Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Le miraculeux bougainvillier

12 novembre, 2011

Nous le savons tous: en novembre, ce sont les chrysanthèmes et ce genre de fleurs de saison qui apportent les dernières touches de couleurs avant l’hiver.
Cette année, j’assiste à quelque chose de très inattendu.

Lorsque nous avons commencé à installer notre nouveau nid, Celui qui m’accompagne m’a un jour apporté une toute petite pousse de bougainvillier en me donnant pour mission de ne pas la laisser mourir, précisant au passage que ce serait délicat: les bougainvilliers sont fragiles.
Oups.
Je n’y connaissais rien, et n’étais pas sûre du tout de pouvoir répondre à son attente.
Je l’ai installé sur le balcon, le mettant à l’ombre dès que le soleil devenait trop violent, l’arrosant ni trop ni trop peu, le surveillant…
Dès les premières semaines, il a semblé content d’être là et nous l’a prouvé en nous offrant de petites fleurs roses.
C’en était presque touchant, venant d’un petit machin qui faisait moins de 10 cm.
Puis il est redevenu vert, profitant de l’été indien.
Dès que les nuits sont devenues froides, j’ai installé mon précieux protégé dans mon bureau, avec quelques autres plantes, juste derrière la baie vitrée.

Depuis deux jours, j’assiste à un mini miracle.
Mon bougainvillier, qui fait désormais trois fois sa taille initiale, est à nouveau en fleurs.
Face à lui, derrière la vitre, le rosier qui a fleuri toute l’année est lui aussi en bouton.
Le citronnier nous offre un citron et les orchidées ressemblent à nouveau à des papillons colorés.
Un petit goût de printemps dans l’automne…

Martine Bernier

Le faux au-revoir à Monet chez Gianadda

9 novembre, 2011

Dès la première heure, ce matin, j’y ai pensé.
Aujourd’hui était un jour particulier.
J’allais rendre visite une dernière fois à l’exposition Monet avant son décrochage, à la Fondation Gianadda.
Cette fois, c’est avec Eric que j’allais revoir pour la quatrième fois ce que je considère comme l’une des plus belles expositions consacrée à ce peintre dont je ne me lasse pas de découvrir et redécouvrir le génie.
C’est bien pour cela que je ne peux résister à l’appel de ses toiles: à chaque fois que je les retrouve, je suis frappée par un nouveau détail.
Cette fois encore, cela n’a pas manqué.
En entrant dans la Fondation, j’ai eu un moment d’émotion intense.
J’ai une fois encore pris le temps de regarder les tableaux depuis le haut de la salle d’exposition.
De loin, les nymphéas « vivent ».
Des fleurs posées sur des eaux miroitantes, frémissantes.
La fameuse « Barque » est véritablement accrochée à la rive et donne l’impression que, si l’on tend l’oreille, on pourra entendre un oiseau ou le frémissement du vent dans les feuilles.

Je me suis approchée.
Et là encore, comme à chaque visite de ses oeuvres, ça a été une deuxième émotion.
Car, de près, c’est l’énergie de Claude Monet qui est perceptible à travers les traits, le mouvement, les couleurs, la lumière.
On imagine son regard, ses gestes, sa satisfaction devant le résultat.
Il est là, bien vivant, à travers ces oeuvres grouillantes de vie.
J’ai passé un très, très long moment, plongée dans la contemplation de ces toiles magnifiques.
Un bonheur serein, paisible…

L’exposition refermera ses portes le 20 novembre, et les toiles reprendront le chemin des musées et des collections privées auxquels elles appartiennent.
Avoir eu la formidable possibilité de pouvoir leur rendre visite plusieurs fois est un cadeau inestimable que nous devons une fois encore à Léonard Gianadda.

J’ai une mémoire souvent défaillante.
Mais, étrangement, j’oublie rarement une exposition.
Celle-ci, je le sais, restera gravée en moi comme étant celle ou l’une de celles qui m’a le plus bouleversée.
Je vois partir Monet comme je verrais s’éloigner un ami.
Me connaissant, j’aurai besoin de retrouver ses tableaux, et m’efforcerai de convaincre Celui qui m’accompagne de programmer un ou deux jours à Paris dans les mois à venir, peut-être en transit vers une autre destination.

Lorsque Monet s’en va, ses oeuvres, son talent me manquent.
Alors… ma bibliothèque regorge d’ouvrages qui lui sont consacrés, et des reproductions de certaines de ses toiles ornent les murs de mon bureau.
Il est très étrange pour moi de réaliser que cette attirance au départ plutôt discrète que j’ai toujours ressentie pour sa peinture a pris une telle place dans ma vie.

Les murs de la Fondation Gianadda proposeront dès le 1er décembre une exposition d’Ernest Biéler.
Elle sera belle, je n’en doute pas.
Mais j’aurais adoré que Monet prenne à demeure ses quartiers en Suisse….

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Je terminais ces lignes, déjà nostalgique, lorsque j’ai eu mes fils au téléphone, l’un après l’autre.
Le cadet n’est pas spécialement attiré par la peinture.
Mais j’ai tenté ma chance auprès de l’aîné, histoire de voir s’il aurait plaisir à m’accompagner pour une dernière visite.
Ravi, il a accepté.
Si, si, cette fois, ce serait vraiment la dernière… à moins que…

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et la tendresse

8 novembre, 2011

Depuis quelques jours, Pomme vit collée à moi sans que je comprenne vraiment pourquoi.
Mon Mogwaï qui, en temps normal, apprécie son indépendance, reste dans un périmètre maximum de 50 cm autour de moi, me sollicitant nettement plus que d’habitude.
J’ignore si c’est le changement de saison qui provoque cette affection débordante, mais j’essaie d’y répondre dans la mesure des mes maigrichons moyens.
Car, avouons-le: écrire avec un doigt en moins et un chien sur les genoux… j’ai connu plus confortable.
Ces jours-ci, le grand luxe pommesque est de s’asseoir sur mes genoux, de poser ses pattes devant mon clavier et d’observer mes mains lorsque j’écris.
De temps en temps, elle pose délicatement l’une de ses pattes sur ma main et j’écris ainsi… en duo.
Quand j’ai fini un texte, je la couche dans le creux de mon bras, lui chatouille les moustaches et elle entoure mon poignet de ses pattes.
Comment décrire sa manière de me regarder dans ces moments-là?
Un regard complice, malicieux, en coin.
Un regard si humain…

Hier soir, son comportement a pris un tour nouveau.
Depuis quelques jours, au moment de se coucher, elle vient se dresser contre le lit et m’implore de la laisser monter sur l’édredon.
Ce que je refuse systématiquement, évidemment.
Hier, elle soupirait, tournait en rond, traînait les pattes, se couchait, se relevait, revenait me regarder….
Son regard était si implorant que je me suis demandé pourquoi elle m’exposait cette requête qui ne fait pas partie de nos conventions.
Je n’ai pas cédé, mais j’ai rapproché son panier, que j’ai posé tout contre le lit.
Comme par enchantement, elle est allée s’y coucher et n’a plus bougé.
Trois minutes plus tard, elle faisait semblant de dormir, pattes en l’air, béatement.
Au moment d’éteindre, je lui ai longuement parlé.
Elle posait sur moi son regard noir, penchait la tête de droite à gauche, comme si elle cherchait à comprendre.
Son petit air attentif me fait fondre…
J’ai éteint, laissant ma main posée sur elle.
J’ai senti qu’elle se retournait, se tortillait.
Curieuse, je n’ai pas bougé.
Et j’ai réalisé…. qu’elle glissait sa patte dans ma main.

Quand je pense que certains disent de nos animaux qu’ils sont des « bêtes »…

Martine Bernier

Le jour où mon ordi a failli gagner

6 novembre, 2011

Cette fin de semaine fut épique.
Vendredi, en fin de journée, après un reportage passionnant, je me suis retrouvée avec un doigt cassé après un petit accident.
Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive et ce n’est sûrement pas la dernière.
Pas de panique, donc: ma main a renoué avec le chemin de l’attelle.
Pas question pour autant de renoncer à rendre mon article dans les temps.
Samedi matin, je me remettais au clavier.
Seulement voilà.
Max, mon ordinateur, avait apparemment décidé qu’il ne travaillerait pas ce week-end.
Entre Max et moi, c’est une histoire d’amour.
C’est avec Pomme et lui que je passe le plus clair de mon temps.
Quand il me fait un malaise, je passe donc tout mon temps à son chevet.

Cette fois, son problème était un peu bizarre.
En bref: plus rien ne fonctionnait, dans aucun programme.
Il ne répondait plus aux ordres que je lui donnais, vivant sa vie à sa guise, m’interdisant d’accéder à quoi que ce soit, déplaçant le curseur contre mon gré, bloquant les programmes et j’en passe.
Devant cette rébellion totale, j’ai commencé par passer par l’utilitaire de disque pour lui remettre les idées en place.
Aussi utile qu’un emplâtre sur une jambe de bois…
J’ai donc pris l’option de passer par les grands moyens en partant depuis le disque racine pour réparer les autorisations du disque.
En général, pas un Mac ne résiste à ce traitement radical.
En fait… aucun Mac ne DEVRAIT résister.
Max si.

En réalisant que mon article n’avançait pas et que ce traître d’ordi ne daignait pas consentir à me laisser travailler, j’ai un peu perdu patience.
Entendant mon désarroi, Celui qui m’accompagne m’a rejointe dans mon bureau.
- Mais qu’est-ce qui ne va pas?
- Tout! Il est devenu complètement fou. Je te montre un tout petit exemple. Regarde, je mets mon texte en surbrillance pour pouvoir utiliser l’outil statistiques. Mais dès que je lâche le bloc de texte, il abandonne la surbrillance. Et il fait cela pour tout! Il navigue tout seul dans les menus, les programmes disjonctent… la totale!

Les sourcils froncés, mon compagnon a pris la souris, a répété la manoeuvre que je venais de réaliser en vain une bonne trentaine de fois et… a réussi.
Il a reproduit la démonstration plusieurs fois, sans souci.
Reprenant la souris, j’ai refait à mon tour l’opération et… rien!

Je travaille sur cet ordinateur du matin au soir.
Il est donc exclu pour moi d’entendre que je ne fais pas bien le geste.
Il y avait autre chose.
J’ai réfléchi et… j’ai compris.

Sans perdre une seconde, j’ai retiré le bandage et l’attelle qui immobilisent mon doigt.
J’ai recommencé la manoeuvre.
Sans problème.
Comme par enchantement, mon ordinateur avait retrouvé sa sérénité, ne présentait plus aucun symptôme de folie.
L’attelle est composée d’un morceau de métal qui créait des interférences avec la souris à reconnaissance optique.

Moralité, pour que je puisse travailler en paix, il faut délicatement immobiliser une partie de ma main dans un bandage serré, et ne retrouver mon attelle que lorsque je m’éloigne de Max.
Entre mon doigt et mon ordi, il faut choisir!

Si quelqu’un me l’avait dit un jour… je ne l’aurais pas cru.

Martine Bernier

La grenouille et la casserole

5 novembre, 2011

Pour les besoins d’un article, j’ai rencontré hier un homme exceptionnel.
Dont je parlerai dans les jours à venir, lorsque l’article que je lui consacre sera diffusé dans l’hebdomadaire qui me l’a demandé.
Cet homme, qui vit à l’autre bout du monde, revient deux fois par an en Europe, par obligation professionnelle.
Et il m’a expliqué être stressé par le bruit, l’air qui n’est plus pur, l’effervescence, la circulation, tout…

Il m’a dit ceci:
- Les gens ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive. C’est comme l’histoire de la grenouille.
- De la grenouille?
- Oui. Jetez une grenouille dans de l’eau bouillante et elle essaiera de toutes ses forces de sortir de la casserole. Mais mettez la dans une casserole d’eau froide en montant peu à peu la température et elle ne réalisera pas qu’elle est en train de cuire.

Il a raison.

Martine Bernier

Paroles d’homme

2 novembre, 2011

Lorsque Celui qui m’accompagne est entré dans ma vie, voilà plus d’un an, il a tout de suite exprimé clairement ce qu’il pensait.
Dès qu’il a vu que notre relation était solide, il a exprimé son désir d’avenir commun.
Du premier jour jusqu’à aujourd’hui, il a tracé une ligne droite et ne s’en est jamais éloigné.
J’ai découvert un homme plein de fantaisie, mais aussi clair, honnête, attentif, et…. organisé!
En bon militaire capable de prendre en mains l’organisation quotidienne d’un bataillon entier, il a constitué mentalement un plan de manoeuvre auquel il s’est tenu… en arrondissant les angles pour ne pas m’effrayer.
Et en m’affirmant que « non, non, je n’ai pas gardé de séquelles de ma carrière militaire! »
Durant tous ces mois, j’ai souvent entendu la phrase: « Une chose après l’autre, nous allons y arriver. »
Il avait raison.

La première étape était de trouver du travail en Suisse, ce qu’il a fait.
Parallèlement, il a visité avec moi des appartements adaptés à nos envies, et m’a déménagée en s’arrangeant pour que je vive ce nouveau changement sans fatigue excessive.
Là aussi: mission accomplie.
Troisième étape: transformer ce nouveau nid en nid plus que douillet.
Il a donc passé le printemps et l’été à embellir et fleurir les lieux et à tout mettre en oeuvre pour que chacun de mes désirs soit comblé.

Quatrième étape: il a entrepris de suivre le fil de sa nouvelle formation professionnelle tout en annonçant son congé de son poste actuel, puis a commencé tranquillement son déménagement.
Cinquième étape: il a quasi terminé ledit déménagement ce mardi.

Parti de Suisse à 3 heures du matin pour une journée de travail, il est revenu le soir même, profitant de la journée fériée du 1er novembre.
Je l’ai vu revenir à bord d’une camionnette remplie à ras bord de ses affaires.
Inutile de préciser que cette journée de repos a été pour lui des plus actives…
Mais mon géant a une énergie débordante, demandant juste l’aide d’Eric, toujours présent dans les bons et les mauvais moments.
Cette fois, il s’agissait de monter… le frigo.

Hier donc, en début d’après-midi, la camionnette était vidée et le frigo prenait place dans la cuisine.
Une installation qui a été immédiatement suivie par une parole d’homme qui mériterait de figurer dans les meilleurs dialogues de film…
Regardant son oeuvre d’un air ravi, Celui qui m’accompagne a ensuite posé son regard sur moi, m’a gratifiée d’un large sourire, et a dit:
« Voilà! Maintenant, j’habite ici: mon frigo est là! »

Nous sommes partis dans un fou rire…

Ne reste plus maintenant qu’attendre la cinquième étape: l’installation définitive, dans à peine plus d’une semaine.
Après avoir passé sa vie en kaki, il a décidé de mettre d’autres couleurs dans son existence.
Une gamme nettement plus pastel.
Le bivouac du début se transforme en camp permanent.
Durant ces mois d’effort, je l’ai souvent vu les yeux très cernés, mais jamais il ne s’est plaint de rien.
Il a forcé mon admiration…
Rien n’est plus précieux qu’un homme fiable.

Martine Bernier

Aurore, Monet et la douce semaine

30 octobre, 2011

Ce n’est un secret pour personne: les jours de bonheur passent plus vite que les autres.
Nous arrivons déjà au terme de cette semaine passée avec Aurore, ma fillotte de Bretagne.
Durant une semaine, j’ai une fois pu constater combien, du haut de ses 16 ans tout frais, elle cumule un nombre de qualités assez impressionnantes.
Sa maturité, sa tolérance, son intelligence, son humour font d’elle un être humain extrêmement attachant.
Nous l’avons intégrée dans un quotidien encore un peu compliqué, puisque, même si Celui qui m’accompagne avait une semaine de vacances, il fallait, de mon côté, que j’assume certains mandats.
Mais nous avons quand même pu lui faire passer quelques heures à la découverte de certaines entités…
Parmi lesquelles la Fondation Gianadda.
Oui, je sais, c »était la troisième fois que je retournais voir l’exposition consacrée aux oeuvres de Monet.
Et j’y retournerai encore avant le décrochage, en novembre!

Immersion aussi dans mon travail, en m’accompagnant à une interview, découverte d’une région qu’elle ne connaissait pas, de la forêt de montagne revêtue de ses couleurs rouges d’automne avancé, conversations intimes, complicité retrouvée…
Découverte de spécialités culinaires, de ces petites choses qui font le quotidien d’un pays.

Puis l’aéroport, le moment des au-revoir et son retour vers sa famille.
Et l’assurance, pour elle, qu’elle a un pied-à-terre en Suisse.
Cette nuit, ce sera au tour de Celui qui m’accompagne de reprendre la route.
Pomme et moi allons retrouver notre fonctionnement en binôme et notre quotidien actif.
Avec, à l’esprit, les images d’une douce semaine.

Martine Bernier

La nouvelle

28 octobre, 2011

Cela faisait si longtemps que je l’attendais que j’avais fini par ne plus oser l’espérer.

Mercredi, Celui qui m’accompagne a passé la journée en formation pour le travail qu’il débutera bientôt.
Nous savions que l’échéance se rapprochait, mais nous n’avions toujours aucune certitude.
L’installation définitive de mon baroudeur dans notre nid dépendait du permis de travail qu’il devait obtenir.
Ce mercredi, au terme d’une journée passée en tête-à-tête avec ma fillotte de Bretagne, Celui qui m’accompagne est revenu.
Il m’a expliqué comment s’était déroulé cette journée très dense.
Et, dans la conversation, a glissé, l’air innocent: « pour le permis, le Département de Police a déjà accepté. Il arrivera dans quelques jours. »

J’ai failli ne pas relever tellement il avait prononcé ces mots sans sembler leur prêter d’importance particulière.
- Mais? Cela veut dire que tu seras bientôt là pour de bon?
- Pour Noël!

Devant ma mine déconfite, il a souri et a corrigé:
- Non, pour le 15 novembre.

Le 15 novembre??
Mais??
C’est dans 15 jours!
Je l’ai regardé.
Quand j’ai vu son sourire, j’ai compris qu’il ne plaisantait pas et qu’il était lui aussi visiblement heureux.
Depuis qu’il bivouaque dans ma vie, nous avons pris nos marques, avons appris à vivre ensemble, à mélanger nos univers.
Cette nouvelle, nous l’attendions, nous l’espérions.

Bientôt, il ne prendra plus la route en pleine nuit pour retourner en Franche-Comté.
Désormais, lorsque nous réemprunterons ces chemins, ce sera ensemble et par plaisir.
Pomme ne sera plus triste en le voyant partir.
L’appartement ne semblera plus vide durant la semaine, nous n’aurons plus deux quotidiens séparés.

Hier, comme cela lui a été demandé, nous sommes allés annoncer son arrivée à la Maison de Commune de notre lieu de résidence.
Lorsque nous sommes sortis, il s’est passé quelque chose d’étrange.
J’ai eu le sentiment que les couleurs de l’automne étaient plus belles encore, que l’air était plus doux, que l’atmosphère était plus légère…

Martine Bernier

Le double anniversaire

24 octobre, 2011

Nous avions décidé de préparer une surprise à Aurore, ma fillotte de Bretagne, et à mon fiston cadet.
Tous deux avaient eu leurs anniversaire au cours de ces quelques derniers jours, et nous voulions les fêter comme il se doit.
Ce dimanche donc, la tribu s’est réunie pour une de ces rencontres dont j’aime tellement l’ambiance.
Un repas gargantuesque, au menu duquel la Thaïlande, la France et la Suisse ont mélangé leurs talents culinaires, un flot de cadeaux et une fin d’après-midi placée sous le signe d’un jeu particulier.
Comment trouver un jeu réunissant et intéressant plusieurs générations?
Simple: prendre une série de questions non pas de culture générale, mais personnelles, concernant chacun de nous.
J’expliquais le sens des questions à Kim, notre Petit Prince de 5 ans perché sur l’accoudoir de mon fauteuil, et lui aussi répondait.

Je crois que chacun de nous a passé un beau moment…
Chacun a joué le jeu avec sincérité.
Et a été touché par la fraîcheur et la poésie des réponses de Kim.
Comme par exemple:

- Kim aventurier:
Kim , si un magicien te disait que tu peux choisir de vivre dans une autre époque, n’importe laquelle. Que choisirais-tu?
Le temps des dinosaures…

- Qu’est-ce qui t’a fait le plus peur?
Une publicité. (suit l’explication de la scène en question, puis un instant de réflexion.) Et puis l’autre publicité (autre explication de ce qui l’a terrifié, ponctué par un petit air sérieux et soulagé à la fois). Ca, c’était vraiment terrible.

- Kim généreux:
Si tu avais un super pouvoir, que tu pouvais faire quelque chose d’extraordinaire, que ferais-tu?
Je sauverais la ville.

- Kim poète:
Et si on te demandait: y a-t-il quelque chose que tu voudrais changer dans ton corps pour te sentir mieux encore?
Oui. Je voudrais des ailes…

Ce fut une douce journée.
J’ai adoré voir une fois encore la générosité de chacun, leur humour, l’ambiance joyeuse et remplie de tendresse.
Ce qui m’a le plus touchée?
Les larmes d’émotion d’Aurore, qui ne s’attendait pas du tout à être aussi importante pour nous tous.

Autour de la table, hier, ne se trouvaient que de beaux êtres humains.

Martine Bernier

Le travail à domicile: un bonheur à gérer.

22 octobre, 2011

L’une de mes amies me disait hier matin qu’elle était intriguée par mon organisation de travail, m’encourageant à en parler car, disait-elle « le travail à domicile attire beaucoup de monde, sans que nous sachions vraiment à quoi il faut s’attendre ».
Si mon expérience peut permettre à d’autres de trouver des pistes de réflexion dans leur envie de s’installer dans ce mode de vie particulier, pourquoi pas…
Il existe une multitude de possibilités en matière de travail à domicile.
Je ne peux parler que de celle que connais bien: la mienne…
Ma profession fait partie de celles qui permettent de faire ce choix… à condition d’en accepter les conséquences.
Il faut pour cela se préparer à l’idée qu’il faudra travailler en free lance, ce que je fais partiellement, ne jamais se reposer sur ses lauriers, comme tous les indépendants, dans tous les secteurs d’activité.

Si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure, il faut être conscient de quelques éléments importants.
Pour ma part, je fonctionne de cette manière depuis environ 25 ans.
A chaque fois que j’ai dû travailler dans un bureau qui n’était pas le mien, pour des périodes finalement assez courtes, j’ai été frustrée.
Depuis toujours, j’ai préféré avoir un bureau chez moi, pour des raisons d’organisation et de personnalité.
Un goût prononcé pour l’indépendance et une allergie prononcée pour les lieux de travail trop fréquentés m’ont toujours fait apprécier le travail solitaire.
Je devrais dire partiellement solitaire.
J’ai la chance d’avoir plusieurs employeurs, avec lesquels se met en place la première partie du travail: la commande des articles et des dossiers.
Le téléphone et le courrier électronique sont aujourd’hui les moyens de communication privilégiés, qui évitent bien des déplacements, même si certaines réunions de travail sont absolument nécessaires lorsqu’il s’agit d’élaborer un plan pour une tâche plus importante.
Pour les articles, une fois que la ligne de travail a été établie, il faut prendre les rendez-vous et rencontrer les interlocuteurs.
Ce n’est qu’ensuite, pour la partie rédactionnelle, que le travail à domicile commence réellement.

Dans les premières années de ma vie professionnelle, il a fallu gérer mon travail et la présence de mes enfants.
Si c’est votre cas, vous allez découvrir un phénomène particulier: pour un enfant, il est difficile de réaliser que sa maman travaille puisqu’elle est « à la maison ».
Il faut très tôt leur faire comprendre que lorsqu’elle se trouve dans son bureau, elle n’est pas aussi disponible qu’en temps normal.

Même si vous n’avez pas d’enfants, il y a une condition sine qua non pour pouvoir travailler chez soi: l’autodiscipline.
Ne pas se laisser distraire, ne pas transformer les avantages de l’indépendance en risques est un équilibre à trouver.
Bien sûr, vous pouvez travailler quand vous le voulez, selon les horaires que vous souhaitez.
Mais si vous cédez à l’envie de faire une pause trop souvent, ou de remettre au lendemain, vous risquez de ne pas arriver au bout de vos tâches.
La discipline doit aussi être présente par rapport à votre entourage.
Il m’a fallu très souvent et il me faut toujours expliquer clairement aux personnes qui ont envie de me voir que je ne suis pas femme au foyer même si je travaille chez moi.
Mon bureau est un vrai bureau, et les heures que j’y passe pour travailler dépassent très largement les horaires traditionnels.
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû expliquer que, non, je ne pouvais pas aller me balader ou faire du lèche-vitrines en compagnie d’une amie, m’interrompre pour aller prendre « un petit café » ou recevoir quelqu’un pour une après-midi de détente.
La rigueur est essentielle, tout comme l’est la nécessité de faire comprendre à ceux qui ne l’ignorent, que la journée de travail de quelqu’un qui oeuvre depuis son bureau personnel est à respecter autant que celle d’un employé classique.
Etre éloignés du centre stratégique de votre employeur peut être un point négatif.
A vous de conserver le contact.

Autre piège, celui dans lequel j’ai tendance à tomber depuis toujours: laisser le travail déborder sur la vie privée.
Quand, comme c’est le cas depuis quelques mois, le travail est très dense, j’ai tendance à me retrouver devant mon écran avant six heures du matin, à ne pas quitter mon clavier avant la nuit, et à me relever parfois après minuit pour noter une idée ou m’avancer dans mes écrits.
Si vous vivez seuls, aucun problème, si ce n’est celui de voir s’accumuler une fatigue insidieuse.
Lorsque vous êtes en couple, il faut être plus stricts sous peine de voir le travail prendre un rôle trop important.
Pas facile, car la tentation est forte « d’aller s’avancer un peu, juste quelques minutes ».
Ici, le fait de rentrer chez soi ne permet pas de laisser les préoccupations professionnelles à la porte.
D’autant que, dans mon cas, mon bureau est toujours, pour moi, la pièce majeure de l’appartement.

Ces mises en garde faites, je ne peux qu’encourager ceux qui ont envie de travailler depuis chez eux.
Vous bénéficierez d’atouts plus qu’appréciables: un confort de travail irremplaçable, un environnement choisi, la liberté de vous organiser comme vous l’entendez, le calme, l’absence d’éventuels conflits ou tensions entre collègues.
Pour moi, il est nettement plus simple de gérer un stress uniquement dû aux délais de remise de textes et à la somme de travail à assumer, que de supporter la nervosité régnant dans un endroit que je n’ai pas choisi.

Martine Bernier

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