Archive pour la catégorie 'Culture'

Les nouveaux mots du Larousse 2011

13 juin, 2010

A quelle sauce le Larousse 2011 va-t-il nous manger?
Chaque année, les nouveaux mots ont le don de provoquer des réactions.
Pourquoi?
Vous allez voir…
Parmi les 150 nouveaux mots, j’en ai classés quelques-uns en catégories, histoire de nous offrir un petit tour d’horizon:

- Ceux qui cherchent la petite bête:

Autoentrepreneur ou autoentrepreneuse
Outre le fait que le « neuse » me rend toujours aussi perplexe (Dieu que c’est laid… je préférais « femme entrepreneur », au risque de vexer les féministes pures et dures), le « auto » est intriguant. Voici donc la définition de la chose: « Personne qui crée son entreprise, grâce à un régime juridique simplifié, pour exercer une activité professionnelle indépendante, à titre principal ou complémentaire. »
Voilà voilà…

- Les exotiques

Batucada
C’est sautillant et aussi joyeux qu’un rutabaga, avec tous ces « a » en pagaille…
Mais qu’est-ce que c’est? « n.f. (mot port. du Brésil, battement). Musique inspirée de la samba et exécutée par un ensemble d’instruments à percussion. »

- Ceux qui sont au goût du jour

Mamavirus
Non, il ne s’agit pas d’une chanson de Nicoletta, mais d’un virus géant à ADN…

Saladerie
A force de les voir ouvrir à tous les coins de rues, il fallait bien donner un nom à ces « Etablissement de restauration rapide où l’on sert des salades variées. » C’est chose faite.

Locavore
Ne rêvez pas d’un animal à grandes dents sorti des profondeurs sous-marines.
Le locavore ‘nom ET adjectif » est une « personne qui décide de ne consommer que des fruits et des légumes locaux et de saison pour contribuer au développement durable. »

- Les bizarroïdes

Métrosexuel
Vous pensiez à un métro transformé en lupanar? Tsss… Il s’agit en fait d’un « Homme généralement citadin et trentenaire, qui prend soin de son corps et de sa tenur vestimentaire. »
Je préférais « dandy »… mais bon…

Rajouter, en vrac, les footeux, scapbooking, fashionista, nerd (pas beau n’est§ce pas? Il désigne un marginal animé par une passion originale), biogaz… il ne sont pas très mélodieux, les nouveaux mots. Ah si… « chocolatine » est chantante…

- Personnalités

Bienvenue à Françoise Hardy, qui fait son entrée dans le dictionnaire par la grande porte des noms propres, comme Sabine Azéma, Line Renaud (qui aurait pu y entrer plus tôt…), Guy Bedos (ce qui tendance à me réjouir!!!), Philippe Geluck, Sean Penn, Pénélope Cruz, Dominique Blanc, Daniel Cohn-Bendit, Georges Papandréou, Jean-Loup Dabadie et Michel Houellebecq notamment.

Martine Bernier

Mon Histoire de France expliquée à Martine. 1. Napoléon

3 février, 2009

images8.jpeg
Si vous saviez comme il est parfois difficile, dès le petit déjeuner, de répondre à une question intelligente sur un sujet compliqué…
Martine a souvent des questions intelligentes et je ne suis pas du matin !

Donc, un jour, débat passionné autour de Napoléon. Son avis : despote tyrannique qui a ruiné la France (caricature à peine).
Venant de finir pour la xième fois les mémoires de Constant, le premier valet de chambre de l’Empereur jusqu’en 1814, j’entre dans le sujet.

Comme d’habitude, j’aime planter le décor. Napoléon est né en 1769, sous Louis XV, fils de petits nobles corses. Il a grandit dans les écoles du Roi où on lui rappelait assez souvent son origine modeste. Il était l’un des meilleurs élèves de ces écoles en mathématiques. Il se préparait donc à une carrière dans l’armée et plus précisément dans l’artillerie vu que son rang ne permettait pas vraiment des armes plus prestigieuses.

La France de l’époque était un des pays d’Europe les plus peuplés, essentiellement rural, avec un système monarchique qui commençait à devenir obsolète, un pouvoir central relayé sur le terrain par des nobliots plus ou moins compétents.

Donc, arrive Louis XVI dont on connait la fin et la révolution.

Travaux pratiques, nous allons déjeuner à coté du Procope, café célèbre de Paris derrière la ruelle où habitait Marat et au bout de laquelle était le logement de Danton.
Je la laisse imaginer la foule dans cette ruelle demandant le changement et voulant tout détruire et couper les têtes qui dépassent, le propre des révoltions.

La révolution a tellement bien fonctionné que tout le système politique s’est écroulé. L’élite de la nation a, soit émigrée, soit a été raccourcie par l’invention du Docteur Guillotin.
Le pays était aux mains d’une poignée d’extrémistes dont l’ambition était de tout détruire pour un monde meilleur. Ils ont réussi la première partie, le souci c’est la deuxième.

Le monde entier était contre la France. La peur de voir cette révolte se propager ou le moyen de restaurer un ordre ancien.
Nos politiques avaient besoin de propagande, d’une icône et voilà notre Bonaparte, jeune, talentueux, victorieux en bataille et novice en politique. La nouvelle idole des jeunes !

Ce que n’avaient pas prévu les régnants de l’époque, c’est que le Bonaparte était bougrement intelligent, rêvait de prendre une revanche contre le système depuis Brienne et avait une ambition et des idées pour reconstruire le pays.

Ainsi (je la fais courte) il prit le pouvoir avec les méthodes propres au système de l’époque. Comprenant vite que le moyen de remettre de l’ordre dans le pays devait repasser par un état centralisateur. Il nomme des Préfets, écrit un code civil et met les bases d’un système juridique qui est encore en vigueur dans de nombreux pays aujourd’hui. Il créé l’institut, les lycées, le baccalauréat. Entreprend de grands travaux, des ports, des routes. Il pousse à la recherche (la betterave à sucre…), rétablit la religion, et recrée un système politique visible avec des cadres qu’il tient (ou presque) à coup de titres, crée la banque de France, j’en passe et des meilleures.

Bien sur, il y a le volet militaire… Là je vois l’œil de Martine qui s’assombrit. Donc direction les Invalides.
Il faut comprendre que la France est isolée dans un monde hostile, la création de l’Empire ayant un peu calmé les autres souverains mais ça n’a pas duré longtemps. L’Angleterre craignait pour sa suprématie maritime et ses colonies, les états de l’Est pour leurs souverainetés et le risque de contagion vers des monarchies constitutionnelles. Bref, pour des raisons différentes, toute l’Europe voulait détruire la France et son dirigeant.

Bien sûr, aujourd’hui on regarde le nombre de morts, la boucherie des batailles. Avec l’œil de l’époque, le peuple était fier de voir un pays qui redevenait fort, en conquête, avec une vision de l’avenir. Et cela permettait à l’Empereur de « placer » des membres de confiance dans ses conquêtes tout en mettant en place son système de gestion politique qui contrôlait tout ça.

Il a commis des erreurs, comment ne pas en commettre dans cette époque. Surtout qu’il est assez facile de juger avec quelques années de recul… Mais il a permis de reconstruire un pays qui était tombé dans des mains d’extrémistes et d’anarchistes de tous poils.

Nous arrivons aux Invalides. Comment un dictateur pourrait il être encore ainsi vénéré ?
Le tombeau est là dans sa crypte, entouré des noms de batailles et d’institutions, dans le prolongement, une niche abrite une dalle sous laquelle est son fils.

Il a été l’objet d’attaques et de dévotions bien après sa mort et il a même été un objet politique.

Le retour des cendres, en 1840, pas vraiment un hasard, dans un contexte politique qui recommençait à être agité. Cent ans plus tard, l’occupant allemand organise le retour des cendres de son fils, encore un geste politique.

Nous finissons ce cours d’histoire « à ma façon » sur un banc devant les Invalides. Je nargue un bus de touristes Belges qui débarquent au pas de charge, prennent une photo et vont sûrement filer vers Montmartre.

Nous sommes bien, seuls au monde au milieu de cette foule. Je ne suis pas sûr de l’avoir convaincue mais au moins j’espère lui avoir montré cette période sous un nouvel angle sans aucune prétention historique, tout étant une interprétation très personnelle.

Amis lecteurs, lisez les mémoires de Constant, vous verrez cet homme sous un autre angle !

Alain

Demeure d’Alexandre Dumas: Le château de Monte-Cristo

1 février, 2009

images.jpeg


Spectaculaire et extravagante, l’ancienne demeure de l’écrivain Alexandre Dumas Père mérite le détour. Visite dans l’univers du génial créateur.

Dans les Yvelines, à Port-Marly, à une cinquantaine de kilomètres de Paris, se trouve l’un des châteaux les plus insolites qui soient, tout entier construit selon la démesure et à la gloire de son premier propriétaire: Alexandre Dumas Père.
Dumas était un personnage généreux, très expansif . Il l’a fait construire pour pouvoir recevoir les très nombreuses personnes qui venaient le voir. Et son univers était assez extravagant pour attirer du monde…
C’est en 1844, alors qu’il vient de faire fortune avec son livre « Les Trois Mousquetaires », que l’écrivain acquiert la propriété de trois hectares. A l’époque moins boisée, on peut y voir la Seine en contrebas. Il décide l’an suivant d’y faire construire un château de style Renaissance qu’il baptise aussitôt « le Château de Monte-Cristo ». Celui-ci est inauguré en 1847… et revendu un an plus tard, tandis que son propriétaire est ruiné.
Aujourd’hui, la demeure est nichée au bas d’un parc où ont été reconstituées les petites grottes et les cascades voulues par l’auteur. On y accède par un théâtre de verdure, où rocailles et bassins voisinent avec le jardin d’Haydée, petit labyrinthe de verdure.
En arrivant devant le château, le premier choc provient des façades. Entièrement sculptées, elles sont couvertes de motifs floraux, d’anges, d’instruments de musiques, et de portraits en médaillons de grands écrivains. Y figure également la devise de Dumas: « J’aime qui m’aime »… et un portrait de lui, à la place d’honneur, juste au-dessus de l’entrée. C’était un homme assez mégalomane. Il a d’ailleurs été très caricaturé, comme en témoigne la collection de dessins d’époque que nous avons réunie.

Lorsque trop d’invités fréquentaient sa somptueuse maison, Dumas partait se réfugier dans son cabinet de travail pour y écrire. Celui-ci, bâti un peu plus haut, dans le jardin, est aussi étonnant que le logis principal. Petit pavillon néogothique répondant au nom de « Château d’If », il est entouré de douves et se veut une réduction du paradis terrestre. D’autres styles architecturaux s’y confondent. On y retrouve ainsi des accointances avec les chalets suisses et les maisons normandes…
Ici encore, des bas-reliefs ornent les façades, évoquant des personnages et 88 titres de romans de Dumas. À l’entrée, un chien de pierre endormi dans sa niche semblent toujours veiller sur la tranquillité de son maître. Car Dumas adorait les animaux. Il en possédait beaucoup. Parmi eux, il y avait des chiens, des chats, une grande volière, des singes et un vautour, « Jugurtha », aussitôt rebaptisé « Diogène » parce qu’il vivait dans un tonneau! Il a pendu la crémaillère en 1847. Il avait invité cinquante personnes… et six cents sont venues.

CHAMBRE ORIENTALE

Si vous visitez le Château de Monte-Cristo, n’espérez pas y retrouver intact le décor d’origine. Le cabinet de travail comme le château ont été vidés de leurs meubles luxueux et de leurs œuvres d’art au fil du temps et des changements de propriétaires. Mais la perle du château, elle, est toujours là. Celle-ci se trouve à l’étage où Dumas a fait construire « le salon mauresque ».
À l’époque, il a fait venir en France deux artisans tunisiens, un père et son fils, attachés au Bey de Tunis.. Il leur a demandé de réaliser cette chambre qui est un véritable chef-d’oeuvre. Elle a été restaurée en 1985, grâce au roi Hassan II du Maroc.
La pièce, raffinée et parfaitement insolite, semble sortie d’un conte des Mille et une Nuits. Les murs sont en dentelle finement sculptées d’arabesques et de motifs floraux, misent en valeur par la lumière colorée des vitraux.
Partout dans le château aujourd’hui transformé en musée, des expositions retracent la vie de Dumas, son caractère et son œuvre. Homme à femmes, il a eu deux enfants. Un fils, Alexandre Dumas fils, auteur de « La Dame aux Camélias », et une fille, Marie.

En 1969, l’impensable se produit. Le château, terni et abîmé par le manque d’entretien, est promis à la démolition. Aussitôt se crée, en 1971, l’Association des Amis d’Alexandre Dumas, sur l’impulsion de l’historien Alain Decaux. C’est grâce à eux que l’opinion publique sera alertée et que la propriété sera sauvée. Aujourd’hui classé monument historique et racheté par un Syndicat intercommunal composé de quatre communes, le château de Monte Cristo ne craint plus l’avenir. Il a d’ailleurs bénéficié de travaux de restauration d’envergure, menés avec respect et précaution.

SEJOUR POST-MORTEM

Si Dumas n’a vécu que peu de temps dans sa demeure, il y est revenu bien après sa mort. Le 30 novembre 2002, les cendres de l’écrivain doivent entrer au Panthéon. Exhumé du cimetière de Villers Cotterêts, sa ville natale, dans lequel il repose depuis 1872, Alexandre Dumas est remis en bière et part pour un ultime voyage. Le 29 novembre, il revient dans son château, pour y passer les dernières heures précédant son entrée au Panthéon. Reçu par les autorités locales, il est veillé tandis que sa vie et son œuvre revivent à travers la lecture de ses textes, lus par des artistes. Le lendemain, c’est entouré des quatre mousquetaires qu’il quittera sa maison, passant devant une haie d’honneur formée de gardes républicains. Définitivement cette fois.

Martine Bernier

Monte-Cristo pratique

Horaires d’ouverture: Du 1er avril au 1er novembre inclus: ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10 à 12h30 et de 14 à 18 heures.
Du 2 novembre au 31 mars: ouvert uniquement le dimanche, de 14 à 17 heures.
Renseignements: 0041 1 39 16 49 49
Adresse: Château de Monte-Cristo, Pavillon d’accueil, accès commun à la Clinique de l’Europe, Port-Marly.

Quand Elsa aimait Aragon…

23 janvier, 2009

tombearagonetelsa.jpg

A cinquante kilomètres de Paris, à St-Arnoult-en-Yvelines, existe un lieu serein, hors du temps: le Moulin de Villeneuve, de Louis Aragon et d’Elsa Triolet. Leur histoire s’y déroule sous nos yeux, comme s’ils venaient de quitter ces lieux où ils ont été heureux.

De la fenêtre de son bureau, Elsa Triolet pouvait voir l’endroit où elle souhaitait être enterrée avec son mari, Louis Aragon, après leur mort, entre deux hêtres. Aujourd’hui, les hêtres ont disparu. Mais le couple repose dans le parc de son Moulin de Villeneuve, sur un tertre, dans une atmosphère harmonieuse où résonne, en continu, la Sarabande de Bach, interprétée par Rostropovitch, ami d’Elsa. Cette même Sarabande qu’il a réellement jouée sur sa tombe, un soir de décembre 1970.

Une cascade dans le salon

Les lieux se visitent, sans nostalgie ni tristesse. Dans la demeure des deux écrivains, ancien moulin à eau du XVIIIe siècle, rien n’a bougé. La cravate mauve du poète est toujours négligemment accrochée là où il l’a posée, sur une bibliothèque. Les objets, les livres qui les ont accompagnés reflètent la richesse de leur vie, la douceur de leur amour. Guidés par des passionnés du lieu, on y découvre les traces de leurs amis (Picasso, Eluard, Neruda, Breton…). L’un de ces guides, François Friquet, assistant de promotion du Moulin, connaît tout de l’histoire du couple. Il enrichit la visite d’anecdotes croustillantes, très révélatrice de l’humour du couple. En ouvrant une armoire, il annonce: »Vous allez voir ici ce qu’Aragon appelait les “somnifères d’Elsa”… il s’agit en fait de la collection complète des romans de la Série Noire ».
Dans la maison résonne un fond sonore permanent: la cascade des eaux du moulin passe toujours derrière la vitre de l’œil-de-bœuf, dans le grand salon. Ne manque que la présence des maîtres de maison, que l’on s’attend à voir surgir à chaque instant.
Une présence que François Friquet ranime en expliquant: « Dans ce salon se déroulait le « petit opéra d’Aragon ». Il ne pouvait s’empêcher, lorsqu’il avait des amis, de se lever, et de raconter ce qu’il pensait sur tous les sujets possibles. Au bout d’un moment, plus personne ne l’écoutait. Alors, il se levait, ouvrait les vannes et revenait en ayant l’attention de chacun! ».

Six hectares de rêve

Ce lieu profondément romantique, n’est pas un lieu “mort”. Après sa disparition, qui a suivi de 12 ans celle de sa compagne, Aragon a légué l’endroit à l’Etat français. Avec, comme unique condition, qu’il devienne un lieu vivant. Après sa mort, une association a donc été créée, et le Moulin est aujourd’hui non seulement un musée, mais aussi un lieu de création et de recherche, ou l’Art est représenté à travers une saison culturelle proposant des expositions et des concerts.
La magie qui règne dans la maison se retrouve dans le parc de près de six hectares. Le moulin se trouve en bordure du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. A son image, le jardin permet une promenade à travers les prairies et les bois. Le moulin de Villeneuve est resté en activité jusqu’en 1900. Cinquante et un ans plus tard, Aragon l’a offert à Elsa. Tout d’eux venaient s’y réfugier lorsqu’ils avaient besoin de solitude. Ce parc qui les a inspirés dans leurs écrits, offre un paysage de sous-bois, de clairières et de prairies humides.

Des artistes au jardin

Pendant qu’Elsa dessinait des plans, donnait des noms aux allées, choisissait et plantait fleurs et arbustes, Aragon tentait de venir peu à peu à bout d’une nature expansive. De récents travaux, en harmonie avec l’esprit des lieux, permettent de varier les promenades, grâce à l’aménagement d’un sentier et de passerelles sur les cours d’eau. Les hôtes des lieux accèdent ainsi à l’ensemble du bois central et au « jardin d’Elsa « , découvrant au passage de nouvelles plantations de rhododendrons, de camélias ou d’hellébores. Durant l’été le parc accueille une exposition de sculptures contemporaines monumentales. Chacun se voit proposer des lectures au fil de promenades, des découvertes du parc en compagnie d’un forestier, d’un paysagiste, ou d’un artiste, des ateliers de peinture.

En sortant de la propriété, les visiteurs ont le sentiment que la visite qu’ils viennent de faire, ils ne l’oublieront pas. C’est dans les allées qu’ils viennent de parcourir que, le 16 juin 1970, le coeur d’Elsa s’est arrêté. Mais depuis leur grand lit de pierre, Louis et Elsa insufflent toujours une sorte de paix bienfaisante aux passants qui viennent les saluer…

EN SAVOIR PLUS
Moulin de Villeneuve, 78730 Saint-Arnoult-en-Yvelines.
Tél. 0033 1 30 41 20 15.
Site: www.maison-triolet-aragon.com
Email: triolet-aragon@wanadoo.fr
Tarif normal: 7 euros. Enfants de moins de 15 ans: gratuit.
Horaire: ouverture les samedis, dimanches et jours fériés de 14 à 18h00. Par et expositions ouverts tous les jours de 14 à 18h00. Fermeture annuelle du 26/11/07 au 2/2/08.

Balzac adoré des Chinois…

22 janvier, 2009

dscn0786.jpg
En automne 1840, lorsqu’Honoré de Balzac a loué la maison de Passy sous une fausse identité pour fuir ses créanciers, la commune était encore un village autonome de Paris. Aujourd’hui, la ville a avancé, et “La Grande Bretèche” se trouve désormais en plein coeur de la capitale. La Maison de Balzac reste l’une des maisons d’écrivains les plus visitées. Pourtant, elle n’a pas de charme particulier. Mais c’est là que l’écrivain a le plus écrit, protégé du monde par des façades discrètes.

Aujourd’hui, Yves Gagneux, directeur des lieux, raconte l’histoire de l’écrivain, dont il est l’un des gardiens de la mémoire. “Durant les sept années qu’il a passées ici, Balzac a vécu très retiré. Il a très peu reçu, hormis quelques intimes dont Théophile Gauthier. Rares étaient ceux qui connaissaient son adresse.”
Décédé à l’âge de 51 ans, cet artiste prolifique, perfectionniste et complexe a laissé une oeuvre encore populaire aujourd’hui, car elle décrit avec précision les mécanismes de la nature humaine. Ses romans présentent une vision sociale sans compromis. Les visiteurs continuent d’affluer dans cette maison pourtant modeste. Parmi eux, beaucoup de Chinois. “Balzac est très populaire en Chine, au Japon et en Russie, relève Yves Gagneux. Les Chinois, particulièrement, se retrouvent dans les personnages de ses romans.”
Lors de la visite de la maison, le public découvre le bureau sur lequel écrivait l’auteur. Parmi les autres objets symboliques de sa vie, la cafetière a joué un rôle prépondérant. “Balzac adorait le café, il lui était indispensable. Mais il le considérait aussi comme une drogue. Il en avait d’ailleurs parlé avec humour dans son “Traité des excitants modernes.”

Autre objet très symbolique: la canne du Dandy Balzac. Avec son pommeau serti de turquoise, elle incarne la richesse et un mauvais-goût parfait. Cela importe peu à l’écrivain, désireux de paraître élégant dans le “grand monde” qu’il fréquente à l’époque. Sa canne fera sensation, y compris à l’étranger, et se verra même consacrer un livre par Delphine Girardin. Mais l’habit ne fait pas le moine… et Balzac reste un homme particulier, un ardent travailleur de l’ombre.
Ce n’est pas un hasard si, sur trois de ses portraits, il apparaît en robe de chambre (sa tenue de travail, lui qui écrivait de nuit), en robe de moine illustrant son travail monacal, et en tenue du travailleur cassant ces cailloux. Pour lui, l’artiste est avant tout un ouvrier consciencieux.
Aujourd’hui, l’écrivain reste l’inventeur du roman moderne, un style auquel il a redonné ses lettres de noblesse. Ce grand explorateur de l’âme humaine aurait pu être de notre siècle, tant son travail est indémodable. Quant à sa maison, elle se visite comme ses livres: en prenant le temps…q

Infos pratiques:
Maison de Balzac 47, rue Raynouard, 75016 Paris. Ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h00. Fermée le lundi et les jours fériés.
Site Internet: http://www.v2asp.paris.fr/musees/balzac/

L’ombre de Juliette… chez Hugo

21 janvier, 2009

hugosalonchinois.jpgEn plein coeur de Paris, le musée Victor Hugo a été installé dans l’appartement qu’a habité l’écrivain. À travers les pièces flotte encore l’ombre du grand homme et de l’amour qu’il vouait à sa maîtresse, Juliette Drouet.

Lorsqu’il ouvrait la fenêtre de son appartement de l’Hôtel Rohan Guéménée, Victor Hugo découvrait la Place Royale, aujourd’hui rebaptisée “Place des Vosges”, l’une des plus belles de Paris. Dans cette maison cossue, transformée en musée en 1902, pour le centenaire de l’écrivain, Victor Hugo s’était installé avec femme et enfants, alors qu’il avait trente ans, occupant un appartement de 180 m2. Il y est resté durant seize ans, ne le quittant que pour partir en exil. Mais c’est ici qu’il a écrit, toujours debout devant son bureau, des oeuvres majeures.

Comme l’appartement n’appartenait pas à l’artiste, les lieux n’ont évidemment pas pu être conservés en l’état d’origine. C’est donc une reconstitution de pièces que découvrent les visiteurs, évoquant l’oeuvre, le parcours et la vie de l’écrivain. Les espaces de l’appartement ont été redistribués, les couloirs supprimés. Quant aux meubles de Victor Hugo, la plupart ont été vendus aux enchères en 1852 alors que, proscrit, il a dû fuir pour se réfugier à Bruxelles. Pourtant, le musée est touchant… Ses concepteurs se sont attachés à y reconstituer l’atmosphère des lieux et de la vie de l’auteur en installant, dans certaines pièces, des décors issus de la maison de sa maîtresse, l’actrice Juliette Drouet. Comme le salon chinois ou la salle à manger d’inspiration médiévale, venus de Hauteville Fairy, la maison qu’elle a occupée à Jersey, dans la même rue que l’écrivain, alors qu’il était en exil. Partout, les meubles sont nés de l’imagination créatrice d’Hugo. Sur les murs, il écrit et dessine le sentiment profond qu’il porte à sa maîtresse, mêle leurs initiales, peint des motifs rappelant l’évocation de son amour dans certains de ses poèmes…

Dès l’instant où ils se sont rencontrés, en 1833, Victor et Juliette n’ont cessé de s’aimer. Amour coupable? Cela se discute, estiment les historiens. Lorsque l’artiste et son épouse s’installent dans le quartier du Marais, Adèle a déjà donné naissance à cinq enfants. Ses sentiments pour son mari ont évolué. Elle lui ferme la porte de sa chambre, ne l’entrouvant que pour Sainte-Beuve, son ami de coeur. Victor se consolera dans les bras de Juliette qu’il aimera toute sa vie, sans pour autant quitter Adèle. Pour lui, l’actrice acceptera tous les sacrifices. Contrairement à lui, elle lui sera fidèle durant cinquante ans. Mais lorsque Juliette mourut, Victor écrivit: « Sur ma tombe on mettra, comme ma grande gloire. Le souvenir profond, adoré, combattu d’un amour qui fut faute et qui devint vertu ».

en savoir plus
Hôtel de Rohan-Guéménée 6, place des Vosges 75004 Paris
Tél. : 01 42 72 10 16 Fax. : 01 42 72 06 64
Email : maisonsvictorhugo@paris.fr
Ouvert de 10h à 18h du mardi au dimanche sauf lundis et jours fériés.