Archive pour la catégorie 'Monet'

Le faux au-revoir à Monet chez Gianadda

9 novembre, 2011

Dès la première heure, ce matin, j’y ai pensé.
Aujourd’hui était un jour particulier.
J’allais rendre visite une dernière fois à l’exposition Monet avant son décrochage, à la Fondation Gianadda.
Cette fois, c’est avec Eric que j’allais revoir pour la quatrième fois ce que je considère comme l’une des plus belles expositions consacrée à ce peintre dont je ne me lasse pas de découvrir et redécouvrir le génie.
C’est bien pour cela que je ne peux résister à l’appel de ses toiles: à chaque fois que je les retrouve, je suis frappée par un nouveau détail.
Cette fois encore, cela n’a pas manqué.
En entrant dans la Fondation, j’ai eu un moment d’émotion intense.
J’ai une fois encore pris le temps de regarder les tableaux depuis le haut de la salle d’exposition.
De loin, les nymphéas « vivent ».
Des fleurs posées sur des eaux miroitantes, frémissantes.
La fameuse « Barque » est véritablement accrochée à la rive et donne l’impression que, si l’on tend l’oreille, on pourra entendre un oiseau ou le frémissement du vent dans les feuilles.

Je me suis approchée.
Et là encore, comme à chaque visite de ses oeuvres, ça a été une deuxième émotion.
Car, de près, c’est l’énergie de Claude Monet qui est perceptible à travers les traits, le mouvement, les couleurs, la lumière.
On imagine son regard, ses gestes, sa satisfaction devant le résultat.
Il est là, bien vivant, à travers ces oeuvres grouillantes de vie.
J’ai passé un très, très long moment, plongée dans la contemplation de ces toiles magnifiques.
Un bonheur serein, paisible…

L’exposition refermera ses portes le 20 novembre, et les toiles reprendront le chemin des musées et des collections privées auxquels elles appartiennent.
Avoir eu la formidable possibilité de pouvoir leur rendre visite plusieurs fois est un cadeau inestimable que nous devons une fois encore à Léonard Gianadda.

J’ai une mémoire souvent défaillante.
Mais, étrangement, j’oublie rarement une exposition.
Celle-ci, je le sais, restera gravée en moi comme étant celle ou l’une de celles qui m’a le plus bouleversée.
Je vois partir Monet comme je verrais s’éloigner un ami.
Me connaissant, j’aurai besoin de retrouver ses tableaux, et m’efforcerai de convaincre Celui qui m’accompagne de programmer un ou deux jours à Paris dans les mois à venir, peut-être en transit vers une autre destination.

Lorsque Monet s’en va, ses oeuvres, son talent me manquent.
Alors… ma bibliothèque regorge d’ouvrages qui lui sont consacrés, et des reproductions de certaines de ses toiles ornent les murs de mon bureau.
Il est très étrange pour moi de réaliser que cette attirance au départ plutôt discrète que j’ai toujours ressentie pour sa peinture a pris une telle place dans ma vie.

Les murs de la Fondation Gianadda proposeront dès le 1er décembre une exposition d’Ernest Biéler.
Elle sera belle, je n’en doute pas.
Mais j’aurais adoré que Monet prenne à demeure ses quartiers en Suisse….

*****************

Je terminais ces lignes, déjà nostalgique, lorsque j’ai eu mes fils au téléphone, l’un après l’autre.
Le cadet n’est pas spécialement attiré par la peinture.
Mais j’ai tenté ma chance auprès de l’aîné, histoire de voir s’il aurait plaisir à m’accompagner pour une dernière visite.
Ravi, il a accepté.
Si, si, cette fois, ce serait vraiment la dernière… à moins que…

Martine Bernier

Aurore, Monet et la douce semaine

30 octobre, 2011

Ce n’est un secret pour personne: les jours de bonheur passent plus vite que les autres.
Nous arrivons déjà au terme de cette semaine passée avec Aurore, ma fillotte de Bretagne.
Durant une semaine, j’ai une fois pu constater combien, du haut de ses 16 ans tout frais, elle cumule un nombre de qualités assez impressionnantes.
Sa maturité, sa tolérance, son intelligence, son humour font d’elle un être humain extrêmement attachant.
Nous l’avons intégrée dans un quotidien encore un peu compliqué, puisque, même si Celui qui m’accompagne avait une semaine de vacances, il fallait, de mon côté, que j’assume certains mandats.
Mais nous avons quand même pu lui faire passer quelques heures à la découverte de certaines entités…
Parmi lesquelles la Fondation Gianadda.
Oui, je sais, c »était la troisième fois que je retournais voir l’exposition consacrée aux oeuvres de Monet.
Et j’y retournerai encore avant le décrochage, en novembre!

Immersion aussi dans mon travail, en m’accompagnant à une interview, découverte d’une région qu’elle ne connaissait pas, de la forêt de montagne revêtue de ses couleurs rouges d’automne avancé, conversations intimes, complicité retrouvée…
Découverte de spécialités culinaires, de ces petites choses qui font le quotidien d’un pays.

Puis l’aéroport, le moment des au-revoir et son retour vers sa famille.
Et l’assurance, pour elle, qu’elle a un pied-à-terre en Suisse.
Cette nuit, ce sera au tour de Celui qui m’accompagne de reprendre la route.
Pomme et moi allons retrouver notre fonctionnement en binôme et notre quotidien actif.
Avec, à l’esprit, les images d’une douce semaine.

Martine Bernier

Secrets d’Histoire sur Monet: avec mention!

31 août, 2011

Il y a la TV poubelle, celle dont on parle le plus, déprimante à force de misère intellectuelle.
Il y a aussi la TV des feuilletons et des séries, distrayante, qui « tue le temps »… comme si le temps n’est pas assez rare.
Il y a la TV des ménagères de moins de cinquante ans dont on se dit, en voyant les programmes, qu’elles semblent avoir un QI de poisson rouge.
Il y a la TV des navets et Dieu sait s’il y en a.
Et puis il y a l’autre, celle qui apprend, qui rend curieux, qui passionne.

Hier, complètement par hasard, je découvre après avoir suivi les infos de France 2, que l’émission « Secrets d’Histoire » va être consacrée à.. Monet!
Pour ceux qui prendraient Ecriplume en cours de vie, il n’est peut-être pas inutile de signaler que je voue à Claude Monet et à son oeuvre une admiration sans borne.
Je me suis donc embarquée, avec Celui qui m’accompagne, dans ce voyage au coeur de la vie du Maître… en me demandant cependant ce qu’il venait faire là, sachant que les précédents volets de l’émission étaient jusqu’ici consacrés à des têtes couronnées.
Mais soit… dans son domaine, Monet est roi.

Cent minutes tout juste en immersion dans la vie du peintre, ses toiles, ses amours, sa famille, son amitié avec Clémenceau, sa maison de Giverny, ses jardins… le tout en compagnie de son biographe, d’un historien d’art, d’une descendante du marchand d’art qui a fait sa gloire et de  l’un des descendants d’Alice, sa deuxième épouse.

Cent minutes passionnantes, remarquablement bien construites, entrecoupées par le jeu de comédiens mettant en scène Monet intime.
Stéphane Bern et son équipe ont une fois de plus réalisé un travail magnifique.
Vu le nombre d’ouvrages et d’émissions que j’ai ingurgités sur le sujet, je n’ai rien appris de plus en suivant l’émission.
Mais j’en ai adoré le ton, l’ambiance, tout ce qui a permis aux spectateurs de découvrir ce génie de la peinture dans son intimité.
Là, voyez-vous, j’aime la TV.

Martine Bernier

 

Fleur d’Asie chez Gianadda

12 août, 2011

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Cela faisait plusieurs mois que je disais à Jee, notre Fleur d’Asie, compagne de mon fils cadet, que nous irions un jour ensemble à la Fondation Gianadda.
Je lui avais parlé avec enthousiasme de l’exposition Monet qui est présentée en ce moment, et que j’ai visitée voici quelques semaines.
Hier, nous avons décidé que la matinée de ce vendredi serait consacrée à une halte à Martigny.
Pendant que nous irions entre filles à la redécouverte de la Fondation Gianadda, nos deux hommes et Pomme partiraient sur les traces des vestiges romains, Celui qui m’accompagne ayant déjà visité l’exposition avec moi.

J’étais curieuse de voir comment Jee allait appréhender l’Impressionnisme, allait réagir face à ces toiles qui proviennent d’une autre culture que la sienne.
D’emblée, j’ai compris qu’elle était dans son élément.
Je me suis contentée de lui donner deux ou trois clés pour mieux saisir le génie de Monet, et nous sommes parties ensemble dans ce monde magique.
La voir s’enthousiasmer devant ces tableaux qui me ravissent m’a procuré un plaisir immense.
Nous avons ensuite été voir la remarquable collection d’estampes japonaises de l’artiste, puis, dépaysement complet, nous avons fait une incursion dans l’exposition permanente de voitures anciennes qui complète le musée.
Elle ne s’y attendait pas, riait de ce qu’elle voyait, des détails insolites de certaines voitures.

La visite au jardin des sculptures a été tout aussi émouvante.
Il faudrait des journées entières pour expliquer chacune de ces oeuvres, chacun de ces artistes.
Nous n’avions pas ce temps devant nous.
J’ai donc fait un rapide résumé englobant Rodin, les statues chantantes de Chillida, l’originalité de César, la gaieté de Niki de St Phalle, le talent de sculpteur de Renoir, la légèreté de la mosaïque de Chagall dans la fontaine duquel Jee a tenu a lancer une pièce porte-bonheur…
Nous approchions de la sortie où nous avions donné rendez-vous à nos hommes quand nous avons décidé de retourner sur nos pas pour qu’elle puisse choisir quelques cartes postales.
Impossible de trouver la reproduction de chacune des toiles qu’elle venait d’admirer.
J’ai donc couru lui chercher le catalogue de l’exposition que je lui ai offert avec une promesse: il est le premier d’une longue collection.
Car elle et moi avons bien l’intention de revenir ensemble au moins une fois par saison, pour chaque exposition.

Le reste de la journée, nous l’avons passé tous ensemble.
Un repas improvisé par Celui qui m’accompagne, qui a ensuite ouvert un album photos de sa vie militaire.
C’était la meilleure façon pour lui de les inviter dans son passé… une incursion émouvante qui leur a permis de découvrir que je vis avec un Chevalier de l’Ordre National du Mérite!
Rien que cela…
Il n’en parle jamais, mais sa vie a été riche.
Et ce n’est pas fini!

Une balade à Evian, des glaces et quelques thés plus tard, nous nous quittions.
Avec, pour moi, le bonheur d’avoir participé à une étape de plus dans la vie de Jee.
La confrontation de deux univers culturels différents, unis par une sensibilité identique.
Que ce soit ici où à l’autre bout du monde, la beauté touche de la même façon.

Martine Bernier

Fondation Gianadda: Monet en son royaume

26 juin, 2011

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J’en rêvais…
Une semaine après son accrochage à la Fondation Gianadda de Martigny (Suisse), nous allions visiter l’exposition consacrée à Monet: « Monet au Musée Marmottan et dans les collections suisses ».

Des expositions consacrées au peintre de Giverny, j’en ai vu beaucoup, toutes plus belles les unes que les autres.
Je possède un nombre insensé de livres qui lui sont consacrés, de documents, de reproductions.
Après avoir visité la splendide rétrospective au Grand Palais, l’année passée, à Paris, je me demandais comment Léonard Gianadda allait bien pouvoir faire pour ne pas décevoir, pour ne pas être un cran en dessous.
Il m’avait dit, au téléphone, voici quelques mois: « Vous verrez, il y aura beaucoup de toiles de Giverny ».

Il n’a pas menti.
Ce matin, en pénétrant dans sa fondation, j’ai ressenti une émotion immense.
Nous avons passé plusieurs heures, Celui qui m’accompagne et moi, dans les lieux.
L’exposition est admirable à plus d’un titre.
Les toiles exposées sont remarquables et couvrent toutes les facettes de l’inspiration de Monet.
Beaucoup de nymphéas, parmi les plus beaux, la gare St Lazarre, Vétheuil, Etretaz, la cathédrale de Rouens qu’il a peinte à plusieurs heures du jour pour en saisir les différentes couleurs liées à la lumière changeante, les saules pleureurs, les jardins, Pourville, les coquelicots, les iris, les paysages d’eau, la Tour de Londres…
Parmi les tableaux que je n’avais jamais vu de visu, j’ai découvert un magnifique portrait de femme à la craie rouge, la superbe « Barque », le très abouti « Jardin de Vétheuil » ou les « Tuileries »…
Une merveille à chaque pas: la visite est d’une richesse exceptionnelle.

Le tour de force consistant à réunir autant de chef-d’oeuvres est remarquable.
Cerise sur le gâteau, l’exposition est complétée par une autre, consacrée à la collection d’estampes japonaises collectionnées par Monet, grand amateur de talents d’autrui.
Il partageait cette passion pour les estampes avec Clémenceau, lui-même grand connaisseur.

Nous avons poursuivi la visite en allant revoir le pavillon consacré aux machines et Léonard de Vinci et en flânant dans le jardin des sculptures.
En allant vers le pavillon, nous avons croisé Léonard Gianadda et son épouse.
J’ai simplement été le remercier et le féliciter pour l’honneur qui lui a été fait.
Lors du vernissage de l’exposition, il a été nommé Commandeur de la Légion d’Honneur par le président de l’Assemblée nationale française, Bernard Accoyer.
Il le mérite largement…
Déplacez-vous à Martigny: vous serez immergés dans l’univers lumineux de l’un des plus grands peintres.
Un festin de beauté…

Le reste de la journée a été au diapason de la matinée.
Une journée parfaite…

Martine Bernier

L’exposition est ouverte jusqu’au 20 novembre 2011

Et si ?

17 mai, 2011

Ce matin, j’échangeais quelques mots avec un ami après avoir terminé une série d’articles.
Je l’avais questionné sur ses activités et il m’avait répondu avant de me dire:

- Tu sais, je me dis parfois que j’ai mal choisi mon métier.
- Ah bon?
- Oui. Quand je t’entends me parler des rencontres que tu fais, de tout ce que tu as découvert, visité, je t’envie.
- Chaque métier a ses avantages et ses inconvénients…
- Oui, mais avoue que certains sont plus passionnants que d’autres.
- C’est vrai. J’ai beaucoup de chance.
- Tiens, je voulais te demander… Connaissant la passion que tu as pour lui, si tu devais interviewer Claude Monet, que lui demanderais-tu?

J’ai rectifié:
- Je n’ai pas une passion pour Monet, je suis fascinée par sa personnalité, son talent, sa peinture. Nuance!
- Oui, bon, je me comprends. Alors? Que lui demanderais-tu?

J’ai réfléchi un moment.
- J’ai lu énormément de choses qui ont été écrites sur lui. Alors… Que ce soit dans le cadre d’une interview ou d’une rencontre spontanée, je crois que je ne lui demanderais qu’une seule chose.
- Oui?
- Je lui demanderais s’il accepterait que je le regarde peindre.
- C’est tout??
- Oui.
- Mais? Tu lui parlerais, quand même?
- Le dialogue s’installerait tout seul, après, sans doute. Mais ma seule demande serait celle-là.
- Je suis surpris.
- C’est vrai? Tu sais, face à des êtres pareils, je crois que la magie n’est pas dans les mots…
- Joliment dit…
- J’aurais donné beaucoup pour assister à la naissance de l’un de ses tableaux. Et toi? Que lui demanderais-tu?
- Heu… « vous seriez d’accord de laisser ma copine vous regarder peindre? »

C’est beau, l’amitié!

Martine Bernier

Joshua Bell et Sam Haywood chez Gianadda: une perle

15 avril, 2011

Jeudi soir, le concert donné à la fondation Gianadda, à Martigny (Suisse), s’est révélé être un moment de grâce.
Le grand violoniste américain Joshua Bell et l’excellent pianiste britanique Sam Haywood ont offert un moment magique au public, nombreux, présent dans l’enceinte.
Comment dire…
Quand la musique est interprétée de manière aussi parfaite, on touche au sublime.
Des notes d’une délicatesse infinie, si fines et fragiles que le public reste en haleine, accroché aux doigts du violoniste auquel vient répondre le talent du pianiste.
Comme à chaque fois, ce concert était donné au centre de la Fondation, au-milieu des toiles de Maîtres accrochées sur les murs.
D’où je me trouvais, j’avais une vue plongeante sur un Nymphéa de Monet et sur le duo de musiciens.
Et… le temps s’est arrêté.

Un moment de grâce…

Martine Bernier

Léonard Gianadda: « Venez, je vous invite! »

7 avril, 2011

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J’ai largement passé l’âge d’être une midinette.
J’ai rencontré beaucoup de personnalités célèbres ou non, et j’ai eu la chance de m’enrichir à leur contact.
Beaucoup m’ont marquée, voire bouleversée.
Mais celui pour lequel j’ai une admiration absolue reste, sans discussion possible, Léonard Gianadda, dont j’ai déjà souvent parlé sur Ecriplume.
Je lui ai consacré plusieurs articles et, récemment, lui ai adressé un petit message pour lui redemander une courte interview téléphonique pour les besoins d’un encadré.
Le sachant très occupé, je doutais un peu d’avoir une réponse.

Pour ceux qui auraient vécu sur Mars au cours de ces 40 dernières années, Léonard Gianadda est le créateur de la Fondation Pierre Gianadda, érigée à Martigny (Suisse) pour perpétuer le souvenir de son frère cadet, décédé tragiquement en 1976.
De cet endroit magique bâtit autour des vestiges préservés d’un temple antique romain, il a fait un haut lieu de culture où se succèdent des expositions extraordinaires et des concerts classiques de grande classe.
Connue internationalement, la Fondation est l’un de ces rares endroits, en Suisse romande, où les oeuvres des plus grands peintres sont présentées au public.
Pour son courage, sa générosité et sa ténacité, pour sa personnalité rayonnante et volcanique, pour sa culture, j’aime cet épicurien chaleureux et enthousiaste, que je pourrais écouter pendant des heures sans me lasser.

Jeudi après-midi, le téléphone sonne: « Bonjour, bureau de la Fondation Gianadda. Je vous passe Monsieur Gianadda. »
Je me précipite sur mon bloc et mon stylo, ravie.
L’homme à qui je dois des heures de bonheur artistique est au bout du fil.
Comme à chaque fois, l’interview est un délice.
Arrivée au bout de mes questions, la conversation prend un tour plus personnel et nous parlons peinture.
Je lui redis le bonheur absolu que je ressens à chacune de ses expos.

- Avez-vous vu la dernière?
- Oui, je l’ai adorée! J’espère la revoir avant le décrochage…
- Et savez-vous quelle sera la suivante?
- Bien sûr: Monet! Mon peintre préféré. J’ai vu la rétrospective qui lui a été consacrée à Paris. Comme vous, j’imagine. J’attends le mois de juin avec impatience pour le voir à Martigny.
- A Paris, ils avaient peu de tableaux de Giverny. Nous en aurons beaucoup, vous verrez. Passez me voir à la Fondation, je vous montrerai la maquette de l’exposition.

Je suis aux anges… la maquette de l’exposition Monet!!!
Je donnerais beaucoup pour trouver un moment pour y aller!
Et je ferai tout pour cela!

- Que faites-vous, le 14?
- Le 14 avril?
- Oui. Je vous invite à venir écouter le concert violon piano de Joshua Bell et Sam Haywood à la Fondation. Deux invitations à votre nom vous attendront dans l’entrée. Et venez me voir: j’ai tendance à oublier les visages.

Lorsque je raccroche, je suis en lévitation.

J’imagine que la population de Martigny, qui a l’habitude de travailler avec lui et de croiser Léonard Gianadda, a l’habitude de sa présence.
Mais je sais aussi que la rayonnance culturelle qu’il apporte à la ville, au canton du Valais et à la Romandie en général depuis des années, marquera à jamais l’histoire de la région.
Dans le monde de l’art, que ce soit en France, en Suisse, en Allemagne, en Espagne ou ailleurs, j’ai pu m’en rendre compte: tout le monde sait qui est Léonard Gianadda.

Je ne suis pas une midinette.
Mais j’ai une chance infinie…

Martine Bernier

Giverny: au coeur des tableaux… Les jardins (Deuxième partie)

8 octobre, 2010

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(Toutes les photos de cette page sont signées Thierry Leroy)

Des jardins de Monet, ceux qui les visitent connaissent la beauté luxuriante ou discrète selon l’endroit où ils se trouvent.
L’envers du décor est nettement moins connu.
Pour le découvrir, une seule solution: s’adresser à ceux qui y travaillent toute l’année, dans l’ombre.
Parmi eux, le maître d’oeuvre des jardins s’appelle Gilbert Vahé, chef jardinier.
Depuis 35 ans, avec son équipe, il consacre son temps, son énergie et sa créativité à rendre ses lettres de noblesse aux jardins de l’artiste.
Lorsque les fils de ce dernier, Michel Monet, est décédé en 1966, sans descendance, la maison et les biens qu’il tenait de son père ont été légués à L’Académie des Beaux-Arts.
La maison et les jardins étaient à l’abandon, en piteux état.
Il a fallu l’intervention d’un homme, Gérald Van der Kemp, Conservateur en Chef du Château de Versailles et Membre de l’Académie des Beaux-Arts, pour que le site reprenne vie.
Lorsque lui a été confiée la mission de restaurer les lieux, cet homme énergique, fin et cultivé a fait appel à Gilbert Vahé, en 1976.
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« Claude Monet était mort depuis à peine 50 ans lorsque nous avons débuté la restauration du jardin, explique-t-il. Nous avons obtenu des informations par ses enfants et par la famille Hoschedé-Monet sur la composition du jardin, sa structure etc. Et nous avons recherché les plantes qui y poussaient alors. Monet adorait la lumière. Dans son Clos Normand, qui est le nom du jardin en face de la maison, il a voulu un environnement très naturel. Nous avons retrouvé la « Belle Vichisoise », une rose d’autrefois qu’il aimait beaucoup et qui grimpait jusque dans les arbres. Je l’ai retrouvée complètement par hasard, chez un ami. Depuis, elle est replantée et fleurit à nouveau dans le jardin. Nous avons respecté la structure initiale du jardin comme Monet l’avait souhaité, avec une multitude de massifs séparés par de petites allées, et trois pelouses plantées de milliers de bulbes, de vivaces, d’arbres à fleurs. »
annivalexdiverssept2010482.jpgCette véritable palette de peinture qui change de couleurs et d’ambiance au fil des saisons est la première partie du domaine de Monet.
Plus loin, lorsque l’on franchit le passage souterrain, le jardin d’eau réserve une atmosphère toute différente, et a demandé un énorme travail de rénovation.
En 1976, il a fallu relever la glycine, reconstruire l’étang et redessiner les berges que les rat avaient beaucoup abîmées.
Les promeneurs qui découvrent le pont japonais, star de plusieurs tableaux phares du peintre, ignorent souvent qu’il ne s’agit pas de l’original, effondré depuis longtemps, mais bien de la troisième version du pont.
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Les nymphéas qui ont été rendus mythiques à travers les tableaux ont eux aussi une histoire que raconte Gilbert Vahé:

« A l’époque, le nymphéa rustique n’existait qu’en blanc. Et puis un jour, en Suède, est arrivé un spore de nymphéa rouge. Ca a été un événement international.
Un Français de la région a crée un hybride de cette fleur et l’a présenté à l’Exposition Universelle.
Ca a été un scoop repris dans tous les médias. Et Monet se l’est procuré…
Depuis, nous l’avons racheté chez le même fournisseur, chez Latour Marliac, et les nymphéas roses fleurissent à nouveau sur l’étang. »

Le jardinier a eu moins de chance avec l’Etoile de Digoin, qui existait dans le Clos Normand à l’époque de Monet.
Il recherche ce dahlia depuis 35 ans sans succès et craint que cette variété soit éteinte…

La fin de l’automne signe la fermeture de Giverny au public.
Celui-ci l’ignore, mais commence alors une période de travail intense au cours de laquelle le Clos Normand est entièrement refait pour l’hiver, puis replanté pour que le printemps le redécouvre dans son exubérante floraison.
Et c’est ainsi, grâce à ces artistes jardiniers, que durant les trois quarts de l’année, Giverny reste un enchantement.
Monet aurait aimé…

Martine Bernier

Giverny: au coeur des tableaux… (Première partie)

4 octobre, 2010

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(Toutes les photos de cette pages sont signées Thierry Leroy, que je remercie au passage.)

Claude Monet est mort en 1926.
Même en remuant ciel et terre, je ne pourrai donc jamais le rencontrer.
En revanche, je caressais depuis longtemps l’envie de visiter sa demeure, ces jardins qui lui ont inspiré certains de ses plus beaux tableaux.
Envie de consacrer un ou plusieurs articles à ce lieu totalement magique à mes yeux.
C’est aujourd’hui chose faite…

Vu l’ampleur de mon attente, je risquais d’être déçue.
Je ne l’ai pas été, pour de multiples raisons.

A mes yeux, la visite de Giverny commence avant même de pénétrer dans le sanctuaire.
Juste en face, le restaurant « Les Nymphéas », installé dans une ferme qui existait déjà du temps de Monet, est un passage obligé.
La délicieuse décoration de campagne normande de la terrasse, le cadre fleuri, la gentillesse de Jean-Pierre, qui y travaille depuis 25 ans, et, paraît-il, des gérants que je n’ai pas croisés ce jour-là, font le charme de l’endroit.

On ne dira jamais assez que pour visiter le repaire de Monet, mieux vaut se présenter dès l’ouverture à l’entrée, pour éviter les cars de touristes.
Le blanc-seing que représente ma carte de presse nous a permis d’aborder les lieux de manière totalement privilégiée.
Et d’apprécier la disponibilité d’un personnel qui garde le sourire alors qu’il voit défiler plus de 400’000 visiteurs par année…

Pour les visiteurs, le périple commence par la maison.
Une chaleureuse maison rose aux volets vert, « Le Pressoir », que Monet a louée le 3 mai 1883.
Vous y entrez dans l’intimité du couple Monet.
En tendant l’oreille, vous entendriez presque les galopades des huit enfants de la famille dévalant l’escalier.
La première émotion intervient dans le salon-atelier.
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Jusqu’en 1899, c’est là que Monet a travaillé avant d’aménager son deuxième atelier, plus grand, dans un bâtiment extérieur.
La pièce est alors devenue un salon aujourd’hui décoré de copies des toiles du Maître et de photos.
A l’étage, dans les appartements privés, les murs des chambres étaient à l’époque couverts de tableaux.
Cézanne, Manet, Degas, Corot, Renoir et tant d’autres…
Et partout, au rez-de-chaussée comme à l’étage, de magnifiques estampes japonaises dont Monet était collectionneur averti, comme le fut son ami Clémenceau.
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L’artiste était un peintre de génie, ce n’est un secret pour personne.
Son apport à la peinture a été révolutionnaire.
L’autre oeuvre de cet homme fascinant était… son jardin.
Au fil des années, il en a aménagé deux dans le prolongement de sa maison.
Le premier, « Le Clos Normand », est un jardin « naturel », où une abondance de fleurs de toutes les couleurs et de toutes espèces foisonnent.
Il est exubérant, changeant de visage et de teintes en fonction des saisons.
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Au fond du Clos, il faut suivre un petit parcours fléchés et emprunter un passage souterrain pour arriver dans un autre monde: le jardin d’eau.
Le paradis…
Ici sont nés les tableaux consacrés aux nymphéas, au pont japonais qui trône par-dessus la rivière.
Ce jardin, Monet l’a rêvé, l’a voulu dès son arrivée.
Il lui a fallu dix ans pour le réaliser.
Monet était attiré, obsédé par la présence de l’eau.
A l’époque, certains habitants du village ont refusé le projet d’extension du jardin, le bloquant aussi longtemps qu’ils l’ont pu.
Mais Monet a fini par venir à bout des tracasseries administratives.
Aujourd’hui, le site est féerique.
Le bassin et ses barques, la forêt de bambou, la glycine, la végétation abondante, les trois ponts, les nymphéas posés sur des miroirs d’eau…
Et l’ombre de Monet qui plane sur chaque chemin…

L’émotion prise en plein coeur lors de cette visite s’est prolongée par une rencontre très particulière.
Avant que les portes de la demeure de l’artiste ne se referment sur nous, nous ont été livrés certains des secrets des jardins, détenus par un homme: Gilbert Vahé, jardinier responsable des jardins de la maison de Giverny, où il travaille depuis 35 ans.
Cet entretien fera l’objet d’un deuxième article.
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Martine Bernier

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