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« La manipulation affective dans le couple. Faire face à un pervers narcissique. » Interview

24 juillet, 2010

Toute femme ayant vu sa vie brisée par un homme pervers narcissique sait qu’il lui faudra des années pour se reconstruire…. si elle arrive à se relever un jour.
L’infinie détresse engendrée par le comportement de ces personnages est aujourd’hui l’objet de toutes les attentions, à travers des décisions politiques essentielles et une loi novatrice adoptée en France en ce mois de juillet.
Un excellent livre ajoute une pierre majeure à cet édifice.
« La manipulation affective dans le couple. Faire face à un pervers narcissique » est sorti en février 2010 et a déjà été réimprimé quatre fois.
C’est dire l’importance de cet ouvrage dont les auteurs, Pascale Chapaux-Morelli et Pascal Couderc, font salle comble dès qu’ils donnent des conférences à travers l’Europe.
Tous deux ont accepté une interview dont voici la teneur.

- Pourriez-vous vous situer afin de préciser à quels titres vous vous êtes lancés dans l’écriture de ce livre?
Pascale Chapaux-Morelli: je suis présidente de l’Association d’aide aux victimes de violences psychologiques, et Pascal est psychanalyste, psychologue-clinicien et spécialiste des addictions.

- Vous expliquez que les victimes de pervers narcissiques sont des femmes, pour la quasi totalité. Comment expliquez-vous ce phénomène?
Pascal Couderc: Quelques rares hommes, dans les conférences que nous avons données ont pris la parole pour présenter leur situation qui ressemblait beaucoup à celles que peuvent subir les femmes, mais ils sont rares. Comment expliquer que ces pathologies soient masculines? Historiquement, les hommes ont toujours possédé le pouvoir. Mais cette situation évolue au niveau institutionnel. L’homme doit donc avoir recours à d’autres stratégies pour reprendre ce pouvoir qui lui échappe. Je reçois presque uniquement des femmes dans le cadre de mon travail. La souffrance féminine est énorme. Cela ne veut pas dire qu’aucun homme ne souffre dans son couple. Mais en général, les hommes conservent un petit terrain secret où ils se réfugient pour éviter la souffrance extrême. Ceci dit, leur malaise ne doit être ni nié ni méconnu.

- Y a-t-il des signes permettant de reconnaître un pervers narcissique avant qu’il ait eu le temps de ruiner votre vie?
P.C.: Oui. Au départ tout est idyllique. Systématiquement, les femmes disent « c’était parfait, sauf… » Car il y a toujours un petit quelque chose de dissonant. Il existe une connaissance inconsciente que quelque chose ne va pas. Au début de l’histoire, on l’occulte. Puis, malgré l’état amoureux, certains détails interpellent.
Lorsque l’un des partenaires change subtilement la vie de l’autre, impose à l’autre sa façon de vivre, ses décisions, ses choix, finit par faire douter sa partenaire, lui fait perdre son estime d’elle-même, nous sommes en présence d’un pervers narcissique. Au final, votre vie a totalement changée. Si vous êtes devenue dépendante de l’autre à tout point de vue, qu’il en est arrivé à vous faire douter totalement de vous, il faut consulter.

- Vous soulignez, dans votre livre, que le pervers narcissique a un talent particulier: celui de renverser les rôles et de faire passer la femme pour responsable tout en se faisant passer, lui, pour une victime. Vous écrivez notamment: « Il lui est nécessaire de maîtriser son environnement pour le rendre conforme à sa pensée ».
P. C-M.: On se retrouve ici dans le même schéma que pour celui des femmes battues. La violence psychologique est beaucoup plus subtile, plus perfide. La première fois que je reçois une femme qui en est victime, elle me dit toujours la même chose: « Je voudrais comprendre ce que j’ai pu faire pour déclencher cela…. » Elle se croit responsable alors que c’est le partenaire qui l’est.

- Un pervers narcissique ressent-il de la culpabilité lorsqu’il a détruit une vie?
P.C.: Non, jamais. Ni culpabilité, ni souffrance, ni remords. Il niera la souffrance de sa partenaire, lui dira qu’elle se fait passer pour une victime. En revanche, il mettra en scène sa propre pseudo douleur, mais de manière froide. De plus, ce genre d’hommes sont de très mauvais perdants, très procéduriers. C’est un type d’hommes en général très intelligents. Ils ont le plus souvent une bonne situation, des capacités intellectuelles importantes, sont brillants. Plus ils sont intelligents plus ils sont redoutables. Ces hommes ne consultent pas. Ils manipulent tout le monde, y compris les thérapeutes. Face à eux, il faut des professionnels chevronnés.

- Un tel homme peut-il changer?
P.C.: Non. Il changera de partenaire, mais pas de pathologie. Ce n’est pas quelqu’un qui se remet en question.
Nous faisons face ici à deux pathologies associées: une structure perverse et une pathologie narcissique. La femme souffre d’un manque d’amour d’elle-même. Lui aussi est en manque, mais, contrairement à elle, il ne souffre pas. Il prend chez l’autre ce dont il a besoin, se nourrit de l’autre avant de passer à autre chose. Ces hommes s’aiment avec vanité, ils s’expriment à travers la vanité.

- Vous notez d’ailleurs dans le livre « Il n’a rien. Ni la souffrance, ni le souvenir de la souffrance, ni la substance. » Que peut faire une femme face à un tel partenaire?
P.C.: Etre vigilante, et, si elle le peut, partir dès qu’elle sent que quelque chose n’est pas normal. Lorsque le mal est fait, ce sont des femmes brisées que nous recevons en thérapie, souvent au bord du suicide. Il faut très longtemps pour qu’elles se reconstruisent.
P.C.-M.: Ce problème est pris de plus en plus au sérieux. Davantage d’informations circulent sur le sujet. Et désormais, en France, on peut s’appuyer sur une grande avancée politique. La loi du 10 juillet 2010 a été votée et le décret d’application interviendra d’ici l’automne. Cette loi concerne la violence psychologique. Elle a créé le délit de violence psychologique qui a servi de base aux femmes pour qualifier et reconnaître ce qu’elles vivent. Les hommes reconnus coupables encourront les mêmes peines que ceux responsables de violences physiques. Elles pourront aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 75’000 euros d’amende. La France fait ainsi partie des pays européens pionniers en la matière.

Martine Bernier

Site: www.violencespsychologiques.com »
« La manipulation affective dans le couple. Faire face à un pervers narcissique », Pascale Chapaux-Moreli et Pascal Couderc, Editions Albin Michel.

« Rebondir », de Daniel Dufour: Et si nous nous soignions différemment?

12 mars, 2010

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Lire et présenter des livres de toutes sortes est une facette de mon travail.
Des dizaines d’entre eux me passent entre les mains chaque mois.
Avec parmi eux, quelquefois, un ouvrage marquant.
C’est le cas de celui du docteur suisse Daniel Dufour: « Rebondir. Une approche créative pour surmonter les obstacles ».
Ce livre concerne et intéresse chacun d’entre nous, parce qu’il nous parle de nous, de notre santé, de nos émotions.
Il diffuse un message particulier: nous possédons tous les clés pour nous maintenir en bonne santé et pour nous relever après avoir vécu une grande crise.
Ce médecin totalement hors normes, qui a longtemps été chirurgien de guerre, nous propose dans ce passionnant ouvrage d’utiliser les outils essentiels à notre santé. Des outils qui passent par le respect de nos émotions, le savoir inné et la pensée créatrice.
Interview.

- Vous avez un parcours un peu atypique…
Il est un peu bizarre, oui. Dès l’âge de 7 ans, j’ai su que je voulais être médecin, et je n’ai jamais dévié de cette idée, même s’il n’y avait jamais eu aucun docteur dans ma famille auparavant. J’ai suivi mes études à Genève. Elles m’ont déçu, car je n’aime pas beaucoup la théorie. Mais dès que je me suis retrouvé devant des patients, j’ai compris que c’était bien ce que je souhaitais faire.
Un jour, je suis parti  en Rhodésie, qui s’appelle aujourd’hui de Zimbabwe, pour rendre visite à un ami. Là, j’ai rencontré la guerre. J’étais chirurgien orthopédique, j’ai décidé de rester. J’ai travaillé un an là-bas. Puis je suis rentré au CICR (Comité International de la Croix-Rouge), toujours comme chirurgien de guerre. J’ai vécu dans l’urgence pendant plusieurs années, au Liban, au Pakistan, dans tous ces pays en conflit. J’ai ensuite été coordinateur médical, toujours pour le CICR. Je passais du champ opératoire à un champ d’action plus large! J’ai fait des études de médecine tropicale à Londres, puis je suis rentré en Suisse et j’ai fait ce que je pensais ne jamais faire un jour: m’installer comme médecin généraliste, en 1987.

- Face à des patients présentant des problèmes d’Occidentaux protégés des situations de guerre, n’avez-vous ressenti aucune exaspération?
Non… Cette question m’a un jour été posée par une amie alors que je rentrais du Cambodge, travaillant pour l’Ordre de Malte qui lutte contre la lèpre. Je m’étais occupé de lépreux qui vivaient au fond de la jungle cambodgienne. Heureusement, je n’ai jamais fait ce lien, cette comparaison. La souffrance appartient à chaque personne. La misère est parfois beaucoup plus grande ici, avec des personnes qui meurent seules pendant la canicule sans que personne ne le remarque. Là-bas, les lépreux souffrent et sont retirés de la communauté. Mais leurs familles leur rendent visite, leur apportent à manger.

- Vous expliquez dans votre livre que chaque maladie est liée aux événements que nous vivons.
Oui, tout provient d’une émotion mal vécue, ou du fait que nous ne sommes pas dans le moment présent. Cela provoque différentes symptômes, un déficit d’immunité. Lorsque l’on vit dans le présent, on élimine les tensions. Ne restent que celles liées à l’éducation. Nous savons que si nous sommes tristes, il faut pleurer pour évacuer cette peine. Mais l’éducation nous empêche souvent de nous autoriser à exprimer la colère, la tristesse, la joie…

- Vous estimez que nous avons tous en nous les outils pour revenir à la santé. Une personne en pleine dépression a-t-elle elle aussi cette force en elle?

Oui, mais elle va avoir le sentiment d’être culpabilisée parce que je leur dis qu’elles ont en main les clés pour se soigner. On me le reproche souvent. Je dis aux gens: « vous êtes responsables de votre mal-être, mais aussi de votre bien-être. Je n’ai pas le pouvoir de guérir, mais vous l’avez. »
Nous devons utiliser nos outils. Le passé et le futur existent. Et, si l’on est très intelligent, on utilisera le passé pour mieux construire le futur. Mais la clé de tout est de vivre dans le présent, en exprimant ses émotions.

- Vous n’infantilisez pas vos patients, au contraire, vous les responsabilisez, apportant une vision très personnelle de la pratique de la médecine. Comment êtes-vous perçu par vos collèges?
Je pense qu’ils ont pour moi une douce indifférence ou un doux mépris! Je n’en suis pas dérangé: je ne cherche pas à convaincre. La médecine traverse actuellement une grande crise car de plus en plus de gens n’y croient plus. On maintient les médecins dans une notion de pouvoir absolu. De nombreux thérapeutes font d’ailleurs la même chose: ils ont le pouvoir face à leurs patients qui sont des lilliputiens en face d’eux. Je ne suis pas d’accord avec cette façon de pratiquer la médecine. Pour moi, il s’agit d’accompagner les patients. Tout ce que j’ai appris, ce sont eux qui me l’ont enseigné. Ce terme d’accompagnement est essentiel pour moi.
Les gens sont prévenus de ce qui les attend quand ils viennent me voir. A mes yeux, il est très important d’avoir une approche globale de la personne. L’être humain n’est pas un estomac, un bras ou un coeur. C’est tout un ensemble, une multitude de composante. Je connais bien la médecine « mécanique », que j’ai pratiquée dans l’urgence, et que je pratique toujours lorsqu’il le faut. Mais je sais aujourd’hui qu’il y a toujours une raison à une maladie ou à un accident.

- Vous allez plus loin… vous dites que, selon vous, on peut guérir chaque maladie, y compris le cancer.
Oui. Je me souviens de l’une de mes patientes qui avait un cancer de la peau. Elle se guérissait de ce cancer, et, un jour, a décidé qu’elle en avait assez et qu’elle voulait s’arrêter. Il faut aussi respecter la personne lorsqu’elle prend cette décision. L’important est d’accompagner la personne pour qu’elle vive ou meurt en paix.
Lorsque les gens viennent me voir et me disent « j’ai un cancer » ou « j’ai des sinusites à répétition », je leur demande: « Pourquoi avez-vous cela? ».
Souvent, ils me répondent. Une personne qui a un cancer évoquera tel ou tel événement qu’elle a traversé. Un événement porteur d’émotion qui n’a pas pu être vécu correctement.

- Vous pensez réellement que quelqu’un de déjà très atteint peut guérir grâce à la pensée créatrice, en s’ancrant dans le présent, en exprimant ses émotions?
Oui, je le crois. On peut toujours revenir en arrière. Je sais qu’il y a des sceptiques qui me diront que je vends de l’espoir alors qu’il n’y en a plus. Cette phrase à elle seule est terrible. Il y a toujours de l’espoir.

- Vous estimez que l’aptitude à rebondir dans la vie est une démarche très différente de la résilience. Pourquoi?
La résilience est l’adaptation de certaines personnes à leur milieu. Tout le monde n’en fait pas preuve. C’est une façon de réagir par rapport à la société, elle fait appel aux faculté d’adaptation et à ce que la société peut offrir.
L’aptitude à rebondir est le phénomène inverse. Chaque personne peut y arriver, et c’est en elle qu’elle va trouver les moyens de le faire.

Propos recueillis par Martine Bernier

- « Rebondir! Une approche créative pour surmonter les obstacles », Docteur Daniel Dufour Les Editions de l’Homme
- Le docteur Dufour donnera une conférence au MEDNAT, à Lausanne, le samedi 27 mars 2010 à 13h30
- Site Internet:http://www.oge.biz/fr/index.php

Donneurs de vie

5 mars, 2010

La journée d’hier et celles d’aujourd’hui ont été marquées par le retour du froid sur cette rive du lac où je vis pour le moment.
Au petit matin, l’herbe gelée craque à nouveau sous les pas…

Je regarde une photo.
La photo d’une mouette, qui m’a été envoyée hier.
Etonnamment réussie, elle a été prise par quelqu’un qui m’assurait ne rien connaître à la prise de vue.
Est-ce le coup de chance de l’amateur ou la révélation d’un vrai « regard »?

Dans peu de temps, Ecriplume va atteindre les 25’000 visiteurs, un an après sa création.
Si je suis très heureuse de cet incroyable résultat, pour moi, cet anniversaire est une souffrance inexprimable.

Dans la nuit, je remplis un document.
Et j’ai envie d’en parler aujourd’hui en espérant que, peut-être, cela sensibilisera une ou deux personnes de plus à une cause qui me tient à coeur.
Ce document, n’importe lequel d’entre nous peut l’obtenir.
Il s’agit de la carte de donneur d’organes.
Je l’ai toujours eue sur moi, mais j’avais égaré la dernière.

En Suisse, ces cartes se trouvent dans la plupart des pharmacies, droguerie, cabinets médicaux, hôpitaux ou sur internet (voir ci-dessous pour la France, la Belgique et le Canada).

Je ne vais pas faire ici de plaidoyer pour le don d’organes.
Je voudrais juste évoquer deux visages et des faits qui me marquent.

Cet automne, j’ai rencontré Florian (j’espère qu’il ne m’en voudra pas d’utiliser son prénom), que je devais interviewer comme ses collègues dans le cadre d’un travail.
Grand homme très doux, pétri de gentillesse, il a un vocabulaire choisi, une capacité d’attention prononcée, un courage paisible avec une lueur d’angoisse au fond des yeux, qu’il cache de son mieux.
Cadre, il est attentif aux autres, soucieux de leur sécurité, de leurs bonnes conditions de travail.
Il semble aimer les autres, et ses collègues le lui rendent bien: tous ceux qui m’ont parlé de lui l’ont fait avec tendresse.
Lorsque je l’ai rencontré, il était relié à une bouteille d’oxygène qu’il emmenait partout avec lui.
L’oxygène palliait l’insuffisance respiratoire dont il souffre, et qui, m’a-t-il expliqué, s’aggrave depuis plusieurs mois au point de lui interdire de travailler, de vivre normalement.
Il était alors en attente d’une greffe de poumons.
Mais les personnes dans son cas sont nombreuses et les donneurs trop rares.
Il avait beau être en tête de liste, il ne voyait rien venir…
J’ai pris de ses nouvelles aujourd’hui.
Sa capacité respiratoire a encore diminué.
Après 15 mois, il patiente toujours, ne se plaint pas, va jusqu’à prendre des nouvelles de ma chienne Scotty qu’il avait rencontrée en automne et dont il ignorait le décès.
D’un altruisme émouvant, toujours à s’inquiéter des autres, Florian force la sympathie.
Il donne sans le savoir une magistrale leçon de courage et de dignité souriante…

Et puis il y a ce jeune garçon lumineux, Alex, dont j’ai déjà parlé ici.
La greffe de rein dont il a bénéficié l’été passé lui a permis de reprendre une vie aujourd’hui quasi normale.
Pour lui comme pour sa famille, cet organe a été une bénédiction, une renaissance…

Combien d’autres sont en souffrance, derrière ces deux exemples qui me touchent?
Derrière chaque nom sur une liste se cache une histoire…

En Suisse, sur sa carte, le donneur potentiel peut choisir quels organes il veut offrir.
Il peut aussi accepter le prélèvement de tout organe, tissu ou cellule.
Le propriétaire de la carte peut également tout refuser et se faire inscrire sur le registre des refus.
La législation est stricte en matière de prélèvement d’organes.
En Suisse, les transplantations les plus nombreuses sont celles des reins, du foie, du coeur, des poumons, du pancréas (îlots) et de l’intestin grêle.
La transplantation tissulaire la plus fréquente est celle de la cornée.
Concernant les cellules, ce sont les greffes de cellules souches du sang qui se font le plus couramment.

J’aime cette notion d’offrir ce qui n’a plus d’avenir pour garantir un futur à quelqu’un d’autre….
Un ultime don de soi, un ultime acte d’humanité.

Martine Bernier

Pour la Suisse: www.transplantinfo.ch
Pour la France:www.france-adot.org/
Pour la Belgique:www.wallonie.be/fr/citoyens/sante-prevention-et-securite/dons-d-organes-et-de-sang/index.html
Pour le Canada:www.acdo.ca/fr/

Notre santé, une affaire d’émotions?

18 février, 2010

Oui, je sais: en principe, je ne présente pas de livres sur Ecriplume, mon autre blog « Livres ou vers » ayant été spécialement créé à cet effet.
Je fais pourtant une exception pour un ouvrage qui nous concerne tous: « Les Émotions au coeur de la santé aux Editions de l’Homme.
Ce n’est ni le premier, ni sans doute le dernier consacré à ce sujet.

Il a la particularité d’avoir été écrit par une psychologue, Monique Brillon, qui a pris le parti de passer en revue chaque émotion, positive ou négative, et les répercussions qu’elles peuvent avoir sur la santé.
Son cheminement est passionnant.

Je mets ce livre en parallèle avec un autre, plus ancien « Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi », qui décode plus de 300 pathologies ou traumatismes.
Prenons un exemple au hasard (mais alors vraiment au hasard, n’est-ce pas!): le rein.
Cet ouvrage explique que les maux qui y sont liés indiquent que nous vivons des tensions sur nos croyances profondes, sur lesquelles nous construisons notre vie, et qui représentent nos « fondations ».
Ils nous parlent de nos peurs profondes, fondamentales.

Si un évènement de la vie est trop brutal, il aggravera ces maux d’une façon qui peut prendre des proportions impressionnantes, m’expliquait cette semaine un érudit dans le domaine.
Que faire dans ce cas-là ? Mettre en oeuvre les éléments nécessaires pour adoucir la cause et diminuer la souffrance plutôt que se limiter à en traiter le résultat.
Autant dire que si rien n’est fait pour apaiser les choses, la situation devient complexe… voire insoluble.

Si la souffrance morale engendrée par un gros choc est destructrice, la honte et la culpabilité le sont paraît-ils tout autant.
Il faut simplement plus de temps pour que les effets soient perceptibles.

Moralité, le corps humain est une machine complexe…

Martine Bernier

Fromage, oui, mais râpé!

18 février, 2009

J’aime beaucoup découvrir les résultats des chercheurs à travers le monde.
Certaines de leurs études sont passionnantes, d’autres… insolites ou carrément loufoques.
Ainsi, une agence anglaise spécialiste des questions alimentaires a lancé une campagne de sensibilisation contre les aliments gras.

Nous en convenons tous: c’est une bonne initiative, surtout en Grande-Bretagne où la population consomme davantage de produits de ce type qu’ailleurs.
Là où les conclusions deviennent un peu bizarres, c’est lorsqu’elles nous apprennent que, selon l’agence, le fromage serait meilleur pour la santé s’il était consommé râpé plutôt qu’en bloc ou en tranches.
Il semblerait en effet que nous aurions tendance à manger moins de fromage lorsque celui-ci se présente sous cette forme.
Donc, la conclusion étant que le fromage râpé réduit le risque de maladies cardiaques, une grande campagne de sensibilisation contre les aliments gras a été lancée, incluant cette donnée.
Dans un bel élan, affiches et télévision informent le public.
La campagne vise particulièrement, paraît-il, les personnes minces, qui seraient moins sensibles à la question.

Je ne devrais sûrement pas, mais la nouvelle m’a amusée.
J’imagine fort bien la réaction d’un épicurien, comme Jean-Pierre Coffe, par exemple, découvrant, sous la cloche à fromage clôturant son repas, les gruyère, comté ou autre beaufort présentés sous forme de misérables petits tas de copeaux…

Ne serait-il pas plus simple de dire à la population de modérer sa consommation plutôt que de massacrer un produit?
Je sais: ça a déjà été expliqué et les conseils ont été suivis avec les résultats que nous connaissons.
Mais je doute de voir le conseil du râpage respecté avec plus d’enthousiasme…

Cerveau coach alimentaire

2 février, 2009

Nous apprenons qu’en Suisse, une étude du Centre d’imagerie biomédicale du CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois) a découvert que le cerveau humain est capable de deviner la masse calorique contenue dans un plat en une demi-seconde.
Devant une pizza ou une viennoiserie, la réaction serait différente par rapport à celle provoquée par une pomme ou un plat d’épinards.
Ca, c’est bien.

Si en plus il pouvait nous transmettre le petit sermon de prudence qui s’impose devant un éclair au chocolat ou un petit pain aux raisins, voire une crêpe à la chantilly, ce serait définitivement divin…

Le thé, breuvage mythique, séduit l’Europe

2 février, 2009

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Consommé depuis près de 5’000 ans, le thé est le plus ancien breuvage du monde. Mais il est également celui dont la préparation est un art. Voyage dans l’univers du thé aux mille saveurs.

Le saviez-vous: plus de deux milliards de tasses de thé sont consommées chaque jour. Vert, blanc, noir, parfumé, semi-fermenté ou fumé, il se déguste aux quatre coins du monde. Au palmarès des adeptes les plus fervents, figurent les asiatiques, les indiens et le maghrébins. Mais les occidentaux ne sont pas en reste. Les anglais, assument leur réputation d’européens les plus friands avec une consommation de plus de 3 kg de thé par année et par personne. Mais le « five o’clock » national perd du terrain au profit du café. La tendance est inversée en Europe où les amateurs sont de plus en plus nombreux. Les puristes estiment y voir un univers aussi complexe et passionnant que le vin. Comme lui, il apporte des effets bénéfiques à la santé, ses composants luttant efficacement contre le vieillissement de nos cellules. Mieux encore : récemment, une équipe de chercheurs américains a découvert que la L-theanine, un composé du thé, renforce la réponse du système immunitaire aux attaques bactériennes, virales et mycologiques.
Les connaisseurs l’affirment : même si beaucoup de consommateurs les achètent en sachets de papier, rien n’égale la finesse des thés en feuilles entières, achetées en vrac. La palette des thés est vaste. Mais tous proviennent d’un même arbuste de la famille du camélia (camelia sinensis). Si, à l’état sauvage, il peut atteindre une hauteur de 15 mètres, dans les plantations, il est maintenu à une hauteur de 1,20 mètres pour faciliter la cueillette. Les différents types de thé sont uniquement déterminés par les traitements apportés aux feuilles et aux bourgeons.

Les différentes sortes de thé
Le thé noir, (pekoe orange, pekoe souchong, souchong et congou) complètement fermenté, est le plus consommé en Occident. Il provient d’Inde et du Sri Lanka. Les feuilles sont généralement flétries, roulées mécaniquement, fermentées et séchées. L’infusion ambrée est plus ou moins corsée, proposant des parfums divers.
Le thé vert, (hyson-souchong, grand perlé, poudre-à-canon, hyson-junior, hyson-kin et tonkay) est produit en Chine et au Japon. Non fermenté, ses feuilles sont torréfiées, roulées à la main et séchées. Il est très parfumé, riche en vitamines et recèle des propriétés stimulantes.
Le thé blanc est le plus rare et, donc, le plus cher. Originaire de Chine, il est issu de feuilles fraîches de couleur blanc argenté, juste flétrie, et séchée naturellement. Très fin et pâle, il est particulièrement désaltérant.
Les feuilles du thé semi-fermenté, dit « oolong», ont subi une courte fermentation. Leur teneur en théine est faible, tout comme le thé fumé, nommé à tort « thé de Chine ». Ce thé noir dont les feuilles sont disposées au-dessus d’un feu de racines d’épicéa afin qu’elles s’imprègnent de l’odeur, ne représente qu’une infime partie de la production chinoise. Enfin, le thé parfumé est mêlé à des extraits naturels de plantes, comme la rose, le jasmin ou la bergamote. Il est à distinguer du thé aromatique qui, lui, propose des parfums fantaisistes comme la pomme, la vanille ou le caramel. Le thé rouge, fermenté, a la réputation d’aider à l’élimination.

Le goût des parfums multiples

Dans la plupart des boutiques consacrées au précieux breuvage, les marchands vendent du thé à portée de toutes les bourses, délaissant les grands crûs dont les prix peuvent atteindre jusqu’à 60 francs les 100 grammes. Sa vente est liée à un phénomène de mode. Il suffit souvent d’un article dans un journal pour mettre un produit au goût du jour, Le « Pu Ehr » en est l’exemple type. Apprécié pour être un bon brûleur de graisse, il se vend très bien après avoir été présenté par la presse. En dehors de ce phénomène, la clientèle est souvent composée de deux catégories de personnes. Les puristes, qui ne supportent pas les thés parfumés, leur préférant le breuvage naturel noir, vert. Et les personnes qui ne boivent jamais de thé noir, lui préférant les parfumés.
Cette dernière catégorie est en nette augmentation, en France et en Suisse où les arômes tropicaux, la vanille et les parfums exotiques ont la cote. Les thés parfumés sont enrichis d’essences naturelles, d’écorces, d’épices et de fleurs. Des variantes appréciées en Europe, mais exclues de la consommation des chinois et des japonais.

Une théière pour chacun

Acheter un bon thé est une chose. Choisir la théière adéquate en est une autre. Il en existe de toutes les couleurs et de toutes les formes. Mais sa matière est l’élément important. Les théières en terre, non vernies à l’intérieur gardent le goût de ce qu’elles infusent. Il est donc préférable d’y préparer toujours le même genre de thé. Avec une préférence pour les thés corsés, riches en tanin. En porcelaine ou en faïence, elles préservent le goût, et peuvent être utilisées pour tous les thés, tout comme les récipients en fonte qui conservent mieux la chaleur. La théière en verre, pour sa part, ne garde pas les odeurs. Elle est recommandée pour les thés parfumés ou pour tout changement de thé.

A chaque pays sa tradition

Chaque contrée a son art et sa manière de recevoir autour du thé. Le samovar, sorte de grande bouilloire permettant de maintenir l’eau chaude, est utilisé en Russie. Une théière contenant un extrait de thé très concentré est placée par dessus. Cette boisson est consommée allongée d’un peu d’eau chaude tirée du samovar, et accompagnée d’un morceau de sucre ou d’une confiture de fruits.
Dans le Maghreb, le partage du thé est symbole d’hospitalité. Seul le thé vert est utilisé. Une poignée est déposée dans la théière avant d’être rincé à l’eau chaude pour en ôter l’amertume. Une poignée de feuilles de menthe et un morceau de pain de sucre sont ensuite rajoutés et recouverts d’eau bouillante. Le breuvage est versé de très haut, dans de petits verres disposés sur un plateau. La politesse exige que, après le troisième verre, l’invité se retire…
En Chine, l’art du thé est de savoir créer un instant de détente conviviale pour le savourer. Sa préparation est méticuleuse. L’eau frémissante est versée sur les feuilles de thé dans des ustensiles préalablement chauffés. Comme le thé infuse dans une théière minuscule il est très concentré et se boit comme une liqueur, en petites quantités.
La traditionnelle cérémonie du thé, au Japon, est l’objet d’un véritable culte. Cinq personnes au maximum y sont conviées. La poudre de thé vert est battue dans l’eau chaude avec un fouet en bambou afin d’obtenir une boisson mousseuse. Un thé fort, puis un thé léger sont servis dans un bol unique, avec une économie de geste destinée à faire le calme en soi.
En Inde, le thé se déguste partout, dans les rues, les trains, les champs, les maisons. Mais il est surtout apprécié dans le Nord et l’Est. Préparé avec soin, il frémit dans des samovars ou des bouilloires en métal. Il est servi corsé et très sucré, et arrosé de beaucoup de lait ou, au Pendjab, mélangé à des épices. Les Indiens ont coutume d’en verser un peu dans une soucoupe afin qu’il refroidisse, puis de le boire ainsi.

Un monde de superstitions
Aucune boisson n’est plus entourée de superstitions que le thé. De nombreuses croyances lui sont associées, selon les pays. Considéré comme une plante solaire, le théier est ainsi lié à la fortune et au courage: brûler ses feuilles procurerait la richesse. Ces mêmes feuilles rentrent dans la composition des charmes destinés aux voeux de prospérité ou dans la confection d’amulettes procurant force et intrépidité. En Angleterre, dans le Worcestershire, répandre des feuilles devant une maison éloignerait les mauvais esprits. En revanche, agiter une théière ou remuer le thé avant de le servir porterait malheur, tout comme le faire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ou dans la tasse d’un autre entraînerait une querelle. Les Russes, eux, affirment qu’il ne faut pas rincer une tasse avant de resservir le thé, sans quoi le buveur n’amassera jamais d’argent et dépensera toutes ses économies… Tout comme le marc de café, les résidus de thé restés au fond d’une tasse servent de support à la divination. Autant de traditions issues de la nuit des temps…

Le mystère des étiquettes

Que veulent dire les initiales obscures relevées sur certains emballages? Elles précisent le degré de maturité et la forme de la feuille du produit vendu.
Ainsi, « F.O.P », Flowery Orange Pekoe, indique la qualité la plus subtile. Cette appellation désigne les thés issus du bourgeon non éclos et des jeunes feuilles ramassés lors des cueillettes précoces. « Orange » signifie ici « Royal » (du nom de la dynastie néerlandaise Oranje Nassau), tandis que « Pekoe » vient du chinois « Pak-ho », littéralement « le duvet », désignant le bourgeon.
« O.P », Orange Pekoe, signale une cueillette plus tardive, lorsque le bourgeon terminal s’est déjà transformé en feuille. Cette qualité intermédiaire est très utilisée pour les thés parfumés.
« P », Pekoe, présente une feuille moins fine, dépourvue de bourgeon. Son infusion sera foncée, d’un arôme moins raffiné. Enfin, « S », pour Souchong, désigne la feuille, plus âgée et faible en théine, cueillie au bas du théier. Elle est principalement gardée pour les thés fumés.

Trucs et astuces

- Une théière ne se lave pas : elle se rince à l’eau bouillante et se laisse sécher
- Conservez le thé dans une boîte hermétique, car il absorbe facilement les odeurs ambiantes. Optez pour des boîtes opaques et de qualité, sachant qu’il craint l’humidité, la lumière et la chaleur.
- La durée de conservation varie en fonction des thés : deux ans au maximum pour les thés noirs, un an pour les thés parfumés, et quelques mois pour les thés verts.
- Les thés verts ne demandent qu’une à deux minutes pour libérer leurs arômes. Les thés noirs peuvent infuser de 3 minutes entre 70 et 90 degrés. Le thé semi-fermenté demande sept minutes, et certains thés blancs jusqu’à 15 minutes.
- L’eau ne doit jamais bouillir. Elle doit être versée alors qu’elle fume et fait de petites bulles sur les thés noirs qui peuvent supporter une eau très chaude, à 90 ou 95o C.
- Prenez toujours du thé récent, et respectez les températures de préparation. Passé le délai d’infusion, le breuvage sera trop tanique, et donc trop amère.
- Lors de la préparation, l’eau doit être versée sur les feuilles et non l’inverse.

Le thé au coeur des légendes

Trois légendes courent au sujet du thé:
La première légende, d’origine chinoise, raconte comment l’empereur Chen Nung, obsédé par l’hygiène, ne buvait que de l’eau bouillie. En 2137 avant J.-C., un jour qu’il se reposait à l’ombre d’un théier sauvage, quelques feuilles tombèrent dans sa tasse. Il goûta le breuvage obtenu et fut séduit: le thé venait d’être découvert…
La deuxième légende, indienne, prétend que le moine BodhiDharma, sous le règne de l’empereur Xuanwudi, avait fait voeu de ne pas dormir durant sept années. Ce laps de temps correspondait à la méditation qu’il avait entreprise afin d’illustrer les principes du bouddhisme. Au bout de cinq ans, la fatigue commença à l’envahir. Il allait s’assoupir lorsque la providence lui fit cueillir et mâcher des feuilles de thé, inconnues jusqu’alors. Le pouvoir des feuilles lui permit de rester éveillé.
La troisième légende révèle que ce même Bodhi-Dharma, s’étant assoupi durant sa cinquième année, fit des rêves impurs et indignes de l’ascète qu’il était. À son réveil, furieux contre lui-même, il s’arracha les paupières qu’il enterra devant lui. Un arbre poussa au même endroit. Ses feuilles, bues en infusion repoussaient le sommeil et éveillaient l’esprit.