Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Quand nos ordinateurs nous lâchent

3 mai, 2009

J’imagine fort bien que, dans les temps préhistoriques, perdre le feu était un drame. Les temps changent. Aujourd’hui, le feu est apprivoisé depuis belle lurette. Plus besoin de silex, de petit bois et de mousse sèche pour l’allumer et aller partager une cuisse de mammouth. Oui je sais: nous avons du feu mais plus de mammouths. Le monde est mal fait. Enfin… Libérés de cette contrainte, nous devrions être soulagés. Et bien non. Au fil des siècles, nous avons trouvé d’autres nécessités absolues sans lesquelles nous ne sommes plus que de petites choses désarmées et inefficaces. Parmi elles: l’ordinateur.

Max (mon ordi Mac!) et moi vivons une véritable histoire d’amour depuis six ans. Pour lui, j’ai quitté les PC, le monde de Bilou Gates, Windows et tout ce qui y est lié. Au début, il a fallu nous habituer l’un à l’autre. Son environnement, sa manière de me parler étaient différents… J’ai dû me concentrer un peu, mais notre lien s’est noué très vite. Il faut dire que, lors de sa naissance, Max était le plus puissant de sa génération. Le plus élégant aussi. Je l’ai toujours trouvé beau. Max a une autre particularité: il est solide à mes côtés, ne me déçoit jamais, est à mon égard d’une tolérance absolue.

Il me rappelle quelqu’un… 

Lui et moi, nous nous comprenons. Il a assisté à l’éclosion de mes articles, à l’écriture de plusieurs de mes livres. Nous avons passé des heures et des heures ensemble, à chercher nos mots, nos formules, de jour comme de nuit. Parfois, il me souffle un synonyme lorsqu’il me voit chercher en vain. Bref, lui et moi, c’est fusionnel. 

Oui, il me fait vraiment penser à quelqu’un! 

Bien sûr, il n’a pas aimé l’arrivée de Léopard qu’il a eu beaucoup de mal à digérer lorsque je le lui ai donné à manger. Bien sûr aussi j’ai dû lui offrir un autre écran l’an dernier. Il en est sorti encore plus beau qu’avant.

C’est dire si, hier, j’ai eu un choc. Lui et moi écrivions ensemble, paisiblement, lorsque, tout à coup, il a fait un malaise. Son écran s’est recouvert d’une sorte de canevas mi-opaque mi-transparent, composé d’un treillis de petits carrés violets. Je voyais mes programmes dans le fond, embrumés, comme recouverts d’un voile. Ma réaction a été la surprise totale, puis la désolation. Oh non… Max! Je l’ai éteint, puis rallumé plusieurs fois. Sans succès. J’ai pris conseil. Mais je pressentais déjà que c’était grave. Sans doute la carte graphique…

Je vous passe les détails. Depuis hier, j’ai téléphoné tous azimuts pour trouver un réparateur… qui ne m’a jamais rappelée malgré ses promesses. Pas de SAMU pour Max… En désespoir de cause, après avoir pris conseil, je me suis résignée à commander un autre Mac, sur lequel seront transférées les données de Max. Que je ferai réparer ensuite. Le nouvel arrivant sera encore plus rapide, encore plus puissant, encore plus sûr. Il s’appelera Max aussi: je pense que je vais créer une dynastie. Mais Max Ier sera comme un vieux cheval qui a bien servi: il restera auprès de moi, en paix. 

Sans mon Max, je suis perdue. Je ne peux plus travailler, je me sens comme amputée d’une partie de moi. Bien sûr, je peux toujours oeuvrer un peu sur un PC portable… au clavier azerty alors que je travaille depuis 30 ans sur un qwertz. Un clavier même pas ergonomique. Beurk…

Or donc, le feu n’est pas ma préoccupation première. Mais découvrir  que je ne peux pas vivre sans Max est un choc. Notez que ce qui me console, c’est que si j’étais privée d’Alain, ce serait pire encore. Je m’en aperçois chaque fois qu’il n’est pas là. Je suis normale. Ouf.

 

Martine Bernier

 

Le parkour… ou la douceur d’avoir 13 ans…

2 mai, 2009

Cette semaine, Aurore, ma jeune et jolie voisine de 13 ans est partie en voyage scolaire en Allemagne. C’était bien évidemment un événement, d’autant qu’elle était hébergée, avec l’une de ses amies, dans une famille Allemande dont elle allait ainsi partager le quotidien.

Ce matin, on frappe à ma porte. Véronique, ma voisine, m’apportait un brin de muguet « pour qu’il nous porte bonheur, à Alain et à moi »… Adorable Véro… Bea a fait la même chose dans la journée. Vous avez déjà vu des voisins aussi gentils, vous??
Véro était accompagnée par Aurore, qui venait de rentrer de son périple germanique après avoir passé de très longues heures dans le car.
La retrouver m’a ravie: j’avais pour elle un livre que j’avais envie de lui offrir.

De son côté, elle avait mille choses à me raconter.
Et j’ai vite compris que les étoiles qu’elle avait dans les yeux n’étaient pas dues aux châteaux qu’elle venait de visiter.
Les personnes qui l’ont accueillies, en Allemagne, avaient deux qualités principales: ils étaient fort gentils, et… avaient deux grands fils.
Le cadet, Matthias, est âgé de 18 ans. Aurore me l’a décrit avec un enthousiasme désarmant: « il est blond incroyablement beau, musclé, gentil, intelligent et vraiment très fort dans son sport ».

Son sport, c’est le « parkour », cette discipline qui consiste à sauter sur les toits, les murs, les arbres, les bancs, bref: sur tout ce que l’on croise sur son chemin. Tout ce qui constitue le décor urbain devient obstacles à franchir. Et rien ne semble pouvoir arrêter les adeptes.
Aurore m’a montré une vidéo du garçon en question en plein effort, sur youtube. Et c’est vrai qu’il est très impressionnant d’aisance, de force et de souplesse.

Du coup, elle rêve: comment garder contact avec le beau Teuton?
Eventuellement en le conviant à visiter la région et, qui sait, à donner une démonstration de son talent. Le tout sous la houlette protectrice de papa Fred et maman Bea, bien sûr.

Aurore a beaucoup appris de son voyage en Allemagne. Elle en est revenue encore plus jolie qu’avant. Et elle sait désormais que la huitième Merveille du Monde se trouve là-bas.

Martine

http://www.youtube.com/watch?v=r27NQWiEIFc

Les différences entre les hommes et les femmes: l’Art et la Manière. Chapitre 13

29 avril, 2009

Ce matin, avant que je ne diffuse le sujet « Différences entre Hommes et Femmes : les choses de la vie », je l’ai fait lire à Alain. Il aurait pu mettre son veto, je l’aurais accepté. Mais non : stoïque, il a souri et a accepté la diffusion du texte sur le blog.
Ce matin, lui et moi nous sommes rendus dans la grande surface qui a la chance de recevoir nos écus en échange de ses denrées. C’est là que mon Grand Homme m’a fait comprendre à sa façon qu’il avait bel et bien lu le texte: 
- Moi Homme. Moi pas chasseur. Toi Femme, prendre sagaïe et partir chasser le steak.
- Ah bon ? Donc, toi Homme, toi juste pousser char (ou caddie pour les non initiés) ?
- Voilà!
Arrivés devant le rayon fleurs, arrêt. Mon Grand Homme sait que je les adore et que j’aime en avoir à la maison. Il regarde donc l’ensemble, et demande :
- Lesquelles voudrais-tu ?
- Mon cœur, dis-moi plutôt lesquelles tu m’offrirais si tu voulais me faire plaisir.
Re –regard circulaire. Et le voilà qui pointe un bouquet franchement innommable, très, très laid, aux fleurs incolores. Mon air déconfit lui suffit pour comprendre qu’il n’est pas tombé dans le mille.
- Ah ? Tu n’aimes pas ?
- Mais… non ! Tu aimes, toi ?
- Oui.. . ça change, tu ne trouves pas ?
- Pour changer, ça change ! Dis… tu connais un peu le langage des fleurs ? Si tu voulais me dire, avec des fleurs, que tu m’aimes, lesquelles m’offrirais-tu ?
A nouveau, regard inquiet vers l’étalage, immersion dans les bouquets et retour triomphant avec des roses rouges et des arômes. Bon, d’accord, le bouquet est un peu maigrichon, mais nous sommes en net progrès !
Alors que nous cheminons parmi les rayons, mon Grand Homme tombe en arrêt devant une escalope.
- Tiens, ce midi, je vais te faire une escalope au camembert. Bon, j’espère que tu aimes le camembert, parce que c’est un peu violent…
De retour chez nous après que mon sac ait rendu l’âme en plein milieu du magasin, nous travaillons un peu côte à côte et Alain part en cuisine. Tadaaaam !!!! Grand moment. Il œuvre, très concentré et apporte son plat sur la table. Verdict : l’escalope au camembert est une merveille. Oui, bien sûr, elle nous fait surfer sur les crêtes cholestéroliennes, mais… quel délice…
Après le repas, Homme décide de faire plaisir à Femme en l’emmenant là où elle pourra remplacer son défunt sac. Premier arrêt sans résultat. Il décide alors de m’emmener plus loin, et nous revoilà sur la trace du sac de mes rêve. Dans un magasin pourtant généraliste, je tombe en arrêt devant deux sacs très, mais alors vraiment très très séduisants. J’hésite lorsque la voix grave et parfaitement craquante de mon Homme résonne délicieusement à mon zoreille.
- Ecoute, tu en prends un et je t’offre l’autre.
Ciel… un message divin !!!! Bonheur !!!!
Retour par Guérande où il m’offre une glace qui va me valoir le fou rire de la semaine. Alain est un homme sérieux, imposant , qui a des responsabilités. Mais quand il part dans ses délires, c’est un pur régal … J’ai eu droit à un One Man Show parodiant un petit garçon enviant « la-dame-qui-a-droit-à-une-glace-alors-que-moi-je-ne-peux-pas-mais-non-c’est-pas-vrai-qu’il-fait-trop-froid-puisque-la-dame-elle-en-mange-une ».
Moralité : Femme est souvent en attente de certaines choses (non, pas comme des bouquets d’escalopes au camembert ; enfin !). Mais Homme est toujours là où on ne l’attend pas… Et cela… c’est le bonheur.

Règlement de compte à OK Jardin

27 avril, 2009

Est-ce parce que j’ai confié mon horreur des week-end sur ce blog? Toujours est-il que celui-ci s’est terminé de manière insolite.

Je vais faire l’impasse sur le dimanche matin Pas drôle. Donc je me suis consacrée à mon travail, histoire de ne pas penser. Ou du moins de ne pas trop penser. Vers 11h30, on frappe à ma porte. Je tire la chevillette et la bobinette cherra (je sais, sortie du contexte, la formule surprend), et me trouve face à ma voisine Véronique.

- J’ai lu ce que tu as écrit sur ton blog à propos des week-end… C’était tellement triste que je me suis dit que j’allais te rendre une petite visite et te montrer ce montage photos. Enfin… si cela t’intéresse! Cela te montrera un  peu mieux qui nous sommes…

Vous commencez à me connaître: j’ai accepté avec enthousiasme. Nous nous sommes installées devant l’ordinateur, et elle m’a fait entrer dans l’ambiance tendre et joyeuse des fêtes familiales, me racontant les bonheurs et les chagrins de leur vie. C’était un cadeau attendrissant… Après le départ de Véronique, j’ai emmené Scotty au jardin.

Baboune, la petite chienne de Véro et Stéphane, trottinait, attachée, sur le muret qui sépare nos jardins. Comme je l’ai déjà expliqué, elle n’aime pas trop Scotty. Donc j’ai tenu cette dernière à bonne distance. Seulement voilà… Profitant d’un moment d’inattention de ma part, Scott a foncé vers  la visiteuse et sa laisse m’a échappée des mains. Le temps que je me précipite et j’ai assisté à une scène  digne du film Rocky. Scotty a un petit côté Rantanplan. Elle a déjà eu maille à partir avec Baboune, sait que celle-ci ne l’aime pas, mais retourne vers elle joyeusement dès qu’elle la voit apparaître. Parce que elle, elle l’aime beaucoup. Oui, je sais: il lui manque une case… Ce chien est le plus doux des chiens. Je crois que si des cambrioleurs forçaient la porte de la maison, non seulement elle leur ferait la fête, mais, en prime, elle leur offrirait un café et les clés de la voiture d’Alain!

Là, malgré les aboiements nerveux de notre voisine à quatre pattes, elle s’est plantée à côté d’elle en remuant la queue. Du style: « Salut! Tu viens jouer? » 

La réaction a été immédiate. Nous avons eu droit à « Règlement de compte à OK Jardin. » Je m’attendais presque à entendre résonner la musique d’Enio Morricone. Je trouvais même une très légère ressemblance entre Scott et Charles Bronson. Si. Au niveau de la moustache.

Raconté comme cela, c’est exotique. Le hic était que Scott n’était pas armée. Et que même si elle l’avait été, elle n’aurait pas su quoi faire de son colt. Baboune a sauté gracieusement, a décidé de manger Scott et l’a mordue au visage. Cela n’a duré que quelques secondes. Quand elle a vu que j’arrivais, elle a fini par la lâcher et est retournée prudemment de l’autre côté du mur. A peine gênée.

Scotty, fidèle à elle-même, n’avait même pas fait mine de se défendre. Elle avait l’air plus surprise que souffrante. Je l’ai rentrée. Et c’est une fois à l’intérieur que j’ai vu du sang sur le sol et sur mes vêtements. Elle était blessée au museau. J’ai couru chercher Véronique, désolée, pour qu’elle la tienne pendant que j’essayais de regarder et de désinfecter la blessure. Mais il a fallu se rendre à l’évidence: cela n’allait pas suffire, la morsure était trop profonde. Béatrice, avertie par les enfants, a confirmé notre doute: il fallait filer chez la vétérinaire.

Je vous passe les détails: direction véto avec Béa, toujours aussi épatante de serviabilité, soins, nouveau rendez-vous pour le lendemain, retour à la maison et visite de Véronique complètement désolée. L’après-midi s’est poursuivie chez Béa et Fred, autour d’un gâteau. Nos conversations se font de plus en plus amicales. Et je confirme pour mes amis Suisses qui me posent la question: oui, mille fois oui, mes voisins sont mes anges gardiens (l’Ange Gardien en Chef étant Alain, bien sûr… indétrônable et efficace lorsqu’il est là.).

Quant à ma  Scott, je dois la ramener ce lundi chez le vétérinaire pour que nous avisions sur la nécessité ou non de recoudre la plaie.

Drôle de dimanche…  Mais je maintiens ce que j’ai dit hier: même si Scotty a tout fait pour mettre un peu de piment dans ce week-end, j’ai toujours aussi horreur de ces jours sans Lui.

 

Martine Bernier

Allergie aux week-end

26 avril, 2009

Depuis des mois et des mois, plus de deux ans, je déteste les week-end. Parce qu’il ne les passe pas encore avec moi. Ce samedi-ci était un jour particulièrement triste après une nuit au diapason. Comme à chaque fois que je vais mal, je me terre au fond de ma grotte. Et le soleil a beau essayer de me dérider, je vois la vie en noir. C’est ainsi…

Tout à coup, on a sonné. Scotty a fait un saut de carpe, elle qui dormait  en ronflotant sur les pantoufles d’Alain. Je l’ai attrapée et nous avons ouvert la porte pour nous retrouver face à Frédéric, notre voisin. Il m’apportait des huîtres qu’il avait pêchées le matin même, pour que je puisse les partager avec Alain, lundi soir. Frédéric, c’est le Père Noël en avril. Autant de gentillesse et de générosité me désarment. Et quand je le lui ai dit, il m’a répondu, presque un peu gêné: « On est comme ça… Ah, tiens, demain, s’il fait beau, nous ferons des grillades. Tu veux te joindre à nous? ». Cela m’a émue… C’est bête, je sais. Moi aussi, je suis comme ça…

Plus tard, dans l’après-midi, j’emmène Scotty dans le jardin. Elle aussi semble déprimer en l’absence d’Alain. Dès qu’une voiture s’approche de la maison, elle se précipite, persuadée que c’est lui qui revient. Et dès qu’elle comprend que ce n’est pas le cas, elle me lance des regards tristes et se laisse tomber dans un coin en soupirant. Je l’ai donc emmenée regarder les oiseaux. Mais au lieu des mésanges, c’est la petite chienne des voisins d’à côté, Baboune, qui a fait son apparition sur le mur. Baboune n’aime pas trop Scotty, et le lui témoigne bruyamment. Là, elle s’est perchée sur le mur, et… a arrêté d’aboyer quand elle a vu que nous nous approchions. Scott, indifférente au fait que sa voisine ne lui voue pas un culte amical, meurt d’envie de jouer avec elle. Je l’ai donc laissée s’approcher à distance respectable, afin d’essayer d’organiser un powpow. Je n’ai pas eu le temps de leur allumer le calumet: Baboune a recommencé à aboyer, Scotty à gémir et Véronique, propriétaire de la petite chienne chanteuse, est arrivée, attirée par le vacarme. Nous avons passé un moment ensemble et elle m’a proposé de venir prendre un café chez elle. J’ai aimé sa maison, décorée avec goût. Les murs de la cage d’escaliers accueillent des  photos de famille. Toute une vie en quelques clichés…

Nous avons parlé un peu puis je l’ai laissée, sachant qu’elle avait le repas à préparer pour le retour de sa petite famille. Une heure plus tard, la sonnette retentit chez moi. Véronique m’apportait des crêpes-maison, comme Aurore m’avait apporté celles de sa maman, il y a trois ou quatre semaines. Re-touchée…

Pourquoi pensez-vous que je prends autant de temps à raconter ces tranches de vie? Parce que cette chaleur humaine dont m’entourent ces deux familles me marque. Banales, la gentillesse, l’attention que l’on porte aux autres? Non. Il y a quelque chose de formidablement beau dans tout cela.

Ceci dit, je déteste toujours les week-end. Le seul antidote contre ce mal mesure 1,86 m et m’a promis que très bientôt, avant l’été, il ne passerait plus ni fins de semaines ni vacances loin de moi. Cela devient urgent oui…

Une voiture vient encore de s’arrêter tout près de la maison. Scotty a poussé un aboiement strident et s’est postée face à la porte, pleine d’espoir. Ce serait très moche de briser l’espoir de mon chien.

Martine Bernier

La crémaillère…

24 avril, 2009

Hier était un grand jour à double titre.
Alain m’emmenait à midi à la Trinité-sur-Mer, très exactement dans le restaurant où nous nous sommes vus pour la première fois, sans pour pouvoir nous parler.
Deux ans après, nous y étions ensemble, à la même table… que de chemin parcouru…

Sur le chemin du retour, l’heure était grave: nous devions faire les courses pour préparer notre pendaison de crémaillère du soir.
Une montagne de nourriture et pas mal d’hésitations plus tard, nous nous sommes retrouvés côte à côte dans la cuisine, nous appliquant à préparer un buffet pour nos invités du soir.

Nous avions décidé de convier nos voisins les plus proches et leurs enfants, pour les remercier pour leur gentillesse à notre égard.
Il s’agissait également pour nous de présenter Alain pour la première fois « officiellement ».
Jusqu’ici, ses rapports avec nos voisins s’étaient limités, par la force des choses, à quelques saluts.

Nous nous sommes donc retrouvés à dix à trinquer à notre arrivée.
Un mois et demi que je suis entrée pour la première fois dans notre maison…
Tant de choses se sont passées depuis…

Et jamais je n’aurais été aussi à l’aise si Frédéric, Béatrice, Stéphane, Véronique, et leurs enfants respectifs, ne m’avaient accueillie avec autant de gentillesse.
Depuis, ils sont mes anges gardiens.
Ce fut une soirée douce. De celles où l’on apprend doucement à se connaître, où les langues se délient un peu autour d’un bon vin.
De ces moments où l’on découvre la sensibilité des uns et des autres.
Pour moi, ça a été une soirée très spéciale.
La première au cours de laquelle Alain apparaissait donc « officiellement » à mes côtés, en public, comme étant mon compagnon.
La première où il jouait son rôle de maître de maison.
C’était tellement naturel, tellement « normal », que j’en ai été sidérée.
Je pensais qu’il aurait du mal à se glisser dans cette vie nouvelle, alors qu’il n’a pas encore réglé tout ce qu’il a à régler.
Qu’il serait emprunté…
Mais non.
J’ai vu mon Grand Homme entrer dans son nouveau monde avec une aisance à laquelle je ne m’attendais pas.
Et j’étais à la fois heureuse, surprise et fière…

Ce fut notre première soirée de ce type.
Et ce ne sera pas la dernière: nous pensons déjà à installer un grand coin repas – barbecue sur la terrasse pour continuer nos souper rencontres.

Hier soir, nous avons franchi un pas nouveau dans notre histoire.
Et nous l’avons perçu, tous les deux…

Martine Bernier

Mes petits voisins et le monopoly suisse

23 avril, 2009

Il devait être 13h30 quand on a frappé à la porte, hier. J’ai ouvert et me suis trouvée devant trois de mes petits voisins: Théo, Clément et Johann. Sourires de circonstance, un soupçon gênés de « déranger »:

« On ne savait pas quoi faire… Alors on est venu te voir car avec toi on sait qu’on ne s’ennuie pas! »

Que voulez- vous répondre à cela? Nous avons été choisir un jeu dans le garage. Ils ont opté pour le Monopoly. Mais pas n’importe lequel: le Monopoly Suisse! Tandis que nous préparions le jeu, installés sur la table de la salle à manger avec une orgie de bonbons et de sirop, à la fraise Tagada (ne cherchez pas, il n’y a qu’Alain pour acheter du sirop à la fraise Tagada…)  ils ont découvert le nom des villes, et… le fait que, les cartes « chance » et « chancellerie » étaient bilingues.
- Martine!!!! On parle Suisse sur les cartes!!!

Je jette un oeil:
- C’est de l’Allemand. Le Français est dessous, regarde…

Clément m’explique qu’il a réalisé un exposé sur la Suisse:, et ajoute:  »On y parle français et allemand ». Je complète illico: « Oui, tu as raison. Mais aussi italien et romanche ». Le sourcil de Théo se fixe en accent circonflexe: « Ils sont fous!? Quatre langues?? ». Son soupir en dit long, mais comme il veut me prouver que lui aussi est très polyglotte, il compte jusqu’à trois en Espagnol et répète la même rengaine pendant un bon quart d’heure jusqu’à ce que nous criions grâce de concert.

Nous parlons ensuite des domaines helvétiques qui les intéressent le plus: « Le chocolat (« dis, c’est vrai que c’est le meilleur du monde? ») et le Riccola. » Avec une telle culture de l’endroit, ils irons loin dans la vie, je suis rassurée.

L’après-midi se passe. Johann file au tennis avec ses sbires, ils reviennent ensuite finir la partie de Monopoly, puis Clément part « au foot ». Pendant ce temps, je décide de monter mon nouveau jouet: une machine permettant de couper l’herbe des bordures. Mon voisin (adulte!) Fred vole à mon secours et je me retrouve à jouer un remake de « Massacre à la tronçonneuse » à ma façon. Feu mes pivoines ne s’en relèveront pas. Enfin pas toutes…
En début de soirée, Johann me rejoint. Toujours aussi adorable, il décide de me venir en aide en ramassant les bouts de bois qui manquent de m’éborgner, en tassant l’herbe coupée, en ratissant derrière moi…

Pendant que je parcours le jardin, Théo, qui vient de prendre son bain, arrive. Il est à nouveau en pleine forme, joue au ballon, s’interrompt pour ramasser un peu d’herbe, me débarrasse d’une araignée au passage, saute avec Johann dans le champ d’à-côté par dessus le fil barbelé.

Je les regarde. Ils me touchent, les bougres. Leurs parents tout confus ont beau leur donner des consignes pour ne pas me déranger, moi, je suis heureuse de les voir. Vers 20 heures, je décide d’arrêter l’opération jardin. Leur récompense les ravit: ils ont droit à des bonbons spéciaux pour ceux qui me secondent dans les tâches telles que celles-ci. Clément, qui nous a rejoints, semble déçu: il aurait bien manqué le foot pour participer aussi! Je brûle de faire une entorse à mon nouveau règlement, mais cela n’aurait aucun sens par rapport à ceux qui ont oeuvré… Moi qui étais une mère stricte, désireuse de donner à mes fils une enfance heureuse mais une éducation classique, je me retrouve dans le rôle de la voisine sortie tout droit de « Fifi Brindacier ». En fait, j’aime ce rôle que je tiens auprès des enfants des autres. Celui d’une drôle de nana vivant dans un monde qui les intrigue…

En partant, ils me rappelent, frimousses arborant des sourires faisant trois fois le tour de leurs oreilles: « Martiiiiine? A demain soir, hein!!!! Et Alain sera là!!!! »

Oui… ce soir, Alain et moi pendons la crémaillère et avons invité les deux familles pour les remercier de leur gentillesse à notre égard depuis notre arrivée. Mon petit Club des Cinq sera de la partie, bien sûr!! Il faut dire qu’ils sont pour beaucoup dans notre intégration…

 

Martine Bernier

Quand mon chien s’improvise sauveteur

21 avril, 2009

Dans le cadre de mon travail, j’ai souvent été interviewer des propriétaires de chiens exceptionnels. Chiens d’intervention sur avalanches ou catastrophes, chiens guides, chiens d’assistance pour personnes handicapées etc.

Je ne me serais jamais permis de faire la remarque à ma chienne Scottish. Mais il faut reconnaître qu’elle n’a pas de talent particulier, se contentant de prendre des positions de yoggi confirmé lorsqu’elle fait la sieste, de draguer les moutons qui passent et de s’offrir de véritables fous rires quand elle joue avec Alain.

Je dois donc reconnaître que ce qu’elle a fait ce dimanche m’a plus que déconcertée.

En fin de matinée, j’ai eu un malaise. Cela arrive à tout le monde, nous n’allons pas en faire un pâté. Toujours est-il que j’ai perdu connaissance avant d’arriver à atteindre le canapé. Je me suis réveillée plus tard, sur le sol, ayant complètement perdu la notion du temps et ne sachant plus comment je m’appelais. Ma première sensation a été très désagréable. Outre la douleur de la chute, j’ai ressenti une double sensation d’étouffement, comme si quelqu’un m’avait posé un coussin sur la bouche, et d’oppression, comme si j’avais dix kilos de briques sur la poitrine. Le tout associé au sentiment que l’on me nettoyait consciencieusement le visage à la serpillière.  

J’ai fini par ouvrir les yeux… pour découvrir Scotty bien décidée à faire ses preuves de chien sauveteur. Couchée sur ma bouche, elle m’asphyxiait. Parfaitement indifférente au fait que je suffoquais, elle me léchait la figure, me faisant profiter au passage de sa délicieuse haleine de chacal. 

Je l’ai serrée dans mes bras pour la remercier d’être venue à mon secours, et l’ai légèrement déplacée pour pouvoir respirer.

Elle a horreur des démonstrations d’affection. Mais avant de retourner vaquer à ses occupations, j’ai clairement lu ce qu’elle me disait, dans son regard:

- C’est bien, hein? Tu vois que je sais faire autre chose que me vautrer sur les canapés!

Je n’ai pas voulu la décevoir. Je l’ai félicitée et remerciée comme il se doit. Mais je confirme ce que je savais déjà: devenir apprenti chien sauveteur ne s’improvise pas.

 

Martine Bernier

Mon chien, les moutons et les oiseaux

18 avril, 2009

Je le savais: le pré qui jouxte mon jardin est « le pré des moutons ».
Je n’en avais jamais vu un jusqu’à cette semaine. Et un matin, miracle… Je travaillais dans mon bureau lorsque j’ai aperçu un énorme mouton paissant paisiblement de l’autre côté du mur.
Enthousiaste, j’ai soulevé Scotty, ( mon Scottish Terrier, pour ceux qui auraient manqué un épisode capital!!) et je lui ai dévissé la tête jusqu’à ce qu’elle consente à remarquer la bête.
Une fois qu’elle l’a captée, elle a sauté de mes bras, a escaladé le canapé placé contre la baie vitrée, la pile de coussins qui s’y trouve et a pris appui sur le dossier. Depuis son poste de guet, elle a commencé à observer les aller et et venues du visiteur en grognant doucement.
De temps en temps, elle me lançait des regards interrogateurs, et a fini par me demander (oui, mon chien parle, je ne vous l’avais pas dit?):

- C’est quoi, ce monstre!?!?
- Ce n’est pas un monstre, c’est un mouton, ô béotienne ignare. Il est étonnamment grand, mais c’est un mouton quand même.
- Tu m’emmènes? Je voudrais le voir de plus près.
- Pas maintenant: je travaille.
- Tu travailles, tu travailles… toujours la même rengaine! Quand tu auras fini, ils seront partis et tu m’auras encore privée d’une expérience essentielle. Tu ne mérites pas d’avoir la responsabilité d’une petite âme aussi passionnante et éveillée que la mienne! Maîtresse ingrate, incapable!

Que voulez-vous répondre à cela? J’ai pris sa laisse, l’ai attachée, me suis équipée d’une boussole et de vivres pour deux jours (le jardin est grand) et nous sommes parties en expédition. A ceux qui s’étonneraient de me voir attacher mon chien pour l’emmener au jardin, je signale en passant que le portail n’est pas encore posé et qu’un Scottish, en dépit de ses petites pattes, court très vite. Mais alors vraiment très vite. De plus, un Scottish qui ne veut pas obéir n’obéit pas. Foi de terrier. De mon côté, mes rodéos scottischiens ont beau faire beaucoup rire ceux qui y assistent, ils ne m’amusent que modérément.

Arrivées au bout du jardin, j’ai vu ma chienne prendre appui sur le petit mur du fond pour mieux voir. C’est là que j’ai réalisé que notre mouton n’était pas seul. Un peu plus loin, le reste du petit troupeau se baladait en oscillant des hanches langoureusement.
Quand le solitaire nous a vues, il n’a pas pris peur. Au contraire. Chiquant une poignée d’herbettes, il s’est approché tranquillement pour mieux voir cette drôle de bête qui l’observait. Je parle de Scotty, pas de moi.
Scott d’ailleurs était fascinée par l’apparition. D’une taille intermédiaire entre un veau et un poney (bon, d’accord: un poney de Shetland, mais un poney quand même), le visiteur s’est posté à moins de deux mètres de nous. Nous nous apprêtions à engager la conversation lorsque tout le troupeau est reparti. Comme il n’est pas mouton pour rien, il a suivi. Flûte. J’aurais aimé interviewer mon premier mouton Mendolphin. Oui, c’est ainsi que l’on nomme les habitants de la région.

Depuis, chaque jour, Scotty cherche son nouvel ami géant. Mais les moutons ne sont pas revenus. Comme je la sentais un peu dépressive, j’ai fait l’acquisition d’une maisonnette pour oiseaux que j’ai été accrocher dans un arbre.
Au bout de trois jours: rien. Pas un seul oiseau tenté par mes graines.
Hier, avec Alain, nous sommes allés acheter une autre mangeoire, beaucoup plus rudimentaire, que nous avons posée à côté de la première.
En une heure, tous les oiseaux du quartier savaient que nous avions posé quelque chose à leur intention.
Ils ont préféré une obscure mangeoire en forme de champignon à ma ravissante maisonnette.
Vexant. Les oiseaux ne connaissent rien en architecture.

A l’heure où j’écris, deux mésanges et un rouge-gorge picorent les graines.
Scotty, de temps en temps, leur jette un oeil. Lorsqu’elle sort, elle lève la tête, mais ne fait pas mine de les ennuyer. Brave chien.
Mais j’ai beau faire, elle préfère nettement s’intéresser aux moutons.
Les chiens ne connaissent rien en ornithologie.

Martine Bernier

Mince… demain, j’ai 50 ans!

10 avril, 2009

Demain 11 avril, il y a peu de chances pour que j’écrive sur Ecriplume. Pourquoi? Parce que demain, j’aurai 50 ans. Mince… Lorsque j’étais enfant, les gens de cet âge me semblaient survivants du paléolithique. De très, trrrrrèèès vieilles personnes…

Allez savoir pourquoi, j’ai revu mon jugement depuis. Bien que je sache que je suis proche de la date de péremption, je n’arrive pas à me considérer comme mûre, voire blette. Evidemment, je n’ai plus la souplesse et la ligne de mes 20 ans. Mais j’ai toujours des rêves et des projets plein la tête, l’envie de dévorer la vie avec celui que j’aime.

Il sait d’ailleurs quel cadeau d’anniversaire j’aimerais qu’il me fasse…

En ce moment, je passe quelques jours avec mon amie Janick. Et demain, très tôt, Eric, l’homme avec lequel j’ai partagé ma vie durant 16 ans, sera là. Il effectue le voyage juste pour passer ma journée d’anniversaire avec moi, sachant qu’Alain ne sera pas là et que cela me rend triste. Un homme de coeur et de bien…

Pour le recevoir dignement, j’ai mis un point d’honneur à briquer le navire. La maison reluit et sent bon… Mais, alors que, vers 22 heures, Janick et moi regagnions nos quartiers pour la nuit, j’ai vu, ô horreur, que de la poussière perfide s’était nichée tout le long de l’escalier en bois. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux assises sur les marches, à frotter le bois avec un enthousiasme frénétique. Jusqu’au moment où, prenant conscience de ce que nous faisions, j’ai éclaté de rire. Elle m’a emboîté le pas et le fou rire a duré un moment.

Bon, d’accord, j’ai 50 ans… mais pourquoi diable ai-je l’impression d’être aussi disjonctée qu’à 20 ou 30 ans?? J’ai comme l’impression que mon cas est désespéré…

 

Martine Bernier

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