Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Un barbecue pas comme les autres…

19 juillet, 2009

Ce samedi, mes parents de coeur avaient décidé, pour remercier les habitants du Triangle d’Or et fêter leur prochain départ prévu pour lundi, d’organiser un barbecue.

Ce jour était d’autant plus important que Yoann fêtait son neuvième anniversaire. Nous avons débuté la journée en douceur. Petit cadeau au roi de la journée et visite de Stéphane qui a apporté les palourdes que Monique, ma maman d’adoption, avait décidé de proposer farcies.

Les préparatifs se sont modifiés au fil de la journée, en fonction du temps. Celui-ci était venteux, entrecoupé de pluie, rendant très incertain un repas à l’extérieur. Nous avons donc commencé à préparer le garage pour qu’il se transforme en salle à manger, grâce à Fred et Béa qui nous ont fourni tables et chaises. Une table recouverte de friandises et de petits cadeaux pour les enfants, et une autre, plus grande, pour les adultes et Aurore: tout a été prêt pour la fin de la fête d’anniversaire de Yoyo.

L’ambiance s’est installée très vite. La sensibilité de mes voisins a fait merveille, renforcée par la malice de Parrain et la douceur de Monique. Bon repas, bons vins, bonne ambiance, musique… nous avons passé un moment magnifique. Gai et doux à la fois.

Je les regardais, l’un après l’autre… J’ai, depuis ce matin, une plaie dans le coeur. Alain, toujours Alain… Et eux qui, contrairement à lui, font tout pour m’épargner, pour adoucir ce que je vis… Véro, si généreuse d’elle-même, si solaire. Béa, si fine, efficace et drôle, discrètement à l’écoute. Aurore, grâce et sensibilité incarnée. Et ma garde rapprochée: Fred, tendre nounours, feu follet protecteur,  et Stéphane, mon frère de clan, pilier essentiel.  Et mes parents, inquiets et aimants, furieux sur Alain, anxieux pour moi.

J’ai eu conscience que ces moments que je passe avec eux ici font partie des derniers. Je ne montre pas ce que je ressens. Je maîtrise, comme on m’a toujours appris à le faire. Mais j’ai le coeur perpétuellement en larmes, laminé. Je ne dis rien. Je tais  ma détresse, cette douleur qui ne me lâche pas, cette peur, cette envie de crier de désespoir. Il a disposé de ma vie, l’a rasée sans me demander mon avis. Depuis, tandis qu’il se complaît dans une attitude inacceptable, les gardiens du Triangle d’Or ont construit autour de moi une dentelle de tendresse pour me réchauffer, me redonner un peu goût à la vie. Les avoir auprès de moi, tous, est une chance extraordinaire. La soirée me l’a encore démontré.

Comment vais-je pouvoir vivre sans lui?

Comment pourrais-je vivre sans eux?

Comment arriverais-je à me passer de cet endroit, de cette région où, pour la première fois de ma vie, inexplicablement, je me sens vraiment chez moi?

Martine

Khérinet – Jour de nuit

16 juillet, 2009

Quand j’étais adolescente et qu’une journée était spécialement dure à vivre, je l’appelais un « jour de nuit ».

Curieusement, ce jeudi en a été un, entrecoupé de moments beaux et importants.

D’entrée, au petit matin, j’ai eu une conversation avec un être cher, extrêmement remonté contre Alain. L’attitude de ce dernier met pas mal de monde très en colère. Comme toujours, je l’ai défendu. Et ce fut rude. Ce n’était pas la meilleure façon de commencer la journée après une nuit difficile, sans sommeil. Heureusement, à neuf heures, mes parents de coeur, Fred, Stéphane, Aurore,  le club des cinq (Clément, Théo, Léo, Yoyo et Erwann) et moi, sommes partis pour Khérinet. Ce village de chaumières, restauré dans l’esprit d’autrefois, est pimpant, avec ses toits de chaume. Nous y avons retrouvé Chantal et Michel, nos deux voisins de table de la veille, à la Turballe (voir texte d’hier!), et nous avons passé un moment ensemble. Puis nous avons parcouru le marché et acheté des produits locaux pour les partager le midi, chez Fred.

De retour, j’ai eu une longue conversation avec les enfants. Ils rencontraient un problème relationnel, depuis quelques temps, qu’il fallait régler. Nous avons donc parlé… et j’ai pu constater une fois de plus que, lorsque l’on aborde les choses de front, mais en douceur, tout est possible. Il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses sentiments, ses douleurs, ses colères. Même à dix ans. Ce fut un beau moment, au cours duquel Clément m’a une fois encore prouvé qu’il pouvait réagir avec une belle intelligence. J’espère qu’il tiendra les promesses qu’il m’a faites… et j’ai aimé voir refleurir le sourire sur le visage de son copain Léo, grâce à lui.

Puis j’ai travaillé. Le coeur en sang, encore et toujours à cause de la même personne. Mais je ne peux me payer le luxe de ne pas écrire.

Peu après, j’ai eu une longue conversation avec Stéphane. Cet homme est bienfaisant. Il y a des êtres dont le simple fait de les savoir là, pas loin, vous fait du bien. Il en fait partie. Nous parlons beaucoup, tous les deux. Aujourd’hui, sur fond de Bob Dylan, il s’est passé un moment très fort. Stéphane est mon ami. Je ne savais pas que l’on pouvait voir fleurir une amitié aussi fort et aussi vite. J’ai découvert que lorsque les événements sont très durs, lorsqu’un être que vous aimez profondément vous meurtri jusqu’au fond de l’âme, les circonstances rendent tout plus intense. Y compris les relations que vous pouvez avoir avec les autres. Je ne savais pas que j’avais autant de larmes. Perdue. Le regard de Stéphane est un phare dans la nuit.

Nous avons été rejoindre Fred et les enfants pour un repas dans la chaleur moite d’une journée orageuse. Fred est lui aussi mon ange gardien. Il n’y a pas de mots pour exprimer ma reconnaissance. Il m’entoure, me protège, m’aide sur mille points.

Quand nous sommes ensemble et que Béa et Véro ne sont pas là, elles manquent incroyablement. C’est ainsi. Chacun est essentiel, dans le Triangle d’Or.

Plus tard, j’ai eu une conversation avec Michaël. Un enfant nous a quittés, au cours de ces derniers jours. Un bébé d’un an qu’une maladie génétique condamnait à très court terme. J’ai le coeur serré. La vie d’un enfant est si précieuse…Petit bonhomme qui ne grandira pas.

Il me parle de lui, et j’écoute ce grand gaillard touchant me confier ses fragilités. Et tout à coup, il me dit: « Je ne devrais pas dire cela, mais presque à chaque fois, vous finissez vos textes par un mot pour Alain…. »

Ma réponse l’a rendu un peu perplexe, je crois. Hé oui, cher Michaël… tout n’est pas toujours noir ou blanc… Le gris est aussi une teinte avec laquelle il faut compter… Cette conversation m’a touchée.

Le soir, j’attends mon futur déménageur avec anxiété, pendant près de deux heures. Lorsqu’il arrive, la tribu se reforme autour de moi, en rangs serrés. Ils me protègent, tous.

Il est tard dans la nuit. Dehors, le vent souffle en tempête. Je repense à la journée. La colère et la rancoeur qui grondent à l’égard d’Alain m’interpellent. « Qui sème le vent récolte la tempête ». C’est fou ce que c’est vrai.

Je ne serai plus là pour la moisson.

 

Martine Bernier

 

 

De rencontre en rencontre: Aurore, Brocéliande et Xavier Montero

15 juillet, 2009

La vie est intéressante grâce aux rencontres, aux coups de coeur, aux découvertes qu’elle nous permet de vivre.

Aujourd’hui, la visite pourtant déjà tant de fois vécue de la vieille ville de Guérande m’a permis de la revoir encore différemment.  Mais le moment fort de la journée a eu lieu le soir. Avec mes parents de coeur et Aurore, direction la Turballe, chez Tante Marie. Le jeune serveur que j’apprécie est papa depuis peu pour la deuxième fois, et je n’avais pas encore pu le féliciter de vive voix. Cette fois c’est chose faite.

Très philosophe, il a souri lorsque j’ai commandé une nouvelle « salade sans salade ». Désormais, il est fait au feu! Il se souvenait également encore des frasques de Parrain lorsque nous étions venus pour la première fois ensemble. Ce soir, ce dernier avait décidé d’être très calme. Mais les événements ont décidé, eux, qu’il ne fallait pas que notre table soit trop paisible.

Alors que nous avions commencé notre repas, un couple très sympathique est venu s’installer à côté de nous, eux sur la terrasse et nous sous la véranda, séparés par une vitre. Nous nous sommes salués et, durant tout le repas, avons communiqué par gestes. Jusqu’au moment où ma voisine a ouvert la baie vitrée, nous permettant d’engager la conversation. Ils viennent de Rennes, ont un humour bien trempé et leur conversation était à la fois drôle et intelligente. Nous nous sommes dit que nous nous reverrions demain matin, sachant que nous irions avec Fred, Stéphane et les enfants au marché de Khérinet, à St Lyphard. Quelle chance de pouvoir vivre des instants aussi privilégiés, où des contacts sympathiques se nouent au gré d’un sourire et d’une conversation portant sur Brocéliande et la légende Arthurienne…

En sortant, nous avons flâné devant les échoppes d’artisans qui présentent leur travail en ce moment. Et là, coup de coeur inattendu… Un jeune peintre, Xavier Montero, exposait ses oeuvres aux thèmes très variés. Il aborde avec sensibilité et talent des sujets à la fois sobres et colorés. Il était tard, déjà. Je me suis donc contentée d’observer son travail, et d’échanger quelques mots avec lui. En fait, il mériterait bien davantage. J’aurais dû prendre plus de temps, lui poser des questions sur son parcours, sa technique, son inspiration, son chemin… Ses toiles ne devraient pas être exposées dans la rue, mais dans une galerie d’art. Elles le méritent.

Mais je n’étais pas seule… Raison pour laquelle je vous donne aujourd’hui les coordonnées de ce jeune homme au talent sûr et au regard ardent. Il mérite que vous alliez jeter un coup d’oeil sur son site, et, si vous aimez l’Art, que vous vous attardiez à découvrir son travail. Retenez son nom!

Martine Bernier

 

Xavier Montero, http://xmontero.free.fr

Un inoubliable 14 juillet…

14 juillet, 2009

C’était la première fois que je passais le 14 juillet en ayant la double nationalité franco-suisse. Je crois que je n’oublierai jamais ce jour… Jamais.

Comment trouver les mots pour raconter cette journée exceptionnelle? Je me lance…

Je ne vous parlerai pas du défilé sur les Champs-Elysées, que je n’arrivais pas à regarder tellement j’ai mal en revoyant Paris. Mes parents de coeur ont suivi le reportage, enthousiasmés par la beauté du spectacle et la prestance des militaires, avec une préférence marquée pour la Légion.

Nous avions rendez-vous vers 12h30 chez Michaël et Brigitte, nos voisins un peu plus lointains, de l’autre bout de l’allée, qui, avec beaucoup de gentillesse, avaient invité le Triangle d’Or au grand complet, mes parents de coeur y compris, pour un barbecue. Avant de partir, un premier apéritif a eu lieu sur le muret, sur l’impulsion de Béa. Puis nous nous sommes tous dirigés en procession vers le bout du bout: les enfants à vélo, les adultes et Aurore à pieds, et Stéphane et moi en voiture-balai. Il faut bien que quelqu’un se dévoue! J’avais promis de prendre ma guitare. Elle a donc été de la partie, bien calée entre mes genoux.

Le repas a été fort sympathique, surtout lorsque Véro est venue nous rejoindre après avoir terminé son travail. Très vite, nous avons commencé à chanter. C’était joyeux, festif, tendre… jusqu’au moment où j’ai réalisé qu’Aurore pleurait. Je n’ai pas compris tout de suite que j’étais la cause de ses larmes. Quand j’ai appris que c’était la perspective de mon départ qui la bouleversait, j’ai eu le coeur à l’envers. Moi aussi, je suis mal, très mal à cette idée. Pour mille raisons… Et les larmes d’Aurore sont l’une d’elles.

Dans l’après-midi, elle a disparu avec Véro et Béa. j’ai pensé qu’elles étaient parties chercher quelque chose au Triangle. Mais alors que les hommes se préparaient à entamer une partie de pétanque endiablée, Véro est revenue, demandant à chacun de venir s’asseoir quelques instants. Elle m’a également demandé de reprendre ma guitare et de jouer la musique de la Ballade Irlandaise, sans chanter, pour les accompagner, toutes les trois. Je me suis exécutée, et elles ont commencé à chanter.

Elles avaient réécrit d’autres paroles, me concernant. Elles y ont mis un tel amour que tout le monde a été chaviré, autour de la table. Moi la première… C’était un cadeau magnifique, poignant… Leurs hommes se sont joints à elles pour chanter. J’étais… pfou…

Comment expliquer ce qui s’est passé ici… En cinq mois, les liens se sont tissés, si forts que nous sommes tous laminés à l’idée d’une séparation.

A la fin de la journée, épuisée par autant d’émotions, je suis rentrée après avoir remercié Brigitte et Michaël pour la chaleur de leur accueil. J’ai laissé les hommes à leur partie de pétanque et je suis rentrée en compagnie d’Aurore et de Véro. Aurore m’a accompagnée chez moi et nous avons longuement parlé. Ce que nous nous sommes dit n’appartient qu’à nous… mais une relation aussi belle est une bénédiction.

Béa est venue nous rejoindre, puis mes parents. Nous parlions lorsque Véro m’a appelée pour me demander de la rejoindre seule à notre muret. Quand je suis arrivée, elle m’a lu un texte qu’elle souhaitait m’offrir. Là encore, un tel amour… j’étais tétanisée d’émotion.

Alain me ravage le coeur par son comportement que tout le monde juge avec une sévérité implacable. Et pour cause… Je ne me remettrai jamais de ce qu’il fait, et je le sais. Mais j’ai autour de moi des êtres profondément bons et tendres, qui me donnent plus que je ne pourrai jamais leur rendre. Tout comme j’ai en Suisse des personnes d’une valeur aussi extraordinaire. Cela me change de ce que je vois dans ma vie sentimentale…

Chacun des membres du Triangle d’Or est un bijou d’humanité. Ils font tout pour me soigner l’âme et le coeur, pourtant conscients que rien ni personne ne pourra me guérir du mal qui m’a été infligé. Mais ils me donnent un amour, une tendresse, une affection prodigieux. Tous sont de véritables miracles sur pattes. Et même mon Parrain, très pudique de nature, en a été bouleversé aujourd’hui…  

Je ne pourrai plus jamais passer un 14 juillet sans penser au cadeau fabuleux qui m’a été offert à cette date, en 2009… Mon merci paraît si ridicule en regard de ce que je ressens…

 

Martine

 

Le Feu de la St Jean

12 juillet, 2009

Etrange journée que celle-ci, encore… Matin chagrin. Alain est toujours aussi perdu et me fait largement profiter du froid de sa grotte. Il se comporte mal, très mal, et le sait.

Le jour avance. Dans l’après-midi, Parrain et sa femme arrivent, comme promis, pour un petit séjour. Dès le début, l’accueil du Triangle d’Or est adorable. Accueil de Fred et Béa d’abord, renforcé par l’arrivée de Véro puis Stéphane, qui viennent eux aussi saluer ceux que je considère comme mes parents. Le courant passe très vite: ils sont adoptés.  Fred leur fait griller des sardines fraîchement pêchées, et nous décidons de concert de nous rendre tous ensemble, le soir, au feu de la St Jean. Le deuxième du monde, par sa grandeur. Non, j’exagère: deuxième de France, me disait Véro quelques jours plus tôt. Heu… non, du département, rectifie-t-elle. Enfin… de la région.

Bref, il est grand, avec ses 12 mètres de hauteur.

Lorsque nous arrivons, le feu est déjà lancé, admiré par une foule de gens ravis. Nous sommes tous fascinés… La tour de bois enflammée est impressionnante. Elle dégage des nuées d’étincelles, étoiles d’or rouge qui retombent en halo. Le feu est beau, troublant…

Au bout d’un long moment, nous nous dirigeons tous vers le lieu où quelques personnes dansent. Certaines le font très bien. D’autres sont nettement plus approximatives. La disco mobile égrene à tue-tête des tubes des années 80 que Véro et Béa connaissent par coeur. Elles chantent tandis que quelques personnes se trémoussent en rythme.

Je ne suis pas une fervente de ce genre de soirée. Le feu, j’aime… le bruit et la musique forte, beaucoup moins. Mais là, entourée de gens que j’aime, j’apprécie de les voir heureux. L’ambiance est toute simple. Je regarde les yeux de Véro, si chauds, si pétillants. Béa qui s’amuse. Fred qui ne peut s’empêcher de nous faire un numéro de haute-contre sur la musique du Petit Gonzalès, sous l’air faussement mortifié d’Aurore qui, sur le moment, nie farouchement tout lien de filiation avec ce chanteur particulier. Stéphane qui sourit à ses choristes…  Parrain et Monique ont l’air parfaitement à l’aise. De mon côté, je n’évolue pas dans mon univers, mais je ne me sens pas étrangère. Juste triste de ne pas avoir à mes côté celui qui me dit vivre très mal notre situation actuelle. Trois points de suspension…

La soirée se termine tard. Elle a été douce…

Au moment d’écrire ces lignes, je pense à quelqu’un qui m’a laissé des messages, ces derniers jours. J’aimerais qu’il sache que mon monde n’est ni fermé, ni figé. La vie et les rencontres autour du petit muret ne sont pas réservées à un groupe de personnes et fermées à d’autres. Nous nous nourrissons de rencontres, de partage. Dès l’instant où chacun respecte l’intimité de l’autre, il a sa place dans cet univers.

Martine Bernier

 

 

Journée mosaïque

10 juillet, 2009

Se lever sans avoir fermé l’oeil de la nuit ou presque, c’est un peu dur.
Il faut se booster, s’obliger à avancer… parce qu’un petit chien qui n’a rien demandé à personne attend que l’on s’occupe de lui.

D’emblée, la journée commence par la visite d’un oiseau, à deux mètres de moi. Je le regarde sans presque oser bouger. Visiteur matinal, en pleine forme dès l’aube. Veinard…
En sortant Scotty, je rencontre Véro et Stéphane. La journée commence pour eux aussi.
Il y a des jours plus difficiles que d’autres. Aujourd’hui, je dois serrer les dents.
Ma thérapie est aussi mon travail: l’écriture.
J’écris, j’écris, j’écris…

En écoutant les nouvelles, je suis toujours aussi frappée par ce fait divers évoquant l’abandon de deux enfants, presque encore des bébés, dans un jardin public.
Abandonner un enfant… sujet sensible, chez moi.
Je  comprends que l’on confie son enfant dans les cas où la mère est dans une détresse infinie.
Mais un adulte sain et solide qui renie ses responsabilités, qui préfère faire semblant d’ignorer qu’un être vivant a besoin de lui, m’inspire des sentiments qui vont au-delà du dégoût.

Fred m’emmène chez ses parents où je découvre sa petite nièce, Pauline, une poupée blonde et délicate, de 3 ans.
Par la même occasion, j’apprends que notre Fred national a une identité cachée: pour la petite fille, il est « Tonton Camion ».
Il aurait pu tomber plus mal si j’en crois le surnom qu’elle a donné à son autre oncle. Non, n’insistez pas, je ne le révélerai pas.
Pas envie que le pauvre homme soit reconnu dans la rue et traîne le poids de sa disgrâce sur la place publique!

L’après-midi, me rendre à St-Nazaire est une douleur que je gère tant bien que mal, en m’efforçant de faire bonne figure.
Décidément, je ne suis pas en forme, aujourd’hui.

Joseph

9 juillet, 2009

Lorsque je suis repartie en Suisse pour retrouver Eric tandis qu’Alain restait dans notre maison, début mai, j’ai fait une rencontre ahurissante dans l’avion qui me menait à Paris.
Sur une rangée de trois sièges, je me suis retrouvée assise à côté d’un grand gaillard avec lequel le courant est très vite passé. Il m’a un peu parlé de lui, m’a expliqué qu’il partait pour affaires et vacances dans son pays natal, le Burkina Faso. Lorsqu’il m’a expliqué qu’il possédait une ferme en France, une autre au Burkina et une troisième en Roumanie, je n’ai pas pu m’empêcher de partir dans un de mes délires. Je lui ai dit, hilare: « Mmm…. pas pratique pour la traite du matin… ».
Et là, ô joie, Joseph (c’est son nom!) a renchéri, sur le même ton. Vingt secondes après, nous étions embarqués dans un fou rire qui a duré jusqu’à Roissy, alimenté par nos bêtises.
Je lui ai expliqué mon sens de l’orientation et ma panique à l’idée de me perdre dans Roissy alors que j’avais très peu de temps pour attraper mon deuxième avion. Il a aussitôt répliqué: « pas de souci, je te prends sur mon dos et on court jusqu’au terminal! ».
Après l’atterrissage, je l’ai donc contemplé d’un air goguenard, susurrant quelque chose comme: « Bon, Joseph? J’attends! »

Re fou rire sous l’oeil perplexe des passants.

Jamais vol ne m’a paru aussi court. Nous avons quand même eu le temps d’échanger nos coordonnées.
Il m’a mis un petit message depuis le Burkina, auquel j’ai répondu. Il m’y disait qu’il m’appellerait à son retour, et nous avions décidé qu’il passerait me dire bonjour.

Ce matin, le téléphone sonne:
- Allo, Madame? Je cherche ma voisine.
- Votre voisine?!
- Oui, Martine, vous connaissez?

En une fraction de seconde, j’ai réalisé qui m’appelait.
Et nous nous sommes ré embarqués dans nos rires comme si nous nous étions quittés la veille.

Jo va donc venir me voir, après avoir battu l’orge et le blé.

- Enfin, Joseph, tu n’as pas honte d’être aussi violent? Ils ne t’ont rien fait, ces malheureux…
- Oui, je sais, je vais arrêter. J’ai honte. D’autant qu’en Afrique, certaines familles s’appellent Blé!
- Arf… Note que tu ne les bats pas directement. Tu es le chef, donc tu te contentes de donner les ordres. A mon avis, tu dois encore pouvoir aller au paradis. Pour tes employés, par contre, je crains que ce soit compromis. J’espère au moins que tu les préviens du risque encouru avant des les embaucher…
- Même pas.. je m’en veux… Dis, pour venir te voir, mieux vaut prendre le train ou la voiture?
- Il n’y a pas de gare dans ma ville. Tu prends ton chameau et hop!
- Il y a des chameaux au Burkina, mais ils sont très chers! Pas dans mes moyens! Par contre, en France, j’ai deux ânes. Et en plus, ils sont noirs! Je vais venir avec eux: trois Noirs sur la route, je vais avoir la gendarmerie à mes trousses!
- Il a un GPS au moins, ton âne?
- Oui, oui, je lui en ai greffé un dans l’oreille!

J’attends donc la fin du battage pour voir arriver Jo. Auquel j’ai proposé de l’emmener chez Tante Marie où je sais que nos frasques ne seront pas verbalisées.
Evitons le Fouquet’s… Si mon comparse arrive en boubou et en babouches comme je lui proposais de le faire, cela risquerait de surprendre.
Et puis rien n’est prévu pour garer les ânes devant la porte.

Et à part cela?

Tandis que certains s’apprêtent à passer leurs petites vacances avec leur petite famille, d’autres écrivent.

Martine Bernier

Soirée musique

8 juillet, 2009

Ce soir était la dernière soirée de mon fils, Sébastien, dans ma maison près de Guérande.

J’avais dit à mes voisins qu’il était excellent guitariste, mon fiston qui fut mon premier élève lorsque j’apprenais le Ba-BA de cet instrument aux enfants. Il m’a  largement dépassée depuis, naviguant dans un univers musical  différent du mien, avec une maîtrise remarquable.

Ce soir, donc, après un crochet avec Aurore du côté de chez Tante Marie, à la Turballe, nous avons invité les membres du Triangle d’Or, au grand complet, à une petite soirée musicale à la maison. Led Zeppelin, Pink Floyd et quelques autres ont mis des étoiles dans les yeux de Stéphane à travers les doigts de Sébastien. Puis nous sommes repartis dans nos chansons plus classiques, notamment avec la Ballade Irlandaise de Renaud ou le Sud de Nino Ferrer. Une soirée, toute simple, toute chaude, douce comme un nuage, terminée par un geste d’amitié de Stéphane, bouleversant, si important pour moi. 

Deux guitares ont chanté ce soir, dans une nuit de pleine lune extrêmement riche. J’étais heureuse et plutôt fière de regarder mon aîné bien dans sa peau, talentueux et parfaitement à l’aise dans mon monde. Heureuse aussi de regarder mes amis d’ici, qui se laissent aller, joyeux. Quiconque n’a pas entendu Fred, encouragé par Vero, se lancer dans ses oeuvres vocales n’a rien vu! Et écouter Bea interpréter « Hotel California » nous a tous sidérés.

Alain, si tu savais ce que tu manques, toi qui as ta place dans cet univers qui est le tien…

Eloïse

8 juillet, 2009

Eloïse ou Héloïse, comme vous préférez l’écrire, est pour moi à la fois le plus doux et le plus fort des prénoms féminins.

En me documentant, j’ai appris des choses intéressantes sur ce prénom mythique.
On dit des femmes qui le portent qu’elles représentent l’équilibre, qu’elles sont passionnantes, persévérantes, volontaires, dotée d’une forte capacité de travail.

Très intuitives, d’une intelligence souple et ironique, affectueuses et un peu possessives, sensuelles, elles vivent avec intensité et passion.

Si l’on en croit ce que disent les spécialistes des prénoms, elles possèdent une mémoire affective redoutable. Elles peuvent faire preuve d’une patience extraordinaire pour attendre le moment propice pour régler les questions en attente, y compris si celles-ci attendent depuis des années d’être réglées.

Etonnamment, leur prénom est lié à un point faible physique: les reins. Cela m’a interpellée… allez savoir pourquoi.

Les spécialistes des prénoms disent encore que ces enfants délicieuses et redoutables ont besoin de parents bien soudés, remplis d’humour et de bon-sens pour leur offrir l’éducation nécessaire à la dimension de leur personnalité.

Elles ne sont pas du genre à accepter d’être mises de côté, quelle que soit la raison prétextée pour ce faire.
Elles ne le supporteraient pas, d’ailleurs.

Autant dire qu’une enfant aussi charismatique et riche a besoin de pouvoir admirer et aimer ses parents en toute confiance.

La fille de Jean d’Ormesson s’appelle Héloïse.
En voilà au moins une qui peut être fière de son père.

Martine Bernier

Sébastien et Yann

7 juillet, 2009

J’ai deux fils: Sébastien, l’aîné, et Yann. Tous deux sont adultes, séparés par 18 mois. Presque jumeaux, et pourtant si différents…

Yann est venu passer quelques jours auprès de moi le mois dernier. Dès qu’il a vu que j’allais mal, il a pris un avion pour être là. Hier, c’est Sébastien qui est arrivé. Pour peu de temps puisqu’il repart jeudi matin. Mais il a fait comme Eric: il a choisi de faire la route, même pour peu de temps; pour que nous puissions passer un peu de temps en tête-à-tête.

Quand nos progénitures deviennent adultes, la relation est passionnante.

Je les regarde, et je suis heureuse de voir la relation qu’ils entretiennent, tous les deux, la personnalité qu’ils développent. Tous deux ont des passions, des centres d’intérêt, l’amour de la musique, qu’ils pratiquent chacun à des niveaux différents. Ils accordent une grande importance aux autres, se sentent comme des poissons dans l’eau avec eux, sont naturels. Une bonne dose d’humour, de la sensibilité, de la droiture, de la curiosité pour le monde, les gens, les choses: j’aime les hommes qu’ils sont devenus.

Comme j’étais très jeune lorsqu’ils sont nés, j’ai improvisé leur éducation au mieux de ce que je pouvais, mais en faisant des erreurs, c’est certain. J’ai voulu leur donner un maximum de joie et de possibilités de s’ouvrir au monde. Voulu aussi leur apprendre très vite à devenir autonomes, pour le cas où il m’arriverait quelque chose. J’ai voulu qu’ils comprennent que la vie doit être croquée, que tout mérite que l’on s’y intéresse. J’ai été une mère stricte, mais capable de moments de délire ou d’émotion partagés qui les faisaient rire. Je n’ai pas voulu les infantiliser, les rendre dépendants de moi. Rien de pire à mes yeux qu’une mère surprotrectrice, qui « ne se consacre qu’à ses enfants », et qui, pensant faire bien en leur « vouant sa vie », ne fait que les fragiliser et en faire des êtres vulnérables. Pour l’avoir subi étant enfant, je sais combien ces femmes, sans même s’en douter,  peuvent être des poids pour leurs enfants.

J’ai souvent eu peur de « ne pas faire bien ». Il n’y a qu’eux qui peuvent dire si ce fut le cas… Je crois qu’ils ont vécu une vie d’enfants et d’ados assez originale, car j’ai essayé de les mêler à mes rencontres, à mes aventures. Et j’ai tenté de les initier à une certaine philosophie, en fonction de leur âge, lorsqu’ils étaient très jeunes. Mais était-ce qu’il fallait faire?

J’ai souvent craint qu’ils ne m’en veuillent de mes absences, lorsque je partais en voyages humanitaires. Qu’ils regrettent qu’il y ait autant de gens autour de moi, autant d’enfants.  Qu’ils se sentent écrasés par  ce que je faisais. Aujourd’hui, je réalise que ce n’est pas le cas. Ils me disent et m’écrivent des choses qui me touchent énormément. J’espère que c’est ce qu’ils ressentent vraiment.

Je ne parle pas souvent de mes fils. Très pudique sur ce point, je préfère les regarder vivre. Mais je peux le dire, je suis heureuse de voir qu’ils ont développé un certain courage, et des qualités essentielles qui en font des hommes bien.

Martine Bernier

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