Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Kim et la machine à bulles

26 décembre, 2011

Kim, 5 ans, a la particularité d’avoir un sens de la répartie très amusant.
Il ne se fait pas remarquer, n’est pas un spécialiste des caprices, mais est curieux de tout.
Si je devais lui demander quel objet l’intéresse le plus, dans notre cuisine, je pense qu’il me répondrait sans hésiter   « la machine à bulles ».

En ce soir de réveillon, avant de passer s à table, il me demande s’il peut avoir un verre d’eau.
- De l’eau? Oui, bien sûr. Tu veux de l’eau à bulles ou de l’eau sans bulles?
- Sans bulles. Je n’aime pas les bulles.
- Aaaah oui… mais celles-ci sont des bulles très spéciales! Ce sont MES bulles!
- Tes bulles? C’est toi qui les fais?
- Oui! Avec une machine à bulles.

Il me demande aussitôt de lui présenter la bête, ce que je fais immédiatement.
- Tu me montres comment ça marche?
- Je ne peux pas le faire maintenant parce qu’il faut une bouteille spéciale et qu’elles sont toute pleines, mais dès que  l’une d’elles sera terminée, promis, j’en refais avec toi!

D’excellents  vins se succédant sur la table, les bouteilles d’eau mettent un certain temps à se vider.
Patient,  Kim ne dit rien.
Mais quand,  enfin, l’une d’elles se retrouve à sec, il se redresse:
- Elle est vide!!
- Oui, viens: nous allons faire de l’eau à bulles!

Dans la cuisine, je lui montre le processus:
- Tu rinces la bouteille, puis tu la remplis d’eau du robinet. Ensuite, tu la visses ici… Mince, elle est difficile à visser, celle-ci!
- Attends, je t’aide!
Ensemble, nous vissons la bouteille récalcitrante.
- Et maintenant?
- Maintenant, je pousse  sur ce bouton.

Un énorme pschiiiit suit ma déclaration.
- Tu ne pousses qu’une seule fois?
- Si je veux de l’eau peu pétillante, oui…
- Et si tu pousses deux fois?
- Il y aura un peu plus de bulles.

Je m’exécute.
- Et trois fois?
- Là, cela donnera de plus en plus de bulles…
- Tu le fais?

Re pschiiiiit sous l’oeil ravi de Kim qui, me demande:

- Et quatorze fois?
- Outch! Là je fais exploser la bouteille!
- Et cent fois?
- Je pulvérise la bouteille et j’explose la maison!

A chaque réponse, il rit aux éclats.
- Viens, nous allons ramener la bouteille sur la table.

Dans le salon, la deuxième bouteille arrive à sa fin.
La mine gourmande, Kim remarque:
- On va pouvoir refaire des bulles si tu la vides! Qui veut de l’eau?

Trente secondes plus tard, nous retournons dans la cuisine avec notre trophée, Kim et Pomme trottinant devant moi.
- Ca, c’est une super machine! Vas-y! Pousse quatorze  fois!

Martine Bernier

Un Noël traditionnel

25 décembre, 2011

- … et tu vois, Kim, elle devait avoir son bébé, mais il n’y avait pas d’hôpital à l’époque. Son mari, Joseph, l’avait installée sur un âne, et il frappait à toutes les portes pour que quelqu’un veuille bien les accueillir et s’occuper d’elle. Personne ne voulait les aider. Alors, ils se sont installés dans une étable, avec leur âne, et un boeuf.

Perché sur le rebord de mon fauteuil, dans une position qui nous est familière, plutôt propice à nos interminables  tête-à tête, il me regarde de ses immenses yeux noirs.
Du haut de ses cinq ans, Kim, passionnant petit prince, jette un coup d’oeil à ma crèche atypique.
- C’est eux?
- Oui.
- … et après?
- Après, le bébé est né. Ils l’ont appelé Jésus. Et il a reçu des visites. Des rois mages, venus de très loin, lui ont apporté des cadeaux. Ils s’appelaient Melchior, Balthazar et Gaspard.
- Et après?
- Après, Jésus a grandi, il est allé à l’école.

Kim hoche la tête:

- Ah oui… c’est comme l’histoire de Pinocchio.
- Heu… pas tout à fait, non, mais ce n’est pas grave!
- Pinocchio il avait un papa qui lui faisait des cadeaux.
- Oui, Geppetto.
- Oui. Et puis ils ont été mangés par une baleine. Et puis Pinocchio est devenu un vrai petit garçon.
- Et pourquoi trouves-tu que les deux histoires se ressemblent?
- Parce qu’il a aussi été à l’école!
CQFD! Nous sommes partis dans une longue discussion sur les oreilles d’âne que Pinocchio  a vu pousser sur sa tête après un léger passage à vide dans sa scolarité de brillant pantin.

A table, en ce soir de réveillon, Kim est entre sa maman et moi, en bout de table.
Sa conversation est variée, jamais ennuyeuse, toujours très drôle.
Ne me demandez pas comment c’est arrivé, mais il en est venu à me parler des signes astrologiques des personnes assises autour de la table.
- Et toi, tu es quoi?
- Bélier, comme Bruno et comme Eric… Et toi, tu sais ce que tu es?
- Non…
- Cancer! Et maman, tu sais?
- Oui: Lion!
- Bravo! Et Yann, tu sais?
- Heu….
- Comme Magaly… Ba…. Ba…
- Banane!

Fou rire général!
Yann, son beau-père et accessoirement mon fiston à moâ, prend une mine furieuse, et sort son téléphone:
- Allo, Père Noël? Vous êtes déjà passé chez nous? Non? Parce que je ne suis pas sûr qu’il faudra le faire. Oui je sais, je vous avais dit qu’il a été gentil, mais là, il vient de me traiter de banane!

Devant la mine dépitée de Kim, je plaide sa cause:
- Père Noël? Il ne faut pas l’écouter, ce n’était pas méchant!
Yann continue:
- Oui, c’est vrai, ce n’était pas méchant.. Bon, allez, vous pouvez passer! Faites bien attention en route!

Plus tard dans la soirée, l’amas de cadeaux qui trône sous le sapin est ouvert.
Kim ouvre les siens et vient me voir:
- Ce cadeau-ci, il vient de toi?
- Heu.. c’est-à-dire que… Oui, le Père Noël est passé chez nous pour ce cadeau.
- Alors c’est toi! Et bien il est super! Merci!

Il ne faudrait pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages…

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et ses copains

24 décembre, 2011

Pomme, mon Mogwaï, a un caractère très sociable.
Elle  aime beaucoup fréquenter d’autres animaux, quelle que soit leur espèce ou leur race.
J’ai pour habitude d’encourager son esprit de découverte, même si cela m’a déjà valu quelques aventures mémorables, notamment avec un troupeau de génisses tombé amoureux d’elle…

Dans le Doubs,  elle a multiplié les expériences nouvelles, ô combien formatrices!
Première étape: elle retrouvait son complice Dandy, yorkshire des parents de Celui qui m’accompagne.
Lorsque ces deux là se retrouvent, ils ne se quittent plus.
Pomme voue une passion à ce petit chien coquet, qui porte bien son nom, affectueux et doux.

Comme nous étions dans une ferme, l’occasion était trop belle de remettre mon bichon en contact avec les vaches qu’elle a beaucoup fréquentées lorsque nous habitions à St Gingolph.
Cette fois, l’aventure était différente.
Je l’ai attachée pour qu’elle ne puisse pas effrayer les 60 bêtes installées dans l’immense étable que nous avons visitée.
En marchant dans les allées, Pomme n’en menait pas large.
60 paires d’yeux étaient fixées sur elle.
Elle s’approchait timidement des mufles humides, reculait, revenait, a approché quelques brebis, deux ou trois chèvres, quand soudain…
J’ai vu, de l’autre côté de l’allée, un animal qui n’était pas une vache.
Un Saint-Bernard…
Câline, 4 ans, mascotte des lieux, a réalisé qu’un autre chien qu’elle se baladait dans le bâtiment.
Elle a posé son regard sur Pomme, a eu l’air surpris, très intéressé puis ravi, a remué la queue et est arrivée précipitamment, histoire de lier connaissance avec cette hôte de marque.

Pomme ne l’a pas vue tout de suite.
Quand elle s’est retournée et a réalisé qu’elle était suivie et reniflée par 72 kg de muscles, elle a eu un moment d’inquiétude.
Enthousiaste et joyeuse, l’imposante demoiselle ne lâchait plus mon bichon de 6 kg, de plus en plus mal à l’aise.
La situation a trouvé un dénouement heureux lorsque Celui qui m’accompagne a pris les choses en main.
Tout en tenant Pomme par la laisse, il flattait sa nouvelle prétendante en la tenant à distance.
Tout Saint-Bernard soit elle, cette brave Câline se trouvait devant un géant autrement plus imposant qu’elle…

Une fois de retour dans le gîte, Pomme s’est précipitée chez Dandy, décidément plus à sa taille, pour lui raconter ses mésaventures.
Tandis que nous passions un moment dans le salon , les deux boules de poils montaient et descendaient les escaliers de bois, visitant les lieux en s’amusant comme des petits fous plus ou moins dignes.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, nouvelle surprise: l’un des chats de la maison avait décidé qu’il ne céderait pas un pouce de son territoire à ces deux envahisseurs qu’après tout, il n’avait pas invités.
Se précipitant vers lui, Dandy s’est pris une claque de chat pour la première fois de sa vie, ce qui a eu le don de le faire retourner en arrière à toute vitesse.
Pomme, elle, est née dans une famille où vivait un chat placide, habitué aux chiens.
Elle a gardé le souvenir de cette relation, essayant de jouer avec tous les chats du quartier… sans succès.
Ce matin-là, elle s’est approchée prudemment de celui de la ferme, qui avait l’air de fort mauvaise humeur.
Nous avions beau lui demander de reculer, elle avançait toujours plus, à pas comptés, en remuant doucement la queue.
Jusqu’au moment, où, prenant une bonne respiration, le chat a feulé.
Penaude, Pomme est revenue vers nous, déçue.
Elle qui pensait voir s’ouvrir devant elle une belle carrière diplomatique…
Même si elle ne parle plus couramment le langage chat, elle avait compris le sens du message.

De retour  au nid, elle semble s’ennuyer de la présence de ses potes en poils.
En ce  soir de Noël, elle ne le sait pas encore, mais, parmi les invités, elle retrouvera Herby, son « cousin » Boston Terrier.
Il va y avoir de l’animation!

Martine Bernier

Cadeau de Noël avant l’heure

23 décembre, 2011

Cadeau de Noël avant l'heure dans Pratique gite-groupe-jura-300x134

Ce mercredi, Celui qui m’accompagne a décidé qu’il nous fallait chiper du temps au Temps.
Profitant de deux jours de congé pour lui et d’un jour pour moi, il a donné rendez-vous à ses parents qui ne seront malheureusement pas avec nous pour Noël .
Nous nous sommes tous retrouvés dans le Doubs, dans un lieu que je ne connaissais pas.
Le Doubs est une région paisible, vallonnée, qui permet, en hiver, de voir se dérouler devant soi à perte de vue des paysages de neige .
Là, blottie dans un petit halo d’arbres, se trouvent la ferme et les gîtes de Daniel et Sylvie, couple ami de mon capitaine.

Par expérience, je sais que les gîtes peuvent réserver de bonnes ou de moins bonnes surprises.
Ici, elle était excellente.
Alors que la Ferme s’appelle « Le Besongey », l’endroit, côté gîtes, porte un nom prometteur: « Le P’tit Coin de Paradis ».
Et le défi est réussi…
Dans ces deux gîtes qui  peuvent accueillir 10 et 5 personnes, l’intérieur rappelle celui des chalets de montagne d’aujourd’hui, en bois, cosy.
Sylvie, la maîtresse des lieux, a un réel talent pour la décoration.
Les chambres sont ravissantes, chaleureuses, pratiques, sans la moindre faute de goût.
La table d’hôte, proposée dans la demeure familiale, est du même acabit: une merveille.
Et pour cause: Sylvie ne se contente pas de mijoter de délicieux petits plats, elle réalise son propre pain, ses viennoiseries et ses pâtisseries.
Ajoutez à cela l’humour et la bonne humeur du couple, et vous aurez une idée assez complète de l’endroit.
Martine Bernier

 

« Le P’tit coin de Paradis », Sylvie et Daniel Janin, Arc sous Cicon.
www.gite-ferme-doubs.com

Blanc!

20 décembre, 2011

Il faut être très distrait ou vivre sous les tropiques pour ne pas avoir remarqué qu’il neige sans discontinuer depuis plusieurs jours.
Une fois de plus, la Suisse prend ses quartiers d’hiver dans une carte postale à la Fifi Brindacier.
Si si, souvenez-vous: dans les histoires pour enfants mettant en scène cette petite héroïne aux tresses aussi raides que rousses, les hivers étaient idylliques, dans un petit village de rêve, décoré comme dans un conte de Noël.

A l’intention de ceux qui habiteraient dans un endroit où il ne neige pas, filez sur le moteur de recherche Google et tapez simplement « let it snow ».

La neige tombera sur votre ordinateur.
Et lorsque le gel aura envahi votre écran, cliquez sur le bouton « defrost » qui apparaîtra: il vous permettra de dégivrer tout cela.
La neige comme si vous y étiez, avec le froid, les touristes et… le charme en moins.

Martine Bernier

Le paquet

18 décembre, 2011

Pour moi, Noël est une chose sérieuse!
Quand on a la chance de pouvoir passer cette fête en famille, avec ceux que l’on aime, sans y être contraints, autant faire en sorte qu’elle soit belle.
J’aime soigner les détails et tout mettre en oeuvre pour que l’ambiance soit chaleureuse…

Ce samedi, tandis que Celui qui m’accompagne réalisait l’un des Douze travaux d’Hercule, sous la neige,  j’ai décidé d’emballer mon dernier paquet-cadeau avant de m’atteler à la décoration du sapin et du salon.
Comme l’objet à emballer est fragile, j’avais décidé de le glisser dans un coffret en carton, puis de l’emballer sans trop le bouger.
Entre deux, il a fallu répondre au téléphone, faire un câlin à Pomme, et hop.

Le papier choisi était aussi délicat que l’objet en question.
Cramoisi, légèrement métallisé, fragile, il glissait et ne se laissait pas dompter.
Il m’a fallu un bon quart d’heure pour arriver à venir à bout de mon paquet, en lui donnant un aspect sympathique.
En le prenant pour aller le poser dans un endroit sûr, j’ai été étonné par son poids.
Il était léger.
Très léger.
Voire… trop léger pour être honnête.

Une inspection de la pièce m’a mise en face de la réalité : j’avais oublié de glisser l’objet dans le coffret… et  j’avais passé un temps fou à emballer une boîte vide.
Quand je me suis rendue compte de mon erreur, j’ai poussé une exclamation.
Pomme, en m’entendant, est arrivé au pas de course, s’est immobilisée dans l’encadrement de la porte, une patte en l’air, en fixant sur moi un regard interrogateur.
Je n’ai pas répondu à sa question muette, me contentant de recommencer ma tâche.

Distraite, moi?
Pensez-vous!

Martine Bernier

A chacun sa place

16 décembre, 2011

Les bulletins météo annonçaient la tempête un peu partout sur la France comme sur la Suisse.
Depuis ce matin, elle est là… et bien là.
Après le retour de la pluie, depuis quelques jours, j’avais lu que le niveau des cours d’eau remontait enfin, que la nappe phréatique reprenait du poil de la bête.
Dans la journée, la pluie a redoublé d’efforts, et le vent a commencé dès les petites heures à souffler en rafales.
Pomme, qui n’apprécie que très modérément le mauvais temps, se fait prier pour sortir.
Ce vent qui la bouscule, ce froid qui lui mord la truffe, cette pluie qui la mouille de partout , n’aime pas.
Ce soir, à l’heure de la dernière sortie, Celui qui m’accompagne est remonté avec une boule de poils noirs complètement hirsute, et a lâché une seule phrase:

- C’est de la neige…

L’hiver est donc là.
La veille au soir, au cours d’une soirée entre amis au cours de laquelle les fous rires étaient au rendez-vous, il a été rappelé que les spécialistes de la nature ont annoncé un hiver extrêmement rigoureux.
Un froid polaire, nous dit-on.
L’été a ressemblé à l’été, a même empiété sur le printemps et l’automne.
L’hiver, lui a du caractère.
Pas question de s’adoucir.
Il est revenu en force aujourd’hui.
A chacun sa place.

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et la nuit

15 décembre, 2011

Lorsqu’Il part le soir pour travailler de nuit, je retrouve mes anciens réflexes, avec Pomme.
Cette intimité que nous avons depuis qu’elle est grande comme… un quart de Pomme.
Mon Mogwaï sait qu’Il ne part que pour quelques heures.
Elle a arrêté de pleurer et de gémir dès qu’il a franchi la porte.
Elle sait qu’Il va revenir vite.
Il faut dire que Pomme, en bon bichon havanais qu’elle est, est intelligente.
Très intelligente.
Ces temps-ci, comme je me suis lancé dans plusieurs projets assez prenants, je mets à profit les heures de la nuit pour travailler.
Elle se blottit dans un de ses paniers, celui du bureau, et s’endort…
Quand je me décide à regagner la chambre, elle me suit.
Dans la nuit, Il m’appelle.
Il sait que j’aime entendre sa voix, savoir qu’Il va bien.
Lorsque je raccroche, Pomme me regarde.
Toujours.
Elle attend que je lui dise que tout va bien, qu’elle peut dormir.
Moi, je commence à lire.
Lorsqu’enfin j’éteins, son panier est contre mon lit.
Dans le noir, je glisse ma main vers elle, et elle y dépose sa patte.
C’est notre geste, notre lien, depuis qu’elle vit avec moi…

Il revient aux petites heures du jour.
A chaque fois, je suis éveillée.
Et Pomme aussi.
La nuit est loin d’être terminée, mais je n’aime pas manquer ce moment où Il rentre, ce sourire, ce regard qu’Il a, qui me réchauffent le coeur.
Qui nous réchauffent le coeur, visiblement.
Car lorsque nous retournons tous les trois dans la chambre et que nous éteignons, Pomme s’endort… sans glisser sa patte dans ma main.
Elle n’en a pas besoin: tout le monde est là.

Martine Bernier

« Aujourd’hui, on chasse les loups! »

12 décembre, 2011

Partir au camp, lorsque j’étais aux scouts (ou plutôt aux guides) me donnait l’occasion, comme c’était le cas pour tous les enfants des villes inscrits, de devenir pour une quinzaine de jours une enfant des champs.
Ou plutôt une enfant de la forêt.
Je n’y suis pas allée souvent, mais à chaque fois, chaque jour était ahurissant pour moi.
J’adorais l’odeur des sous-bois, de l’herbe mouillée ou réchauffée par le soleil.

Comme je l’ai déjà raconté dans l’épisode sur la protection anti-ours, nos cheffes faisaient régulièrement appel à un chef scout masculin qui adorait venir nous proposer des activités « ciblées ».
Activités qui avaient l’art de me plonger dans des abîmes de perplexité et de me faire partir dans des fous rires très déplacés.

Un soir, à la lueur du feu de camp autour duquel nous étions toutes réunies, le chef invité a pris son air grave de circonstances pour nous annoncer:
« Dès demain, nous allons partir à la chasse aux loups…. »
J’avais 13 ou 14 ans, il devenait de plus en plus difficile de me faire prendre des vessies pour des lanternes.
Des loups en pleine campagne ardennaise…
J’avais comme un léger doute.

Echaudé par la réaction que j’avais eue lorsqu’il était venu nous donner un cours sur la façon de se défendre en cas d’attaque d’un ours, le jeune conférencier invité me surveillait du coin de l’oeil.
Mon large sourire n’a pas eu l’air de lui plaire puisqu’il a commencé par un soupir exaspéré:
- Bon, Won-Tolla, tu ne recommences pas!
- Je n’ai rien dit!
- Mais tu penses et ça se sent! Alors si tu as quelque chose à dire, dis-le maintenant!
- D’accord… A quoi sert d’apprendre la chasse aux loups dans une région où il n’y en a pas?
- Personne n’en est sûr! Les loups peuvent remonter depuis l’Italie!
- Oui enfin bon… le temps qu’ils arrivent en Belgique, ils doivent déjà traverser la Suisse et la France… A moins qu’ils ne passent par l’Allemagne? J’espère qu’ils ont une bonne boussole et qu’ils savent s’en servir.

Les rires fusaient autour du feu.
Et notre cheftaine, déchirée entre sa loyauté envers son ami et l’honnêteté qu’elle nous devait, a bredouillé:
- Il faut admettre que…
Notre hôte ne s’est pas démonté pour autant et à continué, en me regardant:
- Je sais bien que tu portes un totem de loup solitaire. Mais ne t’en fais pas, va, tu n’as pas à protéger tes congénères. Nous les relâcherons! Ce sont des pièges conçus pour ne pas les blesser.

Très fière de sa spirituelle répartie, il a poursuivi son exposé tandis que je me demandais si je rêvais.
Il a sorti d’un sac de vieux pièges à renards, tout rouillés, nous expliquant que « non non, ça ne leur fait pas mal », et qu’il allait nous montrer comment les installer.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Il a appuyé de toutes ses forces sur l’un des engins pour en ouvrir les dents qui devaient en principe se refermer sur la patte du pauvre loup qui passerait par là.
La simple vue de l’objet me mettait de fort mauvaise humeur.
Tout en nous abreuvant d’une abondance de détails, notre chasseur « trifouillait » son piège.
Quand soudain, au beau milieu d’une phrase, il a poussé un hurlement qui a dû réveiller toutes les meutes des alentours.
Le piège s’était refermé sur son poignet et, apparemment, cela faisait très mal.
Et il faut avouer qu’il était moins digne qu’un loup dans la douleur.

La soirée s’est terminée dans un branle-bas de combat général.
Deux de nos cheffes ont emmené le blessé en voiture à l’hôpital le plus proche.
Le lendemain matin, au petit-déjeuner, notre cheftaine nous a expliqué sobrement que notre ami Serge allait bien, qu’il avait dû être recousu et plâtré, mais « qu’il se remettrait très vite ».
J’ai mordu sur mes lèvres pour ne faire aucune réflexion.
N’empêche… la chasse a été bonne, nous avions attrapé un âne!

Martine Bernier

D’où venez-vous? La réponse…

4 décembre, 2011

Les laborieux efforts d’Unblog, hébergeur de ce blog, pour améliorer  le travail des blogeurs, a donc porté ses fruits après plusieurs jours, avouons-le, de galère en haute mer.
Inaccessible pendant près de trois jours, Ecriplume a eu droit à un abondant courrier et pas mal de réactions de la part des visiteurs rendus perplexes ou irrités par ces interférences.
Aujourd’hui, je découvre les nouvelles fonctions de l’interface me permettant de gérer le blog.
Parmi elles: une carte  permettant de savoir d’où viennent les visiteurs, vous qui visitez ces pages.

Si j prends la journée d’hier, pourtant perturbée par des mises hors services fréquentes, Ecriplume a reçu 805 visiteurs.
Moins qu’en temps normal, soit  mais un résultat d’autant plus étonnant qu’il était vraiment difficile d’accéder au blog.

85% de ces visites provenaient de France.
Le deuxième pays offrant le plus grand nombre de visiteurs est… le Canada.
Viennent ensuite: la Suisse, la Belgique,  l’Italie, la Hongrie, le Maroc, le Vietnam, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Grèce,  le Japon et la Thaïlande.

Etonnée et touchée de découvrir un tel panel, j’avais envie de partager ce mini tour d’horizon avec vous et d’envoyer une pensée reconnaissante à celles et ceux qui s’intéressent à Ecriplume!

 

Martine Bernier

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