Archive pour la catégorie 'Politique'

Et il m’apprit qui fut Jaurès…

8 septembre, 2009

J’ai toujours eu le sentiment que la culture que nous accumulons au fil de nos vies provient de diverses sources différentes. Il y a ce que nous apprenons lors de notre cursus scolaire, ce que nous étudions par passion ou par intérêt, et ce qui nous vient des différentes rencontres marquantes que nous pouvons faire au cours de notre existence. Si vous aimez un homme qui aime Napoléon, vous l’écouterez en parler, même si vous ne partagez pas son enthousiasme. Mais vous approfondissez le sujet, vous apprenez… et c’est finalement bien le but de l’opération.

Un jour où nous faisions le questionnaire de Proust, l’un de mes proches m’a dit qu’il admirait profondément Jean Jaurès. J’avoue humblement que, si je savais bien sûr qui était le personnage et si je connaissais deux ou trois grandes lignes de sa vie, ma connaissance en la matière était très minimaliste. Aussi ai-je regardé, lundi soir, le téléfilm que France 2 lui a consacré, avec le décidément excellent Philippe Torreton.
Puis, ce soir, j’ai pris mes livres et j’ai cherché à en savoir un peu plus.

La complexité du personnage m’a intriguée. Né dans une famille bourgeoise, agrégé de philosophie, professeur en faculté, c’était un intellectuel pur. Sa carrière politique a révélé sa dimension humaniste, courageuse, engagée, son éloquence. J’ai redécouvert ses combats en faveur de la classe ouvrière. Et je me suis rappelé  la phrase qui termine la chanson de Brel: « Pourquoi a-t-on tué Jaurès?… »

Oui, au fond, pourquoi? J’ai questionné celui qui l’admire, et il m’a expliqué les bases de l’histoire, que j’ai complétées par ma lecture.
Il militait contre le service militaire de trois ans, estimait que la guerre était aberrante sur le plan humain, mais aussi par le fait que, du point de vue socialiste, elle était une diversion du capitalisme international au détriment des citoyens les plus démunis.
Son attitude lui a valu l’hostilité des milieux patriotiques et modérés. Lui qui a lancé des appels de portée mondiale en faveur de la paix a reconnu, au fur et à mesure qu’évoluait la crise de 1914, que le gouvernement français souhaitait la même chose que lui.
Et puis, dans la soirée du 31 juillet 1914, il a été assassiné à Paris, au Café du Croissant, par un nationaliste, Raoul Villain, qui portait plutôt bien son nom.
Quelqu’un a écrit que lorsque l’on a tué Jaurès, il n’y a plus eu d’obstacle à la guerre.
Son meurtrier a dit avoir agi seul, sous aucune influence, pour « éliminer un ennemi de son pays ». Et le comble… c’est qu’il a été acquitté, alors que son procès se déroulait dans une ambiance fortement nationaliste, après avoir passé toute la durée de la guerre en prison, en attente de son procès.

Combien de grands hommes ont été assassinés par des êtres limités… Gâchis.

Martine Bernier

Taisez-vous ou vous mourrez!

16 août, 2009

Soit vous vous abstenez de voter, soit nous prenons votre vie.

C’est le choix que donnent les talibans à la population dans le sud de l’Afghanistan. Alors que dans quatre jours auront lieu les élections provinciales et présidentielle, ils ont averti qu’ils attaqueraient les bureaux de vote. Pour être bien sûr que leur message passe bien, ils ont distribué des tracts  en soulignant qu’ils utiliseraient de “nouvelles tactiques”.

L’attentat-suicide de samedi à Kaboul a donné un aperçu très clair de ce que sont capables les talibans. Leur attaque menée près du quartier général des forces de l’Otan dans le secteur réputé pour être le plus sécurisé de la capitale a fait 7 morts et près d’une centaine de blessés.

Encore un pays où le simple fait de s’exprimer met la vie de ceux qui le font en danger. En Suisse, nous votons très régulièrement. Beaucoup plus souvent qu’en France où le vote est aussi un acte quasi banal. Nous avons de la chance. Nous avons le droit de donner notre avis, en toute quiétude. La liberté est si précieuse…

Je pense au commandant Massoud, cet homme dont j’ai profondément admiré le courage, et qui s’est battu pour protéger son peuple des talibans. Les hommes sont-ils vraiment capables de revenir un jour à la raison? J’en viens à douter…

Dans quelques jours, la maison protégée par la petite statuette dans sa niche de pierre ne sera plus « ma » maison. Je comprends le sens de l’expression: vivre un véritable chemin de croix. J’essaie de prendre sur moi, de tenir. Et lui, dans tout cela, direz-vous? Je pense qu’il n’est guère possible de faire pire.

La nuit commence à tomber. Il fait une chaleur étouffante. Peut-être le visiteur du soir, mon visiteur des étoiles,  viendra-t-il me faire sa visite téléphonique dans quelques minutes comme il le fait depuis une semaine. Un moment de grâce que je déguste en regardant passer les étoiles filantes, quand elles viennent elles aussi au rendez-vous.

 

Martine Bernier

 

Robert Badinter: L’abolition

8 février, 2009

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Nous avons tous notre « Panthéon des Grands » personnel.
Dans le mien figure en bonne place le nom de Robert Badinter, lié à tout jamais à l’abolition de la peine de mort en France.
J’étais adolescente lorsqu’il a mené son combat, en 1976, faisant de la défense de Patrick Henry, meurtrier d’enfant, le procès de la peine de mort.
Son courage, le sentiment d’assister au combat d’un homme se battant pour une cause qui dépassait largement son intérêt personnel, son intelligence et l’extraordinaire puissance de ce débat d’idées essentiel m’ont profondément marquée.
Dans mon école catholique et bien pensante, ce genre d’événement n’était repris dans aucun cours.
J’ai donc été voir une religieuse que j’aimais beaucoup et qui tentait de nous ouvrir l’esprit aux problèmes du monde, pour lui demander son avis.
Elle était un peu empruntée. Mais elle a accepté que je lance le débat en classe.
J’ai été frappée de découvrir, dans la bouche de mes camarades de classe que je croyais connaître, la même hargne, voire la même haine qu’elles rencontraient sans doute chez elles, par rapport au sujet. Chez moi, je n’avais personne pour m’influencer. Mon père n’était plus de ce monde depuis longtemps. Et ma mère pensait juste à survivre, lorsqu’elle arrivait encore à penser.

A 15 ans, je n’étais évidemment investie d’aucune mission. Mais j’avais besoin de comprendre, de dépasser les limites de ma situation personnelle, de connaître les arguments de chacun. Horrifiée autant par le meurtre d’un enfant que par l’idée que l’on puisse punir le sang par le sang.
Au cours des années, j’ai lu les livres de Badinter, et pas mal d’autres sur le sujet.
Mon caractère et ma tournure d’esprit me poussent depuis toujours à me ranger dans le camp des abolitionnistes. Je me suis d’ailleurs engagée très longtemps au sein d’Amnesty International pour essayer d’apporter ma contribution en ce sens.
Toute ma vie, le combat de ceux qui oeuvrent pour rendre notre société plus humaine tout en cherchant des solutions pour la préserver des tueurs et autres tortionnaires, a suscité mon admiration.

L’an dernier, j’ai essayé…
Je suis entrée en contact avec Robert Badinter.
J’espérais une interview.
Lorsqu’il m’a rappelée, par téléphone, il a dit oui dans un premier temps.
Cette conversation, m’a laissée le coeur battant.
Il est l’un de ceux que je rêve réellement de rencontrer. Un être humain que j’admire.
Malheureusement, appelé par des tâches autrement plus importantes qu’une interview, il s’est ensuite décommandé.
Ca a été une déception, bien sûr, mais je l’ai bien compris.
Cet homme a fait avancer notre société, a marqué l’Histoire.
Je suis déjà honorée qu’il ait accepté de me répondre…
J’ai pu lui dire ce qu’il représente pour moi. Il a contribué à façonner ma pensée.
Des milliers de gens ont dû lui dire ce genre de choses avant moi. Mais, à mes yeux, cela comptait…

Je ne suis pas très « TV ». Plutôt du genre à sélectionner et enregistrer ce que j’ai envie de voir.
Mais le téléfilm « L’Abolition » de Jean-Daniel Verhaeghe, adapté d’après les livres de Robert Badinter, avec l’excellent Charles Berling dans son rôle, je ne pouvais pas le manquer.
Je connaissais évidemment tout de l’histoire, ayant lu les livres de l’ancien Garde des Sceaux de François Mitterand.
Mitterand sans lequel, d’ailleurs rien n’aurait été possible et qui a lui aussi fait preuve d’un beau courage politique.
L’histoire du procès manqué de Roger Bontemps m’a particulièrement marquée, une fois encore.
Et puis cette phrase, lancée par un Badinter quasi désespéré, lors d’une plaidoirie: « La peine de mort, ce n’est rien d’autre que de prendre un homme et de le couper en deux, vivant !!! »

On peut penser ce que l’on veut, être pour ou être contre.
Mais cette bravoure et cette volonté qu’il a fallu pour faire face à une société en fureur, autant pour Badinter que pour son épouse qui l’a soutenu de manière inconditionnelle, on ne peut que les saluer.

Mon Histoire de France expliquée à Martine. 1. Napoléon

3 février, 2009

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Si vous saviez comme il est parfois difficile, dès le petit déjeuner, de répondre à une question intelligente sur un sujet compliqué…
Martine a souvent des questions intelligentes et je ne suis pas du matin !

Donc, un jour, débat passionné autour de Napoléon. Son avis : despote tyrannique qui a ruiné la France (caricature à peine).
Venant de finir pour la xième fois les mémoires de Constant, le premier valet de chambre de l’Empereur jusqu’en 1814, j’entre dans le sujet.

Comme d’habitude, j’aime planter le décor. Napoléon est né en 1769, sous Louis XV, fils de petits nobles corses. Il a grandit dans les écoles du Roi où on lui rappelait assez souvent son origine modeste. Il était l’un des meilleurs élèves de ces écoles en mathématiques. Il se préparait donc à une carrière dans l’armée et plus précisément dans l’artillerie vu que son rang ne permettait pas vraiment des armes plus prestigieuses.

La France de l’époque était un des pays d’Europe les plus peuplés, essentiellement rural, avec un système monarchique qui commençait à devenir obsolète, un pouvoir central relayé sur le terrain par des nobliots plus ou moins compétents.

Donc, arrive Louis XVI dont on connait la fin et la révolution.

Travaux pratiques, nous allons déjeuner à coté du Procope, café célèbre de Paris derrière la ruelle où habitait Marat et au bout de laquelle était le logement de Danton.
Je la laisse imaginer la foule dans cette ruelle demandant le changement et voulant tout détruire et couper les têtes qui dépassent, le propre des révoltions.

La révolution a tellement bien fonctionné que tout le système politique s’est écroulé. L’élite de la nation a, soit émigrée, soit a été raccourcie par l’invention du Docteur Guillotin.
Le pays était aux mains d’une poignée d’extrémistes dont l’ambition était de tout détruire pour un monde meilleur. Ils ont réussi la première partie, le souci c’est la deuxième.

Le monde entier était contre la France. La peur de voir cette révolte se propager ou le moyen de restaurer un ordre ancien.
Nos politiques avaient besoin de propagande, d’une icône et voilà notre Bonaparte, jeune, talentueux, victorieux en bataille et novice en politique. La nouvelle idole des jeunes !

Ce que n’avaient pas prévu les régnants de l’époque, c’est que le Bonaparte était bougrement intelligent, rêvait de prendre une revanche contre le système depuis Brienne et avait une ambition et des idées pour reconstruire le pays.

Ainsi (je la fais courte) il prit le pouvoir avec les méthodes propres au système de l’époque. Comprenant vite que le moyen de remettre de l’ordre dans le pays devait repasser par un état centralisateur. Il nomme des Préfets, écrit un code civil et met les bases d’un système juridique qui est encore en vigueur dans de nombreux pays aujourd’hui. Il créé l’institut, les lycées, le baccalauréat. Entreprend de grands travaux, des ports, des routes. Il pousse à la recherche (la betterave à sucre…), rétablit la religion, et recrée un système politique visible avec des cadres qu’il tient (ou presque) à coup de titres, crée la banque de France, j’en passe et des meilleures.

Bien sur, il y a le volet militaire… Là je vois l’œil de Martine qui s’assombrit. Donc direction les Invalides.
Il faut comprendre que la France est isolée dans un monde hostile, la création de l’Empire ayant un peu calmé les autres souverains mais ça n’a pas duré longtemps. L’Angleterre craignait pour sa suprématie maritime et ses colonies, les états de l’Est pour leurs souverainetés et le risque de contagion vers des monarchies constitutionnelles. Bref, pour des raisons différentes, toute l’Europe voulait détruire la France et son dirigeant.

Bien sûr, aujourd’hui on regarde le nombre de morts, la boucherie des batailles. Avec l’œil de l’époque, le peuple était fier de voir un pays qui redevenait fort, en conquête, avec une vision de l’avenir. Et cela permettait à l’Empereur de « placer » des membres de confiance dans ses conquêtes tout en mettant en place son système de gestion politique qui contrôlait tout ça.

Il a commis des erreurs, comment ne pas en commettre dans cette époque. Surtout qu’il est assez facile de juger avec quelques années de recul… Mais il a permis de reconstruire un pays qui était tombé dans des mains d’extrémistes et d’anarchistes de tous poils.

Nous arrivons aux Invalides. Comment un dictateur pourrait il être encore ainsi vénéré ?
Le tombeau est là dans sa crypte, entouré des noms de batailles et d’institutions, dans le prolongement, une niche abrite une dalle sous laquelle est son fils.

Il a été l’objet d’attaques et de dévotions bien après sa mort et il a même été un objet politique.

Le retour des cendres, en 1840, pas vraiment un hasard, dans un contexte politique qui recommençait à être agité. Cent ans plus tard, l’occupant allemand organise le retour des cendres de son fils, encore un geste politique.

Nous finissons ce cours d’histoire « à ma façon » sur un banc devant les Invalides. Je nargue un bus de touristes Belges qui débarquent au pas de charge, prennent une photo et vont sûrement filer vers Montmartre.

Nous sommes bien, seuls au monde au milieu de cette foule. Je ne suis pas sûr de l’avoir convaincue mais au moins j’espère lui avoir montré cette période sous un nouvel angle sans aucune prétention historique, tout étant une interprétation très personnelle.

Amis lecteurs, lisez les mémoires de Constant, vous verrez cet homme sous un autre angle !

Alain

La saine colère d’Obama

31 janvier, 2009

Il a du cran.
Quand j’ai vu Obama fulminer en pleine conférence de presse contre les primes indécentes reversées aux traders, j’avoue avoir eu chaud au coeur.
Tiens, il est comme nous, gens du peuples, qui nous indignons devant ces primes aussi révoltantes qu’incompréhensibles!
Seule différence: lui est président des Etats-Unis.
Il suffit donc qu’il éternue pour que la moitié du monde s’enrhume.

Le fait qu’il hausse le ton pourra-t-il contribuer à changer les choses?
Compliqué..
D’un côté, il y a l’inacceptable: le plan de 700 milliards de dollars lancé par Georges W. Bush pour stabiliser et relancer le système financier. Et le fait que les établissements de Wall Street ont versé 18,4 milliards de dollars de primes à leurs salariés l’an dernier.
Incroyable… nous parlons de milliards! Les contribuables ont de quoi grincer des dents!

Mais en creusant un peu, on découvre, comme l’explique Alan Johnson, de Johnson Associates, que beaucoup de monde travaille au pourcentage, donc à la prime, dans ces milieux. Et ce ponte de la finance précise dans des propos repris sur boursier.com: « Si vous dites: je ne verse plus de prime à personne, vous verrez probablement s’effondrer plusieurs de ces sociétés, ce qui serait encore pire que d’avoir des gens en colère ».

Quoi que les gens en colère, dans l’Histoire, ont plusieurs fois démontré qu’ils étaient capables de renverser le monde…

Ceci dit, des changements sont intervenus dans certaines banques au cours de ces derniers mois. Des traders y ont vu leurs primes et commissions transformées pour un an en salaire fixe. Pas de remous à l’horizon, l’opération fait fructifier la banque, puisque à la fin de l’année, les employés réobtiendraient à nouveau des privilèges en cas de bénéfices.
C’est donc faisable, contrairement à ce que prétendent certains banquiers qui déclenchent l’ire d’Obamienne.

Elle me fait plaisir, cette colère…
J’ai aimé le voir dire clairement son désaccord, utiliser des mots nets, durs à la hauteur de la situation, sans baisser les yeux.
Il faut du cran pour faire ce qu’il doit faire.
J’espère qu’il continuera à en avoir, et que cela servira à quelque chose…

M. B.

LE TEMPS NE FAIT RIEN A L’AFFAIRE

29 janvier, 2009

Le temps ne fait rien à l’affaire…. Une droite gauche…

En ces temps un peu agités, il y a un exercice que j’aime particulièrement. On se pose et on regarde le chemin parcouru. Que reste-t-il des traces dans la neige de notre vie?

Je ne vais pas vous ennuyer en remontant aux calanques. J’ai eu une pensée pour mes grand-mères, femmes simples qui ont connu deux guerres, qui se sont battues chacune à leur manière. Que me diraient-elles aujourd’hui ?

A la fin de la guerre, notre pays était en ruine. Les zones d’influence changeaient. Les blocs Ouest et Est apparaissaient… Bizarrement, mes grands-mères étaient heureuses, la période noire était terminée. On retrouvait à manger, on avait de nouveaux droits, le droit de vote des femmes, la sécurité sociale, la retraite à 65 ans quand l’espérance de vie était de 70 ans au mieux.
On découvrait l’électricité, l’automobile, le travail était rude mais les conditions s’amélioraient. Il fallait se battre contre certains conservatismes, religieux, sociaux…

Après le retour du Général, on a vu la mise en place de la Quatrième République, la lutte pour que notre pays ne soit pas aux mains des « rouges ». Donc on lâchait, on donnait l’exclusivité des déchargements aux dockers, l’Etat nationalisait pour contrôler tout ça et le parti communiste s’empressait de noyauter les entreprises avec des syndicats.
Nous avions une droite dure conservatrice et une gauche réformiste progressiste.

Puis arrive la télévision, contrôlée par l’Etat, les premières radios libres, RTL et Europe 1. Les jeunes s’engouffrent dans ces nouveaux moyens d’évasion.

La politique évolue, le retour de de Gaulle, la décolonisation, l’accueil des émigrés de la « première génération » (pour moi ce sont plutôt les Italiens et les Polonais du nord…) qu’on accepte du bout des doigts. La jeunesse s’instruit, devient critique. Les distances se réduisent, on voit les longs courriers, l’électrification des trains, la démocratisation de l’automobile, l’avancée de la médecine… Et pour piloter tout ça un homme né au XIXème qu’on sent, même si personne n’ose le dire, dépassé par les événements.

Puis mai 68, qui a été déclenché par un souci de mixité dans un dortoir de fac…le premier homme sur la lune. A ce propos, ça me rappelle un mot de ma grand-mère belge, en voyant ça elle me dit : « tu te rends compte, ma grand-mère a vu passer Napoléon et moi je vois un homme marcher sur la lune…en si peu de temps deux événements pareils ! »

La vie continue, toujours s’améliorant, même si nous râlons, on ne serait pas français autrement. Arrive un des plus jeunes présidents français, Giscard qui commence à vouloir moderniser la France se rendant compte que le pays évolue plus vite que les politiques (il suffit de voir le combat de Simone Veil pour l’avortement. Le monde avance plus vite que nos politiques mais personne ne veut vraiment le voir.

Puis arrive, enfin pour certains, et hélas pour d’autres, Mitterrand ! 50 ans qu’il attendait ça !

J’ai revu, il y a quelques jours, le «Sacre». La montée de la rue Soufflot… Mitterrand seul avec sa Cour derrière, allant modestement déposer une rose aux Grands Hommes, semblant dire, maintenant je suis des vôtres…
Son début de règne a été un coup de pied magistral. L’abolition de la peine de mort, libéralisation des médias, de grandes avancées sociales. La droite conservatrice crie au scandale ! La gauche réformatrice avance.

Ces années ont marqué un changement profond. Depuis 40 ans, nous vivions à crédit en repoussant tout cela sur les générations futures. Là nous accentuons le phénomène. Nos industries ne sont plus rentables et partent. Notre système de distribution tire la France vers le bas (vendre moins cher que moins cher, c’est bien, mais comment paie-t-on les salariés, les fournisseurs…), notre éducation se «démocratise». En clair, les diplômes ont de moins en moins de valeur puisque sélection et travail deviennent des mots grossiers.

L’information va plus vite, les distances se réduisent, nous vivons de plus en plus vieux, mais on ne touche pas aux acquis, nous ne les remettons pas en question. Laissons cela à nos enfants !

Cette période est fabuleuse à voir du petit bout de la lorgnette… Nos réformateurs, nos forces de progrès s’embourgeoisent sans se rendre compte du séisme que c’est en train de provoquer. Un retour de balancier qui s’annonce violent.

La période Chirac ne change pas grand-chose, nous sommes encore avec des hommes et des femmes énarques d’après guerre, on croirait voir les généraux français en 1870 ne comprenant pas que leurs professeurs napoléoniens n’ont pas vu le monde changer.

Notre monde va vite peut être trop… L’argent se gagne et se perd en quelques secondes…

La gauche maladroite.

Aujourd’hui je suis surpris de voir le fatalisme ambiant. Nous vivons dans des conditions que nous n’avons jamais connues, du point de vue social, santé. Bien sur, nous traversons une crise économique, c’est le moment ou jamais de nous rassembler pour en sortir plus forts.

L’information et les médias ont remplacé la critique construite. Je suis frappé de voir le manque de travail de certains journalistes qui laissent les auditeurs faire leur travail, ne corrigent pas leurs interlocuteurs quand ils sortent des énormités et le bon peuple gobe tout ça en appuyant sur les touches de son téléphone plutôt que de participer à la vie sociale.

La course à l’apparence, à l’audimat a pris le dessus sur un dialogue de fond.

Le plus frappant c’est le changement profond de notre société qu’on semble découvrir maintenant. Une gauche conservatrice contre une droite réformatrice. Voir les députés socialistes se mettre dans l’angle d’une caméra de télévision pour chanter la Marseille !! Jaurès doit faire des loopings dans sa tombe.

Et aujourd’hui, on bloque le pays pour augmenter notre pouvoir d’achat. Il est difficile d’être contre, tout le monde veut gagner à plus. A condition que ce soit l’autre qui fasse l’effort.

Je me demande ce que penseraient mes grand-mères aujourd’hui. Elles seraient sans doute perdues devant des réformes d’un président omniprésent qu’on critique (on disait bien l’inverse de son prédécesseur) et devant une opposition qui n’a comme programme que d’être contre.
Ma grand-mère bretonne conclurait sûrement avec sa philosophie de bon sens, « le monde va continuer de tourner, tant qu’on a à manger tu sais, le reste… »

Alain

Barack Obama: au vert!

28 janvier, 2009

Il le savait, nous le savions tous: quoi qu’il fasse, Barack Obama allait plaire aux uns et décevoir les autres.
En bonne logique, les premières décisions prises ont donc contribué à faire chuter sa cote de popularité, passée de 83 à 68 %, selon l’Institut Gallup.

Agaçant…

Mais ce résultat prouve une chose: il travaille!
Révoquer une clause-anti-avortement et imposer des normes moins polluantes pour les voitures ne pouvait que mécontenter les partisans anti-avortement et les constructeurs automobiles. Les enjeux économiques, pour ces derniers, sont importants. La colère est donc présente, même si chacun sait que les Etats-Unis sont d’énormes pollueurs qui doivent impérativement améliorer leur façon de fonctionner au quotidien.
Le plan de relance de 800 milliards de dollars ne pouvait, lui, que rebuter sérieusement les Républicains.
Normal donc de voir les chiffres des sondages plonger.

La lune de miel s’achève déjà, et c’est tant mieux.
Ce n’est pas seulement un symbole, mais un homme, une équipe, qui ont fait leur entrée à la Maison-Blanche.
Obama va appliquer les idées qu’il a développées durant la campagne présidentielle, et pour lesquelles il a été élu.
Du moins j’espère qu’il a été élu pour cela…

Cette situation ressemble curieusement à celle d’un certain président français.
On peut l’aimer ou pas, adhérer ou non à sa politique.
Mais quoi qu’il fasse, même si la décision prise est, si pas la bonne, du moins la moins mauvaise possible, il est critiqué presque avec hargne.
Sa personnalité est ce qu’elle est, on l’apprécie ou pas.
Mais je suis intimement convaincue que, quel que soit celui ou celle qui se serait trouvé à sa place, venu(e) de n’importe quel horizon politique, il ou elle aurait été critiqué(e) tout autant.

Et le problème profond de la politique est sans doute celui-là.

Il me semble ne jamais avoir assisté à des débats vraiment sereins.
Très vite, les esprits s’échauffent.
Comme s’il fallait crier et taper du pied pour se faire entendre.
Comme s’il fallait absolument jouer la carte de l’agression théâtrale pour avancer.
Mais avancer où?
Faut-il absolument être pour ou contre un homme politique?
N’est-il pas possible de reconnaître que les bonnes idées ne sont pas l’apanage d’un seul Parti, d’un seul groupe de personnes, d’un seul homme, mais que chacun peut avoir des idées intéressantes et applicables?

Dans un monde idéal, les esprits et les énergies de tous bords politiques devraient travailler dans la même optique d’amélioration de la nation.
Débattre, oui, mais apporter des critiques constructives, avancer, sans détruire, tenir compte des avis de chacun autant que faire ce peut.

Oui.. dans un monde idéal.
Le problème étant que notre société ne ressemble pas forcément au Pays de Candy.
Et Barack Obama en fait déjà l’expérience.
Il va lui falloir beaucoup de courage.
Mon intuition me dit qu’il n’en manque pas.
Et, comme le disait une Américaine interviewée lors d’un micro-trottoir: « Au moins, il bouge! »

Martine Bernier

Madame la femme du Président

22 janvier, 2009

Elle est belle, intelligente, forte et porte en prénom le titre d’une chanson des Beattles.
Michelle Obama est donc depuis peu la Première Dame des Etats-Unis.
D’elle, son mari dit qu’elle est son roc, qu’il ne s’est lancé dans l’aventure de la présidentielle qu’avec son feu vert.
Le livre qui lui est consacré permet de comprendre pourquoi et comment elle est devenue ce qu’elle est, une femme déterminée et maîtresse d’elle même, sachant parfaitement où elle va et comment elle y va.

Le rêve américain qu’elle incarne avec sa famille, elle s’est battue pour l’atteindre…
Sa vie de jeune étudiante en droit n’a pas été simple dans un monde où la couleur noire n’a pas la faveur de la majorité.
Alors elle s’est appliquée à prouver qu’elle valait autant, voire plus que les autres.
Et elle y est arrivé.

La biographie parle de sa vie, de sa rencontre avec son mari, de leur combat commun.
Impossible de cerner le parcours de Barrack Obama sans tenir compte de la présence de sa femme à ses côtés, aimante et solide, croyant en lui comme personne.
On lit ce livre comme on lisait ceux consacré aux frères Kennedy et à leur famille: en réalisant que ces personnalités marquent l’Histoire à jamais.

« Michelle Obama, Forst Lady », Liza Mundy, Edition Plon 2009.

Barack Obama: son plus beau discours

22 janvier, 2009

Le discours le plus fort qu’a prononcé Barack Obama n’a pas été celui de son investiture, mais bien celui, historique, du 18 mars 2008, à Philadelphie.
Ce jour-là, à droite comme à gauche, chacun a reconnu que ce texte était aussi profond que celui de Martin Luther King encore dans toutes les mémoires: « J’ai fait un rêve… »

Le discours de Philadelphie, j’en avais entendu de larges extraits, scotchée par l’émotion.
Les moments de grâce en politique, avouez qu’ils ne sont pas fréquents…
Evidemment, il a fallu que j’approfondisse, pour ne pas perdre mes bonnes vieilles habitudes…

« De la race en Amérique » ou « More Perfect Union » dépasse de loin les problématiques américaines.
Il s’applique à nos sociétés modernes, et c’est sans doute la raison pour laquelle Obama suscite un tel engouement collectif à travers le monde.

Le texte de ce discours magnifique circule sur Internet, et est paru en version intégrale et en édition bilingue.
Lisez-le, il est vivifiant, profond, réfléchi, porteur d’espoir.

A force de le lire et de le relire, sans partir dans la vague d’enthousiasme euphorique qui soulève une bonne partie de la planète à la simple évocation du nom du nouveau président des Etats-Unis, je me dis que oui… cet homme est très prometteur.
Et ces mots qu’il a ressentis, écrits et prononcés témoignent de la dimension de cette personnalité hors du commun.

« Barack Obama: De la race en Amérique »
Le Club du Livre