu un vieil ami que j’ai toujours retrouvé avec bonheur, contaminant mes enfants au passage et leur transmettant le virus.

Je retrouve encore, en y pensant, le goût de ces moments précieux où je filais dans ma chambre avec un album sous le bras, à découvrir dans la solitude de ma chambre, avec délices.

J’ai toujours aimé les énigmes, les intrigues policières merveilleusement bien conçues, dénouées par le héros.
 Si bien “ficelées” que, bien souvent, encore aujourd’hui, je ne trouve pas le coupable.
Alors que j’étais en contact avec la personne chargée du service de presse des éditions du Lombard, en Belgique, je lui ai fait part de mon souhait d’obtenir l’entretien en question. 

En n’y croyant pas trop, je l’avoue. 

Cet homme est un monument et doit avoir bien d’autres choses à faire que de se prêter au jeu de l’interview.
 Hier, un coup de fil m’apportait la nouvelle: “demain, mercredi, dix heures, voici son numéro…”
Après plus de 25 ans de métier, je suis toujours sujette aux enthousiasmes, aux émotions… et j’en suis ravie!
 En me glissant devant mon bloc pour préparer l’interview, je me suis dit: et pourquoi ne pas rester naturelle?
Pourquoi ne pas lui poser ces dizaines de questions que je rêve de lui poser depuis mon enfance? Pourquoi ne pas lui dire, peut-être, combien son ami dessinateur et lui ont compté dans ma vie?
Pourquoi ne pas privilégier le contact humain?
Cette rencontre, je l’attendais depuis si longtemps… pas question de passer à côté.

A 10 heures précise, je composais le numéro.
 Il a fallu deux phrases pour que la magie opère.

J’aurais pu être déçue, lui aussi.

Au lieu de cela, nous avons vécu une heure et quart de grâce. 

Une conversation à bâtons rompus au cours de laquelle il a levé le voile sur mes interrogations, m’a raconté des anecdotes, m’a permis de rentrer dans son histoire d’amitié, dans sa vie.

Il m’a parlé de lui, de Tibet, de leur travail, de son enfance, de ses livres, de ses projets…

Un homme passionnant, d’une classe, d’une courtoisie, d’une sensibilité et d’une spontanéité rendant l’instant magique.

Je n’ai pas connu très souvent cette sensation: le temps s’est arrêté. 

Nous avons parlé, parlé… nous sommes découvert un ami dessinateur commun, mille points de connivence.
Lorsque j’ai terminé, il m’a demandé mes coordonnées et a souhaité que nous continuions à nous appeler de temps en temps et, à nous voir si j’avais la bonne idée de passer par la Belgique.

J’étais ravie…

Je lui ai dit que les portes de notre nid leur étaient grandes ouvertes, pour lui et à sa compagne.
J’ai eu du mal à raccrocher.

Je n’avais pas envie de le quitter.
Le texte de l’interview trouvera sa place sur trois de mes blogs, dont Ecriplume, dans les jours à venir.

Puis un autre paraîtra dans le Journal de l’Entraide Familiale Vaudoise.
J’ai rencontré un gentleman, passionnant et passionné. 

Comme je le disais, dans la journée: Merci, Métier!!

Martine Bernier

Mon Histoire de France expliquée à Martine. 1. Napoléon

3 février, 2009

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Si vous saviez comme il est parfois difficile, dès le petit déjeuner, de répondre à une question intelligente sur un sujet compliqué…
Martine a souvent des questions intelligentes et je ne suis pas du matin !

Donc, un jour, débat passionné autour de Napoléon. Son avis : despote tyrannique qui a ruiné la France (caricature à peine).
Venant de finir pour la xième fois les mémoires de Constant, le premier valet de chambre de l’Empereur jusqu’en 1814, j’entre dans le sujet.

Comme d’habitude, j’aime planter le décor. Napoléon est né en 1769, sous Louis XV, fils de petits nobles corses. Il a grandit dans les écoles du Roi où on lui rappelait assez souvent son origine modeste. Il était l’un des meilleurs élèves de ces écoles en mathématiques. Il se préparait donc à une carrière dans l’armée et plus précisément dans l’artillerie vu que son rang ne permettait pas vraiment des armes plus prestigieuses.

La France de l’époque était un des pays d’Europe les plus peuplés, essentiellement rural, avec un système monarchique qui commençait à devenir obsolète, un pouvoir central relayé sur le terrain par des nobliots plus ou moins compétents.

Donc, arrive Louis XVI dont on connait la fin et la révolution.

Travaux pratiques, nous allons déjeuner à coté du Procope, café célèbre de Paris derrière la ruelle où habitait Marat et au bout de laquelle était le logement de Danton.
Je la laisse imaginer la foule dans cette ruelle demandant le changement et voulant tout détruire et couper les têtes qui dépassent, le propre des révoltions.

La révolution a tellement bien fonctionné que tout le système politique s’est écroulé. L’élite de la nation a, soit émigrée, soit a été raccourcie par l’invention du Docteur Guillotin.
Le pays était aux mains d’une poignée d’extrémistes dont l’ambition était de tout détruire pour un monde meilleur. Ils ont réussi la première partie, le souci c’est la deuxième.

Le monde entier était contre la France. La peur de voir cette révolte se propager ou le moyen de restaurer un ordre ancien.
Nos politiques avaient besoin de propagande, d’une icône et voilà notre Bonaparte, jeune, talentueux, victorieux en bataille et novice en politique. La nouvelle idole des jeunes !

Ce que n’avaient pas prévu les régnants de l’époque, c’est que le Bonaparte était bougrement intelligent, rêvait de prendre une revanche contre le système depuis Brienne et avait une ambition et des idées pour reconstruire le pays.

Ainsi (je la fais courte) il prit le pouvoir avec les méthodes propres au système de l’époque. Comprenant vite que le moyen de remettre de l’ordre dans le pays devait repasser par un état centralisateur. Il nomme des Préfets, écrit un code civil et met les bases d’un système juridique qui est encore en vigueur dans de nombreux pays aujourd’hui. Il créé l’institut, les lycées, le baccalauréat. Entreprend de grands travaux, des ports, des routes. Il pousse à la recherche (la betterave à sucre…), rétablit la religion, et recrée un système politique visible avec des cadres qu’il tient (ou presque) à coup de titres, crée la banque de France, j’en passe et des meilleures.

Bien sur, il y a le volet militaire… Là je vois l’œil de Martine qui s’assombrit. Donc direction les Invalides.
Il faut comprendre que la France est isolée dans un monde hostile, la création de l’Empire ayant un peu calmé les autres souverains mais ça n’a pas duré longtemps. L’Angleterre craignait pour sa suprématie maritime et ses colonies, les états de l’Est pour leurs souverainetés et le risque de contagion vers des monarchies constitutionnelles. Bref, pour des raisons différentes, toute l’Europe voulait détruire la France et son dirigeant.

Bien sûr, aujourd’hui on regarde le nombre de morts, la boucherie des batailles. Avec l’œil de l’époque, le peuple était fier de voir un pays qui redevenait fort, en conquête, avec une vision de l’avenir. Et cela permettait à l’Empereur de « placer » des membres de confiance dans ses conquêtes tout en mettant en place son système de gestion politique qui contrôlait tout ça.

Il a commis des erreurs, comment ne pas en commettre dans cette époque. Surtout qu’il est assez facile de juger avec quelques années de recul… Mais il a permis de reconstruire un pays qui était tombé dans des mains d’extrémistes et d’anarchistes de tous poils.

Nous arrivons aux Invalides. Comment un dictateur pourrait il être encore ainsi vénéré ?
Le tombeau est là dans sa crypte, entouré des noms de batailles et d’institutions, dans le prolongement, une niche abrite une dalle sous laquelle est son fils.

Il a été l’objet d’attaques et de dévotions bien après sa mort et il a même été un objet politique.

Le retour des cendres, en 1840, pas vraiment un hasard, dans un contexte politique qui recommençait à être agité. Cent ans plus tard, l’occupant allemand organise le retour des cendres de son fils, encore un geste politique.

Nous finissons ce cours d’histoire « à ma façon » sur un banc devant les Invalides. Je nargue un bus de touristes Belges qui débarquent au pas de charge, prennent une photo et vont sûrement filer vers Montmartre.

Nous sommes bien, seuls au monde au milieu de cette foule. Je ne suis pas sûr de l’avoir convaincue mais au moins j’espère lui avoir montré cette période sous un nouvel angle sans aucune prétention historique, tout étant une interprétation très personnelle.

Amis lecteurs, lisez les mémoires de Constant, vous verrez cet homme sous un autre angle !

Alain

Aragon : l’envers du décor

2 février, 2009

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Ça faisait des années que je passais devant ce panneau d’autoroute qui indiquait la maison d’Aragon et d’Elsa. J’ai proposé un jour à Martine que nous allions la visiter.

Je dois préciser, sans entrer dans les détails, que je ne suis pas un grand érudit. J’ai une vie et un métier prenant, cela m’a fait passer certaines priorités en les mettant de coté, ce que je regrette aujourd’hui.

Donc, aujourd’hui, ayant la chance de partager ma vie avec une érudite, j’essaie de me rattraper.
Nous voici devant un mur de clôture banal, rien n’indiquant ce qui pouvait bien se cacher derrière.

La porte s’ouvre sur une cour. Petite maison en « L » avec une cour pavée, un puits, un jardinet et deux bancs. A gauche s’ouvre un très grand parc.
Nous entrons et sommes accueillis cordialement, le miracle de la carte de presse.

Je sens tout de suite si Martine est bien ou pas, ça se voit à ses yeux apaisés ou paniqués. Là, elle était apaisée, bien, heureuse.
Un brave jeune homme nous sert de guide, j’avoue que j’ai un peu décroché de son laïus dont il était si fier. J’aime les gens qui vivent pas qui récitent.

Nous entrons dans la cuisine, surprenante, simple sauf si on regarde la vaisselle. Des Picasso en dessous de plats, assiettes etc.…
Ensuite vient le bureau du Maître, encombré de livres, d’affiches. Le bureau est dans un fouillis organisé. A croire qu’Aragon va jaillir d’une porte. Martine écoute le guide, essaie de le flatter un peu pour qu’il sorte de son discours.
La pièce principale, à droite une grande table de ferme pouvant accueillir au moins une dizaine de convives. Imaginez, Aragon, Elsa, Picasso, Breton et les autres ça a du fourmiller d’idées dans ce lieu.
Notre jeune guide parle du sale caractère d’Aragon. Dans cette pièce, il y a la roue à aube du moulin, enfermée dans une sorte de véranda. Quand ses hôtes n’étaient pas d’accord avec lui, le Maître mettait la roue en route si bien que le bruit masquait les conversations, une sorte ce censure…
En écoutant ça je trébuche dans les pieds d’un fauteuil. Ce pied est une corne de taureau du plus mauvais gout. Personne ne m’a vu, rien de cassé, ouf !!

Nous montons à l’étage, l’impression qu’ici commence l’univers d’Elsa. D’abord beaucoup de livre russes. Et puis ça se sent, je ne l’explique pas ça.
La cravate d’Aragon sur une bibliothèque, la chambre d’Elsa et son bureau dont la vue donnait sur le lieu où elle souhaitait reposer (la photo de l’article de Martine donne la vue inverse, de la tombe vers le bureau).
C’est d’une de ces fenêtres qu’Aragon a vu Elsa mourir sous ses yeux, tombant dans le petit jardinet. Un moment d’émotion. Voir ainsi l’amour de sa vie le quitter…

La salle de bain, avec un détail: un fauteuil bien confortable installé à coté de la baignoire ! Même dans son bain, elle ne pouvait être tranquille !

Et toujours cette impression forte que le petit guide n’est pas seul à nous accompagner dans cette visite.

Il nous laisse pour visiter le parc, espace dédié à une exposition d’art moderne qui me laisse un peu indifférent. Martine et moi montons vers la sépulture de nos hôtes. Un grand moment d’émotion, nous entendons le violoncelle, une pierre simple est là.
Nous nous regardons, nous remplissant de ce moment. On les envie ou pas ? Finalement non, nous, nous sommes immortels !

Alain

L’envers du décor de l’interview de JP COFFE

26 janvier, 2009

Avec l’autorisation de Martine, je vous livre l’envers du décor de l’interview de Coffe….

On a tous rêvé de ça, un peu voyeurs, pouvoir rencontrer des personnalités. Martine me donne ce privilège.

Donc, nous nous sommes retrouvés devant RTL, bien en avance à attendre Mr Coffe qui nous avait donné rendez vous dans une de ses cantines parisiennes.

Pour l’événement, Martine avait demandé à un photographe de venir immortaliser la chose. Nous allons apprendre à nos dépends, que le bougre était à la photographie ce que M. Ripolin était à l’Impressionnisme.

Le bougre arrive, et nous dit aller installer son matériel dans le restaurant. Nous attendons sagement la fin de l’enregistrement des « Grosses Têtes » pour accueillir M. Coffe.

L’homme arrive, élégant avec une prestance naturelle et ses lunettes en hublot. Salutations d’usage et nous entrons dans la salle et … Horreur !! L’affreux nous avait fait un mini studio avec projecteurs et tout et tout. Coffe pique une colère contrôlée… Martine panique. Je calme tout le monde et demande à notre Picasso numérique de tout démonter. A l’ère du numérique être ainsi au bout du rouleau….

Nous arrivons à calmer notre hôte. Une fois à table, nouveau drame, il demande qui veut partager avec lui un verre de vin blanc. Martine ne boit pas, notre picturiste refuse également. Et là, je vois se poser sur moi deux regards de cockers tristes… Martine d’abord qui m’appelle au secours, se disant que son interview commence à être titaniquesque et ….JP Coffe semblant me dire « s’il te plaît… accepte! »

Nous trinquons donc avec chacun notre verre de Chablis et quelques tartines de rillettes.

JP Coffe nous fixe les règles du jeu, on mange d’abord et on fait l’interview et les photos ensuite et d’un geste auguste, il fait signe au patron de remettre une tournée de Chablis.

Et il commence à nous parler. Quel homme délicieux, d’une sensibilité, d’une tendresse loin des jetés de jambons de Canal +. Il nous parle de la bouffe dans les prisons, l’orphelinat qu’il parraine à Madagascar, son combat pour le pain de qualité, ses vacances pour les grand mères.

Et nous n’avons plus de Chablis !! Hop, sitôt dit, les verres sont à nouveau pleins.

Voici le moment de la commande. Coffe lance adroitement les suggestions vers le menu « chasseur ». Martine mange très peu, elle prend une entrée, notre photomatronche une assiette de jambon. Nouveau regard en ma direction, il semble me dire « ne me fais pas honte… » Donc je commande le menu chasseur.

Avec une bouteille de Bandol, précise-t-il au serveur !

Nous continuons notre discussion. Je suis toujours aussi surpris de cet homme, quelle richesse de coeur et d’âme. Et notre photographe commet une nouvelle bévue, il met de côté soigneusement le gras de son jambon.

Je suis au régime, précise-t-il.

Coffe et moi en choeur: « Mais tu es fou !! C’est le meilleur, tout le goût est là !! »

Nous nous regardons l’oeil qui commence à rire un peu.

Martine arrive à glisser quelques questions, les plats arrivent mais nous n’avons plus de Bandol !

Hop, une nouvelle bouteille, il me remplit mon verre avec un coup d’oeil sur le triste hère qui est à ses côtés.

Nous passons un moment de complicité merveilleux tout en simplicité un vrai bonheur.

Arrive le moment du reportage proprement dit. Martine voulait faire une surprise et avait amené de son Helvétie deux flacons de vins et quelques fromages.

Notre maniaque de l’instamatique nous fait le grand jeu… Il dégage la table des assiettes et des verres et se met à shooter, un vrai Zidane du reflex !!

Bon le souci, c’était de déguster des fromages avec les doigts et du vin à la bouteille maintenant.

J’arrive à récupérer deux verres, deux assiettes et un couteau.
Et M. Coffe reprend son rôle de professionnel, humant longuement le fromage, goûtant le vin, commentant, complimentant avec délicatesse. J’essaie de le suivre. Je plonge mon nez dans le verre et je suis un peu déçu, le vin suisse n’a pas beaucoup d’arômes… Il me faudra quelques longues minutes pour me rendre compte que je humais un verre d’eau. Les effets secondaires du Bandol !

Nouveau trait de caractère de JP Coffe, la générosité ! Il me fait signe et me dit en désignant le personnel et le patron du restaurant :

Fais leur goûter! partage ! Donne-leur un  morceau !

Il doit nous quitter, l’enregistrement de « Vivement Dimanche » l’attend.

Il nous invite…décidement, merci Monsieur.

Il prend son grand manteau son chapeau, nous fait un signe de la main et disparait…

Pendant que Martine fait le point avec le photographe qui a visiblement du mal à le faire aussi, je partage quelques moments avec le patron du restaurant.

Le dimanche suivant, je regarde Vivement Dimanche. Mr Coffe est là, très pro, calé dans le canapé avec parfois l’oeil perdu dans le lointain… Peut-être pense-t-il à un voyage entre Chablis, Bandol et la Suisse ??

Merci M. Coffe pour ce moment, un peu court mais quel régal…

 

Alain.