Archive pour la catégorie 'Vie quotidienne'

Bichon havanais: Pomme et le travail

21 octobre, 2011

Depuis trois bons mois, je suis entrée dans une période de travail intensif.
Enormément d’articles, de mandats très différents les uns des autres.
Pomme, qui n’a pas les mêmes considérations que moi, n’apprécie pas du tout cet état de fait.
Même si je reste à son écoute, la sortant régulièrement, lui accordant du temps dès que je le peux, la dorlotant, elle erre comme une âme en peine dès que je me mets au clavier pour écrire.
Sans doute car elle sait que cela va durer longtemps, très longtemps.
Elle traîne alors son ennui dans ma bureau et à travers l’appartement, prends un jouet ou un os au passage, le délaisse au bout de cinq secondes.
Son humeur se devine à sa démarche.
Quand j’entends autour de moi le bruit de ses petits pas lents, je sais qu’elle n’est pas contente.
Elle « traîne les pieds » tristement.
Dès que je lui propose une activité ou un jouet, elle ressuscite et le pas redevient alerte, vif, joyeux.

Avant-hier, j’ai dû m’absenter pour les besoins d’un reportage.
Le retour, comme il se doit, a été salué par une explosion de joie de la part de mon Mogwaï.
Mais la journée n’était pas terminée: il fallait écrire.
Sa méthode est alors toujours la même.
Elle vient poser ses pattes sur ma cuisse, s’étire et attend que je la prenne sur mes genoux.
Je m’exécute, elle pose ses pattes avant sur mes épaules, me regarde droit dans les yeux, et m’écoute.
Car je lui parle, évidemment, tout en la caressant.
De temps en temps, elle me gratifie d’un généreux coup de langue sur la joue, comme pour approuver.
Puis je la repose par terre et je peux continuer à travailler.

Hier s’annonçait comme étant la journée la plus dure de la semaine.
De l’écriture aux aurores, un premier reportage le matin, une courte halte à midi et un autre reportage à l’autre bout de la Suisse romande.
Lors de notre conversation matinale, avec Pomme, alors que j’en étais à la partie écriture du reportage de la veille, je lui ai expliqué:
- Pas question de te laisser seule toute la journée, ne t’en fais pas. Je file au premier reportage et, à midi, nous passons te chercher, tu viens avec nous. Tu resteras dans la voiture pendant que je travaille, mais au moins tu ne seras pas seule. Ca te va?

L’après-midi, la voiture a donc été équipée avec son panier, son os.
Pour elle, l’important est d’être avec moi.
Elle adore voyager, aime regarder défiler les paysages.
La journée s’est écoulée sans heurt.
De retour chez nous, tard en fin de journée, elle a était fatiguée.
Je ne le lui ai pas encore dit, mais dès ce soir, elle aura droit à une semaine de bonheur.
Celui qui m’accompagne sera là sans discontinuer… et ma fillotte de Bretagne nous rejoindra dès demain matin.
J’ai comme l’impression que Pomme va recommencer à trottiner!

Martine Bernier

La petite fille du supermarché

16 octobre, 2011

Nous étions dans une grande surface française, et cherchions un article bien précis.
La foule du samedi matin…
Dans un rayon, j’ai vu un jeune papa.
Devant lui, une toute petite fille qui ne devait pas avoir deux ans.
Elle était à croquer avec ses petites bottines, ses collants rouges, sa jupe écossaise, son manteau de laine et son petit calot rouge d’où s’échappait une vague de boucles châtains.
Elle était tournée vers nous.
Ou plutôt vers Celui qui m’accompagne.
Pas du tout impressionnée par la taille de ce grand homme qui devait lui paraître immense, elle le regardait, visiblement ravie, en lui adressant d’immenses sourires joyeux.
Ses grands yeux noisettes pétillaient.
J’ai observé mon compagnon.
Je crois que, dans un premier temps, il ne l’a pas remarquée, préoccupé par sa recherche.
Puis il l’a vue et a découvert qu’elle lui souriait.
D’abord interloqué, il l’a regardée plus attentivement.
J’ai vu son visage changer.
Il avait ce regard si bon qu’il a lorsqu’il fond devant l’innocence.
Il lui a souri, lui a adressé un petit signe de la main.
Le minuscule lutin bouclé était radieux.
Son papa lui a pris la main et ils sont repartis dans les rayons.

C’était la minute de magie du samedi matin.

Martine Bernier

Parfums et surprises d’automne: Fleurs de Lune et… retour de Fillotte!

10 octobre, 2011

Celui qui m’accompagne aime les fleurs, les plantes, les fruits, la nature en général.
C’est de famille: j’ai déjà eu l’occasion de parler de Thérèse, sa maman, véritable encyclopédie vivante pour tout ce qui touche plantes et jardins.
A chacun de ses retours, poursuivant son déménagement, Il emporte ses plantes que nous intégrons à l’appartement.
Cette fois, il est arrivé avec un Spathiphyllum.
Les Fleurs de Lune…
J’en ai déjà deux, mais il était hors de question de laisser ce nouveau-venu à la porte.
Même si un séjour estival au grand air ne lui a pas forcément bien réussi.
Je l’ai donc posé dans mon bureau.

Comme me l’avait annoncé mon compagnon, cette plante est différente des miennes, même si elle leur ressemble en tout point.
C’est un Spathiphyllum… parfumé.
Une espèce dont les fleurs, comme son nom l’indique, dégage un parfum capiteux.
En entrant dans mon bureau, ce matin, j’ai été prise par cette odeur très agréable qui a envahi la pièce.
La plante donne quatre fleurs.
Comme si elle me remerciait de ne pas l’avoir rejetée.

Une fois encore, la nouvelle saison démarre en caressant les sens.
Les deux grands résineux qui veillent sur l’entrée de la maison dégagent eux aussi un parfum séduisant réveillé par la pluie.

Parfums, saveurs de confiture maison à la mirabelle… et bonheur d’automne.
Dans moins de deux semaines, Aurore, ma Fillotte de Bretagne, reviendra en Suisse pour la quatrième fois.
Le temps qui passe n’a par recouvert de lassitude cette relation si particulière.
Comme elle n’a pas abimé non plus celle que je partage avec mon ami de Bretagne.
Les Ombres m’envoient toujours leurs courriers racontant « le quotidien des Bidochons », qui naviguent toujours entre vantardise et orgueil.
Je poubellise.
Je ne comprendrai jamais pourquoi ces Ombres s’obstinent à m’écrire, réveillant constamment un traumatisme grave.
L’être dont elle parle est laid, sale.
Elles se salissent à en parler.

Martine Bernier

Evoluez… vers le haut!

7 octobre, 2011

Je reçois beaucoup de courrier et de réactions, sur Ecriplume ou à propos d’Ecriplume.
Lorsque les messages sont personnels et assortis d’une adresse e-mail, je réponds toujours.
Cette fois, le courrier que j’ai reçu ne me permettait pas de le faire.
Un oubli, sans doute, car ce message, signé Romain, était un véritable appel.
Je prends donc la voie du blog pour y répondre.
Romain a 22 ans, vit en banlieue parisienne et m’explique son désespoir de ne pas trouver de travail, son impression de voir sa vie se terminer avant d’avoir commencé.
J’ai été très touchée par ses mots…
Je ne pensais jamais parler un jour de ce que je vais parler, mais je crois qu’il est positif de le faire.
Pour tous les Romain qui pourraient en avoir besoin.

Je me suis mariée très jeune, juste après avoir quitté mon pays d’origine.
Je savais que ce mariage était une erreur.
Mais je n’avais pas d’autres choix.
Je voulais rebâtir sur les cendres de ma famille dévastée.
J’étais arrivée en Suisse en catastrophe et j’avais pris le premier travail venu.
Dans un hôtel, je jouais le rôle de Cendrillon.
Il était donc normal que personne ne me connaisse pour ce que j’étais vraiment.
Lorsque mes enfants sont nés, j’ai décidé d’accepter de « faire des heures de ménages » pour pouvoir leur offrir des extras.
Et c’est ainsi que j’ai rencontré quelqu’un qui a transformé ma vie.

Je détestais cette activité pour laquelle je n’étais absolument pas faite.
Mais j’avais la chance de me rendre chez un couple d’instituteurs qui possédaient une maison magnifique.
Lui, était plus âgé que son épouse.
J’avais à peine 22 ans, il devait avoir la cinquantaine.
Il avait congé le jour où je venais chez eux.
Passionné de jazz, fumant cigarette sur cigarette, il lisait ou bricolait pendant que je m’occupais de sa maison, puis nous ménageait une pause-café au cours de laquelle nous parlions beaucoup.
Il me racontait sa vie, me questionnait sur la mienne, me faisait découvrir le jazz contemporain.
Je l’appelait Monsieur, et il tempêtait pour que je l’appelle par son prénom.
Il était rebelle et nonchalant, avait un franc-parler que j’adorais, un esprit contestataire, un coeur d’or.
Un soir, un ami a organisé mon premier concert public suisse.
J’ai interprété mes chansons, à la guitare.
Une soirée incroyable, qui n’en finissait pas…
Il y avait du monde, beaucoup de monde.
Les personnes présentes ne voulaient pas me laisser quitter la scène.

La semaine suivante, Monsieur S. m’a raccompagnée chez moi en voiture après que j’aie fait le ménage dans sa maison.
Il s’est arrêté une cinquantaine de mètres avant ma destination, a coupé le moteur et a dit:
- Bon, on va parler! Quand allez-vous vous décider à arrêter de faire l’andouille?
- Pardon??
- Je le savais déjà, mais j’en ai eu la confirmation lors de votre concert. Vous n’êtes pas faite pour nettoyez chez les autres! Vous avez épousé un homme qui ne vous convient pas du tout. Et ne protestez pas, je le sais: je l’ai eu parmi mes élèves, je le connais bien! Il faut que vous réagissiez. Vous évoluez vers le bas, en-dessous de ce que vous êtes. Il faut que, au dernier jour de votre vie, vous soyez fière et heureuse d’avoir accompli ce que vous avez accompli.
- J’ai des enfants, et…
- Et alors?? Vous comptez faire carrière dans la maternité? Vous n’êtes pas une poule pondeuse!
- Quel travail voulez-vous que je trouve???
- Si vous vous entêtez à montrer aux autres un visage qui n’est pas le vôtre, vous ne vous en sortirez pas. Il faut qu’ils sachent que vous écrivez, que vous êtes cultivée! Il y a des choix à faire dans la vie. Moi, à votre âge, je rêvais de faire le tour du monde sur mon bateau. Mais les enfants sont arrivés et je suis resté à quai. Nous avons acheté la maison. J’ai été heureux, bien sûr, mais j’ai toujours regretté de ne pas avoir réalisé mon rêve. Maintenant, c’est trop tard. Vous, je sais bien que vous n’avez plus de parents depuis longtemps et que personne n’est là pour vous aider. Vous vous débrouillez comme un bon petit soldat, vous avez pris votre vie en mains. C’est vraiment bien, mais là, vous vous trompez de chemin. Bifurquez!
- Facile à dire!
Il m’a secouée pendant une bonne demi-heure, terminant par:
- Et ne dites pas à ma femme que je vous ai parlé, elle m’en voudrait à mort! Elle n’a pas envie de vous perdre!

Après l’avoir quitté, j’ai réfléchi.
La semaine, suivante, je lui présentais ma démission.
Il avait raison. Je voulais que mes enfants soient un jour fiers de moi.
Je voulais pouvoir l’être, moi aussi.
J’ai prospecté autour de moi et accepté le poste bénévole de secrétaire de la Commission culturelle locale.
La suite a été longue et parfois très dure.
C’est moi qui, entre autres tâches, présentait les artistes et les spectacles dans des communiqués présentés à la presse.
Un journal local a aimé ma plume et m’a engagée comme pigiste, puis un deuxième.
Et enfin un grand journal romand.
A chaque fois, ce sont eux qui sont venus me chercher.
J’ai énormément travaillé, beaucoup étudié tout ce qui m’intéressait.
Ma vie sentimentale s’est modifiée, et j’ai vécu avec un homme bon, stimulant, intelligent et loyal qui m’a permis de réaliser mes projets, comme j’ai ensuite pu l’aider à réaliser les siens.
J’ai repris le chemin de l’Ecole de Journalisme, ai passé mon diplôme, et ma vie a totalement changé.

Le chemin du bénévolat est souvent inexploré, et c’est un tort.
Il permet de se créer un réseau social, d’apprendre une foule de choses, de s’enrichir du savoir et de l’expérience des autres, de faire ses preuves.
Et, par la suite, avec un peu de chance, de voir quelqu’un vous proposer des pistes d’évolution.

J’ai revu Monsieur S. bien plus tard.
Il était en chimio, portait un bonnet pour cacher sa calvitie.
- La cigarette m’a eu. Je savais que ça arriverait. Vous savez, je lis tous vos articles. Je suis content, vous avez réussi…
- Et vous m’y avez aidée…

Je pense parfois à ses mots.
Ne pas désespérer, évoluer vers le haut, toujours vers le haut…
Romain, tout est possible.
Essayez le bénévolat.
Il vous enrichira d’une façon ou d’une autre, vous fera connaître,et vous permettra de ne pas perdre courage.
Et qui sait, peut-être vous ouvrira-t-il des portes, à vous aussi.

Martine Bernier

Apple store: On vous vend l’appareil, mais pas le fil

5 octobre, 2011

En temps normal, lorsque je m’adresse à Apple store pour commander un ordinateur ou un engin du même acabit, je suis satisfaite.
Cette fois, ce que j’ai vécu là est ubuesque… et assez représentatif de notre étrange civilisation.
Je vous livre l’expérience qui, au final, me fait plutôt rire…
Jaune, mais rire quand même.

Il était urgent que je rachète une imprimante après le décès prématuré de la précédente.
Mon réflexe habituel a donc été de me connecter sur Internet, sur le site de l’entreprise à la pomme, et de choisir un engin que je ne voulais pas inutilement performant vu l’utilité que j’en ai.
Commande passée pour une HP… et arrivée dans les trois jours.
Parfait!
J’ai l’habitude d’installer moi-même tout ce qui est matériel électronique.
J’ai donc déballé l’élégante bête noire, l’ai branchée, et l’ai configurée pour fonctionner en wi-fi.
Un léger souci m’a cependant convaincue qu’il serait plus pratique pour l’instant de la brancher par câble USB à Max II, mon ordinateur.
Oui, je sais, je donne des noms à mes ordinateurs.
Après tout, c’est avec eux que je passe le plus clair de mon temps.

Je cherche, cherche… et ne trouve pas le câble, pourtant annoncé dans la panoplie contenue dans la boîte.
Ce matin, à la première heure, je téléphone donc au service après-vente d’Apple store où un monsieur charmant à l’accent canadien me répond.

- Bonjour, Monsieur. Voici mon souci: j’ai reçu hier l’imprimante que j’ai commandé chez vous et…
- Il s’agit bien du modèle HP XXXXXXXXX ?
- Oui. Donc je l’ai reçue et je souhaiterais la brancher à mon ordinateur, mais le câble USB n’a pas été joint à la boîte.

La voix, très lointaine, me répond, un peu embarrassée:
- Heu… Oui, désormais, les appareils sont fournis sans les câbles.
- Pardon?
- Oui, il vous faut juste aller dans n’importe quel magasin pour en acheter un. Ce sont des câbles standard.
- Donc, on achète à présent des appareils qui ne sont pas fait pour fonctionner immédiatement? Je sais bien que ce n’est absolument pas votre faute, mais c’est bizarre, vous ne trouvez pas? D’autant que, sur le document joint à l’envoi, il est indiqué que le fameux câble se trouve bien dans le paquet.
- Ce que je peux faire, c’est déduire le prix du câble à votre facture…
- Merci, c’est gentil. Est-ce que, par la même occasion, je pourrais vous commander ce câble pour que vous puissiez me l’envoyer?
- Oui, bien sûr! Je vois avec mon collègue et je reviens!

Musique. Deux minutes plus tard, il revient.

- Vous êtes là, Madame?
- Oui, oui.
- Merci d’avoir patienté. Je suis désolé mais je vous ai donné une fausse information.
- Le câble devait être dans la boîte et vous me l’envoyez?
- Heu… non. Mon collègue me dit qu’il n’est pas possible de vous envoyer le matériel. Il va falloir que vous alliez dans n’importe quel magasin vendant du matériel électronique. Ou alors que vous utilisiez le fil de votre ancienne imprimante si vous l’avez toujours.

L’imprimante mourante est à Poligny… il va falloir rapatrier le câble. Pas d’impression avant vendredi soir, donc.

- Bon. Je vous laisse donc déduire son prix de la facture.
- Je vous envoie une confirmation tout de suite, par mail.
- Je peux encore vous poser une question?
- Oui, bien sûr!
- Où êtes-vous?

Là, apparemment étonné de voir que la conversation prenait un tour plus humain, mon interlocuteur a joyeusement répondu:
- Je suis à Berlin. Mais c’est sans doute mon accent qui vous a mis le doute? J’ai passé 15 ans au Canada!
- Oui, vous avez un joli accent, c’est très agréable de l’entendre dès le matin.

Nous nous sommes quittés en très bons termes, lui content de voir que je ne l’avais pas étripé, et moi intriguée par son accent canadien poudré d’un zeste de Méditerranée.
Quelques minutes plus tard, je recevais le message promis, signé… Mohammed.

Donc, récapitulons:

- Si vous achetez une imprimante, désormais, n’espérez pas pouvoir la brancher tout de suite: il n’est pas prévu qu’elle marche sans votre intervention radicale.
- Si vous appelez le service après-vente d’Apple, vous serez toujours accueillis par des interlocuteurs et trices charmants et serviables, très représentatifs de notre monde cosmopolite où les gens bougent de plus en plus et vivent loin de leurs racines par choix ou par nécessité.

Un aperçu du fonctionnement de notre monde et de ses incohérences en une anecdote.

Martine Bernier

Sa façon

3 octobre, 2011

Cette semaine est à nouveau un peu angoissante pour moi.
Ce lundi en fin d’après-midi et vendredi, sensiblement aux mêmes heures, je dois retrouver les spécialistes qui « me suivent ».
Découvrir avec eux si la situation ne s’est pas dégradée, voir si les traitements ont eu un effet ou s’il faut tout revoir à zéro, réajuster, recommencer.
Ce ne sont pas des moments agréables à passer.

Est-ce parce qu’Il sait que j’ai pas mal d’appréhensions que Celui qui m’accompagne m’a offert un week-end particulièrement doux?
A sa façon…
Sa façon est celle d’un homme qui, l’air de ne pas y toucher, écoute la moindre de mes envies et les réalise, dans la mesure du possible.
En deux jours, l’appartement a eu droit à des améliorations le rendant encore plus confortable, plus douillet.
Ses meubles arrivent peu à peu, chaque week-end.
Il laisse toujours un peu plus de lui dans le nid que, bientôt, il ne quittera plus.
Ce que j’appelle pompeusement « nos Jardins Suspendus » ont pris leur visage d’automne, avec des fleurs nouvelles, des couleurs différentes, une harmonie douce.
A tous les niveaux, nous vivons dans cet environnement de verdure qui m’a tellement manqué lorsque j’étais enfant.

Lorsqu’arrive le dimanche soir et que nous savons qu’il partira dans la nuit, nous aimons parler, évoquer nos projets.
C’est l’instant où la semaine s’apprête à basculer en mode « séparation forcée », « cavaliers seuls ».

Mais, même lorsqu’il est loin d’ici, il arrive à semer des graines de soleil.
Des cartes découvertes au milieu du courrier, un appel juste avant que je ne vive les événements les plus marquants, et ses attentions d’homme prévenant qui ne me laissera jamais sans avoir assuré le confort de la semaine.
Tous les hommes ne se ressemblent pas…

Une demi-heure avant mon rendez-vous, il fait une apparition sur Skype.
Juste pour me dire qu’il est là.
C’est Eric qui prend le relais, fidèle ange gardien.
C’est lui aussi qui recueille mes premières impressions après l’examen.
Mitigées.

Je rentre fatiguée.
Celui qui m’accompagne ne tarde pas à me rejoindre et à me parler.
Il est là.
A sa façon…

Martine Bernier

Bichon Havanais: Pomme et le vendredi

30 septembre, 2011

Pour le cas où j’aurais oublié que nous sommes vendredi, Pomme se charge de me le rappeler, chaque semaine.
Notez… c’est un peu ma faute.
Dès que j’ouvre les yeux et que je lui dis bonjour, je rajoute: « Il revient aujourd’hui! »
Pomme sait donc que nous entrons dans le jour du Grand Retour.

La matinée se passe plus ou moins normalement.
A ceci près que, dès que nous sortons, elle fonce comme un bolide là où devrait être garée la voiture de Celui qui m’accompagne.
Puis elle va inspecter minutieusement le garage pour le cas où il y serait caché, et revient, la mine déconfite.

C’est en début d’après-midi que son comportement change vraiment.
Elle ne quitte plus la terrasse, se hissant sur ses pattes arrières pour tenter de distinguer la route, fait les cent pas, que dis-je: les 100’000 pas en aller-retour lui permettant de surveiller les points stratégiques de la maison.
A la moindre portière qui claque ou voiture qui passe, elle aboie, court vers la porte, puis vers moi.
Si je lui dis qu’il est trop tôt, elle me pousse à aller dans la cuisine vérifier, par la fenêtre, qu’Il n’est pas encore là.
Son manège dure jusqu’à ce que l’arrivée de Celui que j’attends, ou plutôt que NOUS attendons, vienne la délivrer de son attente.

Etrangement, par recoupements, j’ai réalisé, avec le temps, qu’elle commence à devenir surexcitée environ deux heures avant qu’il n’arrive.
Or, il lui faut à peu près deux heures pour me rejoindre.
Coïncidence?
Peut-être, même si je sais que des études ont démontré que certains chiens commençaient à se réjouir au moment même où leur maître prenait le chemin du retour après une absence.
L’attitude de mon Mogwaï m’intrigue.
Elle semble reliée à nous par un fil subtil…
L’attachement est un mystère.

Martine Bernier

Le képi

27 septembre, 2011

Il est arrivé vendredi soir, lors du retour hebdomadaire de Celui qui m’accompagne.
Je ne l’ai d’abord pas remarqué.
Alors que je travaillais, j’ai levé les yeux et je l’ai vu.
Il était posé là, sur l’un des rayonnages de la bibliothèque qui me fait face lorsque j’écris.
Un képi militaire.
L’un des objets dont j’aurais pu jurer, voici quelques mois encore, que je n’en verrais jamais dans mon bureau!
Comme quoi…

- Tu l’as porté?
- Oui, bien sûr, très souvent.
- A quelles occasions?
- Le plus souvent lors de prises d’armes.

Il n’a pas donné beaucoup de détails.
J’ai laissé le képi en face de moi et je me suis contentée de lui jeter un coup d’oeil de temps en temps.

Ce lundi j’avais énormément de travail.
Mais en fin d’après-midi, je me suis décidée.
Je me suis approchée de l’objet en question, l’ai pris et l’ai dépoussiéré.
Puis je l’ai posé à côté de moi, sur mon bureau.

Ce couvre-chef (« couvre-chef »… voilà un mot qui n’a pas usurpé son sens, tiens!) m’intrigue.
Je n’avais jamais approché de près le moindre de ses congénères.
Une visière rigide noire, un bandeau de feutrine velouté, foncé lui aussi, avec, sur le devant, une sorte d’insigne d’argent brodé, difficile à décrire, ressemblant à un flambeau, sans doute significatif de l’arme dans laquelle le propriétaire du képi a servi.
Le « turban », qui est la partie supérieure, est rouge, orné de galons argentés cousus en forme de croix stylisée.

Quand j’ai eu fini de faire connaissance avec ce curieux objet, je l’ai reposé à sa place.
Le soir, lorsque nous nous sommes retrouvés sur Skype, j’ai confié à Celui qui m’accompagne que je m’étais intéressée à son drôle de chapeau.

- Je devine que chaque détail représente quelque chose, mais je ne comprends pas tout. Notamment l’insigne qu’il y a sur le devant.
- C’est la flamme. Le reste représente le grade du propriétaire et l’Arme dans laquelle il sert ou a servi.

Ce képi l’a suivi durant des années, dans son autre vie.
Je sais qu’il y tient.
Le fait qu’il l’ait déposé là, devant moi, est un geste attendrissant.
Il se sent chez lui.
Il est chez lui.

Martine Bernier

Bichon Havanais: Pomme et la méditation

25 septembre, 2011

pommesiesteseptembre2011.jpg

J’ai tout de suite su que Pomme était une intellectuelle.
Plus précisément, je l’ai su lorsqu’elle a dévoré une page de la biographie de Ted Kennedy.
Sa soif d’apprendre m’a sauté aux yeux comme une évidence.
Avec le temps, elle ne s’est pas contentée de son savoir livresque.
Elle a mis à profit le temps disponible dans son agenda hyperchargé pour s’adonner à ce qui est devenu une véritable vocation pour elle: la méditation transcendantale.
En bonne adepte, elle peut la pratiquer n’importe où, n’importe quand.
Mais elle a une préférence pour un moment précis: les rares moments où fatigué, Celui qui m’accompagne fait la sieste.
Dès qu’elle le voit étendu, mon Mogwaï fonce le rejoindre, le piétine un peu et finit par se caler entre ses jambes, pattes en l’air, comme l’indique la photo ci-dessus.
L’exercice peut durer longtemps.
Lorsqu’il est terminé, Pomme revient, guillerette et parfaitement zen.

Mon chien est un Grand Gourou.

Martine Bernier

L’Oeil d’Or et les surprises de l’automne

24 septembre, 2011

garrotoeilormale5.jpg
La première fois que je l’ai vu, c’était du côté de Vevey (Suisse) sur les eaux du lac Léman.
Il était royal…
Noir et blanc, racé, élégant.
Il avait surtout cet oeil d’or qui lui vaut son nom…
Le garrot à oeil d’or…
Un petit canard d’une beauté sobre, qui vit en couple avec sa femelle, reconnaissable à sa tête brune.

J’aime les canards.
C’est ainsi, on ne se refait pas.
Mais celui-là m’a séduite entre tous.
De l’autre côté du lac, à quelques encablures de la France, j’ai réalisé que, s’ils étaient plus discrets, mes « Oeil d’Or » se laissaient observer à certaines saisons.

Le temps se rafraîchit, les jours raccourcissent, les pommiers, les poiriers et les cognaciers sont couverts de fruits, la vigne est prête à offrir ses raisins.
Et mon canard va revenir semer son or près des rives.
A moins qu’il ne reste à Genève où, paraît-il, il a élu domicile depuis quelques années.
Lorsque nous passons près du lac, je guette…
L’automne arrive sur la région…
Et avec lui, se précise l’installation de mon capitaine dans notre nid, et le retour des perles d’or du lac…

Martine Bernier

 

1...34567...49