Archive pour la catégorie 'Paris'

Les dessous de la Tour Eiffel

6 avril, 2011

Ah, cette Tour…
Avez-vous remarqué que lorsque vous parlez de Paris, automatiquement, quelqu’un cite la Tour Eiffel?
Tout le monde la connaît.
On connaît un peu moins ses dessous, ses petites histoires…
Ainsi, par exemple, nous l’avons échappé belle: elle a failli s’appeler, à quelques années près, la Tour Boenickhausen.
Ce qui aurait manqué de chic parisien…

En 1710, un tapissier allemand, Jean-René Boenickhausen, est venu s’installer à Paris, dans le Marais.
Ses clients avaient tellement de mal à retenir son nom qu’il y a ajouté celui d’Eiffel, en souvenir de sa province natale et du plateau de l’Eiffel, près de Cologne.
Ce nom sera porté par ses descendants et est devenu le seul patronyme familiale en 1879.
Soit dix ans avant l’inauguration de la Tour…

Lorsque Gustave Eiffel, descendant de Jean-René, proposa le dessin de la Tour pour l’Exposition commémorant le centenaire de la Révolution française, le plan déclencha un tollé gigantesque qui prit, au fil des mois, des proportions insoupçonnables.
Une pétition, signée par 300 personnalités de l’époque, fut adressée au ministre et publiée dans la presse.
Elle disait ceci:

« Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire française menacés, contre l’érection en plein centre de notre capital de cette inutile et monstrueuse Tour Eiffel.
La ville de Paris va-t-elle s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer? »

Chacun y allait de sa tirade pour fustiger la Tour.
J.K. Huysmans l’a qualifiée de « suppositoire solitaire, de hideux pylône à grilles, de volière horrible, de chandelier creux. »
Verlaine a dit d’elle qu’elle était un « squelette de beffroi »

Ce qui n’a pas empêché la Tour de s’élever stoïquement.
Elle a coûté 7 799 401 francs de l’époque.
Pendant les six mois de l’Exposition, elle a reçu la visite de plus de 3,5 millions de passants, qui rapportèrent pratiquement de quoi couvrir le prix de revient.
La Tour a toujours été une affaire rentable…

En 1914, elle a été mobilisée pour être utilisée dans les transmissions.
Elle n’a pas que des qualités, notez.
On s’y suicide beaucoup en se jetant dans la vide, même si le premier décès volontaire qu’elle a connu a eu lieu… par pendaidon.
En 1964, une inconnue baptisée Christiane enjamba la rambarde… et atterrit sur le toit d’une Dauphine qui amortit le choc et lui sauva la vie.

Depuis sa naissance, la Tour a grandi, a maigri, fait sa toilette tous les sept ans.

Tout le monde ou presque l’aime, a oublié l’indignation qu’a suscité sa construction.
Notez que depuis… Paris a accueilli Beaubourg.

Martine Bernier

Le Pavillon Elysée Lenôtre

31 janvier, 2010

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Le Pavillon Elysée Lenôtre ne se présente plus, précédé d’une réputation internationale.
Et pourtant, le découvrir ou le redécouvrir est un plaisir… alors pourquoi ne pas le dire?

C’est un endroit raffiné, chargé d’Histoire et pour cause: il a été créé en 1900 pour l’exposition universelle, face au Grand Palais.
Raison pour laquelle l’architecture du Pavillon, à Paris, mérite à elle seule le déplacement.
Lieu réputé, chic et design, remis au goût du jour en 2003, il est voué aux plaisirs et à l’Art de la table.
Ce lieu particulier situé au bas des Champs-Elysées dans un écrin de verdure et de calme, accueille une Ecole de Cuisine et Pâtisserie ouverte aux adultes comme aux enfants, un Café Lenôtre, un comptoir culinaire et des salons de réception…

Voilà pour la partie officielle.

De manière plus pratique, l’expérience d’un repas chez Lenôtre est un petit bonheur.
Dès l’entrée, les clients sont accueillis. Et la qualité du service ne faiblit pas une fois entrés dans la salle.
Les verrières rendent l’endroit très clair, l’ambiances est paisible, le personnel prévenant.
Quant à la cuisine, elle est à la hauteur de la réputation de cet établissement qui se targue d’être, depuis près de 50 ans, le partenaire des plus belles fêtes parisiennes.
La carte est inventive, originale, les plats délicieux, magnifiquement présentés…

Lorsque nous y étions, alors que Jean-Pierre Coffe venait de nous quitter, le maître d’hôtel a tenu à nous faire goûter la spécialité de la maison: les macarons glacés.
Une gourmandise fine et parfaitement réalisée, à la hauteur de la réputation de la maison…

En résumé, le Pavillon cumule les atouts: un site idéal au coeur de l’avenue la plus prisée du monde, un petit bijou d’architecture, un service parfait et, surtout… des artistes en cuisine.

Martine Bernier

Café Lenôtre – Comptoir – Ecole – Salons de réceptions
10 avenue des Champs Elysées – 75008 PARIS
N° tél : 01 42 65 85 10

Musée de la Contrefaçon: au coeur de l’illusion

18 janvier, 2010

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(photo unifab)

En plein cœur de Paris, une porte cochère s’ouvre sur un musée inattendu: celui de la Contrefaçon, destiné à sensibiliser le public à un phénomène en pleine expansion. Créé en 1951 sous la houlette de l’Union des Fabriquants, première association de lutte anti-contrefaçon, il est situé dans une artère au nom prédestiné: la rue de la Faisanderie…

La contrefaçon, véritable fléau en pleine évolution, ne date pas d’hier. Mais selon les époques, elle était punie bien plus sévèrement qu’aujourd’hui. Du temps des Romains, les petits fûtés qui copiaient certains bouchons d’amphore, avaient la main coupé. En France, il a fallu attendre 1857 pour que la contrefaçon ne soit plus considérée comme un crime, mais comme un délit.
Aujourd’hui, elle a pris des proportions telles qu’elle représente un manque à gagner de 200 à 300 millards d’euros par an dans le monde. Ces objets copiés sont réalisés en Chine, pour 60% d’entre eux. Comme le droit international en est encore à ses balbultiements en la matière, le fait de risquer notamment jusqu’à 300 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement n’empêche pas les contrefacteurs de poursuivre leur juteuse activité.
Ce musée passionnant présenté comme une collection, avec l’objet authentique et, en vis-à-vis, sa contrefaçon, dresse un constat inquiétant. A la fin de l’année 2008, les contrôles douaniers ont indiqué que les saisies avaient augmenté de plus de 40%, atteignant 6,5 millions en 2008, hors cigarettes. Et les chiffres ne cessent d’augmenter.

Parmi les objets les plus copiés, les montres et les couteaux suisses figurent en bonne place. Mais aucune gamme d’articles n’est épargnée. Cigarettes, parfums, objets de luxe, vêtements, jouets, denrées alimentaires, cosmétiques, alcool, médicaments, électroménagé, articles électroniques, œuvres d’art, matériel de sport, logiciels etc: tout est copié. U constat affolant si l’on sait que tous ces objets sont de mauvaise qualité, souvent dangereux et sources d’accidents domestiques.
Sur un autre plan, la contrefaçon sacrifie des milliers d’emplois en Europe, et favorise le travail clandestin et celui, inacceptable, des enfants.
Lorsque l’on visite le musée, on y découvre que la meilleure façon de découvrir quel produits est le faux, il suffit de se pencher sur les étiquettes ou les boîtes. Les textes imprimés sur ces dernières sont le plus souvent parsemé de fautes d’othographe. Mieux encore: certains noms de produits comportent des erreurs monumentales. Comme la marque de stylo « Bic » devenue « Big » après copie…
Un petit conseil enfin si vous voulez éviter de vous faire arnaquer: n’achetez les produits de luxe sur Internet que si vous êtes sûrs de passer par le site de la maison mère.
Et si vous souhaitez céder aux sirènes de la contrefaçon en achetant des faux, sachez encore que vous effectuez là un délit douanier. Vos précieux objets peuvent être confisqués et détruits…

Martine Bernier

16, rue de la Faisanderie – 75116 Paris
 
Tel : 01 56 26 14 00

Ouvert : 
du Mardi au Dimanche de 14h à 17h30
Tarifs :
4 €
Groupe : 3 €
Guide : 35 €
( sur réservation du Mardi au Vendredi de 9h30 – 12h30 et 14h -17h30 )
Gratuit : – de 12 ans, journalistes, demandeurs d’emploi 
( justificatifs demandés )

Lui et Paris…

13 janvier, 2010

Ce séjour à Paris avec Lui, je l’attendais et le redoutais tout à la fois.
Des dizaines de questions me trottaient dans la tête.
Nous n’avions jusqu’ici partagé que des moments courts ensemble, rarement en tête-à-tête.
Allait-il supporter mes programmes?
Comment allait-il appréhender mes immersions dans la peinture?
Comment réagirait-il lorsque je me retrouverais en reportage et en interview?
Comment, tout simplement, allait-il me supporter durant ces deux jours et des poussières?

Dès que je l’ai retrouvé, ce sentiment de paix que je ressens lorsqu’il est là est réapparu.
Tout est simple, facile, clair.
Je suis arrivée dans la nuit. Mais avant de rentrer à l’hôtel, il m’a proposé d’aller prendre un verre. Ce qui nous a permis de reprendre le fil de nos échanges. J’ai commencé à le découvrir un peu plus, différemment.
Le lendemain, le premier reportage que j’avais souhaité faire était pour moi un test.
J’avais choisi intentionnellement un sujet qui avait des chances de l’intéresser, où je pourrais le mêler à la conversation. Mais allait-il être réceptif?
Très vite, il a trouvé ses marques, et a, de temps en temps, lancé des remarques dont certaines m’ont mises au bord du fou rire.
Juste avant de nous rendre à ce rendez-vous, il m’avait proposé d’aller au Musée d’Orsay après cette première partie de mon travail. Autant dire que je n’ai pas traîné inutilement…
Orsay, mon bonheur… Retrouver Monet, tous ces peintres que j’aime…

Avant de pénétrer dans ce sanctuaire, je lui ai juste donné deux ou trois clés pour qu’il puisse découvrir plus facilement la peinture de ces trois derniers siècles.
A l’entrée, il m’a confié que c’était la première fois qu’il mettait le nez dans un musée d’Art. Pression supplémentaire pour moi… Je ne voulais surtout pas qu’il s’y ennuie.
Je lui ai proposé de commencer par le plus difficile, l’exposition de James Ensor, pour ensuite nous rendre vers ce qui, à mon sens, représente la période la plus douce de la peinture, vers ce qui a représenté un tournant majeur: l’Impressionnisme.
Il a découvert l’étrange univers d’Ensor sans ciller, un peu surpris, mais amusé. Je n’avais pas envie qu’il n’en retienne que le côté un peu fou… Je lui ai montré la lumière qui jaillit de ces toiles…
Delacroix et ses collègues contemporains ont permis la transition avec l’exposition consacrée notamment à Van Gogh. C’est là que, pour moi, l’émerveillement a commencé.
Il est tombé en arrêt devant mes toiles préférées, sans que j’aie eu besoin de les lui indiquer. Je lui avais parlé de Monet, de Signac, de tous ceux qui peuplent mon monde.
Il aimait vraiment… cela se voyait.
Le voir craquer très exactement pour « mes » tableaux m’a apporté un réel bonheur.
Sa sensibilité le porte vers la lumière, la finesse, la légèreté, la grâce.
Parcourir Orsay avec lui a été un pur moment de plaisir.
En sortant, il plaisantait sur sa toute fraîche culture de l’Art… il manie l’autodérision avec un assez joli talent!
Mais la journée n’était pas finie…
Nous avons dîné en face du Théâtre de la Renaissance où j’avais réservé des places pour le spectacle de Michèle Bernier. Pendant le repas, nous étions complices, et nous sommes arrivés de très bonne humeur dans la salle du théâtre. En matière d’humoristes, nous avons également les mêmes goûts. Après avoir escaladé les quatre étages qui nous séparaient de la galerie, nous nous sommes dirigés vers nos places. Et là, autre moment insolite: entre les sièges et la rembarde de la galerie, il devait y avoir environ 30 ou 40 centimètres. Tenter de caser un homme d’1,92 mètre, même assis, dans un espace aussi réduit tient du miracle. Il a stoïquement supporté tout le spectacle très inconfortablement installé. Mais l’artiste était si drôle et si touchante que nous avons adoré… C’était une connivence que je ne suis pas prête d’oublier.

Le lendemain, j’avais l’interview majeure de mon séjour, puisque je retrouvais Jean-Pierre Coffe, pour qui j’ai une réelle tendresse. La veille au soir, mon compagnon d’aventure m’a proposé de passer la matinée de ce mercredi au Louvre. Le Louvre… Je ne l’avais pas revu depuis 25 ans. Plusieurs fois j’ai failli y retourner au cours de ces dernières années, mais cela ne s’est pas fait.
J’étais très touchée qu’il m’invite à me rendre dans ce temple de la culture avec lui. Clairement pour me faire plaisir.
Nous y sommes donc allés. Et là encore, j’ai eu quelques moments d’amusement pur. Notamment en le voyant, tout seul, immense, au milieu d’un troupeau de jeunes japonais qu’il dépassait largement d’une bonne trentaine de centimètres…

Au Louvre, nous avons parcouru des kilomètres de galeries en nous fixant sur quelques grands classiques et sur l’histoire des civilisations. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que voir la Joconde sous verre et aussi surveillée (ce qui est d’ailleurs parfaitement logique), ne rend pas possible une approche véritable du tableau. Il a snobé la Vénus de Milo, lui préférant Athena. A compris mon amour pour l’Art Etrusque, a craqué comme moi pour une statue de l’Ile de Pâques et pour un petit tableau de la Renaissance italienne, et a traversé sans broncher des labyrinthes de galeries pour voir ce que je désirais lui montrer: le fameux Scribe agenouillé égyptien.
Sachant qu’un petit souci de santé m’a un peu brouillée avec les escaliers, il partait en estafette, discrètement, pour trouver des ascenseurs. De la gentillesse pure…

Nous sommes arrivés à notre rendez-vous un peu avant notre hôte, dans un établissement parisien très réputé. Chaque étape marquante de notre voyage fera l’objet d’un article individuel. Mais ici, je ne parlerai que de ce qui est typiquement lié à Lui.
Lorsque Jean-Pierre Coffe est arrivé, il m’a embrassée. Notre relation est devenue beaucoup plus chaleureuse que la première fois que nous nous sommes rencontrés.
La conversation a été très belle, intime, spirituelle, douce, tout en gardant le fil professionnel.
Lui, qui n’a pourtant pas l’habitude de rencontrer des célébrités, a été parfaitement naturel, à l’aise. Il n’en a fait ni trop ni trop peu, respectant mon travail avec beaucoup de tact, s’intégrant à la conversation.

J’ai vécu avec et grâce à lui, deux jours parfaits.
J’espère qu’il les a vécus de la même façon…
Il cumule les problèmes, actuellement, dans sa vie.
Mais avec une élégance folle, il le cache sous un sourire, laissant à peine filtrer son exaspération lorsque, vraiment, c’est trop.

Je l’ai déjà dit: il a sa vie, j’ai la mienne.
Je n’ai jamais su, et je ne sais toujours pas pourquoi, dès la première fois où je l’ai rencontré, j’ai compris qu’Il aurait un rôle clé, différent, dans mon existence.
Si l’amitié consiste à se sentir bien, en confiance avec quelqu’un, à aimer partager des choses avec lui en étant sur la même longueur d’ondes, à aimer sa présence, son esprit, sa vision des choses, à oser se parler des sujets les plus profonds, sans crainte, à être heureuse de le retrouver, à aimer le découvrir, voir ses réactions et à s’entendre avec Lui comme larrons en foire, alors, je crois que, au fil de ces derniers mois, Il est devenu mon ami.
Enfin… je crois!
En espérant qu’il pense la même chose.

Martine Bernier

Le Jardin du Luxembourg

1 février, 2009

Dès le début de nous, Paris est devenu notre ville refuge.
La première fois que nous nous y sommes retrouvés, je lui avais demandé de m’emmener sur les chemins de son enfance.

Le Cinquième arrondissement.
Il m’a montré la Sorbonne, le Panthéon, les coins et les recoins de ces rues qu’il a arpentées pendant des années, la maison où il a grandi, la fenêtre depuis laquelle, petit garçon solitaire, il regardait la vie se dérouler dans la rue, sous ses yeux.
Et puis nos pas nous ont dirigés vers le Jardin du Luxembourg.
Moi qui ai toujours refusé les promenades dans les parcs, détestant les lieux trop fréquentés, j’ai tout de suite aimé cet endroit sur lequel s’ouvre le Sénat.
Il était là… tout prenait une couleur différente, rien ne ressemblait plus à rien…
Nous avons marché, main dans la main, dans les allées, sous un soleil de plomb.
C’était au mois d’août…
Nous nous sommes installés sur des chaises disposées à l’intention des promeneurs.
C’est là qu’a eu lieu notre première conversation, en face-à-face très tendre, sur notre présent, notre avenir, sur nos craintes et la conscience des difficultés qui nous attendaient.
Je garde de ce jour le souvenir lumineux de nos baisers dans ce jardin fleuri où je ne voyais que lui…
C’est là, je crois, que nous avons compris qu’il n’est pas possible que nous nous séparions un jour… car nous en serions tous les deux malheureux à jamais.

Depuis, nous sommes retournés au Jardin du Luxembourg.
Le monde qui s’y balade ne me fait ni chaud ni froid quand il est avec moi.
Je suis toujours aussi heureuse lorsque nous squattons les bancs publics, lorsque nous arrêtons le temps au-milieu d’un monde qui continue à courir autour de nous.
Je savoure toujours autant chaque seconde de ces instants où il transforme le monde en un immense jardin.
Où il pose des gouttes de bonheur partout où nous passons.
Où nous partageons des fous rires d’enfants turbulents lorsqu’il me commente l’anatomie des statues à la manière d’un guide touristique peu orthodoxe.
Le temps passe, sur le Jardin comme ailleurs.
Nous avons avancé sur notre chemin.
Nous avons moins peur, les fondations sont posées, la vie est en marche.
Il continue à remplir ma vie de soleil.
Et moi… je ne vois toujours que lui, dans les Jardins du Luxembourg comme ailleurs…

Les dessous du Musée Grévin

29 janvier, 2009

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À l’abri des regards, les ateliers du musée de cire parisien abritent des merveilles, et un savoir mystérieux. Celui de celles et ceux qui réalisent les répliques des personnalités qui font rêver le public depuis 1882.

Tout commence par une entrée presque discrète donnant sur un grand boulevard de Paris. Vous pénétrez dans le monde de l’imaginaire par la porte du Palais des Mirages. Un somptueux spectacle son et lumières au cœur d’un palais oriental, sorte de kaléidoscope géant marquant la frontière entre le monde réel et le monde parallèle du Musée Grévin. Une fois sortis de la salle, les visiteurs pénètrent dans l’univers des stars à la mode, du « Tout Paris » et des Grands d’hier et d’aujourd’hui. Ravis de pouvoir réaliser leurs fantasmes en approchant Lucchini, Nothomb, Sarkozy, Sartre, Serrault, Gabin, Gandhi et près de 250 autres, en faisant fi de l’espace et du temps. L’an dernier, ils ont été près de 700’000, dont beaucoup de Suisses, à découvrir ce lieu mythique. Et à se demander par quel prodige les personnages de cires peuvent autant ressembler à leurs doubles de chair.

Sculpteurs magiciens

La réponse est simple, comme l’explique Véronique Berezc: la force du Musée Grévin, c’est son équipe de sculpteurs et de spécialistes. « Lorsqu’un artiste est approché pour figurer dans la galerie de cire, il accepte de le faire gracieusement, et intègre quelques contraintes incontournables. La première consiste en une séance de pose de trois heures, permettant de le prendre en photo sous tous les angles, de prendre ses mesures et des échantillonnages de cheveux. Le prothésiste oculaire photographie les yeux, tandis que le prothésiste dentaire prend l’empreinte des dents. Des échantillons de cire de différentes couleurs permettent ensuite de définir la bonne nuance pour la peau. »
Pour chaque personnage, le travail dure six mois. Il commence dans le secret des ateliers des sculpteurs. Ceux-ci travaillent le plus souvent chez eux, où ils façonnent les visages de leurs modèles dans de la terre glaise. Une fois le visage terminé, un moule est réalisé dans lequel sera coulée de la cire d’abeille colorée en fonction de la peau du modèle. Le corps, lui, est créé sur des armatures en métal et sculpté selon celui d’un sosie de la personnalité. Chaque étape a ensuite lieu dans les différents ateliers dissimulés dans les entrailles du musée.

Entre Harrison et Elvis

Dans l’atelier de moulage, ce matin-là, Damien Martin travaille sur une main célèbre: celle d’Harrison Ford. Les veines apparentes prennent vie sous les doigts de ce graphiste de formation, fasciné depuis toujours par les effets spéciaux. « Travailler dans un tel endroit à un côté intriguant, avoue-t-il. Nous y approchons toute la mise en scène du musée, dans ses moindres détails. »
Dans l’atelier voisin, chez les « maquilleuses », le discours est le même. Stéphanie Duboc, spécialiste en matériaux composites, retouche la main d’Elvis Presley. Sa formation d’arts appliqués la destinait aux décors de cinéma. C’est donc par pur hasard qu’elle se retrouve dans l’intimité du King. Si l’on dit d’elle et de ses collègues qu’elles sont maquilleuses, le mot n’est pas vraiment adapté à leur tâche. C’est à la peinture à l’huile que les visages des personnages sont subtilement colorés. À côté de la jeune femme, sous un drap, une forme humaine. A l’époque de notre visite, dessous se cachait l’une des nouvelles pensionnaires du musée: Arielle Dombasle, dont le double de cire a été inauguré. Elle a été suivie, en décembre, par la chanteuse Jenifer. Les cheveux et les sourcils des mannequins sont tous implantés à la main, avec une aiguille dont le chas a été coupé. Pas moins de 23’000 à 30’000 cheveux sont nécessaires. Un travail minutieux, demandant une patience infinie. D’un bout à l’autre de la chaîne de création des personnages, y compris dans la confection des costumes, tous les intervenants sont des artistes. Pas une ride, un grain de beauté, une cerne, une tache de rousseur ou une cicatrice ne leur échappe.

Bluffant…

Le résultat est sidérant. Le jour de l’inauguration de leur double de cire, les personnalités sont invitées à porter le même costume que leur mannequin. Chez certains, difficile de reconnaître le vrai du faux, tant la ressemblance est frappante, l’expression juste, le grain de la peau soyeux. L’effet est troublant. Quant aux visiteurs, ils ne se lassent pas de ce pays magique où les stars se laissent photographier à leurs côtés avec une complaisance figée…

Martine Bernier

A la base: un journaliste!

« Imaginez un monde sans photo, sans télévision, sans Internet, un monde où l’imaginaire était la seule représentation du monde pour le commun des mortels ». Quand elle parle du musée Grévin, Véronique Berezc , responsable des relations extérieures, aime faire partager la passion qui l’anime depuis vingt ans. Passion dont la reproduction en plâtre de la main de Victor Hugo, qui trône sur son bureau est le témoin.
C’est un journaliste, Arthur Meyer qui, à la fin du 19e siècle, a créé le musée, assisté par le caricaturiste Alfred Grévin. Leur idée était de présenter à leurs contemporains les célébrités de l’époque, alors que la photographie n’en était qu’à ses balbutiements dans un « journal en trois dimensions ». Depuis 1999, le Groupe Grévin et Compagnie a racheté le musée, l’a rénové et embelli. Plus de 2000 personnages s’y sont succédés. Une fois leur carrière publique terminée, les mannequins sont rangés dans des entrepôts, et remplacés par ceux qui ont pris leur place dans la lumière. Ceux-ci sont choisis par les membres de l’Académie Grévin, en fonction de leur place dans l’actualité. Certains refusent, par manque de temps, ou par sentiment de malaise de voir leur image figée dans la cire. Mais la plupart y voient un hommage. Comme les Suisses d’adoption ou de semi adoption que sont Charlie Chaplin, Charles Azanavour ou Johnny Halliday, tous présents dans le musée.

En savoir plus:

- Musée Grévin, 10 boulevard Montmartre, 75009 Paris. Tél. 0041 1 47 70 85 05. Site: www.grevin.com
- Horaires: ouvert tous les jours 
de 10h00 à 19h00 (Dernière entrée à 18h00). Tous les samedis de l’été : ouvert jusqu’à 20h00, dernière entrée à 19h. A partir de septembre: du lundi au vendredi : de 10h à 18h30 ( dernière entrée à 17h30 ) Samedis, dimanches, et jours fériés : de 10h à 19h ( dernière entrée à 18h )

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Le bon plan pour aimer Paris

22 janvier, 2009

Lorsque j’avais 16 ans, j’ai un jour décidé de partir voir de plus près ce qu’était ce Paris dont tout le monde parlait.
Toute seule, comme une grande que je n’étais pas, j’ai empoigné ma guitare (oui, on n’a pas le sens pratique, à 16 ans) et mon sac, et je suis partie, au grand dam de ma mère et de mon entourage venu en délégation me supplier de ne pas mettre mon beau projet à exécution.

On a la tête dure, quand on a 16 ans.
J’ai pris le train à une époque où le TGV n’existait pas, me suis faite accoster par un monsieur trop bien habillé qui m’a laissé sa carte de visite en me disant qu’il recherchait de « jeunes talents », suis descendue dans je ne sais plus quelle gare.
Et j’ai marché, marché et marché encore dans les rues de la capitale, grisée de me savoir… ailleurs et presque libre.
Je me suis retrouvée à la place du Tertre où j’ai passé des heures à regarder les peintres.
Puis j’ai demandé à un taxi de m’emmener dans un hôtel pas trop cher.
Il m’a fallu quelques années pour comprendre que le va-et-vient que j’entendais durant cette nuit au cours de laquelle je n’ai pas fermé l’oeil venait simplement du fait que le vaurien m’avait déposée dans un hôtel de passe.
J’ai attendu que la nuit s’achève, en boule, lovée au creux de ma guitare.
A 16 ans, on n’est pas encore bien grand… et on a parfois qu’une guitare pour amie.

Le lendemain, un autre chauffeur de taxi, plutôt gentil, m’a proposé, pour un prix d’ami, de passer la journée à me montrer la ville et ses monuments.
J’ai tout avalé en quelques heures.
De cette visite éclair, j’ai gardé un arrière-goût de déplaisir.
Mais j’étais bien consciente d’avoir eu une bonne étoile capable de tenir à l’oeil et de protéger une gamine assoiffée de découverte.

Cinq ans plus tard, je retournais à Paris, accompagnée.
Mais là encore, je n’ai pas aimé.
Je me sentais dans la peau d’une touriste, je n’arrivais pas à capter l’âme des lieux.
Je percevais mais ne comprenais pas.
Je me sentais superficielle dans un monde que je n’arrivais pas à percer.
Encore une fois, mon rendez-vous était manqué…

Aujourd’hui, bien des années après, Paris est devenu mon havre de bonheur.
Depuis deux ans, je m’y rends pratiquement chaque mois.
J’y travaille, oui. J’y réalise des reportages, des rencontres ponctuelles.
Mais surtout, je découvre la ville avec l’homme que j’aime, qui y est né, et qui possède une culture rare de l’endroit.

Pas une rue, pas un site, pas un souffle d’Histoire ne lui est inconnu.
Il sait la mémoire des pierres, les secrets, les anecdotes, les lieux magiques…
Il ne me les fait pas visiter, non, il fait mieux: il les fait revivre pour moi.
Le quartier du 5e arrondissement où il est né, à deux pas du Panthéon, résonne encore de ses galopades de gamin solitaire, un peu sauvage et curieux.
Aujourd’hui, accrochée à la main de l’homme qu’il est devenu, je « vis » sa ville à travers lui.

Alors?
Ne dites pas que vous n’aimez pas Paris.
Dites simplement que vous ne le connaissez pas ou que vous ne le comprenez pas encore…
Un jour peut-être, un grand homme au regard tendre et malicieux vous prendra par la main et vous racontera de sa voix grave et chaude l’histoire de ces arcades sous lesquelles Napoléon allait rencontrer les Dames de mauvaise vie, l’histoire de ces ruelles où Danton a marché ou encore de la place où le pauvre roi a perdu la tête parce que le peuple n’était plus maître de la sienne…

L’air de rien, il mettra en place les éléments d’un décor au sein duquel il réveillera rien que pour vous les personnages d’hier et d’aujourd’hui.
Il fera revivre, avec ses mots, ces histoires que vous écoutiez en rêvant lorsque vous étiez sur les bancs de l’école.
Lorsqu’une averse vous surprendra non loin de la Seine, il ôtera sa veste et la tiendra au-dessus de vous pour que vous puissiez vous y réfugier tous les deux.
Quand il fera froid, il vous prendra contre lui, très doucement. Et en vous réchauffant, vous murmurera l’histoire de cette Gare devenue musée d’art que vous vous apprêtez à visiter…

Il n’y a pas de plus belle façon d’aimer Paris…

Père Lachaise, je présume?

21 janvier, 2009

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C’est le plus grand cimetière de Paris. Mais c’est aussi un lieu d’histoire, d’anecdotes, de balade et d’émotion à découvrir en famille…

Au cimetière du Père Lachaise, premier cimetière laïc, dorment, nous dit-on, deux siècles de personnalités musicales, littéraires artistiques, politiques, militaires et autres.
Et c’est vrai qu’arpenter ses allées réserve des surprises… Vous pouvez le faire de manière organisée, armés d’un plan des lieux. Des groupes de touristes s’y prennent ainsi à longueur d’année, carte en main, marchant d’un pas décidé et rapide vers les tombes qu’ils souhaitent découvrir. Vous pouvez également avoir recours aux services d’un guide. Ces amoureux du Père Lachaise ne sont pas avares de leur passion et connaissent toutes les histoires qui font vibrer les passants.
L’autre manière de visiter est plus aléatoire, plus douce, mais demande de disposer de temps. Vous flânez sans but précis, vous imprégnant de l’ambiance, du charme des vieilles pierres tombales branquebalantes, du mystère des lieux, des noms aujourd’hui inconnus… De temps en temps, par hasard ou parce que vous vous êtes repérés sur l’un des panneaux installés au détour d’une allée, vous arrivez sur la tombe d’une célébrité. Comme Edith Piaf, qui dort dans son caveau familial, rejointe récemment par un nouveau voisin: Henri Salvador.

Effectuer la visite avec des adolescents est une manière insolite de les faire pénétrer dans l’Histoire en les ancrant dans une réalité concrète. De Pierre Desproges à Oscar Wilde (tombe très prisée par les visiteurs) en passant par Jean de La Fontaine, Héloïse et Abelard, Jim Morrison ou Marie Laurencin, le passé se déroule à travers des destins proches ou lointains.
Il y a aussi toutes ces tombes tombées dans l’oubli, souvent touchantes, parfois insolites, d’autres fois physiquement bousculées par la vie qui continue sans elles. Ainsi, les racines de certains arbres se sont tellement étalées qu’elles ont remué des pierres tombales, semant un chaos inattendu dans les allées pleines de charme.

Le Père Lachaise n’est pas un lieu triste. Paisible, poétique… et exceptionnel par la qualité de ses hôtes seraient des termes plus adaptés. Installé sur l’une des sept collines de Paris, il s’étend sur 40 hectares. A-t-on un côté voyeur en rendant une visite de groupe aux défunts qui y reposent? Je préfère penser que eux qui ont été souvent des personnalités publiques, doivent être plutôt heureux de ne pas être oubliés…

En savoir plus
Cimetière du Père-Lachaise, 20earrondissement.
Durée de la balade: 2h30.
Du 16 mars au 5 novembre, de 8h à 18h.
Du 6 novembre au 15 mars de 8h à 17h30.
L’ouverture des portes est fixée le samedi à 8h30, le dimanche et les jours fériés à 9h.
Gratuit, visite guidée: 6 euros.
Renseignements au 0155258210.

Qui suis-je?

21 janvier, 2009

Poursuivi par un célèbre policier, je décrivais plusieurs labyrinthes variés dans le quartier Mouffetard. Je combinai de diverses façons dans les stratégies savantes, la rue Censier, la rue Copeau (Lacepede) la rue du Battoir Saint Victor (des Quatrefaçons) et la rue du Puits de l’Hermite.
Onze heures sonnaient à Saint Etienne du Mont, je traversais la rue de Pontoise, tournais au Passage des Patriarches qui était fermé.
J’arpentais la rue de l’épée de bois et la rue de l’Arbalète et m’enfonçais dans la rue des Postes (Lhomond).
Avec ma fille adoptive, toujours poursuivi, je traversai le jardin des plantes, le pont d’Austerlitz.
Ensuite on me vit rue de la Montagne Sainte Geneviève, rue des Postes et rue Neuve Sainte Geneviève (Tournefort) qui se rencontrait sur une petite place. La ruelle du Pot de Fer était bordée d’immeubles sévères jusqu’à l’arrivée rue Neuve Sainte Geneviève.
Finalement, je trouvais refuge dans un couvent de bénédictines au sommet de la montagne Sainte Geneviève…

Alain