Grrrr!

9 décembre, 2011

Vous avez pu le constater: l’hébergeur d’Ecriplume et de mes trois autres blogs traverse toujours une zone de turbulences pénible.
Beaucoup d’entre vous m’écrivent pour me demander ce qui se passe.
N’ayant que très peu d’informations de la part des responsables d’Unblog, je ne peux que vous demander de faire comme moi et de patienter…

Du « dîner plus que parfait » au « dîner à la ferme »: Jolanda Pellegrin

8 décembre, 2011

Nous avons tous vu une fois ou l’autre l’émission de M6 « Un dîner plus que parfait » où cinq candidats se reçoivent à tour de rôle sur une semaine, proposant aux autres un repas qu’ils confectionnent eux-mêmes.
Chaque repas est noté par les quatre autres participants sur des critères de cuisine, de décoration et d’animation et, à la fin de la semaine, le vainqueur gagne 1000 euros.
L’émission, qui était plutôt sympathique  à ses débuts, est vite devenue agaçante.
La surenchère de certains candidats dans les animations proposées, la mauvaise foi de beaucoup d’entre eux dans la notation cassent la fraîcheur de l’idée…
En Suisse, figurez-vous que la Télévision Suisse romande a aussi son émission: « Le Dîner à la Ferme ».
Une fois par semaine, un candidat reçoit les autres dans son domaine agricole, viticole ou autre, pour un repas maison.
Chacun représente un canton romand, et est filmé dans une activité phare de sa région concernant son domaine.
Comme l’éleveur de chevaux jurassien participant au Marché concours de Saignelégier, etc.
Ici, pas de mauvaise foi dans les notes, pas de critiques acerbes.
Sur 10, la pire note enregistrée a été… 8! C’est dire….
Tout se passe dans la bonne humeur, la bienveillance, avec des candidats sympathiques, amusés de participer et un peu gênés de se retrouver devant les caméras.

Ma rédaction m’a demandé d’aller rencontrer trois des candidats et de réaliser pour chacun un article qui est passé la veille de « leur » dîner.
J’ai eu la chance de me voir confier le portrait de la doyenne de l’émission, dont je connaissais le fils, un excellent vigneron auquel j’avais consacré un article par le passé.

Pour ceux qui aiment l’émission et pour ceux qui ont envie de découvrir l’ambiance des divertissements helvétiques, voici cet article, paru la semaine dernière dans l’hebdomadaire « Terre et Nature.

Du

(Photo Eric Bernier)

Jolanda Pellegrin : « Cette émission est une belle histoire d’amitié! »

 

Chaque semaine, retrouvez les nouveaux candidats de l’émission « Dîner à la ferme ». Aujourd’hui: la Genevoise Jolanda Pellegrin. Elle qui reste l’âme de sa famille vigneronne, sème sa joie de vivre partout où elle passe, y compris dans l’émission de la TSR.

 

Tous les candidats du « Dîner à la Ferme » vous le diront: Jolanda Pellegrin a beau être leur aînée, elle brille par sa jeunesse d’esprit et son caractère pétillant. Pourtant, c’est d’un œil sans complaisance que cette charmante octogénaire de Peissy (GE) a découvert sa prestation lors des premières émissions: « J’étais catastrophée, avoue-t-elle. Je suis quelqu’un de timide, de discret. J’ai été très choquée de me voir à la télévision. J’en ai pleuré! Et puis je m’y suis faite! » La belle ambiance et les liens d’amitié qui se sont rapidement tissés entre les participants à l’émission ont pris le pas sur l’appréhension. Et aujourd’hui, Jolanda raconte son aventure en la qualifiant de belle histoire de rencontres et d’amitié.

A la place de son fils

 A la base, c’est son fils, Jean-Pierre Pellegrin, vigneron réputé de Peissy, qui avait été approché par Béatrice Barton, productrice de l’émission, pour y participer. Pour différentes raisons, il avait décliné l’invitation, et c’est au cours de l’une de ses visites au domaine familial que la journaliste a rencontré sa maman. Elle a découvert le parcours étonnant de cette femme  dynamique: une enfance à Zurich, bien loin de la campagne, un diplôme de mécanicienne-dentiste, et un changement de vie radical, avec déménagement en Suisse Romande, pour y suivre l’amour de sa vie. Auprès de celui qui est devenu son mari, Jolanda a tout fait: s’occuper de la vigne et du jardin, embellir la maison, élever ses enfants, gérer des chambres d’hôte, préparer la cuisine pendant des années pour les vendangeurs et les effeuilleurs… « J’ai tout aimé, dit-elle en souriant. L’important est de s’atteler à la tâche et de se passionner pour ce que l’on fait! »

Toujours active

Il ne faut pas longtemps pour comprendre pourquoi les candidats de l’émission se sont autant attachés à leur complice genevoise. Sensible et très positive, celle-ci salue, dans « le Dîner à la ferme », la reconnaissance du travail des femmes de la campagne: « L’émission les met en avant. Si la femme n’est pas là c’est un pilier qui s’écroule, il faut les mettre en valeur.  Vous avez vu les repas qu’elles préparent? Elles savent tout faire! J’avoue que, devant la qualité de ce qui nous a été proposé dans chaque endroit, j’ai eu une appréhension pour mon propre repas. Et puis, très soutenue par ma famille et par une personne venue m’aider en cuisine, je n’ai pas vraiment eu de stress. J’ai fait exactement comme lorsque je reçois des amis! D’ailleurs, ce sont devenus des amis. »
Martine Bernier

 


 

Liste des chiens les plus et les moins intelligents

8 décembre, 2011

En 1994, « The Intelligence of dofs », dans The Free Press de New York, sous la plume de Stanley Coren, classait diverses races de chiens selon leur intelligence pratique et leurs capacité à obéir aux ordres.

La liste donnait ceci:

Les 10 races les plus intelligentes:

1. Colley (berger d’Ecosse)
2. Caniche
3. Berger allemand
4. Golden retriever
5. Doberman
6. Berger des Shetland
7. Labrador
8. Papillon
9. Rotweiller
10. Berger australien

Les 1o races les moins intelligentes:

1. Lévrier afghan
2. Basenji
3. Bouledogue
4. Chow-chow
5. Barzoï
6. Limier (ah bon, c’est une race??)
7. Pékinois
8. Mastiff
9. Beagle
10. Basset Hound

Comme à chaque fois que je tombe sur une telle liste, je suis songeuse.
J’ai commencé par chercher à savoir qui avait répondu à ces questionnaires et j’ai découvert qu’ils avaient été complétés par 199 maîtres-chiens de divers clubs canins américains et canadiens.
199! Un chiffre ridicule…
Sans compter que, d’un continent à l’autre, nous n’avons pas forcément les mêmes engouements pour les mêmes races.
Pas trace du bichon havanais, par exemple.
Ce qui, selon Pomme et moi, représente une injustice flagrante, sachant l’intelligence de ces petites personnes.

Autre point d’agacement: je suis convaincue qu’une race ne possède pas QUE des spécimens intelligents, stupides, agressifs ou tendres.
Tout dépend des lignées, de l’éducation reçue et d’une multitude d’autres facteurs.
Pour avoir eu des chiens toute ma vie et pour avoir travaillé avec des vétérinaires et des éleveurs, j’ai eu l’occasion de voir, par exemple, des bergers allemands incroyables d’intelligence, et d’autres incapables de comprendre le moindre ordre, des borders collies époustouflants et d’autres moins doués, etc…
Quant aux éleveurs ou propriétaires de bassets hound que j’ai rencontrés, je doute qu’ils soient d’accord avec ce classement.

Cette fameuse liste se trouve très facilement sur Internet, et va bien au delà d’un classement de dix chiens.
J’en ai parlé à Pomme.
Sa réponse? « Les humains sont bizarres avec leur manie de lister tout ce qui bouge… »

 

Martine Bernier

 

 

Drôle de monde (2): Lausanne et la maladie des villes

6 décembre, 2011

J’ai très envie de vous conter deux petites histoires vraies, arrivées à quelques années d’intervalle, en Suisse.
La première se passait voici six ou sept ans, dans une station de montagne vaudoise que je connais bien.
Le buraliste postal était allé remettre une lettre, un peu à l’écart du village.
Comme son arrêt ne devait pas durer longtemps, il avait laissé la portière de sa voiture grande ouverte, en haut du petit chemin menant au chalet à visiter.
Lorsqu’il est revenu, quelques instants après, il a eu la surprise de découvrir… un bouc, assis à la place du conducteur.
L’histoire avait fait le tour du village et fait encore rire aujourd’hui.
Le postier, lui, avait eu toutes les peines du monde à débarrasser son véhicule du parfum de son visiteur.

L’autre histoire est beaucoup plus fraîche puisqu’elle a eu lieu une nuit de cette semaine.
L’un de mes très proches et sa collègue, qui travaillaient à Lausanne, ont eu la désagréable surprise de voir la voiture  qu’ils utilisaient pillée de leurs effets personnels.
La portière avait été mal fermée sans que personne ne s’en rende compte…
Tout y est passé, y compris, bien sûr, le portefeuille laissé dans un sac, dans le véhicule.

La ville a changé, comme toutes les villes, malheureusement.
Des jeunes encapuchonnés s’adonnent à des activités illicites, apparemment sans crainte d’être arrêtés, et en profitent au passage pour « visiter » les voitures garées.
On ne va plus dire: « Les voyous!  » mais: « Ah oui, il ne faut pas laisser ses affaires dans une voiture… »
Un peu comme si la victime devenait coupable, comme si tout était normal…
A la Police, il a fallu payer pour enregistrer la plainte…. alors que tout avait été volé.
Payer pour enregistrer une plainte… j’ai cru rêver…

Vous allez me dire que de tous temps il y a eu des brigands, des malandrins…
C’est vrai.
N’empêche que le sentiment d’insécurité et de colère est là.

Je ne sais pas ce que je donnerais pour que le seul risque encouru en laissant sa voiture en ville serait d’y retrouver un bouc à son retour.

Martine Bernier

 

Drôle de monde (1): Le baiser le plus jeune du harcèlement sexuel

5 décembre, 2011

L’histoire se passe en Caroline du Sud, en 1996.

Jonathan Prevette, six ans, est élève de première année dans une école primaire de Lexington.
Un jour, le 19 septembre pour être précise, il embrasse une camarade de classe sur la joue.
Hé oui, il n’y a pas d’âge pour un coup de coeur.
Témoin de « l’incident », une institutrice de l’école estima nécessaire de le signaler à la directrice, Lisa Horne.
Ce qui s’est passé dans la tête de ces deux femmes, personne ne le sait.. toujours est-il que la directrice décida de punir le petit garçon.
Il fut privé de glaces, et contraint de consacrer une journée à un « programme disciplinaire ».
Parce que ce baiser d’enfant était considéré comme un début de harcèlement sexuel.

La maman de Jonathan n’a pas apprécié.
On la comprend.
Elle  a téléphoné illico aux responsables d’un talk-show radiophonique.
La nouvelle de l’incident s’est répandue comme une traînée de poudre.
A tel point que , moins de six mois plus tard, le ministère de l’Education américain modifiait ses directives concernant le harcèlement sexuel de façon à exclure les baisers entre élèves de cours préparatoire.

Quant au petit Jonathan, sans doute ahuri de voir le séisme qu’avait déclenché son geste, il n’a rien pu dire d’autre que: « Mais… c’est elle qui m’a demandé un bisou… »

 

Martine Bernier

D’où venez-vous? La réponse…

4 décembre, 2011

Les laborieux efforts d’Unblog, hébergeur de ce blog, pour améliorer  le travail des blogeurs, a donc porté ses fruits après plusieurs jours, avouons-le, de galère en haute mer.
Inaccessible pendant près de trois jours, Ecriplume a eu droit à un abondant courrier et pas mal de réactions de la part des visiteurs rendus perplexes ou irrités par ces interférences.
Aujourd’hui, je découvre les nouvelles fonctions de l’interface me permettant de gérer le blog.
Parmi elles: une carte  permettant de savoir d’où viennent les visiteurs, vous qui visitez ces pages.

Si j prends la journée d’hier, pourtant perturbée par des mises hors services fréquentes, Ecriplume a reçu 805 visiteurs.
Moins qu’en temps normal, soit  mais un résultat d’autant plus étonnant qu’il était vraiment difficile d’accéder au blog.

85% de ces visites provenaient de France.
Le deuxième pays offrant le plus grand nombre de visiteurs est… le Canada.
Viennent ensuite: la Suisse, la Belgique,  l’Italie, la Hongrie, le Maroc, le Vietnam, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Grèce,  le Japon et la Thaïlande.

Etonnée et touchée de découvrir un tel panel, j’avais envie de partager ce mini tour d’horizon avec vous et d’envoyer une pensée reconnaissante à celles et ceux qui s’intéressent à Ecriplume!

 

Martine Bernier

La visiteuse

3 décembre, 2011

Elle est arrivée avec mes voisins, lors de leur retour d’un voyage au Tyrol.
Ils m’ont affirmé qu’elle s’était imposée… je pense qu’ils disaient vrai: certains spécimens n’ont aucune éducation.
Très décidée à visiter un maximum de choses dans la région, elle s’est incrustée dans l’appartement voisin de palier avant de faire son apparition chez nous.
Une visiteuse comme elle, je n’en souhaite à personne.
Je n’ai pas l’habitude de parler de cette manière mais… elle était vraiment très pénible.
Alors que nous profitions d’une escale à Evian pour aller prendre un café avec les enfants, mon fils cadet, m’a dit, deux jours après, qu’elle en avait profité pour s’incruster chez eux également.
Lorsque Celui qui m’accompagne a pris la route, lundi, pour passer une semaine en France pour son travail, elle s’est glissée dans sa voiture sans lui demander son avis et ne l’a plus quitté.
Je n’espérais qu’une chose: qu’il la perde en cours de route et qu’elle ne revienne pas sous nos contrées.
Oui, je sais…
Vous allez dire que je n’ai pas le sens de l’hospitalité.
Mais là, vraiment… la grippe est envahissante, cette année.

Martine Bernier

Pas une panne: un changement d’interface

3 décembre, 2011

Ecriplume et les autres blogs ont été mis hors service pendant deux jours. La raison? Unblog les a mutés afin de faire profiter d’une nouvelle interface.
Ne la cherchez pas: elle n’est utile qu’aux personnes qui sont administratrices de blogs.
Pas sûre, d’ailleurs, qu’elle soit plus efficace que la précédente… elle est en tout cas moins simple.
Mais ainsi va la vie: le progrès, c’est le progrès!

 

Martine Bernier

Jean Taillens: l’article est arrivé trop tard…

1 décembre, 2011

On me demande souvent si je reste parfois en contact avec les personnes que j’interviewe, si je m’attache à elle.
Je crois que ce que je vis en ce moment répondra à la question…

En début d’année, l’un de mes amis, Jean, me met un message en me disant qu’il faut que je rencontre quelqu’un.
Il s’agit de son ami le plus proche, qui s’appelle Jean, lui aussi.
Il m’explique qu’il faut faire vite car la santé de ce monsieur décline rapidement.
Mais, me disait-il, il me plairait.

Il m’a fallu plusieurs mois pour arriver à trouver le temps de prendre rendez-vous, mais je l’ai fait.
D’autant que Jean m’avait appris que mon interlocuteur était le fils des créateurs du journal de l’Entraide Familiale vaudoise, dont je suis responsable depuis 1998, et qui fêtera ses 60 ans en 2012.
En plein mois d’août, donc, Eric et moi nous sommes déplacés dans l’une des villes vaudoises du bord du lac Léman pour rencontrer Jean Taillens.

Nous nous étions donné rendez-vous dans un salon de thé non loin de chez lui.
Lorsque nous sommes arrivés, il était là, assis dans le fond de l’établissement, entouré par son épouse et sa fille.
Toutes deux sont parties pour nous laisser mener l’entretien tranquillement.

Ses grands yeux d’enfant et son sourire tendre m’ont immédiatement captée.
On le sentait très fragile, très amaigri.
Cela faisait longtemps que la maladie le malmenait, et qu’il cumulait les traitements lourds.
Pourtant, c’est avec un plaisir manifeste qu’il a plongé dans ses souvenirs, pour nous.
Nous avons parlé de l’époque de la naissance du journal, de ses parents, de la manière dont chacun de leur trois enfants avait dû mettre la main à la pâte pour participer.
J’avais connu sa maman dans les dernières années de sa vie.
Les derniers temps, je lui téléphonais de temps en temps pour prendre de ses nouvelles, pour recevoir ses conseils, le fruit de ses réflexions.
Elle me racontait son expérience, ses avis, son quotidien, sans jamais se plaindre,passionnée et passionnante, jusqu’à son dernier jour.
J’ai retrouvé en son fils son humour, son humilité et son bon-sens.

Jean m’a parlé de la mort, qu’il sentait s’approcher de lui.
Paisiblement, sereinement.
Nous avions la même philosophie: nous pouvions en parler en souriant.
Eric a pris une photo de lui où il était radieux.
Puis son épouse nous a rejoints, nous avons sympathisé.
Une femme merveilleuse d’amour et de courage.

J’avais demandé si cela le dérangeait de recevoir de temps en temps un petit mot de ma part.
Il en était heureux.
Il fonctionnait aux sms.
Il m’en a envoyé de magnifiques, presque joyeux, toujours affectueux.
J’ai écrit l’article, qui est sorti aujourd’hui dans le journal.

Ce matin, un message de notre ami commun, l’autre Jean, m’apprenait que Jean Taillens était au plus mal.
Le jour où sortait  l’article qui lui était consacré, dans le journal créé 60 ans plus tôt par ses parents.
Il nous a quitté aujourd’hui.
Juste trop tard…. je ne sais même pas s’il a pu voir l’article qu’il avait envie de découvrir.

Le Jean qui reste est profondément triste.
Il perd son ami d’enfance…

Est-ce que je m’attache aux personnes que je rencontre?
Oui.
Pas à toutes, mais on ne passe pas à côté d’un bel humain sans être interpellée.
Je pense à sa famille, à ses amis, ses proches, et je ressens aujourd’hui la tristesse que l’on éprouve lorsque l’on voit partir quelqu’un qui nous est cher pour un long voyage.
J’ai été très heureuse et honorée de pouvoir faire sa connaissance avant son départ.
Pour lui, pour sa famille et pour tous ceux qui désireraient en savoir plus sur cet homme lumineux, qui me disait, hors plume, qu’il était convaincu que la vie ne s’arrêtait pas avec la mort et qu’une autre dimension l’attendait, voici l’article que je lui ai consacré.

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JEAN TAILLENS, LE TENDRE REJETON DE L’ENTRAIDE.

Certaines interviews sont plus marquantes que d’autres. Celle de Jean Taillens, à Nyon, fait partie de celles-là. Fils du couple fondateur de l’Entraide Familiale, il a été partie prenante, par la force des choses dans l’engagement de ses parents. Mais par sa personnalité, son chemin de vie et la façon dont il réagit aujourd’hui face à la maladie, il est aussi et surtout un homme profondément attachant.

- Vos parents, Paul et Violette Taillens, ont créé l’Entraide Familiale, à Lausanne. Comment l’histoire a-t-elle commencé?
Avec mes trois sœurs, nous avons été nourris de l’APEF! C’était l’une des raisons de vivre de nos parents. Ils avaient constaté à l’époque que lorsqu’une mère de famille tombait malade, il n’y avait rien de prévu pour l’aider. Ils ont donc créé le service des aides familiales, en proposant tout d’abord les services de deux dames. Ils ont aussi acquis avec le temps quatre machines à laver qui voyageaient d’une famille à l’autre. Mon père est allé voir le banquier pour qu’il l’aide à acheter le chalet des Pives, mis ensuite à disposition des familles. Il n’a pas hésité à mettre notre mobilier en gage pour cela. Le couple fonctionnait ainsi: mon père montait au front, prenait des coups, tandis que ma mère était dans la négociation, la réflexion. Entre eux, l’ambiance était parfois explosive lorsqu’il était question de l’Entraide!

- Comment avez-vous vécu cet épisode, alors que vous étiez enfant?
Nous étions dans le mouvement. Nous montions en colo aux Pives, et nous aidions nos parents à retaper ce chalet d’alpage peu à peu transformé en cure d’air. Lorsqu’il a fallu y installer l’eau, scier du bois, refaire l’intérieur, nous nous y sommes tous mis. Nous montions en vélo depuis Lausanne. Mon père a été le premier rédacteur du journal de l’Entraide. À l’époque, il tirait les clichés, préparait la maquette à la main. Je le revois avec ses grands ciseaux, découper les articles que nous collions en famille, tous, à genoux au fond du couloir. Puis il fallait faire le paquet et l’envoyer à l’imprimerie. Nous allions porter la maquette au tram qui allait à Renens, et l’imprimeur le récupérait à la sortie. Nous avons été de bons enfants, c’était une formidable école de la vie.

- Le fait d’avoir consacré en grande partie votre enfance aux activités bénévoles de vos parents vous a-t-il donné envie de continuer, ou vous a-t-il donné une indigestion du volontariat?
Pour ma part, j’ai continué longtemps. Mes parents nous ont donné des outils, un mode de fonctionnement qui m’a semblé valable mais qu’il faut savoir doser, car le bénévolat n’est pas sans danger. Il faut pouvoir donner du temps sans s’oublier soi-même, s’interroger sur ce que l’on cherche et ce que l’on trouve dans le bénévolat. Pour ma part, par la suite, il y a eu les ventes de l’APEF, la première halte-garderie… Adolescent et jeune adulte, j’ai continué à soutenir mes parents, jusqu’à mon mariage. Par la suite, de temps en temps, on m’appelait comme pour réparer la cheminée des Pives la nuit du 24 décembre! Violette Taillens, ma mère, avait l’art de nous jouer des tours. Comme par exemple de manquer le train pour l’inauguration des Pives, et, d’arriver sur une draisine de manœuvre alors que plus personne ne l’espérait! Elle était étonnante. Nous l’asticotions un peu, mais elle était de taille à se défendre! Elle tenait volontiers le devant de la scène. Pensez qu’à 93 ans, il lui arrivait toujours de donner des conférences sur la condition de la femme à la sortie de la guerre!

- Que vous a appris cette éducation axée sur l’aide à la communauté?
Notamment que la seule façon de changer le monde, c’est de se changer soi-même. Pendant les 40 ou 50 premières années de notre vie, on s’énerve… puis on comprend. Mon père disait: « Accroche ton clou à une étoile. » Et ma mère: « Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais bien plus si tu savais où je vais te mener! » Avec cela, nous étions armés!
*
Jardinier de formation, Jean Taillens a eu une carrière très riche, puisqu’il a travaillé durant 42 ans à la station fédérale de recherche de Changins où il s’est concentré, entre autres tâches, sur les légumes en voie de disparition. Aujourd’hui à la retraite, il a à affronter l’épreuve de la maladie, dont il parle sans tabous. Il porte sur ce nouvel épisode de sa vie un regard lucide et clair, expliquant qu’il existe « le courage, le découragement, l’encouragement… c’est comme une ondulation. Je crois profondément qu’il y a sur notre route des veilleurs, des gens qui nous aident, nous permettent d’avancer, de franchir des étapes. Cela fait plusieurs fois que je vois la mort en face, j’en ai conscience. Mais je suis serein… »
Avec ses grands yeux d’enfants, son humour et son sourire d’une infinie tendresse, Jean Taillens est un homme que l’on n’oublie pas.
Tels père et mère, tel fils!

Martine Bernier

Liu Bolin ou l’art de l’invisibilité

30 novembre, 2011

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Photo: parisbeijingphotogallery

Connaissez-vous Liu Bolin?
Cet artiste chinois développe une technique surprenante: celle du caméléon.
Il arrive à se camoufler de telle façon que, lorsqu’est prise la photo le représentant devant un théâtre, un rayonnage de sodas ou de journaux, un drapeau ou n’importe quel autre lieu ou objet, il est littéralement fondu dans les éléments du décor.

Les Européens l’ont découvert lorsqu’il s’est rendu à Paris, puis en Italie pour donner une nouvelle dimension à son travail.

Mais qui est cet étonnant personnage?
Né en 1973 dans la province de Shandong, dans l’est de la Chine Liu Bolin a décroché un diplôme de l’académie des Beaux-Arts de sa province, puis une maîtrise de l’Académie Centrale des Beaux-Arts dans le département sculpture.

C’est d’ailleurs en sculpture qu’il a effectué ses premiers pas d’artiste, avant de travailler sur la série « Hide the city », en transformant son corps en sculpture vivante.
Depuis qu’il a choisi cette voie insolite, son prestige ne cesse de grandir.
Il parcourt le monde et les plus grandes villes pour relever de nouveaux défis: se fondre dans les façades les plus inattendues, et exposer ses oeuvres dans les galeries de Venise, Bruxelles, New York, Barcelone, Miami, Pékin…

Son travail, sa précision sont sidérants.

Martine Bernier

Pour découvrir d’autres photos:

http://www.parisbeijingphotogallery.com/main/fr/liubolinworks.asp

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