Archive pour mai, 2011

Ricet Barrier s’en est allé: Saturnin est en deuil

21 mai, 2011

ricetbarrier150.jpg

J’ai rencontré plusieurs fois Ricet Barrier, suis allée chez son épouse, Anne, et chez lui, à La Chaux-de-Fonds, ai été reçue à sa table avec Eric, ai beaucoup ri avec lui, écouté ses souvenirs.
L’annonce de son décès m’a fait de la peine…
Lorsque je l’ai rencontré chez lui, je lui avais demandé de me chanter la chanson de Saturnin.
Et je l’ai écouté avec un plaisir fou, comme si j’avais encore 6 ans.
Aujourd’hui, je pense à sa femme, à lui qui s’en est allé.
Et pour lui rendre hommage, voici le dernier article que je lui avais consacré, en 2006.

UN CHANTEUR « FURIEUSEMENT HEUREUX »

Entre l’Auvergne et la Suisse, Ricet Barrier emporte partout, en bandoulière, son amour du terroir, son goût pour les petits bonheurs simples et une bonne humeur à toute épreuve. Rencontre avec un homme hors du temps.

Ricet Barrier, c’est avant tout un sourire immense caché derrière une paire de moustaches broussailleuses, et des yeux rieurs, pétillants de malice. Pour la majorité du public, son nom est étroitement lié à celui des Barbapapa, mais surtout à celui de Saturnin le caneton. De 1964 à 1980, cette fiction pour enfants a fait les beaux jours des chaînes francophones, en mettant en scène des animaux vivants. Le chanteur a également fait partie de « La Bande à Brassens ». En dehors du Grand Georges, ses amis ou ses collègues de scène s’appelaient René Fallet, Jacques Brel, les Frères Jacques, José Arthur, Pierre Tchernia, Gotlieb, Emile Gardaz ou Serge Gainsbourg.
À 74 ans, l’éternel troubadour chante toujours. Il vient notamment de sortir un disque, « Furieusement Heureux », dont les chansons lui ressemblent: tendres, drôles et un tantinet grivoises. Toutes sentent bon les petits bonheurs quotidiens et la joie de vivre.

ENTRE AUVERGNE ET SUISSE

Ricet et son épouse Anne vivent en pleine nature, au cœur de l’Auvergne, mais passent également trois ou quatre mois par an à la Chaux-de-Fond. Là, dans la cuisine chaleureuse, autour de la table que le chanteur a fabriquée lui-même « avec un bois de sapin du Nord, de 200 ans d’âge! », ils reçoivent leurs amis autour de tranches de saucisson et de pain « cuit dans le four à pain de notre village ». Le tout accompagné d’un dé à coudre d’alcool de verveine de Montaligere dont ils distillent quelques bouteilles pour leur usage personnel et les palais amis. La vie à la campagne, Ricet Barrier en raffole: « J’adore les paysans, leur bon sens, leur façon d’avoir les pieds bien plantés sur terre. En Auvergne, nous vivons dans une maison en pleine campagne. Récemment, nous avons trouvé un vieux chevreuil devant la porte. Ça arrive souvent… comme si les animaux se sentaient bien là, et avaient envie d’y revenir pour y mourir. Nous avons aussi deux ânes, parfaitement autonomes, qui ont quatre hectares de terrain pour eux tout seuls! Nous les avons appelés Max et Lexa… du prénom de deux de nos amis. »

UNE TROUPE DES SATURNINS

Parce qu’il voyage beaucoup, Ricet Barrier n’a pas d’animaux domestiques. Mais il retrouve Twingo, le chien de sa belle-fille, lorsqu’il est à la Chaux-de-Fond. « C’est un vieux monsieur de déjà 13 ans. Anne, ma femme, a toujours eu des problèmes d’allergie avec les chiens, mais pas avec lui. Twingo est souvent avec nous. Il est parfait! »

Les animaux ont toujours fait partie de la vie du chanteur… et ont joué un rôle primordial dans sa carrière. « Lorsque, avec le réalisateur Jean Tourane, nous avons commencé à tourner Saturnin, les vedettes étaient les canards, la belette, le chien, le cobaye etc. Pour jouer Saturnin, nous utilisions des canetons de la race Pekin. Ils ont cet aspect de petit canard bien jaune entre le troisième et le huitième jour de leur vie. Ensuite, ils deviennent blancs. Comme nous tournions treize épisodes par an, vous imaginez le nombre de canetons qu’il fallait! Chaque Saturnin avait sa propre personnalité… Certains n’ouvraient pas le bec, et ne pouvaient donc pas être utilisés, puisque je mettais ma voix sur leur expression. D’autres étaient très doués. Nous tournions chez Tourane, près de Paris. Il avait chez lui beaucoup d’animaux. Et notamment une guenon, Joséphine, qui était ma copine. Un jour, je ne sais pas pourquoi, elle m’a mordu. Je suis arrivé à mon gala avec le bras en écharpe. Quand je me suis excusé auprès du public de ne pas pouvoir jouer de guitare parce qu’une guenon m’avait mordu, allez savoir pourquoi… tout le monde a éclaté de rire et personne ne m’a cru! »

LE SAC A FOUILLES

Ricet Barrier est un diseur d’histoires, un orfèvre des mots. Devenu Officier des Arts et des Lettres en 2005, il a reçu bien des titres, dont celui de Chevalier de l’Ordre de la Courtoisie Française. Dont il dit: « Parce que mon père en était président! Quand il a voulu me décorer, j’ai dit: oui papa, pour ne pas le contrarier! ».
Dans son « sac à fouilles », vieux sac en cuir dans lequel il collectionne des objets qui ont marqué sa vie, l’artiste accumule les souvenirs. La plupart prennent leurs racines dans une enfance mi-citadine, mi-campagnarde. Le sac à fouilles est resté en Auvergne, mais les souvenirs sont bien là: « Nous habitions Paris, mais mon grand-père et mon père étaient chasseurs. Ils chassaient en Sologne. C’était une tradition familiale! À 16 ans, j’ai reçu mon premier fusil. Un fusil gras modèle 1874, transformé en fusil de chasse, et un couteau. Et nous sommes partis, tous les trois. Notre chienne a levé un gibier. J’ai tiré, croyant que c’était un faisan. Et, quand je suis arrivé sur place… c’était une chouette. J’ai dû l’achever. Mais avant, elle m’a longuement fixé de ses grands yeux… je me suis senti très mal. Après une chose pareille, tu n’es plus chasseur. »

Dans sa bulle de musique et de mots, Ricet est un homme heureux. Et fait partager son bien-être en le distillant, par petits morceaux, à travers des chansons dont les amateurs de bonheur se délectent.

Martine Bernier

Anne Sinclair, Robert Badinter et Manuel Valls

20 mai, 2011

Impossible d’y échapper.
« L’affaire Dominique Strauss-Kahn » choque, indigne, captive, fait parler et couler beaucoup d’encre.
Comme beaucoup de téléspectateurs, j’ai regardé, hier soir, l’émission qui lui était consacrée sur France 2.
Emission d’autant plus étonnante qu’elle coïncidait à la minute près avec le passage de l’intéressé au tribunal.

Je n’ai pas envie de parler de l’affaire en question, mais de trois personnes qui m’ont sidérée par leur dignité et leur courage.
Anne Sinclair, tout d’abord.
Elle est arrivée au tribunal sans se cacher derrière des lunette noires.
Elle affronte les regards sans broncher.
Cette femme brillante voit sa vie privée exposée de la pire des façon.
Mais elle est là.
Je l’estimais déjà pour sa culture, son professionnalisme, son intelligence.
Je suis aujourd’hui touchée par son courage.

Robert Badinter, ami du couple Strauss-Kahn, était l’invité de l’émission de David Pujadas.
Il apportait un éclairage à la fois professionnel et personnel sur les faits.
Il est l’un des hommes pour lequels j’ai le plus d’admiration, notamment pour le combat qu’il a mené pour l’abolition de la peine de mort.
Hier soir, il a été droit, fidèle à l’amitié qu’il porte à ceux qui sont aujourd’hui dans l’oeil du cyclone.
Et il a pris des risques en dénonçant le traitement réservé à Dominique Strauss-Kahn, avec la même fougue et la même aisance qu’il le faisait lorsqu’il se battait pour ses convictions, autrefois.
Il n’y avait que lui pour oser parler d’une « mise à mort médiatique ».
Ses propos ont eu une répercussion rapide: il s’est fait agresser verbalement par Laurent Jauffrin, de « Libération », lui reprochant de « n’avoir eu aucune considération pour la présumée victime ».
Il a ensuite eu à répondre à Franz-Olivier Giesbert du « Point » et Ivan Rioufol du « Figaro ».
On le sentait ému, indigné.
L’exaspération de Manuel Valls, révolté par cette joute, a ensuite remis l’église au-milieu du village.
Il en avait assez de ces faux débats, des dérives.
Et il avait raison.

Après une telle émission, je serais curieuse de savoir ce qui se passe entre les invités…

Martine Bernier

Stratégie anti vampires

19 mai, 2011

Tout le monde vit la même chose: lorsque vous êtes confiés aux bons soins d’un spécialiste qui ne vous connaît pas encore, il vous fait refaire des analyses « fraîches » afin de mieux cerner votre cas.
Je n’ai pas échappé à la règle.
Mercredi matin, bien avant huit heures, j’ouvrais donc la porte du laboratoire où m’attendait une dame souriante, vêtue d’une blouse blanche, selon la tradition.
J’ai décliné mon identité, lui ai remis ce que je devais lui donner, et elle s’est levée:
- Je vous attendais. Nous allons passer dans la pièce d’à côté pour la prise de sang.

En retirant ma veste, j’ai annoncé:
- Je dois juste vous signaler que je ne suis pas très facile à piquer.
Elle m’a adressé un nouveau sourire, tout en préparant son matériel:
- Pas de souci, vous allez voir! Je prépare toujours bien mes prises de sang, ce qui me permet de ne jamais devoir repiquer ou de devoir « grailler » dans les veines.

En voilà une bonne nouvelle!
L’expérience m’a appris que cela se passait rarement aussi bien, mais… faisons-lui confiance.
Elle m’installe examine un bras, et pousse un petit « hum » explicite, repose mon bras, contemple l’autre, le tapote et me lance un regard perplexe:
- Vous n’avez pas de veine! Je veux dire pas de veines apparentes! Où vous pique-t-on d’habitude?
- Dans les mains, en général. Sinon, au-dessus du coude.
- Oui… le problème c’est que j’ai besoin de cinq gros flacons et que ce ne sera pas possible dans les mains… ni dans le coude. Et puis c’est douloureux dans les mains, non?
- Disons que j’ai déjà vécu des choses plus confortables.
- Et dans les bras? Personne n’y arrive jamais?
- Si, si. J’ai eu une ou deux fois de bonnes surprises. De toutes façons, je sais que c’est difficile. Donc, rassurez-vous, je ne bouge pas une oreille!
- Bien bien… Nous allons essayer. Vous allez voir, ça va bien se passer.

Cela s’est si peu bien passé qu’au bout de vingt minutes et plusieurs tentatives infructueuses, mon interlocutrice a poussé un soupir:
- Mais enfin, qu’est-ce que c’est que ça?? Vous êtes une extra-terrestre! Je n’y arrive pas! Ca ne m’est jamais arrivé en trente ans!
- C’est ma stratégie anti-vampires. J’ai branché la protection et j’ai perdu le code pour la neutraliser.

Elle m’a regardé et a éclaté de rire:
- Et vous riez?? Encore heureux que vous avez de l’humour! Vous savez, je suis vraiment désolée, mais votre cas est un cas d’hôpital. Vous m’en voudriez beaucoup si je vous demandais de revenir vendredi matin, lorsque vous m’apporterez le reste des analyses? Je vais faire venir une infirmière spécialisée.

J’ai soupiré mentalement.
Ce vendredi s’annonce très rempli, mais… ai-je le choix?

- D’accord. Vers quelle heure voulez-vous que je passe?
- Avant 7h30. Nous allons vous prendre avant l’arrivée des autres patients, pour avoir assez de temps pour y arriver.

Chic.
Je sens que je vais adorer cela!
J’ai opiné, l’ai saluée et je m’apprêtais à partir lorsqu’elle m’a lancé:
- J’espère que vous ne me voyez pas comme un vampire!

J’ai souri.
Non, non: un vampire, j’en ai bien connu un.
Il vous vide de votre substance, vous vole votre vie, copie votre mode de fonctionnement pour améliorer son existence et vous jette quand il a tout pris.
Rien à voir avec elle.

Martine Bernier

Les Ombres reviennent à travers des messages toujours anonymes.
Votre épître sur « Les Bidochons se prennent pour les héros sauveurs du Maroc » n’a pas retenu mon attention jusqu’au bout.
Je suis toujours d’accord avec vous sur le fond: heureusement que le ridicule ne tue pas.
Cela dit, les Bidochons en question peuvent se vanter d’une chose: avec des amis comme vous, ils n’ont pas besoin d’ennemis, comme dit l’adage.

Marco Polo et la Licorne

18 mai, 2011

images2.jpeg
Le Vénitien Marco Polo (1254-1324) était précoce.
Il n’avait que 17 ans lorsqu’il est parti en Chine avec son père et son oncle, auprès de l’empereur mongol Kubilay Khân.
Il a alors commencé à réunir ses souvenirs de voyage dans « Le Livre des Merveilles du monde », rédigé en français et édité bien plus tard.
Livre que l’on trouve toujours aujourd’hui dans le commerce.
Le manuscrit fut illustré au XV e siècle de manière somptueuse.
Pour les lecteurs, ce fut bel et bien un émerveillement.
Il décrivait les contrées d’Asie, particulièrement la Chine, que l’explorateur avait visitées.
Il admirait la richesse du pays, fasciné par la pêche des perles et l’extraction des turquoises dont le grand Khân avait le monopole.
Il s’étonnait que les Chinois avait une monnaie de papier, billets de banque alors inconnus en Europe.
Et, surtout, il racontait des histoires extraordinaires, parlant d’animaux que les Européens ne connaissaient pas.
Parmi eux, le rhinocéros… que ses contemporains identifieront à la fameuse licorne.
Pensez-y lorsque vous verrez une gravure de licorne.
Sa grâce prend racines dans une origine nettement plus pataude.

Martine Bernier

Et si ?

17 mai, 2011

Ce matin, j’échangeais quelques mots avec un ami après avoir terminé une série d’articles.
Je l’avais questionné sur ses activités et il m’avait répondu avant de me dire:

- Tu sais, je me dis parfois que j’ai mal choisi mon métier.
- Ah bon?
- Oui. Quand je t’entends me parler des rencontres que tu fais, de tout ce que tu as découvert, visité, je t’envie.
- Chaque métier a ses avantages et ses inconvénients…
- Oui, mais avoue que certains sont plus passionnants que d’autres.
- C’est vrai. J’ai beaucoup de chance.
- Tiens, je voulais te demander… Connaissant la passion que tu as pour lui, si tu devais interviewer Claude Monet, que lui demanderais-tu?

J’ai rectifié:
- Je n’ai pas une passion pour Monet, je suis fascinée par sa personnalité, son talent, sa peinture. Nuance!
- Oui, bon, je me comprends. Alors? Que lui demanderais-tu?

J’ai réfléchi un moment.
- J’ai lu énormément de choses qui ont été écrites sur lui. Alors… Que ce soit dans le cadre d’une interview ou d’une rencontre spontanée, je crois que je ne lui demanderais qu’une seule chose.
- Oui?
- Je lui demanderais s’il accepterait que je le regarde peindre.
- C’est tout??
- Oui.
- Mais? Tu lui parlerais, quand même?
- Le dialogue s’installerait tout seul, après, sans doute. Mais ma seule demande serait celle-là.
- Je suis surpris.
- C’est vrai? Tu sais, face à des êtres pareils, je crois que la magie n’est pas dans les mots…
- Joliment dit…
- J’aurais donné beaucoup pour assister à la naissance de l’un de ses tableaux. Et toi? Que lui demanderais-tu?
- Heu… « vous seriez d’accord de laisser ma copine vous regarder peindre? »

C’est beau, l’amitié!

Martine Bernier

Fin du monde le 21 mai prochain: à vos bunkers!

16 mai, 2011

Vous faisiez partie de ceux qui attendaient la fin du monde pour 2012?
Grands naïfs, va! Elle aura lieu le 21 mai prochain.
Si, si c’est la Family Radio Worldwide, radio chrétienne californiene qui l’a annoncé.
Selon ces braves gens, la date du 21 mai serait celle de l’Apocalypse.
Ils ont calculé et recalculé tout cela en se basant sur la Bible et sont aujourd’hui tout contents de nous expliquer que le londe sera détruit: » d’abord grâce à un tremblement de terre qui partira, selon nous, de l’Extrême-Orient, pour se propager vers l’ouest, jusqu’à la destruction totale de la planète. »

Voilà voilà.

Comme d’habitude, cela s’annonce plutôt bien pour « les vrais croyants » qui fileront en droite ligne au  »paradis de la nouvelle planète », et nettement moins bien pour les autres qui resteront ici « complètement morts ».

Bon, allez…
Comme ils ne sont pas mesquins, les athées et les personnes des autres religions ont encore une petite chance de s’en sortir à bon compte.
Mais il ne va pas falloir traîner: la radio, doublée d’un mécène, a lancé un énorme programme de conversion à travers le monde.
Un peu partout ont été installés 200 grands panneaux (2000 sur toute la surface du monde, ce n’est pas colossal, notez… soyez attentifs!) annonçant la nouvelle.
En gros, il vous reste cinq jour pour vous convertir et arriver à faire croire à qui de droit que vous êtes un parfait croyant.

Rassurez-vous il y a de bonnes chances pour que les californiens se trompent.
Après tout, les Mayas ont annoncé la même chose ou presque pour 2012.
L’un de mes bons amis s’est penché sur la question et m’a informée que le 21 mai commencera bel et bien le Jugement dernier et que cinq mois plus tard, le 21 octobre donc, aura lieu la fin du monde.
Il a aussitôt décidé d’organiser une fête gigantesque au cours de laquelle seront honorés certaines divinités comme Bacchus, Cérès, Hermès et Vulcain.

Mais revenons à nos moutons.
En prévision du boum final, vous avez donc encore quelques mois pour abri anti-tout et le remplir de tout ce que vous aimez.
Ensuite, il ne vous restera plus qu’à patienter.
En vous remémorant le nombre de fois où de faux prophètes ont semé la panique chez les plus fragiles en leur annonçant la fin du monde au fil des siècles.

Martine Bernier

Thérèse et Raymond

15 mai, 2011

La sympathie s’est installée très vite entre les parents de Celui qui m’accompagne et moi.
Les quelques jours que nous avons passés tous ensemble dans notre nid au pied des montagnes a conforté ces liens, transformant cette sympathie en tendresse.
Thérèse,dont j’ai déjà longuement parlé, malicieuse, passionnée et passionnante.
Et Raymond, homme plein de douceur, de tolérance. Discret, serviable et bougrement attachant…
Tous deux portent en eux une sensibilité et une délicatesse naturelles qu’ils ne livrent pas à tous vents.

Sachant que je revenais passer trois jours en Franche-Comté, fief de leur fils, ils ont proposé de venir passer une journée avec nous.
Ce samedi était attendu avec impatience, tant par eux que par nous, je crois.

Dès que Pomme a entendu Dandy, son confident Yorkshire, elle a retrouvé avec lui ses habitudes de joyeuse amitié canine.
Quand à moi… j’ai eu  une surprise totalement inattendue.
Thérèse, qui a fait carrière dans le prêt-à-porter, a mis son talent et son savoir-faire  à mon service, sans que je le sache.

Je n’ose imaginer le temps qu’elle a passé sur ce travail minitieux, professionnel, qui m’a enchantée…
Le reste relève de notre sphère privée, mais je peux juste confier que, bien décidés à me faire plaisir, tous deux ont  parcouru des kilomètres pour piller les magasins.
Transformés en Mère et Père Noël de printemps, ils m’ont couverte de cadeaux.

Qu’est-ce qui m’a à ce point touchée dans cet épisode?
Tant de choses…
La spontanéité du geste, leur générosité à mon égard,  cette chaleur dont ils m’entourent…
Je me vois offrir une place somptueuse dans leur vie…
La famille s’agrandit clairement, les liens se renforcent.
Une tendre complicité s’est installée.

Je sais aujourd’hui d’où proviennent certaines des qualités de Celui qui m’accompagne.

Martine Bernier

 

IO et ses secrets

14 mai, 2011

La mythologie grecque est remplie de personnages inattendus.
Si vous avez un jour rempli une grille de mots croisés, vous connaissez l’un des plus célèbres d’entre eux, Io, la petite nymphette au destin un rien incrédible.
Mais qui était donc cette demoiselle?

Io était une très belle et très jeune prêtresse lorsque Zeus, auguste roi des dieux de l’Olympe, la remarqua.
Pas de chance pour la demoiselle en question…
Car pour Zeus se posait la question: comment courtiser en paix sans encourir les foudres d’Hera, sa divine moitié?
Le dieu en chef eut une idée qu’il trouva excellente: transformer Io en génisse.
Excellent pour lui, pas pour elle.
Passer de l’état de superbe femme à vachette… on peut imaginer le soupçon de frustration que cela a dû engendrer!
Quand à Zeus, s’il s’était imaginé que sa liaison passerait inaperçu, le cher dieu se trompait.
Aujourd’hui, tous les cruciverbistes donc, se régalent de ses turpitudes.

A ce propos, les plus grands spécialistes du genre se sont creusés les méninges pour trouver de belles définitions à Io.
En voici quelques exemple:

- « Eut une destinée inverse de celle grands hommes d’affaires qui sont venus à Paris en sabots » (Tristan Bernard)
- « On pouvait l’entendre venir avec ses gros sabots « , « Fut sans doute victime de la traite » (Max Favalelli)
- « A été de mâle en pis », « A dû ruminer sa vengeance » (Robert Scipion. Oui, il a osé…)
- Son père aurait eu de bonnes raisons de ne pas la reconnaître. ( Roger La Ferté)
- « Devenue génisse à la suite d’une vacherie. » (Pierre Dewever)
- « Dame de trèfle » (Michel Laclos)
- « Fut tour à tour la Belle et la Bête »(G. Brouty)

Io doit en beugler de contentement.

Martine Bernier

500 jours

13 mai, 2011

Un mot, juste un mot.
Cela fait 500 jours aujourd’hui que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont retenus en Afghanistan.

Ne nous y habituons pas.
Une pétition circule à ce sujet sur ce lien: http://www.mesopinions.com/Soutien-a-Herve-et-Stephane-petition-petitions-92b0969836247969545e54d53ce9d159.html

Servira-t-elle à quelque chose?
Qui le sait…

500 jour…

C’est insupportable.
Ce ne sont pas des assassins.
Simplement des journalistes.

Martine Bernier

Aristote, star actuelle

12 mai, 2011

Sur le Net, certains joueur prennent Artistote en référence.
J’imagine que ce bel esprit, né en Macédoine en 385 environ avant Jésus-Christ, serait amusé d’assister à cela.
Ou peut-être agacé, allez savoir…

Comme le souhaitait sans doute son père Nicomaque, médecin du roi Amyntas III de MAcédoine (mais si vous le connaissez: il était le grand-père d’Alexandre dit Le Grand), le jeune Aristote a suivi ses études à Athènes, devenant l’un des plus brillant disciples de Platon.
Chez lui, tout est atypique.
Il est handicapé par un zézaiement, porte les cheveux courts, des habits voyants, des bagues, revendique son hétérosexualité à une époque où l’homosexualité était culturellement appréciée.
Et puis, surtout… il possède un esprit très indépendant et s’éloigne peu à peu de Platon qu’il commence par admirer avant de le critiquer.
Pourquoi un tel revirement?
Parce que Platon estime que l’origine de la connaissance ne peut provenir que de la réminiscence des idées que notre âme a connue avant le traumatisme de la naissance, tandis qu’Aristote pense qu’elle n’est envisageable qu’à travers les sens et l’expérience.
Pas d’accord donc…
Et c’est sans doute ce qui conduira Platon à désigner son neveu Speusippe pour reprendre sa suite à la direction de l’Académie plutôt que de désigner Aristote.
Ce dernier est déçu… mais en 343, Aristote devient précepteur du futur Alexandre Le Grand.
Il va s’intéresser à la politique, à la démocratie.
Et lorsque son élève deviendra conquérant, il lui fera clairement comprendre sa désapprobation.
Lorsqu’Alexandre montera sur le trône à la mort de son père, Aristote s’en va.
Une fois encore, il rebondit en fondant Le Lycée, treize ans plus tard, université populaire totalement novatrice.
Il y enseigne en marchant à ses élèves, ce qui leur vaut l’appellation de péripatéticiens (du grec peripateîn « se promener »).
Chacun doit explorer des domaines nouveaux: la physique, l’éthique, les mathématiques, la médecine, la cosmologie, la botanique (qu’inventa Théophraste).
Pour la première fois, joignant leurs savoirs, les chercheurs créent un inventaire encyclopédique du monde vivant.

Aristote était courageux.
Fidèle à ses idées, il fuyait les compromis.
Pourtant, en 323, il est accusé d’espionnage et d’impiété.
Il est contrait de fuir Athènes pour se réfugier dans l’île d’Eubée.
Il y mourra un an plus tard.
Mais son esprit sert toujours d’exemple.
Je vous livre deux de ses citations que j’aime particulièrement:

« Les hommes, et il ne faut pas s’en étonner, paraissent concevoir le bien et le bonheur d’après la vie qu’ils mènent. »
 » La fin de la Politique sera le bien proprement humain. »

J’ai rencontré Aristote au tout début de mon adolescence.
Comme quelques autres, il continue à m’accompagner.
Et je n’ai pas fini de méditer ses pensées…

Martine Bernier

1234