Archive pour la catégorie 'Voyages'

Florence (2) Une journée idéale

16 octobre, 2010

Mon expérience des musées parisiens me l’a appris au cours de ces derniers mois: il faut se rendre tôt dans les grands musées pour éviter les foules.
Ce samedi, donc, nous étions à pied d’oeuvre à 8 heures, pour hanter l’entrée de la Galerie des Offices.
Sur le chemin, devant la Galerie Palatine, nous découvrons la réplique du David de Michel Ange.
Aux anges, je le suis… mais nous gardons David pour plus tard.
Ce dont nous rêvons ce matin, c’est de peinture.
Si tout va bien, nous avons rendez-vous avec Botticelli.
Mon intuition était bonne, il y a peu de monde devant l’entrée.
Nous avons parcouru les salles aux plafonds superbes et aux murs couverts de merveilles, jusqu’à arriver devant mon Graal: les deux plus beaux tableaux du Maître.
J’en rêvais…
Et là presque seules, nous avons pu admirer pendant un très, très long moment, « Le Printemps » et « La naissance de Vénus », deux merveilles de la Renaissance.
Un moment de grâce…
Dans la pièce d’à côté, « L’Annonciation » de de Vinci…
Et partout, des tableaux superbes, parmi lesquels la magnifique Pieta de Sanseverino, sur lesquels je reviendrai au fil des semaines à venir.
Cerise sur le gâteau: nous découvrons une très belle exposition de Memling, ce peintre flamand que j’aime depuis mon adolescence.
Memling à Florence…
Autre coup de foudre radical pour moi: la découverte d’un buste splendide de Laurent de Médicis.
Je connaissais la biographie de Laurent le Magnifique, et là, je découvrais un visage charismatique en diable…
Un visage de pierre revenu du passé et toujours capable de fasciner…
Lorsque nous sommes repassées dans la salle des Botticelli pour voir une dernière fois les tableaux avant de partir, il n’était plus possible de les approcher tant la foule des touristes était dense.
Nous avons quitté la Galerie des Offices que j’ai adorée, ravies de l’avoir découverte de grand matin.

La journée a été rythmée par des visites inoubliables.
La somptueuse cathédrale Santa Maria del Fiore où Julien de Médicis, frère de Laurent, a été assassiné, l’inattendu Ponte Vecchio enjambant l’Arno, Santa Croce où les touristes se pressent devant les décevants tombeaux de Michel Ange, Galilée ou Rossini, mais aussi la beauté de ses cloîtres, sa chapelle, la galerie des artisans du cuir, et, plus loin, le coup de coeur de l’après-midi: la Maison Bionarrotti où a vécu Michel Ange.
Un délicieux musée où nous avons pu constater que même s’ils ne parlent pas la même langue que nous, certains guides sont très réceptifs à l’humour disjoncté d’une franco-suissesse déchaînée.

Dernière surprise de la journée: ma complice découvre dans un guide que non loin de là se trouve le glacier le plus réputé au monde dit-on!
Il était urgent de vérifier si sa réputation n’était pas usurpée.
Verdict: elle ne l’est pas.
Conséquence: Janick, grande connaisseuse en la matière, estime nécessaire de programmer une visite quotidienne pour goûter chaque parfum proposé.

Belle, belle journée…
Et pour parachever le tout, des incursions sur Skype pour partager nos découvertes avec Celui qui m’attend.

Je tombe sous le charme de Florence qui, à chaque pas, réserve une découverte, de vieilles pierres, un musée, une demeure…
Le tout, je l’avoue, englué dans un amas de magasins et une mer de touristes.
Mais Dieu que c’est beau, que c’est culturellement riche et passionnant…

Martine Bernier

Florence (1)

15 octobre, 2010

Comment avons-nous fait pour y arriver?
Ni elle ni moi ne le savons vraiment.
Mon amie Janick et moi avions eu des semaines extrêmement chargées ces derniers temps.
Mais la veille au soir de notre départ, nous nous sommes appelées:
-Tu te rends compte?? Nous partons demain!! Tu es prête?
- Pas vraiment, et toi?
- Je commence à faire ma valise!

Une demande d’article à la dernière minute, écrit dans la soirée, mille tâches à terminer, une valise à boucler et au petit matin, un départ « entre filles ».
Toute personne me connaissant depuis un minimum de temps sait qu’il ne faut surtout pas se formaliser de mon sens de l’orientation.
Savoir dans quel pays je me trouve suffit à mon bonheur.
Le reste est assez approximatif.
Surtout lorsque, en prime, les panneaux indicateurs indiquent le nom des villes dans une autre langue que le français.
Quelques fous rires plus tard, le paysage change.
Les plaines du Piémont cèdent la place à des vallons et, quelques heures plus tard, à la Toscane.
Florence est là…
Trouver le coeur de la ville historique demande un peu de temps, mais nous y arrivons sans trop de peine… et sans GPS.
Un hôtel à deux pas du Dôme…

Le soir, pour notre première sortie, l’incroyable cathédrale Santa Maria del Fiore se découpe sur un ciel bleu marine.
Quelques jeunes chantent sur les marches, accompagnés d’une guitare.
C’est magique.
Les très abondantes décorations des façades sont à couper le souffle.
C’est gigantesque, ahurissant dans sa démesure.
Moi qui aime plutôt ce qui est dépouillé, j’adhère pourtant à cet édifice si emblématique de l’art italien.
Il a été construit en pleine époque médiévale.
Et c’est une merveille…
Je suis impatiente d’y entrer.

Il fait nuit, des sirènes de police résonnent dans la rue.
La ville vit…
Demain, nous avons rendez-vous avec les Maîtres.

Martine Bernier

Florence et les méandres de ma boîte email.

16 juin, 2010

Il y a un moment, lorsque vous suivez un parcours santé un peu compliqué depuis plusieurs mois, où vous avez envie de tout envoyer paître.
C’est mon cas.
J’ai besoin de bouger, de vivre des choses un peu folles, particulières, de ne pas accepter la médiocrité.
Quand je ne peux pas le faire, je m’éteins.

Ce matin, l’une de mes plus proches amies me questionnait sur mon actualité médicale, ce qui ne m’amuse que modérément.

- Après les prochaines interventions, il faudra que tu prévoies une convalescence.
- Ah non… je perds du temps. Tu sais, j’ai l’impression de ne plus vivre qu’au rythme de mon travail et des échéances médicales. J’en ai assez. J’ai envie de partir. . En septembre, je serai à Paris pour voir la rétrospective Monet et c’est un bonheur fantastique, que je dois à Thierry. Mais il y a autre chose que j’ai envie de faire.
- Qu’est-ce que c’est, cet autre rêve?
- J’étudie beaucoup en ce moment. Et chaque fois que je termine quelque chose, j’ai envie d’aller voir ce que j’ai appris. C’est ça mon rêve: me rendre sur place. Je viens de terminer la Renaissance italienne. J’ai vu certaines de ces toiles au Louvre, mais… j’ai envie de partir à Florence pour aller voir les tableaux des Maîtres, les musées d’Art, les monuments, les palais, les églises, les jardins, les loggias… La Galerie des Offices est l’un des plus beaux musées du monde. J’ai envie de la visiter… Et puis découvrir les lieux où ont vécu Michel Ange et Léonard de Vinci. J’ai envie de partir, oui. J’ai l’impression que je ne vis plus.
- Mais attends… tu sais, moi aussi j’aimerais revoir Florence. Je me suis baladée dans la ville, mais je n’ai vu aucun des monuments ni des musées. Ca te dirait que nous partions ensemble?
- Oui!!!! Je dois voir avec mon chirurgien quand et comment je dois me faire réopérer. Mais après… Quand???
- En octobre!
- Je prends mon agenda!
- Tu es sûre que tu seras en état?
- Je ferai en sorte.

J’ai envie de voir la Toscane, de respirer sa terre, de voir ses couleurs…

Ravie, dates bloquées dans mon agenda, je me remets au travail.
Pour les besoins de celui-ci, je dois aller rechercher un mail qui m’a été envoyé voici quelques jours.
Et là, catastrophe: une grande partie des messages a disparu.
Hum.
Restons calme.

Appel au service compétent:
- Bonjour, pardon de vous déranger mais j’ai un souci. Plusieurs mails ont disparu de ma boîte de courrier électronique. J’ai fait une recherche dans tout l’ordinateur, ils sont introuvables. J’ai déjà eu un problème assez similaire la semaine dernière après avoir installé un programme sur mon Mac, et j’avais réussi à le régler seule. Mais là… c’est étrange, ils ne sont pas tous partis, juste quelques-uns. Ce qui n’est pas logique.

De l’autre côté, la voix est quasi juvénile:
- Heu… vous avez installé un nouveau programme?
- Juste Snow Léopard (NDLR: pour les PC istes, il s’agit du cousin de Windows, pour Mac)
- Ah oui, ce doit être ça. Il faut voir avec le service technique de Mac.
- Ils m’envoient vers vous… Dites-moi simplement: arrive-t-il que des mails s’effacent alors qu’ils sont arrivés à bon port, et si oui, pourquoi?
- Heu (bis). En principe non. Je ne vois pas pourquoi cela arriverait.
- Moi non plus, mais c’est le cas. Comment l’expliquez-vous?
- Je sais que c’est déjà arrivé. Et je ne sais pas vraiment pourquoi, je vous assure. Ce doit être une incompatibilité de logiciels.
- Mon logiciel fonctionne bien… Avez-vous une idée de l’endroit où je peux récupérer ces messages?
- Heu (ter) je ne suis pas très Mac, vous savez…
- Bon… tant pis. Merci d’avoir essayé de m’aider.

Je regarde mon écran d’un oeil torve.
Tu as mangé mes mails? Soit. Garde-les.
Je réécris quelques messages aux personnes concernées par la disparition de mon courrier pour qu’elles me ré- envoient les documents égarés.
Et en passant, je ne peux m’empêcher d’envoyer un « pigeon » à l’amie qui se prépare à filer avec moi en Italie:
« Suis contente!!! »

Martine Bernier

Fontevraud et la chapelle des courants d’air

11 mars, 2010

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Il existe en France, dans la Vallée de la Loire, un lieu qui me fascine.
Ou plutôt… un double lieu qui me fascine.
Le premier est l’Abbaye Royale de Fontevraud, à une heure d’Angers.
Etroitement liée à l’histoire des Plantagenets, elle a vu défiler les siècles puisque l’abbatiale a été construite de 1105 à 1160.
Cinquante-cinq ans pour la bâtir.
La durée d’une vie d’homme, longue pour l’époque.

Son architecture est un chef-d’oeuvre, oscillant entre gothique et Renaissance.
Les maîtres d’oeuvre qui ont travaillé là-bas ont mis au service du lieu leur savoir et leur diversité.
Le résultat est d’une beauté sereine.
Tout a été pensé pour créer un lieu de recueillement.
Le cloître, avec le calme et la douceur de ses jardins, les galeries de déambulation, la salle capitulaire et sa magnifique voûte, l’escalier Renaissance, tout est à la fois parfait et original.
Mais la perle des lieux reste la cuisine romane aux toits de pierre dure en « écailles de poisson ».
La seule, dit-on, arrivée jusqu’à nous dans cet état de conservation.

Dans l’église reposent notamment les gisants polychromes d’Aliénor d’Aquitaine, de son époux Henri II, roi d’Angleterre, et de leur fils Richard Coeur de Lion.

A chaque fois que je m’y suis rendue, j’ai vécu la même émotion, le même trouble.
La puissance de ce lieu est impressionnante.

Il y a quelques années, à notre première visite, alors que nous reprenions la route, j’ai eu l’attention attirée par une petite construction ancienne, au milieu des champs.
J’ai demandé à Eric de s’arrêter et nous sommes allés voir de plus près.
C’était une minuscule chapelle.
La porte était fermée et l’endroit était à l’abandon.
Mais, à travers la petite fenêtre sans vitre, il était possible de voir l’intérieur.
Au-milieu de nulle part, refuge du vent, la chapelle n’intéressait plus grand monde.
Renfermée sur son mystère, sur ce qui a été son destin, sur ce que ses pierres ont vu et vécu, elle se fondait dans un paysage silencieux.

Après la force paisible de Fontevraud, très fréquentée par les touristes, la solitude de cet endroit venait compléter une journée parfaite…

Martine Bernier

Montagne-Alternative: la renaissance d’un hameau

8 mars, 2010

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Le silence, les oiseaux, la paix… l’impression d’avoir atteint le bout du monde.
On n’arrive pas à Commeire par hasard…
Ce hameau perdu dans la montagne, situé au-dessus d’Orsières, en Valais (Suisse), a vécu en autarcie presque parfaite jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
Chaque famille possédait trois ou quatre vaches, un mulet, et ne descendait dans la vallée que pour acheter le café, le sucre ou le sel…
Après la guerre, les habitants se sont rapprochés des lieux de travail.
De 70 habitants, le hameau est passé à 20…
Un village endormi au charme fou, qui a séduit le Belge Ludovic Orts, lorsqu’il y est arrivé.
Lui qui vivait dans les Alpes depuis quelques années a été envoûté par la sérénité et la force qui se dégagent des lieux.
Au point d’avoir envie d’y installer sa vie.

Fou de montagne, sportif, sensible à la nature et aux activités de bien-être, il a eu l’opportunité d’acquérir une première grange dans le village.
Associé à son cousin Benoît Greindl et entouré d’une équipe compétente, il se lance dans l’aventure.
C’est avec cette première rénovation qu’est né le concept de « Montagne-Alternative ».
L’idée était de proposer une autre manière d’envisager les séjours à la montagne.
La grange, puis une deuxième et bientôt quelques autres, ont été rénovées dans le pur respect du bâtiment et des lieux.
De l’extérieur, vous n’imaginez pas ce qui vous attend lorsque vous avez franchi le seuil.
Si le cachet des constructions a été totalement préservé, l’intérieur est désormais doté d’un confort à la fois ultra moderne et discret.
Beaucoup d’élégance et d’authenticité dans ces lieux destinés à recevoir une clientèle désireuse de vivre un séjour différent.
Pas de télévision ni de téléphone dans les chambres, mais une connexion wi-fi pour ceux qui en auraient besoin pour travailler.
Partout une sensation de paix, d’espace.

D’ici deux ans, Montagne-Alternative aura complété la gamme des activités offertes au public.
Huit constructions reliées entre elles par de petites ruelles seront disponibles.
Parmi ces constructions, deux seront consacrées aux services généraux: le SPA alternatif et l’agora, avec salle de projection, restaurant, salles de réunions multifonctions.
Ici, les hôtes, qui sont déjà accueilli dans les premières « granges » portant chacune le nom d’une montagne ou d’un lieu-dit, peuvent choisir de ne rien faire ou de s’adonner à la marche afghane, à la randonnée à ski avec guide, à suivre des ateliers de développement personnel, des activités bien-être, etc.

Aujourd’hui, le hameau vit une deuxième destinée.
Les bâtiments désertés ne sont plus menacés de finir en ruines.
Commeire revit doucement, discrètement, sans clinquant.
Ceux qui viennent ici savent qu’ils goûteront au silence…

Martine Bernier

http://www.montagne-alternative.com

Perle de l’Art en Espagne: Eduardo Chillida

27 janvier, 2009

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La culture au paroxysme

2007: voyage de presse en Espagne, au Pays Basque et sur la côte asturienne.
C’est beau, agréable.
Mais les moments qui me marquent, je les dois à nouveau à l’art.

La richesse culturelle et architecturale du Pays Basque espagnol représente l’un de ses atouts majeurs. Outre le magnifique Gugenheim, musée d’art moderne situé à Bilbao, la région a été le berceau de l’œuvre d’un sculpteur humaniste hors du commun: Eduardo Chillida (1924 – 2002), enfant de le ville de San Sébastien.
À travers le monde, ses sculptures se trouvent en bord de mer, comme au Japon, à Paris, à Washington ou à Madrid.
En 1977, à l’extrémité de la baie de Donostia, l’artiste a installé son oeuvre préférée, le Peigne du Vent, composée de trois pièces d’acier spectaculaires, arrimées aux rochers et cernées par la mer.
Comme la plupart des sculptures de cette série, celle-ci « chante » lorsque la mer la rudoie… A 10 kilomètres de San Sebastian, le musée Chillida-Leku accueille l’œuvre du sculpteur dans une ferme basque datant de 1594, la ferme de Zabalaga, à Hernani. Quarante grandes sculptures embellissent le parc de 12 hectares, tandis qu’une centaine de gravures et d’œuvres plus petites ont été installées dans le bâtiment restauré. L’ensemble, expliqué par des guides visiblement épris de l’œuvre présentée, permet de pénétrer dans l’univers poétique et respectueux d’un artiste hors du temps.

Les oeuvres de Chillida « chantent ». Elles ont été conçues et placées pour que le vent qui s’y engouffre les fasse gémir.
Difficile d’expliquer ce que l’on ressent face au travail de ce sculpteur, à sa démarche quasi philosophique.
Son musée est une bulle d’harmonie, de beauté. On y respire, tout y est apaisant.

Je suis rentrée sous le charme.
Un charme qui ne m’a pas quittée.
Lorsque je retrouve une oeuvre de Chillida, je ne peux m’empêcher de l’approcher, de la toucher, d’essayer d’entendre son cri.

Fribourg en Brisgau: Une ville au soleil

27 janvier, 2009


Définie comment étant l’un des hauts lieux de l’énergie solaire et de l’environnement, la ville allemande de Fribourg en Brisgau cumule les avantages. Culture, charme, passé historique… autant d’atouts qui en font une destination de villégiature agréable et originale.

En Allemagne, tous les guides de Fribourg en Brisgau, vous racontent la même anecdote: « Si vous mettez le pied par mégarde dans une des rigoles qui traversent la ville, vous devrez épouser un ou une habitante dans l’année! »
Surnommées « Bächle », ces rigoles sont l’un des charmes de cette bourgade de 210’000 habitants située au pied de la Forêt Noire. Le réseau s’étend sur dix kilomètres et date du 13e siècle. Sa présence était alors justifiée par la nécessité de disposer d’un réseau d’eau pour éteindre les incendies, couvrir les besoins quotidiens des habitants et pour abreuver les animaux.
Huit siècles plus tard, les lieux ont bien changé, mais ces mini canaux sont toujours là, pour embellir la ville. L’eau, qui provient du fleuve Dreisam coule d’est en ouest, sur une pente naturelle de 3%, mais le niveau a été surélevé sur près de trois mètres pour permettre un débit plus rapide. Deux employés, les « bächle putzer » les nettoient quotidiennement. Pour le plus grand plaisir des touristes et des habitants qui adorent flâner le long de ces rigoles dont le débit est contrôlé par une écluse pour éviter les débordements.

Priorité: l’écologie

Le réseau de rigoles n’est pas, et de loin, la seule particularité de la ville. En Allemagne, elle fait figure de leader en matière de développement régional durable. Le maire écologiste, Dieter Salomon, n’est pas peu fier de confier que Fribourg s’est fixé plusieurs objectifs dans le cadre de sa politique énergétique, parmi lesquels « la sortie de l’énergie nucléaire, l’exploitation raisonnable des ressources énergétiques et la protection du climat ».
Ici, l’énergie solaire fait partie d’un véritable projet de société très soutenu par la population locale, bien avant que le maire écologiste ne soit en place. Environ 60% du territoire de Fribourg sont composés de forêts et de verdure. La région est belle, et les habitants comptent bien la préserver. Ainsi, depuis des années, ils sont précurseurs en matière de tri des ordures ménagères. Détail significatif: depuis plus de dix ans, lorsqu’une fête a lieu dans la bourgade, il est interdit d’utiliser des verres en plastique. Chacun préfère louer deux euros un verre consigné. Petit geste, mais grands effets « antigaspi ». Car l’une des préoccupations locales est bien la lutte contre l’augmentation croissante des déchets. Eviter d’en produire davantage, les recycler ou les éliminer de manière écologique sont les trois options choisies et soutenues par une population motivée.

L’allié Soleil

Environ dix mille personnes travaillent dans les secteurs de la recherche et de l’énergie solaire de la ville. Un chiffre impressionnant qui s’explique par l’engagement local vis-à-vis de l’énergie dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, toutes les nouvelles constructions de la ville doivent obligatoirement être conçues selon le standard « maison basse énergie. Surnommée « Solar-City », Fribourg est dotée de centaines de projets solaires qui vont de l’architecture solaire aux installations sportives du même type, en passant par la production et aux projets scolaires. Tous les secteurs d’activités participent à cet effort. Là encore, le maire est satisfait de la situation: « Nulle part ailleurs la concentration d’entreprises et de centres de recherche, institutions, associations, artisans, experts et citoyens engagés en faveur de l’énergie solaire n’est aussi forte. La ville soutient activement de nouvelles techniques d’application de cette énergie, qui sont sans cesse développées et mises à profit pour le développement durable de la région. »

Tourisme soleil

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Non seulement la ville profite de ces options, mais elle attire des « touristes solaires » venus des quatre coins du monde. Experts ou simples amateurs, ils peuvent y découvrir des exemples concrets ouvrant des perspectives d’avenir. Comme, par exemple, la maison solaire de l’Institut Fraunhofer, première maison autonome en énergie au monde, ou les maisons « énergie plus » du lotissement solaire Schlierberg, qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Martine Bernier

La cathédrale miraculée

La vieille ville de Fribourg a été détruite à 80% durant la dernière guerre mondiale. Seule survivante: la cathédrale gothique Notre-Dame, véritable survivante. Aujourd’hui, chaque jour à l’exception des jours fériés, le marché des paysans continue à s’installer sur la place qui l’entoure. Une tradition ancestrale, si l’on en croit la mémoire des murs. Les règles du marché ont en effet été gravées en 1270 sur les murs extérieurs de l’édifice religieux, avec les mesures pour la taille des marchandises.
Depuis sa destruction, la ville a été reconstruite avec goût. Tous ses atouts sont exploités… y compris la recette qui fait sa réputation, celle du fameux gâteau « Forêt-Noire », que l’on peut déguster un peu partout dans la ville.

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