Archive pour la catégorie 'Lieux insolites'

La République du Saugais ou la malice française

13 janvier, 2012

Si vos pas vous entraînent dans le Doubs, allez rendre visite à la République du Saugeais et au Tuyé du Papy Gaby, à Gilley.

Immersion garantie dans un terroir inattendu!

Depuis la frontière de la Suisse, à Vallorbe, il faut moins d’une heure pour atteindre la République du Saugeais, à Montbenoît.

L’histoire commence par une plaisanterie, au milieu du siècle dernier. Dans cette région au climat rude, onze communes composent déjà la région du Saugeais naissant.

En 1947, le Préfet du Doubs déjeune tranquillement à l’Auberge de Montbenoît où il est en visite, lorsque le tenancier de l’établissement lui demande en riant: « Avez-vous votre laissez-passer pour circuler dans la République du Saugeais? ».

Sur le même ton, le Préfet lui répond que s’il s’agit d’une République, il leur faut un président.

Et, sans plus de formalité, il nomme l’aubergiste à la plus haute fonction possible:  Président de la République libre du Saugeais.

En 1972, lors d’une kermesse locale, c’est son épouse qui, à l’applaudimètre, est élue pour prendre la succession présidentielle de son défunt mari.

Depuis 2005, c’est sa fille, Georgette Pourchet, qui a repris le flambeau.

Onze communes, une présidente, un premier ministre, un secrétaire général, deux douaniers (en uniforme!), 12 ambassadeurs, et plus de 300 citoyens d’honneur, un hymne en patois, un drapeau, un blason, un timbre-poste, un billet de banque, un laissez-passer vous permettant de circuler librement sur le territoire de la République et une animation réputée: « les Arrêts de Douane…

La République du Saugeais, c’est du sérieux plein d’humour.

C’est surtout une excellente façon d’attirer l’attention des touristes et des rieurs. Si vous vous rendez à Gilley, faites un saut au Tuyé du Papy Gaby.

Dans cet endroit où vous pourrez les salaisons et découvrir l’impressionnant « tuyé » de 18 mètres de haut où elles sont fumées.

Vous pourrez également voir s’animer les automates aux effigies de la première présidente de la République locale et du fameux Papy Gaby qui a bel et bien existé.

Cerise sur le gâteau: les habitants de la République du Saugeais jouent le jeu.

Ils se font un devoir d’accueillir les touristes avec le sourire.

Visiblement, cela ne leur demande pas vraiment d’effort: le sens de l’accueil semble spontané dans la région…

 

Martine Bernier

Les cheminées des fées

8 octobre, 2011

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Il fut un temps, nous disent les légendes, où les fées et les Humains vivaient en bonne entente.
Les fées avaient leur Reine, les Humains leur Roi.
La reine eut une fille et le roi un fils qui, comme de bien entendu, s’éprirent l’un de l’autre.
Mais au moment d’approuver l’idée du mariage les humains se demandèrent ce que risquait de devenir leur sang s’il était mélangé à celui des fées.
Ils refusèrent l’union.
Dans un grand bruissement d’ailes, les fées s’envolèrent et disparurent.
Mais elles vivent toujours, dit-on, dans les Cheminées de Fées.
Ou chez les Demoiselles Coiffées.
Ces lieux magiques existent un peu partout à travers le monde.
Y compris en Suisse et en France.
Les plus belles de ces cheminées sont en Cappadoce, en Turquie.
C’est l’érosion qui est responsable de ces petits chef-d’oeuvre.

Vous connaissiez?

Martine Bernier

Maison de Louis Pasteur: Pasteur intime

28 juillet, 2011

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(Photos: Maison Pasteur)

A chaque fois que nous passons  par Arbois (Franche-Comté),  je regarde le panneau indiquant la Maison de Pasteur, et je me dis que j’aimerais la visiter et lui consacrer quelques lignes.
Hier, mon vœu a été exaucé. 

Dès l’instant où vous poussez la porte de la maison aux façades garnies de lierre grimpant, vous retournez un bon siècle en arrière. Louis Pasteur (1822 – 1895) a bel et bien vécu ici, dans la maison de son enfance, ancienne tannerie familiale, devenue ensuite la maison de ses vacances, puis de ses  vieux jours.
Tout est resté en l’état, y compris un papier peint d’époque étonnamment préservé, apportant à la demeure un aspect  intime.
A la patère de la chambre, le vieux panama et le feutre sont accrochés, le calot du scientifique trône sous vitrine.
Du linge de maison est toujours prêt à être utilisé dans le boudoir-dressing de Mme Pasteur, la table est dressée comme pour recevoir des invités, les armoires regorgent de vaisselle…
Le rond de serviette gravé à la main  « Zizinette », surnom donné à la petite-fille de Pasteur par son célèbre grand-père est toujours rangé à sa place, ses livres trônent dans la bibliothèque, très éclectique, le jeu de dames patiente en attendant le retour des joueurs.
Au mur du premier étage sont toujours accrochés les dessins et fusains que Pasteur avait réalisé alors qu’il n’était encore qu’un jeune adolescent.
S’
y révèle le talent académique mais déjà très sûr de cet homme qui rêvait de suivre sa vocation artistique avant de se vouer totalement à la science.
Pasteur, en sortant de sa chambre, devait seulement traverser le corridor pour entrer dans le vaste laboratoire qu’il avait fait aménager. Un équipement moderne  et fonctionnel pour l’époque lui permettait de mener à bien ses recherches et ses expériences.  La pièce est équipée d’une chaudière d’incubation, de becs de gaz, d’eau courante. 
Aujourd’hui encore, ses fioles, ses canules et ses ballons n’ont pas bougé.
On peut lire sur les étiquettes « bouillon de poule » ou « jus de raisin ». Leur contenu est intact depuis 1878 pour le raisin et 1883 pour le bouillon, preuve du bien-fondé de ses théories.
C’est ici que le chercheur a repris ses travaux sur les fermentations, la théorie des germes et la stérilisation. 
Sur son bureau, une enveloppe semble avoir été ouverte hier.
Elle porte un cachet postal et, en guise d’adresse, ces deux lignes:

- » A celui qui fait des miracles
Rue d’Uhn, Paris »

Dans cette maison, que Pasteur appelait son « Château de la Cuisance », du nom du cours d’eau au bord duquel il est installé, l’émotion est présente dans chaque pièce.
Ici a vécu un homme reconnu bienfaiteur de l’humanité, qui a sauvé un nombre inestimable de vies, qui est à la base des notions d’hygiène, qui a découvert le vaccin contre la rage et tant de notions fondamentales à notre vie actuelle.
Les visites sont personnalisées, sous la houlette d’un personnel chaleureux et visiblement éprise l’histoire de l’homme, de la maison sur la mémoire desquels il veille aujourd’hui.
L’accueil est chaleureux, la visite passionnante.
Une escale émouvante à ne surtout pas manquer si vous passez dans la région… et bien difficile à quitter.

Martine Bernier 

La Maison de Louis Pasteur, Arbois maisondelouispasteur@wanadoo.fr 
www.academie-sciences.fr/pasteur.htm 

Sculptures de la Dhuys: L’aqueduc transformé en lézard

24 août, 2010

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Les Jardins de Sculptures sont toujours intéressants.
Celui de Jacques Servières est plus que cela.
En 1987, cet enseignant découvre un aqueduc bombardé en 1939 durant la Seconde Guerre Mondiale.
L’ancien aqueduc de la Dhuys est situé au bord de la Marne, à Chessy.
Il en récupère aussitôt les blocs, les assemble, les taille… et crée, au cours de la première année, deux oeuvres qui seront suivies par une quarantaine d’autres.
Un lézard escaladant une feuille, des couples enlacés, un personnage rêvant calé au creux d’une branche, des êtres de pierre potelés ou élancés, des animaux mythiques…
L’ensemble est impressionnant, émouvant…
Un travail de titan pour cet artiste inspiré notamment de Bourdelle.

Son oeuvre me fait penser à celle du Facteur Cheval qui, simplement, dans son coin, bâtissait son Palais pierre après pierre sans se préoccuper de ce qu’en pensaient les autres.

Certaines personnes sont nées pour créer…

Martine Bernier

http://www.jardindesculpture.net/

Ninglinspo… le retour

1 août, 2010

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Quand j’étais enfant, mon père m’emmenait dans un endroit magique dont je garde un souvenir enchanteur.
Le Ninglinspo.
Jusqu’à ce samedi, j’ignorais l’orthographe exacte du mot.
Bien longtemps après, j’ai cherché à retrouver le lieu dont je ne me souvenais plus trop du nom et que je ne situais pas.
Quand je parlais du « Bassin de Diane », un endroit de la balade dont le nom m’avait marquée, mes interlocuteurs fronçaient les sourcils, s’interrogeant sur l’utilité de me faire interner rapidement ou non.
Certains, pourtant, m’ont dit que cela se trouvait « peut-être au Luxembourg ».
Je finissais par croire que j’avais rêvé cette vallée dont je gardais le souvenir de… l’eau…
Le bruit de l’eau, une rivière, des torrents, des petites chutes…
De l’eau partout… pure, claire et limpide…
J’adore regarder et écouter l’eau.
J’avais été émerveillée.
Mais à force de ne pas retrouver le lieu, je m’étais rendue à l’évidence: le Ninglinspo n’existait que dans mes rêveries d’enfant.

Jusqu’à ce 31 juillet 2010!

L’un de mes contacts Facebook que j’apprécie beaucoup, nous a annoncé qu’il avait été sollicité par la RTBF (Radio Télévision Belge francophone) pour un reportage sur le… Ninglinspo!!
On dit de Patrick Germain, puisqu’il s’agit de lui, qu’il est un barde de notre siècle…
Un homme sensible et drôle, cultivé, exactement de ceux que l’on aime découvrir sans être déçue.

Je n’ai pas réalisé tout de suite que… grâce à lui, je venais de retrouver l’endroit où dorment certaines de mes plus belles heures d’enfance.
Il a fallu un peu de temps pour pouvoir accéder au reportage.
Quand j’ai vu les images et entendu les commentaires, j’ai été très émue.

En cherchant au Luxembourg ce qui se cachait en Wallonie, je ne cherchais pas au bon endroit.
Le Ninglinspo, au nom qui me faisait penser à un bonnet à clochettes de lutin, est donc un ruisseau belge, affluent de l’Amblève.
On décrit sa promenade comme romantique, merveilleuse, aux paysages torturés et grandioses.
Ce sont exactement les adjectifs qui correspondent à mon souvenir…
J’avais l’impression que Peter Pan pouvait surgir de derrière un rocher.

J’ai visionné et… j’ai retrouvé le goût de mes 7 ans…

Lorsque l’on a peu de souvenirs, ceux qui restent ou qui reviennent ont une importance immense.
Un voile de tendresse par-dessus les collines ardennaises à mes complices Belges qui m’ont fait un joli cadeau!

Martine Bernier

Juste pour le plaisir:

http://patrickgermain.wordpress.com/

et le lien du reportage:

http://www.rtbf.be/video/v_jt-13h?id=377342&category=info

Le cimetière indigne de Cadillac-sur-Garonne

28 juillet, 2010

Quand j’ai entendu dire que le cimetière communal de Cadillac-sur-Garonne était classé aux monuments historiques, je n’ai pas pu m’en empêcher: il a fallu que je comprenne pourquoi.
Je croyais qu’il avait une particularité architecturale, un monument particulier…
Ce que j’ai appris m’a surprise.
Le lieu a été classé parce qu’il n’accueille que de patients de l’asile voisin.
En principe, les pensionnaires des hôpitaux psychiatriques sont inhumés dans les cimetières municipaux.
Pas là.
Le cimetière du crû dispose de ce qui a été appelé « le carré des fous ».
Par la même occasion l’endroit a hérité de plusieurs noms: « le cimetière des fous », des « gueules-cassées », « des aliénés », et j’en passe.
Dans ce carré se trouve un bon millier de tombes placées entre l’hôpital psychiatriques et le cimetière communal classique.
Il a été créé en 1920… par mesure « d’hygiène publique », pour y recevoir les soldats et les civils blessés lors de la Grande Guerre, ceux devenus des « mutilés du cerveau ».
Le pire est que lorsque ces personnes décédaient, aucune déclaration n’était enregistrée sur les registres de l’état-civil.
Et les étiquettes posées sur les croix ont disparu avec le temps…
Des identités évaporées, des vies oubliées…

De 1920 à 2002, 4000 personnes  ont été enterrées là.
Elles étaient présumées folles, indigentes.
Aujourd’hui, de ces tombes, il reste quelques rangées à l’abandon, des croix, toutes pareilles, traînant dans un mélange de gravier, de terre et d’ossements.
Depuis peu, quatre murs et trois carrés de tombes ont donc été inscrits aux monuments historiques, comme l’ont été six autres cimetières d’asile, désormais protégés.
Il s ‘agit là de saluer la rareté des lieux et le respect dû à la mémoire de ceux qui y sont inhumés.
Des êtres au destin peu enviable, qui n’ont marqué personne, que personne n’a réclamé, dont personne ne se souvient…

Celui qui a dit que nous étions tous égaux devant la mort n’avait pas tout à fait raison.

Martine Bernier

Les ventes insolites de l’Etat français

27 juillet, 2010

Un article paru sur le Net (Planet Mag) a attiré mon attention.

En résumé, il disait ceci: l’Etat français a besoin de renflouer ses caisses.
Pour ce faire, il met en vente des biens très inattendus.
Si vous avez envie de faire vos emplettes dans le grand marché étatique, voici donc ce que vous pourrez déposer dans votre panier:

- La Maison d’arrêt de Rennes. Bien située, non loin du centre de l’agglomération, elle est idéale pour loger les amis de passage. Si, si, vous ne manquerez pas de place. Et pas besoin de planter une haie pour ne pas être dérangés par les voisins: elle dispose déjà d’un grand mur de garde haut de cinq mètres. Très coquet. Pas de prix indiqué: les propriétaires attendent les offres.

- Un tunnel long de 721 mètres, vestige d’une ancienne voie ferrée, à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Ne chipotez pas: on a toujours besoin d’un tunnel pour organiser des sauteries, voyons. Pas de prix non plus…

- Un central téléphonique enterré, dans les Hautes-Alpes, à Briançon. Cela ressemble à un bunker de l’armée suisse, chaleureux à souhait. Mais vous disposerez d’une superficie de 1200 m2 au milieu de la pierraille pour installer votre résidence secondaire. Et toujours pas de prix.

- Le domaine thermal de Vichy. Avec ses boutiques, ses bureaux, ses hôtels, restaurants, centres thermaux. Mais attention: si vous vous portez acquéreurs, vous devrez vous engager à continuer l’exploitation. Là, le prix… on n’ose l’imaginer. Je pensais poser une option pour ne plus jamais manquer de Vichy Célestin, mais, finalement… non.

- Un fort à Briançon. Il se trouve en altitude, est beau comme… un fort, pas très cosy, mais majestueux. Bon, soit, il est vétuste et même si vous l’achetez, vous devrez y laisser entrer les visiteurs de mai à octobre. Mais avouez que cela pose son homme d’annoncer à ses amis: « Je vous invite à un brunch dans mon fort, ce samedi? Oui, oui, vous pouvez prendre le chien… il ne salira pas les moquettes. ». Pas de prix affiché non plus, l’Etat attend les appels d’offres.

- Mon préféré: un ancien couvent dominicain, à Rouen. Vendu avec les bâtiments annexes : le demi-cloître, un bâtiment au toit de tuiles plates, une église, une petite maison en briques, des garages, et un grand jardin arboré. Le tout pour une superficie de 2580 m2 et un terrain de 5 896 m². Salles de réception au rez-de-chaussée, et plein, plein de chambres, dont certaines cellules très étroites, dit-on. Idéal pour les grandes familles! Comment cela, trop grand et difficile à entretenir? Aurais-je omis de préciser que le couvent dispose de son ascenseur? Toujours pas de prix… mais on imagine que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses…

Si vous n’avez rien trouvé de tentant, avouez que vous faites les difficiles…

Martine Bernier

Le trésor du Riou Pouzouillou

26 juillet, 2010

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Avez-vous déjà entendu parler des rubis et des saphirs du Riou Pouzouillou?
Non, ce n’est pas un lieu lointain perdu au milieu de nulle part, dans les bayous de la Louisiane ou au fin fond de l’Amazonie.
Au XIIIe siècle, ce petit ruisseau auvergnat (vous avez bien lu: j’ai écrit « auvergnat »…) était l’Eldorado des chercheurs de zircons, des pierres dures aux reflets rouges, alors taillées pour orner les bijoux.
Elles apparaissaient sous forme de parallélépipèdes, et finissaient taillées en cabochons.
Dans les alluvions de ce modeste cours d’eau, les chercheurs de trésors trouvaient leurs zircons, mais aussi des grenats, des péridots (cristaux verts), des rubis et des saphirs.
Pourquoi?
Parce que le sol volcanique favorisait ces merveilles.
Les orpailleurs s’installaient le long de la rivière, équipés de pioches, de pelles et de seau, et récoltaient les gemmes qu’ils vendaient ensuite aux orfèvres du Puy-en-Velay.
Les pèlerins de passage, venus prier la Vierge Noire, repartaient avec un bijou en zircon, tiré du Riou Pouzouillou.
Il n’y avait d’ailleurs pas qu’eux qui en étaient friands.
Ces pierres figuraient dans les trésors des papes et des rois de France.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’orpailleur sur les rives du Riou.
Les lieux de fouilles appartiennent dorénavant à un propriétaire privé dont les vaches ont altéré le lit du ruisseau.
Mais si vous parlez avec les habitants, ils vous diront que les flancs de la montagne cachent encore le précieux zircon.
Simplement, si vous avez envie d’y aller faire un tour vous aussi, n’oubliez pas de vous renseigner pour savoir si le terrain que vous fouillez n’appartient à personne…

Martine Bernier

Cathédrale de Chartres, de ses étranges tours au Clou de St Jean

10 juillet, 2010

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La cathédrale de Chartres est l’une des plus belles au monde.
De nombreux livres ont été consacrés à son histoire, son architectures, ses vitraux, ses symboles…

La première fois que je l’ai vue, dès le premier regard, une question m’est venue aux lèvres.
Pourquoi a-t-elle deux tours différentes, l’une en style roman, l’autre en style gothique?!
C’est dans les livres que j’ai trouvé ma réponse, peu après.

La tour de droite, en style roman, donc, est évidemment la plus ancienne.
Ce que l’on appelle le clocher « Vieux » date de 1134 et mesure 105 mètres.
Et comme toutes les constructions romanes, il est massif, doté de peu d’ouvertures.

En 1506, catastrophe: un incendie ravage l’église.
Elle est alors reconstruite dans le style de l’époque, le gothique, reconnaissable par ses forme élancées.
Le clocher « Neuf » mesure 115 mètres, est piqueté de gargouilles et orné de baies en arcs brisés.
Très différent de l’autre…

Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, la cathédrale fascine.
Avec son labyrinthe, le fameux « Chemin de Jérusalem », inscrit dans la dalle, ses vitraux somptueux, son architecture pure, elle est l’un des plus magistraux héritage de l’art et de l’architecture médiévaux arrivés jusqu’à nous.

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Elle comporte mille secrets, mille particularités…
Parmi eux, le « Clou de saint Jean ».
Si vous voulez le voir au cours d’une visite, repérez le très célèbre vitrail d’Apollinaire, dans le transept sud.
Dans la bordure bleu roi de ce vitrail, du verre a été remplacé par une plaque de métal dans laquelle a été percé un trou rond recouvert d’un verre transparent.
Si vous regardez ensuite au sol, vous pourrez découvrir qu’un clou a été planté dans les dalles.
Chaque année, le 24 juin, un cercle lumineux vient se poser sur lui lorsque le soleil est au zénith, passant par le trou du vitrail.
C’est ce que l’on appelle l’instant du « midi vrai » local.
L’expérience de ce trou permettant au soleil de venir se poser sur le clou date de 1701.
Aujourd’hui, les scientifiques estiment que des corrections sont nécessaires pour connaître l’heure réelle.
Et en concluent que le midi vrai du 24 juin à la cathédrale, a deux minutes de retard par rapport au temps donné par nos horloges actuelles.

N’empêche… imaginer le chanoine Claude Etienne, en 1701, s’adonner à de savants calculs, puis l’attroupement attentif qui a dû se former dans l’église lorsque pour la première fois, un 24 juin, le soleil a touché le clou en passant par l’orifice du vitrail donne le frisson…

Martine Bernier

Fontevraud et la chapelle des courants d’air

11 mars, 2010

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Il existe en France, dans la Vallée de la Loire, un lieu qui me fascine.
Ou plutôt… un double lieu qui me fascine.
Le premier est l’Abbaye Royale de Fontevraud, à une heure d’Angers.
Etroitement liée à l’histoire des Plantagenets, elle a vu défiler les siècles puisque l’abbatiale a été construite de 1105 à 1160.
Cinquante-cinq ans pour la bâtir.
La durée d’une vie d’homme, longue pour l’époque.

Son architecture est un chef-d’oeuvre, oscillant entre gothique et Renaissance.
Les maîtres d’oeuvre qui ont travaillé là-bas ont mis au service du lieu leur savoir et leur diversité.
Le résultat est d’une beauté sereine.
Tout a été pensé pour créer un lieu de recueillement.
Le cloître, avec le calme et la douceur de ses jardins, les galeries de déambulation, la salle capitulaire et sa magnifique voûte, l’escalier Renaissance, tout est à la fois parfait et original.
Mais la perle des lieux reste la cuisine romane aux toits de pierre dure en « écailles de poisson ».
La seule, dit-on, arrivée jusqu’à nous dans cet état de conservation.

Dans l’église reposent notamment les gisants polychromes d’Aliénor d’Aquitaine, de son époux Henri II, roi d’Angleterre, et de leur fils Richard Coeur de Lion.

A chaque fois que je m’y suis rendue, j’ai vécu la même émotion, le même trouble.
La puissance de ce lieu est impressionnante.

Il y a quelques années, à notre première visite, alors que nous reprenions la route, j’ai eu l’attention attirée par une petite construction ancienne, au milieu des champs.
J’ai demandé à Eric de s’arrêter et nous sommes allés voir de plus près.
C’était une minuscule chapelle.
La porte était fermée et l’endroit était à l’abandon.
Mais, à travers la petite fenêtre sans vitre, il était possible de voir l’intérieur.
Au-milieu de nulle part, refuge du vent, la chapelle n’intéressait plus grand monde.
Renfermée sur son mystère, sur ce qui a été son destin, sur ce que ses pierres ont vu et vécu, elle se fondait dans un paysage silencieux.

Après la force paisible de Fontevraud, très fréquentée par les touristes, la solitude de cet endroit venait compléter une journée parfaite…

Martine Bernier

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