Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

« Demain tantôt »

4 août, 2009

J’ai beau venir de la partie francophone de la Suisse, et avoir été élevée dans le Brabant wallon, en Belgique, il m’arrive pourtant de me dire que je ne suis pas très au point avec le français. Chaque pays a ses expressions, ses patois, ses mystères. Quand un Suisse (un Ormonan, de ceux que j’aime tant ) vous dit: « Quelle cramine! J’ai la débattue! », comprenez: « quel froid, j’ai les mains gelées! ». Et je suis très fière d’arriver à comprendre ces expressions qu’il m’a fallu du temps à apprendre.

Mais quand Béa, m’a dit tout à l’heure que je pourrais demander quelque chose à Fred: « demain tantôt », j’ai eu un fou rire nerveux. Au secours!!! Ca recommence! Moi y en a pas parler langage indigène!!! Magnanime, Béa m’a expliqué que cette expression voulait dire « demain après-midi ». Il fallait le savoir….

Forte de mon nouveau bagage intellectuel, je suis désormais prête à affronter les expressions insolites de la langue française. Mais la vie ne s’arrête pas à cela.

Aujourd’hui, tandis que, pour la troisième fois en quelques jours, j’attends Alain qui me promet sa visite mais qui ne vient pas, Nicolas Sarkozy voit sa cote de popularité remonter grâce à son malaise de la semaine dernière. Il le rend humain…  Comme la nature humaine, justement, est étrange…

Je suis contente pour le président. Moins pour moi.

Ce soir, une double conversation me retient sur mon ordinateur. Aurore, puis un  homme sensible et intelligent, passionné de musique, rencontré sur facebook. Agréables moments et découverte d’un jardin secret…

La nuit est tombée depuis longtemps. Je erre dans la maison en me demandant si le sommeil reviendra un jour fréquenter mes nuits normalement. J’ai tout exploré de la nuit. La couleur, les nuances du ciel, toutes les phases de la lune, les étoiles ou la nuit noire, la pluie ou les grosses chaleurs, le souffle du vent et les colères de la tempête, les voiles de la brume… les chauve-souris, les moustiques, les insomnies que je provoque chez ma chienne agacée. J’ai passé des nuits dans mon canapé, dans les lits des chambres d’amis, à regarder le ciel par le velux. Mais je reviens toujours dans mon propre lit, en boule dans un coin , un t-shirt dans les mains, à attendre.. attendre…

Un ami m’a proposé du travail pour mon retour en Suisse. Encore un ange gardien… Tandis que Véro souffre d’un souci de santé que je connais bien pour le vivre régulièrement, des visiteurs sont venus voir la maison, aujourd’hui. Je me suis retirée. Il faut des gens particuliers, pour y habiter. Il faut la respecter, cette maison que j’aime tant, et être capable d’apprécier comme ils le méritent les voisins qui l’entourent.

Les heures s’enfoncent dans la nuit. Et moi, j’écoute Rostropovitch…

Toi… Repense à Aragon et Elsa… Les amants d’aujourd’hui rendant visite aux amants d’hier, disais-tu, accompagnés par cette sonate de Bach que Rostropovitch maîtrisait avec une dextérité parfaite… Notre vie…

 

M.B.

 

 

Marylou

3 août, 2009

J’aime les enfants. C’est ainsi depuis toujours. Cela ne veut pas dire que je suis gâteuse devant la moindre frimousse et que j’accepte toutes les bêtises qu’ils peuvent faire. Non. Ils savent qu’ils y a des règles à respecter. Mais savent aussi  qu’ils sont importants pour moi, ce qui crée des relations privilégiées. J’aime les écouter, les regarder. Il est possible de voir très tôt quel genre d’adultes ils seront. Ils sont l’avenir… et c’est nous qui avons la responsabilité de leur devenir.

Marylou est un petit concentré de féminité et de charme qui a bientôt 12 ans. Elle est ma filleule. Nous ne nous étions pas revues depuis deux ans. J’ai  voyagé, ces dernières années, et ai eu une vie plus que mouvementée qui ne me laissait pas vraiment beaucoup de disponibilité. Et puis, voici un peu plus d’une semaine, j’ai reçu un mail de Marylou, qui me disait combien elle était malheureuse de ne plus me voir.

Je m’en suis voulue et ai décidé de corriger le tir. Et je l’ai invitée à venir me voir avec ses parents et son frère. Par chance, ils passaient une semaine de vacances à quelques kilomètres d’ici, et sont passés ce soir.  Une petite fleur au regard émouvant…

Je termine la soirée en regardant Polnareff. J’avais déjà vu ces images…  Je le regarde et je me dis que j’ai eu de la chance de pouvoir le voir sur scène.

MB

Michel Polnareff, la vie et la force d’un commentaire

2 août, 2009

Demain soir, France 2 consacrera une partie de sa soirée à la diffusion d’un reportage sur Michel Polnareff. Ce chanteur particulier, merveilleux musicien, je l’apprécie depuis mon enfance. Aussi, lorsqu’il est venu donner un concert à Genève après trente ans d’absence, mes billets étaient réservés depuis plusieurs mois. L’instant précis où il est apparu sur scène, je ne l’oublierai jamais. Quelle ferveur dans la salle… Johnny Halliday était présent, venu écouter son ami en famille. Ca a été un concert magique, émouvant, généreux. J’ai adoré l’interprétation qu’il a faite de la chanson de lui que je préfère: « L’Homme qui pleurait des larmes de verre ».  Ce formidable compositeur, porteur de tellement d’attente de la part de son public, n’a pas déçu. Il a été épatant.

J’ai lu sa biographie, ai tout vu et tout lu sur lui. Et pourtant, je ne chercherai jamais à le rencontrer en interview dans le cadre de mon travail. Pourquoi? Parce que… je n’aurais rien à lui demander. J’ai juste un bonheur pur et quasi enfantin à l’écouter, notre « Amiral ». Et je crois qu’Eric, mon ex mari et meilleur ami, a eu autant de plaisir que moi à l’entendre et le voir en concert alors qu’il ne faisait pourtant pas partie de la Grande Confrérie des Fans.  J’ai rarement eu autant de plaisir à assister à un récital. Tout ce qui sera dit dans le documentaire qui passera demain, je le sais sans doute déjà. Et il y a de grandes chances pour que je connaisse déjà les images qui seront diffusées. Mais je pense qu’il y a de fortes chances pour que je sois devant l’écran.

Après une journée au cours de laquelle mon moral a ressemblé à une pièce de dentelle de Bruges, j’ai rendu visite à Steph et Véro , deux de mes complices du Triangle d’Or. Le commentaire qu’a laissé Véro ce soir sur l’article d’hier me poursuit. Mon départ vers la Suisse est prévu pour le 27, et Alain n’a toujours pas bougé. Je suis déchirée. Où est ma vie, mon avenir? Ai-je raison de partir? Je suis écartelée entre ceux que j’aime ici et ceux que j’aime là-bas. Mais surtout, j’ai toujours mon coeur captif entre les mains d’un homme qui s’est perdu.

Je suis mal. Mais le monde continue à tourner, le malotrus. Kouchner a confié dans la presse aujourd’hui qu’il faut que « nous bâtissions la paix avec les Afghans ». Une paix qui ne peut passer que par un dialogue avec les talibans. Il a fait cette déclaration alors qu’un 29e soldat français vient d’être tué en Afghanistan. C’est tragique… Mais c’est la première fois que j’entends parler de dialogue dans cette situation. Comment être indifférente à la souffrance du monde, même si la mienne est insupportable?

Martine Bernier

 

Interdit de sourire et mon premier karaoké

2 août, 2009

Curieuse coïncidence… C’est ce 1er août, jour de la fête nationale suisse, que je reçois les documents officiels me permettant de faire ma demande de carte d’identité française. Ma double nationalité est de plus en plus concrète… Le problème, c’est que pour réaliser une carte d’identité, il faut des photos. Et j’ai horreur de cela. Prenant notre courage à six mains, Bea, Aurore et moi nous sommes rendues chez un photographe qui a réglé l’affaire en dix secondes. Seulement voilà. Désormais, en France comme en Suisse, les photos figurant sur les papiers officiels doivent être aussi avenantes que des photos anthropométriques. Il est interdit de sourire, il ne faut pas avoir de cheveux devant les yeux (pratique pour moi qui ai une frange de poney sauvage!), se tenir droite, fermer la bouche, bref, avoir l’air d’un parfait zombie. Je suis donc repartie avec mes photos ratées, me résignant à l’idée que ma carte d’identité française sera illustrée d’un portrait que je n’aurai aucun plaisir à montrer. Que j’aurais même plutôt tendance à cacher. Tsss… 

En rentrant, alors qu’elle nous entraîne à l’Espace Culturel, Aurore décide de me faire un cadeau et m’offre un carnet magnifique, hautement symbolique. Il est recouvert d’enluminures… Ce joli présent me touche plus que je ne peux le dire… La délicatesse d’Aurore est un bonheur perpétuel…

Le soir avait lieu un grand événement: nous fêtions l’anniversaire de Michaël, notre voisin du bout de l’allée. Avec son épouse Brigitte, tous deux avaient bien fait les choses pour recevoir une bonne douzaine de personnes. La soirée a été  chaleureuse et amicale. Sur la demande du roi de la fête, j’ai accepté d’aller chercher ma guitare. Mes doigts sont usés de jouer, ces jours-ci… j’ai retrouvé mes automatismes, mes réflexes, mon amour de mon instrument, moi qui n’avais plus que très peu de temps pour jouer.

La deuxième partie de la soirée m’a réservé des surprises… J’ai assisté à mon premier karaoké! Si!!! Moi!!! En partant, mes amis s’inquiétaient de savoir si cela ne m’avait pas trop traumatisée! En fait, il y a une foule de choses que j’ai trouvées amusantes ou agréables. La longue conversation avec Dominique, ami de Michaël, passionné par son métier d’ambulancier urgentiste. Ou les deux danses que Rico, ami de Fred, m’a demandées, moi qui ne danse pratiquement jamais. Je n’irais pas jusquà dire que le karakoé est du grand art, mais cela m’a amusée de voir Fred, Rico, Michaël et Stéphane s’époumoner de concert et chanter plus faux les uns que les autres sur des chansons joyeusement massacrées. Plus délicates, Véro, Béa et Brigitte ont sauvé l’honneur en chantant plus en nuances. J’avais l’impression d’être propulsée sur une autre planète. Je vis ici des choses que je n’ai jamais vécues ailleurs. Etonnant!

Au milieu de la fête, mes anges gardiens veillent sur moi, l’air de rien. Fred et Stéphane sont toujours à l’écoute, toujours attentifs et me le montrent avec une tendresse désarmante. Heureusement que je les ai. Car d’un autre côté, je n’ai que le silence…

Il est 2h30 du matin. Enroulée dans un grand châle, je regarde les étoiles…

Martine Bernier

Joseph, Scotty, Julos, Dominique et la vie

31 juillet, 2009

Ah, les rires de Joseph (voir article du 9 juillet)… Quand il m’a rappelée ce matin, mon complice du Burkina habitant la France, son rire joyeux a envahi la maison. Il plaisante, me taquine, s’amuse d’un rien.. Il est tonique, Joe, m’expliquant en bloc qu’il veut m’emmener visiter son pays natal, semer un peu de bonne humeur en Suisse lorsqu’il viendra m’y dire bonjour et me demandant quelle langue je parle lorsque je traduis les chiffres de son numéro de téléphone (soixante-seiiiiize, quatre-vingt quatooooorze) par septante-six et nonante-quatre. Mais!!!!!!!!!

La journée se poursuit, souvent dure en raison du comportement d’Alain, tandis que je continue à surveiller Scotty de très, très près afin qu’elle ne retombe pas dans son vice (voir article d’hier). Dès qu’elle arrive à s’échapper, elle recommence à filer vers les arbres fruitiers. Ce chien est véritablement équipé d’une tête chercheuse! La moindre queue de pomme la met en transes. 

En fin d’après-midi, après une courte visite de la belle Maëva, de son beau-père Eric et de Béa, Aurore et moi regardons le film « Le Sixième Sens ». J’aime ce moment de complicité si doux.  Ce soir, je passe un long moment chez Véro et Stéphane. Je tiens à eux… A eux tous… Enormément.

En rentrant, le soir, dans la maison, je me suis connectée sur facebook. Et là, je découvre que Dominique, un intéressant interlocuteur sur ce programme, m’a laissé un petit cadeau: un lien me permettant d’entendre une chanson de Jean-Michel Caradec, ce chanteur breton si touchant, parti trop tôt, sur lequel j’ai écrit un article voici quelques semaines.

En parlant avec Dominique, je découvre qu’il connait et qu’il considère comme étant son chanteur préféré un être tout à fait hors normes: Julos Beaucarne. J’ai été épatée… Je n’ai pas rencontré souvent de ses fans en dehors de la Belgique. Dans ce pays, il est un momument, un très, très grand poète. Il a écrit des textes magnifiques, ciselés, un brodeur de mots, avec certaines mélodies d’une beauté pure et claire.  Dominique a bon goût! Et j’en profite pour m’incliner devant le talent de Monsieur Julos. Ah, les perles de  son « Petit Royaume »… Facebook réserve de belles surprises!

Et à part cela? Je termine un article annonce le salon du jouet, en Suisse, qui consacrera une grande part de son parc d’exposition au modélisme. Je ne m’y intéresse pas particulièrement. Quoi que je suis assez fascinée, en ce moment, de voir ce que peuvent faire les télécommandés. 

 

Martine Bernier

 

 

www.julos.be/

Scotty et Yoann…

28 juillet, 2009

Ce petit chien noir aux moustaches fières de colonnel à la retraite a vécu avec moi  les épreuves les plus dures, et continue à le faire. Scotty, qui est en fait une demoiselle, est importante pour moi. Elle n’est pas très affectueuse, mais elle a de l’humour, adore me taquiner quand elle est de bonne humeur, et s’adapte à tout avec une aisance ahurissante.

Depuis quelques jours, Scott est malade. Comme elle l’a été il y a un mois, elle tombe lorsqu’elle court,  semble faible, pas dans son assiette. Lorsque je l’avais emmenée chez la vétérinaire, celle-ci avait diagnostiqué un coup de chaleur et avait mis ma chienne sous médicaments.

Seulement voilà. Ca a recommencé. Et il n’a pourtant pas fait spécialement chaud.

J’ai observé Scotty. Et j’ai réalisé qu’elle allait très souvent dans le fond du jardin, là où se trouvent les pommiers. Clairement, elle mange et abuse des pommes fermentées, tombées des arbres. En clair, je me demande si mon chien n’est pas ivre! Campagnarde et alcoolique! Et bien…

Mais je crains qu’il y ait autre chose. Elle n’est pas bien, je le sens. Demain, je prendrai un autre rendez-vous.

Ce soir, elle me regardait, toute triste. Elle a sauté son repas, pour la première fois de sa vie. Je suis très inquiète. Que vais-je faire s’il lui arrive quelque chose? Il s’est passé des choses si horribles et si tristes dans ma vie depuis deux mois que je ne pourrais pas en encaisser davantage. J’ai dépassé depuis longtemps le seuil de ce qui est humainement possible de supporter. Alors mon chien… Non. Je n’ai pas envie de perdre ce chien-chat, indépendant et peu démonstratif, mais au comportement si… humain.

La santé de mon petit terrier est au diapason de ce que fut ma journée. Mais par bonheur, il y a eu un moment à la fois important et beau. Yoann, l’un des membres du Club des Cinq, m’a fait le cadeau de sa confiance. Yoyo, dont les cheveux blondissent au soleil de cet été, vivait une situation difficile dont il souffrait autant que ses parents, depuis hier, jour des bêtises enfantines. Il ne savait plus trop comment se sortir de cette impasse et est venu me voir en compagnie de sa soeur, ma tendre Aurore. Nous avons parlé, philosophé et ri. Puis il m’a aidée à ôter les pommes tombées de l’arbre pour permettre à Scotty de commencer sa cure de désintoxication.

Ensuite, ce petit bout de bonhomme au rire perlé est parti parler à ses parents, conscient  qu’il fallait qu’il se soulage le coeur et qu’il leur dise combien il se sentait mal d’avoir commis une bêtise. Le soir, quand je l’ai recroisé, il avait accompli la première partie de sa mission. Il avait parlé à sa maman. Son regard à ce moment-là a été un cadeau magnifique. Un regard lumineux et fier. Nous n’avons pas parlé. Juste cet échange de regard et un sourire radieux. Il sait que je suis très fière de lui…

M.B.

Les enfants, ces curieux petits personnages

27 juillet, 2009

Parfois, les enfants font des bêtises dont ils ne mesurent pas les conséquences. Ce qui vaut automatiquement quelques cheveux blancs à leurs parents.

Les petits gavroches du Triangle d’Or ne sont pas des anges eux non plus. Dans le rayon bêtises, ils ont fait fort, aujourd’hui. Des bêtises d’enfants naïfs, simplement.

Ces petites bouilles malicieuses ne sont pas des bandits en puissance. Ils sont simplement normaux, essayent des expériences tentantes mais parfois risquées, peuvent se laisser influencer par des adolescents plus âgés qu’eux, qui ne donnent pas forcément le bon exemple.

Ce matin, j’ai eu la chance de passer du temps avec les deux frères, Clément et Théo. Lorsque Clément est parti, je suis restée seule avec Théo pour la première fois. Il a déjeuné chez moi et j’ai eu envie de prendre du temps pour lui, pour apprendre à le connaître mieux. Nous avons longuement parlé, tous les deux, tandis qu’il avalait sa purée-jambon. Je me suis amusée à inventer pour lui un mini questionnaire de Proust. Il a répondu aux questions avec application et sérieux, touchant et drôle à la fois. Dès qu’il se trouve avec d’autres enfants, Théo entre dans un rôle. Il devient une petite bombe humaine, galopante, débordante de vie et d’astuce. Monté sur ressorts, il saute, court, file à la vitesse de l’éclair, crâne. Mais dès qu’il est en tête-à-tête, il devient complètement différent. Et c’est ce petit bonhomme-là que j’ai découvert aujourd’hui.

Ce soir je pense à lui. Un ange à midi, un malicieux et inconscient petit cornichon dans l’après-midi. Ce soir, lui et son ami d’en face n’étaient pas franchement fiers d’eux. Et moi… je les adore, ces gamins. Et leurs parents m’épatent… Quand aux bêtises… elles s’oublient très vite.

Martine Bernier

Avis de tempête sur le Triangle d’Or

21 juillet, 2009

Epuisante journée…

Une matinée rude sur le plan personnel. Pas de détails…

Puis les choses se sont déroulées très vite un peu comme s’il m’était interdit de reprendre ma respiration entre deux émotions.

J’ai commencé l’après-midi en réalisant l’interview téléphonique d’un auteur dont je parlerai sans doute dans les jours à venir. Un psychologue intéressant et drôle. Un peu plus tard dans l’après-midi, j’ai reçu un appel de Fred me demandant si la jeune fille qui a perdu sa maman dernièrement pouvait venir me voir, comme je le lui avais proposé la veille au téléphone. J’ai bien sûr accepté. Une conversation longue et riche avec un but: redonner de l’espoir, le goût de vivre. J’ai vu des larmes, puis son sourire revenir doucement. Alors que nous étions toujours ensemble, son téléphone a sonné: le couple de ses amis qui l’a recueillie chez lui au cours de ses derniers jours souhaitait venir me voir également. Encore des jeunes qui ne vont pas très bien. Les rencontrer m’a pris un bon morceau de l’après-midi. Lorsque tout mon petit monde est parti, alors que je passais un moment avec Véro, Fred m’a rappelée pour me demander si son ami, qui a donc perdu sa femme et qui a eu un geste de désespoir ce week-end, pouvait passer. J’ai dit oui. Nouvelle conversation profonde, très positive. Ma vie a toujours ressemblé à cela. Impossible de vivre dans l’indifférence.

Et puis… un moment plus tard,alors que la soirée était largement entamée, nous nous sommes tous retrouvés devant chez Véro. Elle allait mal, très mal. Un événement est venu assombrir son ciel brutalement. Les papillons noirs sont revenus hanter le Triangle d’Or. Je lui ai promis que je serai auprès de son Tendre demain, et que nous essayerons de chasser les nuages. Je pense à Thierry. J’aurais bien besoin de son aide. Les géants aux yeux tristes sont fragiles… Et les femmes ne sont pas incassables…

Il est très tard… Il pleut. J’écoute la pluie et je repense à la journée et à celle qui m’attend demain. La gérance a programmé une visite de la maison demain midi.  C’est infernal. J’en veux terriblement à Alain.

Je pense à lui, toujours à vivre ses petites vacances tranquilles. J’essaie de faire abstraction, de faire machinalement ce que j’ai à faire, de ne pas me laisser influencer par ce que l’on me dit de lui. Mais comment y arriver? Il ne fait rien pour me donner des raisons de le faire.

A la télévision, il est question de l’éclipse qui va plonger l’Asie dans le noir. Un curieux personnage, Indien de son état, annonce la fin du monde imminente, avec à peine quelques millions de survivants, dont plus de 60 millions d’Indiens. Nous voilà beaux! Quelques secondes plus tard, on parle de la pandémie de grippe A qui va frapper le monde à la rentrée. Super…

Décidément, ce fut une épuisante journée…

Martine Bernier

 

Tranche de vie

20 juillet, 2009

En regardant s’éloigner la voiture de mes parents de coeur, ce matin tôt, j’ai eu le coeur lourd. Le retour dans la maison vide n’a pas été facile. Je lui ai offert un nettoyage général pour la récompenser d’avoir supporté 10 jours de réunion familiale.

La journée s’est écoulée… Une longue conversation avec Stéphane, un saut à Guérande avec Fred et Aurore, une visite de Véro, un peu d’écriture. L’attente, le coeur serré. Deux sms. Le second me fait peur. Il s’est blessé. Je suis sans doute stupide de m’inquiéter pour lui… De toute façon, il ne répond pas. Je ne veux pas écouter ce que l’on me dit de lui… pourtant, je sais bien qu’ils ont sans doute raison.

En début de soirée, j’offre un apéritif à Fred et Béa au « Café du Muret ».  Du pastis et du jus d’orange servis sur le petit mur qui entoure mon jardin. Un échappé du Tour de France s’arrête à notre poste de ravitaillement: Thierry, venu à vélo depuis chez lui pour rendre visite à son ami Stéphane. Très sportif, il avale les kilomètres apparemment sans effort. C’est toujours un plaisir de le voir. J’ai bien noté qu’il m’a annoncé sa visite en Suisse dès mon arrivée! Thierry, si tu me lis (oui, me dis-tu, chaque jour! Courageux, va…), sache donc que tu auras un gîte étape helvétique lorsque tu iras faire ta prochaine balade en vélo.

Tandis que Berlusconi continue à se ridiculiser, le monde fête les 40 ans des premiers pas de l’Homme sur la Lune. Avant de partir pour la France, j’avais été chargée de réaliser un grand article sur cet événement. Je devais questionner toute une série de personnalités connues du public sur les souvenirs qu’elles gardaient de ce jour-là. En fait… nous avons tous un souvenir précis lié à l’événement. Le mien est à peine flou. C’était presque un an après la mort de mon père. Je me souviens d’avoir suivi l’événement en direct à la télévision, En regrettant qu’il ne soit pas là pour les voir, ces hommes qui réalisaient le fantasme de Jules Verne. Et consciente, malgré mon jeune âge, que ces images marquaient une étape importante… et que le mystère de la Lune, qui m’avait tant fait rêver, était démystifié pour toujours. Le Bonhomme de la Lune n’existait pas… Il ne pêchait pas les étoiles, assis sur le nez de l’astre de la nuit. Quelle déception… A la place de mes rêves, je découvrais que l’Homme était capable de choses que je n’aurais jamais imaginées possibles. L’Homme était un héros. Où avait-il trouvé le courage de partir? Et s’il ne revenait pas? Et s’il restait coincé sur la Lune? J’avais peur pour lui, pour eux.

Le monde, la vie, l’être humain sont des paradoxes continuels. L’Homme est capable de tous les courages, de toutes les prouesses, de toutes les inventions, des gestes les plus nobles, les plus beaux. Il sait aussi être le plus vil, le plus lâche et le plus bas des êtres de la création, capable de torturer, de faire la guerre, de violer, tuer, abandonner, de mettre sa tête dans un seau pour ne pas assumer ses responsabilités, de réduire d’autres hommes en esclavage, et j’en passe.

La maison est vide, ce soir. Si l’Homme n’est qu’un être humain imparfait par définition, la Femme n’est pas plus brillante, elle qui continue à vivre des nuits sans sommeil pour l’un d’eux.

M.B. 

 

Lettre à celui qui a voulu partir

19 juillet, 2009

Il y a un peu plus d’un mois, un ami de l’un des membres du Triangle d’Or a perdu la femme qu’il aimait. Une souffrance indescriptible, qu’il a essayé de gérer avec courage, pour la fille de son épouse. Une adolescente qui a choisi de vivre avec lui, et qu’il aime profondément.

Tout le monde a pensé qu’il reprenait doucement le dessus. Pour elle. Seulement voilà… dans la nuit de samedi à dimanche, cet homme qui souriait pour faire oublier son regard désespéré, a essayé de prendre congé de la vie. Il s’est retrouvé à l’hôpital, avec tout le cortège des choses tristes et dures qui accompagne ce genre d’événements. Comme il refusait un  séjour en psychiatrie, il a quitté l’établissement dans l’après-midi. Il n’existe pas de médicaments pour soigner le désespoir.

Son ami a décidé de passer la nuit auprès de lui. Tout le monde est mal, tout le monde a peur.

Il avait demandé à me voir. Je pensais lui rendre visite la semaine prochaine. Il n’a pas attendu.

Je le comprends tellement bien…

Je n’ai pas les mots miracles, pas plus que je ne sais ce qui permet de passer au dessus d’un tel chagrin. Mais j’ai des choses à lui dire, et il le sait, il le sent.

Si seulement il pouvait lire ces lignes, je lui dirais: « Attends-moi, j’arrive. Laisse-moi une chance de te parler. »

On n’aime jamais assez. On ne fait jamais assez d’effort pour soutenir les autres.

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