Hugues Aufray: Chantre de la nature

28 janvier, 2009

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J’ai toujours adoré Hugues Aufray, d’aussi loin que je m’en souvienne. La première interview que j’ai faite de lui, je l’ai réalisée par téléphone. Elle a été magnifique, le contact est passé. Il m’a dit: je serai en Suisse dans deux semaines pour un concert, venez me voir, que nous fassions connaissance! J’y suis allée. Un concert superbe au cours duquel les gens, toutes générations confondues, chantaient à tue-tête. Je l’ai vu après le spectacle. Un très beau moment.
Puis je suis allée le voir chez lui, près de Paris. Dans son salon, il m’a parlé de sa vie, de lui… Depuis, chaque fois que nous nous croisons, (ce qui n’est pas tous les jours, avouons-le!!!) nous nous faisons la bise, et la gamine que j’étais, connaissant tout son répertoire par coeur et le chantant près du feu de camp, est heureuse.
Hugues Aufray est un homme bon. Cette beauté qui est la sienne vient de l’intérieur.
Voici un extrait du texte de l’article écrit après notre rencontre chez lui, à Marne-la-Coquette. Un texte axé nature en rapport avec l’hebdomadaire auquel il était destiné.

La nature est omniprésente dans la vie d’Hugues Aufray, jusqu’à venir frapper à sa porte. Le jardin de sa discrète maison de Marne-la-Coquette (France) est grignoté par la forêt de « Fausse Repose ». Régulièrement, les animaux des bois s’aventurent sous ses fenêtres. Silhouette juvénile et regard bleu le chanteur a un emploi du temps bien rempli, qui l’entraîne bien au-delà des frontières de l’Hexagone. Il ouvre pourtant ses portes avec cette chaleur humaine et cette disponibilité indissociables de sa personnalité. Seuls ses cheveux de neige et quelques rides insinuent que le temps a passé depuis ses premiers succès. Cela ne l’affecte d’ailleurs pas vraiment, lui qui applique chaque jour une philosophie pétrie de bon sens: « La vie est un échange. Les cellules mortes sont remplacées par des cellules vivantes. C’est un mouvement perpétuel, que l’on peut observer dans la nature. Quand on coupe une branche, elle se développe. Quand un être humain s’en va, un autre naît… »

L’amour de la nature, qui se retrouve à chaque détour de ses chansons, Hugues Aufray l’a reçu en cadeau, dès son enfance, « sans pression, juste par l’apprentissage ». C’est son frère, Francesco, aujourd’hui décédé, qui lui a ouvert les yeux sur son environnement, et sur les animaux que lui-même adorait. L’exemple a porté. Pour le créateur de « Stewball », la nature est partout. Il avoue d’ailleurs en souriant qu’il est autant rat des villes que rat des champs.
« Je suis très sensible aux odeurs, relève-t-il. Le plus triste pour moi serait de perdre l’odorat. Quand je me plonge dans le parfum de la forêt, j’ai l’impression d’être vivant. J’aime la moto, qui est une façon de bouger plus rapide que la marche et moins fatigante que le vélo. Elle me permet d’apprécier la nature et le monde qui m’entoure. Quand je me promène, je sens le parfum des lilas, l’odeur du pain qui sort de chez le boulanger, les arômes du barbecue d’un voisin… Mais j’aime aussi les parfums des villes, avec le goudron chaud, les châtaignes grillées. Je regrette beaucoup celui, plus ancien, des brûleries de café… »

Amoureux des chevaux, Hugues Aufray l’est aussi des chiens. D’origine basque et béarnaise, le chanteur est fier d’avouer qu’il compte, parmi ses ancêtres, le célèbre Comte de Foix, Gaston Phoebus. Il porte d’ailleurs au doigt, en chevalière, les armoiries de sa famille. « Phoebus était chasseur, explique-t-il. A l’époque, les paysans possédaient des chevaux et des chiens. Les seigneurs marchaient dans le fumier. Phoebus se passionnait pour les animaux et pour les croisements à effectuer pour obtenir de bons chiens de travail.  »
Fort de telles racines, profondément terriennes, il était tout naturel pour le chanteur de souhaiter acquérir une ferme. « C’était mon rêve, se souvient-il, mais je n’avais pas l’argent nécessaire pour le réaliser, à l’époque. Un jour, en passant devant une librairie spécialisée dans le domaine agricole, je suis tombé sur un livre qui parlait d’un chien, le berger des Pyrénées. J’ai eu un coup de foudre total en découvrant sa photo. J’ai acheté l’ouvrage. Puis, je me suis dit que, puisque je comptais avoir un jour des chèvres, je pourrais déjà acheter le chien! ». Après quelques recherches, Quip fait son entrée dans la vie d’Hugues Aufray et de sa famille. En 1966, la ferme est acquise, et le chien y joue son rôle de berger. Il devient une véritable vedette. Posant sur deux couvertures de disques avec son maître, il le suit en tournée. « Il connaissait très bien la chanson avec laquelle je terminais les tours de chant. Dès qu’elle était finie, il se ruait sur scène, venait vers moi, et aboyait pour m’obliger à rentrer à la maison! » Le chanteur consacrera un titre à son compagnon. « Je n’suis plus maître chez moi » amuse le public. Et l’engouement est tel que la race est réintroduite en France…. bien des années après que Gaston Phoebus lui-même l’ait créée.
Un jour, l’histoire prend fin. « En 1972, je venais d’acheter ma maison, près de Paris, raconte Hugues Aufray. J’ai décidé d’amener Quip ici. Comme c’était un gaillard qui aimait les filles, il en a suivi une, un jour. Et il n’est jamais revenu… Il est mort libre, comme il a vécu. » Aucune des annonces passées à la télévision, la radio et dans les journaux ne ramènera Quip. Hugues Aufray aura encore un doberman sentimental et tendre, avant de reprendre un berger des Pyrénées. Ce dernier, « d’Arrayou » est mort au début du mois de décembre, laissant un grand vide dans le cœur de son maître. « Peut-être en reprendrais-je un, confie-t-il, car je l’ai vraiment beaucoup aimé. Le berger des Pyrénées est un chien plein d’humour, parfois un peu fantasque. Par exemple, il joue à saute-mouton, quand il veut traverser un troupeau. C’est un vrai chien de caractère. »

Martine Bernier

QUESTIONNAIRE DE PROUST

• Votre parfum préféré? Le jasmin m’enivre et se retrouve dans le monde entier, mais j’adore aussi celui de la rose.
• Votre animal? Le cheval et le chien, car j’ai avec eux un rapport privilégié, un véritable dialogue. Mon épouse, de son côté est une Dame Chat!
• Votre arbre? L’olivier, et le cyprès car il ressemble à une flamme verte. Un côté mystique s’en dégage.
• Votre fleur? Le coquelicot ou le pavot, indissociable du bleuet…
• Votre légume? La pomme de terre est pour moi le légume roi. Mais que serait la vie sans les navets que j’adore, et tous les autres légumes?
• Votre saison? L’automne me bouleverse. Il réunit les quatre saisons.

Barack Obama: au vert!

28 janvier, 2009

Il le savait, nous le savions tous: quoi qu’il fasse, Barack Obama allait plaire aux uns et décevoir les autres.
En bonne logique, les premières décisions prises ont donc contribué à faire chuter sa cote de popularité, passée de 83 à 68 %, selon l’Institut Gallup.

Agaçant…

Mais ce résultat prouve une chose: il travaille!
Révoquer une clause-anti-avortement et imposer des normes moins polluantes pour les voitures ne pouvait que mécontenter les partisans anti-avortement et les constructeurs automobiles. Les enjeux économiques, pour ces derniers, sont importants. La colère est donc présente, même si chacun sait que les Etats-Unis sont d’énormes pollueurs qui doivent impérativement améliorer leur façon de fonctionner au quotidien.
Le plan de relance de 800 milliards de dollars ne pouvait, lui, que rebuter sérieusement les Républicains.
Normal donc de voir les chiffres des sondages plonger.

La lune de miel s’achève déjà, et c’est tant mieux.
Ce n’est pas seulement un symbole, mais un homme, une équipe, qui ont fait leur entrée à la Maison-Blanche.
Obama va appliquer les idées qu’il a développées durant la campagne présidentielle, et pour lesquelles il a été élu.
Du moins j’espère qu’il a été élu pour cela…

Cette situation ressemble curieusement à celle d’un certain président français.
On peut l’aimer ou pas, adhérer ou non à sa politique.
Mais quoi qu’il fasse, même si la décision prise est, si pas la bonne, du moins la moins mauvaise possible, il est critiqué presque avec hargne.
Sa personnalité est ce qu’elle est, on l’apprécie ou pas.
Mais je suis intimement convaincue que, quel que soit celui ou celle qui se serait trouvé à sa place, venu(e) de n’importe quel horizon politique, il ou elle aurait été critiqué(e) tout autant.

Et le problème profond de la politique est sans doute celui-là.

Il me semble ne jamais avoir assisté à des débats vraiment sereins.
Très vite, les esprits s’échauffent.
Comme s’il fallait crier et taper du pied pour se faire entendre.
Comme s’il fallait absolument jouer la carte de l’agression théâtrale pour avancer.
Mais avancer où?
Faut-il absolument être pour ou contre un homme politique?
N’est-il pas possible de reconnaître que les bonnes idées ne sont pas l’apanage d’un seul Parti, d’un seul groupe de personnes, d’un seul homme, mais que chacun peut avoir des idées intéressantes et applicables?

Dans un monde idéal, les esprits et les énergies de tous bords politiques devraient travailler dans la même optique d’amélioration de la nation.
Débattre, oui, mais apporter des critiques constructives, avancer, sans détruire, tenir compte des avis de chacun autant que faire ce peut.

Oui.. dans un monde idéal.
Le problème étant que notre société ne ressemble pas forcément au Pays de Candy.
Et Barack Obama en fait déjà l’expérience.
Il va lui falloir beaucoup de courage.
Mon intuition me dit qu’il n’en manque pas.
Et, comme le disait une Américaine interviewée lors d’un micro-trottoir: « Au moins, il bouge! »

Martine Bernier

Faites des crêpes!

27 janvier, 2009

Il fallait bien le savoir d’un maître-crêpier pour oser un ouvrage sur ce plat respectable entre tous qu’est la crêpe!
L’homme exerce depuis plus de 25 ans dans le quartier breton de Paris. Cela lui donne une certaine assise qu’il a mise au service de la Grand Messe des Crêpes.

Dans « Faites des crêpes! », vous trouverez les recettes des appareils à crêpes basiques, l’art et la manière de réaliser ces petites merveilles et de les faire sauter, et un nombre impressionnants de galettes et crêpes, de la plus classique à la plus inventive.
Pour faire bonne mesure, un chapitre est également consacré aux blinis et aux pancakes.
Le tout agrémenté de photos à vous mettre l’eau à la bouche!

« Faites des crêpes salées et sucrées », Jean-Pierre Noirot et Frédéric Faye, Editions France Loisirs.

Perle de l’Art en Espagne: Eduardo Chillida

27 janvier, 2009

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La culture au paroxysme

2007: voyage de presse en Espagne, au Pays Basque et sur la côte asturienne.
C’est beau, agréable.
Mais les moments qui me marquent, je les dois à nouveau à l’art.

La richesse culturelle et architecturale du Pays Basque espagnol représente l’un de ses atouts majeurs. Outre le magnifique Gugenheim, musée d’art moderne situé à Bilbao, la région a été le berceau de l’œuvre d’un sculpteur humaniste hors du commun: Eduardo Chillida (1924 – 2002), enfant de le ville de San Sébastien.
À travers le monde, ses sculptures se trouvent en bord de mer, comme au Japon, à Paris, à Washington ou à Madrid.
En 1977, à l’extrémité de la baie de Donostia, l’artiste a installé son oeuvre préférée, le Peigne du Vent, composée de trois pièces d’acier spectaculaires, arrimées aux rochers et cernées par la mer.
Comme la plupart des sculptures de cette série, celle-ci « chante » lorsque la mer la rudoie… A 10 kilomètres de San Sebastian, le musée Chillida-Leku accueille l’œuvre du sculpteur dans une ferme basque datant de 1594, la ferme de Zabalaga, à Hernani. Quarante grandes sculptures embellissent le parc de 12 hectares, tandis qu’une centaine de gravures et d’œuvres plus petites ont été installées dans le bâtiment restauré. L’ensemble, expliqué par des guides visiblement épris de l’œuvre présentée, permet de pénétrer dans l’univers poétique et respectueux d’un artiste hors du temps.

Les oeuvres de Chillida « chantent ». Elles ont été conçues et placées pour que le vent qui s’y engouffre les fasse gémir.
Difficile d’expliquer ce que l’on ressent face au travail de ce sculpteur, à sa démarche quasi philosophique.
Son musée est une bulle d’harmonie, de beauté. On y respire, tout y est apaisant.

Je suis rentrée sous le charme.
Un charme qui ne m’a pas quittée.
Lorsque je retrouve une oeuvre de Chillida, je ne peux m’empêcher de l’approcher, de la toucher, d’essayer d’entendre son cri.

Granville: La fenêtre sur le port

27 janvier, 2009

A chaque fois que j’ouvre les rideaux, lorsque je suis à l’hôtel, j’ai une seconde d’espoir.
L’espoir de retrouver, derrière la vitre, le spectacle que nous avions depuis la chambre d’un établissement de Granville, en Normandie.
Elle donnait sur le port.
On ne pouvait pas dire mieux… les bateaux, l’eau étaient là, à quelques mètres…
Nous entendions le bruit des coques qui s’entrechoquaient doucement, les grincements, le clapotis de l’eau, les cris des mouettes.

J’adore la mer, et il le sait. Pas la plage, pas le folklore qui entoure les vacances.
La mer, simplement. L’Atlantique sans âme qui vive, de préférence.
Les longs tête-à-tête avec elle, à la regarder.
Elle me permet de ne pas penser.
Sans doute la seule à réussir cet exploit!

Le choix de cette chambre sur le port n’était pas un hasard…
Il m’avait réservé la surprise…
Cette nuit-là, dans le noir je me suis levée pour regarder par la fenêtre.
Il y avait du vent..
Je m’étais levée doucement. Je le croyais endormi…
Mais quelques minutes après, il s’est glissé derrière moi, silencieux, m’a prise dans ses bras pour me réchauffer, et a regardé la mer avec moi.
Ca a été l’un des moments les plus doux, les plus harmonieux et les plus paisibles de ma vie.
Avec lui, il y en a beaucoup, souvent…

Mais c’est vrai que, à chaque fois que j’ouvre les rideaux lorsque je suis à l’hôtel, j’ai toujours la même seconde d’espoir…
Envie de le revivre encore et encore, ce moment avec lui…

M.

Pointe du Raz et Cap Sizun: une résurrection intelligente

27 janvier, 2009


La lande de la Pointe du Raz refleurit, grâce à une opération d’ampleur nationale. Reste à l’Etat de faire accepter son projet de parc marin, impopulaire auprès des capistes.

Il existe des lieux magiques qui donnent l’impression d’avoir atteint le bout du monde. La Pointe du Raz, en Bretagne, en fait partie. Cet amas de rochers s’avançant dans la mer, inspire les poètes depuis des siècles, et fait dire à l’historien Jules Michelet qu’il est « le sanctuaire du monde celtique ».
Avant 10 heures du matin, pas une âme ne fréquente le site, livré aux goélands et autres oiseaux de mer. Pas un bruit, en dehors du bouillonnement des vagues se fracassant contre les rochers.
Si la pointe se présente aujourd’hui dans son écrin de landes, ce n’est pas par hasard. Il y a dix encore, foulé par quelque 800’000 à un million de visiteurs par année, son sol était devenu désertique, lui donnant des allures de paysage lunaire. Victime de son succès et d’une fréquentation touristique non contrôlée, le site s’était gravement dégradé. Tout était alors conçu pour le confort des visiteurs, au détriment de l’environnement.
Le parking et les commerces étaient installés à quelques pas du sémaphore de la Marine Nationale marquant le début de la pointe. Des mesures urgentes et vigoureuses s’imposaient pour réhabiliter le site.
En novembre 1989, la Pointe du Raz est inscrite dans la liste des projets éligibles au programme de réhabilitation des grands sites nationaux français dégradés. Il s’agit de réorganiser le mode de fréquentation en reculant commerces et parking et en restaurant la végétation. L’opération, jusqu’ici unique en son genre, débute en 1991. Elle concerne 200 hectares englobant le Cap Sizun dont font partie les Pointes du Raz et du Van et la Baie des Trépassés.
À la Pointe du Raz, l’ancienne cité commerciale et le parking sont détruits et reconstruits huit cents mètres plus loin, invisibles depuis la pointe, et intégrés au site. Une navette gratuite emmène sur place les visiteurs qui ne souhaitent pas effectuer la promenade à pied. La lande et la pelouse littorale sont reconstituées par transplantation de mottes, projections hydrauliques de graines de graminées et épandage de produits de fauche. La fréquentation est canalisée, et des points de vue sont aménagés pour éviter le piétinement anarchique. Aujourd’hui, la Pointe du Raz a retrouvé sa lande. La démarche a demandé un important travail de la part des équipes techniques. Il a fallu informer et sensibiliser les visiteurs. La plupart respectent les nouvelles règles. Mais les responsables le déplorent: il y a toujours des personnes qui ne peuvent accepter de suivre les sentiers balisés. Malgré eux, la lande revit.


La réserve de Goulien

Espace protégé, la réserve de Goulien, au Cap Sizun, reçoit beaucoup moins de visiteurs que la Pointe du Raz. Quinze mille amoureux de la nature par an viennent ici se promener le long de la Côte Sauvage. Si l’entrée est payante, elle mérite le détour. La flore, préservée des foules, est riche. L’orseille, les lichens, le silène maritime, l’orpin d’Angleterre, le perce-pierre, les ajoncs, l’orchis bouffon, la carotte à gomme et différentes sortes de bruyères ne sont que quelques-unes des plantes à découvrir. Côté faune, le lieu regorge d’oiseaux de terre et de mer. Du site, il est possible d’observer, à la jumelle, les oiseaux nichant sur les falaises et les îlots, à l’abri des prédateurs. Le fulmar, cousin de l’albatros, y cohabite avec le pingouin torda et le guillemot de Troïl, les goélands, les cormorans huppés et de nombreuses autres espèces. Pour entretenir naturellement la lande, les responsables de la réserve y ont introduit quelques spécimens d’ovins rares, en voie de disparition: les moutons de Ouessant.
Dans ce paradis naturel, l’atmosphère n’est pourtant pas dénuée de remous. Partout, sur les murs et même sur la route, des inscriptions clament « Non au parc marin! ». Cette population de capistes au caractère bien trempé, qui a, en 1982, empêché la construction d’une centrale nucléaire dans la région, marque cette fois son opposition à un projet de parc marin en mer d’Iroise, cette partie de l’Atlantique baignant les côtes du Finistère entre les îles d’Ouessant et de Sein. Pour la population, il s’agit de contrer « les empêcheurs de pêcher en rond ». Pas question de voir sa liberté entravée.
Vérification faite, le projet de parc veut apporter un label de qualité d’envergure internationale à la mer d’Iroise qui serait reconnue comme zone pilote pour une gestion durable des ressources halieutiques. De nouvelles pratiques de pêches y seraient testées, Parallèlement, l’accent serait mis sur la préservation du littoral contre des risques de pollution des eaux côtières et sur la protection des milieux marins les plus sensibles. L’accès du public serait étudié pour empêcher la dégradation du patrimoine. Pour ce qui est des activités régionales, le projet prévoit d’accompagner les orientations d’aménagement retenues par les collectivités locales. Reste à convaincre la population que la mise en place du parc marin peut être aussi importante pour sa région que la réhabilitation de la Pointe du Raz. Réhabilitation qui, en son temps, a suscité de nombreux grincements de dents, mais dont tout le monde, aujourd’hui, semble satisfait.

Martine Bernier

Fribourg en Brisgau: Une ville au soleil

27 janvier, 2009


Définie comment étant l’un des hauts lieux de l’énergie solaire et de l’environnement, la ville allemande de Fribourg en Brisgau cumule les avantages. Culture, charme, passé historique… autant d’atouts qui en font une destination de villégiature agréable et originale.

En Allemagne, tous les guides de Fribourg en Brisgau, vous racontent la même anecdote: « Si vous mettez le pied par mégarde dans une des rigoles qui traversent la ville, vous devrez épouser un ou une habitante dans l’année! »
Surnommées « Bächle », ces rigoles sont l’un des charmes de cette bourgade de 210’000 habitants située au pied de la Forêt Noire. Le réseau s’étend sur dix kilomètres et date du 13e siècle. Sa présence était alors justifiée par la nécessité de disposer d’un réseau d’eau pour éteindre les incendies, couvrir les besoins quotidiens des habitants et pour abreuver les animaux.
Huit siècles plus tard, les lieux ont bien changé, mais ces mini canaux sont toujours là, pour embellir la ville. L’eau, qui provient du fleuve Dreisam coule d’est en ouest, sur une pente naturelle de 3%, mais le niveau a été surélevé sur près de trois mètres pour permettre un débit plus rapide. Deux employés, les « bächle putzer » les nettoient quotidiennement. Pour le plus grand plaisir des touristes et des habitants qui adorent flâner le long de ces rigoles dont le débit est contrôlé par une écluse pour éviter les débordements.

Priorité: l’écologie

Le réseau de rigoles n’est pas, et de loin, la seule particularité de la ville. En Allemagne, elle fait figure de leader en matière de développement régional durable. Le maire écologiste, Dieter Salomon, n’est pas peu fier de confier que Fribourg s’est fixé plusieurs objectifs dans le cadre de sa politique énergétique, parmi lesquels « la sortie de l’énergie nucléaire, l’exploitation raisonnable des ressources énergétiques et la protection du climat ».
Ici, l’énergie solaire fait partie d’un véritable projet de société très soutenu par la population locale, bien avant que le maire écologiste ne soit en place. Environ 60% du territoire de Fribourg sont composés de forêts et de verdure. La région est belle, et les habitants comptent bien la préserver. Ainsi, depuis des années, ils sont précurseurs en matière de tri des ordures ménagères. Détail significatif: depuis plus de dix ans, lorsqu’une fête a lieu dans la bourgade, il est interdit d’utiliser des verres en plastique. Chacun préfère louer deux euros un verre consigné. Petit geste, mais grands effets « antigaspi ». Car l’une des préoccupations locales est bien la lutte contre l’augmentation croissante des déchets. Eviter d’en produire davantage, les recycler ou les éliminer de manière écologique sont les trois options choisies et soutenues par une population motivée.

L’allié Soleil

Environ dix mille personnes travaillent dans les secteurs de la recherche et de l’énergie solaire de la ville. Un chiffre impressionnant qui s’explique par l’engagement local vis-à-vis de l’énergie dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, toutes les nouvelles constructions de la ville doivent obligatoirement être conçues selon le standard « maison basse énergie. Surnommée « Solar-City », Fribourg est dotée de centaines de projets solaires qui vont de l’architecture solaire aux installations sportives du même type, en passant par la production et aux projets scolaires. Tous les secteurs d’activités participent à cet effort. Là encore, le maire est satisfait de la situation: « Nulle part ailleurs la concentration d’entreprises et de centres de recherche, institutions, associations, artisans, experts et citoyens engagés en faveur de l’énergie solaire n’est aussi forte. La ville soutient activement de nouvelles techniques d’application de cette énergie, qui sont sans cesse développées et mises à profit pour le développement durable de la région. »

Tourisme soleil

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Non seulement la ville profite de ces options, mais elle attire des « touristes solaires » venus des quatre coins du monde. Experts ou simples amateurs, ils peuvent y découvrir des exemples concrets ouvrant des perspectives d’avenir. Comme, par exemple, la maison solaire de l’Institut Fraunhofer, première maison autonome en énergie au monde, ou les maisons « énergie plus » du lotissement solaire Schlierberg, qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Martine Bernier

La cathédrale miraculée

La vieille ville de Fribourg a été détruite à 80% durant la dernière guerre mondiale. Seule survivante: la cathédrale gothique Notre-Dame, véritable survivante. Aujourd’hui, chaque jour à l’exception des jours fériés, le marché des paysans continue à s’installer sur la place qui l’entoure. Une tradition ancestrale, si l’on en croit la mémoire des murs. Les règles du marché ont en effet été gravées en 1270 sur les murs extérieurs de l’édifice religieux, avec les mesures pour la taille des marchandises.
Depuis sa destruction, la ville a été reconstruite avec goût. Tous ses atouts sont exploités… y compris la recette qui fait sa réputation, celle du fameux gâteau « Forêt-Noire », que l’on peut déguster un peu partout dans la ville.

Philippe Plisson: Le marin pêcheur d’images

27 janvier, 2009

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Les photos de Philip Plisson comptent parmi les plus vendues à travers le monde. Il est LE photographe de la mer, marin aguerri et ami des navigateurs. Avec son œil d’artiste et son âme d’aventurier, il a aussi des racines plantées en pleine terre de Sologne.

Dans les bureaux de son entreprise, à Crac’h, en Bretagne, à deux pas de la Trinité-sur-Mer, les murs sont couverts de photos de personnalités et de lieux qu’il aime. Partout, des visages connus, des bateaux, des vagues… Sa vie.
Les yeux de Philip Plisson ont la couleur des fonds marins. Une prédisposition pour cet homme amoureux de la mer et de la navigation depuis son plus jeune âge. C’est pourtant en Sologne qu’il a vécu ses premières émotions, dans une famille hors du commun.
« Je suis très titi parisien par mon côté maternel. Quand elle avait 15 ans, ma mère écoutait chanter Edith Piaf dans une station de métro, à Ménilmontant. Côté paternel, ma grand-mère était une femme exceptionnelle, chef d’entreprise, capable de faire des folies. Avec mon grand-père, architecte, ils se sont lancés dans le bâtiment puis, après la guerre, dans une entreprise de cimetières qui s’est développée. Mon grand-père a cependant gardé la ferme qu’il possédait: 400 hectares d’exploitation et de chasse en Sologne. »

Entre terre et eau…

Très marqué par l’influence de cet aïeul dont il est proche, le jeune Philip se rend sur l’exploitation tous les jeudis. Il participe aux travaux de la ferme, aux soins des animaux, aux labours, au battage… « C’était un terrain de jeu fabuleux. J’y ai appris mille choses. Comme, par exemple, que le cochon est le plus tendre et le plus accueillant des animaux de la ferme! Mon grand-père m’a appris à voir, à goûter, à boire le bon Sancerre, à accommoder le gibier. J’accompagnais les chasseurs, même si je n’ai jamais chassé moi-même… Je les respecte. Ils ont une approche de la nature souvent très intelligente. Mon grand-père avait également un étang de 200 hectares. Mon père, passionné de voile, a acheté le premier bateau de la famille en 1955. En 1970, il a créé le premier club de voile de France en navigation intérieure. Nous naviguions sur la Loire, le plus beau de nos fleuves, avec ses caprices, ses folies… Le seul à avoir des marées. J’adore les marées basses… »

« Je veux vivre de la photo! »

Dans cette famille bourgeoise aisée, le goût de la nature, de la navigation, mais aussi de la photographie se transmet de père en fils. Avec l’appareil photo qu’il reçoit pour sa communion, à 9 ans, l’enfant apprend à regarder et à transmettre les images qui le touchent. Il se poste dans le chenal de la Trinité-sur-mer où sa famille loue une maison, et prend des clichés des bateaux. Rapidement, il est autorisé à y monter, fait la connaissance de « Babar », le père d’Eric Tabarly, et devient lui-même un homme de mer en faisant son service militaire dans la marine, à 18 ans. Si sa carrière professionnelle, débutée par un diplôme d’électricien et poursuivie dans la vente de sous-vêtements féminins, l’entraîne loin de ses passions, il n’en continue pas moins de naviguer et de s’adonner à la photo. « J’avais décidé qu’avant 30 ans, je vivrais de la photo. C’est ce que j’ai fait. J’ai ouvert mon agence dans laquelle je réalisais notamment des prises de vue publicitaires en studio. »

Peintre de la Marine

Barreur en haute mer, Philip Plisson s’illustre en participant notamment avec brio à la course transatlantique La Rochelle / La Nouvelle Orléans avec Guy Delage. Sa façon de naviguer lui vaut le respect et l’amitié des skippers les plus aguerris. De fil en aiguille, des mandats professionnels de plus en plus importants lui sont confiés. En 1991, il est nommé Peintre de la Marine. Composé de peintres, graveurs, photographes, ce corps unique au monde a été constitué par l’Etat français en 1830. Il permet à ses membres d’embarquer sur n’importe quel vaisseau ou d’être envoyé dans les ports en guerre avec pour mission de témoigner. Cette charge de titulaire est assortie du grade de Capitaine de Corvette. Pour ce marin bourlingueur, ami d’Eric Tabarly, de Jean-François Deniau et de tant d’autres, l’honneur est de taille…

Pêcheur de rêve

Aujourd’hui, ses photos de vagues déchaînées s’écrasant sur les flancs des phares imperturbables s’arrachent. De par le monde, les amateurs en mal d’iode et d’air marin trouvent dans ces clichés un peu de la magie qui leur manque au quotidien. Ainsi, en dix ans, la célèbre photo du Phare de la Pointe des Poulains, cernée par la mer en furie, s’est vendue à plus de deux millions d’exemplaires. Sa réussite, Philip Plisson la constate avec une bonhomie à la fois amusée et surprise. Il l’explique en relevant qu’il a la culture de ses sujets. S’il possède plusieurs bateaux, il n’a plus guère le temps d’aller au-delà du chenal de la Trinité, pour son plaisir. Dès qu’il a un peu de temps libre, il le consacre à sa famille. À son épouse, Marie, à ses trois enfants qui, tous, travaillent avec lui et à ses petits-enfants. En 30 ans, il a pris 450’000 photos vendues dans trente-deux pays. S’il avoue préférer le côté artistique de son métier à la partie plus administrative, il n’a aucun regret, mais un souhait « un peu fou », estime-t-il. Acheter un bateau de 24 mètres doté d’une hélistation, lui permettant de naviguer sur et au-dessus de toutes les mers du monde pour expliquer à travers ses photos, leur importance économique. Et pour continuer à nous entraîner dans la magie des océans…

Martine Bernier

Présentations nouvelles
Le photographe continue à passer sa vie en reportage, sillonnant toutes les régions du monde en quête d’images de rêve. A son retour, il reprend son poste de chef d’entreprise, à la tête d’une équipe de 41 personnes… dont 35 femmes. Toujours à la recherche de nouveautés, sa société « Pêcheur d’Images » a récemment créé un nouveau concept de reproductions laminées sur bois. L’image, finement plastifiée, est ainsi lavable et accrochable partout. Parallèlement, la nouvelle collection de « digigraphies » propose des reproductions d’originaux de Philipp et de son fils Guillaume Plisson, en édition limitée, numérotée et signée.

+ D’INFOS

Site Internet: http://www.plisson.com/

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Les dérives de Wikipédia

27 janvier, 2009

La semaine dernière, le site Wikipédia annonçait la mort de deux sénateurs américains.
Léger problème: les deux sénateurs en question étaient bel et bien en vie.
C’est ballot…
Il s’est révélé que l’un d’eux, Ted Kennedy pour ne pas le nommer, avait eu un malaise le jour de l’investiture du président Obama.
De là à l’enterrer, c’est un peu court, jeune homme…

Le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, a bien failli nous faire un malaise à son tour en découvrant les fausses informations diffusée sur son site.
Il a donc décidé de durcir les règles de publication des articles en ligne.
Un changement de procédure de validation approuvé par 60% des participants à un sondage en ligne.
Dans deux semaines, une deuxième consultation aura lieu sur le sujet.
D’ici là, chacun dispose de ce délai pour proposer des contre-propositions.
Le débat fait rage.
Aux yeux des utilisateurs, il est important. Son issue pourrait bouleverser le principe de l’encyclopédie permettant à n’importe qui d’apporter sa contribution.

Et l’on arrive à un point que tous les utilisateurs professionnels de Wikipédia, dont je fais partie, connaissent: toutes les informations qui s’y trouvent doivent impérativement être vérifiées avant d’être réutilisées. C’est l’une des très sérieuses failles de cet outil, au demeurant pourtant utile.
Lorsqu’il s’agit du nombre de termites logeant sous le même toit dans les plaines de Somalie orientale, le mal n’est pas trop important.
Quand il s’agit d’annoncer à tort le décès de quelqu’un, c’est un autre problème.

Ecrire, créer, chacun ou presque peut le faire.
Jouer au journaliste, c’est autre chose, quoi que l’on en pense.
Un code d’éthique que tout journaleux qui se respecte est censé respecter, nous recommande notamment de vérifier et de vérifier encore et encore nos informations avant des publier.
Ne pas respecter cette règle essentielle est, à mes yeux du moins, extrêmement grave.
Alors oui, j’avoue, que la nouvelle du durcissement du processus de diffusion sur Wikipédia a tendance à me soulager, voire à me plaire.
Tout en sachant que l’erreur est humaine. Et que, même au sein de la profession, certains en ont également commises de magistrales…

Pour mémoire, ces dernières semaines, le signe Post.fr a évoqué la fausse mort de Flavie Flament, après que celle de la Reine Fabiola ait été mise en ligne par errer sur un site internet de la télévision flamande. Même le chanteur Enrico Macias a eu droit à sa rumeur, dans le Parisien qui aurait publié, ce week-end, une fausse information indiquant qu’il aurait été victime d’un tireur fou en rentrant chez lui. Ce que le chanteur aurait démenti avec rage. On le comprend.

Je mets tout cela au conditionnel: je n’ai pas vérifié… et le comble serait que, à mon tour, je sois prise dans l’engrenage de l’amplification involontaire du lancement de la rumeur!

Jean-Pierre Coffe: « C’est en Suisse que j’ai formé mes goûts »

26 janvier, 2009

Comme Alain a raconté les coulisses de l’interview, dont je comptais « sortir » deux articles distincts, voici le deuxième texte, en rapport avec son récit… Souvenirs, souvenirs!

Ardent pourfendeur de la « malbouffe », Jean-Pierre Coffe se bat depuis toujours afin de rendre leurs lettres de noblesse aux bons produits du terroir. Rencontre, à Paris, avec un homme de cœur.

À la sortie des studios de RTL où il vient de terminer l’enregistrement de l’émission « Les Grosses Têtes », Jean-Pierre Coffe est là, ponctuel au rendez-vous fixé. Une élégance sans artifices, et des lunettes dotées d’énormes montures bleues, signent le personnage. C’est dans un petit restaurant chaleureux que ce chantre de la nourriture saine et néanmoins goûteuse confie: « Mes premiers souvenirs me viennent de Suisse. Je suis né à Lunéville, en 1938. Mon père a été tué à la guerre. Ma petite enfance a été très difficile. Après la guerre, la Croix-Rouge Suisse a invité des orphelins dans votre pays. J’y suis allé, dans la famille Fleury, à St-Ursanne. Là, je vivais dans une ferme, où il y avait tous les animaux que l’on trouve dans une vraie ferme: des vaches, des cochons, des chevaux, des poules, des lapins etc. Je m’y suis senti tellement bien que j’ai fait semblant d’être malade pour pouvoir revenir. J’ai passé presque deux ans chez eux. C’est là que mon goût pour les bonnes choses s’est formé. Aujourd’hui encore, je défends les bons vins suisses. Certains sont délicieux. En règle générale, je préfère le vin blanc. La Suisse a un rôle prépondérant dans l’évolution du vignoble savoyard. Il s’était un peu laissé aller et, lorsque les Suisses se sont mis à produire du bon vin, les Savoyards ont pris peur et se sont repris en main. »

Homme de cœur et de combats

Tout en parlant, l’homme jette un regard dans l’assiette de son voisin. Celui-ci a laissé de côté le gras de son jambon cru. Réaction immédiate et navrée: « Mais… vous avez laissé le meilleur! C’est de la bonne graisse… de la graisse animale! Tenez, goûtez cette tranche de saucisson… »
De Jean-Pierre Coffe, on connaît les combats contre l’agriculture intensive et la malbouffe, ses engagements pour l’enseignement du civisme et du goût à l’école, ou la réhabilitation des marchés et des petits commerces, son indignation face aux aberrations culinaires et autres de notre société. Le réduire à ses coups de gueule serait pourtant lui faire injure. Pudique, l’homme est un homme de cœur. Un vrai. Le public l’ignore souvent, mais c’est lui qui, à la fin des années 60, a créé l’association « Grands-mères au pair » destinée à placer des personnes âgées dans des familles pendant les vacances. Allant jusqu’à investir ses propres deniers dans l’aventure, pour prendre le relais du Ministère des affaires sociales. Sept mille personnes ont ainsi pu partir grâce à lui.
Le complice de Michel Drucker est ainsi: une personnalité forte et bouillante, mais une véritable tendresse et un respect des autres, un sens de l’écoute, une générosité discrète. Alerté par un prisonnier sur la mauvaise qualité de la nourriture dans les prisons, il s’est déplacé pour vérifier l’information sur place et consacrer une émission au sujet. L’écouter parler, avec son langage direct, de l’univers sordide de ces détenus dont l’espoir s’arrête aux murs de leur prison, est édifiant…

« Faites simple! »

Cet homme kaléidoscope est un écrivain prolifique. Il a écrit 37 livres, essentiellement consacrés à la cuisine et au jardin. Son dernier ouvrage « La véritable histoire des jardins de Versailles » montre de lui une passionnante facette d’érudition.
Entre deux ouvrages et deux émissions de radio ou de télévision, lorsqu’il se retrouve chez lui, en dehors de Paris, Jean-Pierre Coffe aime toujours s’occuper de son jardin. Il s’agit d’un potager d’un hectare qu’il a confié aux bons soins d’un jardinier, mais dont il assume la taille. Il cuisine également, des plats conviviaux, pour sa famille et ses amis. « J’adore les plats qui mijotent, comme la blanquette. Il faut conseiller aux maîtresses de maison de ne jamais servir un menu qu’elles n’ont pas eu l’occasion d’essayer auparavant. Il faut toujours proposer des plats avec lesquels on se sent parfaitement à l’aise, pour être sûr de les réussir. »

Martine Bernier

Et pour Noël, M. Coffe?

Cette année, à Noël, comme le voyage à Madagascar qu’il espérait entreprendre a dû être déplacé, Jean-Pierre Coffe recevra chez lui « les chiens perdus sans colliers ». « Je préparerai le plat le plus simple, de la blanquette de veau ou du bœuf bourguignon. Ils m’évitent de devoir passer mon temps en cuisine, je peux rester avec mes invités. Et, en dessert, je servirai, comme chaque année, une charlotte aux pommes. Des tranches fines de pommes, que vous disposez dans un moule à charlotte, bien tassées. Toutes les quatre ou cinq couches, vous mettez du caramel blond et de la cannelle. Vous remplissez jusqu’en haut. Puis vous la mettez à cuire 1h30 au bain marie et, ensuite, 1h30 au four avant de démouler. C’est un régal ».
À écouter ce fin gourmet détailler sa recette, on le croit sur parole…. À en avoir envie de faire partie, pour Noël, des chiens perdus sans collier.

DEGUSTATION IMPROVISEE

Impossible de rendre visite à Jean-Pierre Coffe en arrivant les mains vides. Dans les miennes: trois fromages typiquement suisses et deux vins, qu’il a dégustés dans une atmosphère de quasi recueillement, humant chaque produit avant de le goûter.
Son verdict:
- Vacherin fribourgeois: « C’est un fromage magnifique, très riche, très onctueux, avec un très beau gras. Il est parfumé, avec une réelle richesse aromatique, un goût herbacé très frais. »
- Etivaz: « Celui-ci est vraiment très bon! Le grain de sel commence à remonter. Il n’est pas salé, mais son goût est incroyablement riche. C’est là que l’on peut constater l’importance de la nourriture consommée par les vaches. Le fromage, comme le lait qui sont produits ensuite sont d’une qualité incomparable. »
- Gruyère mi-salé: (soupir d’aise…)  » Il a un petit goût d’étable très particulier… Délicieux… Sa texture est beaucoup plus fine. L’apparition du sel est plus marquée. »
- Dezaley Médinette 2006, Domaine Louis Bovard: « J’adore les vins blancs. Celui-ci a une belle concentration. Il se marie parfaitement avec le fromage. C’est un vin de convivialité. J’aime beaucoup… »

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