Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Escal’ Atlantique

9 avril, 2009

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Depuis avant-hier soir, j’ai la visite de l’une de mes amies très chère, venue passer quelques jours avec moi.

Pour la première fois, j’ai donc pu présenter Alain à quelqu’un de mon cercle intime, et le voir évoluer en sa présence. J’ai été séduite de le voir aussi à l’aise, aussi naturel, disponible et intéressé par nos conversations… Hier matin, alors que la pluie avait pris possession du ciel de Bretagne, il nous a proposé d’aller visiter des sites, au sec.

Et il nous a entraînées à St Nazaire, à la découverte d’Escal’Atlantique, qu’il connaissait déjà.

La surprise… 

Imaginez un paquebot amaré dans l’ancienne base de sous-marins. C’est Escal’ Atlantique. Vous embarquez, êtes reçus par un équipage stylé, et partez pour une croisière à travers le temps, découvrant ces paquebots prestigieux qui effectuaient les traversées transatlantiques. La reconstitution est saisissante, la visite jalonnée de surprises. Et Alain était le véritable capitaine de ce vaisseau magique qu’il a pris un plaisir visible à nous faire explorer…

Nous avons adoré…

Si vous passez par St Nazaire, n’hésitez pas et emmenez vos enfants: ils seront, comme vous, enchantés!

M.B.

http://www.saint-nazaire-tourisme.com/index.php?Ids=kWwUSAvbzoNAcgXhROAp&Menu=Mcpid&Action=777&DIdn1=&DIdn2=&DIdn3=&OIdn1=&OIdn2=&Idn3=&N=&idn3=71&ide=1&dr1=2&dr2=16

Le paradis des escargots

8 avril, 2009

Une semaine après mon arrivée, j’ai constaté avec horreur que la porte d’entrée de mon adorable maison était couverte de toiles d’araignées et… d’escargots!
J’ai bien dit d’escargots.

Je n’ai pas habité trente ans en Suisse, dans le pays le plus « propre en ordre de la planète » sans avoir retenu quelques leçons d’hygiène élémentaire.
J’ai fait ni une ni deux: j’ai empoigné un seau, du savon, une éponge, et j’ai rendu à la porte sa vocation première.
Porte elle est, porte elle restera.
Fini, le squatt pour gastéropodes!
Non mais!

Pendant que j’oeuvrais, deux dames, qui promenaient leurs chiens, m’ont regardée avec des yeux ronds.
Je leur ai adressé un sourire, la mèche en bataille, et elles m’ont demandé ce que je faisais.
- Heu… je nettoie la porte. Elle était couverte d’escargots.
- Ah bon? Bon courage!

Au bout d’une demi-heure, l’entrée luisait de propreté, et une colonie d’escargots SDF s’éloignait sur la route en traînant ses bagages.

Dans la même journée, j’ai eu la visite de notre propriétaire, venue s’enquérir de notre installation.
Le sujet du jour étant « la porte », elle a eu une réaction aussi surprise que mes interlocutrices précédentes.

- Vous savez, ici, les escargots… on en est infestés. Alors vous aurez beau nettoyer, ils reviendront tout le temps.

Ah oui?
Puisque c’est ainsi, la guerre est déclarée.
Depuis ce jour, à chaque fois que je rentre ou sors de la maison, je jette un regarde suspicieux sur la porte d’entrée.
Jusqu’ici, les escargots, qui se sont donné le mot, n’ont pas fait mine de réapparaître.
Un murmure parcourt le village de coquille en coquille: « Méfiez-vous du bout de l’allée. Y vit une nana complètement folle, qui ne nous apprécie que très modérément. »

Un mois (oui, déjà…) a passé.
Pas de problème: ces mollusques visqueux se tenaient à distance respectueuse, jusqu’à ce matin.
En rentrant, hier soir, j’ai réalisé que, sur l’appui de fenêtre de la cuisine se trouvait un gastéropode dodu.
Visiblement un escargot adolescent, un peu fougueux, venu voir si j’étais à la hauteur de ma réputation.
Je dois lui reconnaître un certain courage, à l’animal.
Il est venu sans arme, et s’est placé à un endroit où il était impossible de ne pas le voir.
Et puis son exploit avait du mérite: pour une bestiole de cette taille, escalader le mur pour atteindre l’appui de fenêtre devait être fatiguant.

Je l’ai donc pris délicatement, et j’ai été le poser sur le muret qui entoure la maison.
D’ici à ce qu’il en redescende, qu’il traverse les quelques mètres le séparant de la maison, qu’il ré-escalade le mur et qu’il réintègre l’appui de fenêtre, il lui faudra bien un autre bon mois.
Cela me donne le temps de réfléchir à la suite de ma stratégie militaire.

Pour le moment:
Martine: 1
Escargot: 0. Mais bien essayé!

Martine Bernier

« Et vous écrivez encore? »

6 avril, 2009

Ce matin, un charmant monsieur qui me fait le cadeau de me lire depuis des années à travers tous les journaux et autres supports pour lesquels je travaille ou ai travaillé, me disait:

- J’adore vous lire sur Ecriplume. Mais je voudrais vous demander: en dehors du blog, écrivez-vous encore maintenant que vous êtes en France? Et si oui, que faites-vous?

Hum. Oui, j’écris encore et toujours.

Les textes d’Ecriplume sont ma mise en bouche matinale. Puis, je passe à d’autres choses. Comme la question m’a été posée, cela vous intéresse-t-il de savoir?

Deux de mes employeurs Suisses m’accordent toujours leur confiance. Je suis donc toujours journaliste dans le sens le plus complet du terme.

Et puis, je travaille actuellement sur un livre qui sortira cet été pour le 40e anniversaire du FIFAD, Festival International du Film Alpin des Diablerets. J’y retrace l’histoire du groupe de montagnards passionnés qui a un jour créé cette manifestation sans savoir qu’elle aurait un jour l’ampleur qui est la sienne aujourd’hui. Les plus grands noms de la montagne et du cinéma l’ont fréquentée.

Dans le cadre de ce livre, je vais cette semaine interviewer par téléphone un homme qui nous a fait cadeau de films formidables, dont le cultissime morceau d’antologie: « Les Tontons Flingueurs ». Interroger Georges Lautner, autant dire que je me réjouis d’avance…

Donc oui, j’écris encore. Et lorsque j’aurai terminé l’ouvrage en cours, je pourrai enfin m’atteler à un autre livre, une biographie historique cette fois, sur laquelle je travaille épisodiquement depuis plusieurs années. Et sur certains projets que je partage avec Alain.

Mais là, chuuuut…. il est un peu tôt pour en parler.

 

Mes voisins, mon jardin et Eusèbe la tondeuse

5 avril, 2009

J’ai une chance incroyable.
Les gens sont d’une gentillesse ahurissante avec moi.
En arrivant en Bretagne, j’étais pourtant un peu inquiète.
Et si c’était différent?
Allaient-ils accepter ce spécimen de nana plus proche de l’OVNI que du schéma classique de la ménagère idéale?

Trois jours après mon arrivée, j’ai fait la connaissance de mon voisin d’en face, Frédéric, jeune père de famille. Puis j’ai rencontré son épouse, Béatrice, et leur fille, Aurore, et, plus tard, les autres voisins qui m’entourent.
Les contacts que nous entretenons sont très chaleureux.
Je pense qu’ils ont compris que, pour le moment, je ne connais pas encore grand monde, et que le fait qu’ils soient là m’était très précieux.

Cette semaine, en allant chercher le courrier, je croise Frédéric, qui accomplissait la même démarche que moi.
Je lui ai demandé s’il pouvait me dire où nous devions nous débarrasser de l’herbe une fois que nous la couperions dans le jardin. Il m’a répondu, puis nous avons fait un brin de causette.
Et j’ai reçu un joli cadeau matinal…
Il m’a demandé si nous aimions les palourdes. J’ai eu une moue significative: Alain et moi adorons les fruits de mer!
Il m’a dit: « Je suis désolé, mon père est allé en pêcher, et j’en avais tellement que j’ai dû en jeter. Mais la semaine prochaine, je vous en donnerai. Et je vous ramènerai des huîtres, aussi. »

J’étais estomaquée. D’abord parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il me propose quelque chose d’aussi adorable. Ensuite parce que j’ignorais qu’il était permis de pêcher ce genre de précieux coquillages sans autorisation. Il m’a expliqué qu’ici, tout le monde le faisait et que c’était permis du moment que l’on ne dépassait pas un certain quota de pêche.

Au passage, mon précieux voisin m’a également dit que si je n’arrivais pas à mettre la tondeuse en route quand Alain n’est pas là, il le ferait volontiers pour moi dès qu’il sera remis d’une opération du canal carpien qui l’handicape ces jours-ci.

Quand nous nous sommes dit au revoir et que je suis rentrée, j’ai repensé à une phrase que quelqu’un de ma famille m’a souvent dite lorsque j’étais jeune.
« Toi, à t’entendre, les gens sont merveilleux, le monde est merveilleux, tout est merveilleux! »

C’était un peu exagéré.
Mais je crois ne pas avoir tellement changé, finalement.
Je ne suis pas naïve. Mais j’ai toujours été émerveillée par la gentillesse spontanée, c’est vrai.

Bref. Vendredi, il faisait beau. Alain m’avait quittée le matin, j’avais le cœur gros. Et quand je dis gros… c’est très en dessous de la réalité.
Connaissant la fragilité de son dos, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de m’attaquer au jardin, afin qu’il ne soit pas tenté de le faire en revenant.

Je me suis glissée dans le garage où la tondeuse siestait innocemment, à l’abri des regards indiscrets.
Notre tête-à-tête a ressemblé à « Règlement de comptes à OK Corral ».
Je me suis avancée vers, elle, ai sauté sur la bête, et j’ai essayé de la mettre en marche.
Après plusieurs essais infructueux… j’ai réussi!
J’en ai donc conclu que je pouvais me lancer dans l’opération Eusèbe.
L’opération Eusèbe étant le nom de code donné par mes soins à la tonte du jardin.
C’est idiot, mais les voyages en Absurdie me motivent.

J’ai traîné ma victime dans le jardin (le petit malin qui a placé une marche à la porte arrière du garage mériterait la bastonnade publique!), et je me suis dirigée vers le bout du bout. Dehors, Johann et son copain Léo ont couru à ma rencontre dès qu’ils m’ont vue.
J’ai fièrement lancé le moteur (bon, il a fallu quatre tentatives, mais j’y suis arrivée!) et j’ai commencé à œuvrer.

N’imaginez pas un aller-retour gracieux et très classe. Tondre la savane, ce n’est pas simple. Je me demande si je n’aurais pas dû la laisser ainsi, d’ailleurs. Il aurait suffi d’y rajouter un marais pour donner envie à un Bec-en-Sabot (voir rubrique « Le plus mystérieux des Oiseaux) de s’y installer…
Au bout de 10 minutes, Eusèbe avait déjà l’estomac plein.
J’arrête le moteur, me perd dans une réflexion intense.
Grand conciliabule avec mes deux apprentis: que faire de l’herbe rasée?
Ils m’expliquent que les précédents locataires la mettaient au bout du jardin, dans le « pré aux moutons ».
- Ah bon? Le pré aux moutons? Mais… où sont les moutons?
- Ils viennent parfois…
- Et ils aiment l’herbe coupée?
- Non, pas vraiment…

De toute façon, en l’occurrence, je n’ai pas le choix. Si je veux pouvoir continuer mon Œuvre, il faut que je me débarrasse de la verdure. Je n’allais quand même pas me la préparer en salade… Suivie de mes deux acolytes, je m’exécute donc, reviens vers la tondeuse, lui replace son estomac, m’empare du cordon pour lancer le moteur, tire fermement et… rien.
Sans me démonter, je réessaie, une fois, deux fois… dix fois.
Toujours rien.
Je ne suis pas violente pour un sou.
Mais là, si j’avais pu, j’aurais pendu la bestiole par les pieds à mon pommier et j’aurais attendu qu’elle sèche.

Juste au moment où je me disais que j’allais devoir lamentablement abandonner, Frédéric est venu à la rescousse. Malgré sa main convalescente, il a relancé le moteur (en une fois, comme Alain!!! Agaçant, ça!), et m’a dit que, par la suite, nous tondrions nos pelouses en osmose pour qu’il prenne mon herbe avec la sienne dans une remorque qu’il mènerait à la déchetterie.
Et je suis repartie pour un tour sous l’œil de Johann et Léo.
Ils s’amusaient beaucoup, mais discrètement, mes petits compagnons. N’ayant pas l’esprit géométrique, je ne tondais apparemment pas dans les règles de l’art, en belles et longues lignes régulières.
Ma tonte était plutôt du genre: je vais où je peux, ou plutôt je suis la tondeuse!

Ils ont été chercher un râteau pour m’aider, passant derrière moi et ramassant l’herbe laissée là par ma machine. Comme je n’avais une fois de plus pas mis mes lunettes et que ma ressemblance avec les taupes se confirme au fil du temps (je parle de la myopie, ignares!), ils me guidaient, me disant où je devais repasser, quels coins j’avais oubliés…
Deux véritables GPS sur pattes!

Une heure plus tard, le jardin ressemblait plus ou moins à un jardin.
Et si l’herbe a le malheur de repousser d’ici le retour d’Alain, lundi, je la tond au napalm la prochaine fois!

J’ai offert une tournée de jus d’orange, ai récompensé mes petits apprentis, et j’ai rangé la tondeuse. Vaincue et épuisée, elle n’en menait pas large.
Veni, vidi, vici, comme dirait Jules!

Plus tard, j’ai fait un brin de causette avec Béatrice, la maman de Johann et d’Aurore, dans mon jardin qui sent la menthe fraîche. (Heu… Eusèbe a dû en couper par inadvertance…)
Son mari nous a rejointes, m’invitant chez eux pour un verre de sirop salvateur après l’effort. Nous sommes ensuite revenus chez Alain et moi, en procession, pour nous pencher sur mon problème de rideaux. Trois têtes remplies d’idées valent mieux qu’une!
Puis nous nous sommes quittés.
Une heure plus tard, Scotty m’avertissait que quelqu’un frappait à la porte.
J’ai ouvert et je me suis retrouvée face à Aurore.
Celle-ci m’apportait deux crêpes toutes fraîches, de la part de ses parents.

Qu’est-ce que je disais au début, déjà?
J’ai une chance incroyable.
Et je n’ai jamais été aussi émue par deux crêpes…

Martine Bernier

Le jardin et moi: la Tondeuse. Episode 2.

4 avril, 2009

Or donc, je vous ai déjà parlé de mon jardin, nouveau terrain de découvertes pour la néophyte que je suis et de notre rencontre peu concluante avec le jardinier.
Après moult conversations avec Alain, nous en avons conclu qu’il serait judicieux d’investir dans une tondeuse à gazon et de faire venir un professionnel deux ou trois fois par an pour les travaux plus conséquents comme la taille des arbres et de la haie.
Cette semaine, donc, Alain m’a emmenée chez un spécialiste vendant le genre d’engins qui nous intéressaient.
Le responsable s’est lancé dans une description de ses machines qui m’a tétanisée.
En clair: je n’ai pas compris un traître mot. J’ai seulement vu que ces machines étaient horriblement chères.
Quand les hommes se mettent à parler moteur, starter etc etc, ils deviennent vite incompréhensibles pour le commun des mortels dont je fais partie.

Alain a écouté les explications avec attention (Dieu que j’admire cet homme: il avait VRAIMENT l’air de comprendre!!!), a posé des questions tout aussi incompréhensibles que les réponses apportées, a poliment remercié et a dit que nous allions y réfléchir.

Nous avons repris la voiture et nous nous sommes dirigés vers un grand magasin de bricolage où nous avons refait le même parcours.
Cette fois, les engins étaient plus abordables, le vendeur un peu plus compréhensible, plus souriant.

Nous sommes donc ressortis avec une énorme tondeuse au look « arrière-petite-cousine-d’une-Ferrari-de-luxe ». Le tout assorti d’un joli jerricane pour l’essence, d’huile (vous saviez qu’il fallait mettre de l’huile dans une tondeuse, vous!?), d’une paire de gants de jardinage, d’un sécateur et d’un outil sensé me permettre d’occire la mauvaise herbe autour des rosiers.

Première épreuve: faire entrer la bête dans la voiture. L’opération a relevé du tour de force. C’est qu’elle résistait, la bougresse! Alain a fini par la dompter en la pliant (c’est fou ce que ça peut perdre de sa superbe, une tondeuse, lorsqu’elle est pliée…) et en l’enfournant dans le coffre.

A peine avait-il garé la voiture devant notre garage qu’une nuée de petits voisins est arrivée à notre rencontre. Ils avaient des questions à nous poser, à propos de nous. Questions que, m’a avoué Théo, ils s’étaient posées une bonne partie de la journée.
Intéressés, ils sont venus voir la tondeuse, demandant à Alain au passage s’il avait encore les bonbons en sachets dont il les avait régalés la veille.

L’opération bonbons et découverte de mes bouquins une fois terminée, nous sommes passés aux choses sérieuses.
Il était temps que j’aie mon premier tête-à-tête avec une tondeuse.
La première tondeuse de mon existence. Ca compte, dans la vie d’une femme.

Ce matin, l’un de mes amis m’a dit: « En parlant de toi, hier, j’ai dit que tu étais comme Robinson Crusoé réapprenant à faire du feu, à faire cuire un morceau de viande etc…! »
C’est tout à fait cela!
Rat de bibliothèque, j’adore étudier, écrire, pratiquer mon métier, découvrir… mais j’avoue m’interroger parfois sur mon aptitude à vivre au quotidien. Il semblerait que je n’aie pas été programmée pour survivre sur notre planète!
Je sais faire des choses inattendues (comme monter seule un bureau en kit) mais je suis incapable d’accomplir certains gestes pourtant élémentaires. Demandez au dernier œuf que j’ai essayé de cuire ce qu’il en pense, si vous ne me croyez pas. Il s’en souvient encore.

L’heure était donc grave.
Apprendre à utiliser une tondeuse demande de la concentration!
J’ai couru chercher mon petit carnet et mon stylo, et je me suis postée à côté d’Alain.
Après un premier tour de chauffe, il a éteint la machine et a commencé à m’expliquer:
- « Tu dois toujours ouvrir le conduit d’essence, mettre en position starter (ah bon, c’est ça, un starter?), tirer la manette ici, ne pas te coincer les doigts, tirer sur le fil ici pour lancer le moteur, pousser sur la manette là… ne pas lâcher celle-ci pour avancer, ni celle-là si tu ne veux pas que tout s’arrête… »

J’ai tout noté.
Mon séduisant professeur m’a ensuite expliqué à grands renforts de « ça, tu ne dois JAMAIS le faire!!! », que si jamais la machine s’arrête en raison d’un « bourrage d’herbe », je ne devais surtout pas essayer de la dégager par moi-même, mais attendre qu’il intervienne lui-même. Mon sauveur! Comme il sait que j’ai la déplorable habitude de toujours essayer de me débrouiller toute seule, que ce soit pour monter une commode à l’étage, monter un meuble ou bouter les Anglois hors de France (pardon, je m’égare), il m’a dépeint un tableau terrifiant des risques que j’encourais si je mettais mes précieux petits doigts dans la machine et que la lame devait se mettre en route.
Beurk. Dans le genre hachis Parmentier, c’est très fort.
Il m’a aussi précisé qu’il fallait déconnecter la bougie avant d’agir. Mais, ayant une conscience très précise de mes aptitudes en mécanique, il a préféré revenir à son premier choix: « au moindre problème, tu abandonnes et tu attends que j’arrive. »
A vos ordres, chef!

Enfin, nous sommes passés aux travaux pratiques.
Au début, ça s’est très bien passé.
J’ai ouvert l’arrivée d’essence, assez fière de moi.
C’est ensuite que cela s’est gâté, au moment de tirer sur le cordon de mise en route du moteur.
J’y ai mis toute ma force.
Résultat: nul.
Pas le moindre petit toussotement.

Bon prince, Alain m’a dit:
- « Non: tu dois donner un coup sec. »
J’ai essayé trois fois.
Sans le moindre résultat.
Il avait beau me dire gentiment:
- « Tu es trop douce. Il faut y aller plus fort. »
Le problème restait le même.
Pas moyen de faire démarrer cette chose.
J’avais même l’impression qu’elle ricanait sous mes chatouillis.

L’homme de ma vie a pris les choses en main et a lancé le moteur (en une fois! Vexant!). De mon côté, je me suis dit que je verrais bien quand je serais en tête-à-tête avec la bête.
La torture, je préfère la pratiquer sans témoins!
Le ridicule aussi.

Après avoir mis la bestiole en route, Alain m’a prudemment confié les commandes, m’expliquant comment ne pas me coincer les doigts, ne pas me faire écraser, etc.
Et j’ai fait mes premiers pas avec l’animal.
Nous avons fait, au total, fait trois aller retours sur la pelouse, puis nous avons rangé l’engin dans le garage. Il se faisait tard, et je finirai dès que le soleil sera revenu.

C’est assez rigolo, une tondeuse, finalement.
Quand on a de l’humour et beaucoup d’imagination…

Martine Bernier

L’Atlantique

4 avril, 2009

Il avait dû partir aux aurores, ce matin-là, pour un rendez-vous à l’autre bout de la Bretagne.
Mais il m’a fait la surprise de revenir tôt, au milieu de l’après-midi. Fatigué, mais heureux d’être là.
La première chose qu’il m’a demandée a été: « Veux-tu que nous allions prendre l’air, au bord de l’eau? »
J’ai dit oui… évidemment…
Le bord de l’eau, ici, ce n’est pas un ruisseau: c’est l’océan!
On ne dit jamais non à l’océan…

Nous avons à peine 5 ou 6 kilomètres à parcourir pour y être, depuis la maison.
Il a garé la voiture en bord de route, et nous avons marché dans le sable.
L’Atlantique est un océan doté d’une personnalité forte.
Il se fait entendre bien avant que l’on puisse le voir.

Je ne suis pas marin.
Je suis plutôt du style à admirer les navigateurs comme Olivier de Kersauson et bien d’autres, et à me taire en regardant les vagues.
Nous sommes restés là, à écouter la mer, les oiseaux, et à respirer le vent.
Il n’y avait pas une âme.
Des millions de couples ont dû avoir les mêmes gestes que nous en regardant la mer.
Blottis l’un contre l’autre, conscients de vivre un moment privilégié.

Autant il faisait chaud sur la route, autant le vent venu du large était frais.
Nous avons retraversé la plage avec, dans notre dos, le bruit de l’eau qui semblait nous appeler.
Autrefois, lorsque je devais m’éloigner de la mer, j’avais le cœur brisé, consciente qu’il me faudrait des mois avant de la retrouver.
Aujourd’hui, je sais que nous y retournons quand nous en aurons envie, qu’il ne faut pas patienter longtemps…

Habiter en Bretagne n’est pas anodin.
Comme habiter en Corse, sans doute, ou dans tous les autres lieux « forts ».
On n’y vient pas par hasard.
On y vient parce que quelque chose de puissant et d’attirant nous y appelle.
C’est un lieu de choix, de désir.

Mince, qu’est-ce qu’on s’y sent bien…

M.B.

Le jardin et moi: rencontre du troisième type…

1 avril, 2009

Pour la première fois de ma vie, depuis que j’ai emménagé dans ma nouvelle demeure, me voici co-responsable d’un jardin, avec Alain. Je dirais même un grand, un très grand jardin.
Pour une gamine née en pleine ville, qui, durant son enfance, n’a connu qu’une bande de terre d’un mètre sur quatre parsemée de tulipes rachitiques, et qui allait se cacher sous le lierre grimpant de son oncle, pour y attendre Tarzan, convaincue de se trouver en pleine jungle, le contraste est saisissant.
Dans notre jardin, donc, se trouvent huit arbres fruitiers, une haie plus grande que moi, une interminable ligne de rosiers, des arbustes en fleurs, des massifs de… heu… de je ne sais pas trop quoi, en fait, et des fleurs un peu partout, parmi lesquelles des jonquilles et de la lavande. Détail amusant: Alain est allergique à la lavande. Enfin quand je dis amusant…

Pour lier artistiquement le tableau, une pelouse. Enfin… de l’herbe. Une vaste, très vaste étendue verdoyante.
Quinze jours après mon arrivée, il a fallu faire face à la terrible réalité: l’herbe, ça pousse. Ca pousse même très vite. Si je ne veux pas que Scotty prenne des allures d’antilope bondissant dans la savane, il faut agir, et agir vite.
Alain et moi avons donc étudié les solutions qui s’offraient à nous.

1. Nous lancer dans des incantations pour que le ciel consente à raccourcir la pelouse de lui-même.
2. Mettre un âne dans le jardin et le nommer régisseur.
3. Trouver une bonne âme pour prendre en charge la destinée de notre domaine.
4. Acheter une tondeuse et me laisser crapahuter joyeusement parmi les touffes d’herbe.

Nous avons attaqué notre programme avec le plus grand sérieux.
Pour les incantations, n’essayez pas: cela ne fonctionne pas. Le ciel a même été jusqu’à nous narguer. Deux jours après notre intervention, la pelouse ressemblait à la tignasse d’Antoine, au temps de ses élucubrations.

La deuxième solution, soufflée par moi, n’a pas immensément enthousiasmé Alain. Sortir Scotty, d’accord. S’occuper d’un âne… je lui suffis.

Nous avons donc fait appel à un professionnel dont nous avions trouvé une publicité alléchante, et l’avons convié à nous rendre visite pour nous proposer un devis.
Aimable et sûr de lui, l’homme, béret planté sur le sommet du crâne, a fait le tour du jardin au pas de charge, faisant des commentaires sur le travail à effectuer . Rien que l’écouter nous a mis la puce à l’oreille. Inquiétant…
Il est ensuite passé à la partie délicate de l’opération: nous annoncer ses tarifs. L’œil innocent et la bouche en cœur, il nous a appris que, pour dix visites de 4 heures (mais la 11e est offerte!) il nous en coûterait 1200 euros… au lieu de 1400, va, il est bon prince. Et puis « si vous recevez du monde le samedi et que vous réalisez que votre pelouse n’est pas nickel, je peux vite passer. Mais bien sûr, en tarifs de week-end… »

Oui, bien sûr… Et il est parfaitement clair que nous sommes du genre à faire tondre la pelouse une heure avant de recevoir des amis, pour faire chic, tiens…
Je n’ai pas envie de mettre Alain mal à l’aise. J’ai donc retenu les deux réflexions que je mourrais d’envie d’exprimer: « Heu… je peux avoir le vague espoir que vous parlez en francs suisses? » et « Excusez-moi, nous avons besoin d’un jardinier, pas d’un avocat… Si vous me le permettez, je m’évanouis et je reviens. »

Je n’ai rien dit. Je suis extrêmement sage depuis que je suis ici.
Quand le monsieur est parti, non sans nous avoir averti qu’il fallait le rappeler rapidement car son planning se remplissait à vue d’œil, l’homme que j’aime et moi avons échangé un regard entendu. Visiblement, nous pensions la même chose… La longue visite que j’ai dû faire à un médecin depuis mon arrivée m’a coûtée très exactement 22 euros, avec consultation complète. Quel est donc ce pays où le tarif horaire d’un jardinier est plus cher que celui d’un médecin?!

Alain m’a dit:
- Bon, on demande un autre devis?
- Oui!

J’attends le deuxième homme pour la semaine prochaine. Mais cette fois, je sais à quoi m’attendre…

Nous reste éventuellement la dernière solution: acheter une tondeuse à gazon.
Si je n’ai jamais tondu une pelouse de ma vie, Alain, lui, connaît l’exercice.
Il m’a donc dit: « Je crois que tu ne te rends pas très bien compte que c’est assez physique. Je la tondrai moi-même, la pelouse. »
Hum. Connaissant l’importance de ses problèmes de dos, c’est exclu.
Seulement voilà, je sais que, bien souvent, lorsqu’il me met en garde, il a raison.
C’est parfaitement horripilant, mais c’est ainsi.
Nous attendons donc le devis du Messie avec anxiété.
Et si Messie a lui aussi des velléités de paie de ministre, nous complèterons son intervention par la mienne, nettement plus artisanale, mais moins onéreuse. Je mettrai peut-être deux jours complets là où il mettra une heure, mais bon, nous ne sommes pas pressés.
A moins que… ôtez-moi un doute…
Quelle est exactement la vitesse de croissance d’un brin d’herbe, déjà?

(à suivre…)

Martine Bernier

Mes petits voisins: les gavroches du Club des Cinq

31 mars, 2009

Lorsque je suis arrivée dans mon nouveau lieu de vie, j’ai fait rapidement la connaissance de mes voisins les plus proches.
Et particulièrement de leurs enfants.
A eux deux, les deux couples en ont quatre: Johann, dont j’ai déjà parlé, et sa grande soeur, la ravissante Aurore. De l’autre, Théo, le plus petit qui doit avoir 6 ou 7 ans, et Clément, d’une dizaine d’années, deux garçonnets dont je ne suis séparée que par un muret.

A ces trois petits garçons viennent s’ajouter leurs copains, avec lesquels ils aiment jouer au foot et discuter longuement, assis devant la maison.

Théo a une bouille bien éveillée. De temps en temps, il laisse une pomme de pin ou un joli caillou sur le petit mur qui entoure ma maison, vient grignoter un biscuit (il aime les « Petits Princes ») devant chez moi, l’air nonchalant, en attendant que je sorte pour se précipiter à ma rencontre. Plus jeune que le reste de la bande, il les suit partout, développe un caractère affirmé, histoire de montrer qu’il existe lui aussi.

Un jour de la semaine dernière, je leur ai montré, à lui et à Johann, les trésors de l’une de mes boîtes: une armée de petits trolls aux cheveux colorés, que l’on fixe au bout d’un crayon ou sur la porte des frigos, selon les cas. Je leur en ai donné en précisant qu’ils pouvaient revenir en chercher quand ils le voulaient. Le tout sous l’oeil amusé d’Alain dont la grande taille les intimide encore un peu. Ce qui ne devrait pas durer bien longtemps lorsqu’ils découvriront quelle montagne de gentillesse et d’humour se cache derrière cet homme qui, pour eux, est un géant.

Hier soir, alors que j’emmenais Scotty (le chien qui n’a pas compris qu’il était un chien) respirer une dernière fois le doux parfum des pissenlits et des pâquerettes du jardin (oui, je sais, elles ne sentent pas, ces fleurs-là. Seulement c’est MOA qui écrit! Donc, elles ont un doux parfum), Théo m’a interpellée:

- Martiiiiiiiiiiine!!!

J’étais secrètement contente: ils commencent à utiliser mon prénom, ils se sentent bien avec moi. Avec son frère, ils m’ont regardée, de l’autre côté du mur qui leur arrive, selon la taille, aux épaules ou au front. Ils portaient chacun une robe de chambre par dessus leurs vêtements. Un look tout à fait fashion!
Je me suis approchée, les ai salués, et le benjamin, toujours aussi gouailleur, m’a demandé, sans détours: « Dis, on peut venir chez toi chercher des trolls? »
J’ai accepté: « Oui, on peut venir chez moi! » et ils ont escaladé le mur pour passer dans mon jardin, en un clin d’oeil. Les voir galoper dans l’herbe en direction des baies vitrées me ravit.
Nous sommes entrés dans le bureau où Théo a ouvert le petit tiroir du minuscule meuble dans lequel je pose mes cadeaux à leur intention.
Chacun en a pris deux. Clément était un peu plus timide: ce n’était que la deuxième fois qu’il faisait irruption dans la maison.
Or, tous sont très bien élevés par des parents attentifs qui leur ont laissé pour consigne de ne pas m’envahir!

Nous avons échangé quelques mots, puis ils ont filé comme des lapins en direction du mur qu’ils ont enjambé en un autre clin d’oeil. Ni vu ni connu, leurs parents n’ont pas remarqué leur disparition momentanée!

Ces gamins, pour moi, c’est le Club des Cinq ou le Clan des Sept, au choix. Ils ont l’insouciance de leur âge, ne sont même pas bruyants, et apportent dans le quartier un petit air de vacances permanent dès qu’ils sont dans les parages.

Alain et moi avons envie d’installer un barbecue dans le jardin. Et, dès qu’il sera installé avec moi, d’organiser un apéritif sangria pour le quartier, histoire de faire connaissance avec les autres habitants. Mes voisines m’ont avertie: nous, nous sommes les voisins du bout de l’allée, nous formons une communauté « à part », que je suis très honorée d’avoir intégrée! Mais découvrir ce qui se passe à la frontière de la deuxième maison est bien aussi. Pour le moment, à part eux et le propriétaire de Benko, le labrador chocolat qui hante mon jardin dès qu’il arrive à échapper à la vigilance de ses maîtres, je n’ai pas encore rencontré les autres habitants de l’allée.

Donc, je mise beaucoup sur l’arrivée d’Alain pour le faire et ouvrir notre vie sociale….
En attendant, je vous laisse: je vais mettre des bonbons dans le tiroir aux trolls….

Martine Bernier

Les us et coutumes: les poubelles

25 mars, 2009

Lorsque l’on arrive dans un endroit nouveau, il faut en décoder les us et coutumes.
Dans mon petit village breton, j’ai rapidement remarqué que l’un des rites hebdomadaires était la sortie des « grandes poubelles ».

Chaque mardi matin, les « grandes poubelles », donc, doivent se trouver très tôt au centre de la petite place qui se trouve devant ma maison.
Elles doivent être alignées en rang d’oignons, côte à côte, le couvercle tourné vers la route.
Or, il n’y a pas de route clairement dessinée.
Donc, le premier jour, j’ai emmené dignement ma poubelle à 5 heures du matin rejoindre ses copines, et je l’ai laissée dans une position similaire aux autres.
En clair: je me suis fondue dans la foule.
Comme elles sont toutes identiques ou presque, j’ai sagement noté les numéros qui figuraient sur la mienne, histoire de ne pas la confondre au retour avec les autres octuplées.
A huit heures, coup d’oeil dehors: un camion fantôme et silencieux avait dû passer dans la plus grande discrétion car les containers étaient tous vides.
J’ai donc été récupérer l’objet… à ceci près que, après vérification, MA poubelle avait disparu.
J’ai donc pris une autre chose à roulettes en contrepartie et l’ai ramenée à sa place, devant la maison.

La semaine suivante, même scénario.
Départ aux aurores, retour à 8 heures avec une poubelle inconnue, la mienne ayant à nouveau disparu.

Ce mardi matin, pourtant, j’ai commis sans le savoir un crime de lèse-majesté.
Vers 11 heures, alors que j’avais ramené une poubelle au hasard, Johann, est venu frapper à ma porte.

Johann est le fils de mes voisins, un petit garçon d’une dizaine d’années, beau comme un ange, adorable et bien élevé.
Il fait partie de la petite bande de joyeux drilles qui joue autour de chez moi et que j’aime beaucoup.

Johann, donc, m’a dit très timidement: « Je crois que vous vous êtes trompée de poubelle… »
O horreur!!! J’avais ramené celle de sa famille par erreur!!!
Me répandant en excuses, je ne savais plus comment me faire pardonner lorsqu’il m’a tendu une perche:
« Si vous voulez, je la ramène chez moi et je vais chercher votre poubelle! »
Comment! Ce petit bonhomme sait donc qui est MA poubelle à moâ alors que je n’ai pas été capable de le découvrir moi même?!
Curieuse, je le regarde réaliser la délicate opération et déposer l’engin devant chez moi.

Je n’ai pas pu m’empêcher de l’interroger:
« Mais… comment fais-tu pour savoir que celle-ci est la mienne?! »
Il m’a montré une grande étiquette posée sur le couvercle, avec une inscription comportant le nom de notre commune:
« Vous voyez cette étiquette? C’est à cela que vous pouvez la reconnaître. »

Ah bon?! Mais.. lorsque j’ai fait connaissance avec ladite poubelle, le premier jour, je suis certaine qu’il ne s’agissait pas de celle-ci!
Le dilemme est kafkaïen…
Je l’ai abondamment remercié, et je suis rentrée.

Suite de l’épisode mardi prochain.
Ma poubelle va-t-elle une fois encore disparaître au profit d’une autre???
L’heure est grave.
Ciel, que la vie est compliquée…

Martine Bernier

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