Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

L’ami de Stéphane

9 septembre, 2009

Ils se connaissent depuis des années tous les deux, ont partagé des aventures, un sport de haut niveau, de grands moments de fête et de rire, des coups durs aussi. Stéphane et Véro me l’ont présenté un jour d’été. Il venait de subir une petite tentative de croquage intempestif de Baboune, la petite chienne un peu timide lorsqu’elle a peur,  et n’avait que modérément apprécié. Nous avons parlé, j’ai apprécié son calme et sa façon réfléchie d’aborder les sujets. Nous nous sommes revus trois ou quatre fois. Il a partagé du jus d’orange  au Café du Muret. Le moindre mot me faisait mal. Mais il m’a permis de partager avec lui des conversations pleines de tact. Il s’est proposé pour m’accompagner à une interview à l’autre  bout de la France, et a semblé déçu lorsque le rendez-vous a été décommandé.

Hier, j’ai réalisé qu’un message de sa part m’attendait sur l’adresse email que j’avais en France. Il me demandait à quelle date je serais dans ma Terre de Sel, en octobre, pour pouvoir programmer un apéritif de mini crémaillère avec notre bon géant et sa moitié. Je lui ai répondu pour lui donner les dates et il m’a dit qu’il serait là pour m’accueillir à l’aéroport.

A chaque fois qu’il a fait une incursion légère dans ma vie, discret et fiable, il m’a apaisée sans le savoir alors que j’avais largement commencé le voyage en enfer signé Alain. Il est l’ami de mon ami, et, tout simplement, un être bienfaisant, de ceux qui me rappelent que les hommes ne sont pas tous source de douleur.

M.B. 

 

La rivière

7 septembre, 2009

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Derrière l’endroit où j’ai posé mon sac coule une rivière. Elle marque la frontière entre la France et la Suisse. Un petit pont l’enjambe. J’y balade Scotty plusieurs fois par jour. Elle est comme moi,  mélancolique, triste. Elle semble me demander quand elle retrouvera son jardin, ses copains humains de là-bas, ses copains chiens,  aussi, ses pommes fermentées, les troupeaux d’escargots, l’ambiance du muret… Elle regarde ce qui nous entoure, perplexe. Ici, je ne peux plus la laisser courir en liberté. Tout est beau, propre, bien rangé. C’est un environnement à la fois rassurant et réservé.

Sur le petit pont, mes rêves sont tristes. En fait, je n’ai plus de rêves. Il me les a brisés les uns après les autres, sans raison. Juste par lâcheté.

Dans la nuit, le lac Léman, que je vois depuis ma fenêtre, ressemble à une immense masse noire et mouvante, à peine éclairée par les lumières des villes qui le bordent. Elles me font penser à un gâteau d’anniversaire géant.

Ce soir, Aurore n’allait pas bien. Notre conversation me rappelle que, lorsque l’on est adolescente, les sentiments sont purs et très puissants. Et l’absence est difficilement supportable. Finalement, on ne change pas tellement en prenant de l’âge…

J’essaye de taire ce que je ressens, de ne pas ennuyer ceux qui tiennent à moi par des plaintes. Mais rien ne cicatrise, rien ne guérit. Coup de blues, ce soir, sur le Léman. Certaines blessures ne guérissent pas.

M.B.

Super Skype

5 septembre, 2009

Lorsqu’autrefois quelqu’un devait quitter les siens pour un long voyage, la séparation était totale. Avant la création des premiers relais postaux, les nouvelles arrivaient parfois, portées par un voyageur croisé en chemin. Puis le courrier a fonctionné. Ensuite, le téléphone a permis des appels de temps en temps. Mais jamais aucune génération n’a pu communiquer comme nous communiquons aujourd’hui.  Skype, comme msn et d’autres moyens trouvés sur le net, est bel et bien l’un des outils les plus magiques pour établir un contact permanent.

Aujourd’hui, grâce à lui, le Triangle d’Or s’est reconstitué. J’ai pu longuement parler avec Aurore, ma fillotte, voir ses parents et son frère comme si j’étais avec eux au « Café du  Muret ». Puis j’ai retrouvé nos compères de là-bas, tout contents de pouvoir faire un brin de causette en ma compagnie, comme si nous étions dans le jardin de ma maison. Et enfin, j’ai revu mes petits gavroches, ma lumineuse Véro et Stéphane, mon bon géant. C’est fou ce que nous avons été heureux de nous retrouver, tous… L’image et le son, comme si nous étions à côté les uns des autres. Il ne manque plus que le contact physique pour que tout soit parfait. Les serrer contre mon coeur, c’est sans doute ce qui me manque le plus. Il me faut attendre la mi octobre pour cela.

Skype est aussi un lieu de découverte. Le premier contact visuel avec certains. Un visage sur une voix. De l’émotion.

Demain, je sais que je vais les retrouver, tous. Avec, en prime, la beauté du présent puisque Eric m’emmène déjeuner au bord du lac. Je navigue donc entre la réalité Suisse où je suis entourée de beaucoup de tendresse et de chaleur, et la réalité momentanément lointaine de ma Terre de Sel où, là aussi, grâce à des outils nouveaux, l’affection est véhiculée par delà les frontières.

M.B.

T’a-t-il aidée?!

4 septembre, 2009

L’un de mes amis m’a posé une question, qui est revenue souvent au cours de ces derniers jours: « Est-ce que, au moins, il t’a aidée à  assumer tout ce qu’il y a à  assumer pour un tel déménagement d’une maison de deux étages, d’un pays à  un autre, et pour le côté très physique de la chose? »

Voyons…. je vais répondre par une histoire…

Un homme un peu inconscient, en jouant avec les manettes du Temps, contrarie un jour le fil de l’Univers, et transforme 100 hectares de prairie verdoyante en un désert de sable.
Ce qui, au passage, étouffe une bonne partie de la population. Un détail, me direz-vous. Du moment que cela ne touche pas les siens, n’est-ce pas…
Il faut réagir, rectifier l’erreur, rendre la terre à  la terre et éliminer le sable.
Une équipe de gens courageux arrive à  pied d’oeuvre et travaille… Ils travaillent jour et nuit, armés de machines de chantier, de pelles, de tous les outils possibles et imaginables, pour essayer de réparer ce que l’homme a brisé…
Le responsable de la catastrophe, lui, nie avoir une quelconque responsabilité dans l’affaire. Lui, coupable? Non mais ça ne va pas? Et après tout, croyez ce que vous voulez, il n’en a rien à  faire.
Mais, il consent, dans son infinie bonté, à  répondre aux appels à l’aide pressants qui lui sont adressés.
Enfin… il essaye.
Il a des choses tellement plus importantes à  faire, comprenez-vous…
Restant aux abonnés absents la plupart du temps, prétextant des rendez-vous plus urgents, un état de santé décidément précaire, il répond une fois sur dix aux appels, et se déplace de mauvaise grâce à quatre ou cinq reprises sur le terrain en trois mois pour constater les dégâts. Son oeuvre.

Mieux encore, comme le petit peuple pleure devant l’ampleur de la catastrophe, il décide de donner un généreux coup de main.
Il sort délicatement une cuillère à  thé de sa poche et consacre vingt précieuses minutes de son temps à  déplacer le sable. Une fois sa tâche accomplie, il affiche l’air épuisé et vaguement fier de lui du héros qui vient de réaliser à  lui seul les douze travaux d’Hercule en une fois.
E-rein-té…
Le lendemain, il ne comprend pas la colère, l’exaspération qu’il laisse derrière lui. Et le simple fait d’avoir connaissance de cette colère le met lui-même dans une rage folle.
Comment, le peuple n’est pas encore content? L’ingrat! Après tout, mince, il a bougé! Non? Et puis,  il a une tâche bien plus importante à  accomplir qu’à vous écouter. Laquelle? Contempler son honorable nombril. Qu’il a de fort joli, d’ailleurs.

Belle histoire, n’est-ce pas?

Quelle était la question, déjà ? Ah oui, Alain m’a-t-il aidée…
Amusant.

M.B.

Message d’ailleurs

3 septembre, 2009

Depuis mon bureau où j’écris en ce moment après une semaine d’absence, j’ai vue sur le lac Léman.
Je suis en Suisse, juste à la frontière entre ces deux pays que j’aime et dont je porte la double nationalité.

Le départ de St Molf a été déchirant.
Une soirée d’adieu au cours de laquelle ni mon Triangle d’Or ni moi n’arrivions vraiment à réaliser que nous allions être séparés.
La remise d’un galet rond ramassé sur une plage de là-bas par Fred, et recouvert de messages d’amour…
Un petit bateau remis à neuf exemplaires à chacun des neuf membres du Triangle par Stéphane. Avec, sur chacun, un prénom et un message que nous sommes seuls à connaître…

Et puis la nuit. La dernière.
A 3h30, je repars dans la maison.
Ma maison… notre maison…
J’ai versé des torrents de larmes dans ma maison vide.
Larmes à l’idée de quitter ceux que j’aime.
J’ai eu l’impression d’avoir le coeur arraché lorsque j’ai dû quitter mon nid…
Pour la première fois de ma vie, j’avais un début de racines.

A 4h30, dans la nuit noire, ils sont tous venus m’embrasser, me serrer dans leurs bras.
Béa, Véro, Clément, Théo, et mon bon géant, si triste, qui cherchait à me réconforter alors qu’il en menait aussi peu large que moi.
Seul mon petit Yoyo n’avait pas pu venir, lui qui m’avait cédé sa chambre et était parti dormir chez sa grand-mère pour la nuit.
Yoyo dont les larmes m’avaient bouleversée la veille au soir au moment de me dire au-revoir…

Trop de douleur, trop de chagrin accumulés depuis ce 19 mai où Alain est devenu un autre, où il m’a brisée.
Mon coeur est tout cassé…
Et puis la route avec, à mes côtés, Aurore, ma pauvre petite fillotte coincée entre quatre guitares, un ordinateur énorme, et des sacs. Et Fred, toujours si solide auprès de moi, si fiable, si contraire à ce qu’est devenu Alain.

Douze heures de route pour arriver, éreintés, devant un appartement visiblement encore habité, mais où personne ne répond à la sonnette.
Coup d’angoisse… je frappe aux portes, le mari de la concierge file à la recherche du propriétaire qui n’a pas encore vraiment déménagé. Et ce dernier arrive, dans un état second, véhiculant un parfum d’alcool plutôt inquiétant. En entrant dans l’appartement, nous avons le choc de notre vie. Il n’a pas été nettoyé, est même franchement sale, et si les meubles sont bel et bien partis, toutes les affaires du propriétaire sont encore en place. Coup d’assommoir, cette fois… Les déménageurs sont arrivés, et souhaitent quitter la Suisse avant la fermeture de la douane, à 22 heures.

Nous sortons, je respire un grand coup, je réfléchis très vite et je sonne le rassemblement de mes fidèles disponibles… Eric, mes fils, ma belle-fille Magaly, Sonia, mes proches. Tous ceux qui le peuvent arrivent et nous vidons les affaires du monsieur dans la cave. Il a l’air perdu. Je devrais lui en vouloir mais je ne peux pas. Je sais qu’il a perdu sa femme depuis peu. Il est en perdition…
Le soir, Fred, Aurore, Scotty et moi passons la nuit chez Yann, après un repas sur le pouce de re bienvenue en Suisse.
Le lendemain, tout le monde revient sur les lieux du crime et nous travaillons comme des fous. Mais c’est décourageant: plus de 4000 livres en cartons remplissent complètement le bureau et la plupart des pièces, et l’appartement doit être désinfecté. Les lieux ressemblent à une ruche bourdonnante…

Aurore filme… pour ceux qui sont restés là-bas, elle filme… Et moi je pense à Stéphane qui n’aimera pas ce qu’il verra.
Le vendredi soir, chez Yann, nous sommes trois à prendre nos guitares pour offrir à mes anges de St Molf un concert improvisé.

Le samedi matin, lorsque Fred et Aurore reprennent la route, j’éprouve une douleur indescriptible. Nous nous sommes vus chaque jour pendant six mois, avons traversé les pires moments ensemble. Jamais ni eux ni mes anges gardiens de là-bas ne m’ont lâché la main. Ils ont été présents à mes côtés, forts et tendres, toujours… Et là, ils partent… c’est une souffrance.. une grande souffrance… même si je sais que je retournerai à St Molf en octobre déjà.

Eric, les enfants (dont Magaly!) et Sonia font bloc autour de moi. Nous travaillons beaucoup. Le soir, chez Sonia, je retrouve l’un de mes amis, Dominique. Un bon nounours qui est resté en filigrane de mon existence durant tout ce temps, par MSN. Il m’a fait un gâteau glacé de bienvenue, en bon boulanger-pâtissier qu’il est…

Le soir, je décide de passer ma première nuit seule dans l’appartement. Enfin… avec Scotty. Rien n’est en place, c’est angoissant, triste, mais je sais qu’il le faut. J’ai besoin de me retrouver, de mettre de l’ordre dans mes idées, dans mes sentiments, dans mes émotions.
Durant tous ces jours, fidèle lui aussi, mon visiteur des étoiles me retrouve chaque soir, et parfois dans la journée. Il m’empêche de vaciller trop, m’aide à supporter mes nuits, à apprendre un nouvel équilibre.
Quelques jours plus tard, il va me forcer à voir Alain tel qu’il est, en produisant sur moi un véritable électrochoc. Ses arguments sont du type massue, mais il trouve les mots justes. Je sais qu’il a raison… tout le monde me le dit. Je n’ai qu’une réserve. L’homme que j’aime ne ressemble pas à l’homme que je vois depuis trois mois.

Je reste en contact quasi permanent avec mon Triangle d’Or. Mais hier soir, c’était la première fois que je reparlais à mon bon géant depuis longtemps. C’est à lui que je dis aujourd’hui que si le Triangle est un peu « sonné » en ce moment, il est toujours là. Ne glisse pas. Je suis là. Et n’oublie pas que tes véritables amis s’appellent Véro, Fred, Béa, Thierry… et pas Mister B. B.!

Il me reste des milliers de choses à faire. Certaines plus importantes que d’autres.

Mais Ecriplume reprend vie. Il faudra cependant attendre samedi pour le prochain texte, si tout va bien.

Encore un mot pour tous ceux qui ont mis des messages à propos de l’interview de Julos Beaucarne: merci, du fond du coeur… Il mérite largement vos réactions, et bien plus encore…

Martine Bernier

Dernière nuit…

25 août, 2009

00:30

Je vis ma dernière nuit dans ma maison…

Toute la soirée, Fred m’a aidée à terminer les cartons, rejoint par Béa. Nous avons parlé, nous nous sommes souvenus… Ils sont précieux…

Alain est-il venu? Oui. Il est passé le soir remettre une carte graphique dans mon ordinateur. Il a pris moins d’une demi-heure. A dit des mots, m’a serrée dans ses bras, m’a embrassée. Du vide. Il sait ce qui m’attend. Et ce qui l’attend. Ne bouge pas. Me disait la veille qu’il n’a plus le droit de bouger une oreille chez lui. Je le regarde songeuse. Mais on ne transforme par une souris en tigre.

Eric, mes enfants, mes amis: je reçois plusieurs appels et mails aujourd’hui. Encore une fois je suis confondue devant autant d’amitié et d’amour… Aurore vit cette dernière journée avec moi. Dès qu’Alain s’éloigne, elle se précipite, suivie par Véro. Elles savent que je vais mal, très mal. Le Triangle se reforme sur le « Café du Muret. Fred va chercher des verres, du jus d’orange…

Deux fois dans la journée mon visiteur des étoiles me parle, bien qu’il ait entrepris une semaine lourde sur le plan professionnel. Le soir, juste après le départ d’Alain, nous avons une conversation. Tout le monde, dont lui, est extrêmement clair par rapport à Alain. Ce dernier le sait et cela le rend furieux. Mais il a beau dire… les gens sont jaugés sur leurs actes, pas sur leurs paroles. Quand ces dernières ne sont que du vent et que les actes sont graves, la colère gronde. C’est ainsi et c’est normal. Et moi… je n’ai plus envie de le défendre. Je vais reprendre une phrase qu’il m’a souvent dite depuis le 19 mai, alors que, à chaque fois, j’en arrivais à presque perdre la raison en raison de la douleur qu’il m’infligeait, alors que je devais gérer seule tout ce que nous avions entrepris à deux: « j’ai d’autres priorités… »

Dans quelques heures, les déménageurs viendront chercher les meubles et mes tonnes de livres. Scotty est toute perdue… Elle et moi passeront la nuit prochaine chez Béa et Fred, puis nous prendrons la route, Aurore, Fred, Scott et moi, pour la Suisse. Un appartement m’attend dans une ville frontière entre la France et la Suisse. Jusqu’au 1er septembre, je serai sans connexion internet. Plus d’écriplume donc pendant quelques jours.

Ensuite? Je verrai… je ne sais pas, je ne sais plus. Tout est confus, chaotique, incertain, terrifiant même. Je vais fermer les yeux et essayer de trouver le sommeil.

Martine Bernier

Les mots…

24 août, 2009

Les mots sont des personnages étranges… Ils ont toujours fait partie de ma vie, ont nourri ma plume, me font vivre et parfois mourir.

A 16 ans, j’ai écrit une chanson qui commençait ainsi: 

« Les mots ne sont que des boulevards que l’on emprunte sans y penser. Les mots ne sont que des buvards qui boivent le sens que l’on veut leur donner ». J’avais déjà compris deux ou trois choses, semble-t-il…

Aujourd’hui, j’ai vu les mots dans chacun de leurs rôles.

Des mots d’amitié, dans la bouche de Sylvie, mon amie rencontrée sur Facebook et venue me voir pour la première fois. Tout était limpide… normal…

Des mots d’amour sur les lèvres de mon Triangle d’Or, en réponse à mon texte d’hier…

Des mots d’amour tendresse échangés avec Aurore, hyper sensible.

Des mots durs d’Alain qui me trouve aigrie et me le dit, ce qui me blesse.

Des mots complices avec mes fils, Sébastien et Yann…

Et ce soir, des mots un peu maladroits qui me bouleversent… suivis d’autres, qui corrigent la trajectoire des précédents, et qui me bouleversent tout autant, mais différement. Des mots d’un être profondément bon, qui, découvrant la portée de ceux qu’il a choisis, ne sait comment m’apaiser et m’avoue être penaud. Mais la veille c’est moi qui l’ai heurté en choisissant mal les miens. Et pourtant… jamais je ne voudrais le blesser d’une manière ou d’une autre.

C’est fou. « Les mots ne sont que des boulevards que l’on emprunte sans y penser. Les mots ne sont que des buvards qui boivent le sens que l’on veut leur donner.  » C’était déjà vrai à l’époque et ça l’est toujours aujourd’hui.

Et pourtant, absolument à chaque personne que je viens de citer, je peux adresser les mêmes mots: je vous aime. Ce sont finalement les seuls qui valent la peine d’être prononcés.

 

M.B.

 

Lettre à ceux d’ici…

23 août, 2009

Dans 4 jours, je serai sur la route qui me mènera vers la Suisse. Le coeur et la vie brisés. Mais je ne peux pas partir sans écrire ces quelques lignes à celles et ceux qui ont fait ma vie durant les six mois que j’ai passés ici.

Il y a d’abord ceux de mon Triangle d’Or…  Ceux sans qui je n’aurais sans doute pas survécu au choc que m’a réservé Alain ni aux mois qui ont suivi, et leur cortège de tortures au quotidien.

Le premier d’entre vous que j’ai vu en arrivant, c’est toi, Fred, en sortant mon chien. Tu as été si gentil…. Tu es l’un des êtres les plus généreux de lui-même qu’il m’ait été donné de rencontrer. Tu aimes donner l’impression que tu es solide, toujours joyeux, serviable, un peu foufou. Mais au fil du temps tu m’as permis de découvrir l’autre Fred, avec cette profondeur, cette sensibilité et ce bon-sens qui te sont propres.  Tu es venu à mon secours si souvent, là où Alain avait pourtant promis d’être présent. C’est toi qui, aujourd’hui,  transportes mes cartons de livres et autres pour les réunir dans le garage, sachant que je suis incapable d’en porter. Et c’est encore toi qui vas me conduire jusqu’en Suisse…

Béa… Je n’oublierai jamais ce que tu as fait cette nuit-là… tu es restée auprès de moi jusqu’au matin. J’était hébétée, j’avais le coeur en sang. Je n’ai pas guéri, d’ailleurs… il saigne toujours. Tu es belle, calme, réfléchie, intelligente et bourrée d’humour. Ce petit grain de folie qui te prend parfois est un régal… Pudique, tu n’étales pas tes sentiments, et pourtant, ils sont si forts… Tu rassures, es toujours présente pour aider qui en a besoin. Scotty en a été l’heureuse bénéficiaire! Comme moi…

Aurore, petite perle… Quand je pense que tu ne te vois pas telle que tu es! Je crois n’avoir jamais vu de jeune fille de ton âge aussi tendre, aussi mûre et aussi prévenante. Intelligente, belle, naturelle, un peu timide, mais si radieuse… Tu es le rayon de soleil du bout de l’allée.  Tu sais ce que tu représentes pour moi, ma fillotte…

Yoann, petit Yoyo… avec ton rire perlé, les petits cheveux blonds dont les pointes blondissent plus encore au soleil, jusqu’à en être presque blanches, ta fraîcheur de petit garçon heureux, tu es le vif-argent du Triangle d’Or, un petit morceau de bonheur sur pattes!

Véro,  petit bout de femme courageuse, généreuse et tendre, tu as un cran fou. Ta franchise m’amuse énormément. Tu dis toujours ce que tu penses et n’hésites pas à prendre la défense de ceux qui en ont besoin. Quand la situation l’exige tu prends le taureau par les cornes et tu te bats. Pour faire plaisir à ceux que tu aimes, tu es prête à faire n’importe quoi ou presque. Les poèmes que tu leur adresses, si émouvants, en sont la preuve…

Clément et Théo, les petits gavroches, vous êtes deux bulles d’air éclatantes de vie et de joie.  Je me souviens très bien du jour où, avec Yoyo, vous êtes venus me sauver de ma première invasion d’araignées. Je me souviens aussi de nos jeux, de nos fous rires, de vos postures de statues, chacun sur l’un des pilliers du portail, du jour où nous avons fait « bibliothèque en plein air » dans mon jardin, à la découverte de mes bouquins. Vous êtes de parfaits petits voisins et d’adorables petits garçons.

Stéphane… mon bon géant, mon frère de coeur, mon complice, mon bon ange. Nous en avons fait du chemin, tous les deux, depuis le jour où tu m’as dit que tu étais sûr de m’avoir déjà rencontrée… Tu en as vécu des choses, en quelques mois… Tu es passé par tellement d’épreuves, subi tellement de douleurs. Mais tu as trouvé le chemin, je crois.  Ne lâche pas ma main, mon ami…

Vous resterez dans ma vie et vous le savez…

Et puis, il y a tous ceux qui ont joué un rôle dans mon existence, tout au long de ces mois… Brigitte et Michaël et leurs enfants, Léo et Maxime. La famille de Véro, sa maman, ses soeurs, ses cousins et cousines. La maman de Béa, les parents de Fred. Dominique, l’ami de Michaël pour la douce conversation d’un soir. Rico et Maëva. Et Thierry, qui m’a fait énormément de bien  sans, sans doute, s’en apercevoir.

 Et puis…

Toi, Alain… Tu as été en dessous de tout et tu le sais. Inutile de te fâcher, c’est la réalité. Je devrais te maudire, te détester, mais je ne peux pas. J’ai du dégoût pour ce que tu as fait, pas pour ce que tu es. Je t’aime encore et tu le sais aussi. Parce que moi… je n’ai jamais prononcé un seul mot sans le penser réellement. Je ne t’ai jamais fait croire à ce qui n’était pas.

Terre de sel de ce pays, petit St Molf  qui m’a accueillie, je laisse un morceau de moi auprès de toi…

A ceux qui ont pris soin de moi, ici, en Suisse et en Belgique… merci… du fond du coeur. Je vous aime et je vous attends, là-bas…

 

Martine Bernier

 

PS: cette nuit, le ciel est tapissé d’étoiles lorsque je retrouve mon Visiteur nocturne, après un silence d’une nuit. Lui aussi compte beaucoup… Mais c’est sur une pluie d’étoiles un peu particulière que nous parlons: un feu d’artifices venant clôturer la Fête des Battages. La nuit est largement tombée. Pendant que j’écoute mon interlocuteur, je regarde les silhouettes de mes voisins rentrer après le feu. L’une des dernières nuits que je passe dans ma maisons d’ici…

Cette nuit, je n’écris pas…

22 août, 2009

Cette nuit, oui, je n’écris pas. J’ai le coeur en hiver. La journée fut mauvaise, triste. La soirée aussi. Alors non, cette nuit, je n’écris pas. Si ce n’est pour dire que Michaël Jackson sera enterré le 3 septembre dans un petit cimetière d’Hollywood. Même après sa mort on n’aura pas pu le laisser en paix.

Eric, mes anges, Memling et Van Eyck

18 août, 2009

Retrouver Eric m’a fait un bien fou… Qu’il ait été capable de faire plusieurs heures de route avec son frère pour passer un moment avec moi me touche profondément. Dans la vie, il y a les hommes bien et les autres. Et puis il y a une troisième catégorie pour les « mentions spéciales ». Il en fait partie.

Dans cette catégorie où il n’y a pourtant pas foule, vous avez aussi Stéphane, venu me sauver d’une visiteuse matinale énorme noire, velue et parfaitement indésirable sur le plafond de ma chambre à la première heure du jour. Et puis il y a Fred, incroyablement altruiste et toujours présent avec une efficacité redoutable. Deux de mes anges gardiens.

La présence ces trois hommes, prévenants, à l’écoute, donne une résonnance particulière aux non réactions d »un autre homme qui ne fréquente pas leur catégorie en ce moment.

Ce soir, Aurore me fait un double cadeau qui va rentrer dans le panthéon de mes cadeaux préférés. Petite Aurore si douce…

Mais, minée par une journée difficile, je suis épuisée. Quand je vais mal, je me réfugie dans mes livres d’art, qui sont presque les seuls à être encore présents hors cartons. Ce soir, je me plonge dans les oeuvres des peintres flamands. Je regarde les portraits si fins de Memling. Puis les oeuvres de Van Eyck, virtuose dans l’art de rendre les matières. C’est l’un de ceux à qui l’on attribue la création de la peinture à l’huile. Le talent de ces peintres me fascine toujours autant. Les visages de leurs portraits sont d’un réalisme troublant. La peinture m’interpelle au plus profond de moi. J’aurais tellement aimé avoir ce don…. Mon Visiteur des Etoiles le possède. Certaines de ses aquarelles sont magnifiques. Il m’apaise. Ils m’apaisent, tous les quatre…

 

M.B.

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